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Révolution Internationale n° 320 - Février 2002

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Une seule réponse à la misère et à la guerre : la lutte de classe

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L'économie capitaliste mondiale est en pleine crise ouverte. A son tour, l'Allemagne, après les Etats-Unis et le Japon est entrée officiellement en récession. Tous les indicateurs économiques sont repartis dans le rouge. Le taux de croissance dans les 30 pays de l'OCDE ne devrait pas dépasser 1% en 2002. Et ce ne sont pas les prévisions "optimistes" des "experts" qui annoncent un redressement pour le second semestre de l'année qui peuvent rassurer, alors que depuis trente ans, ils annoncent régulièrement " la sortie du tunnel ".

L'accélération de la dégradation des conditions de vie des ouvriers est manifeste partout dans le monde. A commencer par l'aggravation du chômage. Aux Etats-Unis, 2 millions d'emplois ont été perdus au cours de l'année 2001. De gigantesques nouveaux plans de licenciements concernant le cœur des pays industrialisés sont annoncés, dans tous les secteurs de l'industrie, de l'automobile (60.000 chez Ford aux Etats-Unis) à l'aéronautique (6000 pour Airbus après les "dégraissages" massifs pour Boeing et les compagnies aériennes) en passant par les secteurs de pointe comme l'informatique, la "high tech" ou par l'électroménager (Brandt) au même titre que les secteurs plus traditionnels (les mines en Espagne, la sidérurgie en Allemagne). Sans parler de l'effondrement de la "net économie" dont les bulles de savon liées à la frénésie de spéculation financière immédiate crèvent les unes après les autres. Le démantèlement des restes de l'Etat-Providence se fait sentir dans le secteur de la santé en France après la Grande-Bretagne. Les retraites sont diminuées brutalement en Allemagne ou en Italie et le seront bientôt en France. La flexibilité du travail et sa précarisation sont imposées partout sous diverses formes. Depuis l'été 2001, le passage à l'Euro sert de justification à une accélération brutale du coût de la vie dans les Etats concernés.

Après plus de trois ans de récession, la plongée dans la banqueroute de l'Argentine, naguère présentée comme "un modèle de redressement économique" par la Banque mondiale, est révélatrice de l'avenir que nous réserve la société capitaliste. Or, la seule promesse du "nouveau" président Duhalde pour obtenir un nouveau prêt conditionnel du FMI, c'est la suppression de 100.000 emplois supplémentaires. Non seulement d'autres Etats latino-américains comme le Brésil ou le Chili sont menacés de connaître le même sort mais après le krach de 1997 des tigres et des dragons du Sud-Est asiatique, ces mêmes pays connaissent de nouvelles alertes. La faillite de l'Argentine comme la faillite du géant américain Enron sont des indicateurs de la faillite GLOBALE du système capitaliste. C'est à cause de cet enfoncement dans une crise sans issue que la bourgeoisie est partout poussée à exprimer les rivalités entre nations suscitées par la course concurrentielle vers le profit sur un terrain d'affrontements militaires. Dans le cadre d'un marché mondial sursaturé, les contradictions insurmontables du système précipitent les Etats dans des conflits où les enjeux stratégiques prennent le pas sur les intérêts économiques immédiats. Tous les Etats, des plus grands aux plus petits, en manifestant leur nature impérialiste, sont condamnés à une fuite en avant dans l'augmentation des budgets militaires, dans la course aux armements et finalement dans l'engrenage d'une implication militaire et guerrière de plus en plus importante. C'est pour cela que depuis plus de soixante ans, se révèle un autre visage du capitalisme : la guerre permanente. La guerre est devenue un phénomène inséparable de la survie même du mode de production capitaliste. Mais depuis douze ans, après l'effondrement du bloc capitaliste russe et la dissolution de la discipline issue de l'ancienne politique des blocs, on a assisté à une brutale accélération des tensions impérialistes dominée par une tendance au chaos et au "chacun pour soi" et à une multiplication des foyers de conflits. L'intervention militaire en Afghanistan des grandes puissances qui se présentent comme les gendarmes du monde est aujourd'hui un concentré saisissant des contradictions du système. Menée au nom de la "pacification" et de la "lutte contre les nouvelles menaces terroristes", elle ne fait que semer davantage la mort, la barbarie et le chaos. Plus que jamais, la planète se retrouve mise à feu et à sang. Ces opérations musclées de "maintien de l'ordre" qui sont des démonstrations de force militaire de plus en plus brutales, contribuent à attiser, entretenir et aggraver les foyers de conflits non seulement en Asie Centrale mais aussi au Moyen-Orient où la spirale de la violence aveugle ne fait que s'élargir de jour en jour, d'attentats-kamikazes en représailles disproportionnées. En s'appuyant sur telle ou telle nation, sur telle ou telle ethnie ou sur telle ou telle bande armée, elles réactivent d'anciens conflits comme celui entre l'Inde et le Pakistan. De même, l'intervention des "boys" américains aux Philippines, leurs menaces face à d'autres pays désignés comme "des protecteurs des terroristes" ne peuvent qu'élargir dans les mois qui viennent le champ de nouvelles tueries. Et, chaque fois, ce sont les populations civiles locales qui en sont les principales victimes. Ce sont elles qui sont massacrées, bombardées, pourchassées ; ceux qui en réchappent sont condamnés à l'exode, croupissant dans des camps où ils sont à nouveau décimés par la misère, la faim, le froid, les épidémies. Cette fuite en avant dans la barbarie la plus effroyable n'est qu'une autre manifestation de la faillite historique du capitalisme et de la menace d'anéantissement que la survie de ce mode de production fait courir à l'humanité.

