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A l’approche de la Seconde Guerre mondiale, suite à la défaite de la vague révolutionnaire des années 1920, la révolution russe mourant de son isolement puis assassinée par la bourgeoisie mondiale et le stalinisme, la contre-révolution et l’écrasement du prolétariat mondial triomphent. Dans ce contexte, l’anarchisme va connaître un pas fatidique dans son évolution.
Dans tous les pays, poussée inexorablement dans la voie du militarisme par les lois aveugles du capitalisme, la bourgeoisie se prépare à la guerre, qu’il s’agisse des Etats fascistes ou démocratiques, comme dans l’URSS stalinienne. L’impasse que constitue la crise économique ne lui laisse aucune autre alternative que cette fuite en avant dans un deuxième holocauste mondial. C’est la marche accélérée vers la guerre, véritable mode de vie du capitalisme en décadence, qui a engendré le fascisme. Il a pu s’imposer dans les pays où la classe ouvrière ayant subi une défaite profonde, il n’était plus nécessaire de maintenir les institutions démocratiques qui ont justement pour fonction de mystifier le prolétariat, afin de la soumettre et de la battre. Il se révèle comme la forme la plus adaptée du capitalisme pour accomplir les préparatifs requis par la marche accélérée vers la guerre.
L’embrigadement idéologique pour la guerre impérialiste derrière le fascisme ou le nazisme, ou derrière le mythe de la ‘patrie du socialisme’ pour le stalinisme, a été obtenu au moyen de la terreur la plus effroyable. Mais dans les pays restés ‘démocratiques’, pour embrigader les ouvriers n’ayant pas subi l’écrasement de mouvements révolutionnaires, il fallait que la bourgeoisie utilise une mystification particulière : l’antifascisme. En offrant aux ouvriers un prétendu terrain de mobilisation pour se protéger des horreurs du fascisme, il a été le moyen utilisé pour les enrôler comme chair à canon dans la guerre, au service d’un camp impérialiste contre un autre pour la défense de l’Etat démocratique. Pour parvenir à ce but, la bourgeoisie, notamment en France et en Espagne, s’est servie des ‘fronts populaires’ et de la venue des partis de gauche au gouvernement.
A l’opposé de l’internationalisme prolétarien qui a constitué le cri de ralliement de la classe ouvrière pour mettre un terme à la barbarie de la première boucherie mondiale par la révolution prolétarienne, l’antifascisme ne constitue en rien un moyen pour le prolétariat de défendre ses intérêts de classe, mais le moyen de la livrer pieds et poings liés à la bourgeoisie démocratique. La situation de contre-révolution, résultant de la défaite du prolétariat qui interdisait toute possibilité de surgissement révolutionnaire, ne devait absolument pas conduire à remettre en cause les principes fondamentaux de l’internationalisme prolétarien face à la Seconde Guerre mondiale. Il n’y avait aucun camp à choisir. Il s’agissait de combattre tout autant la bourgeoisie du camp fasciste que celle du camp démocratique.
Prisonnier de sa propension à défendre “la liberté” contre “l’autoritarisme”, l’anarchisme capitule complètement face à l’antifascisme. Avant-guerre, les différents courants de l’anarchisme comptent parmi les principaux animateurs de l’antifascisme. Celui-ci va amener la grande majorité des anarchistes à prendre fermement parti pour les Alliés dans la Seconde Guerre mondiale. Privé de tout critère de classe basé sur les rapports sociaux réels qui régissent la société capitaliste, l’anarchisme est conduit à se soumettre complètement à la défense de la démocratie, cette forme particulièrement pernicieuse de la dictature du capital. Certains internationalistes en 1914, comme Rudolf Rocker, défendent la participation à la guerre impérialiste en 1940, arguant qu’à la différence de 1914, il existe maintenant deux systèmes radicalement différents et que la lutte contre le fascisme justifie le soutien aux Etats démocratiques. Cette approche détermine le plus grand nombre des anarchistes à participer physiquement à la guerre, en premier lieu dans les armées impérialistes sans uniforme des maquis de la résistance (1).
En France, “dès le début de la guerre [le groupe CNT-réseau Vidal dans les Pyrénées] se met au service de la Résistance et travaille activement avec l’Intelligence Service et le Bureau Central de Renseignement et d’Action (BCRA) de de Gaulle, mais aussi avec le réseau Sabot et le groupe Combat. (...) Faute d’organisation nationale de résistance, les anarchistes apparaissent peu, bien qu’ils soient très présents. Citons tout de même le maquis du Barrage de l’Aigle (...) haut-lieu de la reconstruction de la CNT en exil et un des maquis les plus actifs de la résistance. Ce maquis est pratiquement 100 % confédéral, tout comme le maquis de Bort-les-Orgues. D’une manière générale, les maquis du Massif Central sont en forte proportion composés d’anarchistes espagnols (...)” (2) “Présents dans les maquis du sud de la France, dans les groupes FFI, FTP, MUR ou dans des groupes autonomes (le bataillon Libertad dans le Cantal, le maquis Bidon 5 en Ariège, dans le Languedoc-Roussillon) (...) [les anarchistes], par centaines, poursuivirent sur le sol de France la lutte qu’ils avaient menées contre le fascisme espagnol” (3). Le bataillon “Libertad” “libère le Lot et Cahors. (...) A Foix, ce sont les maquis anarcho-syndicalistes CNT-FAI qui libèrent la ville le 19 août” (4).
Même tableau en Italie. Lorsqu’elles se rendent aux Alliés le 8 septembre 1943, les régions du centre et du nord demeurent aux mains des Allemands et de la république fasciste de Salo. “Les anarchistes se jettent immédiatement dans la lutte armée, établissent quand ils en ont la possibilité (Carrare, Gênes, Milan) des formations autonomes, ou, dans la plupart des cas, rejoignent d’autres formations telles les brigades socialistes “Matteotti”, les brigades “Garibaldi” communistes ou les unités “Giustizia e Liberta” du Parti d’action” (5). En de nombreux lieux, les libertaires adhèrent au Comité de libération nationale qui rassemble un large spectre de partis antifascistes ou organisent des Groupes d’action patriotique (sic). Les anarchistes sont nombreux au sein de la 28e Brigade Garibaldi qui libère Ravenne. “A Gênes, les groupes de combat anarchistes opèrent sous les noms de Brigade “Pisacane”, la formation “Malatesta”, la SAP-FCL, la SAP-FCL Sestri Ponente et les Escadrons d’action anarchistes d’Arenzano. (...) Ces activités sont favorisées par la Fédération communiste libertaire (FCL) et par le syndicat anarcho-syndicaliste de l’USI qui vient juste de refaire surface dans les usines. (...) Les anarchistes fondent les brigades “Malatesta” et “Bruzzi”, qui comprennent jusqu’à 1300 partisans : ceux-ci opèrent sous l’égide de la formation “Matteotti” et jouent un rôle de premier plan dans la libération de Milan” (6).
Les exemples de la Bulgarie, où après l’invasion de l’URSS en 1941, le PC bulgare organise “des maquis auxquels de nombreux anarchistes participèrent” (7) ou bien encore la guérilla anarchiste anti-japonaise en Corée dans les années 1920-30, attestent du caractère général de la participation des anarchistes à la guerre impérialiste.
