Tsunami en Asie du Sud-Est - "Lutte Ouvrière" apporte son obole...

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Porte parole de LO, Arlette Laguiller a consacré 2 éditoriaux à la catastrophe asiatique1. Ces textes semblent, à première vue, plein de bonnes intentions. On y pleure les morts, la misère des populations est jugée intolérable, les aides gouvernementales sont dénoncées comme dérisoires en comparaison des budgets militaires. Mais sous ce vernis radical se cache en effet l’idéologie la plus nauséabonde. Grattons donc un peu.

Face à la souffrance des populations touchées par le raz-de-marée, des millions de prolétaires ont spontanément voulu faire quelque chose. Ce sentiment de solidarité internationale est une expression de l’être même du prolétariat ; elle lui est naturelle parce qu’elle est une classe associée sans patrie ni frontière.

Que fait LO de cet élan de solidarité élémentaire ? Lisons plutôt : «Alors une fois de plus, comme lors de chaque catastrophe, on nous rappelle l’adresse des différentes organisations caritatives, des ONG, auxquelles le public peut adresser ses dons. Et c’est bien que des millions de prolétaires se sentent concernés par ce drame, c’est bien que ces organisations existent, puisque ceux qui par leur puissance économique, ou leur pouvoir politique, gèrent le monde, se préoccupent si peu de ce genre de problèmes». Autrement dit, la raison pour laquelle LO salue ces gestes de solidarités de la classe ouvrière, c’est parce qu’ils viennent pallier aux défaillances de la classe dominante, de ses Etats et ses gouvernements ! D’autre part, LO salue les ONG dont la fonction consiste justement à dénaturer et récupérer la véritable solidarité de la classe ouvrière en la dévoyant sur le terrain strictement caritatif de l’aide «humanitaire» !

LO plébiscite ces organisations qui se sont ruées sur les régions sinistrées, dans une course effroyable, afin d’y défendre l’image et les intérêt de leurs nations respectives2. Après le tsunami, tel des charognards, chaque Etat a voulu saisir «la merveilleuse occasion pour montrer le cœur du gouvernement et du peuple» (Condoleeza Rice, porte parole du gouvernement américain), c’est à dire d’utiliser l’alibi humanitaire pour s’implanter dans la région. C’est à cette immense curée chauvine que LO apporte sa pleine contribution.

Comme toujours LO pratique pour cela le double langage. Ainsi, Arlette y va de son petit couplet pour regretter que ne soit pas mis en place un «SAMU international» par «les dirigeants d’Etat et les politiciens» qui «se contentent de belles paroles», même si ce recours est auparavant pourtant qualifié de «dérisoire». Il n’en est pas moins vrai que LO laisse entendre que ce serait tout de même «mieux» ainsi. LO qui prétend être une organisation révolutionnaire cherche en fait à masquer l’entière responsabilité du capitalisme dans les quelque 300 000 morts de la catastrophe. Pour évacuer cette dénonciation, Arlette réussit le tour de force de ne pas écrire une seule fois le mot ‘capitalisme’ dans ses deux articles ! Pas une seule phrase qui ne dénonce le capitalisme comme responsable de la catastrophe sociale ! Pas un seul appel à la lutte de classe du prolétariat pour renverser ce système moribond avant qu’il ne détruise l’humanité ! Bien au contraire, Arlette participe pleinement aux mensonges bourgeois lorsqu’elle affirme qu’il s’agit d’une catastrophe «naturelle» !

LO cherche, de plus, à faire passer l’idée dans la classe ouvrière qu’il y aurait des «solutions» à l’intérieur même des institutions existantes comme une coopération internationale des ONG ou des gouvernements pour améliorer le sort des populations sinistrées. On est à l’opposé d’une attitude «révolutionnaire» comme celle d’un Lénine qui, en 1919, quand la bourgeoisie a prétendu organiser une institution internationale pour la paix (la Société des Nations, à l’époque), l’a dénoncé comme un «repaire de brigands» !

LO joue ici parfaitement son rôle d’extrême gauche du capital. Tout est fait pour bercer d’illusions le prolétariat, pour lui faire croire qu’un capitalisme au visage plus humain est possible. Alors que le capitalisme est le seul responsable de l’horreur qui s’est abattue sur l’Asie du Sud, alors que ce drame est une nouvelle démonstration de la nature barbare et meurtrière de ce système d’exploitation, LO ajoute ici sa petite pierre au battage général de la bourgeoisie pour entretenir chez les ouvriers un sentiment d’impuissance. Le capitalisme n’y est pour rien. La classe ouvrière n’a plus qu’à mettre la main à la poche et soutenir ainsi son pire ennemi, l’Etat capitaliste et ses ONG.

Ride

1 Editoriaux du 31 décembre 2004 et du 7 janvier 2005.

2 Lire notre article ‘C’est le capitalisme qui est responsable de la catastrophe sociale’.

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