C'est le même système décadent qui rejette sur le pavé du chômage des millions de prolétaires qu'il est incapable d'intégrer à sa production que ce soit au cœur du système ou à sa périphérie, et qui, dans les Etats sous-développés, massacre les populations civiles dans des conflits guerriers sans fin.

Mais c'est en menant le combat contre les racines mêmes de la guerre, contre la crise économique et ses effets dévastateurs, c'est en s'affirmant sur son propre terrain de classe, c'est en résistant pied à pied aux attaques qu'elle subit, contre la dégradation de ses conditions d'existence, contre les licenciements, c'est en se donnant les moyens de développer massivement ses luttes, que la classe ouvrière pourra à terme mettre fin au déchaînement de la barbarie guerrière en renversant le capitalisme avant qu'il ne détruise la planète.

C'est parce qu'elle est la seule classe de la société porteuse de la réalisation de cette perspective, c'est parce que le développement de ses combats sont une véritable alternative à la misère et à la guerre engendrées par le capitalisme que la classe ouvrière détient le sort de l'humanité entre ses mains.

RI (25 janvier)

Vie du CCI: 

  • Prises de position du CCI [1]

Les syndicats sabotent les luttes pour faire passer les attaques de la bourgeoisie

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Avec l'aggravation de la crise économique, la bourgeoisie en France comme dans tous les pays n'a pas d'autre choix que de renforcer ses attaques contre la classe ouvrière. Ainsi, avec l'avalanche des plans de licenciements, le chômage est en train de connaître une montée en flèche. Rien qu'entre octobre et novembre 2001, les licenciements ont progressé de 15,6% et ce sont plus de 1000 chômeurs supplémentaires par jour qui sont enregistrés. Aux charrettes de licenciements, il faut encore ajouter les attaques contre les retraites, l'augmentation du coût de la vie (tel les tarifs de l'EDF), la flexibilité et l'annualisation du temps de travail avec la mise en place des 35 heures dans la fonction publique et notamment dans les hôpitaux, etc.

Les syndicats émiettent la combativité ouvrière

Bien que les attentats terroristes du 11 septembre et le déchaînement de la riposte américaine en Afghanistan ait polarisé l'attention de la classe ouvrière, celle-ci ne s'est pas laissée totalement paralyser par les campagnes bellicistes de la bourgeoisie. Ainsi, depuis deux mois, c'est dans tous les secteurs que les ouvriers ont manifesté leur mécontentement et leur volonté de ne pas courber l'échine face à la dégradation de leurs conditions de vie. C'est bien ce dont témoigne la multiplication, ces deux derniers mois, des grèves dans le public comme dans le privé : à l'usine de textiles DIM à Autun contre les licenciements début décembre, chez Mc Donald (où la grève se poursuit depuis le mois de novembre), dans les bureaux de Postes de la région parisienne contre l'intensification du travail avec le passage à l'Euro; à l'usine Scholtès Thionville pour des augmentations de salaires, chez les employés du Musée de l'Homme à Paris, dans les transports parisiens et en province, chez les employés municipaux (telle la grève de 9 jours des employés de la ville de Tours contre les 35 heures), chez les enseignants et les personnels administratifs, ouvriers et de service de l'Education Nationale, dans les banques contre la dégradation des conditions de travail, à Renault Flins contre l'application des 35 heures, etc.
Avec le succès de la grève des gendarmes qui ont obtenu, début décembre, 1000 francs d'augmentation de salaire et un renforcement de leurs effectifs, la bourgeoisie a mis a profit ce mouvement hypermédiatisé non seulement pour dénaturer la lutte de classe (voir RI n°319), mais pour pousser une fois encore la classe ouvrière derrière les syndicats. Dans tous ces conflits sociaux, dans le public comme dans le privé, les syndicats exhortent les ouvriers à engager le combat en semant l'illusion que la lutte sur un terrain corporatiste paie, et même qu'elle peut rapporter gros, comme l'aurait démontré la grève des gendarmes. Ainsi, par exemple, au lendemain de la "victoire" des gendarmes, la CGT appelle à la mobilisation des ouvriers de l'usine Scholtès Thionville en mettant en avant une revendication démagogique calquée sur celle des gendarmes : 1000 francs par mois (ce qui représente une augmentation de plus de 15% pour des salaires d'environ 6000 à 6500 francs !), et une prime de fin d'année de 3000 francs.
Alors que tous les secteurs sont confrontés aux mêmes attaques, notamment la dégradation des conditions de travail et la mise en place des 35 heures, partout les syndicats se sont efforcés d'émietter la combativité ouvrière, en enfermant et isolant les différents foyers de lutte les uns des autres, en planifiant dans le temps les journées d'action (notamment dans l'Education Nationale ou dans les hôpitaux) afin d'éviter un mouvement massif et uni de toute la classe ouvrière.
Une fois encore, face à la montée du mécontentement des ouvriers, les syndicats prennent les devants et occupent tout le terrain social. Ce sont eux qui organisent, contrôlent et dirigent les grèves, les assemblées générales et les manifestations avec comme seul objectif de lâcher un peu la vapeur en période préélectorale. En canalisant et défoulant la colère des ouvriers dans l'impasse du corporatisme, leurs manoeuvres, comme toujours, ne visent qu'un seul but : permettre au patronat et au gouvernement de faire passer leurs attaques.