Et beaucoup ne seront pas même rebutés par l’uniforme des armées impérialistes démocratiques : “Les Libertaires espagnols (...), par milliers, participèrent à la résistance au nazisme et, pour certains d’entre eux poussèrent dans les bataillons de la France Libre, la lutte jusqu’en Allemagne” (8) “Des compagnons s’enrôlèrent dans les régiments de marche de la Légion Etrangère et se retrouvèrent en première ligne dans tous les combats” (9). “Ils seront affectés tantôt en Afrique du Nord, tantôt en Afrique Noire (Tchad, Cameroun). Les seconds rallieront les Forces françaises libres dés l’année 1940. Ils rejoindront les colonnes du général Leclerc.” (...) A plus de 60 % espagnole, la fameuse 2e D.B. compte bon nombre d’anarcho-syndicalistes tant et si bien qu’une de ses compagnies “est entièrement composée d’anarchistes espagnols.” A bord des blindés “Ascaso”, “Durruti”, “Casas Viejas” ceux-ci “seront les premiers à entrer dans la capitale le 24 août 1944” lors de la libération de Paris (10) et à hisser le chiffon tricolore sur l’hôtel de ville !
L’attitude des anarchistes pendant la Seconde Guerre mondiale procède directement de celle qui fut la leur dans “la répétition générale” de la guerre d’Espagne. Celle-ci éclaire crûment le rôle réel joué par l’anarchisme dans ce qui n’était ni une “guerre de classes”, ni une “révolution” mais une guerre entre deux fractions de la bourgeoisie espagnole qui a débouché sur un conflit impérialiste mondial.
En juillet 1936, la CNT, en vertu du pacte antifasciste scellé avec les partis de Front populaire, apporte son soutien au gouvernement républicain pour détourner vers l’antifascisme (11) la réaction du prolétariat espagnol au coup d’Etat de Franco. La CNT déplace le combat d’une lutte sociale, économique et politique du prolétariat contre l’ensemble des forces de la bourgeoisie vers la confrontation militaire uniquement contre Franco, en envoyant les ouvriers se faire massacrer sur les fronts militaires dans les milices antifascistes pour des intérêts qui ne sont pas les leurs.
La participation des libertaires au gouvernement républicain bourgeois en Catalogne et à Madrid, illustre l’évolution de l’anarchisme vers le soutien à l’Etat bourgeois. “Après la première victoire sur les généraux factieux, en voyant surgir une guerre de longue durée et d’une importance énorme, nous avons compris que l’heure n’est pas venue de considérer comme terminée la fonction du gouvernement, de l’appareil gouvernemental. De même que la guerre nécessite l’appareil adéquat pour être menée à bonne fin – l’armée –, il faut aussi un organe de coordination, de centralisation de toutes les ressources et énergies du pays, c’est à dire le mécanisme d’un Etat. (...) Tant que dure la guerre, nous devons agir dans la lutte sanglante et nous devons intervenir dans le gouvernement. En effet, celui-ci doit être un gouvernement de guerre, pour faire et gagner la guerre. (...) Nous pensons que la guerre est la première des choses, que la guerre, il faut la gagner comme condition préalable de n’importe quelle condition nouvelle...” (12). Lorsque les ouvriers de Barcelone se soulèvent en mai 1937, les anarchistes se font complices de la répression par le Front populaire et le gouvernement de Catalogne (auquel ils participent), tandis que les franquistes suspendent momentanément les hostilités pour permettre aux partis de gauche d’écraser le soulèvement.
Par son soutien à la guerre totale, par la militarisation du prolétariat à l’aide des collectivités anarchistes et des milices antifascistes, par la proclamation de l’Union Sacrée avec la bourgeoisie républicaine et l’interdiction des grèves, la CNT participe à l’embrigadement du prolétariat dans une guerre qui prend nettement un caractère impérialiste avec l’engagement des démocraties et de l’URSS, côté républicain et de l’Allemagne et de l’Italie, côté franquiste. “A présent, ce n’est pas une guerre civile que nous faisons, mais une guerre contre les envahisseurs : Maures, Allemands, Italiens. Ce n’est pas un parti, une organisation, une théorie qui sont en danger. C’est l’existence de l’Espagne elle-même, d’un pays qui veut être maître de ses propres destins, qui court le risque de disparaître” (13). Le nationalisme de la CNT l’amène à appeler explicitement à la guerre mondiale pour sauver la “nation espagnole” : “L’Espagne libre fera son devoir. Face à cette attitude héroïque, que vont faire les démocraties ? Il y a lieu d’espérer que l’inévitable ne tardera pas longtemps à se produire. L’attitude provocatrice et grossière de l’Allemagne devient déjà insupportable. (...) Les uns et les autres savent que, finalement, les démocraties devront intervenir avec leurs escadres et avec leurs armées pour barrer le passage à ces hordes d’insensés...” (14).
L’abandon des intérêts du prolétariat et l’attitude de la CNT envers la guerre impérialiste produisent de vives oppositions dans le camp anarchiste (Berneri, Durruti). Mais l’incapacité de ces derniers à rompre avec la position selon laquelle il s’agissait d’une guerre allant de pair avec la révolution, en a fait des victimes de la politique de défaite et d’embrigadement du prolétariat. Ainsi, ceux qui cherchaient à lutter contre la guerre et pour la révolution, furent-ils incapables de trouver le point de départ pour une lutte réellement révolutionnaire : l’appel aux ouvriers et paysans (embrigadés par les deux camps, républicain et franquiste) à déserter, à retourner leurs fusils contre leurs officiers, à revenir à l’arrière et à lutter par les grèves, par les manifestations, sur un terrain de classe contre le capitalisme dans son ensemble.
Pourtant, lorsqu’éclate la guerre mondiale, à contre-courant de la déferlante belliciste antifasciste, quelques voix en provenance de l’anarchisme s’élèvent pour refuser le terrain de l’antifascisme et affirmer la seule position vraiment révolutionnaire, celle de l’internationalisme. Ainsi en 1939, en Grande-Bretagne, la Glasgow Anarchist-Communist Federation déclare que “la lutte présente oppose des impérialismes rivaux pour la protection d’intérêts séculaires. Les ouvriers de tous les pays appartiennent à la classe opprimée, n’ont rien de commun avec ces intérêts et les aspirations politiques de la classe dominante. Leur ligne de front n’est pas la ligne Maginot où ils seront démoralisés et tués, pendant que leurs maîtres amassent des gains frauduleux” (15). Dans le sud de la France, le minuscule groupe autour de Voline (16) développe une intervention contre la guerre sur une base nettement internationaliste : “Le conflit actuel est l’œuvre des puissances d’argent de chaque nation, puissances qui vivent exclusivement et internationalement de l’exploitation de l’homme par l’homme. (...) Les chefs d’Etat, les chefs militaires de toutes couleurs et de toutes nuances, passent d’un camp dans l’autre, déchirent des traités, en signent d’autres, servent tantôt la République, tantôt la Dictature, collaborent avec ceux à qui ils faisaient hier la guerre, et vice-versa et revice-versa. (...) le peuple, lui, paie les pots cassés : on le mobilise pour les démocraties, contre les démocraties, pour les fascistes, contre les fascistes. Mais que ce soit en Afrique, en Asie, en Europe, c’est le bon peuple qui fait les frais de ces ‘expériences contradictoires’ et se fait casser la gueule. (...) Il ne s’agit pas de lutter seulement contre le fascisme hitlérien, mais contre tous les fascismes, contre toutes les tyrannies, qu’elles soient de droite, du centre ou de gauche, qu’elles soient royales, démocratiques ou sociales, car aucune tyrannie n’émancipera le travail, ne libérera le monde, n’organisera l’humanité sur des bases vraiment nouvelles” (17). Cette position fait clairement de ces anarchistes une expression de la classe ouvrière. Là encore, lorsque ceux-ci parviennent à une telle clarté c’est en faisant leurs les positions de classe du prolétariat.
