Une implication claire et décidée dans la lutte.

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Sur la base d'un suivi sérieux, "pointu", de l'évolution de la situation en France, le CCI avait mis en avant depuis des mois le développement des potentialités pour un mouvement massif de riposte de la classe ouvrière aux attaques de la bourgeoisie. Cette analyse qu'il développe en permanence dans sa presse depuis le début de l'année 88 se trouve confirmée au printemps par une série de luttes à Chausson, à la Snecma, à Michelin (malgré le contexte défavorable des campagnes électorales à répétition), et au mois de juin à St Nazaire (malgré le facteur défavorable constitué par la proximité des congés annuels). Durant ces luttes, en particulier celle de la Snecma, il met également en évidence la stratégie de la bourgeoisie visant à isoler et enfermer chaque lutte dans l'entreprise ou la corporation. Il met également en relief cette tendance de la bourgeoisie, initiée lors de la grève des cheminots durant l'hiver 86/87, confirmée ensuite dans la grève des instituteurs peu après, à utiliser les coordinations au premier rang de ses forces d'encadrement pour posséder les ouvriers de leur lutte. Il démontre alors comment celles-ci, animés par les gauchistes et des syndicalistes de base, ont fondamentalement le même rôle d'enfermement et d'isolement des luttes que les syndicats; comment pour assumer leur sale besogne, elles tendent à s'appuyer et développer les faiblesses corporatistes existant au sein de la classe ouvrière. C'est ainsi en particulier que le CCI avait énoncé le rôle de la coordination inter-Snecma dans le conflit de cette entreprise, ainsi que celui des gauchistes de L.O. et de la L.C.R. en son sein.

Son suivi de la situation sociale, ses analyses et son intervention dans les conflits du printemps ont fart que, globalement, le CCI n'a pas été surpris à l'automne 88 ni par la combativité qui s'est exprimée dans les luttes ni par les manœuvres de la bourgeoisie. C'est pourquoi il a pu au sein de ces luttes, au niveau que lui permettent ses fors, à la fois pousser à la réalisation des potentialités énormes contenues dans la situation et confronter les manœuvres de la bourgeoisie.

Pour la prise en charge de la lutte par les ouvriers eux-mêmes
Pour son extension à tous les secteurs
Contre les manœuvres d’enfermement et de division des coordinations

Dés le 29 septembre, alors qu'une "coordination" auto-proclamée, inconnue de la très grande majorité des ouvriers, appelle à une manifestation infirmière, les militants du CCI sont à pieds d'œuvre, prêts à pousser l'ensemble des ouvriers à développer leur combat au delà du secteur hospitalier. Prêts également à contrer et dénoncer les agissements de l'ennemi de classe, en particulier la coordination, dont le but est d'étouffer dans l'œuf cette lutte et d'entamer, à travers elle, un travail de dispersion de la combativité montante au sein de toute la classe ouvrière.

Dans la manifestation parisienne de 30.000 personnes qui exprime la poussée générale de la combativité ouvrière, les militants du CCI diffusent la presse révolutionnaire, suscitent des discussions avec des manifestants où ils insistent sur la nécessité d'élargir le plus rapidement possible la lutte à d'autres secteurs..

C'est fondamentalement le même sens qu'ils donnent à leur intervention dans le meeting qui a lieu en fin de manifestation. Ce meeting est appelé par la coordination infirmière pour ... former une coordination ! Son but, en clair, est d'obtenir du mouvement une légitimité qu'elle n'a pas encore.

D'un côté il y a le "présidium", les "organisateurs", leur "claque" gauchiste et syndicaliste répartis dans toute la salle. Ils manœuvrent, magouillent pour s'imposer au détriment de l'assemblée générale, l'empêchant d'exprimer sa souveraineté et d'élire dans la clarté de véritables délégués, la divisant en écartant les non infirmiers vers une autre coordination surgie d'on ne sait d'où, toute prête à les accueillir, et imposant leur proposition, la seule qui sera votée, consistant à différer d'une semaine le début de la grève dans les hôpitaux.

En face, une volonté, qui s'exprime dans l'assemblée, de ne pas s'en remettre aux premiers organisateurs venus, une méfiance légitime par rapport à cette coordination, qui n'est certainement pas l'émanation de la lutte et que personne ne cornait. Les militants du CCI encouragent l'expression de cette méfiance et prennent la parole pour réclamer une véritable assemblée générale, parvenant tant bien que mal à ce que leur voix se fasse entendre malgré les efforts contraires des spécialistes de l'encadrement qui font tout pour la couvrir. Ils sont également de ceux qui protestent contre la manœuvre de division, contre le coup d'arrêt porté à la mobilisation. Ils interviennent également, malgré l'hostilité et les menaces sournoises des "organisateurs", et les préjugés corporatistes ambiants, pour avancer la nécessité de l'extension aux autres secteurs ‑ceux pie la fonction publique en particulier‑ car il s'y développe une certaine effervescence comme aux PTT. Ces interventions leur valent quelques discussions à la sortie du meeting avec un certain nombre d'ouvriers écœurés par la pratique de la coordination.

