Soumis par Revue Internationale le
Après un certain temps, beaucoup plus long que prévu à l’origine, nous reprenons le troisième volume de la série sur le communisme. Rappelons brièvement que le premier volume, qui a été publié en français sous forme de brochure-résumé et en anglais sous forme de livre, commence par analyser le développement du concept de communisme depuis les sociétés précapitalistes jusqu’aux socialistes utopiques, et est ensuite dédié au travail de Marx et Engels, et de leurs successeurs dans la Deuxième Internationale, pour comprendre que le communisme n’est pas un idéal abstrait, mais une nécessité matérielle rendue possible par l’évolution de la société capitaliste elle-même. 1 Le deuxième volume examine la période dans laquelle la prévision marxiste de la révolution prolétarienne, formulée pour la première fois dans la période du capitalisme ascendant, s’est concrétisée à l’aube de "l’époque des guerres et des révolutions" reconnue par l’Internationale Communiste en 1919. 2 Le troisième volume s’est jusqu'ici concentré sur la tentative soutenue de la Gauche communiste d’Italie pendant les années 1930 de tirer les leçons de la défaite de la première vague internationale de révolutions, et surtout de la révolution russe, et d'examiner les implications de ces leçons pour une future période de transition au communisme. 3
Comme nous l’avons souvent rappelé, la Gauche communiste était d’abord et avant tout le produit d’une réaction internationale contre la dégénérescence de l’Internationale communiste et de ses partis. Les groupes de gauche en Italie, Allemagne, Pays-Bas, Russie, Grande-Bretagne et ailleurs convergeaient sur les mêmes critiques de la régression de l’IC vers le parlementarisme, le syndicalisme, et vers des compromis avec les partis de la social-démocratie. Il y avait des débats intenses au sein des différents courants de gauche et quelques tentatives concrètes de coordination et de regroupement, telles que la formation de l’Internationale communiste ouvrière en 1922, essentiellement avec des groupes proches de la Gauche communiste germano-hollandaise. En même temps, cependant, l’échec rapide de cette nouvelle formation démontrait que la marée de la révolution refluait et que les temps n’étaient pas mûrs pour la fondation d’un nouveau parti mondial. De plus, cette initiative précipitée, prise par des éléments au sein du mouvement allemand, mettait en évidence ce qui était peut-être la plus grave division dans les rangs de la Gauche communiste, la séparation entre ses deux expressions les plus importantes, celle en Italie et celle en Allemagne et aux Pays-Bas. Cette division n’a jamais été absolue : dans les premiers temps du Parti communiste d’Italie, il y avait eu des tentatives de comprendre et de débattre avec les autres courants de gauche ; et nous avons ailleurs attiré l’attention sur le débat entre Bordiga et Korsch au milieu des années 1920. 4 Ces contacts se sont cependant raréfiés avec le reflux de la révolution et parce que les deux courants ont réagi de façon différente face au nouveau défi qui se présentait à eux. La gauche italienne était, de façon toute à fait juste, convaincue de la nécessité de rester dans l’IC tant qu’existait en son sein une vie prolétarienne et d’éviter des scissions prématurées ou la proclamation de nouveaux partis artificiels – ce qui était précisément la voie suivie par la majorité de la gauche germano-hollandaise. De plus, l’émergence de tendances ouvertement anti-parti dans la gauche germano-hollandaise, en particulier le groupe autour de Rühle, ne pouvait que renforcer la conviction de Bordiga et d'autres que ce courant était dominé par des conceptions et des pratiques anarchisantes. En même temps, les groupes de la gauche germano-hollandaise, ayant tendance à définir toute l’expérience du bolchevisme et d’Octobre 1917 comme des expressions d’une révolution bourgeoise tardive, étaient de moins en moins capables de distinguer la gauche italienne du courant majoritaire de l’IC, principalement parce que la gauche italienne continuait à défendre que la place des communistes était à l’intérieur de l’Internationale et d'y combattre son cours opportuniste.
Aujourd’hui, les groupes bordiguistes ont théorisé cette séparation tragique et qui a coûté cher, quand ils insistent e sur le fait qu'eux seuls constitueraient la Gauche communiste et que le KAPD et ses descendants ne seraient rien de plus qu’une déviation anarchiste petite-bourgeoise. Le Parti communiste international (Il programma comunista) est allé jusqu’à publier une défense de La maladie infantile du communisme (le "gauchisme") de Lénine, en en faisant l’éloge comme avertissement contre des "futurs renégats". 5 Cette attitude révèle un manque de reconnaissance plutôt tragique du fait que les communistes de gauche auraient dû combattre ensemble, en tant que camarades, contre la trahison grandissante de l’IC.
