Salut aux nouvelles générations de la classe ouvrière!

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Solidarité des travailleurs avec les étudiants en lutte contre les attaques du capitalisme

Salut aux nouvelles générations de la classe ouvrière !

La mobilisation massive des étudiants en France contre les attaques économiques du gouvernement Chirac/Villepin/Sarkozy qui a voulu faire passer son "Contrat Première Embauche" (CPE) par la violence, s'inscrit pleinement dans la dynamique actuelle du renouveau de la lutte du prolétariat mondial. Ce mouvement n'a rien à voir avec les mouvements précédents, interclassistes, de la jeunesse estudiantine. Il appartient au combat de toute la classe ouvrière. D'emblée, ce mouvement s'est situé sur un terrain de classe, contre une attaque économique, contre le "no future" que le capitalisme promet aux jeunes générations. Et c'est justement pour cela que les étudiants en lutte ont été capables de mettre de côté leurs revendications spécifiques (telle la réforme du système des diplômes LMD) au profit de revendications communes à toute la classe ouvrière : "Non au CPE ! Non à la précarité, aux licenciements et au chômage !"

Ce qui a fait la force de ce mouvement, c'est d'abord et avant tout le renforcement de la SOLIDARITÉ active dans la lutte. C'est en resserrant les rangs, en construisant un tissu très serré, en comprenant que l'union fait la force que les étudiants (et les lycéens) ont pu mettre en pratique le vieux mot d'ordre du mouvement ouvrier : "Tous pour un, un pour tous !" C'est comme cela qu'ils ont pu entraîner derrière eux les travailleurs des universités (professeurs et personnels administratifs) qui ont tenu eux aussi des assemblées générales. Ensuite, les étudiants des facultés d'Île de France ont ouvert leurs AG à leurs propres parents-travailleurs, à d'autres travailleurs et même à des retraités (notamment à Paris 3 - Censier). Ils leur ont demandé de prendre la parole et de leur donner des "idées". La "boîte à idées", l'"urne" du mouvement a circulé à toute vitesse partout, dans la rue, dans les AG, dans les supermarchés, sur tous les lieux de travail, sur tous les sites Internet, etc. Voilà comment les bataillons les plus conscients et déterminés du mouvement ont pu faire vivre la solidarité de la classe ouvrière et élargir leur lutte à toute la classe ouvrière !

Les Assemblées Générales massives sont le poumon du mouvement

Au lendemain de la manifestation du 7 mars, dans toutes les facs à Paris comme en province, se développent des AG massives d'étudiants : l'"homme de fer" Villepin, maintient sa politique de fermeté : le CPE sera voté à l'Assemblée Nationale car il est hors de question que ce soit "la rue qui gouverne" (comme le disait en 2003, l'ex-premier ministre Raffarin, qui a fait passer sa réforme du système des retraites pour jeter dans la misère les vieux travailleurs salariés après les avoir exploités pendant 40 ans !). Les étudiants ne cèderont pas à ce bras de fer. Les amphithéâtres où se tiennent les AG sont pleins à craquer. Les manifestations spontanées se multiplient, notamment dans la capitale. Les étudiants lèvent eux-mêmes le black-out des médias et les obligent à "débloquer" la loi du silence et du mensonge.
Du 8 au 18 mars, "dix jours vont ébranler le monde" de la bourgeoisie française. Les étudiants s'organisent de plus en plus pour élargir la riposte dans une seule direction : SOLIDARITÉ et UNITÉ de toute la classe ouvrière.
Dans la capitale, cette dynamique est partie du parvis de la fac de Censier qui sera aux avant-postes du mouvement vers l'extension et la centralisation de la riposte.
Dans les AG, les travailleurs qui "passaient par là" sont en général accueillis à bras ouverts. Ils sont invités à venir participer aux débats, à apporter leur expérience. Tous les travailleurs qui ont assisté aux AG à Paris comme dans plusieurs villes de province (notamment Toulouse) ont été sidérés par la capacité de cette jeune génération à mettre son imagination créatrice au service de la lutte de classe. A la fac de Censier, notamment, la richesse des débats, le sens des responsabilités des étudiants élus dans le comité de grève, leur capacité à organiser le mouvement, à tenir la tribune, à distribuer la parole à tous ceux qui veulent exprimer leur point de vue, à convaincre et à démasquer les saboteurs à travers la confrontation des arguments donnés dans la discussion, toute cette dynamique a vérifié toute la vitalité et la puissance des jeunes générations de la classe ouvrière.
Les étudiants ont défendu en permanence le caractère souverain des AG, avec leurs délégués élus et révocables (sur la base de mandats et remises de mandat), à travers le vote à main levée. Tous les jours, ce sont des équipes différentes qui organisent le débat à la tribune. Dans ces équipes, sont représentés des étudiants syndiqués et non syndiqués.
Pour pouvoir répartir les tâches, centraliser, coordonner et garder la maîtrise du mouvement, le comité de grève de Paris 3 - Censier avait décidé d'élire différentes commissions : presse, animation et réflexion, accueil et information, etc.
C'est grâce à cette véritable "démocratie" des AG et à la centralisation de la lutte que les étudiants ont pu décider des actions à mener, avec comme principale préoccupation l'extension dumouvement aux entreprises.