Les syndicats font passer les 35 heures dans les hôpitaux

Aujourd'hui, ce sont les grèves et manifestations dans le secteur de la santé qui font l'objet de toutes sortes de manoeuvres de la bourgeoisie. Ainsi, alors que le protocole Guigou d'application des 35 heures dans la Fonction publique hospitalière provoque une flambée de colère dans ce secteur, les médias ont monté en épingle la grève des médecins généralistes revendiquant une augmentation de leurs honoraires. A la suite des journées "sans toubibs", on a vu également les infirmières libérales se mobiliser à leur tour pour le même type de revendications que celles des médecins libéraux. Les médias ne se sont pas privés d'étaler leur énorme combativité révélées par des échauffourées avec les CRS lors de leur manifestation du 23 janvier à Paris. Grâce à la médiatisation de ces mouvements de colère de la petite-bourgeoisie libérale (confrontée elle aussi à l'aggravation de la crise et aux restrictions imposées par l'Etat), la bourgeoisie cherche aujourd'hui à semer la confusion dans les rangs ouvriers en masquant l'attaque constituée par l'application des 35 heures dans la Fonction publique. Elle cherche non seulement à noyer la colère des travailleurs des hôpitaux dans un vaste mouvement protéiforme de tous les "professionnels de la santé", mais encore à saboter leur riposte contre l'application de la loi Aubry.
Ainsi, l'ouverture des négociations locales, début janvier, dans tous les hôpitaux a permis au gouvernement Jospin de laisser toute latitude aux syndicats pour organiser la division et la dispersion des luttes dans ce secteur. Alors que la loi Aubry sur les 35 heures n'a qu'un seul objectif, l'annualisation et la flexibilité du temps de travail en fonction des besoins non pas des ouvriers mais des entreprises, leur application dans la Fonction publique hospitalière est présentée par tous les syndicats non signataires de cet accord (CGT, FO, CFTC, SUD) comme un "acquis social" qu'il faudrait maintenant imposer chacun dans son coin, chacun dans "sa boîte" en faisant pression sur les directeurs d'hôpitaux ! Depuis la fin de l'année 2001, ce sont les travailleurs de plus d'une trentaine d'hôpitaux qui ont été appelés par les syndicats CGT, FO, CFTC, SUD à se mobiliser pour que l'ARTT (qui ne sera effective qu'à partir du 1er avril), "ne soit pas un leurre".
Pour enfermer les ouvriers dans "leur" hôpital et empêcher une riposte massive et unie de tout le secteur hospitalier, le principal thème revendicatif des syndicats (qui sont bien sûr les seuls à négocier avec les directions) consiste à polariser les ouvriers sur le "maintien des acquis locaux" ( jours de congés supplémentaires, intégration du temps de repas dans le temps de travail, etc.). En mettant en avant la défense de ces "acquis locaux", les syndicats ont organisé partout la dispersion, l'émiettement et l'enfermement des luttes et ont défoulé la colère des hospitaliers dans des actions locales : mise en place par les syndicats de comité de grève et autres "collectifs de lutte" au sein de chaque hôpital, manifestations locales y compris dans l'enceinte-même des hôpitaux (comme au centre hospitalier Sainte-Anne à Paris où le 15 janvier, les syndicats ont organisé une manifestation à l'intérieur des murs de l'hôpital afin d'exiger du directeur qu'il sorte de son bureau pour s'expliquer devant les grévistes, etc. !
Partout, ces forces d'encadrement capitalistes sèment l'illusion qu'en faisant pression sur les directeurs pour obtenir des effectifs supplémentaires permettant une véritable réduction du temps de travail, en luttant chacun dans "sa" boîte, les travailleurs pourraient éviter de "se faire arnaquer" !
Grâce au protocole Guigou d'application de la loi Aubry, grâce aux manoeuvres syndicales d'isolement et d'émiettement de la combativité dans le secteur de la santé, la bourgeoisie cherche aujourd'hui à imposer l'annualisation et la flexibilité du temps de travail en évitant une riposte massive de toute la Fonction publique hospitalière.
En appelant à la "grève reconductible", en poussant les hospitaliers dans des grèves longues (certains hôpitaux, comme les CHU de Rennes et Clermont-Ferrand, sont en grève depuis plus de six semaines), les syndicats visent à épuiser la combativité ouvrière et à empêcher ainsi toute réflexion sur l'attaque que représente en réalité la loi Aubry sur les 35 heures. Une attaque qui, quels que soient les protocoles de mise en application suivant les secteurs, n'est pas spécifique aux travailleurs des hôpitaux.
C'est toute la classe ouvrière, dans le public comme dans le privé, qui est aujourd'hui victime de l'escroquerie des 35 heures. Ce n'est qu'en développant une riposte unie de tous les secteurs, en brisant l'enfermement et la division organisée par ces défenseurs de l'ordre capitaliste que sont les syndicats, que la classe ouvrière pourra lutter efficacement contre toutes les attaques et les "arnaques" de la bourgeoisie.