C’était cependant loin d’être l’attitude de la gauche italienne pendant sa période la plus fructueuse sur le plan théorique : celle qui a suivi la formation, en exil hors de l’Italie fasciste, de la Fraction de Gauche à la fin des années 1920 et pendant laquelle elle a publié la revue Bilan entre 1933 et 1938. Dans un "Projet de résolution sur les liens internationaux" dans Bilan n° 22, elle écrit que "les communistes internationalistes de Hollande (la tendance Gorter) et les éléments du KAPD représentent la première réaction aux difficultés de l’État russe, la première expérience de gestion prolétarienne, en se reliant au prolétariat mondial au travers d’un système de principes élaborés par l’Internationale". Elle en conclut que l’exclusion de ces camarades de l’Internationale "n’a apporté aucune solution à ces problèmes".
Cette démarche posait les fondements élémentaires de la solidarité prolétarienne sur la base desquels le débat pouvait avoir lieu, malgré les divergences considérables entre les deux courants ; divergences qui se sont énormément amplifiées au milieu des années 1930, quand la gauche germano-hollandaise a évolué vers les positions du communisme de conseils, définissant non seulement le bolchevisme, mais la forme parti elle-même, comme étant de nature bourgeoise. Il y avait d’autres difficultés liées à la langue et au manque de connaissance de part et d’autre des positions respectives, le résultat étant, comme nous le notons dans notre livre La Gauche communiste d’Italie, que les rapports entre les deux courants étaient en grande partie indirects.
Le principal point de connexion entre les deux courants était la Ligue des Communistes Internationalistes (LCI) en Belgique, qui était en contact avec le Groep van Internationale Communisten (GIC) et d’autres groupes en Hollande. Il est peut être significatif que le principal résultat de ces contacts à apparaître dans les pages de Bilan ait été le résumé, écrit par Hennaut de la LCI, du livre du GIC Grundprinzipien Kommunistischer Produktion und Verteilung (Principes fondamentaux de la production et de la distribution communistes) 6 et les remarques fraternelles mais critiques sur le livre que contenait la série "Problèmes de la période de transition" de Mitchell. À notre connaissance, le GIC n’a répondu à aucun de ces articles, mais il est toujours important de nous rappeler que les prémisses pour un débat existaient à l’époque où les Grundprinzipien ont été publiés, d'autant plus qu’il n’y a eu que quelques très rares tentatives ultérieures de poursuivre la discussion. 7 Disons clairement que cet article ne tentera pas de faire une analyse en profondeur et détaillée des Grundprinzipien. Son but, plus modeste, est d’étudier les critiques du résumé publié dans Bilan et de souligner quelques questions pour une future discussion.
Le GIC examine les leçons de la défaite
À la Conférence de Paris de groupes de la Gauche communiste récemment formés, en 1974, Jan Appel, le vétéran du KAPD et du GIC qui avait été un des principaux auteurs des Grundprinzipien, expliquait que ce texte avait été écrit comme une contribution à l’effort de compréhension de ce qui avait mal tourné dans l’expérience du capitalisme d’État ou "communisme d’État comme nous disions quelques fois" dans la révolution russe, en vue de dégager quelques lignes de conduite qui permettraient d’éviter de telles erreurs à l’avenir. Malgré leurs divergences sur la nature de la révolution russe, c’était précisément ce qui motivait précisément les camarades de la gauche italienne quand ils ont entrepris une étude des problèmes de la période de transition, en dépit du fait qu’ils ne comprenaient que trop bien qu’ils étaient en train de traverser une profonde la contre-révolution.
Pour Mitchell, comme pour le reste de la gauche italienne, le GIC, c’étaient les "internationalistes hollandais", des camarades qui étaient animés par un engagement profond pour le renversement du capitalisme et son remplacement par une société communiste. Les deux courants comprenaient qu’une étude sérieuse des problèmes de la période de transition allait beaucoup plus loin qu’un exercice intellectuel en soi. C’étaient des militants pour qui la révolution prolétarienne était une réalité qu’ils avaient vue de leurs propres yeux ; malgré sa terrible défaite, ils restaient pleinement confiants dans le fait qu’elle surgirait de nouveau, et étaient convaincus qu’elle devait être armée d’un programme communiste clair pour triompher la prochaine fois.