Le soir même, le "Comité pour l'Extension des luttes" (cf. chapitre "l'intervention d'un comité de lutte") dans lequel participent certains camarades du C.C.I., entreprend la rédaction du tract "Coordinations auto‑proclamées = danger ; Ne nous laissons pas diviser ! Tous unis dans la lutte", allant dans le même sens. Dés le lendemain il sera diffusé dans les hôpitaux et vers d'autres secteurs en région parisienne. Durant cette semaine également nos camarades travaillant dans la santé, aux PTT, à l'EDF ont pour mission de pousser au développement de la lutte, à se mobiliser massivement.

Lors de la manifestation du 6 octobre, le CCI poursuit son intervention dans le même sens, en s'appuyant sur la mobilisation et la combativité qu'elle révèle (plus de 50.000 manifestants), d'autant lus que d'autres secteurs des hôpitaux se sont cette fois mobilisés plus massivement, allant ainsi dans le sens d'un élargissement du mouvement. Cependant il met de plus en plus l'accent sur la nécessité d'une réelle prise en mains de la lutte par les ouvriers, d'autant que dans le secteur hospitalier les coordinations font tout pour les en déposséder afin d'étendre leur emprise sur le mouvement (elles commencent à y parvenir) et que dans d'autres secteurs sensibles comme les PTT, les gauchistes et même la CGT préparent discrètement de telles structures pour parer à tout développement de la lutte.

En effet, la prise en mains réelle de la lutte, à travers la tenue d'assemblées générales et l'élection de délégués révocables formant des comités de grèves, est seule à même de permettre la conduite de la lutte par les ouvriers eux-mêmes, et donc son extension aux autres secteurs.

C'est par rapport à ces questions essentielles que se cristallisera le combat dans les réunions des coordinations celle des infirmières et celle dite inter-catégorielle du personnel de santé, qui se tiennent à Paris le 8 octobre où celles-ci ont l'intention de se faire reconnaître définitivement en tant que coordinations nationales du mouvement. A ce moment là était nécessaire d'alerter les ouvriers présents dans les réunions des deux coordinations sur la manière dont celles-ci opèrent pour leur confisquer leur lutte, pour les isoler des autres secteurs et au sein même du secteur hospitalier.

Dans celle des infirmières, un camarade infirmier dénonce de l'intérieur comment la coordination est en train de stériliser la combativité réelle dans le corporatisme. D'autres camarades, infirmiers et non infirmiers, qui se sont vus interdire l'accès à l'AG, dénoncent à l'entrée les méthodes de filtrage et de flicage qui n'ont rien à envier à celles de la CGT. Des ouvriers présents se reconnaissent dans ces propos.

Dans celle dite inter-catégorielle, des camarades dénoncent l'illégitimité du présidium, de son ordre du jour, tous deux parachutés, et en appellent à la souveraineté de l'A.G. Pour faire obstacle aux manœuvres de division et aux manipulations, alors que les deux coordinations siègent de façon séparée à 500 mètres l'une de l'autre, ils mettent en avant la nécessité d'une seule assemblée regroupant l'ensemble des ouvriers présents dans l'une et l'autre, qu'ils soient infirmiers ou non.

A partir de ce moment et afin de donner le maximum de force à cette orientation pour la prise en mains et l'extension de la lutte, le CCI entreprend la diffusion d'un tract, destiné à tous les secteurs de la classe ouvrière, particulièrement ceux du public, dans toutes les villes de France où il est présent. Ce tract se justifie par le fait que la situation contient encore des potentialités de développement au delà du secteur hospitalier, mais aussi parce que la bourgeoisie tend à avoir une emprise de plus en plus importante sur la lutte des hôpitaux. C'est une véritable course poursuite entre la classe ouvrière et la bourgeoisie qui se joue alors. Le tract intitulé "Contre les attaques de la bourgeoisie, Lutte massive et unie de tous les secteurs" constitue un appel à tous les ouvriers à se joindre à ce combat qui les concerne tous, et met clairement en évidence que sans un tel élargissement de la lutte et sans l'unité ouvrière, on va à la défaite.

