Pas un mois, pas une semaine ne se passe sans l'annonce de nouvelles attaques qui viennent détériorer toujours un peu plus les conditions de vie de chaque prolétaire.
En France, l'année 2005 s'ouvre avec la poursuite du démantèlement de la protection sociale : hausse de la CSG sur les salaires et les pensions, augmentation du forfait hospitalier, racket d'un euro sur chaque consultation et sur chaque acte médical, contrôle renforcé des arrêts de maladie, déremboursement total ou partiel de certains frais médicaux. En même temps, les plans de licenciements et les chantages à la délocalisation se multiplient, la chute du pouvoir d'achat s'accélère, les conditions d'exploitation s'aggravent.
La classe dominante cherche à masquer par tous les moyens que, face à l'aggravation de la crise au niveau mondial, elle n'a pas d'autre choix que d'attaquer partout de plus en plus durement la classe ouvrière. C'est pour empêcher les prolétaires de prendre conscience de la faillite ouverte et irrémédiable du capitalisme et pour cacher les véritables enjeux de la situation que la bourgeoisie développe une série de campagnes idéologiques.
Ainsi, le gouvernement à travers le "contrat 2005" de Raffarin fait semblant de s’en prendre aux lois Aubry sur les 35 heures en mettant en avant la "liberté" d’un temps de travail "choisi" à la carte, avec la possibilité de "travailler plus pour gagner plus" (en réalité, la liberté pour le chef d’entreprise d’exploiter ses salariés à sa guise, autant d’heures qu’il le souhaite) avec la complicité de la gauche qui clame qu’il s’agit d’une remise en cause et d’un démantèlement du soi-disant "acquis social" qu’elle avait instituée. C’est un mensonge et de la pure hypocrisie ! Il ne s’agit en réalité que de pousser toujours plus loin la "flexibilité" à laquelle les lois Aubry avaient servi de rampe de lancement pour rendre les ouvriers corvéables à merci.
Tous les efforts déployés par la bourgeoisie visent à faire croire que des "solutions" existent à l'intérieur de ce système. Les ouvriers n'ont aucune illusion à se faire sur le "dialogue social", la "concertation démocratique" qui sont autant de pièges dressés par la bourgeoisie pour exiger d'eux toujours davantage de nouveaux "sacrifices". Le "plan de cohésion sociale" du ministre Borloo se résume à une mise en scène de nouvelles violentes attaques antiouvrières. Sous prétexte de ramener les RMIstes et les chômeurs de longue durée dans le monde du travail, il se prépare à leur donner le choix dans une nouvelle forme de contrat de travail, entre la misère sans travail et la misère en travaillant en fournissant aux associations et aux collectivités locales une main d’oeuvre à très bas coût. La majoration de rémunération du travail de nuit ne sera plus appliqué à partir de 21 heures mais repoussée à minuit ! Quant à la création de 500 000 logements sociaux d’ici 2009, annoncée à grands renfort de publicité, ce n’est que de la poudre aux yeux : ces fameux nouveaux "logements sociaux" seront loués à des prix inaccessibles pour une majeure partie des salariés.
Ces dernières semaines, en France, la campagne ultra-médiatisée pour le référendum sur la Constitution européenne au sein du PS et l’élection de Sarkozy à la tête de l’UMP ont polarisé l’attention des prolétaires. Un autre débat a récemment pris le relais : pour ou contre l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne. Au-delà des enjeux bien réels des rivalités au sein de la gauche comme au sein de la droite de la bourgeoisie française sur ces questions, tout ce battage idéologique sert en priorité à brouiller les pistes, à polluer et à enrayer le développement de la conscience et de la réflexion au sein de la classe ouvrière face à la situation pour l’entraîner sur un terrain qui n'est pas le sien. En mettant sur le devant de la scène un débat pour ou contre la Constitution européenne, la classe dominante pousse les ouvriers sur le terrain de la démocratie, à se mobiliser sur le terrain électoral en vue du prochain référendum national programmé en 2005. En faisant une large publicité au camp du "non", la classe dominante tente de redonner un nouveau souffle aux thèmes altermondialistes, et à préparer pour l’avenir l'émergence d’un large pôle de contestation anti-libéral, protestataire, d'opposition, à laquelle participent déjà le PCF ou les organisations trotskistes. La classe ouvrière ne doit pas se laisser piéger par tout l'appareil de gauche et syndical de l'Etat capitaliste qui essaie de pourrir ainsi sa riposte aux attaques contre ses conditions de vie.
Contrairement à la propagande de la bourgeoisie, ces attaques ne sont pas limitées à tel ou tel type de gouvernement, à tel ou tel pays, à tel ou tel mode de constitution, de communauté monétaire ou de partenariat économique. Les mêmes attaques qui se déroulent en France sont non seulement appliquées simultanément dans le reste de l'Europe mais aussi aux Etats-Unis, au Brésil, sur tous les continents. En Allemagne, en Espagne, en Italie, les ouvriers ont commencé à y répondre en développant leurs luttes sur leur propre terrain de classe. La seule voie pour être en mesure de résister aux attaques pour la classe ouvrière, c’est l’union grandissante de ses forces en vue de renverser ce système. Il n'y en a pas d'autre possible.
Wim
Depuis le premier tour de l'élection présidentielle du 31 octobre, l'Ukraine vit à l'heure d'une crise politique qui met aux prises la fraction pro-russe de Leonid Koutchma et Viktor Ianoukovitch avec celle de l'opposant réformateur Viktor Ioutchenko, défenseur déclaré d'une "ouverture vers l'Ouest". Le tout sur fond de tensions diplomatiques et de déclarations menaçantes de la part de la Russie auxquelles répond un durcissement des pays européens et surtout des Etats-Unis. La contestation des élections archi-truquées des 31 octobre et 21 novembre a ainsi débouché sur le développement de manifestations massives dans la capitale ukrainienne, avec l'occupation du centre de Kiev et le blocage de l'accès au Parlement par les manifestants "jusqu'à la victoire de la démocratie". La "révolution orange" est en marche, a-t-on entendu de toutes parts, non seulement du côté des partisans de Ioutchenko mais aussi du côté des médias des grands pays démocratiques qui ont monté au pinacle cette "volonté" du peuple ukrainien de se "libérer" de la clique inféodée à Moscou. Photos et reportages à l'appui, les témoignages n'ont pas cessé d'abonder dans la presse : "Les gens n'ont plus peur", "nous pourrons parler librement", "les gens qui se croyaient intouchables ne le sont plus", etc. Bref, l'espoir d'une vie meilleure et plus libre s'ouvrirait pour la population et la classe ouvrière en Ukraine et, preuve que la démocratie avance, un troisième tour des élections a été imposé pour le 26 décembre, avec la perspective de victoire électorale quasi-assurée de Ioutchenko !
Derrière tout ce battage, l'enjeu réel n'est nullement dans la lutte pour la démocratie. Il se trouve en réalité dans l'affrontement de plus en plus aigu entre les grandes puissances, et particulièrement dans l'offensive actuelle menée par les Etats-Unis, dans le cadre de leur stratégie dite du "refoulement", contre la Russie avec la perspective de faire sortir l'Ukraine de la zone d'influence russe. Il est significatif que la grande colère de Poutine est dirigée essentiellement contre l'Amérique car c'est elle qui est derrière le candidat Ioutchenko et son mouvement "orange".
Lors d'un discours prononcé à New Dehli le 5 décembre, le chef du Kremlin accusait ainsi les Etats-Unis de vouloir "remodeler la diversité de la civilisation, en suivant les principes d'un monde unipolaire égal à une caserne" et de vouloir imposer "une dictature dans les affaires internationales agrémentée d'une belle phraséologie pseudo-démocratique". Il ne s'est par ailleurs pas gêné de renvoyer aux Etats-Unis la réalité de leur situation en Irak en précisant au premier ministre irakien à Moscou le 7 décembre qu'il n'imaginait pas "comment on peut organiser des élections dans les conditions d'une occupation totale par des troupes étrangères" ! C'est dans la même logique que le président russe s'est également opposé à la déclaration commune des 55 Etats de l'OSCE pour appuyer le processus de sortie de la crise en Ukraine et confirmer le rôle de l'organisation dans la surveillance de la tenue du troisième tour de l'élection présidentielle le 26 décembre. Au camouflet infligé à Poutine par la "communauté internationale" de refuser de reconnaître son "poulain" s'en ajoute un autre avec l'envoi annoncé de plusieurs centaines d'observateurs, non seulement des Etats-Unis, mais entre autres du Canada, de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne.
Depuis la dislocation de l'URSS, et la constitution en catastrophe de la Communauté des Etats Indépendants en 1991, destinée à sauver les débris de son ex-empire, la Russie n'a cessé d'être menacée sur ses frontières, du fait même de la tendance permanente à l'éclatement qui lui est inhérente, et sous la pression de l'Allemagne et des Etats-Unis. Le déclenchement de la première guerre tchétchène en 1992, puis de la deuxième en 1996, sous prétexte de lutte contre le terrorisme, a exprimé la brutalité d'une puissance sur le déclin tentant de sauvegarder coûte que coûte sa mainmise sur la région du Caucase, stratégiquement vitale pour l'Etat russe. Il s'agissait pour Moscou de s'opposer par cette guerre aux menées impérialistes de Washington visant à déstabiliser la Russie et à celles de Berlin qui développait une agressivité impérialiste indéniable, comme on l'avait vu au printemps 1991 avec son rôle de premier ordre dans l'éclatement du conflit yougoslave.
La question du Caucase est pour autant loin d'être réglée car les Etats-Unis continuent résolument à y avancer leurs pions. C'est le sens qu'il faut donner à l'éviction de Chevarnadzé en 2003 avec la "révolution des roses" qui a porté une clique pro-américaine au pouvoir. Ce qui a permis à l'Amérique d'installer des troupes dans le pays, en plus de celles déjà présentes au Kirghizistan et en Ouzbékistan, au nord de l'Afghanistan, venant renforcer leur présence militaire au sud de la Russie et leur menace d'encerclement de celle-ci. Avec la question de l'Ukraine, qui a toujours été, que ce soit pour la Russie tsariste ou soviétique, une pièce maîtresse, le problème se pose de façon bien plus cruciale encore aujourd'hui pour l'Etat russe.
Au niveau économique, le "partenariat" entre l'Ukraine et la Russie est de première importance pour Moscou, mais c'est surtout au niveau stratégique et militaire que le contrôle de l'Ukraine lui est plus vital encore que le Caucase.
D'abord parce que, si Moscou a perdu toute possibilité d'avoir un accès direct à la Méditerranée, cette dernière est la seule et dernière voie qui lui reste vers l'Asie et la Turquie via la mer Noire où se trouvent en outre la base nucléaire russe de Sébastopol et la flotte russe. De plus, la perte de l'Ukraine reculerait de façon dramatique la position russe face aux pays européens, en premier lieu l'Allemagne, et affaiblirait tout autant sa capacité à jouer un rôle dans les destinées de l'Europe et des pays de l'Est, pour la plupart déjà largement pro-américains. Mais de plus, il est certain qu'une Ukraine tournée vers l'Ouest (donc contrôlée par celui-ci et en particulier par les Etats-Unis), mettant plus à nu que jamais l'inanité grandissante du pouvoir russe, provoquerait une accélération du phénomène d'éclatement de la CEI, avec son cortège d'horreurs. Sans compter qu'il est plus que probable qu'une telle situation ne pourrait que pousser des régions entières de la Russie elle-même (dont les petits potentats locaux ne demandent qu'à ruer dans les brancards) à déclarer leur indépendance, encouragées par les grandes puissances déjà à l'œuvre.