Au début de son résumé des Grundprinzipien, Hennaut pose précisément cette question : "Ne paraît-il pas vain, en effet, de se torturer les méninges à propos des règles sociales que les travailleurs auront à faire respecter, une fois la révolution accomplie, alors que les travailleurs ne marchent nullement à la lutte finale mais cèdent pas à pas le terrain conquis devant la réaction triomphante ? D’autre part, tout n’a-t-il pas été dit à ce sujet par les Congrès de l’I.C. ? … Bien sûr, à ceux pour qui toute la science de la révolution consiste à discerner toute la gamme des manœuvres à faire accomplir par les masses, l’entreprise doit apparaître particulièrement oiseuse. Mais à ceux qui considèrent que la précision des buts de la lutte est une des fonctions essentielles de tout mouvement d’émancipation et que les formes de cette lutte, son mécanisme et les lois qui la régissent, ne peuvent être mis complètement à jour que dans la mesure où se précisent les buts finaux à atteindre, en d’autres termes que les lois de la révolution se dégagent de plus en plus nettement selon que la conscience des travailleurs grandit - pour ceux-là l’effort théorique pour définir exactement ce que sera la dictature du prolétariat apparaît comme une tâche d’une primordiale nécessité." (Bilan n° 19, "Les fondements de la production et de la distribution communistes")
Comme nous l’avons mentionné, Hennaut n’était pas membre du GIC mais de la LCI belge. En un sens, il était bien placé pour agir comme un "intermédiaire" entre la gauche italienne et la gauche hollandaise puisqu’il avait des accords et des divergences avec les deux. Dans une contribution précédente dans Bilan 8, il critiquait la notion de "dictature du parti" des camarades italiens et mettait l’accent sur le fait que c’est la classe ouvrière qui exerce le contrôle sur les sphères politiques et économiques avec ses propres organes généraux tels que les conseils. En même temps, il rejetait la vision qu'avait Bilan de l’URSS comme État prolétarien dégénéré et définissait comme capitalistes tout autant le régime politique que l’économie en Russie. Mais on doit ajouter qu’il s’était aussi engagé dans un processus de rejet du caractère prolétarien de la révolution russe, mettant en exergue que les conditions objectives n’étaient pas mûres, si bien que "la révolution a été faite par les ouvriers mais ce n’était pas une révolution prolétarienne". 9 Cette analyse était très proche de celle des communistes de conseils, mais Hennaut se démarquait de ces derniers sur nombre de points cruciaux : au tout début de son résumé, il dit clairement qu’il n’est pas d’accord avec leur rejet du parti. Pour Hennaut, le parti allait être encore plus nécessaire après la révolution pour combattre les vestiges idéologiques du vieux monde, bien qu’il n’ait pas ressenti que la faiblesse du GIC sur ce point était la principale question posée par les Grundprinzipien ; à la fin de son résumé, dans Bilan n° 22, il souligne la faiblesse de la conception de l’État du GIC et de sa vision quelque peu colorée en rose des conditions dans lesquelles a lieu une révolution. Cependant, il est convaincu de l’importance de la contribution du GIC et fait un effort très sérieux pour la résumer de façon précise en quatre articles (publiés dans les 5 numéros de Bilan cités précédemment). Évidemment, il ne lui était pas possible, dans le cadre de ce résumé, de faire ressortir toute la richesse – et certaines des contradictions apparentes - des Grundprinzipien, mais il a fait un excellent travail pour mettre en évidence les points essentiels du livre.
Le résumé de Hennaut met en lumière le fait significatif que les Grundprinzipien ne se situent pas du tout en dehors des traditions et des expériences de la classe ouvrière, mais se basent sur une critique historique de conceptions erronées qui avaient surgi au sein du mouvement ouvrier, et sur les expériences révolutionnaires concrètes – en particulier les révolutions russe et hongroise – dont les leçons étaient surtout négatives. Les Grundprinzipien contiennent donc des critiques des visions de Kautsky, Varga, de l’anarcho-syndicaliste Leichter et d’autres, tout en cherchant à se rattacher aux travaux de Marx et Engels, en particulier La critique du programme de Gotha et l’Anti-Dühring. Le point de départ en est la simple insistance sur le fait que l’exploitation des ouvriers dans la société capitaliste est entièrement liée à leur séparation des moyens de production via les rapports sociaux capitalistes du travail salarié. Depuis la période de la Deuxième Internationale, le mouvement ouvrier avait dérivé vers l’idée que la simple abolition de la propriété privée signifiait la fin de l’exploitation, et les bolcheviks ont, dans une large mesure, mis en application cette vision après la révolution d’Octobre.
