Soumis par Révolution Inte... le
Après un
été de canicule, sur un sol asséché, ces
dernières semaines ont apporté à nouveau leur lot
de catastrophes dites naturelles avec les inondations dans diverses
régions de France et particulièrement dans le Sud-Est,
région "abonnée" depuis plusieurs années
à de telles situations dramatiques, ayant coûté
la vie à des dizaines de personnes, ravageant villages, habitations,
infrastructures routières, ferroviaires, cultures…. Aujourd'hui,
ce sont encore des vies humaines qui ont été emportées,
noyées par des torrents surgis en quelques instants et emportant
tout sur leur passage. En Arles, à Marseille, mais aussi dans
seize départements différents, de fortes pluies se sont
à nouveau transformées en catastrophes. La faute à
pas de chance ? Les caprices de la nature ? La fatalité ? Non,
mille fois non. Encore une fois, tout était prévisible.
Catastrophes naturelles ?
En effet, depuis quinze ans, les inondations, particulièrement
dans le Sud-Est de la France, se sont succédées année
après année :
- à Nîmes en octobre 1988, avec des victimes emportées au coeur de la ville par des vagues d'eau déferlant dans les rues ;
- en 1992, Vaison-la-Romaine est dévastée. La ville compte des dizaines de morts ;
- en 1993, c'est encore le Vaucluse mais aussi la Corse qui sont touchés par des débordements fluviaux ;
- en 1994, le Sud-Est est à nouveau la proie des eaux : 5 morts et des dégâts considérables ;
- en 1996 : 87 communes du département de l'Hérault sont déclarées en état de catastrophe naturelle. Bilan : 4 morts ;
- en 1999 : Aude, Tarn, Pyrénées-Orientales, Hérault, 34 morts, un disparu. Cette crue est considérée comme la plus grave depuis le début du siècle ;
- septembre 2000 : c'est le tour de Marseille, de Montpellier. 6 morts ;
- avril 2001 : six communes se retrouvent sous les eaux et plus de 2000 maisons sont ravagées dans la vallée de la Somme ;
- octobre 2001 : le Gard est une fois de plus sinistré ;
- septembre 2002 : le Gard concentre encore les dégâts,
24 morts.
Toutes ces crues sont chaque fois présentées comme la
conséquence de la "force imprévisible de la nature"
ou de la "nature du sol", tout comme certains experts ont
insisté sur l'été de canicule et des sols desséchés
dans le Sud-Est pour mieux justifier les nouveaux ravages de l'eau ces
dernières semaines. Désolation encore l'année dernière
en Europe centrale avec les inondations en Allemagne, en Tchéquie.
Et la liste des inondations est longue dans la dernière période
: Indonésie, Haïti, Venezuela, Québec.
Les inondations de la décennie ou du siècle, quand elles
se renouvellent tous les ans ou presque ne peuvent que poser question
!
Les comités d'experts et organismes d'Etat patentés hésitent
encore à reconnaître que les dérèglements
climatiques sont dus à l'effet de serre, multipliant les phénomènes
météorologiques aux conséquences désastreuses.
Oui, c'est vrai, affirment-ils, le réchauffement de la planète
est une réalité mais il serait trop tôt pour l'incriminer
à partir d' "évènements ponctuels" !
Reconnaître ces dérèglements climatiques liés
à l'activité industrielle impliquerait le constat de la
pollution atmosphérique généralisée, de
l'augmentation des gaz à effet de serre. Ce serait reconnaître
de manière ouverte la responsabilité du fonctionnement
anarchique du capitalisme et l'hypocrisie de TOUS les Etats multipliant
les conférences environnementales et leur lot de promesses écologiques
pour mieux les enterrer dans les secondes qui suivent : la loi de la
concurrence et du profit restent les seuls maîtres !
Ceci est typique d'un système décadent, irrationnel, comme
le capitalisme, incapable de prévenir, guérir ou dépasser
les problèmes. Pire, il en est le principal responsable : gaz
à effet de serre, urbanisation sauvage dans des zones inondables
connues de tous les responsables, cours d'eau non entretenus, modifications
des lits des fleuves, etc. Plus le capitalisme, basé sur le profit
et la rentabilité et non sur les besoins humains, s'enfonce dans
sa propre décomposition, moins il est capable de maîtriser
les formidables forces technologiques qu'il a développées
pour maîtriser la nature. Et si, aujourd'hui, la nature "reprend
ses droits", c'est bien parce que le mode de production capitaliste
n'est plus capable de dominer cette nature, d'apporter le moindre progrès,
la moindre perspective d'avenir à l'humanité.
