Soumis par Révolution Inte... le
“Je connais des gens inquiets du fait que l’immigration fragilise leurs salaires et les perspectives d’emplois de leurs enfants” (1). Quel est l’auteur de ces propos aussi révoltants que nauséabonds ? Un militant d’extrême-droite ? Non ! Il s’agit du Premier ministre britannique, homme de gauche, Gordon Brown ! Les immigrés indésirables sont, ce n’est pas nouveau, des boucs émissaires “responsables du chômage et de la misère” ! Les dirigeants de ce monde, que ce soient les Brown, Besson ou autres, exploitent toujours la bassesse des instincts populistes et savent joindre le geste à la parole : ratissages policiers, rafles, tracasseries administratives, expulsions...
Dans bon nombre de pays, comme par exemple en Grande-Bretagne, les nouveaux arrivants sont presque systématiquement confrontés à la prison (2), au travail au noir sous-payé, au racisme et à la terreur. Bon nombre d’Etats encouragent désormais, au nom de la sécurité, des sortes de rondes de nuit (comme en Italie ou en Grande-Bretagne) où les citoyens sont appelés à participer pour dénoncer à la police tous ceux qui peuvent paraître “suspects”, notamment les immigrés. Dans la plupart des pays européens, louer un logement à un immigré clandestin ou l’héberger est passible d’emprisonnement. En Italie, une loi prévoyait même, dans sa première mouture, d’obliger les médecins, les directeurs d’école et les facteurs, à dénoncer les immigrants en situation irrégulière !
Dans ce contexte, l’opération conjointe des autorités françaises et britanniques, le 22 octobre dernier, contre des réfugiés afghans, n’est qu’un épisode supplémentaire des drames humains qui se succèdent et que vivent les étrangers en situation irrégulière. Sur vol charter franco-britannique, des jeunes étaient alors expulsés vers leur pays en guerre. Le comble du cynisme, c’est que le ministre Besson, le gouvernement et les médias en France nous ont présenté le sort de ces malheureux comme l’application d’une politique humaine presque charitable. Ces réfugiés ne seront t-ils pas “logés à l’hôtel” ? Dans une zone “sécurisée” de Kaboul ? Aux “frais de la princesse” (puisqu’ils vont soi-disant toucher 2000 euros) ? A les écouter, il s’agirait presque de vacances au club Méditerranée !
De qui se moque-t-on ? En réalité, comme dans la plupart des cas, il s’agit de se débarrasser des bouches inutiles pour le capital en se souciant comme d’une guigne des conséquences souvent meurtrières des expulsions. Ce que pense la bourgeoisie, réellement, se résume en peu de mots : “qu’ils aillent crever chez eux !”. Par une législation durcie et une intervention musclée, la bourgeoisie a fait de l’Europe une véritable “forteresse”.
Bien sûr, pour faire bonne figure, la gauche en France, championne de l’hypocrisie, fait mine de s’offusquer d’une politique attribuée à dessein à la seule et unique “méchante droite”. De la bouche de Martine Aubry, on entend ainsi parler de “charters de la honte”, quant au docteur Kouchner, la main sur le cœur, il nous dit qu’il “n’aurait surtout pas fait cela” ! Mais leur duplicité donne envie de vomir. Rappelons-nous en effet que toute cette clique de gauche applaudissait, du temps d’Edith Cresson, quand elle conduisait brutalement par charters entiers les déshérités aux frontières. Michel Rocard affirmait alors : “on ne peut pas accueillir toute la misère du monde” ! En matière de répression contre les immigrés et les clandestins, le PC n’a rien à envier lui non plus aux “socialistes”, quand par exemple, dans les années 1980, il expulsait les immigrés à Vitry-sur-Seine à coups de bulldozers. Et que dire de la CGT qui, il n’y a pas si longtemps de cela, manu militari, expulsait les sans-papiers (femmes et enfants) de ses propres locaux !
Aujourd’hui, les pays européens ont renforcé leur politique de contrôles, de façon coordonnée, notamment sous l’impulsion de l’Allemagne (3). Les pays de l’espace Schengen rejettent désormais jusqu’à 90 % des demandes d’asile, au motif que le but des candidats est d’abord “économique”. C’est au nom de ces “abus” qu’un ministre comme Besson demande maintenant la mise en place de “vols conjoints sous bannière européenne”. C’est pour cela qu’un centre franco-britannique de renseignements opérationnels a déjà vu le jour à Folkestone (depuis le 2 septembre de cette année) comprenant des agents des deux pays pour traquer les “indésirables”.
Si ces initiatives encouragées par le ministre français Besson (4) ne peuvent que se développer et contribuer à atteindre l’objectif de la France, qui est d’expulser 27 000 migrants sans-papiers pour l’année 2009, elles témoignent surtout d’une paranoïa sécuritaire grandissante qui gangrène l’ensemble de la bourgeoisie mondiale. Et c’est principalement la classe ouvrière qui en fait les frais ! Alors que la crise économique signe la faillite du système capitaliste, que le chômage de masse atteint des sommets, les grandes démocraties, celles qui viennent de fêter en grandes pompes les 20 ans de la chute du mur de Berlin, n’ont aucune perspective d’avenir à proposer aux immigrés ni à l’ensemble des autres prolétaires : sauf la division, la répression et la misère. La bourgeoisie utilise les matraques, les camps de rétentions et les charters pour chasser les prolétaires en survie hors des pays dits “riches”. Le “modèle démocratique européen”, tant vanté par la bourgeoisie, n’est que celui d’un bunker capitaliste supplémentaire, lui aussi sans avenir.
WH, 12 novembre
1) Source : Lepoint.fr (extrait d’une interview au Daily Mail).
2) 200 demandeurs d’asile sont en prison en GB.
3) Au point que certains parlent de “germanisation de la politique européenne en matière d’immigration” . Voir le site de la Deutsche Welle : "Immigration : l'empreinte de Berlin".
4) N’oublions pas que cet individu a été le directeur de campagne de Ségolène Royal lors des dernières présidentielles...