Il faut reconnaître à présent que cette intervention générale du CCI, par tract, a présenté quelques faiblesses: la plus importante est qu'elle a lieu avec un certain retard, à un moment où les potentialités du mouvement te sont plus les meilleures. Mais également ce tract appuie la revendication des "2000 F pour tous". Le C.C.I. a été illusionné comme une grande majorité d'ouvriers, par cette revendication parce qu'elle concerne tous les ouvriers, sans voir cependant assez tôt son caractère de surenchère démagogique, sans soupçonner assez tôt l'utilisation qu'allaient en faire les syndicats et les coordinations dans les semaines suivantes pour décourager et stériliser la volonté de lutte.

Ce tract est diffusé pendant une semaine durant laquelle les militants du CCI sur leurs lieux de travail appellent à la lutte. Il est diffusé à la manifestation du 13 octobre à Paris qui rassemble derrière syndicats et coordinations plus de 100.000 personnes. Cette manifestation est suivie d'une réunion à Jussieu de la coordination dite "inter catégorielle" et dans laquelle ils interviennent également. Ils appuient la tentative faite par une délégation envoyée par l'AG du personnel hospitalier d'un grand hôpital de la région parisienne ("Maison Blanche") de présenter une lettre dénonçant les magouilles des coordinations qui ont usurpé la représentativité de la lutte en se l'accaparant. Lettre remise par naïveté au présidium et dont il ne soufflera mot malgré les protestations de ses porteurs.

Il ne faut plus s'y tromper, l'emprise des coordinations sur le mouvement est à ce moment là bien réelle. De ce fait l'intervention du CCI prend essentiellement pour axe la dénonciation du sabotage fait par les coordinations et les gauchistes, mais aussi celui de pousser dés à présent à la réflexion en profondeur des ouvriers sur ce qu'ils sont en train de subir. C'est pour cela, et dans le but de mettre en porte à faux les "organisateurs", que dans cette même réunion de la coordination les militants du CCI appuient également des amendements à la motion du présidium qui proposent que la coordination soit basée sur des délégués élus et révocables des AG des hôpitaux. Bien crue cette intervention parvienne un moment à semer un certain désarroi de l"'encadrement" gauchiste, la "claque gauchiste" des militants de L.O. venus gonfler artificiellement l'assemblée se fait de plus en plus pesante et agressive, et parvient ainsi à "rétablir" la situation.

Le samedi suivant les militants du CCI interviennent de nouveau à une réunion de cette môme coordination. Afin que le plus possible d'ouvriers voient la nature et le rôle réel des coordinations le CCI soutient l'action d'un groupe de travailleurs de différents secteurs, venus défendre la nécessité pour les assemblées ouvrières d'être ouvertes à tous les travailleurs et proposer la lecture d'une motion pour l'extension du mouvement aux autres secteurs. Un moment désarçonné par ces "empêcheurs de tourner en rond", le présidium se démasque et appelle ses hommes de main (des militants de LO) à les exclure manu militari, ainsi que des infirmier(e)s présents dans la salle qui s'élevaient contre ces méthodes staliniennes, et les militants du CCI. Cet événement a provoqué un émoi dans l'AG d'autant que les infirmiers exclus diffusaient à la sortie la lettre de l'hôpital de maison blanche dont la lecture publique avait pût être évitée par le présidium de la coordination lors de sa réunion précédente, deux jours auparavant. Il a mis au pied du mur les "organisateurs", les magouilleurs, qui néanmoins sont parvenus à "s'en sortir" en invoquant hypocritement un malentendu. Le CCI malheureusement n'a pas su, par naïveté réagir sur le champ à cette nouvelle manœuvre en la dénonçant.

Dans la semaine qui suit, forte de l'emprise complète des coordinations sur le mouvement dans le secteur hospitalier, du retours en force des syndicats sur le devant de la scène dans tous les secteurs, la bourgeoisie cherche à développer le déboussolement et la dispersion dans toute la classe ouvrière. C'est le sens des appels à l'extension de la lutte dans tous les secteurs de la fonction publique lancés par les syndicats et les gauchistes.

Faire prendre conscience aux ouvriers de la manœuvre d’ampleur
que la bourgeoisie est en train de réussir pour disperser leur combativité

A ce moment là il n'est plus question pour le C.C.I. d'appeler à la lutte. Celan 'aurait participé qu'à pousser dans le sens de la dispersion, du trouble, de l'épuisement dans l'isolement dans les rangs ouvriers que les syndicats et coordinations s'attachaient à développer, alors qu'ils tendaient à occuper totalement le terrain social.