Pour les Grundprinzipien, la nationalisation ou la collectivisation des moyens de production peuvent parfaitement coexister avec le travail salarié et l’aliénation des ouvriers par rapport à ce qu’ils produisent. Ce qui est la clef, cependant, c’est que les travailleurs eux-mêmes, à travers leurs organisations enracinées sur les lieux de travail, disposent non seulement des moyens matériels de production mais de tout le produit social. Pour être sûrs, cependant, que le produit social reste aux mains des producteurs, du début à la fin du processus du travail (décisions sur quoi produire, en quelles quantités, distribution du produit y compris la rémunération du producteur individuel), il faut une loi économique générale qui puisse être sujette à des décomptes rigoureux : le calcul du produit social sur la base de la "valeur" du temps de travail moyen socialement nécessaire. Bien que ce soit précisément le temps de travail socialement nécessaire qui est à la base de la "valeur" des produits dans la société capitaliste, ce ne serait plus une production de valeur parce que, bien que la contribution des entreprises individuelles soit considérable dans la détermination du temps de travail contenu dans leurs produits, celles-ci ne vendront plus leurs produits sur le marché (et les Grundprinzipien critiquent les anarcho-syndicalistes justement parce qu’ils envisagent la future économie comme un réseau d’entreprises indépendantes liées par des rapports d’échange). Dans la vision du GIC, les produits seraient simplement distribués selon les besoins généraux de la société, lesquels seraient déterminés par un congrès de conseils associé à un bureau central des statistiques et un réseau de coopératives de consommateurs. Les Grundprinzipien prennent soin d’insister sur le fait que ni le congrès des conseils ni le bureau des statistiques ne sont "centralisés" ou des organes "d’État". Leur tâche n’est pas de contrôler le travail mais d’utiliser le critère du temps de travail socialement nécessaire, calculé en prenant en compte essentiellement les usines ou les lieux de travail, afin de superviser le planning et la distribution du produit social à l’échelle globale. Une application cohérente de ces principes assurerait qu’une situation dans laquelle "la machine vous échappe des mains" (les fameuses paroles de Lénine sur la trajectoire de l’État soviétique, citées par les Grundprinzipien), ne se répéterait pas dans la nouvelle révolution. En somme, la clef de la victoire de la révolution réside dans la capacité des ouvriers de maintenir un contrôle direct de l’économie, et le moyen le plus sûr pour y parvenir est la régulation de la production et de la distribution en se basant sur le temps de travail.
Les critiques de la gauche italienne
La gauche italienne 10 comme nous l’avons dit, a salué la contribution du GIC mais ne lui a pas épargné ses critiques du texte. En général, ces critiques peuvent être réparties en quatre rubriques, bien qu’elles mènent toutes à d’autres questions et soient toutes étroitement liées entre elles :
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une vision nationale de la révolution ;
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une vision idéaliste des conditions réelles de la révolution prolétarienne ;
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un manque de compréhension du problème de l’État et une focalisation sur l’économie au détriment des questions politiques ;
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certaines divergences théoriques concernant l’économie de la période de transition : le dépassement de la loi de la valeur et le contenu du communisme ; l’égalitarisme et la rémunération du travail.
1. Une vision nationale de la révolution
Dans sa série "Parti-État-Internationale" 11, Vercesi avait déjà critiqué Hennaut et les camarades hollandais pour leur approche du problème de la révolution en Russie d’un point de vue étroitement national. Il insistait sur le fait qu’aucune avancée réelle ne pouvait se faire tant que la bourgeoisie détiendrait le pouvoir à l’échelle mondiale – quelles que soient les avancées réalisées dans une zone sous "gestion" prolétarienne, elles ne pouvaient être définitives :
"L’erreur que commettent à notre avis les communistes de gauche hollandais, et avec eux le camarade Hennaut, c’est de se mettre en une direction foncièrement stérile, car le fondement du marxisme consiste justement à reconnaître que les bases d’une économie communiste ne peuvent se présenter que sur le terrain mondial, et jamais elles ne peuvent être réalisées à l’intérieur des frontières d’un État prolétarien. Ce dernier pourra intervenir dans le domaine économique pour changer le processus de la production, mais nullement pour asseoir définitivement ce processus sur des bases communistes, car à ce sujet les conditions pour rendre possible une telle économie ne peuvent être réalisées que sur la base internationale. C’est enfreindre la théorie marxiste dans son essence même que de croire possible de réaliser les tâches économiques du prolétariat à l’intérieur d’un seul pays. Nous ne nous acheminerons pas vers la réalisation de ce but suprême en faisant croire aux travailleurs qu’après la victoire sur la bourgeoisie, ils pourront directement diriger et gérer l’économie dans un seul pays." (Bilan n° 21, dans la série, Parti – Internationale – État, 3e partie : l'État soviétique).
Dans sa série, Mitchell revient sur ce thème :
"S’il est indéniable qu’un prolétariat national ne peut aborder certaines tâches économiques qu’après avoir instauré sa propre domination, à plus forte raison, la construction du socialisme ne peut s’amorcer qu’après la destruction des États capitalistes les plus puissants, bien que la victoire d’un prolétariat "pauvre" puisse acquérir une immense portée, pourvu qu’elle soit intégrée dans la ligne de développement de la révolution mondiale. En d’autres termes, les tâches d’un prolétariat victorieux, par rapport à sa propre économie, sont subordonnées aux nécessités de la lutte internationale des classes.
Il est caractéristique de constater que, bien que tous les véritables marxistes aient rejeté la thèse du "socialisme en un seul pays", la plupart des critiques de la Révolution russe se sont surtout exercées sur les modalités de construction du socialisme, en partant de critères économiques et culturels plutôt que politiques, et en omettant de tirer à fond les conclusions logiques qui découlent de l’impossibilité du socialisme national." (Bilan n° 37, "Quelques données pour une gestion prolétarienne", republié dans la Revue internationale n° 132, article "Les problèmes de la période de transition").