C'est donc une question de vie ou de mort qui se pose pour la Russie aux abois et cela dans un futur proche. Aussi, il est certain que Poutine fera tout pour maintenir l'Ukraine dans son giron, ou tout du moins ne laissera pas le gâteau partir sans en réclamer sa part, quitte à le réduire en miettes.
Ainsi, Moscou pousse des régions de l'Ukraine, en particulier de l'Est et du Sud à faire sécession, alimentant ainsi un chaos certain et la déstabilisation de la région.
Il ne ferait qu'en cela répondre à la même logique que ses rivaux américains de l'administration Bush dont la politique impérialiste aggrave chaque jour la barbarie la plus terrible.
Par cette tentative de prise en mains de l'Ukraine, les Etats-Unis ne font pas qu'accentuer leur pression sur la Russie pour la faire reculer sur ses frontières et étendre leur propre zone d'influence. Ils continuent en effet parallèlement leur politique d'encerclement de l'Europe, initiée avec le déclenchement de la guerre en Afghanistan et, plus spécifiquement, ils visent à bloquer l'extension de l'Allemagne vers l'Est.
L'est de l'Europe est en effet la zone "naturelle" de l'expansion impérialiste allemande. On l'a vu tout particulièrement à l'époque du troisième Reich dont l'attention était surtout tournée vers cette région du monde, mais aussi lors de la Première Guerre mondiale. Aussi, si la bourgeoisie allemande reprend à son compte le discours de sa rivale américaine pour "dénoncer" la Russie et sa politique "néo-colonialiste" en Ukraine, c'est pour mieux pouvoir en tirer les fruits pour son propre compte dans l'avenir.
Ce n'est donc pas seulement un jeu à deux qui se déroule en Ukraine, mais à trois et qui ne prépare pas des lendemains radieux pour la population ukrainienne, au contraire. Car, si jusqu'ici elle était prise dans les filets de la bourgeoisie russe, c'est à présent trois larrons qui vont s'entredéchirer et s'efforcer de semer le chaos dans ce pays, avec toutes les répercussions qu'une telle situation peut avoir au niveau régional et mondial.
Il est certain par exemple que cette avancée des Etats-Unis ne restera pas sans effet, non seulement sur l'Ukraine, la Russie et la CEI, mais aussi sur l'ensemble de la région de l'Asie centrale. Et si ce sont les grandes puissances qui sont les premières à semer le désordre, il ne faut surtout pas négliger la capacité de nuisance des puissances régionales comme la Turquie et l'Iran qui ne restent pas inactives et viennent alimenter elles aussi la dynamique vers le chaos. La tendance à l'éclatement et à la guerre civile permanente, qui prévaut dans cette gigantesque zone et qui s'est grandement aggravée avec la guerre en Irak, va donc trouver un levier indirect dans ce nouveau point de focalisation et d'aggravation des tensions impérialistes. Cette déstabilisation ne peut à son tour qu'avoir de graves conséquences dans une nouvelle fuite en avant dans la guerre de la part de nombreux pays (dont au premier chef l'Amérique elle-même dans sa course folle pour le contrôle de la planète) avec l'émergence de nouveaux foyers de tensions guerrières.
Le "choix" démocratique qui est présenté en Ukraine est un leurre et un piège. La population ukrainienne est réduite à l'état de pions, manipulés et baladés derrière l'une ou l'autre des fractions bourgeoises rivales agissant elles-mêmes pour le compte de telle ou telle puissance impérialiste. La "victoire de la démocratie" ne réglera en rien la situation de misère des ouvriers en Ukraine mais va au contraire les entraîner à se mobiliser pour la défense de la patrie "démocratique" (après les générations précédentes qui étaient conduites à défendre la patrie "socialiste") et à accepter les sacrifices "orange" que leur demanderont immanquablement les futurs dirigeants de l'Ukraine. Rappelons que le "démocrate" Ioutchenko n'a pas manqué d'imposer des sacrifices à la classe ouvrière lorsqu'il était premier ministre et banquier du gouvernement pro-russe qu'il dénonce aujourd'hui avec tant de zèle. La clique qui se prépare à saisir le pouvoir n'a rien à envier à la précédente et les clivages qui la traversent n'annoncent en rien une quelconque stabilité. Les perspectives de démocratie servent à entretenir des illusions sur la possibilité de réformer le système capitaliste, de le transformer graduellement vers un "mieux" toujours plus hypothétique. Elles vont exiger que le prolétariat courbe l'échine pour faire passer l'intérêt "supérieur" de l'Etat démocratique avant de "mesquines" revendications alimentaires.
La perspective de créer un monde de "citoyens" dans une démocratie oeuvrant à une humanité heureuse est une illusion qui vise à tuer la conscience de la nécessité de renverser le capitalisme, ce système qui engendre toujours plus de barbarie et de chaos.
Mulan (17 décembre)
Malgré la baisse du dollar, la hausse du pétrole, les spécialistes de la prévision économique se veulent rassurants puisque les taux de croissance sont positifs pour 2004 : 4,7% pour les USA, 3% pour le Japon, 1,6% pour la zone euro, 9,1 % pour les trois premiers trimestres de 2004 pour la Chine. Comment interpréter ces résultats ? L’économie mondiale irait-elle mieux ? Les Etats-Unis et surtout la Chine que la bourgeoisie présente comme un nouvel Eldorado peuvent–ils être les locomotives du monde pour relancer l’économie y compris en Europe ?
Pour répondre à ce questionnement, il est nécessaire, tout d’abord, d’analyser la situation de la première puissance mondiale, pour se rendre compte que la bourgeoisie utilise à nouveau la méthode Coué pour cacher au prolétariat la faillite croissante de son système.
S’il y a une chose sur laquelle l’ensemble des spécialistes de l’économie mondiale ne se trompe pas, c’est sur la gravité de l’endettement de la première puissance mondiale. Pour relancer la machine économique, l’administration américaine a laissé filer les déficits publics et commerciaux. Elle a financé de façon artificielle la consommation des ménages (cette consommation représente plus des deux tiers du PIB américain et a une influence déterminante sur l’activité économique), par le biais de la baisse massive des impôts en direction des ménages décidée après la récession de 2001 (en fait ce sont des baisses répétées en 2001, 2002, 2003, et 2004, pour un total de 1 900 milliards de dollars sur 10 ans) et les taux d’intérêts des emprunts bancaires ramenés au plus bas depuis 1945 (la FED a abaissé le taux d’emprunt à 1%). Malgré ces mesures, la croissance économique est retombée à 3,5% contre 5% il y a quelques mois. La confiance des consommateurs a encore baissé en octobre 2004, à son plus bas niveau depuis 7 mois, et les déficits ne cessent de se creuser. L’administration américaine parle même des "twin deficits" pour qualifier leur gravité. Le déficit budgétaire s’est élevé à 413 milliards de dollars, après les 377 milliards de dollars de 2003. Pour les experts, on s’attend à accumuler 3 000 milliards de dollars de dettes supplémentaires d’ici à 2011. "Le gouvernement doit emprunter aujourd’hui 1,1 milliard de dollars par jour et dépense plus à assurer le service des intérêts de la dette (159 milliards), ce qui correspond aux budgets cumulés de l’éducation, de la sécurité intérieure, de la justice, de la police, des anciens combattants, de l’exploration spatiale et de l’aide internationale." (Le Monde du 4 novembre). Quant au déficit commercial, il dépasse les 650 milliards de dollars, soit 5,7% du PIB. La situation n’est pas meilleure pour les autres Etats capitalistes. La flambée du pétrole et l’envolée de l’euro devraient ramener les taux de croissance en Europe, au maximum à 2%, dans un contexte où les dettes publiques ne cessent de croître et où aucun Etat européen n’est en mesure de respecter les 3% de déficit, fixés par le traité de Maastricht. Plus de 4,1% de déficit pour la France, 3,9 pour l’Allemagne, 3,2 pour l’Angleterre (le double de l’année précédente) plus de 4% pour l’Italie.
Les sommets du G7 se suivent et se ressemblent dans le fait que derrière les discours unitaires et volontaristes pour avoir des politiques communes, c’est l’inverse qui se produit dans la réalité. L’aggravation de la crise et notamment de l’endettement américain, avec des risques inflationnistes, tend à accroître l’aspect concurrentiel qui est à la base même du système capitaliste. Avec la baisse des taux d’intérêts, l’administration américaine a développé une politique de baisse du dollar vis-à-vis de l’euro, la principale monnaie concurrente pour pouvoir gagner des parts de marché à l’exportation et faire baisser le niveau de sa dette financière. Cette politique de "dévaluation compétitive" a déjà été utilisée par les Etats-Unis, dans les années 1980 et en 1995. Ce qui diffère aujourd’hui, c’est le contexte dans lequel le gouvernement américain utilise cette baisse du dollar ; à savoir l’accumulation sans précédant de l’endettement de son économie. Malgré la pression sur les puissances économiques rivales permise par la baisse du dollar, les exportations américaines ne représentent toujours que 75% des importations, venant rendre encore plus criante l’insolvabilité de la dette américaine. Dans cette guerre économique qui fait rage, alors que le dollar a perdu 25% de sa valeur, le déficit extérieur s’apprête à dépasser 5,5% du PIB américain. "Le ramener en dessous de 3,5 % du PIB, ce qui semble l’objectif, nécessite sans doute une dépréciation supplémentaire du dollar de 35% contre toute monnaie. La baisse du billet vert est la tentative pour tenter de conduire l’économie américaine vers de meilleurs équilibres. L’euro devrait monter à 1,70 pour 1 dollar, pénalisant fortement les exportations européennes." (Les Echos du 6 novembre) Face à cette perspective d’une baisse sans précédent du dollar, les principaux pays européens et le Japon (dont la petite reprise économique est basée sur la relance des exportations) menacent ouvertement les Etats-Unis d’une intervention sur les marchés financiers par le biais de leurs banques centrales pour faire remonter la devise américaine. La gravité de la situation actuelle ne réside pas tant dans la concurrence entre les pays industrialisés, ce qui est l’essence même du capitalisme, que dans la tendance à ce que cette concurrence dans le cœur même du capitalisme (Etats-Unis, Canada, Europe, Japon) tende à remettre en cause le minimum d’entente qui existait jusqu’alors entre les grandes puissances pour rejeter les effets de la crise sur le reste du monde.