La tâche essentielle consiste alors à mettre en garde les ouvriers contre les menées aventuristes des syndicats et coordinations, leur faire apparaître le plus clairement possible comment le gouvernement, la gauche, les gauchistes sont parvenus à travers la grève des infirmières à disperser la montée d'une vague de mécontentement qui menaçait de déboucher sur un mouvement d'ampleur de l'ensemble de la classe ouvrière. A cette fin il fallait mettre en cohérence tous les éléments de cette manœuvre d'ampleur, préparée de longue date, utilisant le secteur infirmier, à son insu, en exploitant ses préjugés corporatistes et élitistes, et mettant les coordinations en première ligne de ses forces d'encadrement. Tels furent la démarche et l'objectif du tract "Les luttes ouvrières ne peuvent se développer et vaincre qu'en dehors et contre les syndicats et les coordinations " que le CCI a commencé à diffuser à partir du 24 Octobre dans tous les secteurs de la classe ouvrière en France.

Durant le courant du mois de Novembre, malgré k déboussolement créé par le dénouement de la grève dans les hôpitaux, le désir de partir en lutte, d'en découdre demeure fort chez les ouvriers de certains secteurs, comme aux PTT, à la sécurité sociale. Souvent l'intervention des militants du CCI dans certains centre de tri parisiens, à l'EDF, dans certains centres de sécurité sociale en province a pu éviter que localement les ouvriers cèdent aux sirènes syndicales et gauchistes: se battre oui, certainement, mais pas dans n'importe quelle conditions ! Non aux aventures, non aux grèves longues et minoritaires dans lesquelles nous poussent les gauchistes et syndicalistes afin d'émietter et épuiser la combativité ouvrière.

Tel demeurera fondamentalement le sens de notre intervention jusqu'au mois de Décembre, à travers tous ses moyens d'expression: presse, réunions publiques, discussions avec contacts, sur les lieux de travail.

Courant décembre il se révèle encore nécessaire d'intervenir à nouveau par un tract diffusé nationalement dans tous les secteurs. En effet, les syndicats et en particulier la CGT ont effectué un retour en force sur le devant de la scène, accentuant le trouble dans les rangs ouvriers, l'éparpillement de la lutte par des grèves dures, sectorielles et "impopulaires" comme celle du métra parisien. Dans ce tract intitulé "NON à la dispersion organisée OUI à l'unité des luttes ouvrières", le CCI dénonce essentiellement l'entreprise de dispersion à laquelle se livre la bourgeoisie depuis le début de la lutte des infirmières, via ses différentes fractions et organes d'encadrement.

Être dans la lutte et combattre pour son unité et son élargissement,
une nécessité actuelle des organisations révolutionnaires.

Cette nouvelle expérience faite par le CCI montre non seulement que l'intervention des révolutionnaires est nécessaire et possible au cœur même des batailles que mène la classe ouvrière (ce que d'autres groupes révolutionnaires ne semble ni vouloir ni être à même de comprendre, vu leur absence ou leur attitude d'expectative consistant à regarder la lute du trottoir) mais également qu'elle a, d'ores et déjà un poids dans la confrontation entre prolétariat et bourgeoisie.

Cette intervention nécessite de leur part, bien sur, une présence constante et active dans les luttes, mais aussi la clarté qui doit leur permettre d'analyser l'évolution du rapport de force et ses fluctuations (qui en quelques jours, voire en quelques heures peur basculer dans un sens ou dans un autre) afin d'adapter sans cesse leur intervention à cette évolution, avancer les propositions concrètes de marche les plus adéquates.

Même si le combat est encore long et difficile parce que les syndicats et les gauchistes chercheront encore longtemps à garder le contrôle des luttes, à les isoler, les diviser, les éparpiller, parce qu'ils parviendront encore longtemps à fliquer et dénaturer les assemblées ouvrières, les révolutionnaires doivent d'ores et déjà et devront toujours être partie prenante du combat de leur classe. Ils devront tout faire pour l'aider à déjouer les pièges qui lui sont tendus.

Une responsabilité toute aussi importante est dé l'aider, à la fin de chaque lutte, à tirer rapidement le maximum de leçons sur les raisons des échecs, et de mettre en avant les conditions nécessaires aux succès futurs.

C'est à travers leur participation au combat quotidien de leur classe que les révolutionnaires monteront qu'ils sont une force indispensable. C'est à travers cette participation qu'ils renforceront leur capacité à assumer leur rôle d'avant-garde. C'est à travers elle qu'ils renforceront leur capacité à assumer leur rôle d'avant-garde, qu'ils participent à forger l'arme indispensable des combats révolutionnaires de demain, le Parti Mondial du prolétariat

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