Mais, la rude épreuve de l’isolement par rapport aux autres groupes restés internationalistes et par rapport à la classe dans les conditions du triomphe de la contre-révolution sur les masses, comme l’énorme pression antifasciste (“nous nous confrontions quotidiennement aux autres antifascistes. Fallait-il s’associer à eux ou rester à contre-courant ? La question était souvent angoissante sur le terrain”) (18) éteignent bientôt cette étincelle. La mort de Voline (septembre 1945), l’incapacité des anarchistes de tirer des leçons de leurs expériences conduisent les éléments de son groupe au retour au bercail de la CNT, à l’adhésion momentanée à ses comités antifascistes, puis enfin à la participation de la reconstruction de la FA sur des bases politiques complètement bourgeoises.
De l’examen de l’histoire de l’anarchisme face aux deux guerres mondiales, on peut souligner une double série de conclusions :
• Non seulement l’anarchisme a démontré son incapacité à offrir une alternative viable et une perspective révolutionnaire au prolétariat mais il a constitué un moyen direct de mobilisation de la classe ouvrière dans la guerre impérialiste. En 1936-37, la capitulation de l’anarchisme face à la mystification antifasciste et à la démocratie bourgeoise vue comme un “moindre mal” par rapport au fascisme, a été un moyen pour le capitalisme d’élargir le front des forces politiques qui agissent pour la guerre en y incorporant les anarchistes. La guerre d’Espagne constitue, après la Première Guerre mondiale, le second acte décisif pour l’anarchisme scellant son évolution vers le soutien à l’Etat capitaliste. Cette soumission à la démocratie bourgeoise se traduit par l’intégration des courants officiels de l’anarchisme au sein des forces politiques de l’Etat capitaliste. C’est ainsi que, selon un processus en deux temps, de 1914 à la guerre d’Espagne en 1936-37, l’anarchisme est devenu une idéologie de défense de l’ordre et de l’Etat capitalistes.
• En second lieu, il importe de considérer que la mouvance anarchiste ne se réduit pas à ses courants officiels et reste un milieu très hétérogène. A toutes les époques, une partie de ce milieu aspire sincèrement à la révolution et au socialisme, exprime une réelle volonté d’en finir avec le capitalisme et s’engage pour l’abolition de l’exploitation. Ces militants se placent effectivement sur le terrain de la classe ouvrière quand ils s’affirment internationalistes et sont voués à rejoindre son combat révolutionnaire. Mais leur devenir va fondamentalement dépendre d’un processus de décantation dont le sens et l’ampleur sont fonction du rapport de forces entre les classes fondamentales, la bourgeoisie et le prolétariat.
Cette décantation sera plutôt orientée vers le néant ou même vers la bourgeoisie comme dans les années noires de la contre-révolution des années 1940. En effet, privés de la boussole de la lutte de classe du prolétariat et de l’oxygène de la discussion et du débat avec les minorités révolutionnaires qu’il produit, ils se trouvent pris au piège des contradictions intrinsèques à l’anarchisme qui les désarme et les enferme sur le terrain de l’ordre bourgeois.
Elle sera plutôt orientée vers la classe ouvrière quand celle-ci s’affirme comme force révolutionnaire. Ainsi, c’est bien le mouvement révolutionnaire même de la classe ouvrière, l’essor de la révolution mondiale et l’insurrection prolétarienne en Russie (avec la destruction de l’appareil d’Etat de la bourgeoisie par les Soviets et l’arrêt unilatéral de l’engagement dans la guerre impérialiste par le prolétariat russe et les bolcheviks), qui vont permettre en 1914-18 à ceux des anarchistes restés internationalistes d’adopter une attitude internationaliste conséquente. Ils rejoignent alors le mouvement historique de la classe ouvrière en se rapprochant du mouvement communiste issu de la gauche de la social-démocratie et opposé à la guerre : les bolcheviks et les spartakistes, seuls capables de mettre en avant l’unique alternative réaliste viable, la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile et la révolution prolétarienne mondiale.
Scott
1) L’allégeance de l’anarchisme peut s’éparpiller en direction des différentes fractions de la classe dominante : certains militants, séduits par la Charte du Travail, pacifistes rassérénés par l’armistice, collaborèrent au programme de la Révolution nationale de Pétain et du gouvernement de Vichy, comme Louis Loréal, ou se retrouvent dans des instances officielles de l’Etat français comme P. Besnard.
2) Les Anarchistes espagnols et la Résistance, in l’Affranchi no 14, printemps-été 1997, sur CNT-AIT.info.
3) E. Sarboni, 1944 : les Dossiers noirs d’une certaine Résistance, Perpignan, Ed. du CES, 1984.
4) Les Anarchistes espagnols et la Résistance, in l’Affranchi no 14, printemps-été 1997, sur CNT-AIT.info.
5) 1943-1945 : Anarchist partisans in the Italian Resistance, sur libcom.com, (notre traduction).
6) 1943-1945: Anarchist partisans in the Italian Resistance, sur libcom.com (notre traduction).
7) Postface à Max Nettlau, Histoire de l’Anarchie, p.281.
8) E. Sarboni, 1944 : les Dossiers noirs d’une certaine Résistance, Perpignan, Ed. du CES, 1984.
9) Pépito Rossell, Dans la Résistance, l’apport du mouvement libertaire.
10) Le Monde diplomatique, août 2004.
11) Sur la trajectoire de la CNT, lire notre série dans la Revue internationale, notamment les articles : “L’échec de l’anarchisme pour empêcher l’intégration de la CNT dans l’Etat bourgeois (1931-34) ; L’antifascisme, la voie de la trahison de la CNT (1934-36)”.
12) D.A. de Santillan, in Solidaridad obrera, 16 avril 1937.
13) D.A. de Santillan, in Solidaridad obrera, 21 avril 1937.
14) Solidaridad obrera, 6 janvier 1937, cité par la Révolution prolétarienne no 238, janvier 1937.
15) Cité par P. Hempel, A bas la guerre, p.210.
16) Vsevolod Mikhaïlovitch Eichenbaum dit Voline (1882-1945) pendant la Révolution de 1905, membre du Parti socialiste révolutionnaire, participe à la fondation du soviet de Saint-Pétersbourg. Emprisonné, il s’évade et gagne la France en 1907 où il devient anarchiste. En 1915, menacé d’emprisonnement par le gouvernement français pour son opposition à la guerre, il s’enfuit aux Etats-Unis. En 1917, il retourne en Russie où il milite parmi les anarcho-syndicalistes. Par la suite, Voline entre en contact avec le mouvement makhnoviste et prend la tête de la section de culture et d’éducation de l’armée insurrectionnelle, et devient président de son Conseil militaire insurrectionnel en 1919. Plusieurs fois arrêté, il quitte la Russie après 1920 et se réfugie en Allemagne. Revenu en France, il rédige, à la demande de la CNT espagnole, son journal en langue française. Il dénonce la politique de collaboration de classe de la CNT-FAI en Espagne. En 1940, il est à Marseille où il termine la Révolution inconnue. Les privations et les terribles conditions matérielles de la clandestinité ont raison de sa santé. Il meurt de la tuberculose à Paris en 1945.
17) Extrait du tract : A tous les travailleurs de la pensée et des bras, 1943.
18) Les Anarchistes et la résistance, CIRA.