La dynamique vers l'extension du mouvement à toute la classe ouvrière

Les étudiants ont parfaitement compris que l'issue de leur combat est entre les mains des travailleurs salariés (comme l'a dit un étudiant dans une réunion de la coordination francilienne du 8 mars "si on reste isolés, on va se faire manger tout cru"). Plus le gouvernement Villepin refuse de céder et plus les étudiants sont déterminés. Plus Sarkozy cogne et plus il renforce la colère des salariés et fait "râler" ses "électeurs".
Les travailleurs salariés les plus aguerris à la lutte de classe (et les secteurs les moins stupides de la classe politique bourgeoise) savent que ce bras de fer contient la menace de la grève de masse (et non pas de la "grève générale" préconisée par certains syndicats et les anarchistes) si les voyous qui gouvernent s'enferment dans leur "logique" irrationnelle.
Et cette dynamique vers l'extension du mouvement, vers la grève de masse, a démarré dès le début de la mobilisation des étudiants qui ont envoyé partout, aux quatre coins du pays, des délégations massives vers les travailleurs des entreprises proches de leurs lieux d'études. Ils se sont heurtés au "blocage" syndical : les travailleurs sont restés enfermés dans leurs entreprises sans possibilité de discuter avec les délégations d'étudiants. Les "petits sioux" des facs de Paris ont dû imaginer un autre moyen de contourner le barrage syndical.
Pour mobiliser les travailleurs, les étudiants ont fait preuve d'une riche imagination. Ainsi, à Censier ils ont fabriqué une urne en carton appelé "boîte à idées". Dans certaines universités (comme celle de Jussieu à Paris), ils ont eu aussi l'idée de bavarder tranquillement dans la rue, de s'adresser aux passants afin de leur expliquer sans agressivité les raisons de leur colère. Ils ont demandé à tous les "badauds" s'ils avaient des idées à leur proposer car "toutes les idées sont bonnes à prendre". C'est notamment grâce au respect des travailleurs qui passaient par là ou étaient venus leur apporter leur solidarité, que les étudiants ont pu récolter dans leur "urne" des idées qu'ils ont mises en pratique. Grâce à leur expérience, ils ont vu quelles étaient les "bonnes idées" (celles qui vont dans le sens du renforcement du mouvement) et les "mauvaises idées" (celles qui vont dans le sens de l'affaiblir, de le saboter afin de livrer les étudiants à la répression, comme on l'a vu avec "l'occupation de la Sorbonne").
Les étudiants de beaucoup de facultés, celles qui étaient les plus en pointe, ont ouvert les amphithéâtres dans lesquels se tiennent leurs AG, aux travailleurs salariés et même à des retraités. Ils leur ont demandé de leur transmettre leur expérience du monde du travail. Ils avaient soif d'apprendre des vieilles générations. Et les "vieux" avaient soif d'apprendre des "jeunes". Tandis que les "jeunes" gagnaient en maturité, les "vieux" étaient en train de rajeunir ! C'est cette osmose entre toutes les générations de la classe ouvrière qui a donné une impulsion nouvelle au mouvement. La plus grande force de la lutte, la plus belle victoire du mouvement, c'est bien la lutte elle-même ! C'est la solidarité et l'unité de la classe ouvrière, tous secteurs et toutes générations confondues !
Et cette victoire a été gagnée non au Parlement mais dans les amphithéâtres universitaires. Malheureusement les espions au service du gouvernement qui étaient présents dans les AG n'ont rien compris. Ils n'ont pas été capables de donner des "idées" à Monsieur Villepin. Le trio infernal Villepin/Sarkozy/Chirac s'est retrouvé à cours d'"idées". Il a donc été contraint de montrer la vrai visage de la "Démocratie" bourgeoise : celui de la répression.