Mitchell a aussi dédié une grande partie de la série d’articles à argumenter contre l’idée des Mencheviks, reprise en grande partie par les communistes de conseils, selon laquelle la révolution russe ne pouvait avoir été purement prolétarienne parce que la Russie n’était pas mûre pour le socialisme. Contre cette approche, Mitchell affirme que les conditions de la révolution communiste ne peuvent être posées qu’à l’échelle mondiale et que la révolution en Russie n’a simplement été que le premier pas d'une révolution au niveau mondial, rendue nécessaire par le fait que le capitalisme en tant que système mondial était entré dans sa période de déclin. Toute compréhension de ce qui avait mal tourné en Russie devait donc se situer dans le contexte de la révolution mondiale : la dégénérescence de l’État soviétique fut d’abord et avant tout non pas une conséquence des mesures économiques prises par les bolcheviks mais de l’isolement de la révolution. De son point de vue, les camarades hollandais ont été "conduits à fausser leur jugement sur la révolution russe et surtout à restreindre singulièrement le champ de leurs recherches quant aux causes profondes de l'évolution réactionnaire de l'U.R.S.S. L'explication de celle-ci ils ne vont pas la chercher dans le tréfonds de la lutte nationale et internationale des classes (c'est une des caractéristiques négatives de leur étude, qu'elle fait quasi abstraction des problèmes politiques), mais dans le mécanisme économique" (Bilan n° 35, republié dans la Revue internationale n° 131, article "Les problèmes de la période de transition").
En bref, il existe des limites à ce que nous pouvons déduire des mesures économiques prises pendant la révolution russe. Même les mesures les plus parfaites, en l’absence d’extension de la révolution mondiale, n’auraient pas préservé le caractère prolétarien du régime en URSS, et cela s’applique à n’importe quel pays, avancé ou arriéré, qui se retrouverait isolé dans un monde dominé par le capitalisme.
2. Les conditions réelles après la révolution prolétarienne
Nous avons remarqué que Hennaut lui-même mettait en évidence la tendance des camarades hollandais à simplifier les conditions qui prévalent à la suite d’une révolution prolétarienne : "il pourrait apparaître à maints lecteurs qu’en réalité tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. La révolution est en marche, elle ne pourrait pas ne pas venir et il suffit de laisser aller les choses à elles-mêmes pour que le socialisme devienne réalité. ( "Les internationalistes hollandais sur le programme de la révolution prolétarienne", Bilan n° 22). Vercesi avait aussi défendu que ces camarades tendaient à sous-estimer grandement l’hétérogénéité de la conscience de classe même après la révolution – une erreur directement liée à l’incapacité des communistes de conseils de comprendre la nécessité d’une organisation politique des éléments les plus avancés de la classe ouvrière. De plus, cela était aussi lié à la sous-estimation, par les camarades hollandais, des difficultés qu'allaient rencontrer les ouvriers pour prendre en charge directement l’organisation de la production. Pour sa part, Mitchell défend que les camarades hollandais partent d’un schéma idéal, abstrait, qui exclut déjà les stigmates du passé capitaliste, comme base pour avancer vers le communisme :
"Nous avons déjà laissé entendre que les internationalistes hollandais dans leur essai d'analyse des problèmes de la période de transition, s'étaient beaucoup plus inspirés de leurs désirs que de la réalité historique. Leur schéma abstrait, d'où ils excluent, en gens parfaitement conséquents avec leurs principes, la loi de la valeur, le marché, la monnaie devait, tout aussi logiquement, préconiser une répartition "idéale" des produits. Pour eux puisque "la révolution prolétarienne collectivise les moyens de production et par là ouvre la voie à la vie communiste, les lois dynamiques de la consommation individuelle doivent absolument et nécessairement se conjuguer parce qu'elles sont indissolublement liées aux lois de la production, cette liaison s'opérant de 'soi-même' par le passage à la production communiste. (Page 72 de leur ouvrage déjà cité, Essai sur le développement de la société communiste". (Bilan n° 35, cité dans la Revue internationale n° 131).
Plus tard, Mitchell se concentre sur les obstacles que rencontre l’institution d’une rémunération égale du travail pendant la période de transition (nous y reviendrons dans un second article). En somme, les camarades hollandais mélangent complètement les stades du communisme :
"D'autre part, répudiant l'analyse dialectique en sautant l'obstacle du centralisme, ils en sont arrivés à se payer réellement de mots en considérant non la période transitoire, la seule intéressant les marxistes du point de vue des solutions pratiques, mais la phase évoluée du communisme. Il est dès lors facile de parler d'une "comptabilité sociale générale en tant que centrale économique où affluent tous les courants de la vie économique, mais qui n'a pas la direction de l'administration ni le droit de disposition sur la production et la répartition qui n'a que la disposition d'elle-même" (!) (P 100/101.) Et ils ajouteront que "dans l’association des producteurs libres et égaux, le contrôle de la vie économique n'émane pas de personnes ou d'instances mais résulte de l'enregistrement public du cours réel de la vie économique. Cela signifie : la production est contrôlée par la reproduction" (P. 135) ; autrement dit : "la vie économique se contrôle par elle-même au moyen du temps de production social moyen." (!)