Dans ce contexte d’endettement monstrueux des principaux pays développés et de baisse du dollar, l’envolée du prix des matières premières, et notamment du pétrole, est venu réactiver le spectre de l’inflation, qui avait fait des ravages sur l’économie mondiale au cours des années 1970. D’où cette mise en garde du FMI : "Attendre trop longtemps avant de réagir aux premiers signes de l’inflation pourrait s’avérer cher à réparer, et coûterait aux banques centrales une partie de la crédibilité qu’elles ont mis tant de temps à construire dans les années 1980 et 1990." (Le Monde du 1er octobre) Malgré cette mise en garde, les experts bourgeois focalisent l’attention sur les causes de cette hausse, qui serait dues à une forte demande de pétrole au niveau mondial, notamment de la Chine et des Etats-Unis et à une certaine instabilité qui ne serait que provisoire au niveau des approvisionnements, si certains pays producteurs pouvaient augmenter leur quota de production. A l’opposé, l’analyse marxiste situe ce phénomène dans un cadre d’analyse plus globale. Contrairement aux hausses précédentes de 1973, 1979 ou de 1997 et 2000, largement utilisées par les Etats-Unis dans la guerre commerciale contre les autres Etats capitalistes, l'Europe et le Japon notamment (voir notre article "La hausse du prix du pétrole : une conséquence et non la cause de la crise" dans la Revue Internationale n°19), cette hausse a fortement pénalisé l’économie en général et notamment la consommation des ménages américains, dans un contexte où les Etats-Unis sont obligés d’importer beaucoup plus de pétrole que par le passé. Le prix élevé du pétrole se répercute immédiatement dans une aggravation du déficit budgétaire américain, d’autant plus que le pétrole est payé en dollars et donc compte tenu du change, il coûte plus cher aux Américains qu’aux économies européennes (qui paient le baril avec une monnaie, le dollar, moins chère que leur propre monnaie, l’euro). Ainsi la hausse du pétrole montre la gravité de la crise économique et en même temps le lien qu’il peut y avoir avec les guerres actuelles. Malgré la dimension spéculative pour une partie de cette hausse du pétrole (les experts estiment celle-ci entre 4 à 8 dollars), celle-ci est aussi l’expression du poids croissant que prennent le chaos et la barbarie à l’échelle mondiale. L’incapacité des Etats-Unis à faire redémarrer la production irakienne du fait du bourbier militaire dans lequel ils s’enfoncent, les menaces d’attentats contre les installations du premier producteur mondial qu'est l’Arabie Saoudite, les troubles sociaux au Venezuela et au Nigeria en sont les premiers facteurs. Cet ensemble d’événements démontre qu’il n’y a pas d’un côté l’aspect économique et de l’autre l’aspect militaire ou impérialiste, mais au contraire une interpénétration de plus en plus grande de l’ensemble de ces facteurs qui se nourrissent les uns des autres pour donner une situation de plus en plus chaotique et de moins en moins contrôlable par la bourgeoisie. L’instabilité et le désordre croissants du monde capitaliste alimentent l’instabilité économique qui en retour ne peut produire que toujours plus d’instabilité militaire.
Dans ce contexte d’endettement astronomique de l’économie mondiale et notamment de la première puissance, il est nécessaire de dénoncer l’augmentation des dépenses militaires qui constitue un facteur supplémentaire de l’aggravation des déficits budgétaires et cela au détriment des budgets civils qui ne peuvent que se réduire comme peau de chagrin pour financer la barbarie innommable qui se répand.
Ainsi, depuis le déclenchement de la guerre en Irak jusqu’à l’occupation actuelle du pays, les Etats-Unis ont dépensé 140 milliards de dollars. Cet effort n’est pas suffisant puisque "le Pentagone vient de réclamer, début novembre une rallonge de 70 milliards de dollars pour financer les opérations militaires en 2005" (Le Monde du 9 novembre). Le budget du Pentagone devrait dépasser en 2005 les 400 milliards de dollars, hors coût des guerres en Irak et en Afghanistan, ce qui représente près de la moitié des dépenses militaires mondiales (45% exactement).
Si l’on compare avec des guerres précédentes, on se rend compte du coût exorbitant des dépenses actuelles. Alors que la Première Guerre mondiale a coûté 190,6 milliards de dollars à l'économie américaine, la Seconde, 2 896,3 milliards de dollars, la première guerre du Golfe en 1991 a absorbé 76,1 milliards de dollars en quelques mois (sources : "Problèmes économiques" du 1er septembre 2004)
Mais les autres Etats ne sont pas en reste et l’on peut citer à titre indicatif le cas de la France, en sachant que depuis la fin des années 1990, l’ensemble des budgets militaires est en hausse à l’échelle mondiale. Alors que le budget de l’armée française a augmenté de façon significative, le gouvernement a décidé l’octroi de "550 millions d’euros supplémentaires pour financer l’engagement militaire en cours en Côte d’Ivoire et 100 millions de plus pour d’autres opérations extérieures. Ces dépenses seront prises sur le dos des ministères civils." (Les Echos du 10 novembre)
Contrairement à ce que nous raconte la bourgeoisie, ce qui est injecté dans la sphère militaire n’est pas destiné à la reproduction de capital productif mais correspond à la destruction pure et simple du capital investi. Cela signifie que le développement du militarisme et l’augmentation des dépenses qui lui sont liées sont un poids supplémentaire ne pouvant qu’accentuer le marasme économique.
Derrière les chiffres de la soi-disant croissance capitaliste pour 2004, se cache en réalité une nouvelle étape dramatique de l’aggravation de la crise qui illustre la faillite du mode de production capitaliste.
Donald (12 décembre)
En Irak, les attentats succèdent aux attentats. La mort fauche les victimes par dizaines. L’armée américaine compte à l'heure actuelle 1276 morts (dont plus de 100 pour le mois dernier) et 9765 blessés. L’assaut sur Fallouja a fait au moins 2000 victimes parmi les rebelles. Aucun bilan n’a été publié concernant les dizaines de milliers d’habitants qui n’avaient pas pu fuir, pris au piège des affrontements. Le bilan de la guerre se situerait au minimum à 15 000 victimes. Une revue médicale anglaise avance un bilan réel d’au moins 100 000 morts !
Attentat après attentat, les médias nous égrènent le dénombrement des victimes, sinistre registre quotidien de la barbarie, tenu entre la rubrique des faits divers et des questions de société, à l’instar de n’importe quelle chronique d’actualité. Cette banalisation de l’horreur, présentée comme une fatalité, un phénomène "naturel" et assortie des mensonges et des campagnes idéologiques de la classe dominante sur ses causes, ne vise qu’à faire accepter au prolétariat la barbarie générée par le capitalisme en décomposition et à stériliser l’indignation qu’elle suscite. Cette accoutumance à la barbarie, véritable poison pour la conscience du prolétariat inoculé en permanence, doit être combattue en tant qu’elle forme l’un des moyens par lequel la bourgeoisie entretient la passivité de la classe ouvrière et donc assure sa domination de classe sur la société.
L’extension de la barbarie constitue l’une des manifestations les plus monstrueuses de la faillite du système capitaliste en putréfaction. Le capitalisme, qui soumet des parties de plus en plus importantes de la planète au fléau de la guerre, représente une menace pour la civilisation et la survie même de l’humanité.
La plus grande opération des troupes américaines depuis la chute de S. Hussein contre la ville de Fallouja, ainsi que la poursuite des offensives militaires "dans les semaines et les mois à venir" pouvant même "s’intensifier à l’approche des élections irakiennes"1, comme celle menée depuis novembre par 5000 soldats dans le "triangle de la mort" de la province de Babylone, n’offrent aucune stabilisation. Au contraire, la réaction des Etats-Unis à la perte de contrôle sur le pays livré à l’anarchie et le forcing censé créer les conditions pour la tenue d’élections générales destinées à crédibiliser leur présence en Irak ne font qu’impulser l’implosion de l’Etat irakien dans la guerre civile généralisée et les convulsions entre les différentes cliques en présence. Sur l’ensemble du territoire, dont aucune partie n’est épargnée, les attentats sanglants et les accrochages meurtriers ne font que se multiplier.
A Bagdad même, des attaques se produisent désormais directement contre la "zone verte", le secteur ultra-sécurisé du centre. La route de l’aéroport, fermé depuis le tir de missiles contre des avions américains, se trouve hors du contrôle américain. Des combats en plein jour dans la ville ont nécessité le déploiement de blindés et le bouclage de quartiers entiers. Ramadi est passée sous le contrôle de la guérilla. Des combats ont lieu, au Nord, à Balad, Baji et Baaquba. Mossoul, la capitale kurde, a été prise et conservée trois jours durant par les insurgés enfuis de Fallouja. Les peshmergas kurdes, formant le gros de la garde nationale irakienne engagée à Fallouja et dans la reprise de Mossoul sont de plus en plus impliqués dans les affrontements.
La prise de Fallouja (ville qui a "fourni bon nombre des officiers de l’armée et des services de sécurité de S. Hussein, qui ont participé à la répression des Chiites"2 et refuge de ces cadres de l’ancien régime après la première bataille de Fallouja) accomplie avec la tacite approbation des autorités chiites aiguise les tensions entre Chiites et Sunnites. Ainsi, "Hilla, ville chiite, et Latifiya, ville sunnite, ont commencé à se livrer une guerre larvée à coups d’assassinats, d’embuscades, et d’enlèvements."3 Une milice chiite antisunnite a d’ores et déjà été créée. De plus, la division des uns et des autres face au scrutin augure de sanglants règlements de comptes entre fractions rivales. Représentant 60% de la population en Irak, et longtemps écartés du pouvoir sous S. Hussein, les Chiites, emmenés par l’ayatollah Al-Sistani sont les plus chauds partisans de la tenue des élections dont ils espèrent tirer profit. Pour autant, la fraction chiite de Moktada Al-Sadr, qui a conduit deux insurrections anti-américaines cette année, refuse d’y participer en raison des poursuites engagées contre ses partisans.
Ennemies de toujours, les principales organisations kurdes de l’UPK et de l’UDK, s’unissent pour l’occasion. Parmi les Sunnites, le front du refus du scrutin s’est fissuré : si la principale organisation, le Comité des Oulémas, maintient le mot d’ordre de boycottage, plusieurs organisations sunnites ont décidé de jouer leur carte, notamment le Parti Islamique, issu des Frères musulmans. Déjà, assassinats politiques et meurtres de personnalités se multiplient au sein de ce panier de crabes.
La montée des attentats terroristes à l’approche des élections ne s’alimente pas uniquement d’elle-même : c’est l’arme de guerre qu’utilisent en sous-main les impérialismes rivaux des Etats-Unis afin de saper la position américaine.
En dépit de leur affaiblissement mondial et de leur position en Irak où de nouveaux retraits de troupes alliées sont annoncés (par la Hongrie fin décembre, les Pays-Bas en mars), les Etats-Unis rendent coup pour coup, comme le montre la tenue de la conférence sur l’Irak de Sharm-el-Sheikh du 25 novembre. D’abord, celle-ci consacre le retour des Etats-Unis dans le cadre de l’ONU, ce qui leur permet de couvrir leurs exactions impérialistes de la légitimité du "droit international" accordée par la résolution 1546 qui sert de base à la déclaration adoptée. Ce ralliement des Etats-Unis au multilatéralisme leur permet de s'imposer momentanément face à leurs rivaux, notamment la France. Les Etats-Unis sont parvenus à rabattre le caquet de l'impérialisme français et à faire passer ses tentatives d’accroître son influence en Irak pour de vaines gesticulations : la France, "qui avait été la première avec la Russie à réclamer la tenue d’une conférence internationale sur l’Irak, a dû revoir ses ambitions à la baisse. Alors qu’elle demandait un calendrier de retrait des troupes de la coalition, elle devra se contenter d’un vague rappel du caractère temporaire de leur présence en Irak."4 De même, a été rejetée sa proposition d’ouvrir la conférence non aux seuls protégés des Américains au pouvoir à Bagdad, mais à toutes les forces politiques irakiennes, "y compris à un certain nombre de groupes ou de gens qui actuellement ont choisi la voie de la résistance par les armes"5, prouvant aux yeux de tous ceux qui espèrent du soutien de la France, qu’elle ne dispose pas des moyens de mettre en œuvre ses prétentions.
Enfin, en faisant plier la France, qui, avec le soutien de Moscou et de Berlin, principaux créanciers de l’Irak, refusait d’aller au-delà des 50% d’allègement pour le profit d’une clique sous la coupe américaine, l’accord sur la réduction de 80% de la dette irakienne, constitue un succès américain supplémentaire.