La violence de l'État policier révèle le "no future" de la bourgeoisie

Le mouvement des étudiants va bien au-delà d'une simple protestation contre le CPE. Comme le disait un professeur de l'université de Paris-Tolbiac, à la manifestation du 7 mars : "le CPE n'est pas seulement une attaque économique réelle et ponctuelle. C'est aussi un symbole." Effectivement, c'est le "symbole" de la faillite de l'économie capitaliste.
C'est aussi une réponse implicite contre les "bavures" policières (celle qui, à l'automne 2005, avait provoqué la mort "accidentelle" de deux jeunes innocents dénoncés comme "cambrioleurs" par un "citoyen" et poursuivis par les flics). En mettant au Ministère de l'Intérieur un pyromane (Monsieur Sarkozy), la bourgeoisie française n'a pas été capable de tirer les leçons de son histoire : elle a oublié que les "bavures" policières (entre autres, la mort de Malik Oussékine en 1986) peuvent être un facteur de radicalisation des luttes ouvrières. Aujourd'hui, la répression des étudiants de la Sorbonne qui voulaient seulement pouvoir tenir des AG (et non pas détruire les livres comme le prétend mensongèrement Monsieur de Robien) n'a fait que renforcer la détermination des étudiants. Toute la bourgeoisie et ses médias télévisées aux ordres n'ont cessé, heure après heure, de faire de la publicité mensongère pour faire passer les étudiants pour des "voyous" (la "racaille" selon le terme employé par le gentleman Sarkozy à l'égard des jeunes des banlieues).
Mais la ficelle était trop grosse. La classe ouvrière n'a pas mordu à l'hameçon des "guignols de l'info". C'est cette violence des voyous de la bourgeoisie qui a révélé au grand jour la violence du système capitaliste et de son État "démocratique". Un système qui jette sur le pavé des millions d'ouvriers, qui veut réduire à la misère les retraités après 40 ans d'exploitation, un système qui fait régner le "droit" et "l'ordre" par la matraque. En continuant à faire la sourde oreille, Monsieur Villepin a vérifié cette blague : "la dictature c'est ferme ta gueule. La démocratie, c'est cause toujours !". Mais le trio Villepin/Sarkozy/Chirac a fait encore mieux. Il a répondu aux étudiants : "cause toujours et ferme ta gueule !"
Et pour pouvoir maintenir leur pouvoir, ces Messieurs ont pu bénéficier de la "solidarité" des médias, et surtout de son instrument d'intoxication idéologique, le journal "télé-visé". Ce que visent les images ignobles des médias, c'est la fascination exhibitionniste de la violence aveugle, la manipulation des foules, le pourrissement de la conscience. Mais plus la télé en rajoute pour intimider la classe ouvrière et la paralyser, plus ses caméras donnent la nausée à la classe ouvrière (et même à l'électorat de la droite).
Et c'est justement parce que les nouvelles générations de la classe ouvrière, et ses bataillons les plus conscients, détiennent entre leurs mains les clefs de l'avenir, qu'ils ont refusé de céder à la provocation de l'État policier (et de ses forces d'encadrement syndicales). Ils ont refusé d'utiliser la violence aveugle et désespérée de la bourgeoisie, des jeunes émeutiers des banlieues, de certains "anars" et autres "gauchistes" excités.
Les enfants de la classe ouvrière qui sont aux avant-postes du mouvement des étudiants sont les seuls qui puissent ouvrir une perspective à toute la société. Cette perspective, la classe ouvrière ne peut la développer que grâce à une vision historique, grâce à la confiance en sa propre force, grâce à la patience et aussi à l'humour (comme le disait Lénine). C'est justement parce que la bourgeoise est une classe sans avenir historique, que la clique de Villepin s'est affolée et ne pouvait utiliser que la violence aveugle du "no future" des jeunes émeutiers.
La détermination de Monsieur Villepin à ne pas céder à la demande des étudiants (le retrait du CPE), révèle encore une chose : la bourgeoisie mondiale ne lâchera pas son pouvoir sous la pression des "urnes". Pour renverser le capitalisme et construire la véritable communauté humaine mondiale, la classe ouvrière sera obligée, dans le futur, de se défendre aussi par la violence contre la violence de l'État capitaliste et de toutes les forces d'appoint de son appareil répressif. Mais la violence de classe du prolétariat n'a strictement rien à voir avec les méthodes du terrorisme ou des émeutes des banlieues (comme veut le faire croire la propagande bourgeoise pour justifier la poursuite du flicage, de la répression des travailleurs, des étudiants et bien sûr des véritables militants communistes).

