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Le carnaval électoral est de retour en France avec son cortège
inépuisable de bluff, de magouilles politiciennes, de mensonges, d'illusions.
En réalité, les dés sont pipés d'avance : c'est
toujours la bourgeoisie qui gagne les élections. Sur ce terrain pourri,
les ouvriers n'ont rien à y défendre. L'expérience est
déjà faite depuis longtemps pour les prolétaires : que
la gauche ou la droite l'emporte, tel candidat ou tel autre, cela signifie pour
eux la même politique d'attaques incessantes de toutes les conditions
de vie ouvrière.
C'est pourquoi aujourd'hui encore les révolutionnaires appellent les
ouvriers à déserter toute participation électorale au nom
de la défense de leurs intérêts immédiats et historiques.
Ce n'est qu'en développant leurs luttes sur leur propre terrain de classe,
contre la misère, sur les lieux de travail, dans les grèves et
manifestations qu'ils peuvent réellement exprimer leur colère.
Cette attitude des révolutionnaires n'est pas spécifique aux élections
qui se déroulent aujourd'hui en France. C'est depuis le début
du siècle précédent que, contrairement au 19e , les ouvriers
n'ont plus aucune possibilité d'utiliser les élections pour défendre
leurs intérêts.
Au 19e siècle, tout au long de la période ascendante du capitalisme, la lutte ouvrière contre l'exploitation et l'oppression de la bourgeoisie passe nécessairement par une lutte pour des réformes, par d'âpres batailles revendicatives pour conquérir et arracher des améliorations possibles, réelles et durables des conditions de travail et d'existence des ouvriers sur le terrain économique et politique. A cette époque, le parlement pouvait être utilisé comme une tribune grâce à laquelle la classe ouvrière pouvait faire entendre sa voix, s'aménager une place dans un capitalisme encore florissant. De ce fait, tout en combattant les illusions sur la possibilité de parvenir au socialisme par des voies démocratiques, pacifiques, réformistes, les révolutionnaires étaient néanmoins partie prenante du combat pour l'obtention du suffrage universel. Ils appelaient les ouvriers dans certaines circonstances à participer aux élections et au parlement bourgeois pour favoriser l'obtention de telles réformes en jouant sur les oppositions entre fractions progressistes et réactionnaires de la classe dominante qui s'y affrontent.
A la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle par contre, le capitalisme ayant désormais étendu sa domination à l'ensemble de la planète, il ne peut plus être un système progressiste. Il ne peut plus parvenir à surmonter les contradictions économiques qui l'assaillent, il ne peut plus résoudre ses crises cycliques de surproduction car il se heurte aux limites d'un marché mondial de plus en plus saturé. Tous les rapports sociaux de production, propriété privée, salariat, nation, qui avaient constitué le cadre à partir duquel le capitalisme a pu se généraliser à toute la planète et qui avaient permis un formidable développement des forces productives, se transforment en autant d'entraves à ce développement.
Le capitalisme entre définitivement dans une crise historique permanente. Il ne peut désormais survivre qu'à travers un cycle infernal de crise, guerre, reconstruction, nouvelle crise plus aigüe..., entraînant avec lui l'ensemble de l'humanité dans une barbarie et une misère toujours plus grandes.
Ces contradictions insurmontables qui assaillent le capitalisme depuis le début du 20e siècle acquièrent de par leur intensité, leur durée, leur généralisation à tous les pays, une dimension qualitativement nouvelle. Elles placent la classe ouvrière devant la nécessité et la possibilité d'oeuvrer directement au renversement du capitalisme.
Désormais, la survie du capitalisme, compte tenu de l'âpreté de la concurrence entre les différentes fractions nationales de la bourgeoisie qui se disputent les débouchés de plus en plus rares sur le marché mondial, implique une intensification de l'exploitation et des attaques contre toutes les conditions de vie ouvrière. Désormais, il est hors de question pour la bourgeoisie d'accorder dans quelque domaine que ce soit, économique ou politique, des réformes réelles et durables à la classe ouvrière. C'est l'inverse qu'elle lui impose : toujours plus de sacrifices, de misère, d'exploitation et de barbarie.
Dans ces conditions, il n'est plus possible pour le prolétariat de se
défendre sur le terrain des institutions bourgeoises. Sa seule tâche
est maintenant de se préparer à affirmer sa propre perspective
révolutionnaire afin de détruire ce système agonisant de
fond en comble.
Pour y parvenir, il doit rejeter toutes ses méthodes de lutte passées,
devenues désormais caduques : la lutte dans les syndicats et sur le terrain
électoral. Ces moyens qui, au 19e siècle, lui avaient permis de
s'affirmer et de se constituer en classe sont devenus des armes de la bourgeoisie,
des forces de mystification qui ne servent qu'à désarmer les ouvriers,
à les détourner du terrain réel de leurs luttes contre
le capital.
Ainsi, aujourd'hui la classe ouvrière n'a pas le choix. Ou bien elle
se laisse entraîner sur le terrain électoral, sur le terrain de
l'Etat bourgeois qui organise son exploitation et son oppression, terrain où
elle ne peut être qu'atomisée, donc sans force pour résister
aux attaques du capitalisme en crise. Ou bien, elle développe ses luttes
collectives, de façon solidaire et unie, pour défendre ses conditions
de vie. Ce n'est que de cette façon qu'elle pourra développer
sa force de classe, s'unifier et s'organiser en dehors des institutions bourgeoises
pour mener le combat en vue du renversement du capitalisme. Ce n'est que de
cette façon qu'elle pourra, dans le futur, édifier une nouvelle
société débarrassée de l'exploitation, de la misère
et des guerres.