L’Irak, constitue le point névralgique des affrontements entre puissances en compétition pour la défense de leur rang impérialiste dans le monde. La fuite en avant dans l’usage de la force militaire par les Etats-Unis (qui vont porter leur dispositif militaire de 142 000 à 150 000 hommes à la fin janvier), ainsi que la surenchère dans la riposte qu’elle entraîne, non seulement accélèrent la désintégration de l’Irak, mais étendent leur onde de choc sur tous les pays alentours et y renforcent les tendances centrifuges à l’éclatement. De la Palestine au Pakistan, de l’Arabie au Caucase, la déstabilisation de la zone stratégique la plus importante du monde capitaliste a et aura des conséquences majeures sur toute la situation mondiale. La plongée dans le chaos de toute la région illustre dramatiquement que dans la phase de décomposition du capitalisme, les rivalités impérialistes et l’usage répété de la force militaire (qui ne fait qu’étendre les conflits et les rendre plus incontrôlables), constituent le facteur essentiel du développement sans précédent de la barbarie.
Scott (15 décembre)
1)
D. Rumsfeld, cité par Libération du 26 novembre
2004
2)
Libération du 16 novembre 2004
3) Ibid.
4) Libération, du 22 novembre
5) M. Barnier, Ibid.
Le monde ne cesse de s’enfoncer dans le chaos : la misère se répand jusqu’au coeur des pays les plus développés, le chômage massif et de longue durée ne laisse plus personne à l’abri, la guerre entre Etats touche quasiment tous les continents. Pourtant, face à cette destruction permanente, la bourgeoisie n’arrête pas de parler de bien-être, de prospérité, de progrès : où est le progrès dans la guerre qui, presque partout, décime les populations et détruit les villes, les champs, les forêts ? Où est le bien-être quand des milliers d’êtres humains crèvent de faim tous les jours ? Où est la prospérité quand plus aucun ouvrier sur cette terre ne peut savoir de quoi son avenir sera fait ?
Face à ce paradoxe, on se pose forcément des questions : pourquoi une société censée progresser, apporter toujours plus de bien être et de sécurité, déverse tout le contraire sur l’humanité ? D’où cela vient-il ? Est-ce une fatalité ? La bourgeoisie a des réponses : elle nous assure qu’il s’agit là de la “méchanceté” humaine, du manque de démocratie, de difficultés économiques passagères dues à une mauvaise régulation des flux financiers, à la hausse du prix des matières premières sur les marchés, à l’appétit immoral des spéculateurs sur les mêmes marchés, etc.
Tout cela jure avec l’état de la situation. Et nous entendons depuis longtemps ces arguments sans que pour autant la situation ne se soit jamais améliorée, bien au contraire. Alors, pourquoi un tel désastre après tous les progrès que l’humanité a pu connaître ? Pourquoi tant de misère alors qu’il semble y avoir tant de richesses à exploiter ? En fait, ces explications passent à côté, évidemment volontairement, de la seule réalité à même de nous permettre de le comprendre. Cette réalité, c’est celle de la crise économique mondiale. Et quand nous, révolutionnaires marxistes, nous parlons de crise aujourd’hui, ce n’est pas sur les mêmes bases que la bourgeoisie. Nous parlons d’une crise insurmontable, qui signe la faillite du système capitaliste.
Pour dire cela, nous ne nous appuyons pas sur la simple observation “photographique” mais sur toute l’analyse marxiste du développement du capitalisme. Nous affirmons sur cette base que le capitalisme est entré depuis près d’un siècle dans sa phase de décadence, et que dans cette phase, contrairement à la phase d’ascendance, la crise capitaliste devient un élément insurmontable dont l’issue ne peut être que : soit la destruction de l’humanité et de toutes les réalisations de son développement à travers l’histoire, soit le dépassement des contradictions mortelles du capitalisme par la classe ouvrière dans son combat pour la construction d’une nouvelle société.
C’est en ce sens que la décadence est pour nous, marxistes, le cadre d’analyse fondamental de la situation et que, sans ce cadre, il est non seulement impossible de comprendre la réalité du monde actuel, mais il est aussi impossible de dégager une perspective réaliste. Car bien loin de nous amener à la démoralisation, au “no future”, la théorie marxiste de la décadence fonde la perspective communiste, qui n’est pas issue de la volonté des hommes, mais qui repose sur tout une analyse du développement des sociétés humaines : le matérialisme historique.
La décadence n’est pas une invention du CCI. C’est un concept, au contraire, qui est au centre de l’analyse marxiste du développement des sociétés humaines, au centre du matérialisme historique. Dès le début, Marx et Engels ont établi comme méthode de travail le fait d’analyser d’abord le développement social de l’humanité comme clé de compréhension du développement de la société contemporaine. Dans ces recherches, les deux fondateurs du marxisme ont découvert que la société humaine s’organisait autour de la production, activité première et centrale de l’homme. C’était donc dans l’organisation des moyens de production que se dessinaient les rapports sociaux.
En abordant immédiatement la question sur le plan historique, ils sont arrivés à analyser comment l’évolution des moyens de production et de leur organisation influait sur l’organisation sociale. Et, pour résumer au maximum, il est apparu que le développement des moyens de production, nécessaire face à la quantité de besoins à satisfaire, atteignait un tel niveau que l’organisation de ces moyens dans un but de production devenait inadapté, et finalement une entrave. Il fallait modifier en profondeur l’organisation de la production pour que les moyens actuels de production puissent être utilisés au maximum et continuer leur développement. 1
Cette modification ne s’est donc pas faite en douceur : autour de la production se dessine l’organisation sociale, nous l’avons dit, et jusqu’à aujourd’hui, l’humanité a eu à gérer la pénurie. De là est née nécessairement la possession, la propriété, l’exploitation... Autour de la production se sont donc cristallisés des intérêts et des pouvoirs. La remise en cause de l’organisation de la production revenait à remettre en cause des positions économiques, politiques et sociales des classes dominantes. Ce n’est que par une rupture plus ou moins violente que ce changement pouvait avoir lieu.
Voilà pourquoi l’évolution des moyens de production ne s’est pas faite de manière linéaire et sans rupture, dans une ascendance continuelle. Voilà pourquoi chaque système de production est passé par une phase de décadence, pendant laquelle l’évolution des moyens de production butte sans solution contre leur propre organisation, pendant que se dégagent dans la société des forces révolutionnaires face aux forces réactionnaires attachées à leurs privilèges.
Dans la société romaine, la production est organisée entre esclaves, qui travaillent, et maîtres, qui les font travailler. Ce mode de production a permis le développement de la production jusqu’à ce qu’elle atteigne un niveau qui a posé problème : pour continuer à produire, il fallait plus d’esclaves, qui étaient en fait les prisonniers faits pendant les guerres, et les limites géographiques de la guerre, avec les moyens de l’époque, commençaient à être atteintes. De plus, le développement des techniques de production demandait une main d’oeuvre plus perfectionnée, que l’esclavage ne pouvait fournir... On voit dans cet exemple que la façon dont la production était organisée devenait de moins en moins adaptée à la production, et que pour continuer à développer la production, cette organisation qui jusqu’alors avait permis ce développement, allait désormais l’empêcher : elle devenait une entrave.
C’est pour cela que les esclaves ont été émancipés et sont devenus des serfs. A son tour le système féodal a permis le développement de la production jusqu’à ce qu’elle atteigne un tel niveau qu’à nouveau on se trouvait face à un obstacle. Ce sont les rapports capitalistes, qui transforment le producteur du Moyen-Âge en homme libre vendant sa force de travail au capitaliste. A nouveau, la production trouvait une organisation capable de permettre son développement. Un développement très rapide, jamais vu auparavant, et qui a permis à l’humanité de sortir de la pénurie pour la première fois.
Si le passage d’un mode de production à l’autre ne s’est pas fait de façon linéaire et sans heurts, d’une ascendance à l’autre en quelque sorte, c’est parce que ce mode de production se traduit par des rapports sociaux et une organisation sociale particulière au sein de laquelle la classe dominante défend bec et ongles ses intérêts contre la perspective d’un renversement de l’ordre établi. Pendant ce temps, l’incompatibilité croissante entre le niveau atteint par la production et la façon dont elle est organisée se traduit par des convulsions toujours plus fortes. La décadence commence donc quand les rapports de production deviennent une entrave pour le développement de la production. Elle continue tant que de nouveaux rapports de production n’ont pas pu être établis. La décadence, c’est la période de faillite de la vieille société tant que la nouvelle n’a pu être fondée.
Le capitalisme, on l’a vu, ne faillit pas bien sûr à la règle. Mais la décadence du capitalisme se différencie des décadences du passé par le fait que dans les sociétés du passé, les germes de la nouvelle société existaient déjà et se développaient au sein même de l’ancienne société. Au sein de la société féodale, la bourgeoisie a conquis le pouvoir économique petit à petit et a transformé dans le même temps une bonne partie de la production avant même de parvenir au pouvoir politique. Dans le capitalisme, il n’y a rien de tout cela. La classe révolutionnaire, le prolétariat, ne peut instaurer de nouveaux rapports de production sans détruire ceux qui existent actuellement. C’est là toute la gravité de la décadence capitaliste.
Nous voyons donc bien que pour les marxistes, la décadence n’est pas un concept moral. Les marxistes développent le concept de décadence comme un concept scientifique, matérialiste, c’est-à-dire fondé sur le développement matériel des sociétés humaines. Que ces périodes se soient manifestées par la cupidité et par les moeurs dissolues des classes dominantes, nous ne le nions pas : nous savons pertinemment que le blocage historique du développement des forces productives trouve son reflet dans la société humaine à tous les niveaux. La décadence n’est pas une théorie économique, Marx n’a d’ailleurs jamais fait que la critique de l’économie. Mais il n’en reste pas moins que l’explication est clairement placée sur le terrain matérialiste.
Quand l’Internationale communiste (IC) parlait de “l’ère des guerres et de révolutions”, elle ne pouvait mieux résumer ce que le capitalisme décadent allait offrir à l’humanité. En effet, le capitalisme a créé au cours de son ascendance le cadre idéal de son développement, celui de la nation. C’est autour de ces nations que le capitalisme a assuré son développement, c’est à partir de ce cadre qu’il est parti à l’assaut des colonies, et c’est à partir de là, qu’aujourd’hui, il établit ses rapports de concurrence exacerbés par la crise. La seule solution pour la bourgeoisie à sa crise de surproduction devient la guerre. Laquelle débouche sur une période de reconstruction qui s’essouffle dans une nouvelle crise de surproduction.
Nous pouvons aisément situer l’entrée du capitalisme dans sa période de décadence au début du 20e siècle : la Première Guerre mondiale, première de toute l’histoire de l’humanité, manifeste clairement la nouvelle donne. La reconstruction qui l’a suivie déboucha rapidement sur une crise sans précédent, dans les années 1930, puis sur une deuxième guerre mondiale. Nous voyons se dessiner le cycle “crise-guerre-reconstruction-nouvelle crise”, mais ce n’est pas un cycle qui pourrait se répéter indéfiniment. Au contraire, c’est une spirale infernale qui entraîne tout sur son passage. Car si le capitalisme pouvait dépasser les crises de surproduction dans sa phase d’ascendance, à travers son expansion et la prolétarisation croissante des population, aujourd’hui, les limites sont atteintes et la crise est permanente. La seule “issue” est la guerre.
Il s’agit donc d’une ère de guerres. Mais comme l’a annoncé l’IC à sa fondation en 1919, il s’agit aussi d’une ère de révolution. En effet, le capitalisme en se développant a fait naître son fossoyeur : le prolétariat, seule force sociale capable de renverser le capitalisme et de construire une société future. En atteignant ses limites, le capitalisme ouvre la porte à son dépassement. L’ordre du jour pour la prolétariat est désormais cette tâche immense de fonder sur les ruines du capitalisme détruit par son combat, une nouvelle société capable de gérer l’abondance et d’offrir aux forces productives un cadre adapté à leur développement.