Ces derniers temps, la bourgeoisie a tenté d’inoculer un fort sentiment d’impuissance dans les rangs ouvriers. L’abstention record des dernières élections européennes, la déroute de la gauche, la faiblesse de la mobilisation lors de la dernière journée d’action syndicale du 13 juin, sont autant d’événements que la classe dominante a exploités à plein pour marteler son message propagandiste : “Vous, les ouvriers, vous êtes incapables de peser sur les choix politiques actuels et à venir. Vous êtes impuissants face aux attaques qui aujourd’hui pleuvent sur vos têtes”. Cette stratégie a, à court terme, fonctionné en partie. Il y a très ponctuellement, en ce début d’été, un certain déboussolement du prolétariat. Mais en réalité, il s’agit là d’une victoire de la bourgeoisie à la Pyrrhus.
Contrairement à ce qu’elle laisse transparaître dans ses discours, le peu d’intérêt qu’a suscité le cirque électoral des européennes inquiète la bourgeoisie. En effet, les élections sont toujours un moment privilégié pour faire croire aux ouvriers qu’ils ont la possibilité de choisir leur avenir, qu’ils ont le pouvoir de défendre leurs intérêts en glissant leur bulletin dans l’urne (1).
Or, justement, le niveau record d’abstention de ces dernières élections (près de 60 %) révèle que la mystification électorale a du plomb dans l’aile. Depuis des générations, les ouvriers sont baladés d’une alternance à l’autre, d’un gouvernement de droite à un gouvernement de gauche, et pourtant ils sont toujours confrontés à la même politique anti-ouvrière, à la même inexorable et continuelle dégradation de leurs conditions de vie.
C’est pourquoi aussi le recul prononcé de la gauche n’est pas une défaite de la classe ouvrière, bien au contraire ! Dans toute l’Europe, les partis sociaux-démocrates ont obtenu des scores extrêmement faibles. Pourquoi ? Une partie grandissante de la classe ouvrière ne croit plus en ces partis pour la défendre. Les travailleurs ont expérimenté la gauche au pouvoir et ils savent qu’elle orchestre aussi bien que la droite, voire mieux, les attaques contre leurs conditions de vie.
Cette perte croissante d’illusions pose un problème à la classe dominante. Les partis de gauche ont pour mission principale d'encadrer idéologiquement la classe ouvrière et de la pousser, soumise et atomisée, dans l’isoloir (2). C’est pour cette raison qu’au lendemain de cette élection, une véritable entreprise de culpabilisation des ouvriers a été mise en œuvre dans les médias. On a ainsi pu lire et relire dans la presse, et même sur le site officiel de l’Union européenne, que l’abstention avait profité à la montée des partis “populistes” et d’extrême-droite dans le parlement européen. Et de façon générale que, si la droite est à présent ultra-majoritaire, c’est la faute aux “couches populaires” qui ne se sont pas mobilisées sur le terrain électoral. En effet, on a vu en France une abstention de plus de 70 % dans les quartiers ouvriers, alors que l’électorat de droite s’est montré globalement beaucoup plus “citoyen”. “La droite a la main au moment même où sévit une crise historique du capitalisme”, s’est écrié le Parti de gauche (3).
Et c’est pourtant justement bien là que le bât blesse pour la classe dominante. Car les ravages que provoque la crise économique dans les rangs ouvriers les amènent non pas à se mobiliser dans les urnes mais dans la rue, sur un terrain de classe, ce qui ouvre une toute autre perspective.
Il en va exactement de même des journées d’action syndicales comme celle du 13 juin. Les journaux se sont tous répandus sur “la faiblesse de la participation”, insistant lourdement sur l’incapacité des travailleurs à se mobiliser. Tout avait été fait pour cela. Il s’agissait de la cinquième journée d'action à répétition en quelques mois. En janvier, le mécontentement social était énorme, la situation était explosive. Au niveau international, après les luttes en Grèce, les ouvriers des Antilles prenaient le relais. Les syndicats ont alors temporisé pour maîtriser la situation, ils ont égrené les journées de lutte en les espaçant de plusieurs semaines chaque fois. Alors que le nombre de participants était “historique” au cœur de l’hiver, la mobilisation a décliné progressivement. La journée du 13 juin devait venir parachever ce travail de sabotage en étant une véritable “mobilisation enterrement”. D’ailleurs, les syndicats ont fait très peu de pub pour cette journée dans les entreprises ou les administrations, très peu d’appels et de tracts ont circulé. Et la bourgeoisie a réussi son coup : il n’y avait effectivement personne, ou presque, dans les rues ce jour-là. Ponctuellement donc, elle a pu dire aux ouvriers qu’ils étaient incapables de lutter. Mais que se cache-t-il vraiment derrière cette absence de mobilisation ? Un manque de combativité ? Des illusions sur l’avenir ? Pas vraiment. Les ouvriers sont surtout très circonspects envers l’efficacité des méthodes syndicales. Même s’il n’y a pas aujourd’hui une véritable méfiance en direction des syndicats, ceux-ci sont loin d’entraîner l’adhésion massive des travailleurs.
La bourgeoisie tente de nous présenter l’abstentionnisme, le recul de la gauche et la faiblesse de la mobilisation derrière les syndicats comme des preuves de l’impuissance de la classe ouvrière. Il n’en est rien ! Il s’agit au contraire d’éléments encourageants et nécessaires qui témoignent de l’usure relative de ces armes de la bourgeoisie contre le prolétariat. Même si la classe dominante tente de profiter du déboussolement momentané de la classe ouvrière, le piège qu’elle tend ainsi aux prolétaires n’est qu’un rideau de fumée. Car, avec la faillite du capitalisme qui saute aux yeux de tous et alors que la classe ouvrière tend à développer partout son combat, l'Etat bourgeois va devoir s’appuyer de façon croissante sur ses défenseurs “sociaux” patentés, partis de gauche, d'extrême gauche et syndicats pour œuvrer à stériliser la réflexion et la prise de conscience.
Mulan (4 juillet)
1) Lire notre brochure Les élections : un piège pour la classe ouvrière [6].
2) C’est d’ailleurs pour cela qu’en France, où le PS accuse particulièrement le coup depuis plusieurs années et laisse une brèche “sociale” très importante, se sont créés le Parti de gauche et le Nouveau parti anticapitaliste, afin d’encadrer et de tromper de façon “crédible” les ouvriers.
3) Déclaration nationale du Parti de gauche du 14 juin 2009.
Nous publions ci-dessous la traduction d’une courte prise de position sur les événements qui frappent actuellement l’Iran, prise de position réalisée par Dünya Devrimi (1), organe de presse du CCI en Turquie, et publiée en langue anglaise dès le 16 juin sur notre site.
Al-Jazeera a bruyamment proclamé que les protestations en Iran constituent le “le plus grand trouble depuis la révolution de 1979”.1 Ces “protestations”, qui ont débuté dans Téhéran le samedi 13 juin, sont, au fur et à mesure des annonces de résultats, devenues de plus en plus violentes. Dans trois universités de Téhéran, les manifestations ont rapidement été confrontées à la répression, et les protestataires ont attaqué la police et des gardiens de la révolution. La police a isolé les emplacements importants et, à leur tour, les protestataires ont attaqué des magasins, des bureaux du gouvernement, des commissariats de police, des véhicules de police, des stations-service et des banques. Des rumeurs sortant de Téhéran suggéraient que quatre personnes ou plus étaient déjà mortes. L’Etat a également réagi en arrêtant quatre éminentes “figures anti-gouvernementales” et, plus important, en interrompant le réseau Internet qui avait été utilisé, par l’intermédiaire des messageries SMS et des sites Web, pour organiser les manifestations. Les journalistes occidentaux ont dit que “Téhéran ressemblait déjà presque à une zone de guerre”.
