Soumis par CCI le
LCR : les faiseurs de coordinations à la rescousse du syndicalisme
"Les infirmières et les personnels de santé ont
retrouvé le chemin d'un syndicalisme originel, à vocation majoritaire,
efficace, unitaire, dirigé par tous dans la plus grande démocratie".
C'est en ces termes que, à l'occasion de la récente constitution de la "coordination infirmière" en "association loi 1901", "Rouge", organe de la "Ligue Communiste Révolutionnaire" trotskyste, lâche le morceau dans son numéro du 10/11 sur la véritable nature des fameuses "coordinations" qui ont tant fait parler d'elles pendant la grève des hôpitaux. Et on peut dire que la LCR sait de quoi elle parle, elle qui fait partie des principaux animateurs de la plupart des coordinations qui fleurissent un peu partout en ce moment.
A l'heure où la classe ouvrière rejette de plus en plus ouvertement les syndicats, refuse de marcher derrière leurs consignes et développe une saine méfiance contre l'encadrement syndical, ce sont ces "nouvelles organisations", surgies on ne sait trop d'où, qui sont "offertes" aux ouvriers comme une prétendue alternative au syndicalisme. Elles se prétendent des structures qui n'auraient rien à voir avec les syndicats, mais qui au contraire, permettraient de lutter enfin contre les manœuvres de division et de sabotage systématiques des luttes ouvrières par les syndicats, auxquelles s'est heurtée depuis des décennies la classe ouvrière.
Eh bien, les masques tombent ! Un des principaux promoteurs de ce mensonge, en la personne de la LCR, passe aux aveux complets ! Les lanternes n'étaient les des vessies !
En effet, si nous laissons de côté les grands mots d'unitaire'', "démocratique", "dirigé par tous", qui sont là pour faire joli, c'est par contre une profonde vérité que contient la révélation de "Rouge" : les coordinations, c'est du syndicalisme pur, et c'est du syndicalisme efficace !
D'ailleurs il n'est pas besoin de gratter bien loin : qui fabrique les coordinations ? Celle des infirmières ? Elle a été montée par la CFDT, aidée de divers militants gauchistes, qui sont en même temps des militants syndicaux (cachant leur carte pour les besoins de la cause). De même il n'est un secret pour personne que la plupart des coordinations qui ont vu le jour récemment dans les PTT sont des simples cache-sexe de... la CGT !
Auto-proclamées, préexistant le plus souvent à la mobilisation réelle, centralisation artificielle et prématurée sur laquelle les ouvriers en lutte n'ont aucun contrôle, elles œuvrent -exactement comme les syndicats- à empêcher la prise en mains de la lutte par les assemblées souveraines de grévistes, en se présentant comme des organes spécialisés, à qui revient le rôle de diriger, coordonner et orienter le mouvement au nom et à la place des ouvriers. A ce niveau les coordinations sont à peu près autant "dirigées par tous" que le sont les syndicats et elles savent aussi bien et mieux qu'eux mener "démocratiquement" la danse dans une AG, à qui il est demandé simplement de leur faire confiance. Exactement comme les syndicats !
Championnes du corporatisme et de l'enfermement dans le secteur, elles oeuvrent, exactement comme les syndicats, à saboter l'extension et l'unification du mouvement. Et si elles protestent à grands cris contre les divisions entre syndicats, c'est parce qu'elles leur préfèrent... les divisions entre coordinations se partageant le travail pour saucissonner la lutte !
Les coordinations : des syndicats auxquels il ne manque que le nom
C'est d'ailleurs à ce propos que la L.C.R explique pourquoi la "coordination infirmière" a préféré se constituer en association 1901 plutôt qu'en syndicat. Selon "Rouge" : "Créer un syndicat des seules infirmières, alors que sont nées bien d'autres coordinations remplissant les mêmes fonctions pour leur catégorie, c'eût été offrir au syndicalisme corporatiste déjà existant un cadeau royal, celui de la division confirmée entre corps de métier". Discours plus puant, tu meurs ! S'il est un organe qui s'est fait depuis sa création le champion du corporatisme et de "la division entre corps de métier", c'est bien la "coordination des infirmières d'Île de France", (et avec elle les autres coordinations selon le principe "à chacun sa catégorie" !).