La perspective communiste n’est pas nouvelle. L’idée de constuire une société débarrassée de l’oppression et de l’injustice se retrouve dans l’Antiquité et au Moyen-Âge. Mais il ne suffit pas de vouloir une société meilleure pour pouvoir l’instaurer. Il faut que les conditions matérielles le permettent. De même, la révolte des opprimés n’est pas nouvelle : les esclaves ont écrit de grandes pages de l'histoire humaine par leur rejet de leur condition. Mais pour autant, ces révoltes étaient vouées à l’échec car la situation matérielle, le niveau de production, ne permettait pas à l’humanité de se sortir d’un schéma de société de classes et d’exploitation : tant que l’humanité aurait à gérer la pénurie, elle ne pourrait construire une société juste. C’est le capitalisme qui permet à l’humanité d’entrevoir cette perspective. Désormais, la production a atteint un niveau qui permet de dépasser la pénurie : la préhistoire peut se terminer. La perspective communiste n’est plus un idéal ou une utopie, elle est une possibilité matérielle et même plus : elle est une nécessité pour la survie de l’espèce humaine. Elle est une nécessité pour stopper le capitalisme dans sa spirale destructrice qui menace de ramener l’humanité à l’âge de pierre.
Voila ce qui fait de la décadence capitaliste une décadence particulière : elle signe la fin de la préhistoire, la fin de la longue marche de l’humanité de la pénurie vers l’abondance. Mais cette fin n’est pas écrite dans le marbre : la fin de la préhistoire pourrait bien être la fin de l’histoire tout court si rien ne vient arrêter la barbarie qui embrase la planète. Le communisme n’est pas une certitude : c’est par un dur combat que la classe ouvrière pourra l’instaurer, et l’issue de ce combat n’est pas connue. C’est pourquoi les révolutionnaires doivent être les plus armés possible pour pouvoir armer la classe ouvrière dans sa lutte contre la bourgeoisie et pour la constuction d’une nouvelle société.
La compréhension de l’analyse de la décadence fait partie de cet armement politique. Elle est un cadre fondamental développé par le marxisme dès son origine. On parle en effet de décadence dans L’Idéologie allemande de Marx et Engels, écrit avant même le Manifeste. La décadence imprègne toute l’analyse marxiste de l’évolution des sociétés humaines. En mettant en lumière la succession de périodes d’ascendance et de décadence dans l’histoire, le marxisme permet de comprendre comment l’humanité a pu s’organiser et progresser. Le marxisme permet de comprendre comment et pourquoi le monde est tel qu’il est aujourd’hui, et enfin, le marxisme permet de comprendre qu’il est possible de dépasser cette situation et de constuire un autre monde.
G. (17 décembre)
(1) C’est ce que Marx et Engels en parlant du capitalisme, résument dans les Principes d’une critique de l’économie politique par cette phrase : “Au delà d’un certain point, le développement des forces productives devient une barrière pour le capital ; en d’autres termes, le système capitaliste devient un obstacle pour l’expansion des forces productives du travail. Arrivé à ce point, le capital, ou plus exactement le travail salarié, entre dans le même rapport avec le développement de la richesse sociale et des forces productives que le système des corporations, le servage, l’esclavage, et il est nécessairement rejeté comme une entrave. La dernière forme de la servitude que prend l’activité humaine - travail salarié d’un côté et capital de l’autre - est alors dépouillée, et ce dépouillement lui-même est le résultat du mode de production qui correspond au capital. Eux-mêmes négation des formes antérieures de la production sociale asservie, le travail salarié et le capital sont à leur tour niés par les conditions matérielles et spirituelles issues de leur propre processus de production. C’est par des conflits aigus, des crises, des convulsions que se traduit l’incompatibilité croissante entre le développement créateur de la société et les rapports de production établis”
Le samedi 13 novembre s'est tenue à Paris une réunion publique du CCI sur le thème de la décadence du capitalisme à laquelle de nombreux sympathisants ont assisté.
Avant la présentation de l'exposé, le présidium a fait un point d'information sur les campagnes de calomnies dont le CCI a été l'objet, notamment depuis le début du mois d'octobre de la part de la prétendue "Fraction interne du CCI" et du "Circulo de Comunistas Internacionalistas" (voir nos articles sur Internet). A la demande de plusieurs de nos sympathisants, nous avons fait un point d'information afin de donner des nouvelles du NCI d'Argentine (voir notre article dans RI n°352). Lors du rapide tour de parole qui a suivi, un participant a salué la politique menée par le CCI qui a permis "d'éclaircir cette affaire". Plusieurs autres camarades sont intervenus pour apporter leur soutien au CCI et ont exprimé leur indignation face aux attaques portées aujourd'hui par la "FICCI" contre nos sympathisants qualifiés de "claque du CCI" (voir notre article sur Internet "Réponse aux calomnies honteuses d'une petite association de malfaiteurs").
L'exposé sur le thème de cette réunion publique a développé dans les grandes lignes notre analyse de la décadence du capitalisme, en rappelant que ce mode de production tout comme ceux qui l'ont précédé (l'esclavagisme et le féodalisme) a connu une période d'ascendance, de plein épanouissement des forces productives qui s'est achevée au début du 20e siècle lorsque le capitalisme, après avoir étendu son mode de production à toute la planète, s'est heurté à ses limites historiques. L'entrée dans sa période de décadence, de déclin historique a été marquée par l'éclatement de la Première Guerre mondiale (voir article page 4).
Au cours de la discussion, très vivante et animée, aucun des participants n'a émis de désaccord avec cette analyse élaborée par l'Internationale communiste. Le débat a porté surtout autour des questions suivantes :
- Comment explique-t-on que l'empire romain, qui était basé sur l'esclavagisme et qui a connu une période de décadence, n'ait pas été renversé par une classe sociale ?
- Pourquoi le capitalisme ne s'effondrera-t-il pas comme les autres modes de production antérieurs ?
- Quelle différence existe-t-il entre la révolution bourgeoise et la révolution prolétarienne ?
- Quelles seront les caractéristiques du nouveau mode de production qui surgira après la révolution prolétarienne ?
- Quelles sont les conditions historiques qui font que le capitalisme ne peut plus entrer dans le cycle "crise-guerre-reconstruction-nouvelle crise" ?
Les questions posées dans cette réunion ont révélé une volonté des participants d'approfondir et de comprendre les fondements du matérialisme historique permettant d'appréhender le concept de décadence d'un mode de production.
Face à plusieurs questions concernant la décadence de l'empire romain, les militants du CCI sont intervenus et ont mis en avant les arguments suivants :
- l'empire romain n'a pas été renversé par une nouvelle classe révolutionnaire. Il s'est effondré comme un château de cartes. Son mode de production est entré en décadence parce que l'esclavagisme n'était plus en mesure de développer les forces productives. Les conquêtes de l'empire romain avaient pour but de trouver des esclaves pour cultiver la terre ;
- plusieurs causes expliquent l'effondrement de ce vaste empire. Les distances très grandes avaient nécessité la construction de routes pour acheminer les armées contre les révoltes. A ces causes géographiques se sont encore ajoutées des causes techniques : pour augmenter la productivité de la culture de la terre, il fallait un soin plus grand dans les techniques agricoles. Il fallait libérer les esclaves qui travaillaient au fouet. Le coût d'entretien des esclaves étaient devenu un facteur d'affaiblissement de l'empire romain. C'est aussi pour cela qu'ils ont été remplacés par les serfs, des "hommes libres" qui pouvaient vivre de leur production en donnant une partie de leurs récoltes aux propriétaires des terres, les seigneurs féodaux ;
- l'empire romain s'est effondré car il était miné de l'intérieur. La décadence romaine a été un processus qui s'est développé sur plusieurs siècles. Ce sont les "barbares" qui ont introduit le mode de production féodal, et non pas une nouvelle classe révolutionnaire issu de l'empire romain. Ainsi, la nouvelle classe dominante venait de l'extérieur. Le mode de production féodal s'est imposé progressivement sans révolution sociale.
La discussion a également mis en évidence les différences entre la décadence capitaliste et celle des autres mode de production antérieurs :
- dans le système esclavagiste ou féodal, l'ancienne société avait disparu sans mettre en cause la survie de l'humanité (cela avait été aussi le cas par exemple de l'empire maya) ; par contre, la décadence du capitalisme porte en elle la menace de destruction de toute la planète si une révolution sociale n'intervient pas ;
- dans les modes de production antérieurs au capitalisme, la nouvelle classe dominante ne faisait pas partie intégrante de l'ancienne société. Ainsi, la bourgeoisie s'est développée et a coexisté aux côtés de la classe féodale. Dans le capitalisme, la classe révolutionnaire, le prolétariat, fait partie intégrante de ce mode de production. Le capitalisme ne peut pas vivre et ne pouvait pas se développer sans le prolétariat. C'est pour cela que Marx disait que le capitalisme, en se développant à l'échelle mondiale, a créé son propre fossoyeur car c'est du sein même de cette société bourgeoise que surgit la nouvelle classe révolutionnaire dont la mission sera de détruire ce système de fond en comble pour pouvoir édifier la société communiste ;
- la perspective du communisme signifie que l'humanité mettra fin à toute forme d'exploitation. Le prolétariat ne fera pas surgir une nouvelle classe exploiteuse. Comme le disait Marx, ce sera la fin de la préhistoire et le début de l'histoire de l'humanité.
Les interventions du CCI ont également rappelé la différence entre les révolutions du passé et la révolution prolétarienne avec les arguments suivants :
- la révolution bourgeoise n'était pas le point de départ de la nouvelle société qui a succédé au féodalisme. La bourgeoisie se développe en marge de la société féodale, d'abord sous sa forme commerciale. Elle devient la classe qui détient la richesse. Avec le développement des villes et du commerce, la noblesse est devenue une classe parasitaire qui, avec ses droits et ses privilèges, constituait une entrave à la liberté du commerce et au développement des nouvelles forces productives ;
- c'est parce que la bourgeoisie a d'abord étendu sa domination économique pour développer les forces productives avec la grande industrie, qu'elle a pu ensuite s'imposer comme classe dominante sur le plan politique ;
- la révolution française n'est pas le modèle sur lequel s'est calqué la prise du pouvoir de la bourgeoisie dans d'autres pays d'Europe. Par exemple en Angleterre, on a vu un retour de la monarchie après que la bourgeoisie ait pris le pouvoir politique. De nombreux aristocrates anglais faisaient du commerce et étaient intégrés à la bourgeoisie. De même en Allemagne, l'aristocratie détient le pouvoir pendant très longtemps. Face à la nouvelle expansion capitaliste en Allemagne en 1870, Bismarck représentait les propriétaires terriens. Ainsi, l'ancienne société décadente contenait les germes de la nouvelle société. Il y avait une possibilité de régénération à partir de l'ancienne société ;
- dans le capitalisme, le mécanisme est totalement différent. D'une certaine façon, la décadence du capitalisme est la forme la plus achevée et la plus complète de la décadence. La nouvelle société ne peut surgir que sur les décombres du capitalisme.
Nos interventions ont mis en évidence que la compréhension des lois qui conduisent le capitalisme à sa perte est très importante pour élaborer les règles de la future société communiste. En ce sens, le point de vue de Rosa Luxemburg aide à comprendre ces lois et cette perspective. Dans la vision de Rosa, c'est la saturation du marché mondial qui est à la base de la compréhension du phénomène de la décadence du capitalisme. Le capitalisme fonctionne un peu comme le poussin dans l'oeuf : pour se développer il mange d'abord le blanc, puis il est obligé de casser la coquille pour pouvoir survivre. C'est le même mécanisme pour le capitalisme : il s'est développé en conquérant les marchés extra-capitalistes et lorsqu'il a étendu son mode de production à toute la planète, quand il a atteint ses limites historiques, les principales puissances capitalistes ont été obligées de se repartager le monde à travers les guerres mondiales. Le capitalisme se heurte donc à ses propres contradictions : il ne peut plus trouver à l'intérieur même de son système des marchés suffisants pour écouler sa production. L'entrée dans sa période de décadence signifie l'entrée dans sa crise permanente de surproduction. Pour abolir cette contradiction, il faut abolir le salariat. C'est une nécessité pour la survie même de l'humanité. C'est pour cela que la Révolution prolétarienne apparaît comme une nécessité historique.
