Les motions : une pratique à développer dans les assemblées générales.

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Le lieu où la classe ouvrière peut exprimer sa force et décider de la conduite de sa lutte, ce sont ses assemblées générales. C'est bien pourquoi une des armes essentielles de la bourgeoisie contre les luttes ouvrières, c'est le sabotage des assemblées ouvrières. Ce n'est pas par hasard si, dans toute la phase de montée de la lutte des hôpitaux, coordinations et syndicats ont tout fait pour éviter que ne se tiennent des assemblées générales sur les lieux de travail et s'ils n'ont invité les ouvriers à le faire que lorsque la lutte était déjà engagée sur un terrain pourri et que tout le dispositif d'encadrement du mouvement était déjà solidement mis en place. Mais, lorsque les forces de la bourgeoisie ne peuvent plus s'opposer à la tenue d'assemblées générales au risque d'être débordées , ce sont généralement elles qui les convoquent et qui s'arrangent pour les manipuler de l'intérieur, pour aire en sorte que les décisions soient prises dans la plus grande confusion possible, pour étouffer toute initiative "gênante" et toute discussion et prise de position de l'assemblée sur celles-ci, bref éviter que celles-ci soient des assemblées réellement souveraines et, enfin de compte, les transformer en simples chambres d'enregistrement des décisions d'un "bureau" auto‑proclamé par les syndicats ou les gauchistes, assemblées auxquelles les ouvriers écœurés renoncent finalement à participer:

Partie intégrante et outil essentiel au service de la souveraineté des assemblées générales et donc de toute réelle prise en mains de la lutte par les ouvriers eux-mêmes, est la pratique des motions. Travailler par motions, c'est à dire sur la base de propositions claires et concrètes concernant les différents aspects de la lutte (revendications prioritaires, décisions concrètes à prendre pour la recherche de l'extension et de l'unité avec d'autres travailleurs...) sur lesquelles la discussion et les votes peuvent se faire clairement, est un moyen indispensable de la vie des assemblées ouvrières. C'est d'abord le seul moyen pour que ces dernières soient capables d'agir et de décider dans la plus grande clarté politique en se prononçant en toute connaissance de cause sur toutes les propositions qui sont faites. Ensuite l'importance d'appeler l'assemblée à se prononcer sur une motion est d'autant plus grande que se pose de manière aiguë la nécessité pour les ouvriers de contrer les magouilles et les manipulations des bureaux auto‑proclamés. Prendre l'initiative de propositions concrètes de marche ‑individuellement ou au nom d'un groupe d'ouvriers au sein de l'assemblée‑ se battre pour que celles-ci soient mises aux voix et ne soient pas passées sous la table par le "bureau", passe par la rédaction de motions.

Les ouvriers ont encore trop tendance aujourd'hui à abandonner la lutte à des "spécialistes", à s'en remettre à eux pour les décisions à prendre et à se laisser manipuler dans des simulacres d"'assemblées démocratiques" où toute initiative réelle leur est retirée. Leur disputer âprement le contrôle de la lutte, prendre l'initiative et fonctionner en assemblée réellement souveraine est un combat inévitable qui reste à mener. La pratique des motions en fait partie.

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Nous publions ci-dessous deux motions présentées à deux moments différents durant la lutte des hôpitaux. La première a été présentée par un groupe d'infirmiers à l'assemblée qui rassemblait près de 3.000 personnes à la suite de la' manifestation du 29/9 à Paris, assemblée chapeautée par la fameuse "coordination infirmière d'Île de France". La lecture de cette motion sera brutalement interrompue par les coups de sifflets de la cabale de la coordination et le bureau la passera sous silence, sans aucune réaction de l'assemblée.

La seconde était présentée par un groupe d'ouvriers de la fonction publique et soutenue par des infirmiers dans l'assemblée convoquée le 15/10 par la "coordination des personnels de santé' montée par les trotskystes de "Lutte Ouvrière" et devenue nationale. Cette fois les ouvriers de la fonction publique porteurs de cette motion seront mis à la porte manu militari par le service d'ordre de la coordination avant même d'avoir pu porter la motion à la connaissance de l'assemblée (sur les pratiques du bureau-LO à cette occasion, voir article "Les magouilles de Lutte Ouvrière").



MOTION POUR LA RÉUNION DE LA COORDINATION
DU 29/9/88

L'assemblée des infirmier(e)s  en grève réunie le 29 septembre considérant :

  • la dégradation générale de la situation sociale qui règne dans le pays dont font partie les attaques contre les conditions de travail et les salaires des infirmiers et le délabrement de tout le système de soins ;
  • la ferme volonté des infirmier(e)s de lutter pour la satisfaction des revendications

estime :

  • que seul le front le plus large possible et unifié de tous les travailleurs est en mesure de faire reculer les attaques de l'État
  • que l'enfermement de la lutte dans la corporation ne peut mener qu'à la défaite comme l'ont montré par exemple la grève des cheminots en décembre 86 ou celle des instituteurs en janvier 87

affirme :

  • que seule une prise en main directe de la lutte par l'ensemble des travailleurs permettra de gagner, ce qui signifie : assemblées générales souveraines, délégués élus et révocables par les assemblées générales

propose :

  • l'extension de la lutte au sein même des hôpitaux à tous les personnels : employés des services administratifs, entretien, etc..
  • la constitution immédiate de délégations chargées de contacter les autres secteurs en lutte (TV, radio) ou qui ont manifesté déjà leur combativité face aux mesures d'austérité (PTT, SNCF, etc.).

L'assemblée générale en conséquence lance un appel à l'ensemble des travailleurs, actifs ou au chômage, de la fonction publique ou du privé pour qu'ils se joignent à la lutte.


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 MOTION QUE VOULAIENT PRÉSENTER
DES TRAVAILLEURS DU SECTEUR PUBLIC
MIS A LA PORTE MANU-MILITARI
PAR LE SERVICE D'ORDRE DE LA COORDINATION

 

L'assemblée générale du 15 octobre de la coordination des personnels de santé appelle tous les travailleurs du secteur public et du secteur privé à entrer immédiatement et massivement dans la lutte.

L'austérité est la même pour tous, nos revendications fondamentales sont partout les mêmes : les salaires, les effectifs, les conditions de travail. Seul le front de lutte le plus large et le plus uni sera en mesure de faire reculer l'austérité, de faire aboutir nos revendications.

L'assemblée générale décide de diffuser le plus largement possible cet appel. Elle appelle les assemblées générales des personnels hospitaliers à le faire sien et à le diffuser dans les entreprises proches et particulièrement celles du secteur public (centres de tri, de chèques postaux, dépôts SNCF et de transports urbains, etc. ...).

 

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