CF (25 janvier)

Géographique: 

  • France [2]

Situations territoriales: 

  • Lutte de classe en France [3]

Argentine : face au marasme économique, quelle riposte de la classe ouvrière ?

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Dans les numéros précédents de RI[1] [4], nous avons fait une analyse du processus qui a amené à la banqueroute totale de l'Argentine: une dette qui représente aujourd'hui plus de la moitié du PNB. Un chômage qui atteint aujourd'hui la moitié de la population active. Un pays qui, en dix ans, est passé de l'hyper-inflation à l'hyper-endettement. Après trois ans de récession, après le plan de "sauvetage" de mars 2000, le FMI refuse en novembre de débloquer les milliards de dollars promis. Sans la moindre liquidité pour payer le service d'une dette gigantesque, le gouvernement impose le "corralito " : les gens ne pourront sortir que 1000 pesos (dollars) au maximum par mois. Epargne bloquée et salaires kidnappés par l'Etat lui-même. Après trois ans de récession, trois ans d'augmentation galopante du chômage, de la pauvreté, de la précarité, après les baisses de salaires et des pensions du mois de mars, maintenant le peu que les gens possèdent à la banque se retrouve confisqué par l'Etat. Partout, économistes, scribouillards de toutes sortes, se mettent à proposer des solutions, à faire des analyses sur la "mauvaise étoile" des Argentins, dans une espèce de mauvais tango sur un disque rayé. En fait, la "solution" de la bourgeoisie est toujours la même : faire payer les prolétaires, exploiter encore plus, saigner à blanc et, ce faisant, transformer certaines parties du monde en terrains vagues habités par des clochards. Où que ce soit dans le monde (les tigres et autres dragons du Sud-est asiatique, en Russie ou au Mexique), à chaque fois, à chaque "nouveau plan", c'est toujours les mêmes qui trinquent.
L'Argentine n'est pas une exception, elle n'est même plus le signe avant-coureur, mais l'image à peine déformée de ce qui attend, à plus ou moins longue échéance, de plus en plus larges parties du monde.
Dans le cas de l'Argentine, le FMI est en train de mettre la pression pour éviter la contamination aux pays voisins et même à l'Europe. Le FMI sait très bien que de nouveaux crédits n'auraient engendré que de nouvelles dettes dans une fuite en avant sans fin, suicidaire, et qui auraient contaminé à coup sûr les pays voisins et l'Europe.
Ainsi, la seule façon de procéder a été, comme toujours, la même : écraser encore plus les salariés et les classes non-exploiteuses. Au passage, le FMI, en tant que représentant de la bourgeoisie occidentale, a mis au pied du mur sa consœur argentine, bourgeoisie particulièrement corrompue et arrogante. Si, au mois de mars 2001, c'étaient trois ministres des finances qui se sont succédés en 10 jours, maintenant, en 15 jours, ce sont… 5 présidents qui sont passés les uns après les autres ! On a eu droit à toutes les nuances du péronisme, depuis l'histrion populiste de service qui a promis "l'immédiate cessation de payement de la dette" et "de suite, un million d'emplois" (Rodríguez Sáa), jusqu'au populiste bon teint Duhalde qui, lui, a été le candidat péroniste contre De La Rúa, et qui se permet maintenant de critiquer "tous ces stupides et corrompus qui nous ont mis dans un tel état", faisant référence, entre autres, à son coreligionnaire Menem.

