Soumis par CCI le
A la veille de la seconde guerre mondiale, le courant trotskiste, dans sa très grande majorité, connaît une accélération de la dérive opportuniste qui le marque déjà depuis plusieurs années. Cela va le mener jusqu’à l’abandon du camp prolétarien quand il lui faudra prendre position face à la guerre impérialiste. Si on excepte les quelques réactions saines qui se sont exprimées en son sein comme celle des RKD (Révolutionare Komunistiche Deutschland) en Allemagne, ce courant a ainsi trahi l’internationalisme prolétarien.
Il n’est pas inutile de savoir que certaines de ses parties se sont, dans un premier temps, orientées vers une politique de soutien au camp fasciste. Ces faits sont généralement peu connus et encore moins claironnés dans la mesure où, par la suite, l’ensemble du mouvement trotskiste s’est engagé dans le soutien au camp des "alliés", ce qui va lui donner l’image de l’antifascisme radical qu’il a depuis et qu’il utilise encore aujourd’hui.
Ce sont ces premiers alignements du trotskisme derrière un camp de la bourgeoisie qu’a dénoncé, dans son numéro 4, le journal Rassemblement Communiste Révolutionnaire (publié par le groupe du même nom, lié aux RKD) dans un texte intitulé "La fin du trotskisme français".
LA FIN DU POI (Parti Ouvrier Internationaliste ; fraction officielle de la IVe Internationale). (...)
"Après la débâcle de l’impérialisme français (1940) une partie du POI, sous la direction du secrétaire politique du SI et du BP du POI, Monsieur ROUS ("avocat de Trotski", homme de confiance de Trotski en Europe dans sa lutte contre Molinier, Vereecken, et surtout contre les "ultra-gauches") rompt avec le marxisme et forme un "Mouvement révolutionnaire de libération nationale" tendance fasciste, germanophile et payé par Vichy.
Rous-le-traître devait toucher pour ce groupement 1 million par Vichy (ministre Beaudoin). (…) Rous n'a jamais été exclu du POI; il l'a quitté en 1940, ensemble avec Rousset, Fred Zeller et d’autres. (…) Actuellement Rous –suivant l'évolution internationale- est plutôt gaullisant. Le POI et le PCI ont renoncé à dénoncer publiquement Rous. Ce qu'ils attendent, qu'ils veulent faire oublier les trahisons et regagner Rous, Zeller et Cie à une époque ultérieure.(…)
Quand la police américaine arrête les responsables du SWP, ce n'est pas comme défaitistes révolutionnaires mais comme patriotes "oppositionnels", quand la police française arrête ou ménage des responsables du POI, c'est en les considérant comme des agents d'une autre puissance capitaliste. Ainsi les procureurs généraux de Lyon et de Marseille accusent les trotskistes français d'être des complices du gaullisme et d'être à la solde de l'Angleterre."
LA FIN DU PCI (Parti Communiste International ; tendance trotskiste Molinièriste) – CCI (Comité Communiste Internationaliste).
(...) "La trahison pro-fasciste. [publication des révélations d'un militant du PCI encore dans ses rangs]. Je connais un article, celui de Privas (…) [qui] parlait du fascisme allemand et de la révélation qu'avait été la force allemande en juin 1940 pour les Français jusqu’alors obscurcis par la propagande surtout d’origine juive tendant à présenter le fascisme sous un angle faux ou exagéré.
Il disait que le fascisme était un autre stade du capitalisme, moyen de survie du capitalisme dont il supprimait une des contradictions grâce à son contrôle, grâce à sa direction économique. Il voyait donc une nouvelle période progressive du capitalisme fasciste, période pendant laquelle la révolution devenait une perspective plutôt lointaine. Il nous fallait, puisque la révolution était, immédiatement et pour plusieurs années, impossible, ne pas être coupés de la classe, surtout de la jeunesse, et pour cela entrer dans toutes les organisations pour trouver, former des jeunes, les orienter vers le communisme pour plus tard. Mais pour toutes ces organisations, il fallait faire une différence entre celles purement fascistes qui elles, par rapport aux autres, étaient progressives. Dans ces organisations fascistes, il fallait bien sûr trouver des jeunes, mais aussi faire un travail pour développer pour renforcer les organisations en question; il fallait pousser les fascistes vers la réalisation de leur programme social; il fallait ; je cite : «être l’aile gauche du fascisme dans les groupes fascistes" ; “être les meilleurs agents du fascisme avec le Manifeste Communiste dans la poche" ; "apprendre à saluer à la romaine, ou sans cela., les BL disparaîtront". (…)
Avec cette position, l'organisation à Paris essayait de convaincre Marseille sans y parvenir. (…) Une fois, dans ces groupes, les responsables descendirent. Privas vint dans un groupe pour dire aux jeunes de rentrer immédiatement et dés le lendemain au RNP."