Que les gens ne soient pas satisfaits avec ce que la société a à leur offrir et qu’il y ait une volonté croissante de lutter est une chose très claire, non seulement au vu de ces événements, mais également à celui des luttes récentes en Grèce, en Egypte ou en France. Le simple fait de tourner les pages des journaux nous montre que la classe ouvrière est en train de retrouver sa volonté de lutter malgré les craintes provoquées par la brutalité de la crise économique.
Cependant, les communistes ne doivent pas se contenter de simplement encourager de loin les luttes. Il est nécessaire d’analyser, d’expliquer et de proposer une perspective. Jusqu’à présent, ce mouvement est d’un caractère très différent de celui de 1979. Dans les luttes qui ont conduit à la “révolution islamique”, la classe ouvrière a joué un rôle énorme. D’après tous les discours des gens dans les rues qui renversaient le régime, ce qui était clair en 1979 était que les grèves des ouvriers iraniens étaient l’élément politique majeur qui conduisait au renversement du régime du Shah. En dépit des mobilisations massives, quand le mouvement “populaire”, regroupant presque toutes les couches opprimées en Iran, a commencé à s’épuiser, l’entrée en lutte du prolétariat iranien au début d’octobre 1978, particulièrement dans le secteur pétrolier, a non seulement ravivé l’agitation, mais a posé un problème pratiquement insoluble pour le capital national, en l’absence d’un remplacement possible de la vieille équipe gouvernementale. La répression a été suffisante pour provoquer le retrait des petits négociants, des étudiants et des sans travail, mais elle a prouvé qu’elle était une arme inefficace de la bourgeoisie lorsqu’elle est confrontée à la paralysie économique provoquée par les grèves des ouvriers.
Ce n’est pas pour dire que le mouvement en cours ne peut pas se développer et ne peut pas entraîner la classe ouvrière en tant que classe dans la lutte. La classe ouvrière en Iran a été particulièrement combative ces dernières années, particulièrement avec la grève non officielle forte de 100 000 enseignants qui a eu lieu en mars 2007, à laquelle se sont joints des milliers d’ouvriers d’usines en signe de solidarité. Un millier d’entre eux ont été arrêtés pendant cette grève. Ça a été la plus grande lutte ouvrière enregistrée en Iran depuis 1979. Cette grève a été suivie durant quelques mois de luttes faisant participer des milliers d’ouvriers dans les industries de canne à sucre, de pneus, des véhicules à moteur et de textiles. Aujourd’hui, bien entendu, il y a des ouvriers dans les rues, mais ils sont maintenant engagés dans la lutte en tant qu’individus et non comme force collective. Il est cependant important de souligner que le mouvement ne peut pas progresser sans cela, sans cette force collective de la classe ouvrière. Une grève nationale d’un jour a été réclamée pour mardi 16 juin. Ceci peut donner une indication sur le niveau de soutien dans la classe ouvrière (2).
Récemment, les discours des médias bourgeois nous ont abreuvé de prétendues “révolutions” baptisées du nom de diverses couleurs ou plantes. Il y a eu la révolution “orange”, la révolution des “roses”, la révolution des “tulipes” et la révolution des “cèdres”, etc, pendant tout ce temps, les médias ont bêlé comme des moutons au sujet de la “lutte” pour la démocratie.
Ce mouvement a commencé en tant que protestation au sujet de la fraude dans les élections et les protestataires se sont à l’origine mobilisés en soutien à Mousavi. Cependant, les slogans se sont rapidement radicalisés. Il y a une différence énorme entre les faibles protestations de Mousavi auprès du chef suprême au sujet de l’injustice des élections et les chants de la foule qui criait : “Mort au dictateur et au régime !” Naturellement, la clique de Mousavi est maintenant prise de panique et a décommandé une manifestation prévue pour lundi 15 juin. Il reste à voir si les gens respecteront cette décision. Par ailleurs, les appels au calme de Mousavi ont jusqu’ici suscité des slogans contre lui.
Contrairement à ce type de “révolutions” colorées, le communisme pose la possibilité d’un type complètement différent de révolution, et d’un type complètement différent de système. Ce que nous préconisons n’est pas simplement un changement de gestion de la société avec de nouveaux patrons “démocratiques”, jouant exactement le même rôle que les vieux patrons “dictatoriaux”, mais une société de producteurs libres et égaux créée par la classe ouvrière elle-même et basée non sur les besoins du profit mais sur les besoins de l’humanité, une société dans laquelle les classes, l’exploitation et l’oppression politique seront éliminées.
Sabri, le 15 juin
1) Lire notre article “Salut aux nouvelles sections du CCI aux Philippines et en Turquie !”.
2) Note de la rédaction : au moment de mettre sous presse, en ce début juillet, le mouvement de contestation en Iran semble avoir été étouffé. L’éventualité, envisagée par nos camarades de Turquie, de l’entrée en lutte dans ce mouvement de la classe ouvrière ne s’est pas réalisée. Il est aujourd’hui encore très difficile pour notre classe d’avoir assez de force pour entraîner derrière elle la majeure partie de la population dans son combat. Mais il s’agit bien là d’une réelle possibilité pour l’avenir. Au fur et à mesure que le prolétariat va développer sa combativité, sa conscience et son organisation en tant que classe dans la lutte, il sera de plus en plus capable d’ouvrir une perspective et d’offrir un espoir à l’ensemble des couches non-exploiteuses de l’humanité.
Début juin, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, publiait le rapport Réduction des risques de catastrophes : bilan mondial 2009. Ce document met en évidence l’accroissement des risques face à la dégradation continue de l’environnement, du réchauffement climatique et de l’urbanisation anarchique dans certaines régions du globe.
Entre 1975 et 2008, 8866 catastrophes naturelles ont tué 2 284 000 personnes dans le monde. Le nombre de victimes d’inondations ou de tempêtes est passé, depuis 30 ans, de 740 millions à 2,5 milliards de personnes.
En 2008, plus de 300 catastrophes naturelles ont fait 236 000 morts et touché directement plus de 200 millions de personnes, selon les chiffres de l’ONU qui appelle, dans un grand élan de “solidarité” internationale, tous les gouvernements à “lutter” plus efficacement contre les risques “sous-jacents” de ces évènements. “Nous savons tous que les pauvres et les pays en développement sont ceux qui souffrent le plus des catastrophes, et les trois-quarts de ceux qui périssent à la suite d’inondations se trouvent dans trois pays asiatiques : Bangladesh, Chine et Inde”, analyse Ban Ki-moon.
De plus, si les pays arabes subissent moins le contre-coup de ces catastrophes naturelles parce qu’ils y sont moins exposés actuellement, la montée des eaux des océans menace directement, et à brève échéance, Bahreïn, l’Egypte et Djibouti. Et les autres pays arabes, qui ne sont pas menacés par la mer, le sont par la sécheresse.
L’impact écologique et économique du réchauffement climatique tue d’ores et déjà. Et même beaucoup. Un rapport rendu public par le “Forum humanitaire mondial”, fondation présidée par l’ancien secrétaire général des Nations-Unies, Kofi Annan, resitue la problématique du réchauffement climatique mondial. Car il ne s’agit pas seulement d’une menace future très sérieuse annonçant 250 millions de “réfugiés climatiques” à l’horizon 2050, mais d’une crise contemporaine majeure tuant actuellement 300 000 personnes par an dans le monde !
