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Dans la nuit du 23 au 24 octobre 1956, les ouvriers de Budapest, suivis presque immédiatement par ceux de toute la Hongrie, excédés par les conditions d’exploitation infernales et la terreur imposées par le régime stalinien en place depuis 1948, se révoltèrent dans une insurrection armée embrasant le pays. En l’espace de 24 heures, la grève gagnait les principales villes industrielles et la classe ouvrière, organisée en conseils, prenait le contrôle du soulèvement.
Cette révolte, authentique, du prolétariat hongrois contre l’ordre capitaliste à la mode stalinienne (pesant avec la force d’une chape de plomb sur les ouvriers des pays de l’Est de l’Europe) est une réalité que la bourgeoisie, depuis maintenant 50 ans, n’a eu de cesse soit de dissimuler, soit (le plus souvent) de dénaturer. Dans sa version expurgée et falsifiée, la place et les actes déterminants du prolétariat sont minimisés au possible. Et, lorsqu’il faut en venir au rôle central des conseils ouvriers autant dire que ces derniers ne sont évoqués que du bout des lèvres, au détour d’une anecdote ou noyés dans un amoncellement de Comités, Conseils nationaux ou municipaux plus nationalistes les uns que les autres, quand ce n’est pas, au bout du compte, pour être jeté purement et simplement aux oubliettes.
Déjà en 1956, les mensonges les plus crapuleux circulaient à l’Est comme à l’Ouest. Selon le Kremlin, relayé par les Partis communistes d’Europe, les événements de Hongrie étaient une "insurrection fasciste" manipulée par les "impérialistes d’occident". Pour les staliniens de l’époque, outre la nécessité de préparer et trouver une justification à l’écrasement du prolétariat hongrois par les chars russes, il fallait maintenir, vis-à-vis des ouvriers de l’Ouest, l’illusion sur la prétendue nature "socialiste" du bloc soviétique et éviter à tout prix qu’ils ne reconnaissent dans le soulèvement de leurs frères hongrois la manifestation d’une lutte prolétarienne.
L’insurrection hongroise était donc transformée par les uns en "œuvre de bandes fascistes à la solde des Etats-Unis" tandis que pour les autres, la bourgeoisie des pays du bloc occidental, elle devenait une lutte pour "le triomphe de la démocratie", "de la liberté" et pour "l’indépendance nationale". Si ces deux mensonges sont complémentaires et se rejoignent pour dissimuler à la classe ouvrière sa propre histoire, c’est la version d’un combat patriotique où toute les classes se confondent dans un "élan populaire" pour la "victoire de la démocratie" qui deviendra (avec l’étalement au grand jour des crimes du stalinisme et plus encore après l’effondrement du bloc de l’Est) l’axe unique de la propagande bourgeoise.
Ainsi, la bourgeoisie, en commémorant tous les 10 ans l’écrasement de cette lutte, poursuit son entreprise entamée à l’origine des évènements dans le seul but d’empêcher la classe ouvrière de comprendre que l’insurrection hongroise ne fait que traduire sa propre nature révolutionnaire, sa capacité à affronter l’Etat et à s’organiser pour cela en conseils ouvriers. Cette nature révolutionnaire est d’autant plus manifeste qu’elle s’exprime en 1956, au cours du pire moment qui soit, celui de la contre-révolution, lorsqu’à l’échelle mondiale le prolétariat se trouve au plus bas de ses forces, laminé par la Seconde Guerre mondiale, muselé et contrôlé par les syndicats et leurs cousins de la police politique. Aussi, c’est la raison pour laquelle, dans ce contexte difficile, la révolte de 1956 ne pouvait en aucun cas se muer en une tentative consciente de la part du prolétariat de s’emparer du pouvoir politique et de bâtir une nouvelle société.
L'exploitation forcenée du stalinisme
Comme de coutume, la réalité est bien différente de ce qu’en présente la bourgeoisie. L’insurrection hongroise est, avant toute chose, une riposte prolétarienne à la féroce surexploitation qui se met en place dans les pays tombés sous la domination impérialiste de l’URSS après la Seconde Guerre mondiale.
Après les tourments de la guerre, les coups de bottes du régime fasciste de l’amiral Horthy[1] puis ceux du gouvernement de transition (1944-1948), c’est sous les bottes staliniennes que les ouvriers hongrois vont connaître une autre forme de descente aux enfers.
A la fin de la guerre, dans les territoires que l’on dit "libérés" de l’occupation nazie en Europe de l’Est, le "libérateur" soviétique a la ferme intention de prendre racine et de prolonger son empire jusqu’aux portes de l’Autriche. L’armée rouge (talonnée par la police politique russe, le NKVD) domine alors un espace qui s’étend de la Baltique aux Balkans. Dans toute cette région, les pillages, les viols et les déportations en masse vers les camps de travaux forcés figurent au menu sanglant de l’occupation soviétique et constituent un avant-goût de ce que sera bientôt l’installation définitive des régimes staliniens. En Hongrie, c’est à partir de 1948, lorsque l’hégémonie du Parti communiste sur l’appareil politique devient sans partage, que la stalinisation du pays se révèle être un fait acquis. Matyas Rakosi[2], celui que l’on dit être le meilleur élève de Staline, entouré de sa bande d’assassins et de tortionnaires (à l’image du sinistre Gerö[3]), devient la personnification même de tout l’édifice stalinien en Hongrie dont les principaux piliers seront (selon la recette bien connue) : terreur politique et exploitation sans limites de la classe ouvrière.