Au cours de cette discussion, une sympathisante a regretté que le BIPR ne soit pas venu à cette réunion publique du CCI pour défendre sa position suivant laquelle le cycle "crise-guerre-reconstruction" existe toujours. Elle a mis en avant que, pour le BIPR, il semble que ce soit le facteur subjectif (la classe ouvrière) qui doit casser ce cycle. Elle a affirmé que cette analyse du BIPR ne tient pas compte de la réalité : les bases mêmes de la reconstruction sont affaiblies par l'ampleur des destructions de la guerre.
Le CCI est intervenu en rappelant les positions du mouvement ouvrier au début du 20e siècle :
- lorsque Rosa Luxemburg a écrit son livre L'Accumulation du capital, cela avait soulevé un tollé chez les opportunistes de l'époque. Elle affirmait que le système capitaliste va à la catastrophe; il est condamné par des contradictions de plus en plus violentes ;
- nous avons rappelé que Rosa n'a fait que poursuivre le travail inachevé de Marx qui a passé sa vie à étudier l'économie mais avec comme objectif d'en faire la critique et de mettre en évidence les mécanismes conduisant le capitalisme à sa perte. Bien que la thèse de Rosa était déjà contenue dans le travail de Marx, elle est allée plus loin en répondant à la question : pourquoi le capitalisme est-il condamné historiquement ?
Nous avons également répondu à la question posée dans le débat : pourquoi aujourd'hui les bordiguistes et le BIPR ne reprennent-ils pas l'analyse de Rosa Luxemburg ? En fait, s'ils rejettent l'analyse de Rosa, c'est au nom de "l'orthodoxie" envers la vision de Lénine dont l'analyse de la décadence est basée essentiellement sur la "baisse tendancielle du taux de profit" (idée reprise par les conseillistes et par Paul Mattick).
Dans les années 1930, Mitchell a fait connaître les travaux de Rosa Luxemburg et la Gauche italienne, à la fin des années 1930, avait adopté cette analyse. Nous avons mis en évidence que l'un des grands mérites de la Gauche italienne avait été justement de prendre en compte les réflexions qui existaient dans le mouvement ouvrier.
Concernant la question posée sur le cycle "crise-guerre-reconstruction", nous sommes intervenus pour mettre en avant que cette spirale n'est pas un cycle éternel. La vision du BIPR laisse entendre que le capitalisme pourrait se survivre éternellement. Selon sa vision, qui ne prend en compte que la baisse tendancielle du taux de profit, il suffit de détruire le capital constant et le capital variable dans la guerre pour relancer les profits. La question de la saturation des marchés est ignorée. Avec une telle vision, on ne voit pas pourquoi la classe ouvrière devrait faire la révolution. En réalité, l'analyse du BIPR participe à sous-estimer la gravité des enjeux de la période historique actuelle et le fait que le capitalisme est devenu une menace pour la survie même de l'humanité.
L'analyse de Rosa Luxemburg met très clairement en évidence la gravité des enjeux et l'alternative historique : révolution prolétarienne ou destruction de l'humanité. Elle montre de façon très claire que l'histoire de l'humanité c'est l'histoire de la lutte de classe.
Nous avons également tenté de répondre, brièvement, faute de temps, à la question : quelles seront les caractéristiques du mode de production qui va succéder au capitalisme ? Nos interventions ont notamment mis en avant que le communisme apportera les réponses aux contradictions actuelles du capitalisme. Dans le communisme primitif, il y avait une égalisation par le bas du fait du faible développement des forces productives et de la pénurie. Le capitalisme a créé les conditions d'une égalisation par le haut. Nous avons rappelé que la base du communisme sera l'abondance. Le capitalisme a créé les conditions de cette abondance et de la satisfaction des besoins humains. Les règles de fonctionnement de la future société seront fondées sur l'idée "à chacun selon ses besoins" et "de chacun selon ses moyens". La discussion a aussi souligné la nécessité de ne pas tomber dans la spéculation, de ne pas faire des "recettes pour les marmites de l'avenir" (comme le disait Marx).
A la fin de cette réunion, l'une de nos sympathisantes, qui découvre depuis peu les positions de la Gauche communiste, nous a dit avoir été convaincue par nos arguments en affirmant : "J'ai beaucoup mieux compris pourquoi l'analyse de la décadence n'est pas une 'broutille'. Elle est au coeur du marxisme." Cette camarade a également affirmé avoir lu avec beaucoup d'intérêt notre brochure sur La Décadence du capitalisme qu'elle a qualifiée de "merveilleuse".
La discussion fut très riche et très animée. En particulier, les nouveaux éléments à la recherche d'une perpective de classe n'ont pas hésité à poser des questions, et à intervenir plusieurs fois pour demander davantage d'explications ou pour exprimer leurs incompréhensions. C'est avec beaucoup de sérieux et d'intérêt que tous les participants ont suivi la discussion et ont regretté le manque de temps pour poursuivre le débat.
Ainsi, la très grande richesse de la discussion, son caractère très vivant, de même que le nombre des participants, a apporté un démenti cinglant à nos calomniateurs de la "FICCI" qui colportent le mensonge suivant lequel les réunions publiques du CCI à Paris sont "désertées" et ne sont plus des "lieux de débat".
GL
Le vendredi 5 novembre 2004, grâce au soutien des militants du NCI d'Argentine, le CCI a tenu une réunion publique à Florencio Varela, banlieue de Buenos Aires. Le thème portait sur l’évolution de la lutte de classe au niveau mondial. Comme lors de la réunion publique précédente du mois d'août, l’introduction a voulu être limitée dans le temps afin de permettre au débat de se développer le plus possible.
L’introduction a d’abord mis en évidence non seulement les attaques féroces que subit la classe ouvrière contre ses conditions de vie partout dans le monde, y compris dans les pays les plus développés, mais également le développement de la barbarie guerrière. Elle a défendu que ces différents aspects de la situation internationale sont directement le produit du capitalisme dans sa phase de décadence et aujourd’hui de décomposition. Face à cette situation, la classe ouvrière reprend aujourd’hui le chemin de la lutte, même si c’est avec beaucoup de difficultés. Elle repart au combat après une longue période de recul ouverte avec l’effondrement du bloc de l’Est, recul dû à l’utilisation par la bourgeoisie de la faillite du stalinisme assimilée de façon mensongère au marxisme et au communisme. Ce redéploiement de la combativité ouvrière est une illustration du fait que les effets de ces campagnes s’estompent. Cette reprise des combats ouvriers se voit concrètement à travers les luttes du printemps 2003 en France et en Autriche contre la "réforme" des retraites, la mobilisation des conducteurs de tramways italiens, des postiers et des pompiers anglais durant l’hiver 2003, puis des ouvriers des usines Fiat à Melfi dans le sud de l’Italie, les luttes en Allemagne des ouvriers de Siemens, Porsche, Bosch, Alcatel mais aussi de Mercedes-Daimler-Chrysler ; les luttes des ouvriers des chantiers navals en Espagne (Ferrol en Galice, Puerto Real et San Fernando près de Cadix, Sestao près de Bilbao). Cette reprise internationale de la combativité ouvrière s'est encore illustrée à travers les manifestations massives comme celle de 45 000 personnes à Berlin le 2 octobre et, le même jour à Amsterdam, ou celle de 200 000 participants contre les projets du gouvernement. Par la suite, le 14 octobre dernier, 9 400 ouvriers de l’usine Opel à Bochum en Allemagne, se sont mis en grève contre l’annonce d’un plan de licenciements. La présentation a souligné que le besoin de solidarité a constitué une caractéristique très importante de ces mouvements : on a vu se développer, notamment dans la lutte de Daimler Benz, le début d’une solidarité ouvrière entre les travailleurs de deux usines alors que la bourgeoisie avait essayé de monter les ouvriers les uns contre les autres. Au sein de cet effort de la classe ouvrière pour développer ses luttes, il faut encore signaler le surgissement d’une réflexion politique en profondeur sur la base d’une perte d’illusion croissante sur l'avenir que nous réserve le capitalisme. Ces mouvements ont révélé que se développe, peu à peu, la conscience que ce sont tous les secteurs de la classe ouvrière qui sont attaqués, dans tous les pays, ainsi que la recherche, même si elle est encore confuse, de la perspective d’une autre société. Il se développe donc de nouveau au sein de la classe ouvrière, la conscience d’appartenir à une classe attaquée, et cette prise de conscience est la base de la recherche de la solidarité indispensable à la lutte de classe.
Les participants à cette réunion publique, les membres du NCI ainsi que d’autres éléments, ont salué les informations que la présentation du CCI a données sur les luttes en Europe. Cette dernière leur a permis de mieux comprendre que les luttes qui se développent aussi en Argentine (l’exemple a été donné d’une lutte dans une coopérative de viande, mais il y en a d’autres) prennent tout leur sens dans cette dynamique internationale. Ils ont souligné qu’il y a beaucoup de luttes dans le monde mais que les médias n’en donnent aucune information. Un des participants a souligné que depuis le milieu des années 1990, on voit se développer en Argentine, des luttes "populaires" contre des attaques très dures. Il a mis en évidence que les luttes récentes en Argentine étaient allées jusqu’à remettre l’Etat en question. Les camarades du NCI ont affirmé qu'ils ne partageaient pas cette vision. Le CCI est également intervenu pour souligner que seule la classe ouvrière peut remettre l’Etat en question par une lutte massive, unie et consciente des enjeux historiques de la situation. Il a souligné le danger des luttes inter-classistes dans lesquelles la classe ouvrière se trouve diluée dans les autres couches de la population et donc dans lesquelles elle perd sa force de classe. La seule perspective, pour développer un rapport de force contre la bourgeoisie et son Etat, c’est de développer sa lutte sur son propre terrain, une lutte autonome et unie de la classe ouvrière. En 2001, nous avons vu des révoltes inter-classistes dans lesquelles le prolétariat était noyé dans d’autres couches sociales. Ces révoltes n’ont nullement ébranlé l’Etat.
Le participant qui avait émis cette analyse a été très attentif à cette argumentation. C'est avec beaucoup de sincérité qu'il a manifesté sa volonté de comprendre comment la classe ouvrière peut développer un rapport de force en sa faveur face à l'Etat.
Un autre aspect important de la discussion a porté sur la question : comment lutter contre la dispersion des luttes, comment développer l’unité dans la classe ouvrière ? Sur cette question, tous les participants ont exprimé leur accord sur le fait que les ennemis de cette unité, ce sont les syndicats. Le CCI a ainsi pu donner l’exemple des luttes en Pologne de 1980 pour montrer que si cette lutte avait pu se développer à l’échelle de l’ensemble du pays, c’est parce que les syndicats officiels étaient clairement vus, par les ouvriers, comme les représentants de l’Etat. Il a fallu que les syndicats des pays d’Europe de l’Ouest, qui parviennent plus habilement à masquer leur nature anti-ouvrière, volent au secours de l’Etat polonais pour casser la dynamique du mouvement, en lui donnant comme perspective la construction de nouveaux syndicats, "démocratiques". Walesa aura été le champion de ce sabotage et la bourgeoisie lui en est très reconnaissante.