Plus prosaïquement, la raison pour laquelle, en devenant une institution permanente légale, la coordination des infirmières préfère ne pas prendre le nom de syndicat, c'est que ce serait dégonfler la baudruche ! L'efficacité des coordinations, leur capacité à jouer leur rôle d'organe d'encadrement "new look" des ouvriers et à ne pas se laisser déborder, dépend du masque apparemment extra-syndical dont elles se parent.
De plus ‑comme le dit la L.C.R. elle-même‑ "les syndiqués auraient été sommés de choisir entre leur syndicat d’origine et le nouveau" et "aucun reniement syndical ne doit être exigé". Et pour cause ! Ce sont les mêmes militants gauchistes et syndicalistes qui sont à l'œuvre dans les deux structures. Et pour eux, champions du syndicalisme et fabricants de "coordinations" en tout genre, il ne s'agit pas tant de remplacer les syndicats, que de les compléter, de se partager le travail avec eux, et finalement leur permettre de revenir en force sur le devant de la scène, comme ils viennent de le montrer dans la grève des hôpitaux, mais aussi dans les PTT, tout comme à la SNCF en 86, ou à la SNECMA au printemps dernier.
Et c'est là le second aveu de "Rouge" : "II (le mouvement des coordinations) ne s'est pas bâti contre les syndicats traditionnels, mais à cause de leurs carences. Que les syndicats classiques en prennent de la graine, qu'ils procèdent à la révision critique nécessaire", (...) "les syndicalistes unitaires (autrement dit les militants trotskystes, bâtisseurs de coordinations) ont compris, ont participé, ont appuyé le mouvement. Ils ne peuvent qu'en faire bénéficier leur syndicat maintenant".
En vérité, les trotskystes se désolent, avec l'ensemble de la bourgeoisie, de ce qu'ils appellent "la crise de crédibilité du syndicalisme traditionnel" et ils ne font rien d'autre que de multiplier les offres de service pour tenter de le requinquer.
Révolution Internationale N' 174* * * * *- Si la classe ouvrière a des doutes sur la nature et le rôle des gauchistes, la bourgeoisie, elle, sait reconnaître les siens, en tant que maîtres d'œuvre des coordinations. Voilà ce qu'en dit le "Monde" au sein de l'article cité précédemment :
"Comme ce fut le cas avec les étudiants et les
cheminots (hiver 1986‑1987), dans le conflit de la SNECMA (début 1988), les amis d'Alain Krivine,
l'indéboussolable dirigeant de la Ligue communiste révolutionnaire (L.C.R.)
sont montés en ligne. Avec d autant plus de facilité, dans ce milieu faiblement
syndicalisé, que le terrain avait été préparé pendant les vacances. La L.C.R.
avait lancé un ballon d'essai au printemps parmi les infirmières
aides-anesthésistes, "celles qui vont déjeuner avec les internes quand les
autres vont au self', comme dit M. René Champeau, secrétaire général de la
fédération FO des personnels de la fonction publique et de la santé".
- Voilà
ce qu'en dit le "Point", dans son N' 840 au sein de l'article
"Parti socialiste : Les trotskistes ont pignon sur rue" :
"... Or, les militants trotskistes, qui, lors de la dernière élection présidentielle ont plafonné autour de 2% des suffrages (...), sont riches dune expérience organisationnelle et d'une pratique militante qui leur permettent de s'installer sans difficulté dans les courants sociaux‑démocrates prompts d s'embourgeoiser et d s'encroûter dans l'exercice du pouvoir. Mieux : les socialistes, dés lors qu'ils sentent le souffle leur manquer, n'hésitent jamais d faire appel d ce sang neuf."
"Que fait François Mitterrand entre 1971 et 1973 ? Il ouvre les portes du PS aux anciens du PC, au risque de se faire traiter de cryptocommuniste. Que fait le candidat de la gauche après l'élection présidentielle de 1974 ? Il accueille la deuxième gauche, conduite par Michel Rocard, ancien porte-voix du mouvement de Mai 68 qui, quelques mois plus tôt, défilait encore aux côtés d'Alain Krivine, le patron de la L.C.R. (Ligue communiste révolutionnaire). Que dit enfin François Mitterrand au congrès de l'unification d Épinay ? "Nous avons d conquérir chez les gauchistes..". Pas étonnant, donc, que des trotskistes s'installent aujourd'hui au P.S.