Soumis par Révolution Inte... le
Il est nécessaire
que la classe ouvrière se souvienne. Il y a un an, le 20 mars
2003, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne entraient en guerre contre
l'Irak. L'Europe était alors le théâtre de nombreuses
manifestations pacifistes. "Non à la guerre en Irak"
était alors un mot d'ordre à la mode.
Les campagnes pacifistes : arme de guerre de l'impérialisme français
L'Etat français, sous l'égide de Jacques Chirac, et avec l'appui unanime de la gauche comme des gauchistes, dirigeait la campagne idéologique anti-américaine la plus impitoyable et la plus déterminée, et tout cela au nom du pacifisme. L'impérialisme français se donnait alors le beau rôle. Mais ce mensonge propagandiste qui n'a pas cessé depuis d'être déversé sur la tête de la classe ouvrière, ne doit pas masquer la réalité guerrière et barbare de l'impérialisme français : dans ce domaine aucun impérialisme à la surface de cette planète ne peut plus faire exception. Les médias français se sont empressés de donner un maximum de publicité à ces manifestations pacifistes, mais dans le même temps ils se sont employés à cacher autant qu'ils le pouvaient la politique guerrière et militaire de la France en Côte d'Ivoire. C'est en effet au même moment, en février 2003, que l'impérialisme français est passé à l'offensive en Côte d'Ivoire, avec plus de 4000 soldats. C'est au mois de mars de la même année que l'armée française réinvestit Bangui en Centrafrique, plongeant un peu plus ces pays dans une barbarie et un chaos total. Voilà ce que valent les discours idéologiques pacifiques de l'Etat bourgeois.
Le rôle de l'impérialisme français au Rwanda
Triste anniversaire, il y a dix ans, l'impérialisme français
au nom de l'humanitaire rentrait en force au Rwanda, armé jusqu'aux
dents, chars d'assauts en tête, et allait présider à
l'un des plus importants génocides civils de l'histoire. Ce sont
entre 500 et 800 000 morts (d'après les estimations officielles)
en 100 jours qui sont pratiquement passés inaperçus. L'armée
française avait attendu cyniquement aux frontières du
Rwanda que le génocide inter-ethnique soit porté à
son paroxysme pour intervenir. Pendant qu'à l'intérieur
du Rwanda, "des soldats de notre pays ont formé sur ordre,
les tueurs du génocide tutsi. Nous les avons armés, encouragés
et le jour venu, exfiltrés. J'ai découvert cette histoire
malgré moi, dans les collines rwandaises. Il faisait chaud, c'était
l'été. Il faisait beau, c'était magnifique. C'était
le temps du génocide." (Patrick de Saint Exupéry,
journaliste au Figaro et auteur du livre L'inavouable, la France au
Rwanda dans Le Monde diplomatique de mars 2004). En effet, c'est la
France qui, depuis de nombreuses années, a entraîné
et organisé la gendarmerie locale, les milices à base
ethnique et enfin les FAR ( Forces Armées Rwandaises). C'est
elle qui a soutenu a bout de bras le régime en place du président
Habyarima. C'est dès le début des années 1990 que
le Rwanda est devenu un enjeu géostratégique entre l'impérialisme
français et l'impérialisme américain. Le Rwanda
est en effet un pays ayant une importance évidente dans l'affrontement
inter-impérialiste car il se situe comme frontière entre
la zone sous contrôle américain et celle sous contrôle
de la France, sur le continent africain.
A cette époque, en 1994, l'impérialisme américain
tentait d'affaiblir de manière irrémédiable le
contrôle de la France dans cette région du monde. C'est
pour cela que, dès 1993, les Etats-Unis ont entraîné
le FPR (Front Patriotique Rwandais formés de Tutsis) et ceci
en territoire ougandais, avant de les lâcher un an plus tard au
Rwanda. L'avancée militaire du FPR ne s'y est d'ailleurs pas
fait longtemps attendre. C'est le krach de l'avion des présidents
rwandais Habyarima et burundais Ntaryma qui fut le prétexte au
déchaînement des évènements. Le 6 avril 1994
marque le début du génocide. Le FPR ira jusqu'à
Kigali et un nouveau pouvoir s'y installera. La France "a dû
se contenter de créer dans l'Ouest une 'zone humanitaire sûre'
vers où convergèrent tous les groupes extrémistes
ainsi que le gouvernement intérimaire, encadrant des millions
de civils hutus" (Le Monde Diplomatique, mars 2004).
Cette zone fut le théâtre de massacres de masse, et comme
le cite Le Monde Diplomatique, la France refusa de désarmer militaires
et miliciens. Comme l'armée française s'est bien gardée
d'arrêter les responsables du génocide, car il s'agissait
de ceux-là qu'elle avait téléguidés et qui
allèrent ensuite se réfugier au Zaïre.
L'Ouganda baignait également à cette époque dans
une marée de sang. 300 000 orphelins erraient dans le pays. Choléra
et famines se développèrent et emportèrent rapidement
plus de 40 000 réfugiés hutus, pendant que les hélicoptères
de combats, Mirages et autres Jaguars de l'armée française
attendaient une nouvelle occasion pour intervenir. Le responsable principal
et immédiat de ce massacre de masse fut sans aucun doute l'impérialisme
français s'affrontant par ethnies interposées à
l'impérialisme américain.
Ce même Etat français qui, dix ans plus tard, pour les mêmes raisons se cachera derrière l'idéologie pacifiste pour poursuivre son affrontement impérialiste contre les Etats-Unis.
L'alibi humanitaire : une arme de guerre de la bourgeoisie
C'est l'alibi humanitaire qui avait servi de couverture idéologique à la politique barbare de la France il y a dix ans au Rwanda. C'est le même alibi qui a permis à tous les grands impérialismes de se ruer comme des vautours sur les Balkans en avril 1999. Depuis cette époque comme au Rwanda le chaos n'a fait que s'aggraver. Aujourd'hui les affrontements ethniques entre Serbes et Albanais se généralisent à tout le Kosovo. Et c'est encore une fois comme au Rwanda, sous le même prétexte, que l'armée française y renforce ses effectifs. L'impérialisme français a été il y a dix ans un des principaux responsables et acteurs du génocide rwandais. La décomposition du système capitaliste, le développement ininterrompu des tensions inter impérialistes à l'échelle planétaire est le seul véritable responsable du génocide au Rwanda. C'est ce système agonisant et de plus en plus barbare que la classe ouvrière doit détruire. Seule la révolution communiste est en mesure d'empêcher définitivement l'éclatement d'autres Rwanda et la généralisation de nouveaux génocides.
T.