La contre-offensive de la bourgeoisie pour saboter et pourrir le mouvement

Pour tenter de faire passer toutes ses attaques économiques et policières, la bourgeoisie avait miné le terrain de la riposte anti-CPE. Elle a d'abord misé sur le calendrier des vacances scolaires pour disperser la colère des étudiants et lycéens. Mais les étudiants ne sont pas des enfants de chœurs (même si certains d'entre eux vont encore à l'église). Ils ont maintenu la mobilisation et ont pu la renforcer après les vacances. Évidemment, les syndicats étaient présents dès le début du mouvement et ont mis toutes leurs forces dans la bataille pour le noyauter.
Mais ils n'ont pas prévu qu'ils seraient massivement débordés dans la plupart des villes universitaires.
Par exemple, à Paris, plus d'un millier d'étudiants se retrouvent sur le parvis de la faculté de Paris 3-Censier pour partir tous ensemble à la manifestation. Les étudiants s'aperçoivent que les syndicats, CGT en tête, ont déplié leurs banderoles pour se mettre à la tête du cortège et encadrer la manif. Immédiatement, les étudiants font demi tour, utilisent les différents moyens de transports et la vitalité de leurs jambes pour contourner les syndicats. Ils prennent la tête de la manif et déplient leurs banderoles unitaires. Ils lancent une multitude de slogans unificateurs : "Étudiants, lycéens, chômeurs, travailleurs précaires, du public et du privé, même combat contre le chômage et la précarité !"
La CGT est ridiculisée. Elle se retrouve à la queue des étudiants avec une multitude de banderoles : "CGT de la  métallurgie", "CGT de la RATP", "CGT de l'hôpital de la Pitié Salpêtrière" "CGT de la ville de Pantin", "CGT de la Seine Saint-Denis" etc. Derrière chacune des énormes banderoles rouges de la CGT, une poignée de militants complètement déboussolés. Pour requinquer leurs troupes, les cadres du parti stalinien "rénové" de Maurice Thorez (qui demandait au lendemain de la seconde guerre mondiale, aux mineurs ou aux ouvriers de Renault en grève de rependre le travail, de "retrousser les manches" car "la grève est l'arme des trusts") lancent alors des mots d'ordre "radicaux". Ils essaient de couvrir la voix des étudiants avec leurs hauts parleurs. Les cadres de la CGT et du parti "communiste" FRANÇAIS secouent leurs troupes en leur faisant chanter "L'Internationale". Le vieux dinosaure stalinien se ridiculise encore plus. Beaucoup de manifestants et de passants sur les trottoirs sont pliés de rire. On entend des commentaires du style : "c'est les guignols de l'info !".
Le soir même, le leader de la CGT Bernard Thibault dira à la télé : "il est vrai, qu'il y avait une part d'inconnu".
Les syndicats se sont démasqués eux-mêmes par leurs propres magouilles. C'est ce que Monsieur de Robien n'a toujours pas compris lorsqu'il s'est ainsi "indigné" des actes de vandalisme des "étudiants" à la Sorbonne (en exhibant quelques livres déchirés par les spécialistes bourgeois de la manipulation) : "c'est une petite minorité qui dirige la révolte des étudiants". Monsieur de Robien a mis à l'envers ses lunettes de presbyte : c'est effectivement une "petite minorité" qui dirige, non pas le mouvement des étudiants mais toute la société humaine. Une minorité qui ne produit rien d'autre que l'exploitation et la répression de la grande majorité de la classe des producteurs.
Les syndicats, CGT et FO en tête, n'ont pas encaissé le mauvais coup du 7 mars. C'est pour cela que certains journalistes parmi les plus intelligents ont pu dire à la télévision : "les syndicats sont été humiliés". Ils ont été "humiliés" également par les manifestations spontanées des étudiants dans les rues de la capitale le 14 mars. Incapables de réfréner leur colère contre les "humiliateurs", contre les travailleurs qui ont témoigné leur solidarité active aux étudiants en se joignant à la manifestation du 16 mars, les syndicats ont fini par montrer publiquement, devant les caméras, leur complicité avec les troupes de Monsieur Sarkozy.