Le décrochement du peso par rapport au dollar

A côté de la mesure de blocage de l'épargne, le nouveau gouvernement a décidé de dissocier le peso du dollar, ou plutôt de faire deux "pesos", un équivalent au dollar, l'autre "flottant". La mesure est présentée avec son mode d'emploi démagogique : il s'agit d'arrêter la fuite des capitaux ; ainsi pour ceux qui veulent acheter des dollars, ce sera toujours 1$ = 1peso. Par contre, pour acheter des produits à l'étranger, ce sera la valeur du peso "réel". Déjà, actuellement, le peso réel vaut 0,7 $ avec la dévaluation. Le résultat pour une population où la paupérisation se propage sans entrave est l'augmentation des produits de première nécessité. Le "faiseur de miracles" Cavallo (ex-ministre de l'Economie) avait inventé, il y a dix ans, la "dollarisation" pour juguler l'hyper-inflation. Dix ans après, le même Cavallo était de retour pour juguler l'hyper-endettement. Maintenant que Cavallo a été remercié, on va assister à un retour de l'inflation et à une augmentation du coût de la vie, avec le blocage des salaires. Mais il est bien évident qu'il n'y a plus de "retour en arrière possible" : aujourd'hui la situation a évolué en bien pire. Et, plus important encore, le monde entier est en récession. Ainsi, la crise argentine n'est qu'un signe majeur de la situation actuelle de l'économie mondiale, dans laquelle elle s'inscrit pleinement.

C'est le 20 décembre 2001 que le gouvernement de De La Rúa a pris la décision de la confiscation de l'épargne. A partir de là, toute une série d'émeutes vont se produire en Argentine jusqu'à récemment.

La classe ouvrière ne doit pas se laisser noyer par les autres couches sociales

Augmentation du chômage et précarité ont été le quotidien depuis trois ans pour la classe ouvrière argentine. En fait, la dégradation de ses conditions de vie, déjà ancienne, est entrée en chute libre. En mai 2001, la bourgeoisie a porté une attaque en règle contre les fonctionnaires retraités.

Un autre aspect de la crise argentine a été l'appauvrissement constant de ce que les sociologues appellent la "classe moyenne", fierté de la "nation" argentine, où l'on mélange petits commerçants, petits patrons, professions libérales avec les employés de l'Etat. Il est vrai que le "corralito" a été un sérieux coup sur la tête de la petite bourgeoisie argentine, une petite-bourgeoisie très paupérisée, amère, désespérée. La loi de confiscation des avoirs la touche de plein fouet. Mais elle-même se considère pour ce qu'elle est : une "classe moyenne". À côté des émeutes de la faim, des assauts contre les supermarchés et les transports de denrées, les "cacerolazos" (les concerts de casseroles) ont été très clairement marqués par ces couches sociales, quand ils ne furent pas, dans la plupart des cas, montés par des organisations leur appartenant : à Cordoba, les manifestations violentes sont organisées par les PME. A Buenos Aires, à côté des petits commerçants, ce sont les avocats qui ont dirigé les manifestations contre les "juges corrompus" de la Cour Suprême. Cette révolte populaire qui a commencé par des émeutes d'un "peuple affamé", avec une classe ouvrière noyée dans le désespoir, est en train de finir en manifestations d'une petite bourgeoisie, misérable certes, où la classe ouvrière, en tant que telle, est complètement dévoyée. Les couches moyennes en Argentine sont en train de vivre un processus de paupérisation galopante, de désespoir total, ce qui n'empêche qu'elles imprègnent ces mouvements de protestation, ces émeutes, de toutes les caractéristiques de ces couches : un avenir inexistant enrobé d'une idéologie nationaliste hystérique. Voilà dans quelle situation difficile se trouve aujourd'hui la classe ouvrière en Argentine qui a eu par le passé une expérience de lutte autonome exemplaire. Un dernier événement vient illustrer cette situation. Vendredi 11 janvier, 600 "piqueteros" ("coupeurs de route") appartenant à un groupe d'ouvriers et de chômeurs très combatifs se sont présentés devant le Marché Central de Buenos Aires pour décharger des cageots de victuailles des camions et les porter dans un quartier populaire. Un millier d'ouvriers manutentionnaires du Marché Central, sous-payés, les ont expulsés à coup de bâton, les poursuivant dans les champs, blessant grièvement plusieurs d'entre eux. Cette bagarre n'est pas une anecdote. Comme le fait remarquer un journal argentin : "L'affrontement entre exploités et affamés, synthèse pathétique à la base de la crise argentine, a débouché, après la bastonnade sur les "piqueteros", sur l'assaut de la direction du Marché Central par la troupe même des manutentionnaires." Soit dit en passant, cette lutte contre la direction actuelle du Marché se fait pour le compte d'autres coteries du pouvoir dans le monde privilégié des combines et du clientélisme. D'un côté, les "piqueteros" qui épuisent leur combativité dans des blocages de routes et autres actions radicales sans le moindre lendemain. De l'autre, les manutentionnaires entre les mains des syndicats péronistes, utilisés comme troupes de choc pour le compte des politiciens plus ou moins mafieux.

