Soumis par Révolution Inte... le
Si depuis l'attentat du 11 septembre sur les Twin Towers à New York la barbarie guerrière ne connaît qu'une accélération continue, nous le devons en premier lieu à l'affrontement impérialiste devenu aujourd'hui permanent entre les plus grandes puissances capitalistes de ce monde en putréfaction. Il n'y a plus de pause possible dans l'horreur. Les tensions inter-impérialistes ont atteint un niveau tel que chaque grande puissance met à profit tout moment de faiblesse ponctuel de l'adversaire pour lui porter de nouveaux coups. Telle est la vie quotidienne du système capitaliste mondial, dans sa sénilité avancée. Après l'effondrement du bloc soviétique en 1989, la bourgeoisie mondiale nous promettait un avenir radieux. Les prolétaires du monde entier ne devaient plus s'en faire. Maintenant débarrassé du "communisme", le capitalisme allait répandre la paix et la concorde à la surface de la planète. En fait de paix, le monde a connu depuis plus de dix années l'enfoncement dans la barbarie. L'effondrement du bloc soviétique et l'éclatement du bloc américain ont ouvert la boîte de Pandore du déchaînement inter-impérialiste de tous contre tous, des plus petits aux plus puissants. "Dans la nouvelle période historique où nous sommes rentrés (...) le monde se présente comme une immense foire d'empoigne où jouera à fond la tendance au 'chacun pour soi', où les alliances entre Etats n'auront pas, loin de là, le caractère de stabilité qui caractérisait les blocs, mais seront dictées par les nécessités du moment. Un monde de désordre meurtrier, de chaos sanglant dans lequel le gendarme américain tentera de faire régner un minimum d'ordre par l'emploi de plus en plus massif et brutal de sa puissance militaire." ("Militarisme et décomposition", Revue Internationale n°64) L'impérialisme américain, dominant de manière écrasante le reste de la planète, se devait d'assurer son maintien de superpuissance unique depuis l'effondrement du bloc de l'Est. Il se devait de faire régner de par le monde son leadership et de se préserver, autant que possible, de toute remise en cause de la part des autres grandes puissances impérialistes rivales. L'attentat du 11 septembre à New York allait donner le prétexte qu'il lui fallait pour lancer sa fameuse campagne internationale anti-terroriste, autour de ce qui était dorénavant qualifié d'axe du Mal et qui comprenait essentiellement l'Irak, la Syrie, l'Iran et la Corée du Nord. En réalité la concrétisation de cette politique à travers la guerre en Afghanistan et en Irak avait un tout autre but. Il s'agissait pour les Etats-Unis de démontrer concrètement aux autres grandes puissances rivales (Allemagne, France et dans une moindre mesure Russie, Chine, Japon) leur incroyable supériorité militaire. Il s'agissait de faire passer un message clair et net : "Il y a un seul maître à bord, les Etats-Unis, et toute contestation de cet état de fait ne pourra qu'entraîner des représailles à la hauteur de l'affront subi."
Les rivalités inter-impérialistes renforcent l'enlisement des Etats-unis en Irak
La démonstration de force effectuée par les Etats-Unis en Irak, la facilité avec laquelle ils ont anéanti aux yeux du monde entier l'armée de Saddam Hussein pouvait laisser entrevoir une période de relative accalmie sur le front inter-impérialiste. Mais rien de tel ne s'est produit, contrairement à l'après-première guerre du Golfe. Il faut dire que depuis leur victoire militaire en Afghanistan et en Irak, les Etats-Unis ne cessent de s'engluer toujours plus profondément dans une situation de moins en moins contrôlable. Les attentats y deviennent presque monnaie courante. Chaque jour des soldats de la coalition et notamment des soldats américains se font tuer. Les Etats-Unis s'enlisent en Irak, leur impuissance pour y établir un minimum de sécurité et de reconstruction se montre au grand jour. Les 170 000 soldats américains ne suffisent pas, au minimum 10 000 soldats de plus sont demandés. Le coût humain et financier exorbitant de la guerre en Irak a obligé les Etats-Unis a proposé une nouvelle résolution à l'ONU, celle-ci demandant aide militaire et financière aux grandes puissances rivales ! La réponse ne s'est pas fait attendre. The Irish Times, cité par le Courrier International résume bien la question : "La France et l'Allemagne divergent des Etats-Unis sur le futur de l'Irak" et le Financial Times de dire : "Les Américains affrontent une opposition européenne sur le plan de paix en Irak." Hypocritement, les dirigeants français et allemands font valoir qu'en l'état actuel des choses le projet de résolution n'est pas assez abouti et Gerhard Schröder d'avancer : "La proposition américaine n'est ni assez dynamique, ni suffisante" et Jacques Chirac de surenchérir : "le plus urgent est de transférer rapidement la responsabilité politique à un gouvernement irakien." Tout est bon à ces crapules capitalistes pour mettre encore plus dans l'embarras le bandit rival. Le sort de la population irakienne ou des soldats tués, ils s'en moquent totalement. Ce qui compte, ce sont les coups portés à l'impérialiste rival. C'est cela et rien d'autre que les prolétaires doivent comprendre. Les Etats-Unis sont maintenant en grande difficulté en Afghanistan et en Irak, mais comme le dit le titre de The Independant : "Les Etats-Unis ne sont pas encore assez désespérés pour imaginer de confier à l'ONU le pouvoir de gérer ses troupes." Soyons sûrs que la France ou l'Allemagne entre autres feront tout pour que les Etats-Unis s'enlisent au maximum en Irak. Soyons sûrs que les Etats-Unis feront tout pour faire payer dans un très proche avenir cette nouvelle contestation de leur leadership. Une réelle stabilisation de l'Irak nécessiterait que les grandes puissances abandonnent leurs velléités impérialistes grandissantes. Cela nécessiterait la coopération des impérialismes des pays du Sud-Ouest asiatique, région limitée par le Caucase, la Turquie, l'Iran et l'Egypte. Tout cela relève de l'utopie la plus totale, c'est exactement l'inverse qui va se passer : cette région ne peut s'enfoncer que dans un chaos grandissant.