A PAris, le"service d'ordre" de la CGT (lié au parti stalinien) et de FO (fondé grâce à l'appui de la CIA après la deuxième guerre mondiale) était à la tête de la manifestation, main dans la main, face aux CRS. Le cordon syndical s'est relâché comme par enchantement à la fin de la manifestation pour donner un ticket d'entrée aux petits "kamikazes" infiltrés dans la manifestation et qui se sont précipités vers la Sorbonne pour  commencer leur partie de chat et de souris avec les CRS. Tous ceux qui étaient aux premières loges et ont assisté à ces nouvelles scènes de violence ont raconté  que c'est grâce au "service d'ordre" des syndicats CGT/FO que Villepin/Sarkozy ont encore cogné et rempli leurs paniers à salade.
 Mais surtout, les images insistantes des affrontements violents qui ont suivi la manifestation à Paris ont pour objectif de faire peur avant la grande manifestation du 18 mars. Beaucoup de travailleurs ou de jeunes qui comptaient y participer risquent de renoncer par peur de ces violences
Les présentateurs du journal télé-visé annoncent la bonne nouvelle aux téléspectateurs : on va vers le "pourrissement du mouvement" (d'après les "info" du soir du 16 mars)
Ceux qui veulent "pourrir le mouvement", ce sont les complices de Sarkozy, les forces d'encadrement syndicales. Et cela la classe ouvrière commence à le comprendre. Derrière leurs discours "radicaux" et hypocrites, ce que veulent les syndicats, c'est sauver la mise au gouvernement. Pour le moment, c'est raté !
Le parti stalinien et sa CGT ont maintenant leur place dans le grand Panthéon de Jurassic Park (à côté des brontosaures de l’UMP). Si les syndicats n’ont pu jusqu’à présent jouer leur rôle de pompiers sociaux, c’est parce que les pyromanes Sarkozy/Villepin ont mis le feu à leurs banderoles le 16 mars.
Et, si les travailleurs sont venus soutenir les étudiants en lutte, c'est parce qu'ils ont vu que les syndicats avaient relayé, dans les entreprises, le black-out des médias sur les AG massives des étudiants.
Depuis la manifestation du 7 mars, les syndicats ont traîné la savate, fait toutes sortes de contorsions pour paralyser les travailleurs salariés. Ils ont fait toutes sortes de manœuvres pour diviser, émietter la colère de la classe ouvrière Ils ont essayé de saboter le mouvement des étudiants. Ils ont radicalisé leurs discours avec un train de retard en "exigeant" le retrait du CPE avant toute ouverture des négociations (alors qu'ils n'arrêtent pas depuis le début de "négocier" dans le dos de la classe ouvrière). Ils ont même brandi la menace de la "grève générale" pour faire "plier" le gouvernement. Bref, ils ont dévoilé ouvertement qu'ils ne voulaient pas que les travailleurs se mobilisent en solidarité avec les étudiants. Le dos au mur, ils ont fini par sortir de leur manche l'"as de pique" : en utilisant quelques gamins excités pour déchaîner encore et toujours la violence.
La seule issue à cette crise politique de la bourgeoisie française, c'est un ravalement de la vieille façade de l'État républicain. Et ce cadeau, c'est la gauche parlementaire qui a voulu l'offrir sur un plateau d'argent à Monsieur Villepin : PS/PC/Vert tous unis ont saisi le Conseil Constitutionnel pour déposer leur "recours" contre le CPE. Finalement, c'est peut-être ce coup de main du PS qui permettra au gouvernement de sortir de l'impasse en retirant le CPE à la demande des "12 sages" : il pourra encore faire sienne la formule de Raffarin, "ce n'est pas la rue qui gouverne", mais en y ajoutant, "c'est les 12 retraités du Conseil constitutionnel" !

