Soumis par Révolution Inte... le

Socialisme utopique
Il y a toujours eu des penseurs humanistes qui ont fait des "plans" pour éliminer la pauvreté et les iniquités du monde. Pour la réalisation des "plans" ils faisaient appel aux riches et aux puissants de la terre. Cela va sans dire que le prolétariat était quasi inexistant et l'analphabétisme presque général, tandis que l'Église et le bistrot étaient les seuls endroits de distraction. On ne pouvait guère trouver là les conditions pour changer le monde.
Le capitalisme selon Marx
À la fin de la première moitié du 19e siècle Marx se fit connaître. Il disait qu'une société ne peut se changer par des plans fortuits, mais qu'elle se change par le développement des forces antagoniques engendré par cette société même. Quand on cherche la perspective du développement d'une société on doit analyser les forces antagoniques en son sein. Quant au capitalisme c'est un système fort, révolutionnaire, qui transforme le monde dans ses fondements économiques et politiques et transport ainsi la psychologie des hommes.
Le capitalisme n'est pas seulement une production d'article pour les besoins des hommes, mais aussi et surtout une production de capital. Ce sont deux côtés du même processus. Les machines et les matières premières ne sont pas seulement des moyens de production mais c'est aussi du capital. C’est-à-dire : le but de la production c'est de produire un profit (plus générale, plus-value) pour ses entrepreneurs, et le moyen pour atteindre ce but se trouve dans la production des marchandises pour les besoins des hommes.
Marx nous enseigne que le double aspect ne se même processus mène à de grandes catastrophes dans la société : chômage, incertitude de l'existence, stagnation de production, pauvreté, guerre, abaissement de la culture en général.
Pour Marx le problème du socialisme se poser ainsi : l'abaissement du niveau de vie, les catastrophes économiques sous forme de crise et de guerre engendre une effervescence dans la classe ouvrière et dans cette effervescence apparaît la lutte de classe. La classe ouvrière devient consciente des causes de catastrophes sociales. Elle comprend que la contradiction entre les moyens de production comme moyen pour satisfaire aux besoins de consommation et comme moyen de produire des profits, les forces productives entre en conflit avec la base juridique de la société et là exige la suppression du capital lui-même et son corollaire, le salariat. Il s'agit de donner de nouvelles règles économiques pour toute la production, l'industrie, l'agriculture et pour la distribution des biens. Société sans marcher, sans valeur, sans prix et sans argent. Une économie réglée par le temps de travail. Le temps de travail servant de mesures et de base pour la production et la consommation. Une économie réglée par les travailleurs, eux-mêmes comme association de producteurs consommateur libre et égaux (voir “la critique du programme de Gotha”).
La crise mortelle
Cette perspective de catastrophe et de stagnation à susciter beaucoup d'erreurs chez les révolutionnaires. Pendant une trentaine d'années jusqu'en 1890 le capitalisme ne se développait guerre (excepté en Allemagne après 1870) et on croyait le capitalisme déjà au bout de ses forces. Et cette stagnation a donnée naissance à l'opinion que la période de la Révolution devait commencer. Marx lui-même était victime de cette erreur. Après 1890 le capitalisme éprouvait de nouveau stimulant par de nouveaux procédés de production et par l'impérialisme. L’élévation du niveau de vie (engendrer par l'augmentation de l'intensité du travail et par là l'augmentation de la valeur de la force de travail) s’est produite sur une très grande couche du prolétariat. Ce phénomène était en contradiction avec les prévisions des révolutionnaires et Rosa Luxembourg cherche à donner une explication dans son livre “l'accumulation du capital”. Elle cherchait à prouver qu'il s'agissait seulement d'un délai de la mort certaine du capitalisme.
En Allemagne 1923 envoyer de nouveau un “effondrement du capitalisme” et les discussions véhémentes sur la “crise mortelle” conduisaient à une scission du K.A.P.D. (communiste de conseils). Ceux qui ne pouvaient souscrire à la thèse de la “crise mortelle” étaient exclus à cause de leur “penchant réformiste”. Mais la crise s'est montrée de longue durée puisque maintenant en 1938 le patient n'est pas encore mort et plus prudent, on parle à présent du capitalisme décadent.