Aujourd'hui, face à la situation de misère à laquelle elle est confrontée, la colère de la classe ouvrière en Argentine est noyée au milieu de toutes les autres couches sociales sans avenir. Prétendre aider la classe ouvrière de ce pays en s'excitant et en applaudissant ce mouvement de révolte populaire interclassiste, parce qu'il a l'air de s'opposer aux intérêts de la bourgeoisie, c'est la jeter encore plus dans les bras d'une petite-bourgeoisie passablement décomposée. Ce n'est qu'en développant ses luttes sur son propre terrain de classe, en s'affirmant comme classe autonome avec ses propres moyens de lutte dans les grèves et manifestations massives autour de revendications communes à toute la classe exploitée, que celle-ci pourra intégrer dans son combat les autres couches sociales victimes de la misère et de l'austérité capitaliste. Le combat sur son propre terrain de classe est la seule voie qui puisse permettre à la classe ouvrière d'en finir avec la misère, en construisant par et dans la lutte un rapport de force capable de renverser le capitalisme à l'échelle mondiale. Seule l'affirmation de sa perspective révolutionnaire pourra permettre au prolétariat de construire une autre société basée non sur l'exploitation et le profit, sur les lois du marché, mais sur la satisfaction des besoins humains. Ce n'est que dans une société communiste mondiale que la distribution de biens de consommation pourra être réellement effective en se développant à l'échelle de l'histoire et de toute l'humanité.

En ce sens, les révolutionnaires doivent être clairs ; ils ne sont pas là pour consoler leur classe, pour la pousser dans des impasses, mais pour lui montrer le chemin de sa perspective et défendre ses propres intérêts en la mettant en garde contre les dangers qui la menacent : en particulier celui de se laisser dévoyer dans des révoltes interclassistes et dans les illusions démocratiques.

Comme nous l'avons toujours mis en évidence, cette perspective révolutionnaire dépend essentiellement du développement du combat des bataillons les plus concentrés et expérimentés du prolétariat mondial, et notamment ceux de la vieille Europe occidentale. Du fait de sa longue expérience des pièges de l'Etat démocratique, de son jeu parlementaire et des manoeuvres de ses syndicats, seul le prolétariat des pays les plus industrialisés, peut ouvrir une dynamique vers la généralisation mondiale des combats de classe en vue du renversement du capitalisme. C'est dans la vieille Europe que le capitalisme est né et a créé son propre fossoyeur. C'est dans cette partie du monde que le géant prolétarien lui portera les premiers coups décisifs.

Voilà pourquoi les communistes ne doivent pas céder à l'impatience en refusant de voir les difficultés auxquelles est confronté le prolétariat en Argentine qui, malgré son énorme combativité, n'a pas la force politique, du fait de son manque d'expérience historique, de développer un mouvement révolutionnaire en s'affirmant comme classe autonome.

Face à la faillite du capitalisme, les communistes ont donc le devoir de mettre en avant les buts généraux du mouvement prolétarien dans son ensemble en soulignant l'énorme responsabilité qui repose sur les épaules du prolétariat des pays centraux du capitalisme.

Pn (20 janvier)

 


[1] [5] Voir RI n° 315 [6] et n° 319 [7].

 

Géographique: 

  • Amérique Centrale et du Sud [8]
  • Argentine [9]

Récent et en cours: 

  • Crise économique [10]

Inde, Pakistan : une nouvelle aggravation des conflits impérialistes

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Depuis la guerre du Golfe, la classe ouvrière mondiale a été confrontée sans cesse à la réalité de la guerre : les innombrables conflits en Afrique et en Yougoslavie, celui du Kosovo, du Kargil (région du Cachemire indien où les affrontements entre l'Inde et le Pakistan ont fait plus de 30.000 morts, pour la plupart des civils, en 1998), l'intervention militaire en Afghanistan et, maintenant, les préparatifs de guerre entre l'Inde et le Pakistan, nations qui possèdent l'arme nucléaire et se livrent un face à face menaçant.
Cette réalité du système capitaliste en décomposition, constamment déchiré par la guerre, est horrifiante. Considérée en dehors du cadre historique du marxisme, elle conduit au désespoir. Seule l'analyse historique et matérialiste de la réalité du capitalisme aujourd'hui, fournit une clef pour comprendre les guerres et les crises qui ravagent le système capitaliste mondial.

Les guerres qui ont ravagé le système capitaliste depuis le début du 20e siècle ne peuvent être comprises que dans le cadre de la décadence de ce système, à partir de 1914. Cependant, le cadre immédiat dans lequel se déroulent les guerres actuelles est défini par l'effondrement des blocs impérialistes à la fin des années 1980 et par la décomposition du capitalisme. Comme nous l'avons montré à maintes reprises, l'effondrement du bloc russe en 1989 a entraîné l'effondrement du bloc occidental. Ceci a éliminé la discipline de bloc qui empêchait que des conflits entre puissances de moindre importance n'éclatent de façon incontrôlée. La réalité, telle qu'elle apparaît depuis lors, se définit le mieux par le règne du "chacun pour soi". Ce sont toutes les puissances, petites ou grandes, qui cherchent à satisfaire leurs appétits impérialistes, quel qu'en soit le coût. De ce fait, les grandes puissances, en particulier la seule superpuissance mondiale, les Etats-Unis, ont de plus en plus de difficultés à contenir les conflits entre les gangsters de moindre importance.
Les guerres auxquelles nous faisons référence ci-dessus ont été le produit de cette tendance au chacun pour soi. Les roulements de tambours annoncent la guerre qui se prépare entre l'Inde et le Pakistan aujourd'hui. Cette guerre, tout en trouvant ses racines dans leur passé, se situe dans ce cadre historique global du chaos généralisé, de la tendance au chacun pour soi.