La plus grande victoire, c'est la lutte elle-même

En voulant «nettoyer au karcher» les étudiants de la Sorbonne (et leurs camarades qui sont venus leur apporter de la nourriture), Monsieur Sarkozy a ouvert une boîte de Pandore. Et dans cette boîte à "idées noires", le gouvernement Villepin/Sarkozy a fait sortir les "faux amis" de la classe ouvrière, les syndicats.
Le prolétariat mondial peut donc remercier la bourgeoisie française. En agitant son épouvantail Le Pen aux dernières présidentielles, la classe dominante tricolore a réussi à remettre au gouvernement la droite la plus bête du monde. Une droite qui a appliqué une politique de "république bananière" !
Quels que soient les scénarios de l'issue du mouvement, cette lutte de toute la classe ouvrière est déjà une victoire.
Grâce aux nouvelles générations, la classe ouvrière a réussi à briser le "blocage" de la solidarité par les syndicats. Tous les secteurs de la classe ouvrière, et particulièrement ses nouvelles générations, ont vécu une riche expérience qui va laisser des traces profondes dans leur conscience.
Cette expérience appartient au prolétariat mondial. Malgré le black-out des médias "officiels", les médias "parallèles", les caméras "sauvages" et autres radios "libres", et aussi la presse des révolutionnaires, vont permettre aux prolétaires du monde entier de s'approprier cette expérience. Car cette lutte n'est qu'un épisode de la lutte de la classe ouvrière mondiale. Il s'inscrit à la suite de toute une série de luttes ouvrières depuis 2003 qui confirmaient que la classe ouvrière de la plupart des pays industriels était sortie du recul que lui avaient fait subir toutes les campagnes déchaînées par la bourgeoisie au lendemain de l'effondrement du bloc de l'Est, en 1989, et des régimes présentés comme "socialistes" ou "ouvriers". Une des caractéristiques essentielles de ces luttes, c'est le resurgissement de la solidarité entre travailleurs. C'est ainsi que dans deux des pays les plus importants du monde capitaliste, les États-Unis et la Grande-Bretagne, c'est la solidarité qui avait été à l'origine de la lutte ouvrière. Dans les transports de New-York, juste avant Noël 2005, les travailleurs sont entrés en grève non pas pour eux-mêmes, mais pour préserver aux jeunes travailleurs qui seraient embauchés dans le futur les garanties qu'ils avaient acquises pour leur retraite. De même, la grève des bagagistes qui a bloqué plusieurs jours l'aéroport de Heathrow à Londres, en août 2005, était en solidarité avec des travailleurs du secteur de la restauration victimes d'une attaque inique de leur employeur, Gate Gourmet.
Ces grèves particulièrement significatives s’inscrivaient dans une tendance au développement des luttes qui n’a cessé de se confirmer depuis 2003 et le mouvement pour la défense des retraites en la France mais aussi l’Autriche qui avait connu les manifestations de rue les plus importantes depuis la seconde guerre mondiale. Une tendance qui s’est notamment exprimée en 2004 en Allemagne par les luttes dans le secteur de l’automobile (notamment à Daimler-Chrysler et à Opel) qui, face aux licenciements, a posé clairement la question de la solidarité entre travailleurs. Une tendance qui s’est encore confirmée en Espagne, en décembre 2005, à l’entreprise SEAT de Barcelone où les ouvriers ont mené leur lutte en dehors et contre les syndicats qui avaient signé dans leur dos «les accords de la honte» prévoyant le licenciement de 600 de leurs camarades.

Le mouvement des étudiants en France appartient donc à une lutte qui se développe à l’échelle de l’Histoire et dont l’issue finale permettra de sortir l’espèce humaine de l’impasse de la barbarie capitaliste. Les jeunes générations, qui ont engagé la lutte sur un terrain de classe ouvrent aujourd’hui les portes de l’avenir. Nous pouvons leur faire confiance : dans tous les pays, elles vont continuer à préparer un monde nouveau débarrassé de la concurrence, du profit, de l’exploitation, de la misère, et du chaos sanglant.

Évidemment, le chemin qui mène au renversement du capitalisme est encore long et parsemé d’embûches, de pièges de toutes sortes, mais il a commencé à se dégager.

Courant Communiste International (17 mars 2006)

 

 

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