Avec de telles formulations, les solutions relatives à la gestion prolétarienne ne peuvent évidemment avancer d'un pas, car la question brûlante qui se pose au prolétariat n'est pas de chercher à deviner le mécanisme de la société communiste, mais la voie qui y conduit." (Bilan n° 37, republié dans la Revue internationale n° 132)
Il est vrai que dans un certain nombre de passages des Grundprinzipien les camarades hollandais parlent de la distinction faite par Marx entre les premières étapes et celles plus avancées de la période de transition, et qu’ils reconnaissent qu’il y existe un processus, un mouvement vers le communisme intégral dans lequel la nécessité du décompte du temps de travail, par exemple, perdra de l'importance en ce qui concerne la consommation individuelle :
"Une caractéristique essentielle des entreprises de T.S.G. (entreprises de Travail Social Général) est le fait qu’elles permettent à chacun de "prendre selon ses besoins". L’heure de travail n’est donc plus ici la mesure de la répartition. Le développement de la société communiste entraînera un accroissement de ce type d’entreprise, si bien que l’alimentation, les transports, l’habitat, et en bref la satisfaction des besoins généraux deviendront eux aussi "gratuits". Cette évolution est un processus qui, en ce qui concerne le côté technique de l’opération, peut s’effectuer rapidement. Le travail individuel sera d’autant moins la mesure de la consommation individuelle que la société évoluera dans une telle direction, qu’il y aura de plus en plus de produits distribués selon ce principe. Bien que le temps de travail individuel soit la mesure de la répartition individuelle, le développement de la société entraînera la suppression progressive de cette mesure." (Grundprinzipien ; Chapitre 6 : La socialisation de la répartition) 12
En même temps encore, comme Mitchell le remarque plus haut, ils parlent de "producteurs libres et égaux" qui décident de ceci ou de cela précisément dans le stade le plus bas, un moment dans lequel le prolétariat organisé combat pour la véritable liberté et l’égalité, mais ne les a pas encore conquises définitivement. Le terme "producteurs libres " ne peut réellement s’appliquer qu’à une société où il n’y a plus de classe ouvrière.
Un exemple de cette tendance à simplifier est la façon dont ils traitent de la question agraire. Selon cette partie des Grundprinzipien, la "question paysanne", qui a pesé d’un si grand poids dans la révolution russe, ne poserait pas de grands problèmes à la révolution dans le futur parce que le développement de l’industrie capitaliste a déjà intégré la majorité de la paysannerie dans le prolétariat. C’est un exemple d’une certaine vision eurocentrique (et même en Europe, c’était loin d’être le cas en 1930), qui ne prend pas en compte le grand nombre des masses à la fois non-exploiteuses et non-prolétariennes qui existent à l’échelle mondiale et que la révolution prolétarienne aura à intégrer à la production vraiment socialisée.
3. L’État et l’économisme.
Parler de l’existence de classes autres que le prolétariat dans la période de transition pose immédiatement la question d’un semi-État qui, entre autres choses, a la tâche de représenter politiquement ces masses. L’esquive du problème de l’État est donc une autre conséquence du schéma abstrait des camarades hollandais. Comme nous l’avons déjà noté, Hennaut voit que "l’État occupe, dans le système des camarades hollandais, une place disons pour le moins équivoque" (Bilan n° 22). Mitchell pointe le fait que tant que les classes existent, la classe ouvrière aura à faire avec le fléau d’un État, et que cela est lié au problème du centralisme :
"L'analyse des internationalistes hollandais s'éloigne incontestablement du marxisme parce qu'elle ne met jamais en évidence cette vérité, pourtant fondamentale, que le prolétariat est encore obligé de supporter le "fléau" de l'État jusqu'à la disparition des classes, c'est-à-dire jusqu’à l'abolition du capitalisme mondial. Mais souligner une telle nécessité historique, c'est admettre que les fonctions étatiques se confondent encore temporairement avec la centralisation, bien que celle-ci, sur la base de la destruction de la machine oppressive du capitalisme, ne s'oppose plus nécessairement au développement de la culture et de la capacité de gestion des masses ouvrières. Au lieu de rechercher la solution de ce développement dans les limites des données historiques et politiques, les internationalistes hollandais ont cru la trouver dans une formule d'appropriation à la fois utopique et rétrograde qui, de plus, n'est pas aussi nettement opposée au "droit bourgeois" qu'ils pourraient se l'imaginer." (Bilan n° 37, republié dans la Revue internationale n° 132).