L'Union soviétique, vainqueur et occupant de l’Est de l’Europe, exige des pays vaincus et occupés, en particulier ceux ayant collaboré avec les puissances de l’Axe, comme ce fut le cas pour la Hongrie, le paiement de lourdes réparations. En fait, il ne s’agit que d’un prétexte visant à inféoder les systèmes de production des pays nouvellement satellisés et à les faire tourner à plein régime au profit exclusif des intérêts économiques et impérialistes de l’URSS. Un véritable système de vampirisation se met en place dès 1945-1946 avec, par exemple, le démontage de certaines usines et leur transfert (ouvriers compris) sur le sol russe.Dans la même veine, il y a aussi l’instauration du COMECON, le marché "d’échange privilégié" de 1949 où les privilèges sont à sens unique. Ici, l’Etat russe peut écouler sa production en la vendant à des prix nettement supérieurs à ceux en usage sur le marché mondial. Inversement, il se procure chez ses satellites des produits à prix dérisoires.
C’est donc toute l’économie hongroise qui se plie aux quatre volontés et aux plans de production de la maison mère russe, ce qu’illustre magistralement l’année 1953 et le déclenchement de la guerre de Corée où la Hongrie se voit contrainte par l’URSS de reconvertir la grande majorité de ses usines en fabriques d’armes. D’ailleurs, elle deviendra, à partir de cette date, le principal fournisseur en armement de l’Union soviétique.
Pour satisfaire les desiderata économiques et les impératifs militaires russes, la politique d’industrialisation hongroise va se faire à marche forcée et à vitesse accélérée. Les plans quinquennaux, notamment celui de 1950, assurent un bond de la production et de la productivité sans précédent. Mais, puisque les miracles ne tombent pas du ciel, dans la coulisse, sous les rouages de cette industrialisation galopante on trouve, sans surprise, l’exploitation effrénée de la classe ouvrière. La moindre parcelle de son énergie sera aspirée pour réaliser le plan de 1950-1954 donnant la priorité à l’industrie lourde liée à la production d’armement. Celle-ci sera multipliée par 5 à l’issue du plan.
Tout est mis en œuvre pour saigner aux quatre veines le prolétariat hongrois. Dans cet esprit, sera instauré et systématisé le salaire aux pièces, accompagné de quotas de production périodiquement révisés à la hausse. Le PC roumain disait à ce propos, avec une forte dose de cynisme, que "le travail aux pièces est un système révolutionnaire qui élimine l’inertie…tout le monde a la possibilité de travailler plus durement…", en réalité le système "élimine" surtout ceux qui refusent la "possibilité" de mourir à la tâche pour un salaire de misère.
Un peu comme le mythique Sisyphe condamné dans les Enfers à pousser sans relâche un rocher sur la pente d’une montagne, les Sisyphe hongrois étaient condamnés aux cadences de travail infernales et ininterrompues.
Dans la plupart des usines, à la fin de chaque mois, la direction s’apercevait fatalement du dangereux retard pris sur les prévisions inhumaines du plan. Le signal était alors donné pour la "grande ruée", l’explosion des cadences pareille à la "Stourmovtchina"[4] endurée régulièrement par les ouvriers russes. Et des "Stourmovtchina" il y en avait non seulement à la fin de chaque mois, mais, de plus en plus, à la fin de chaque semaine. Au moment de la "grande ruée", les heures supplémentaires pleuvaient à verse, comme le nombre d’accidents du travail. Les hommes et les machines étaient alors poussés jusqu’à leur ultime limite.
Pour couronner le tout, il n’était pas rare que les ouvriers aient l’adorable surprise, à leur arrivée à l’usine, de découvrir la "lettre d’engagement" signée et envoyée en leur nom par…le syndicat. Déjà exténués, ils se retrouvaient avec, dans les pattes, "l’engagement solennel" d’augmenter la production (une fois de plus) en l’honneur de tel ou tel anniversaire ou fête. En fait, toutes les occasions étaient bonnes pour lancer ce type de journées de travail "volontaire"…et gratuit (cela va sans dire). De mars 1950 à février 1951, on compte jusqu’à 11 de ces journées : jour de la "libération", 1er mai, semaine de la Corée, anniversaire de Rakosi et autres prétextes propices aux réjouissances et aux heures supplémentaires non payées.