Plus de la moitié des 300 000 décès recensés sont provoqués par la malnutrition. Ensuite viennent les problèmes de santé, car le réchauffement climatique favorise la propagation de nombreuses maladies. Ainsi, dix millions de nouveaux cas de paludisme entraînant 55 000 morts ont été identifiés. Ces victimes vont s’ajouter aux 3 millions de personnes qui meurent chaque année de cette maladie. Bien entendu, la population des pays pauvres est là encore la plus touchée, car c’est aussi pour elle que l’accès aux médicaments est forcément le plus réduit.
L’élévation de la température, telle qu’elle est constatée par tous les scientifiques sérieux, a un impact direct sur les rendements agricoles et l’accès à l’eau, et en conséquence sur la pauvreté. La dégradation sévère de l’environnement, ainsi que les dérèglements climatiques qui en découlent (inondations, tempêtes, cyclones…) affectent directement au moins 325 millions de personnes par an, soit un vingtième de la population mondiale, et tout particulièrement celles qui vivent dans les pays les plus pauvres.
Les experts s’attendent à ce que ces chiffres soient encore multipliés par deux au cours des vingt prochaines années, annonçant la plus grave crise humanitaire de l’histoire de l’humanité.
Face à cette catastrophe annoncée, que fait réellement la bourgeoise ? L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), organisme pourtant coutumière de l’optimisme forcené et du mensonge propagandiste du “ça ira mieux demain”, doit pourtant avouer elle même qu’un-tiers au moins des programmes financés dans le cadre de l’aide publique au développement n’aboutiront pas, alors que le “Forum humanitaire mondial” estime dans le même temps qu’il faudrait multiplier par cent l’argent consacré au développement pour contrer les prévisions les plus sombres !
Résultats : les nouvelles projections, en cours d’édition dans le Journal of Climate de l’American Meteorological Society Journal, font état d’une augmentation de la moyenne des températures à l’échelle du globe de 5,2 °C pour l’an 2100, avec un taux de probabilité de 90 %, ce qui contribuerait à élever le niveau de la mer de près d’un mètre !
En 2003, la même étude, mais basée sur des moyens moins développés, ne prévoyait qu’une hausse moyenne des températures de 2,4 °C. Cette différence d’estimation montre à quel point la classe dominante, tout en s’efforçant de “modéliser” l’avenir de son navire en perdition, navigue totalement à vue. Elle a beau appeler les Etats à la mise en place de plans d’action, sa logique irrationnelle ne peut que pousser à toujours plus de destruction.
Ainsi, alors que de nouvelles négociations se sont ouvertes à l’ONU pour l’après-Kyoto, un rapport de “Christian Aid” estimait que 182 millions d’êtres humains allaient mourir en Afrique d’ici 2100 des causes directes du changement climatique.
Face à de telles perspectives, et devant son impuissance à régler le problème, la bourgeoisie a recours à la culpabilisation de la population et à celle des travailleurs. On nous ressort donc à qui mieux mieux que le réchauffement global a été majoritairement provoqué par le train de vie des pays développés. En effet, les calculs effectués par les scientifiques appointés du capitalisme nous démontrent qu’un Occidental consomme onze fois plus d’énergie qu’un habitant de pays du Sud, et que la moitié des rejets de CO2 sont produits par les pays du Nord (24 % du total mondial pour les Etats-Unis, 10 % pour la zone euro). Donc, les ouvriers des pays développés devraient rester ou devenir pauvres afin de préserver la planète et, au lieu de penser à se battre contre leurs exploiteurs, se laver les dents avec l’eau qui a fait cuire les pâtes ou encore se laver à dix dans le même bain. Nous savons que même une telle situation est un luxe incroyable par rapport à celle que connaissent des milliards d’êtres humains de par le monde. Mais c’est justement ce qui est parfaitement écœurant dans la propagande capitaliste, une propagande qui voudrait que l’état de misère et d’horreur que vit une grande majorité des individus de la planète soit le lot de tous.
La classe exploitée n’a pas d’autre choix que de développer ses luttes pour sauver la planète et mettre fin à l’incurie d’un système qui est devenu une véritable catastrophe sociale pour l’humanité.
Il faut détruire le capitalisme avant qu’il ne détruise la planète !
Damien (27 juin)
La bourgeoisie ne peut faire autrement que de faire payer à la classe ouvrière le prix fort de la crise économique de son système. Mais aujourd’hui, la situation est telle qu’elle ne peut même plus s’en cacher : ainsi se multiplient les déclarations de grandes sociétés qui annoncent à leurs employés ou à une partie d’entre eux, comme les cadres, qu’ils vont devoir accepter de diminuer leurs salaires (c’est le cas du fabricant d’ampoules Osram en Alsace ou du loueur Hertz qui “propose” une diminution de 5 à 7,5 % selon le statut pendant trois mois, ou de HP qui fixe le barème à 2,5 % pour les non-cadres et 5 % pour les cadres, cette fois-ci sans limite dans le temps). Pire, se multiplient les propositions de travailler quelque temps gratuitement, comme chez British Airways, ou encore d’offrir des jours de “RTT” pour financer le chômage partiel des ouvriers (Renault). Tous ces sacrifices sont demandés au nom d’un odieux chantage : ils permettraient, selon leurs dirigeants, de sauver les emplois, voire de sauver ces entreprises de la faillite.
Les juristes se succèdent dans les colonnes des grands quotidiens pour confirmer que la pratique est parfaitement légale tant qu’elle repose sur l’accord du salarié. Un accord qui ne doit pas être trop difficile à obtenir quand on le fait reposer sur la déchirante alternative “c’est ça ou la porte”.
En général, ces annonces s’accompagnent de celles de grands “plans sociaux” dont la remise en cause est totalement exclue, que les employés acceptent ou non de travailler sans être payés : Hertz va renvoyer 4000 ouvriers chez eux, HP envisage 15 000 suppressions de postes sur deux ans, rien qu’en Europe.
à quoi va donc alors servir ce “sacrifice” ? à limiter les dégâts ou surmonter les difficultés de l’entreprise ? Certainement pas ! Il suffit de se replonger quelques années en arrière pour se rendre compte qu’il n’en sera rien : pour ne citer qu’un seul exemple parmi les plus récents, les 1200 ouvriers de Continental à Clairoix, les fameux “Conti”, viennent d’en faire l’amère expérience, eux qui, fin 2007, acceptaient de repasser à 40 heures et de travailler les jours fériés sans augmentation de salaire pour “sauver l’entreprise” ont été mis, dix-huit mois plus tard, devant le fait accompli de la fermeture programmée de l’usine. Bref, la vraie alternative proposée par la bourgeoisie est : “être viré tout de suite ou travailler gratuitement aujourd’hui… pour être viré demain” !