Les récents préparatifs de guerre entre l'Inde et le Pakistan

Depuis l'attentat terroriste du 13 décembre 2001 contre le Parlement indien, la bourgeoisie indienne réclame à grands cris la guerre contre le Pakistan. A la suite de cet attentat, toutes les fractions de la bourgeoisie indienne se sont réunies au Parlement le 18 décembre et ont déclaré soutenir toute action diplomatique et militaire, y compris la guerre, que leur gouvernement serait amené à entreprendre pour "punir", à l'instar des Américains, les "terroristes et ceux qui leur apportent leur soutien".
Immédiatement après, la bourgeoisie indienne a commencé une campagne de propagande belliciste. Les politiciens ont fait des déclarations visant à développer une hystérie guerrière et les médias ont stimulé cette frénésie chauvine par des reportages patriotiques sur la préparation de la guerre. Ceci a été accompagné par une mobilisation en vue de la guerre tout le long de la frontière. Près d'un demi-million de soldats ont été déplacés vers la frontière entre les deux pays. Réciproquement, les Pakistanais ont fait de même. La machine de guerre de chacun des deux Etats s'est mise en marche vers la frontière.
L'Inde et le Pakistan ont déplacé les populations civiles en-dehors de la zone frontalière et, de chaque côté, les champs de blé ont été transformés en champs de mines.
Ces bruits de bottes ont été accompagnés par une offensive diplomatique de la part de l'Inde, un jeu dans lequel le Pakistan est, pour le moment, en position d'infériorité. La bourgeoisie indienne a rappelé son ambassadeur à Islamabad ; chacun des deux Etats a demandé à l'autre de réduire les membres de son personnel diplomatique de 50% et a restreint leurs déplacements aux seules capitales. Chacun a interdit à l'autre l'utilisation de son espace aérien pour les vols civils et toutes les voies de transport ont été coupées. Il est aussi question d'abroger un vieux traité sur le partage de l'eau de l'Indus. On peut dire que les préparatifs de guerre sont terminés : les deux armées se font face, prêtes à s'entre-tuer à n'importe quel moment.

Une lutte impérialiste sans merci

De façon superficielle, tout ceci n'est que le résultat de l'attentat du 13 décembre contre le Parlement indien. Mais si cette guerre finit par éclater, elle ne sera pas le première entre l'Inde et le Pakistan. Depuis leur naissance, en 1947, les deux Etats ont mené pas moins de quatre guerres ouvertes ( 1948, 1965, 1971 et 1999 ) et s'en sont approchés en maintes autres occasions. Quand ils ne se font pas ouvertement la guerre, ils la font par ethnies interposées, comme au Cachemire, ou bien avant au Pendjab indien (le Pendjab a été séparé en deux provinces portant le même nom, l'une au Pakistan et l'autre en Inde, lors de la partition en 1947 et où les affrontements ont été très violents) et à Karachi (capitale de la province de Sindh au sud-est du Pakistan).
C'est dans la naissance même de ces deux Etats que la guerre prend ses racines. Leurs relations - dans l'esprit de leur bourgeoisie dirigeante - semble se résumer à cette simple équation de leur lutte à mort : "C'est vous ou nous." C'est cette équation qui a caractérisé les relations entre les deux blocs impérialistes durant la "guerre froide" et qui s'est résolue par la destruction du bloc russe. La bourgeoisie du Pakistan parle de "saigner l'Inde par mille plaies" (guerre quotidienne au Cachemire, au Khalistan et ailleurs). En Inde, la bourgeoisie ne cesse d'évoquer la nécessité d'une "guerre terminale" avec le Pakistan, seule façon de ramener la "paix". Ce type de discours, non seulement exprime leur haine mutuelle, mais aussi révèle leurs forces respectives et leurs calculs stratégiques.

Qui est derrière l'attentat du 13 décembre ?