Pendant la période du 1er plan quinquennal, alors que la production était multipliée par 2, et la productivité augmentée de 63%, le niveau de vie des ouvriers s’effondrait inexorablement. Sur 5 ans, de 1949 à 1954, le salaire net fut réduit de 20% et, au cours de l’année 1956, seulement 15% des familles vivaient au-dessus du minimum vital défini par les experts du régime eux-mêmes !
L’ère du stakhanovisme ne s’est évidemment pas invitée en Hongrie sur la base du volontariat et de l’amour de la "patrie socialiste". Il va de soi que la classe dominante l’a imposée avec toute la persuasion de la terreur, les menaces de représailles violentes et les très fortes sanctions en cas de non accomplissement des normes de production (atteignant chaque fois de nouveaux sommets).
La terreur stalinienne prendra alors tout son sens au sein des usines. C’est ainsi que le 9 janvier 1950, le gouvernement adopta un décret interdisant aux ouvriers de quitter leur lieu de travail sans permission. La discipline était stricte et les "infractions" punies de lourdes amendes.
Cette terreur quotidienne impliquait nécessairement une infrastructure policière omniprésente. Police et syndicats se devaient d’être partout, à tel point qu’en certains endroits la situation virait carrément au burlesque. L’usine MOFEM de Magyarovar dont l’effectif avait triplé entre 1950 et 1956, , , dut recruter, pour assurer le contrôle répressif de ses ouvriers, non pas trois fois plus mais dix fois plus de personnel de surveillance : permanents du syndicat, du parti et de la police intérieure de l’usine.
Les statuts donnés aux syndicats en 1950, par le régime, sont de ce point de vue sans équivoque : "…organiser et étendre l’émulation socialiste des travailleurs, combattre pour une meilleure organisation du travail, pour le renforcement de la discipline…et l’augmentation de la productivité".
Mais les amendes et les brimades n’étaient malheureusement pas les seules sanctions contre les "récalcitrants".
Le 6 décembre 1948, le ministre de l’industrie, Istvan Kossa, en visite dans la ville de Debrecen vociféra contre "…les travailleurs [qui] ont adopté une attitude terroriste envers les directeurs des industries nationalisées…". Dit autrement, ceux-ci ne se pliaient pas de "bon cœur" aux normes stakhanovistes ou tout simplement ne parvenaient pas à atteindre les quotas invraisemblables de production exigés. Dès lors, les ouvriers qui ne paraissaient pas assez "amoureux" de leur travail étaient régulièrement dénoncés comme "agents du capitalisme occidental", "fascistes" ou "escrocs".
Kossa ajouta lors de son discours que, s’ils ne changeaient pas d’"attitude", une période de travaux forcés pourrait les y aider. Et ce n’était pas une menace en l’air comme l’illustre ce cas, parmi tant d’autres, d’un ouvrier de l’usine de wagons de Györ accusé "d’escroquerie au salaire" et condamné en conséquence à une peine d’emprisonnement dans un camp d’internement. Le témoignage de Sandor Kopacsi, directeur des internements en 1949 et préfet de police de Budapest en 1956, est lui aussi édifiant : "D’après les données, je pus constater que les camps étaient peuplés d’ouvriers, de cultivateurs peu fortunés ; quelques personnes relevaient de classes hostiles au régime. La tâche [du directeur] était simple : il fallait prolonger, généralement de six mois le temps d’internement des détenus. […] Six mois d’internement ou six mois de prolongation. Ce n’était évidemment pas les "dix ans" et les "quinze ans" de rallonge, de rigueur dans les grandes terres de Sibérie…N’empêche que l’internement, c’était l’internement, et même avec le système de prolongation de "six mois en six mois", les condamnés ne retournaient pas à la vie civile, pas plus que ceux qui dégustaient de quinze à vingt-cinq ans dans le grand nord de la Sibérie."[5] En 1955, le nombre de détenus explose et il se trouve étrangement que la majorité d'entre eux sont de ces ouvriers "récalcitrants".
Sous le régime Rakosi, des dizaines de milliers de personnes disparaissaient sans laisser de traces…elles étaient en fait arrêtées et internées. On disait alors qu’un mal profond frappait la Hongrie : "le mal de la sonnette". Ce qui voulait dire que lorsqu’on sonnait le matin chez quelqu’un, on ne pouvait jamais savoir si c’était le laitier ou un agent de la police politique (AVH).
L’insurrection authentiquement prolétarienne d’octobre 1956
Malgré le règne de la terreur, la présence de l’Armée rouge et les tortures de l’AVH , la colère au sein du prolétariat était de plus en plus palpable, et ce dès 1948. Le ressentiment des ouvriers n’était plus très loin d’exploser dans la rue. Ils sentaient monter en eux le besoin irrépressible de se débarrasser de tout l’appareil hiérarchisé de la bureaucratie soviétique, depuis ceux qui se trouvent au sommet et prennent les décisions clés, concernant le niveau et les normes de production, jusqu’aux contremaîtres et autres surveillants qui, le chrono à la main, les pressaient pour qu’ils transforment les plans en produits finis.