Et pourtant, les mesures à prendre pour atténuer sinon
éliminer de telles inondations sont connues depuis longtemps.
Mais en matière de prévention, de telles dépenses
sont considérées pratiquement comme du "luxe"
pour l'Etat et sa gestion à courte vue. Ceci n'est pas nouveau
: "…Non seulement la civilisation bourgeoise peut provoquer
directement des catastrophes par sa soif de profit…mais elle se
révèle incapable d'organiser une protection efficace dans
la mesure où la prévention n'est pas une activité
rentable…" (Amadeo Bordiga, Espèce humaine et croûte
terrestre)
Non, catastrophes sociales !
L'actualité en apporte une confirmation supplémentaire
: on apprenait par la presse tout dernièrement qu'un rapport
technique établi pour le compte de l'Etat, disponible dès
novembre 2002, établissait en détail tous les dangers
d'une nouvelle crue dans le delta du Rhône et recommandait les
mesures adéquates pour restreindre les dégâts :
renforcement des digues, construction d'ouvrages de rétention
d'eau, création d'un déversoir en Camargue. Bien évidemment,
cette étude n'a pas été rendue publique, et pour
cause ! Ce qui était proposé impliquait nécessairement
pour l'Etat et autres institutions de débourser quelques milliards
d'euros de travaux ! Des ministères, des conseils généraux,
des communes, de la SNCF : chacun se renvoie la balle quant à
l'entretien des digues et autres infrastructures !
Aujourd'hui, dans le Sud-Est, la colère des sinistrés
est montée d'un cran : la plupart n'ont pas encore épongé
les conséquences des crues de l'année dernière,
n'ont pas été remboursés par leurs assurances qu'ils
doivent à nouveau évacuer et voir leurs habitations ravagées
par les flots. En Arles, la majorité des entreprises paralysées
par les eaux ont recouru au chômage technique dans une ville où
le taux de chômage est déjà de 15% !
Les indemnisations des dégâts par les assurances sont déjà
estimées à au moins quatre fois le prix qu'auraient coûtés
les travaux préconisés. Qu'importe ! les cotisations des
assurés seront augmentées au nom de la "solidarité
nationale".
Les ministres du gouvernement, Chirac lui-même, se sont succédés
sur les lieux, comme de coutume, pour compatir et affirmer que tout
sera mis en œuvre pour éviter de telles catastrophes à
l'avenir.
Voyons les mesures proposées : "allègements fiscaux
en faveur des populations et entreprises sinistrées. Les contribuables
concernés pourront faire l'objet d'un examen au cas par cas et
se voir accorder des délais de paiement (sic) ou même d'une
remise totale des cotisations de taxe d'habitation." (ministère
des finances, le 10 décembre 2003). Une loi de juillet 2003 prévoit
"un renforcement des mesures de prévention des risques naturels…le
financement de mesures permettant de réduire la vulnérabilité
des habitations existantes…en facilitant les initiatives des collectivités
territoriales notamment dans le registre du ralentissement des crues".
On peut donc être rassurés : les objectifs sont clairs,
précis et limpides ! Mme Bachelot, ministre de l'environnement,
a même insisté pour que la loi "renforce l'information
préventive et la conscience du risque des populations".
Plus gonflé, tu meurs ! Ce que ces bourgeois affirment en fait
sans vergogne c'est que les catastrophes vont continuer : les constructions
vont se poursuivre dans ces zones, le béton va s'étendre,
les risques se multiplier. Mais chacun aura été prévenu
! La classe dominante, non contente de chercher à se dédouaner
de tels drames dont elle est pleinement responsable, y ajoute le mépris
et le culot le plus écoeurant.
Et il y a toutes les chances de voir tous ces ministres, élus,
aux premières loges du prochain concert de J.J. Goldmann en soutien
aux sinistrés, clamant à tue-tête : "Plus jamais
ça !"
Mais la nature à bon dos. C'est le capitalisme qui tue et qui
va continuer à tuer. Il condamne des populations à la
mort, des régions à de nouveaux sinistres inéluctables
parce que sa loi du profit maximum le pousse à réduire
et même à détruire toute protection contre les catastrophes,
naturelles ou pas. Il n'y a pas de fatalité. Toutes ces tragédies
de plus en plus nombreuses sont la manifestation de la faillite totale
du mode de production capitaliste. Elles ont les mêmes causes
: la décomposition générale qui gangrène
l'ensemble du corps de la société capitaliste. La survie
du capitalisme est devenue une menace permanente pour la survie de l'humanité.
Le prolétariat doit en prendre pleinement conscience.