À la lumière de l’expérience russe, les camarades hollandais avaient certainement raison d’être vigilants sur le fait que tout corps organisé pourrait exercer un pouvoir dictatorial sur la classe ouvrière. En même temps, les Grundprinzipien ne rejettent pas la nécessité d’une certaine forme de coordination centrale. Ils parlent d’un bureau central des statistiques et d’un "congrès économique des conseils ouvriers", mais ceux-ci sont présentés comme des organes économiques avec de simples tâches de coordination : ils semblent n’avoir aucune fonction politique ou étatique. En décrétant simplement à l’avance que de tels organes centraux ou de coordination n’assumeront des fonctions étatiques, et n'auront pas de lien avec elles, ils affaiblissent réellement la capacité de la classe à se défendre d’un danger réel qui existera tout au long de la période de transition : le danger que l’État, même un semi-État dirigé de façon rigoureuse par les organes unitaires des ouvriers, développe de façon croissante un pouvoir autonome vis-à-vis de la société et réimpose des formes directes d’exploitation économique.
La notion d’État postrévolutionnaire apparaît brièvement dans le livre (en fait au tout dernier chapitre). Mais selon les termes du GIC, il "existe simplement en tant qu’appareil de pouvoir pur et simple de la dictature du prolétariat. Sa tâche est de briser la résistance de la bourgeoisie … mais en ce qui concerne l’administration de l’économie, il n’a aucun rôle que ce soit à remplir". (Grundprinzipien, chapitre 19, "Le prétendu utopisme").
Mitchell ne se réfère pas à ce passage mais celui-ci n’irait pas à l’encontre de ses craintes vis-à-vis de la tendance du GIC à considérer l’État et la dictature du prolétariat comme une même chose, une identification qui, à ses yeux, désarme les travailleurs et favorise l’État :
"La présence agissante d’organismes prolétariens est la condition pour que l’État reste asservi au prolétariat et non le témoignage qu’il s’est retourné contre les ouvriers. Nier le dualisme contradictoire de l’État prolétarien, c’est fausser la signification historique de la période de transition.
Certains camarades considèrent, au contraire, que cette période doit exprimer l’identification des organisations ouvrières avec l’État (camarade Hennaut, "Nature et évolution de l’État russe" - Cf. Bilan n°34, p. 1124). Les internationalistes hollandais vont même plus loin lorsqu’ils disent que puisque "le temps de travail est la mesure de la répartition du produit social et que la distribution entière reste en dehors de toute "politique", les syndicats n’ont plus aucune fonction dans le communisme et la lutte pour l’amélioration des conditions d’existence a cessé" (p. 115 de leur ouvrage).
Le centrisme également est parti de cette conception que, puisque l’État soviétique était un État ouvrier, toute revendication des prolétaires devenait un acte d’hostilité envers "leur" État, justifiant ainsi l’assujettissement total des syndicats et comités d’usines au mécanisme étatique." (Bilan n° 37, republié dans la Revue internationale n° 132).
La gauche germano-hollandaise avait, évidemment, reconnu bien plus rapidement le fait que les syndicats avaient déjà cessé d’être des organes prolétariens sous le règne du capitalisme décadent, sans parler de la période de transition au communisme quand la classe ouvrière aurait créé ses propres organes unitaires (les comités d’usine, les conseils ouvriers, etc.). Mais le point fondamental de Mitchell reste parfaitement valable. En confondant le voyage avec la destination, en éliminant de l’équation les autres classes non-prolétariennes et toute l’hétérogénéité sociale complexe de la situation post-insurrectionnelle et, surtout, en envisageant une abolition quasi-immédiate de la condition du prolétariat comme classe exploitée, les camarades hollandais, du fait de toute leur antipathie pour l’État, laissent la porte ouverte à l’idée que, pendant la période de transition, le besoin, pour la classe ouvrière, de défendre ses intérêts immédiats serait devenu superflu. Pour la gauche italienne, la nécessité de préserver l’indépendance des syndicats et/ou des comités d’usine au sein de l’organisation générale de la société –bref, par rapport à l’État de transition – était une leçon fondamentale de la révolution russe où c'est "l’État ouvrier" qui avait fini par réprimer les ouvriers.