Les ouvriers excédés étaient au bout du rouleau. Les conditions d’exploitation n’étaient plus tolérables, l’insurrection était en train de couver.
Ce que l’URSS a mis en place en Hongrie était bien entendu identique à ce qui pouvait se passer dans les autres Etats stalinisés du Bloc de l’Est. C’est pourquoi le mécontentement des ouvriers y fut tout aussi présent. Dès le début du mois de juin de l’année 1953, les ouvriers tchécoslovaques, à Pilsen, s’étaient affrontés à l’appareil d’Etat stalinien car ils refusaient de continuer à être payés sous la forme du fameux salaire aux pièces. Une quinzaine de jours plus tard, le 17 juin 1953, c’est à Berlin-Est qu’une grande grève, conduite par les ouvriers du bâtiment, éclate suite au relèvement général de 10% des normes de production et à une perte de salaire de l’ordre de 30%. Les ouvriers défilèrent dans la Stalin Allee au cris de "A bas la tyrannie des normes", "on est des travailleurs pas des esclaves". Des comités de grèves surgirent spontanément pour pousser à l’extension de la lutte et marchèrent vers l’autre secteur de la ville pour appeler les ouvriers de l’Ouest à se joindre à eux. Le célèbre mur n’étant pas encore construit, les alliés occidentaux décidèrent de boucler précipitamment leur secteur. Ce furent les chars russes stationnés en RDA (Allemagne de l’Est) qui mirent fin à cette grève. Voilà comment, à l’Est comme à l’Ouest, la bourgeoisie conjuguait ses forces, dans la plus parfaite des ententes, pour faire face à la réaction prolétarienne. Au même moment, d’autres manifestations et soulèvements ouvriers surgirent dans 7 villes polonaises. La loi martiale fut proclamée à Varsovie, Cracovie, en Silésie et, là encore, les chars russes durent intervenir pour réprimer l’agitation ouvrière. La Hongrie n’était pas en reste. Des grèves éclatèrent, d’abord dans le quartier ouvrier, le grand centre de production de fer et d’acier de Csepel à Budapest, pour s’étendre à d’autres villes industrielles comme Ozd et Diösgyör.
Le vent de révolte contre le stalinisme qui souffla sur les terres de l’Est devait justement trouver son point d’orgue dans l’insurrection hongroise d’octobre 1956.
Le climat d’agitation qui traverse la Hongrie inquiète évidemment au plus haut point le Kremlin. Pour tenter de relâcher la pression de cette chaudière surchauffée, Moscou décide d’écarter temporairement du pouvoir celui qui incarne la terreur du régime, Matyas Rakosi, en le démettant en juin 1953 de son poste de premier ministre. Revenu au pouvoir en 1955, il en est à nouveau limogé en juillet 1956. Mais rien n’y fait, la tension accumulée est trop importante et les conditions de vie sont inchangées ; la chaudière est prête à exploser.
Dans cette ambiance pré-insurrectionnelle, propice au renversement du régime en place, les fractions nationalistes de la bourgeoisie hongroise comprennent vite qu’elles ont une carte à jouer pour se débarrasser de leur vassalité à l’égard de Moscou, ou du moins pour desserrer leurs colliers et rallonger leurs laisses. La soviétisation à marche forcée de l’Etat hongrois, la prise de pouvoir totale et sans partage par les hommes du Kremlin soutenus par les chars de l’armée rouge, une industrie intégralement mise au service des intérêts économiques et impérialistes de l’URSS…c’en est trop pour la bourgeoisie nationale qui attend son heure pour chasser l’occupant. Les aspirations d’indépendance nationale sont très présentes, y compris chez certains staliniens hongrois, les "communistes nationaux", appelant de leurs vœux une "voie hongroise du socialisme" à l’image de bon nombre d’intellectuels. Ils feront d’Imre Nagy[6] leur champion, le "héros" de l’insurrection d’octobre. De même, la soviétisation de l’armée n’avait pu se faire sans concessions à l’égard du nationalisme des anciens officiers. L’alliance avec l’URSS, pour eux, ne correspondait pas aux exigences de l’intérêt national qui s’orientait plus traditionnellement vers l’Ouest. Avec le soulèvement d’octobre, l’armée elle aussi entrevoit la possibilité de se dégager des entraves staliniennes. C’est pourquoi, elle participera en partie aux combats de rue. Cet élan de résistance patriotique sera incarné par le général Pal Maleter et les troupes de la caserne Kilian de Budapest. Ce sont ces fractions de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie qui empoisonneront l’atmosphère de révolte ouvrière avec leur propagande nationaliste. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si, jusqu’à aujourd’hui, la classe dominante a cherché à faire de Nagy et de Maleter des personnages mythiques des événements de 1956. En ne retenant que ces "icônes" bourgeoises, elle accrédite le mensonge d’une "révolution de libération démocratique et nationale".