Rosa Luxembourg
Il est bon d'examiner un peu les théories de l'effondrement. Rosa avait l'opinion que le capitalisme ne pouvait exister sans marcher non capitaliste (comme l'Asie, l'Afrique) parce que, selon son opinion, la production capitaliste doit toujours avoir une surproduction, laquelle ne peut être absorbé dans les sphères capitalistes. La conséquence de cette théorie était un effondrement certain du capitalisme quand ces marchés supplémentaires auraient disparu le capitalisme ne marcherait plus. R. L. Croyez pouvoir éprouver cette thèse par des schémas de production et d'échanges qui, selon elle, montre toujours un déséquilibre.
Entre autres le bien connu marxiste hollandais A. Pannekoek, à critiquer ce livre et montrer que Rosa s'était trompé utilisant les schémas de Rosa Luxembourg. Mais cela se pose seulement parce qu'elle a utilisé de faux chiffres. Il n'est pas difficile de donner des schémas ou la reproduction ne marche pas. Mais dans une œuvre théorique, la tâche de Rosa Luxembourg était de montrer qu'il n'était jamais possible d'établir un schéma ou les deux sections de production soit équilibrée. Justement Pannekoek apportait la preuve du contraire en établissant un schéma d'après laquelle ce n'était plus le capitalisme mais la théorie de Rosa qui s'écroulait.
Henryk Grossmann
Environ 20 ans après, en 1929, H. Grossmann publia "la loi de l'effondrement du système capitaliste". Dans ce livre il fait une critique serrée des schémas de Rosa Luxembourg contre lesquels il utilise des schémas équilibrés. Aussi pour Grossman il n'est nullement nécessaire pour l'économie capitaliste qu'il y ait des marchés supplémentaires extra-capitalistes. Mais malgré cette production “harmonieuse” les crises économiques sont, chez Grossman inévitable et au cours du processus historique, toujours plus difficile à surmonter. Enfin ces crises mènent à un effondrement certain du capitalisme.
Pourquoi cet effondrement ? l'explication est assez simple. Tout le monde sait que la technique va, de conquête en conquête, rationalisant la production. Cela a pour conséquence d'augmenter le capital constant et fixe : les machines et les quantités de matière première qui sont usées en moins de temps. Autrement dit : le capital fixe dans les moyens de production s’agrandit toujours. Mais étant donné le sens de la rationalisation qui est justement de produire plus de marchandises avec moins de travailleurs, il va sans dire que le capital investi par travailleur ça grandit toujours. Par conséquent chaque ouvrier doit produire un profit toujours plus grand. Plus la technique se développe, plus l'exploitation des travailleurs doit augmenter. C’est là la conséquence du développement technique pour les travailleurs.
Mais quelles sont les conséquences pour les capitalistes ? quand la plus-value, créer par les travailleurs se répartit sur un capital croissant, le taux de profit a tendance à diminuer dans la mesure où le capital s'accroît. Tant que le capital augmente il est difficile de maintenir le taux de profit.
On peut exprimer cette difficulté en d'autres termes. Un manque de profit signifie que l'exploitation des travailleurs est trop basse. Alors il s'agit d'augmenter l'exploitation par la diminution des salaires, l'augmentation de la productivité de travail et l'augmentation du temps de travail journalier. Mais il est clair que ces moyens on leur limite, et enfin ils ne peuvent pas sauver la base du capitalisme. Il y a pourtant d'autres moyens. Ce sont les changements dans l'organisation du capital et de la vie économique en général. Ce sont la concentration et la centralisation du capital, l'élimination des petits marchands, l'organisation de la consommation. À notre époque nous voyons ces méthodes l'organisation de la consommation dans l'économie dirigée par l'État et dans les nations nationalisation.
Grossman montre que tout cela ne peut pas sauver le capitalisme parce que le processus de l'accumulation doit se continuer. Non seulement continuer mais s'accélérer parce que la lutte sur le marché mondial détermine cela. Le résultat de tout cela est que l'accumulation mène à des guerres acharnées, à un niveau de vie très bas pour les classes travailleuses et enfin une stagnation économique permanente. Le capitalisme ne marche plus et s'écroule.