Ces mesures sont déjà en elle-mêmes totalement intolérables et inacceptables : subir des conditions d’exploitation pires que du temps de l’esclavage, qui au moins garantissait à l’esclave le gîte et le couvert. Aujourd’hui, le capitalisme en crise tente de forcer de plus en plus de prolétaires à trimer gratuitement pour un patron qui leur impose déjà des salaires de misère pour faire vivre leur famille tout en les plaçant sous la menace constante du licenciement du jour au lendemain, Et pour couronner le tout, la bourgeoisie saupoudre ce sommet de l’exploitation de son incomparable cynisme en n’hésitant pas à “donner l’exemple”, à l’instar du PDG de British Airways et de son directeur financier, qui travailleront gratuitement pendant un mois ou du PDG d’HP, qui réduit son salaire de 20 %. Comme si exploiteurs et exploités étaient dans le même bateau avec les mêmes intérêts à défendre, et comme si le salaire d’un ouvrier qui survit au jour le jour, quand bien même il est payé tous les mois, était comparable à celui d’un patron, qui par ailleurs touche stock-options et autres bonus. Tout cela est absolument répugnant et révoltant.
GD (3 juillet)
Le jeudi 25 juin, une centaine de familles de sans-papiers ont été expulsées de force de la Bourse du travail, à Paris, gazées et jetées à la rue comme des chiens par des hommes cagoulés, armés de barres de fer et de bombes lacrymogènes. Qui étaient ces hommes ? Des CRS ? Des commandos lepénistes ? Non. Des nervis de la CGT !
Cette centrale syndicale qui, à en croire ses discours, ne vit que pour défendre l’ouvrier, la veuve et l’orphelin, n’a en effet pas hésité à envoyer ses hommes de main déloger manu militari ces ouvriers sur-exploités, sans logement, exécutant des petits boulots de misère et réduits à survivre depuis des mois, eux et leurs familles, dans les couloirs des locaux de la Bourse du travail.
En fait, ces travailleurs et leurs familles occupaient ce bâtiment depuis le 2 mai 2008, habituellement lieu de réunion de la CGT appartenant à la Mairie de Paris. Ils n’y étaient pas venus par hasard mais par pure nécessité de survie après la magouille entreprise conjointement, en avril 2008, par le gouvernement, la gauche et les syndicats pour ficher et expulser un maximum de travailleurs clandestins (1). A cette époque, la CGT avait poussé des milliers de travailleurs clandestins à se mettre en grève, non pas comme proclamé officiellement pour défendre des conditions de travail intolérables, mais afin de pouvoir les faire repérer et ficher plus facilement. Tout avait été organisé à l’avance et négocié en secret avec le gouvernement. En tout et pour tout, 800 dossiers ont été régularisés, dossiers concernant presque tous des encartés cégétistes. Pour les milliers d’autres, leur identité maintenant connue en préfecture, ils étaient tout simplement destinés à être expulsés et à remplir les charters des 23 000 expulsions annuelles des lois Hortefeux. Parmi eux, un certain nombre se sentant particulièrement humiliés et trompés par la CGT, sans ressources et sans perspectives, sont alors venus avec leur famille occuper les locaux de ce syndicat. Attitude bien évidemment inadmissible pour ce syndicat.
Le communiqué lapidaire de la CGT, tombé le jour de l’expulsion en milieu d’après midi, révèle le peu de cas qu’elle fait de ces quelques familles ouvrières : “Les syndicats CGT de Paris ont contribué à mettre un terme à l’occupation”. Point barre. Autrement dit, pour la CGT, il n’y avait aucune raison de parler de cet “épisode”, il valait mieux le passer sous silence. Et pour cause ! Mais devant le battage et l’émotion suscités par cette ignoble politique, la CGT a finalement été contrainte de s’expliquer en tentant de justifier l’injustifiable. Anne Leloarer, membre du bureau départemental de la CGT, y est alors allée de son petit couplet empoisonné : “Franchement, on s’est démené pour eux (sic !), mais c’était de plus en plus inacceptable. Ces gens-là (re-sic !) n’ont jamais rien voulu comprendre. Ils avaient décidé qu’ils resteraient là, hébergés à la Bourse du travail”. Voilà bien des propos aussi méprisants que nauséabonds.
Il n’est pas nécessaire que Sarkozy fasse appel à ses forces de répression, la CGT réagit plus vite et tape plus fort. Et il n’y a ici rien d’étonnant, c’est la simple continuité de la pratique anti-ouvrière et répressive de la CGT depuis des décennies (2). Ce syndicat n’en est en effet pas à son coup d’essai. Déjà, en 2007, la CGT avait procédé exactement de la même manière en expulsant là-aussi des immigrés qui occupaient “ses” locaux (3). Et les jeunes générations d’aujourd’hui ne savent peut-être pas qu’en 1981, le PCF, à l’époque sous la direction de Marchais, et son syndicat la CGT, faisaient donner du bulldozer contre des ouvriers de nationalité malienne réfugiés dans un foyer Sonacotra à Vitry-sur-Seine !
Les familles ouvrières jetées de force sur les trottoirs ont bien compris le sens de ce qui leur arrivait puisque immédiatement après ils criaient tous ensemble : “CGT, Hortefeux, même patron, même combat !”. Ces familles expulsées, balancées à la rue, ce sont nos familles, ce sont celles de toute la classe ouvrière. Nous sommes tous des ouvriers susceptibles de nous retrouver jetés à la rue, sans travail et sans logement. Et comme à la Bourse du travail aujourd’hui, et à Vitry hier, “français” ou immigrés, tous les ouvriers auront à faire face aux méthodes musclées de la CGT et des autres syndicats.
Rossi (2 juillet)
1) Lire notre article “Mouvement des travailleurs sans papiers : pour expulser, le gouvernement peut compter sur les syndicats et la gauche”, Révolution internationale no 391, juin 2008.
2) Il
n’est pas davantage surprenant qu’une organisation qui prétend
elle aussi agir au nom “des travailleurs”, comme “Lutte
ouvrière” vole au secours de la CGT pour justifier son action
“coup de poing”. Dans son édition du 3 juillet, l’article
“Certains oublient que les adversaires sont Besson et Sarkozy”
s’en prend à tous ceux qui dénoncent haineusement la CGT comme
auxiliaire armé de Hortefeux. L’article met notamment en avant
que “Ces insultes sont inacceptables alors que des centaines de
militants de la CGT ont souvent été en première ligne pour
défendre le droit des travailleurs immigrés avec ou sans
papiers”.
Il faudra se souvenir, dans le développement des
prochaines luttes, que dans l’opposition irrémédiable entre les
flics syndicaux et la lutte des prolétaires contre leurs conditions
d’exploitation, LO a démontré ouvertement quel camp elle
défendait.
3) Voir “Quand les syndicats expulsent les sans-papiers [11]”, Révolution internationale no 379, mai 2007.
Nous publions ci-dessous la traduction d’un article réalisé par World Revolution, organe de presse du CCI en Grande-Bretagne.
On nous dit tous les jours que nous devons nous serrer la ceinture, accepter les suppressions de poste, les diminutions de salaire et de pension de retraite, pour le bien de l’économie nationale, pour l’aider à faire face à la récession qui s’approfondit. L’idée de lutter contre ces attaques incessantes se heurte à la peur terrible du chômage et à la campagne médiatique sans fin qui nous dit que la lutte ne peut empêcher nos conditions de vie et de travail d’empirer.
Mais, dans les premières semaines de juin, un événement est venu clairement démontrer que le poids de la passivité et de la peur n’était pas une fatalité. Les travailleurs du métro londonien ont fait grève pour défendre 1000 emplois menacés. Les ouvriers de la Poste à Londres et en Ecosse ont lancé des luttes contre les licenciements, les contrats rompus et les suppressions de postes. Et surtout, au même moment, 900 travailleurs du bâtiment de la raffinerie de Lindsey arrêtaient le travail par solidarité avec 51 de leurs camarades qui étaient licenciés. Cette lutte a explosé dans une série de grèves sauvages par solidarité dans les plus grands sites de construction du secteur énergétique en Grande-Bretagne, quand Total a jeté 640 grévistes le 19 juin. Ces luttes montrent que nous ne devons pas accepter notre “destin”.