Voilà pourquoi, depuis le limogeage de Rakosi en juillet, le climat d’agitation est entretenu par la pression des éléments petits bourgeois, les intellectuels nationalistes de l’Union des Ecrivains et les étudiants du Cercle Petofi. Ces derniers organiseront, le 23 octobre, une manifestation pacifique à Budapest à laquelle de nombreux ouvriers vont se joindre. Arrivés au pied de la statue du général Bem, une résolution de l’Union des Ecrivains est lue, exprimant les soit disant aspirations indépendantistes du "peuple hongrois".
Voici ce qui pour la bourgeoisie fut la quintessence de l’insurrection hongroise… un rassemblement d’étudiants et d’intellectuels luttant pour la libération de la nation du joug moscovite. Depuis 50 ans, la classe dominante jette ainsi le voile sur le principal acteur du soulèvement, la classe ouvrière et sa motivation qui, bien loin de la résistance nationale et de l’amour de la patrie, cherchait avant tout à résister aux terribles conditions de vie qui lui étaient imposées.
A l’heure des sorties d’usines, la manifestation est rejointe massivement par les ouvriers de Budapest. Alors que le rassemblement est officiellement terminé, les ouvriers ne se dispersent pas, bien au contraire. Plutôt que de rester sur leur faim, ils convergent à la fois vers la place du Parlement et la statue de Staline qu’ils commencent à détruire à coup de masse et de chalumeau. Puis, la marée humaine se dirige du côté de la Maison de la radio pour protester contre une allocution du 1er ministre Gerö qui accusait les manifestants de n’être qu’une "bande d’aventuriers nationalistes visant à briser le pouvoir de la classe ouvrière". C’est là que la police politique (AVH) ouvre le feu sur la foule et que le mouvement de protestation bascule dans l’insurrection armée. Les intellectuels nationalistes, à l’initiative de la manifestation, étaient à ce point dépassés par la tournure des évènements que, de l’aveu même du secrétaire du Cercle Petofi, Balazs Nagy, ils "freinaient le mouvement plutôt qu’ils ne l’impulsaient".
En 24 heures, la grève générale, forte de 4 millions d’ouvriers, s’installe dans toute la Hongrie. Dans les grands centres industriels des conseils ouvriers surgissent spontanément ; c’est de cette façon que la classe ouvrière s’organise et prend le contrôle de l’insurrection.
Les prolétaires constituent sans conteste l’épine dorsale du mouvement et le démontrent par une combativité et une détermination à toute épreuve. Ils s’arment et dressent partout des barricades, se battent à chaque coin de rue de la capitale à armes inégales contre l’AVH et les chars russes. En effet, les AVH sont très vite débordés par les événements et le tout nouveau gouvernement, formé dans l’urgence et conduit par le "progressiste" Imre Nagy, en appelle, sans l’ombre d’une hésitation, à l’intervention des chars soviétique afin de protéger le régime de la colère ouvrière. Ce dirigeant n’aura alors de cesse d’en appeler à la restauration de l’ordre et à la "soumission des insurgés". Plus tard, ce champion de la démocratie affirmera que l’intervention des forces soviétique "a été nécessaire dans l’intérêt de la discipline socialiste".
Les tanks font leur entrée dans Budapest le 24 octobre vers 2h du matin et c’est dans les banlieues ouvrières que les blindés se heurtent aux premières barricades. L’usine de Csepel avec ses milliers de métallos va offrir la plus opiniâtre des résistances : fusils désuets et cocktails Molotov contre divisions de blindés russes.
Nagy, le candidat légitime de toutes les aspirations nationalistes, est incapable de ramener le calme. Il n’obtiendra jamais la confiance et le désarmement des ouvriers parce que, contrairement aux intellectuels et à une partie de l’armée hongroise, les travailleurs ne luttaient pas pour "la délivrance nationale", bien qu’ils aient pu être contaminés par la propagande et les chants patriotiques ambiants, mais fondamentalement se révoltaient contre la terreur et l’exploitation.
Le 4 novembre, au même instant où Moscou remplace Nagy par Janos Kadar, 6000 tanks soviétiques fondent sur la capitale pour une seconde charge afin de mettre un terme définitif au soulèvement. C’est la raison pour laquelle tout le poids de l’assaut se portera sur les banlieues ouvrières : Csepel la rouge, Ujpest, Kobanya, Dunapentele. Malgré un ennemi 100 fois supérieur en hommes et en matériel, les ouvriers continuent à se battre et résistent comme des lions.
"A Csepel, les ouvriers sont résolus à combattre. Le 7 novembre, un barrage d’artillerie y est déclenché appuyé par un bombardement aérien. Le lendemain, un émissaire soviétique vient demander aux ouvriers de se rendre. Ils refusent et le combat continue. Le jour suivant, un autre officier lança une dernière sommation : s’ils ne rendaient pas les armes, il n’y aurait pas de quartier. Une fois de plus, les insurgés refusèrent de se soumettre. Les tirs d’artillerie devinrent de plus en plus intenses. Les forces soviétiques employèrent des mortiers lance-fusée qui causèrent de graves dégâts aux usines et aux immeubles avoisinants. Les munitions épuisées, les ouvriers arrêtent le combat". (Budapest, l’insurrection, François Fejtö.)