A. Pannekoek a combattu cette théorie également. Il voit en l'aile un nouvel effort d'établir un effondrement automatique du système capitaliste. Et c'est ce qu'il estime faux et dangereux. Ce n'est cependant pas qu'il voit de meilleures perspectives pour les capitalistes ou pour les ouvriers, c'est-à-dire pour le développement de la société capitaliste. Les schémas de production il avait donné en sa critique de Rosa mène à une marche toujours plus lente de l'accumulation, dans la pratique à une crise permanente, une société figée. Mais on doit immédiatement ajouter que ces schémas n'était pas fait pour montrer un effondrement, ou pour démontrer une fin certaine du capitalisme, ils avaient seulement pour raison de démontrer que le capitalisme n'a pas besoin de marchés supplémentaires comme le croyait Rosa Luxembourg.
"L’effondrement"
Quand Pannekoek attaque les théories de "l'effondrement", c'est pour montrer le processus de la révolution réelle. Chez Grossman, l'effondrement signifie que le capitalisme aboutit économiquement à une situation de fonctionnement impossible, comme une machine qui s'est grippée et s'arrête. C'est-à-dire que les hommes sont obligés d'intervenir et la remplacer par une meilleure, peu importe que la classe des propriétaires qui doit l'accomplir soit encore composé d'esclaves humble ou obéissant. Cette conception de la révolution, comme une contrainte mécanique était très répandue, c'est-à-dire chez l'intelligentsia bourgeoise et socialiste qui ne comprenait pas la base du matérialisme historique. La conscience est déterminée par l'existence. Ils cherchent la force motrice de la révolution dans la libre volonté c'est-à-dire dans la morale des hommes (les réformistes) ou dans la contrainte d'un effondrement économique (les fatalistes). Et à celui qui nie cette catastrophe on lui attribue une conception volontariste.
Mais cela n'a rien à voir avec le "volontarisme". Il est sûr que le capitalisme se développe au travers de catastrophe économique et politique, et que la classe ouvrière se défend contre les tendances destructrices. Parmi les catastrophes et ses luttes de travailleurs, la conscience pour changer le monde croît… Il niait une "conscience socialiste" qui s'exprime déjà à présent dans le désir d'une "économie dirigée". Cette conception malheureusement fausse et défiguré profondément par une partie de la classe possédante et par les bureaucrates des parties et des syndicats pour augmenter l'exploitation de la population travailleuse et qui pour résultat de diminuer la liberté individuelle, est malgré tout, aussi un trait de la conscience socialiste une acquisition de la conscience prolétarienne. Cette acquisition est aussi née des catastrophes économiques et politiques et des luttes de classe.
Dans l'avenir cette conscience sera remplie d'un contenu plus précis. Sous le joug de l'économie dirigée du capital et ses acolytes, les masses apprennent que l'exploitation peut seulement être abolie et la liberté assurée que sous la direction des masses travailleuses elles-mêmes. Et ce n'est pas une chose de harangues ou de "volontarisme". C’est la lutte de classe même qu'il le leur apprend. De plus les syndicats et les partis sont reconnus comme partisans de l'oppression et la lutte ira en se développant de plus en plus sous la direction des masses. Ils deviennent des millions, dirigeant leur propre force point et quand cette façon de lutter sera devenue le "sens commun" les conceptions de l'économie dirigée prendront aussi la tendance d'une direction de la société par les masses sans détour de l'État. La société sera alors mûre pour la révolution, c'est-à-dire : pour l'effondrement du capitalisme.
Et c'est ainsi que la révolution est elle-même l'effondrement du capitalisme et cela, on ne peut le trouver dans aucun schéma.
Le socialisme
Dans la seconde moitié du 19e siècle on croyait le capitalisme au bout de son rouleau, en 1923 on parlait de la crise mortelle, et en 1948 on parle de capitalisme décadent. Par ces appréciations on veut dire que le capitalisme sera bientôt vaincu par le socialisme. C’est-à-dire, on compte toujours sur un effondrement économique du capitalisme. Cette orientation est erronée. L'étude de l'économie mondiale est sûrement d'une très grande importance mais pour juger de l'effondrement du capitalisme nous sommes obligés de mesurer les forces du prolétariat sous sa propre direction. Quand ces forces sont encore peu développées, l'effondrement n'est pas proche malgré un capitalisme "décadent", ou une crise "mortelle". C'est pourquoi l'orbite de la propagande dans l'avenir doit être dirigée sur la lutte de classe indépendante de tous les partis et les syndicats.
Quelles sont les perspectives de cette pluie ? Ce problème sera examiné dans le prochain numéro.
(à suivre)
Polo