Soumis par Révolution Inte... le
Alors que l’horizon politique semble assombri par la guerre et la barbarie, la perspective prolétarienne vit toujours et se développe. C’est ce que démontrent non seulement le développement des luttes de la classe ouvrière dans de nombreuses régions, mais aussi l’apparition dans différents pays de petits groupes et d’éléments politisés cherchant à défendre les positions internationalistes qui sont la marque distinctive de la politique prolétarienne.
Le groupe "Enternasyonalist Komunist Sol" ("Gauche communiste internationale") en Turquie est une expression de cette tendance. Nous reproduisons ci-dessous un tract que ce groupe a produit en réponse à la guerre au Liban. L’émergence de cette voix internationaliste en Turquie est d’autant plus significative que le nationalisme (colporté notamment par la gauche) est particulièrement fort dans ce pays. De plus, la Turquie est profondément impliquée dans les rivalités inter-impérialistes, qui ravagent cette région. L’Etat turc est sur le point de lancer une nouvelle offensive contre les nationalistes kurdes du PKK – une campagne militaire qui sera certainement justifiée idéologiquement par la récente vague d’attaques terroristes dans plusieurs villes turques, attribuées aux factions nationalistes kurdes. La question kurde est directement liée à la situation en Irak et en Syrie, et la Turquie est un des quelques Etats à avoir des liens étroits avec Israël. La guerre au Liban pèse fortement sur les ouvriers en Turquie ; en même temps, la classe ouvrière turque qui a une longue tradition de luttes combatives, pourrait jouer un rôle majeur dans le développement d’une alternative prolétarienne à la guerre impérialiste dans la région.
Tract d’EKS sur la situation au Liban et en Palestine
Le 12 juillet, juste après le kidnapping de soldats israéliens par le Hezbollah, le président israélien Ehoud Olmert a promis aux libanais une "réponse très douloureuse et de grande ampleur". Le 3 juillet à l’aube, l’Etat d’Israël commençait une invasion et poussait sa classe ouvrière dans une nouvelle guerre nationaliste et impérialiste. L’Etat d’Israël a lancé cette invasion pour ses propres intérêts et sans se soucier du sang qui pourrait être versé. En 15 jours, environ 400 civils libanais ont perdu la vie. Le récent cessez-le-feu ne garantit pas que les massacres ne recommenceront pas puisque l’Etat d’Israël a montré qu’il détruirait tout ce qui menace ses propres intérêts, pas seulement dans le dernier conflit mais aussi à travers la torture continuelle des palestiniens.
Cependant, nous ne devons pas oublier qu’Israël n’est pas le seul responsable de ce conflit. Ni le Hezbollah qui attire actuellement l’attention du monde par les combats qu’il livre contre les israéliens avec une violence qui égale la leur, ni l’OLP et le Hamas qui ont mené une guerre nationaliste en Palestine depuis des années, ne peuvent être considérés comme "clean". Le Hezbollah qu’Israël a montré du doigt au monde avant le début du conflit, a tué des civils israéliens avec des roquettes provenant de Syrie et d’Iran, pendant toute la guerre. Le Hezbollah est une organisation anti-sémite et fondamentaliste. Plus important encore, contrairement à ce que pensent certains, le Hezbollah ne s’est pas battu pour protéger le Liban. Au lieu de cela, c’est pour ses propres intérêts qu’il a forcé la classe ouvrière libanaise à rejoindre le front nationaliste et il ne s’est battu que pour défendre les territoires qu’il contrôle et l’autorité qu’il détient. L’OLP qui a poussé les ouvriers palestiniens du terrain de la lutte de classe dans les griffes de leur bourgeoisie nationale et le Hamas qui est aussi réactionnaire, violent, anti-sémite et fondamentaliste que le Hezbollah, ne font eux aussi que défendre leurs propres intérêts. Ici, il est nécessaire de décrire brièvement ce qu’est l’impérialisme. Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, l’impérialisme n’est pas une politique qu’exercent les puissants Etats nationaux afin de prendre le contrôle des ressources des Etats nationaux plus faibles. Au contraire, il s’agit de la politique de tout Etat national, ou d’organisations fonctionnant comme un Etat national, qui contrôlent une certaine zone, les ressources de cette zone et qui exercent leur autorité sur la population de ce territoire. Plus simplement, l’impérialisme est la politique naturelle que pratique n’importe quel Etat national ou n’importe quelle organisation fonctionnant comme un Etat national. Comme nous l’avons vu dans le dernier conflit entre Israël et Hezbollah, dans certaines situations, les Etats nationaux ou les organisations fonctionnant comme un Etat national ont des conflits d’intérêt et ces conflits aboutissent à une guerre inter impérialiste.
Dans une telle situation, ce que disent les gauchistes en Turquie et dans le monde, s’avère encore plus ridicule et incohérent. En Turquie comme dans le monde, la plupart des gauchistes ont apporté leur soutien total à l’OLP et au Hamas. Dans le dernier conflit, ils se sont exprimés d’une seule voix pour dire "nous sommes tous le Hezbollah". En suivant cette logique qui consiste à dire "l’ennemi de mon ennemi est mon ami", ils ont pleinement soutenu cette organisation violente qui a poussé la classe ouvrière dans une désastreuse guerre nationaliste. Ce soutien des gauchistes au nationalisme nous montre pourquoi ils n’ont pas grand chose à dire qui diffère de ce que dit le MPH (parti du mouvement national - les Loups gris fascistes) non seulement sur le Hezbollah, l’OLP et le Hamas mais aussi sur d’autres sujets. En Turquie, tout particulièrement, les gauchistes n’ont aucune idée de ce dont ils parlent.
La guerre entre le Hezbollah et Israël et la guerre en Palestine sont toutes les deux des guerres inter impérialistes, et les différents camps en jeu utilisent tous le nationalisme pour entraîner la classe ouvrière de leur région dans leur camp. Plus les ouvriers sont aspirés dans le nationalisme, plus ils perdront leur capacité à agir en tant que classe. C’est pourquoi ni Israël, ni le Hezbollah, ni l’OLP, ni le Hamas ne doivent être soutenus en aucune circonstance. Ce qui doit recevoir un soutien pendant ce conflit, c’est la lutte des travailleurs pour survivre, pas les organisations nationalistes ou les Etats qui les font tuer. Et plus important encore, ce qu’on doit faire en Turquie est d’œuvrer pour la conscience de classe et la lutte de classe qui se développeront ici. L’impérialisme et le capitalisme enchaînent les pays les uns aux autres ; c’est pourquoi l’indépendance nationale est impossible. Seul le combat de la classe ouvrière pour ses propres besoins peut offrir une réponse.
Pour l’internationalisme et la lutte de classe !
Enternasyonalist Komunist Sol