Seuls la faim et le manque de munition semblaient pouvoir mettre un terme aux combats et à la résistance ouvrière.
Les quartiers ouvriers en sortirent entièrement rasés et certaines estimations font état de plusieurs dizaines de milliers de morts. Pourtant, malgré ces massacres, la grève se prolongea durant quelques semaines. Même quand celle-ci se termina, des actes de résistance continuèrent à se manifester sporadiquement jusqu’en janvier 1957.
L'organisation en conseils ouvriers ressurgit
Le courage, la révolte contre la misère, le ras le bol face aux conditions d’exploitation et à la terreur stalinienne sont des éléments de taille pour expliquer cette résistance pugnace des ouvriers hongrois mais il faut y ajouter un autre facteur de poids ; le fait que cette révolte fut organisée au moyen de conseils ouvriers.
A Budapest, comme en province, l’insurrection s’est immédiatement traduite par la constitution de conseils. Pour la première fois depuis presque 40 ans, les ouvriers de Hongrie dans leur lutte contre la bureaucratie stalinienne ont retrouvé spontanément les formes de l’organisation et du pouvoir prolétarien que leurs pères avaient fait surgir pour la première fois en Russie au cours de la Révolution de 1905 ainsi que lors de la vague révolutionnaire partie de Petrograd en 1917 pour atteindre Budapest en 1919 avec sa brève République des conseils. Dès le 25 octobre 1956, les villes de Dunapentele, Szolnok (grand nœud ferroviaire du pays), Pécs (dans les mines du Sud-Ouest), Debrecen, Szeged, Miscolk, Györ, sont dirigées par des conseils ouvriers qui organisent l’armement des insurgés, le ravitaillement et présentent les revendications économiques et politiques.
C’est par ce biais que fut conduite avec maîtrise la grève dans les principaux centres industriels de la Hongrie. Des secteurs aussi fondamentaux pour la mobilité du prolétariat que les transports, aussi vitaux que les hôpitaux et l’énergie électrique continuaient dans bien des cas à travailler sur ordre des conseils. De même concernant l’insurrection, les conseils formaient et contrôlaient les milices ouvrières, distribuaient l’armement (sous contrôle des ouvriers des arsenaux), et exigeaient la dissolution de certains organismes émanant du régime.
Très tôt, le 25 octobre, le conseil de Miscolk lance un appel aux conseils ouvriers de toutes les villes pour "coordonner leurs efforts en vue de créer un seul et unique mouvement" ; sa concrétisation sera beaucoup plus lente et chaotique. Après le 4 novembre, s’amorce une tentative pour coordonner sur le plan des arrondissements l’activité des conseils de Csepel. Dans les 13e et 14e arrondissements un premier conseil ouvrier d’arrondissement se met en place. Plus tard, le 13 novembre, le conseil d’Ujpest impulse la création d’un puissant conseil pour toute la capitale, c’est la naissance du Conseil Central du Grand Budapest. Premier pas, tardif, vers une autorité unifiée de la classe ouvrière.
Cependant, pour les ouvriers hongrois, le rôle politique des conseils, pourtant au cœur de cet organe voué à la prise de pouvoir, n’était qu’un pis-aller, une fonction que la situation imposait faute de mieux, en attendant que les "spécialistes", les "experts de la politique" se ressaisissent et prennent les rênes du pouvoir : "Personne ne suggère que les conseils ouvriers eux-mêmes pourraient être la représentation politique des ouvriers. Certes…le conseil ouvrier devait remplir certaines fonctions politique, car il s’opposait à un régime et les ouvriers n’avait pas d’autres représentations mais dans l’esprit des travailleurs c’était à titre provisoire." (Témoignage de Ferenc Töke, vice-président du Conseil central du Grand Budapest).
Les limites du mouvement et des conseils
Nous touchons ici une des limites majeures du soulèvement : le faible niveau de conscience du prolétariat hongrois qui, sans perspective révolutionnaire ni l’appui des ouvriers de tous les pays, ne pouvait faire de miracle. En effet, les événements de Hongrie se déroulaient à contre-courant, dans une sinistre période, celle de la contre-révolution pesant sur la classe ouvrière à l’Est comme à l’Ouest.