Au début de l’année, les ouvriers de la raffinerie de Lindsey avaient été au cœur d’une vague semblable de grèves sauvages, à propos de licenciements d’ouvriers sur le site. Cette lutte, à ses débuts, était freinée par le poids du nationalisme, symbolisé par le slogan : “Des jobs anglais pour les ouvriers anglais !” et par l’apparition de drapeaux de l’Union Jack dans les piquets de grève. Quelques-uns des ouvriers en grève disaient qu’on ne devait pas employer d’ouvriers étrangers alors que les ouvriers anglais étaient licenciés. La classe dominante a utilisé ces idées nationalistes à plein, exagérant leur impact et en présentant cette grève comme étant dirigée contre les ouvriers italiens et polonais employés sur le site. Cependant, soudainement et de façon imprévisible, il a été mis fin à cette grève quand ont commencé à apparaître des banderoles appelant les ouvriers portugais et italiens à rejoindre la lutte, affirmant : “Ouvriers du monde entier, unissez-vous !” et que les ouvriers polonais du bâtiment ont rejoint les grèves sauvages à Plymouth. Au lieu d’une défaite ouvrière longuement préparée, avec des tensions croissantes entre ouvriers de différents pays, les ouvriers de Lindsey ont obtenu 101 emplois de plus, les ouvriers portugais et italiens gardant leur emploi, gagné l’assurance qu’aucun ouvrier ne serait licencié et sont rentrés unis au travail.
La nouvelle vague de luttes, s’appuyant sur cette bonne dynamique, a pu éclater sur une base d’emblée beaucoup plus claire : solidarité avec les 51 ouvriers licenciés. Au même moment, un autre employeur embauchait des ouvriers. Les ouvriers licenciés ont été avertis qu’on n’avait plus besoin d’eux par des post-it sur leur carte de pointage ! Cela a suscité une réponse immédiate de la part de centaines d’ouvriers, arrêtant le travail par solidarité. Il y avait le sentiment que ces ouvriers étaient attaqués à cause du rôle qu’ils avaient joué dans la grève précédente. Le 19 juin, Total, le propriétaire du site, prenait la mesure inattendue de licencier 640 grévistes. Il y avait déjà eu des grèves de solidarité dans d’autres usines, mais avec ces annonces de nouveaux licenciements, des grèves ont éclaté dans tout le pays. “Environ 1200 ouvriers en colère se rassemblaient aux principales entrées hier, agitant des panneaux qui fustigeaient... les patrons cupides. Des ouvriers des centrales électriques, des raffineries, des usines dans le Cheshire, le Yorkshire, le Nottinghamshire, l’Oxfordshire, en Galles du Sud et Teesside arrêtaient le travail pour montrer leur solidarité” (The Independent du 20 juin). Le Times rapportait “qu’il y avait aussi des signes que la grève s’étendait à l’industrie nucléaire, puisque EDF Energy disait que les ouvriers contractuels du réacteur de Hickley Point dans le Somerset avaient arrêté le travail”.
Les journaux de droite tels que le Times et le Daily Telegraph qui, d’habitude, utilisent à plein ce genre de sentiments, n’en faisaient aucune mention et se concentraient plutôt sur l’action engagée par Total et le danger que ces luttes ne s’étendent. La classe dominante est extrêmement préoccupée par cette lutte, justement parce qu’elle ne peut pas la dévoyer si facilement dans une campagne nationaliste. Elle a peur qu’elle puisse s’étendre à tout le secteur de la construction en général et peut-être même au-delà. Les ouvriers peuvent voir que si Total arrive à licencier des ouvriers en grève, d’autres patrons prendront la suite. La question de la grève est clairement posée comme une question de classe, qui concerne tous les travailleurs.
La vision de la solidarité avec les travailleurs étrangers confirme la nature de classe évidente de cette lutte. Comme le dit clairement un ouvrier licencié : “Total réalisera bientôt qu’ils ont libéré un monstre. C’est honteux que cela soit arrivé sans aucune consultation. C’est aussi illégal et ça me rend malade. S’ils (Total) s’en tirent, le reste de l’industrie s’écroulera et fera du dégraissage. Les travailleurs seront décimés et les ouvriers non qualifiés étrangers seront embauchés au moindre coût, traités comme de la merde et renvoyés quand le travail sera fini. Il y a une sérieuse possibilité que l’électricité soit coupée à cause de cela. Nous ne pouvons pas rester passifs et voir des ouvriers jetés comme des habits sales” (The Independent du 20 juin).
Cette indignation des ouvriers est celle de toute la classe ouvrière. Pas seulement à cause de ce que fait Total, mais de toutes les autres attaques qu’ils subissent ou voient. Des millions d’ouvriers sont en train d’être jetés comme des déchets par la classe dominante. Les patrons s’attendent à ce que les ouvriers acceptent des réductions de salaire ou même travaillent gratis et qu’ils en soient contents ! Le mépris de Total est celui de toute la bourgeoisie.
Quoiqu’il arrive dans les prochains jours, cette lutte a démontré que les ouvriers n’ont pas à accepter les attaques, qu’ils peuvent résister. Plus que cela, ils ont vu que la seule façon de nous défendre nous-mêmes est de nous défendre les uns les autres. Pour la deuxième fois cette année, nous avons vu des grèves sauvages de solidarité. Il y a des rapports qui disent que les grèves de Lindsey ont envoyé des piquets volants au Pays de Galles et en Ecosse. Il y a des sites de construction dans tout le pays, en particulier dans la capitale, où les sites olympiques regroupent un grand nombre d’ouvriers de plusieurs nationalités. Envoyer des délégations sur ces sites, appelant à l’action solidaire, serait le message le plus clair que c’est une question qui concerne le futur de tous les travailleurs, quelles que soient leurs origines. Les ouvriers de la poste et du métro de Londres essaient aussi de se défendre contre des attaques similaires et ont tout intérêt à former un front commun.
Le vieux slogan du mouvement ouvrier – travailleurs du monde entier, unissez-vous ! –, est souvent tourné en ridicule par les patrons qui ne peuvent pas voir plus loin que leurs intérêts nationaux. Mais la crise mondiale de leur système rend de plus en plus évident le fait que les ouvriers ont les mêmes intérêts partout : chercher à s’unir pour défendre leurs conditions de vie et mettre en avant la perspective d’une autre forme de société, basée sur la solidarité à l’échelle mondiale et la coopération.
Phil. (21 juin)
Liens
[1] https://fr.internationalism.org/files/fr/RI_403.pdf
[2] https://fr.internationalism.org/tag/courants-politiques/lanarchisme-internationaliste
[3] https://fr.internationalism.org/tag/courants-politiques/anarchisme-officiel
[4] https://fr.internationalism.org/tag/courants-politiques/anti-fascisme
[5] https://fr.internationalism.org/tag/approfondir/lanarchisme-et-guerre
[6] https://fr.internationalism.org/content/elections-piege-classe-ouvriere
[7] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/luttes-classe
[8] https://fr.internationalism.org/tag/5/60/russie-caucase-asie-centrale
[9] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/ecologie
[10] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/crise-economique
[11] https://fr.internationalism.org/ri379/immigration_quand_les_syndicats_expulsent_les_sans-papiers.html
[12] https://fr.internationalism.org/tag/5/37/grande-bretagne