"La feuille de route" américaine en échec au Moyen-Orient
Le 2 septembre dernier, Yasser Arafat a déclaré à CNN que "la feuille de route n'existait plus." Le Moyen-Orient connaît une nouvelle vague de violence, d'assassinats et d'attentats. Dans cette région du monde qui connaît la guerre, en fait depuis la création du "foyer national Juif" en Palestine en 1920, cela paraîtrait presque banal. Pourtant cela fait maintenant plus de six mois que l'impérialisme américain embourbé en Irak tente de faire pression sur l'Autorité palestinienne, mais surtout sur Ariel Sharon pour que celui-ci accepte cette fameuse feuille de route, et donc reconnaisse la création d'un Etat palestinien autonome. Peine perdue, le premier ministre Mhamoud Abbas, alias Abou Mazen a dû démissionner. Celui-ci a expliqué son départ en raison des divergences avec le président Yasser Arafat. Il a également mentionné la tiédeur de l'aide américaine pour soutenir "le processus de paix." La décomposition du capitalisme n'offre de fait qu'une seule perspective, celle de la logique de l'affrontement. Depuis l'attentat suicide palestinien à Jérusalem du 19 août, l'Etat israélien a de son coté mené plusieurs attaques de missiles héliportés dans les territoires occupés. Enfin le 6 septembre, le gouvernement Sharon tente de liquider le chef spirituel du Hamas, mettant en effervescence les rues palestiniennes. Les propos de Sharon "d'éliminer politiquement" Yasser Arafat, tout en crédibilisant le leader palestinien, s'inscrivent dans une montée irrésistible de la violence et de la guerre au Moyen-Orient. Et ce n'est pas la nomination au poste de premier ministre d'Ahmed Qorei, alias Abou Alaa, "ami d'Arafat" qui va calmer la situation. Parallèlement à la dégradation politique au Moyen-Orient, l'escalade militaire est évidente. L'échec de la "feuille de route" américaine est patente, les difficultés que rencontrent les Etats-Unis à contrôler le gouvernement Sharon et l'Etat israélien (qui est le plus fidèle allié des américains) est la meilleure illustration des difficultés croissantes des Etats-Unis à imposer leur loi sur la scène impérialiste mondiale.
L'affaiblissement de l'impérialisme américain porteur de conflits nouveaux
Les tentatives incessantes de la superpuissance américaine d'imposer son autorité se traduisent aujourd'hui par un déploiement militaire gigantesque qui s'étend des confins de la Russie et de la Chine à tous les pays du Moyen-Orient excepté la Lybie, la Syrie et l'Iran. Jamais une superpuissance n'aura dominé militairement une telle étendue géographique. De l'Afrique au Pacifique, l'impérialisme américain impose sa puissance militaire. Mais loin de stabiliser le monde, chaque coup de force militaire des Etats-Unis renforce inévitablement le chaos et l'instabilité. Ainsi en va-t-il des deux dernières guerres menées dernièrement par la Maison Blanche. A Kaboul, Ahmed Karzai et l'armée américaine sont impuissants face aux guerres incessantes que se livrent les différentes ethnies et autres chefs de guerre. En Irak, chaque jour apporte son lot croissant de misère et de désolation pour la population, d'assassinats et d'actes de guerre toujours plus nombreux. Tout pas en avant sur le terrain militaire effectué par les Etats-Unis provoque immédiatement une réaction de bon nombre des autres grandes puissances impérialistes de ce monde. Les Etats-Unis sont pour le moment en difficulté. La France, l'Allemagne, la Russie et d'autres encore ne manquent pas de saisir tous les moments de faiblesse de l'Oncle Sam pour essayer de les accentuer au maximum. Il n'y a plus de règles dans cette période de décomposition avancée du capitalisme. La situation actuelle le démontre encore clairement. Chacun défend ses intérêts et passe les alliances qui lui sont les plus favorables sur le moment. Mais les Etats-Unis ne pourront en aucun cas en rester là. Plus ils seront contestés, attaqués dans leur rôle de superpuissance dominatrice, plus ils auront recours inévitablement à ce qui fait leur force : la puissance militaire. Laisser à sa seule logique le capitalisme en putréfaction ne nous promet que toujours plus de barbarie, de chaos et de conflits guerriers.
Tino (24 septembre)