Il est vrai que les ouvriers ont constitué le moteur de l’insurrection contre le gouvernement soutenu par les tanks russes. Mais, si ce mouvement trouve son sens prolétarien dans la résistance farouche à l’exploitation, il est faux d’identifier la gigantesque combativité des ouvriers hongrois à une claire manifestation de la conscience révolutionnaire. L’insurrection ouvrière de 1956 marque inévitablement un recul du niveau de conscience des prolétaires par rapport à ce qu’il fut lors de la vague révolutionnaire de 1917-1923. Alors que les conseils ouvriers à la fin de la Première Guerre mondiale se présentent comme des organes politiques de la classe ouvrière, expression de sa dictature, les conseils de 1956 à aucun moment ne remettent en cause l’Etat. Si le conseil ouvrier de Miscolk proclame le 29 octobre "la suppression de l’AVH" (associée plus facilement à la terreur du régime) il ajoute dans la foulée que "Le gouvernement ne devra s’appuyer que sur deux forces armées, l’armée nationale et la police ordinaire." Non seulement l’Etat capitaliste n’est pas menacé dans son existence mais ses deux principales lignes de défense armée sont préservées.
A contrario, les conseils de 1919 qui avaient une compréhension claire du but historique de leur lutte, posèrent d’emblée la nécessité de dissoudre l’armée. A l’époque, les usines de Csepel, en même temps qu’elles créaient leurs conseils, prirent pour mot d’ordre :
"- abattre la bourgeoisie et ses institutions
- vive la dictature du prolétariat
- mobilisation pour la défense des acquis révolutionnaires par l’armement du peuple."
En 1956, les conseils iront jusqu’à se saborder eux-mêmes en se définissant comme de simples organes de gestion économique des usines : "Notre intention n’était pas de prétendre à un rôle politique. Nous pensions généralement que, de même qu’il fallait des spécialistes à la direction de l’économie, de même la direction politique devait être assumée par des experts." (Ferenc Töke). Parfois ils s’identifient même à une sorte de comité d’entreprise : "L’usine appartient aux ouvriers, ceux ci paient à l’Etat l’impôt calculé sur la base de la production de dividendes fixés selon les bénéfices…le conseil ouvrier tranche en cas de conflit l’embauche et le licenciement de tous les travailleurs" (résolution du Conseil du Grand Budapest)
Dans cette période sombre des années 1950, le prolétariat international est exsangue. Les appels du conseils de Budapest aux "travailleurs du reste du monde" pour des "grèves de solidarité" restent lettre morte. Et, à l’image de leurs frères de classe des autres pays, les ouvriers hongrois (malgré leur courage) ont une conscience très affaiblie. Dans ce contexte, les conseils surgissent instinctivement mais leur vocation, la prise de pouvoir, reste inévitablement absente. "La forme sans le contenu", les conseils de 1956 ne peuvent être compris que comme des conseils "inachevés" ou au mieux des ébauches de conseils.
Il est d’autant plus facile dès lors pour les officiers hongrois et les intellectuels d’enfermer les ouvriers dans la prison des idées nationalistes et pour les chars russes de les massacrer.
Si les conseils n’étaient pas considérés par les ouvriers comme des organes politiques, Kadar, le haut commandement russe et les grandes démocraties occidentales les considéraient, pour leur part et d’après leur expérience, comme des organes hautement politiques. En effet, malgré toutes les faiblesses de la classe ouvrière liées à la période, l’écrasement du prolétariat hongrois fut à la mesure de la crainte permanente qu’inspire à la bourgeoisie toute expression de la lutte prolétarienne.
Dès le début, quand Nagy parle de désarmer la classe ouvrière, il pense bien sûr aux sulfateuses mais aussi, et surtout, aux conseils. Et, lorsque Janos Kadar reprend le pouvoir en novembre, il exprime exactement la même préoccupation : les conseils doivent "être repris en mains et purgés des démagogues qui n’ont rien à y faire."
Ainsi, dès l’apparition des conseils, les syndicats à la solde du régime vont se lancer dans le travail qu’ils connaissent le mieux : le sabotage. Quand le Conseil National des Syndicats (CNS) "propose aux ouvriers et aux employés de commencer… à élire des conseils ouvriers dans les fabriques, les usines, les mines et dans tous les lieux de travail…" ce n’est que pour mieux en prendre le contrôle, renforcer leur tendance au confinement dans les tâches économiques, les empêcher de poser la question de la prise de pouvoir et les intégrer à l’appareil d’Etat. "Le conseil d’ouvriers sera responsable de sa gestion devant tous les travailleurs, et devant l’Etat… [les conseils] ont, dans l’immédiat, la tâche essentielle d’assurer la reprise du travail, de rétablir et de garantir l’ordre et la discipline." (Déclaration du présidium du CNS, le 27 octobre).
Fort heureusement, les syndicats, désignés sous le règne de Rakosi, n’ont que très peu de crédibilité auprès des ouvriers, comme le prouve cette rectification faite par le Conseil du Grand Budapest le 27 novembre : "Les syndicats essaient actuellement de présenter les conseils ouvriers comme s’ils furent constitués grâce à la lutte des syndicats. Il est superflu de préciser que c’est là une affirmation gratuite. Seuls les ouvriers ont combattu pour la création des conseils ouvriers et la lutte de ces conseils a été dans bien des cas entravée par les syndicats qui se sont gardés de les aider."