La discussion a souligné aussi que la perspective est de développer la solidarité de classe jusqu’au niveau international puisque c’est à l'échelle internationale qu’il faut détruire le capitalisme et que la base même de la lutte de classe, c’est l’internationalisme.
Un participant a demandé au CCI d’exposer comment, selon lui, les ouvriers doivent s’organiser dans les luttes. Le CCI a rappelé le débat sur la grève de masse du début du 20e siècle, suite au mouvement de 1905 en Russie, ainsi que les enseignements qui en ont été tirés. Il a rappelé que les syndicats de l’époque s’étaient opposés à ce débat. Une leçon centrale que les luttes de cette période (marquant l'entrée du capitalisme dans sa période de décadence) avaient mise en évidence était que désormais, les luttes ne pouvaient plus rester enfermées dans la corporation mais devaient s’étendre et que c’est dans et par la lutte que la classe ouvrière fait surgir ses organes de lutte : assemblées générales élisant des comités élus et révocables. C’est cette organisation-là qui permet à la classe de garder la maîtrise de sa lutte. C’est aussi cette organisation-là qui permet son extension véritable.
C'est parce que la classe ouvrière ne peut plus se doter d'organisations unitaires permanentes que les syndicats ont trahi et ont été absorbés par l'Etat. Depuis lors, ce sont ces syndicats qui ont lutté contre cette organisation autonome de la classe, laquelle cesse avec la lutte quand celle-ci s’arrête.
En fin de débat, la question de la nature de classe du mouvement des "piqueteros" a été posée par ce même participant. Pour lui, il s’agit d’une lutte authentique de chômeurs, donc d’une lutte ouvrière puisque les chômeurs font partie de la classe ouvrière. Le CCI ainsi que les camarades du NCI, ont répondu que s’il est vrai que les chômeurs font bien partie de la classe ouvrière, et s’il y a bien des ouvriers au chômage dans le mouvement des "piqueteros", cela ne suffit pas à lui donner une nature prolétarienne. Dans les syndicats aussi il y a des ouvriers, ces derniers ne sont pas pour autant une organisation de la classe. Le mouvement des "piqueteros" divise la classe entre chômeurs et actifs, entre chômeurs entre eux puisqu’il y a plusieurs organisations de "piqueteros". De plus, les ouvriers pris dans ces mouvements n’ont aucune autonomie et ne décident de rien. Ils sont une simple masse de manœuvre totalement manipulée. Dans ces conditions, les 150 pesos qu’ils reçoivent, chaque mois, de l’Etat ne représentent en réalité pas le fruit d’un rapport de force qu’ils imposeraient, comme le pense le camarade, mais le prix pour service rendu, même s’ils en sont inconscients.
Le camarade s’est dit en désaccord tout en affirmant qu’il réfléchirait et qu’il est prêt à poursuivre le débat sur cette question, attitude que le CCI a saluée.
La conclusion du CCI a ainsi pu souligner des points d’accord sur l’aspect international de la lutte de classe, la nécessité de développer les luttes, le rejet des syndicats, la nécessité de lutter pour le développement de l’unité de la classe et le développement de la conscience des enjeux historiques. Elle a aussi mentionné le désaccord d’un participant sur le mouvement des "piqueteros" ainsi que sa volonté de poursuivre le débat sur cette question. Ce camarade a d’ailleurs apprécié que la conclusion mentionne les points d’accord et de désaccord. Il a également demandé si le CCI pouvait lui procurer les livres de Rosa Luxembourg Introduction à l’économie politique ainsi que L’Accumulation du capital. Le CCI va faire de son mieux pour répondre à cette demande.
Au cours du débat, les camarades du NCI sont intervenus à plusieurs reprises, notamment sur le mouvement des "piqueteros" ; leurs interventions se situaient dans la continuité de leurs prises de position précédentes (que nous avons publiées dans notre Revue Internationale). Ils ont dit aussi qu’ils appréciaient beaucoup l’éclairage historique que donne le CCI.
Il faut encore noter que les participants ont contribué à la location de la salle.
Cette réunion a été un vrai débat au sein de la classe ; un débat utile puisqu’il confronte les positions en vue de la nécessaire clarification politique pour la lutte.
CCI (11 novembre 2004)
Sur les marchés de Noël qui prolifèrent en ce moment, les contrefaçons occupent une place de plus en plus importante. Grâce aux vendeurs à la sauvette, c'est l'heure de gloire du sac Vuitton à l'espérance de vie inférieure à celle d'un sac poubelle et de la chemise Lacoste dont le crocodile proclame son indépendance au bout de deux lavages. Il faut dire que c'est bien pratique quand les convenances commandent de faire un cadeau à une belle-mère particulièrement envahissante et à un cousin détesté depuis l'enfance : ni l'un ni l'autre n'osera protester quand il découvrira la triste réalité de son prestigieux présent.
La prétendue "Fraction interne du CCI" (FICCI) a décidé de prendre sa place sur le marché de la contrefaçon en espérant elle aussi écouler en douce sa camelote frelatée. Depuis quelque temps, elle a mis en vente une brochure intitulée "La Ligue Communiste et la Fraction de Gauche (Treint-Marc) (1930-1932)" avec comme sous-titre "Tâches et fonctions d'une fraction communiste". Que la FICCI ait envie de se donner des airs "sérieux" en publiant des documents à vocation historique, on le comprend aisément : cela lui permet d'essayer de faire oublier ses exploits dans le domaine du vol et du mouchardage (1). Mais pour ce faire, une nouvelle fois, elle ne peut s'empêcher d'étaler sa malhonnêteté : la brochure en question se présente comme une contrefaçon de la brochure du CCI La Gauche communiste de France. Tout y est : les couleurs et le style de la couverture, le surtitre "Contribution à une histoire du mouvement révolutionnaire", la présence des positions de base du CCI au verso. D'ailleurs, la préface de cet ouvrage mémorable n'hésite pas à le présenter comme un complément à notre brochure. Ce n'est pas la première fois que la FICCI nous gratifie de ce genre d'exploit : n'avait-elle pas déjà publié une autre brochure intitulée "La dégénérescence de l'IC : le cas du Parti communiste français (1924-1927)" qui essayait de démontrer que le CCI avait repris à l'égard de la FICCI les mêmes méthodes que les staliniens contre les courants de gauche ? Cette brochure déjà avait les couleurs et les apparences de celle du CCI, mais sa couverture disait clairement qu'elle était publiée par la FICCI. Rien de tout cela dans la dernière brochure ,à tel point que le lecteur peu avisé pourrait croire que c'est effectivement un complément à la nôtre (2).
C'est pour cela que nous mettons en garde nos lecteurs contre cette brochure : ils risquent de se faire arnaquer de 6 euros (ce qui est un prix ahurissant au vu de son épaisseur et de la qualité minable de sa présentation). Même si c'est pour l'offrir au cousin détesté, ce n'est pas la peine de faire une telle dépense (3).
Carmen (18 décembre)
1 Voir notamment nos articles dans RI 323, 330 et 338.
2 La seule indication d'auteur est le nom bien célèbre de "Michel Olivier" qui vient signer un petit texte au verso, juste au dessus de nos positions de base. Il y avait à la télévision, dans le passé, le chef cuisinier Michel Oliver. Faut-il croire que pour sa sale petite cuisine la FICCI a aussi besoin des recettes d'un maître -queux ? En tout cas, même si Michel Olivier se prend pour un historien, ses recettes sont loin d'avoir leur place dans les marmites de l'avenir (suivant l'expression de Marx).
3 Cela dit, si le prix de 6 euros (plus 1,5 euro de frais de port) est exorbitant pour une brochure de ce type, il pourrait se justifier pour un livre de recettes à offrir à une belle-mère casse-pieds.
Le GARAS (Groupement d’Action et de Réflexion Anarcho-syndicaliste) est né des convulsions qui secouent la CNT-AIT et publie depuis 2002 une Lettre de liaison (LL) (voir notre article dans RI n°345). Il se propose de promouvoir l’auto-organisation des luttes et d’impulser un syndicalisme efficace "en rupture avec le capitalisme" en cherchant à "mettre en place une confédération anarcho-syndicaliste sur des bases claires." (LL n°4, p. 7) Dans ses publications, le GARAS fait le bilan de la défaite du mouvement du printemps 2003 contre la réforme des retraites. Il souligne le rôle diviseur des syndicats dans le mouvement pour isoler le secteur de l’Education nationale du reste de la classe ouvrière où ils "vont tout faire pour empêcher l’extension réelle du mouvement (…) Leur tactique est d’attendre l’essoufflement dans l’Education nationale, (…) sans appeler tous les secteurs où elles [les bureaucraties syndicales] sont implantées à entrer en grève en même temps", concluant qu’"il apparaît (…) que les syndicats ont une énorme responsabilité dans l’échec final. Il apparaît même qu’ils ont provoqué cet échec dès le début du mouvement." (LL n°7, p.6)
Pour l’essentiel, nous partageons les constats auxquels parvient le GARAS. Au printemps 2003 pour faire passer l’attaque générale sur les retraites, le gouvernement portait simultanément une attaque plus spécifique contre le secteur de l’Education nationale (la délocalisation des personnels ATOSS) dans le but d’empêcher le développement d’une lutte massive de tous les secteurs contre la réforme. Comme nous l’écrivions dans RI n°348 : "Rapidement les luttes des personnels de l’Education sont apparues comme le fer de lance de la mobilisation ouvrière. Mais, en leur sein, les syndicats n’ont cessé de mettre en avant les revendications spécifiques contre la délocalisation, dans lesquelles le reste de la classe ouvrière ne pouvait se reconnaître, qui ont pris le pas sur la question des retraites et fait passer celle-ci au second plan. Cette entreprise a non seulement permis au gouvernement de faire passer l’attaque sur les retraites mais d’entraîner le secteur enseignant, isolé et divisé, poussé par une partie de ces mêmes syndicats vers des actions radicales et impopulaires de boycott d’examens de fin d’année, dans une défaite la plus amère et cuisante possible." (voir aussi RI n° 337)
Tout en étant très critique vis-à-vis des syndicats, le GARAS lance son cri du coeur : "Comment ne pas se poser de questions quand on regarde le taux actuel de syndicalisation en France : 10 à 12% de travailleurs syndiqués dans le public et 2 à 3% dans le privé (…) Comment ne pas réagir, quand suite à de telles expériences [désignées dans le langage châtié du GARAS comme "des dérives du syndicalisme d’accompagnement des réforme"], des personnes en arrivent à trouver le syndicalisme, dans son ensemble, néfaste à l’organisation des travailleurs ? " (LL n°5, p.19)
Le travail de division de la classe ouvrière et d’enfermement du secteur de l’Education par les syndicats lors de la lutte du printemps 2003, n’a pas manqué, ici et là, de faire naître un doute sur les syndicats, de faire émerger un questionnement parmi les ouvriers sur leur nature et le rôle qu’ils jouent dans la lutte des classes.
Cette défiance et la désaffection des syndicats que le GARAS veut faire passer pour une preuve d’inconscience chez les ouvriers, manifestent au contraire une compréhension instinctive que les syndicats défendent la classe ennemie. Ce premier pas forme l’une des conditions pour que la classe ouvrière développe la lutte de façon autonome, en refusant d’en abandonner la direction à ces saboteurs professionnels.