Cette esquive ou cette simplification de la question de l’État, de même que l'incapacité du GIC à comprendre la nécessité de l’extension internationale de la révolution, font partie d’une sous-estimation plus large de la dimension politique de la révolution. L’obsession du GIC est de chercher d’une méthode pour calculer, distribuer et rémunérer le travail social de façon à ce qu’un contrôle central puisse être maintenu à un minimum et que l’économie de la période de transition puisse avancer de façon semi-automatique vers le communisme intégral. Mais pour Mitchell, l’existence de telles lois ne peut se substituer à la maturité politique croissante des masses travailleuses, à leur capacité réelle d’imposer leur propre direction à la vie sociale :
"Les camarades hollandais ont, il est vrai, proposé une solution immédiate : pas de centralisation économique ni politique qui ne peut revêtir que des formes oppressives, mais le transfert de la gestion aux organisations d’entreprises qui coordonnent la production au moyen d’une "loi économique générale". Pour eux, l’abolition de l’exploitation (donc des classes) ne paraît pas se réaliser dans un long processus historique, enregistrant une participation sans cesse croissante des masses à l’administration sociale, mais dans la collectivisation des moyens de production, pourvu que celle-ci implique pour les conseils d’entreprises le droit de disposer, et de ces moyens de production, et du produit social. Mais outre qu’il s’agit ici d’une formulation qui contient sa propre contradiction, puisqu’elle revient à opposer la collectivisation intégrale (propriété à tous, mais à personne en particulier) à une sorte de "collectivisation" restreinte, dispersée entre groupes sociaux (la société anonyme est aussi une forme partielle de collectivisation), elle ne tend tout simplement qu’à substituer une solution juridique (le droit de disposition des entreprises) à l’autre solution juridique qu’est l’expropriation de la bourgeoisie. Or, nous avons vu précédemment que cette expropriation de la bourgeoisie n’est que la condition initiale de la transformation sociale (encore que la collectivisation intégrale ne soit pas immédiatement réalisable), alors que la lutte des classes se poursuit, comme avant la Révolution, mais sur des hases politiques qui permettent au prolétariat de lui imprimer un cours décisif." (Bilan n° 37, republié dans la Revue internationale n° 132)
Derrière ce rejet de la dimension politique de la lutte de classe, nous pouvons noter une divergence fondamentale entre les deux branches de la Gauche communiste dans leur compréhension de la transition au communisme. Les camarades hollandais reconnaissent la nécessité d’être vigilant à l’égard des restes de " puissantes tendances héritées du mode de production capitaliste qui jouent en faveur de la concentration du pouvoir de contrôle dans une autorité centrale" (Grundprinzipien, chapitre 10, "Les méthodes objectives de contrôle"). Mais ce paragraphe éclairant apparaît au milieu d’une recherche sur les méthodes de calcul dans la période de transition, et dans tout le livre, on ne perçoit que peu la lutte immense qui sera nécessaire pour surmonter les habitudes du passé tout autant que leur personnification matérielle et sociale dans les classes, les couches et les individus plus ou moins hostiles au communisme. Il semble que dans la vision du GIC, la bataille politique soit peu nécessaire, que ce soit sur les lieux de travail ou à un niveau social plus élevé. C’est aussi cohérent avec leur rejet de la nécessité d’organisations politiques communistes, du parti de classe.
Dans la seconde partie de cet article, nous examinerons certains des problèmes plus théoriques concernant la dimension économique de la transformation communiste.
CD Ward
1 Pour un résumé du premier volume, voir l'article "Le communisme n’est pas un bel idéal, mais une nécessité matérielle [résumé du volume I]", Revue internationale n° 124.
2 Pour un résumé du deuxième volume, voir l'article "Le communisme n’est pas un bel idéal, il est à l'ordre du jour de l'histoire [résumé du volume II]", Revue internationale n° 125 et 126.
3 Voir les articles de cette série dans les Revue internationale n° 127 à 134.
4 Voir la 10e partie du volume 2 de la série, "1926-1936 : l'énigme russe élucidée", Revue Internationale n° 105.
6 Bilan numéros 19, 20, 21, 22, 23
7 Parmi les études des Grundprinzipien, nous pouvons mentionner l’introduction de Paul Mattick, 1970, à la réédition en allemand du livre, disponible sur le site bataillesocialiste.wordpress.com.. L’édition de 1990 du livre, publiée par le Mouvement pour les Conseils Ouvriers, contient un long commentaire de Mike Baker, écrit peu avant sa mort, qui a aussi causé la disparition du groupe. Notre propre livre : La Gauche hollandaise, renferme une section sur les Grundprinzipien que nous publions en annexe de cet article. Cette partie démontre que notre vision est dans la continuité avec les critiques du texte déjà soulevées par les articles de Mitchell. Le texte des Grundprinzipien lui-même peut être trouvé sur mondialisme.org
8 "Nature et évolution de la révolution russe", Bilan n° 33 et 34.
9 Bilan n° 34, p. 1124.
10 Nous devons être plus précis : Mitchell, lui-même un ancien membre de la LCI, faisait alors partie de la Fraction belge qui avait rompu avec la LCI sur la question de la guerre en Espagne. Dans une de ses séries d’articles sur la période de transition (Bilan n° 38), il a exprimé certaines critiques envers les ‘camarades de Bilan’, ayant le sentiment qu’ils n’avaient pas porté assez d’attention aux aspects économiques de la période de transition.
11 Voir "Les années 1930 : le débat sur la période de transition", Revue internationale n° 127.
12 Traduction en français issue du site https://www.mondialisme.org/IMG/article_PDF/article_a1308.pdf