La bourgeoisie stalinienne déchaîne la répression avec la complicité de la bourgeoisie démocratique
Le 6 décembre, les arrestations des membres des conseils commencent (prélude à d’autres plus massives et sanglantes). Plusieurs usines sont encerclées par les troupes russes et les AVH. Dans l’île de Csepel, des centaines d’ouvriers rassemblent le peu de forces qui leur reste et livrent une dernière bataille pour empêcher la police de pénétrer dans les usines et de procéder aux arrestations. Le 15 décembre, la peine de mort pour fait de grève est mise en application par des tribunaux d’exception autorisés à exécuter sur place les ouvriers reconnus "coupables". Des guirlandes de pendus décorent les ponts du Danube.
Le 26 décembre, Gyorgy Marosan, social-démocrate et ministre de Kadar déclare que, si cela s’avère nécessaire, le gouvernement mettra à mort 10 000 personnes pour prouver que c’est lui le vrai gouvernement et non les conseils.
Avec la répression kadariste, c’est l’acharnement du Kremlin à écraser la classe ouvrière qui s’affiche. Pour Moscou, il faut certe mettre au pas les satellites et leurs velléités indépendantistes mais, bien avant cela, il s’agit d’éradiquer le spectre de la menace prolétarienne et son symbole, le conseil d’ouvriers. C’est pour cette raison que les Tito, Mao et les staliniens du monde entier ont accordés un soutien inconditionnel à la ligne du Kremlin.
Le bloc des grandes démocraties lui même donnera son blanc seing à la répression. L’ambassadeur américain à Moscou, Charles Bohlen, raconte dans ses mémoires que, le 29 octobre 1956, il avait été chargé par le secrétaire d’Etat John Foster Dulles de transmettre un message urgent aux dirigeants soviétiques Khroutchev, Joukov et Boulgamine. Dulles faisait dire aux dirigeants de l’URSS que les Etats-Unis ne considèraient pas la Hongrie ou quelque autre satellite que ce soit comme un allié militaire possible. Autrement dit, "messieurs vous êtes maîtres chez vous, à vous de faire le ménage".
Contrairement à tous les mensonges que la bourgeoisie n’a cessé de déverser sur l’insurrection de 1956 en Hongrie, c’est bien un combat ouvrier contre l’exploitation capitaliste qui y fut engagé. Certes, la période n’était pas propice. L’ensemble de la classe ouvrière n’avait plus le visage tourné vers la perspective d’une vague révolutionnaire internationale comme celle de 1917-1923 qui a vu fleurir l’éphémère République hongroise des Conseils en mars 1919. De ce fait, les ouvriers hongrois ne pouvaient clairement poser la nécessité de détruire le capitalisme et de prendre le pouvoir, ce qui explique d’autant mieux leurs incompréhensions quant à la nature hautement politique et subversive des conseils qu’ils avaient fait surgir au cours de leur lutte. Et pourtant, c’est bien la nature révolutionnaire du prolétariat lui-même qui venait d’être courageusement réaffirmée à travers la révolte des ouvriers hongrois et leur organisation en conseil ; la réaffirmation du rôle historique du prolétariat tel que l’avait formulé Tibor Szamuelly[7] en 1919 : "Notre but et notre tâche c’est l’anéantissement du capitalisme".
Jude, 28 juillet.
[1] Ancien chef militaire de Hongrie et dictateur (régent à vie) de 1920 à 1944.
[2] Secrétaire général du Parti communiste de Hongrie (KPU) et premier ministre de Hongrie à partir de 1952.
[3] Dirigeant du NKVD en Espagne, Enrö Gerö organise en Juillet 1937 le rapt et l’assassinat d’Erwin Wolf, proche collaborateur de Trotsky. Il revient en Hongrie dès 1945 pour continuer son office de boucher stalinien en tant que secrétaire général du Parti communiste hongrois.
[4] Mot russe qui désigne le même phénomène do forçage des cadences à l'extrême.
[5] Sandor Kopacsi, Au nom de la classe ouvrière.
[6] Le 13 juin 1953, dans le cadre de la déstalinisation, il remplaça Mátyás Rákosi comme ministre président. Quand il préconisa l'idée d'un "socialisme national et humain", la lutte pour le pouvoir recommença à l'intérieur du Parti et ce fut le groupe stalinien de son prédécesseur Rákosi qui l'emporta. Imre Nagy fut relevé de ses fonctions le 14 avril 1955 par la direction du Parti communiste hongrois et fut quelques mois plus tard exclu du parti
[7] Figure de proue du mouvement ouvrier hongrois, Tibor Szamuelly est l’ardent défenseur de la création d’un Parti Communiste Unitaire, regroupant marxistes et anarchistes, qui verra finalement le jour en novembre 1918 avec pour programme la dictature du prolétariat. Défenseur acharné de la révolution en Hongrie, il sera exécuté par les forces contre-révolutionnaires en août 1919.