Immédiatement après cet attentat contre le Parlement indien, qui a fait 14 victimes, la bourgeoisie indienne a décidé et déclaré qu'il avait été perpétré par deux groupes terroristes basés au Pakistan, Let et Jaish, avec l'aide des services secrets pakistanais, l'ISI. L'Inde a demandé au Pakistan d'entamer une action contre ces deux groupes et simultanément a commencé sa mobilisation en vue de la guerre. Ceci n'est pas sans rappeler l'attitude de la bourgeoisie américaine après le 11 septembre, concernant Ben Laden et l'Afghanistan.
Ces affirmations de la bourgeoisie indienne sur les deux groupes, Let et Jaish, ont été acceptées par la bourgeoisie mondiale : les Etats américain et britannique les ont interdits peu après les déclarations de l'Inde. Sous leurs pressions, le Pakistan a aussi interdit ces deux groupes et a arrêté leurs dirigeants. Il semble clair que cet attentat n'a pas profité à la bourgeoisie pakistanaise. En fait, l'Inde s'en est servi habilement pour mettre le Pakistan au pied du mur. Cependant, il est possible que Let et Jaish l'aient accompli avec la complicité d'éléments dissidents au sein de l'Etat pakistanais, qui pensaient qu'une guerre pourrait servir leurs intérêts. Il est aussi possible que l'Etat indien l'ait favorisé. Il s'en est servi avec succès pour mettre le Pakistan en accusation. Même avant cela, l'Etat indien avait renforcé son offensive au Cachemire : chaque jour le nombre de morts ne fait que s'accroître.
Mais la tournure qu'ont pris les événements en Afghanistan a représenté un encouragement bien plus concret pour la bourgeoisie indienne lui permettant de passer à l'offensive. Depuis des années, le régime des talibans se comportait comme une extension de l'Etat pakistanais. Celui-ci utilisait l'Afghanistan, sous la coupe des talibans, comme un centre d'entraînement pour les mouvements séparatistes fanatiques au Cachemire, mais aussi en Asie centrale et en Tchétchénie. Pour le Pakistan, comme pour les Etats-Unis, l'Afghanistan représentait un passage obligé pour étendre son influence vers l'Asie centrale. Les stratèges pakistanais disaient que le contrôle sur l'Afghanistan donnerait à leur pays une supériorité stratégique sur l'Inde.
La chute de ces derniers a représenté un coup sévère porté contre le Pakistan. Sa position s'en est trouvé relativement affaiblie, sa bourgeoisie a été plongée dans le désarroi et des divisions sont apparues dans ses rangs.
La bourgeoisie indienne a tiré avantage de cette situation et a accéléré son offensive contre le Pakistan.

La guerre éclatera-t-elle ?

Si on la laissait faire, la bourgeoisie indienne serait déjà en guerre. Mais ceci ne va pas dans le sens des intérêts des Etats-Unis. Ils se sont engagés en Afghanistan dans une "guerre contre le terrorisme". Bien que le régime des talibans ait été détruit, ils ont encore besoin du soutien du Pakistan, que celui-ci le veuille ou non, pour atteindre leurs buts stratégiques : élimination totale des talibans, installation d'un régime sous leur contrôle absolu, utilisation du pays comme base pour pénétrer dans les républiques d'Asie centrale et surveiller tous les territoires qui l'entourent. Dans l'immédiat, une guerre entre le Pakistan et l'Inde pourrait tout compromettre. Les Etats-Unis seraient obligés de choisir leur camp et leurs plans à long terme visant à la domination de cette partie du monde seraient réduits à néant.
Les Etats-Unis ont aussi conscience qu'une guerre entre l'Inde et le Pakistan, compte tenu de leur hostilité, pourrait dégénérer en une conflagration à plus grande échelle, d'autant plus que la bourgeoisie indienne est vraiment poussée à bout. Si une guerre met en danger le Pakistan, le risque est que la Chine soit amenée à faire une démonstration de force, ce qui entraînerait les Etats-Unis à réagir. De fait, la Chine a déjà exprimé son "inquiétude grandissante" concernant les tensions entre l'Inde et le Pakistan et des mouvements de troupes chinoises ont été signalés à la frontière sino-indienne.
Compte tenu de cette situation, les Etats-Unis ont accru leurs pressions à la fois sur l'Inde, pour qu'elle fasse preuve de "retenue", et sur le Pakistan, pour qu'il entreprenne des actions contre les terroristes. Il semble peu probable qu'une guerre soit sur le point d'éclater dans cette partie du monde.
Mais, même si la "paix" qui règne pour le moment et si les intérêts impérialistes des grandes puissances peuvent avec succès obliger l'Inde et le Pakistan à se désengager et à démobiliser, ce ne sera qu'un intermède temporaire. Et cela n'a rien à voir avec le fait que l'Inde et le Pakistan sont des "ennemis héréditaires", c'est uniquement parce que la logique même du capitalisme, c'est la guerre.

Les tâches de la classe ouvrière

Dans ses préparatifs de guerre, la bourgeoisie a essayé d'activer le sentiment de haine nationaliste et la frénésie patriotique. Mais la classe ouvrière n'a rien à gagner de cette guerre, comme elle n'a rien à gagner de tous les conflits impérialistes dans lesquels veulent l'entraîner ses exploiteurs. Les ouvriers doivent refuser de se laisser embrigader par la propagande de la bourgeoisie. La classe ouvrière ne peut mettre en avant ses propres intérêts que par le développement de la lutte de classe contre ses exploiteurs, contre la bourgeoisie, et en affirmant son unité de classe par delà les frontières nationales. La classe ouvrière et son avant-garde révolutionnaire, les communistes, n'ont aucun camp à choisir. L'ennemi de classe est dans tous les camps impérialistes. Face aux menaces de guerre, ils doivent, dans cette région du monde comme partout ailleurs, appeler à l'unité internationale de la classe ouvrière pour la destruction du capitalisme.

Communist Internationalist,
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