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En principe, les Guignols de Canal + sont une caricature de nos hommes politiques. Mais on a souvent le sentiment que ce sont les politiciens eux-mêmes qui sont les caricatures de leur marionnette.
Sur Canal, Sarkozy apparaît comme un excité mégalomane et caractériel et, lorsqu’il n’est pas sous l’œil de la caméra, c’est bien comme cela qu’il se présente à ses proches. On en trouve régulièrement des illustrations dans le Canard enchaîné qui a la réputation d’être bien informé. Ainsi, dans le numéro du 4 mars du palmipède, on peut lire la tirade suivante du Président de la République française : “Je ne veux plus voir les enseignants, les chercheurs et les étudiants dans la rue ! Fini les projets de décret (sur les enseignants-chercheurs). Fini aussi les suppressions des IUFM. Vous me réglez ça. Vous vous couchez. Je m’en fous de ce que racontent les cons (1) du ministère ! S’il le faut, vous n’avez qu’à faire rédiger les textes par les syndicats, mais qu’on passe à autre chose ! On a bien assez de problèmes comme ça. De toute façon, ce n’étaient que des projets de merde”.
Les “cons” que fustige à longueur de semaines le Président sont les “experts” qu’il a lui-même mis en place. Quant aux “projets de merde”, ils font partie des “réformes” qu’il a promises pendant sa campagne électorale et qu’il répète vouloir maintenir, vaille que vaille. Mais comme tout petit garnement capricieux et tyrannique, le “Premier des Français” essaie de faire porter le chapeau de ses propres bêtises à ses camarades de la cour de récré (2).
Dans ce même numéro du Canard, on peut lire cet autre échantillon de la profondeur de vues du Président de la République : “Copé n’arrête pas de m’emmerder, de prendre des initiatives à l’Assemblée et des déclarations qui me font chier. Alors, s’il continue à me casser les couilles, il faudra lui couper les siennes, et vite.”
La pensée officielle essaie de nous vendre que “ceux qui nous gouvernent sont des hommes comme les autres”. C’est vrai en partie : ils se comportent comme n’importe quel petit chefaillon d’un chantier de BTP et n’ont rien à lui envier dans le domaine du machisme. Mais ce sont ces hommes qui assument, pour le compte de la classe exploiteuse, les attaques permanentes contre les exploités, et cela fait une petite différence avec les “gens ordinaires”. Entre eux, ils se détestent et c’est normal : ils veulent tous être “calife à la place du calife”. Il ne faut cependant pas se faire d’illusions : face à la classe ouvrière, ils se serrent les coudes.
La solidarité que celle-ci développe lorsqu’elle engage la lutte contre ses exploiteurs n’est pas circonstancielle comme celle de la bourgeoisie. Elle exprime au contraire son être profond de classe appelée à renverser ce système pourrissant et à instaurer une société libérée de l’exploitation de même que de toutes les bassesses dont le capitalisme se repaît.
Corentin (28 mars)
1)
Il est probable que ce sont les “cons” que Sarkozy humilie à
longueur d’années qui informent régulièrement le Canard.
2) Au passage, on peut constater que même s’il est caractériel, Sarkozy n’est pas idiot : il est parfaitement conscient que les syndicats peuvent être des gestionnaires avisés des intérêts du capital français.