C’est le rôle des groupes, des courants qui, comme le GARAS, s’alarment de la méfiance développée par les ouvriers à l’égard du syndicalisme lui-même de stériliser et dévoyer cette réflexion en y apportant de fausses réponses. L’une de celles-ci consiste à prôner un syndicalisme "différent" comme véritable et seule alternative à la lutte lorsque les tromperies des centrales syndicales deviennent par trop voyantes. Ce syndicalisme de "combat", "autonome", "d’assemblée", de "base", etc., n’est rien d’autre que ce syndicalisme de base qui a pour fonction de briser les reins de la classe ouvrière dans le développement de ses luttes. Celui-ci n’a rien de nouveau mais est une entrave constante que les forces de gauche et d’extrême gauche de la bourgeoisie n’ont eu de cesse de lui mettre dans les jambes depuis plus de trente ans. Extérieur aux centrales ou aux directions, ce syndicalisme de base est en réalité le complément indispensable au sabotage syndical des luttes. Il a pour fonction de rehausser la crédibilité du syndicalisme en proposant un syndicalisme régénéré. Telle est la tâche à laquelle s’emploie le GARAS en affirmant qu’"il est clair que les centrales ne font pas leur travail de syndicats". Pour lui, "les bureaucraties syndicales qui ne remettent pas en cause le capitalisme sont contre nous dans cette lutte, ou ne se donnent pas les moyens de tenir le rapport de forces." Il revendique, qu’avec la crise économique "le syndicalisme réformiste, de concertation sociale, de cogestion avec l’Etat et le patronat n’est plus aussi nécessaire qu’auparavant" (LL n°6, p.4) et que ce type de syndicalisme est révolu : il faut maintenant un syndicalisme plus efficace.
Toute la pratique du GARAS consiste à enfermer les ouvriers dans la logique syndicaliste. Ainsi, comme il le dit : "Mettre la pression sur les centrales par des appels répétés à l’extension de la grève par les AG peut jouer puisque de nombreux travailleurs veulent entrer en grève, mais à deux conditions qui ne sont pas toujours remplies : 1° faire un bilan des actions entreprises par les centrales, afin de les mettre dans l’embarras en montrant à leur base qu’elles sont inactives, ce qui les poussera à agir même timidement. 2° organiser par nous-mêmes l’extension de la grève en allant à la rencontre d’autres travailleurs, y compris des syndiqués de ces centrales." (LL n°4, p.5) Ne nous y trompons pas, cette proposition, sous des dehors radicaux, n’est que la version anarcho-syndicaliste du "mettre les Bernard Thibault, les François Chérèque, les Jean-Claude Mailly au pied du mur" des trotskistes de Lutte Ouvrière. C’est le moyen de subtile défense des syndicats utilisé depuis des années par les gauchistes de tout poil pour entretenir les illusions ouvrières sur leur nature véritable. Le GARAS assume le même rôle de rabatteur sur les centrales et le syndicalisme habituellement dévolu aux gauchistes dans leur tâche d’encadrement de la classe ouvrière. Pour ce faire, le GARAS n’hésite pas, dans sa critique des syndicats, à mettre de l’eau dans son vin en voyant "deux exceptions cependant, FO et SUD" [qui comprennent de nombreux éléments se revendiquant de l’anarcho-syndicalisme]. Il crédite ainsi le piège classique à double mâchoire tendu par la bourgeoisie aux ouvriers, et particulièrement les plus combatifs, insatisfaits de la modération des centrales : celui-ci consiste à leur présenter comme alternative des syndicats ou des structures analogues au langage plus radical, qui ont depuis longtemps fait la preuve de leur capacité à étouffer toute véritable lutte. Le GARAS a ainsi été le tenant jusqu’au boutiste de la grève générale défendue sur la fin du mouvement de 2003 par FO, chiffon rouge agité pour épuiser dans l’isolement les derniers carrés d’ouvriers combatifs de l’Education nationale. Adepte de "l’action directe", plongeant avec délectation dans les actions coup de poing, défouloirs sans perspective (occupations de gares, barrages routiers, etc.), il a ainsi lui-même apporté sa petite contribution à la réussite de la manoeuvre bourgeoise d’enfermement et d’épuisement des travailleurs de l’Education.
Dans sa quête d’un syndicalisme qui lave plus blanc, le GARAS nous explique que "le syndicalisme est une démarche pratique qui permet d’intervenir dans la sphère du travail : problèmes de salaire, de rapports avec la hiérarchie, de changements de contrats, de conditions de travail, de licenciements, de changement de statut…" (LL n°6, p.3) Il faudrait qu’il nous explique en quoi ce qu’il revendique se différencie de la pratique qu’il reproche aux grandes centrales "gestionnaires des structures de médiation du capitalisme dans le monde du travail (CE, commissions paritaires…)" ? Une fois débarrassés de leur emballage "radical", les actes et les prises de position du GARAS montrent qu’il se place exactement dans la même logique de défense et de gestion du capital.
Ainsi se propose-t-il de "bien étudier la situation économique des entreprises pour comprendre correctement les enjeux d’une lutte, et riposter de la façon appropriée." (Ibid.) Cette approche typiquement syndicale qui élève les limites sectorielles comme autant de divisions entre prolétaires et qui enferme chaque fraction du prolétariat dans "son" usine, "son" secteur, a, depuis des années, constamment été mise en avant pour entretenir le sentiment d’impuissance face aux attaques dans le but d'imposer les sacrifices à la classe ouvrière et la soumettre aux impératifs du capital national, ou bien pour semer des illusions sur une autre politique possible. Dans tous les cas, il s’agit de masquer aux yeux des prolétaires la faillite du capitalisme, comme système dans son ensemble, ainsi que la nécessité d’une lutte unie et globale de tout le prolétariat contre ce système.
C’est bien contre cette prise de conscience qu’est utilisé le "révolutionnarisme" à la GARAS voulant "…favoriser des projets allant à l’encontre de la logique marchande, (…) mettre en place des banques de semences non contaminées par les OGM, (…) créer des coopératives ayant entre autres buts de permettre à des travailleurs virés par leur patron de produire sans hiérarchie, sans logique de profit, en accord avec l’environnement…" (Ibid.) Cette version anarcho-syndicaliste "d’un autre monde possible" (sans détruire le capitalisme !) s’épanouit pleinement au sein du courant altermondialiste dont la bourgeoisie fait sans relâche la promotion. En répandant ses phrases creuses sur la construction d’une alternative au sein de la société capitaliste, le GARAS répand les illusions bourgeoises de la possibilité de son aménagement, alors que ce système et ses lois économiques, et l’Etat qui les incarne, doivent être détruits. Pas étonnant qu’il trouve sa place au sein de l’arsenal idéologique que déploie aujourd’hui la bourgeoisie. L’incapacité congénitale de l’anarcho-syndicalisme à s’attaquer aux racines de la domination de classe de la bourgeoisie en fait un bon moyen aux mains de celle-ci pour répandre un maximum de confusions dans les rangs du prolétariat pour le plus grand profit de la bourgeoisie et le maintien du système d’exploitation capitaliste : dans la période de décadence du capitalisme, réformer le système ne peut que signifier soumettre le prolétariat à sa barbarie.
Dans un prochain numéro, nous répondrons aux arguments du GARAS qui revendique un syndicalisme de "lutte des classes" en montrant que le syndicalisme n’est plus une arme pour la classe ouvrière.
Scott
L'année 2004 s'est terminée par une immense tragédie humaine en Asie du sud. Un séisme d’une violence exceptionnelle a provoqué un raz-de-marée dans l’océan Indien qui a dévasté pas moins de douze pays riverains. En quelques heures, les tsunamis ont fait plus de 160 000 morts, des dizaines de milliers de disparus, des centaines de milliers de blessés, cinq millions de déplacés. Ce bilan effroyable est malheureusement provisoire car de nombreuses zones, notamment en Indonésie, en Thaïlande ou au Sri Lanka ne sont pas accessibles puisque l’ensemble du réseau routier y a été détruit.
Dans ces régions côtières, des villages entiers ont été rasés, des centaines de bateaux de pêche sont fracassés et des eaux saumâtres ont ravagé les cultures, laissant plus de cinq millions de personnes sans abri, sans nourriture ni eau potable, ce qui ne peut qu’entraîner de nouvelles victimes. Ainsi, les organisations humanitaires redoutent des vagues d’épidémies mortelles pouvant faire des dizaines de milliers de morts. Une fois encore, ce sont les couches les plus pauvres de la population, dont les prolétaires, qui travaillent notamment dans l’industrie du tourisme, qui sont les principales victimes de cette tragédie.
Comme à chaque catastrophe de ce genre, on invoque l’impuissance des hommes face à la « mère nature », la malchance, la fatalité, ou bien encore la pauvreté des pays sinistrés qui ne peuvent acquérir les techniques pour prévenir de tels cataclysmes. Foutaises et mensonges !
Pourquoi et comment un phénomène naturel et bien connu tel que les tsunamis a-t-il pu en quelques heures se transformer en catastrophe sociale d'une telle ampleur ?
Évidemment, on ne peut accuser le capitalisme d’être à l’origine du séisme qui a provoqué ce gigantesque raz-de-marée. En revanche, on peut mettre à son passif la totale incurie et l'irresponsabilité des gouvernements de cette région du monde et de leurs homologues occidentaux qui ont conduit à cette immense catastrophe humaine.
Tous savaient en effet que cette région du globe est particulièrement exposée aux secousses sismiques.
« Les experts locaux, pourtant, savaient qu’un drame se préparait. Courant décembre, en marge d’une réunion de physiciens à Djakarta, des sismologues indonésiens avaient évoqué le sujet avec un expert français. Ils étaient parfaitement conscients du danger de tsunamis car il y a en permanence des séismes dans la région » (Libération du 31/12/04).
Non seulement les experts sont au courant, mais en plus l’ex-directeur du Centre international d’information sur les tsunamis à Hawaï, George Pararas-Carayannis, indique qu’un séisme majeur s’est même produit 2 jours avant la catastrophe du 26 décembre. « L’océan Indien dispose d’infrastructures de base pour les mesures sismiques et les communications. Et personne n’aurait dû être surpris, puisqu’un séisme de magnitude 8,1 s’était produit le 24 décembre. Il aurait dû alerter les autorités. Mais il manque d’abord la volonté politique des pays concernés, et une coordination internationale à l’échelle de ce qui s’est construit dans le Pacifique » (Libération du 28/12/04).
Personne n’aurait dû être surpris et pourtant le pire est arrivé. Mais l’incurie des classes dirigeantes ne s’arrête pas là !
Ainsi, lorsque le centre américain de météo d’Hawaï a annoncé rapidement à 26 pays, quinze minutes après le séisme, la possibilité de tsunamis près de l’épicentre, l’agence de météorologie du Japon n’a pas relayé l’information auprès de ses voisins, puisque le bulletin météo était rassurant pour le Japon.
En Inde, le QG de l’armée de l’air a reçu l’information, mais celle-ci se doit de suivre un parcours très hiérarchisé et bureaucratique. Le fax d’alerte s’est perdu en route car le département météo n’avait pas le nouveau fax du ministère de la recherche : celui-ci avait changé avec le nouveau gouvernement en place depuis le mois de mai 2004 ! « Même scénario en Thaïlande où le département météo n’a pas osé lancer d’alerte nationale de peur de provoquer une inutile panique générale. Il savait pourtant qu’un tremblement de terre de grande ampleur s’était produit dès 8h10, soit bien avant que le tsunami ne frappe les rivages de Phuket » (Libération du 31/12).
La simple prudence (sans compter le principe de précaution) commandait d’alerter les populations. Même sans les moyens techniques dont sont dotés les États-Unis et le Japon, il y avait suffisamment d’informations disponibles sur la catastrophe en préparation pour agir et éviter ce carnage.
Ce n’est pas de la négligence, c’est une politique criminelle et qui révèle le profond mépris de la classe dominante pour les populations et le prolétariat qui sont les principales victimes de la politique bourgeoise des gouvernements locaux !
En fait, il est clairement reconnu aujourd’hui, de façon officielle, que l’alerte n’a pas été lancée de crainte de… porter atteinte au secteur du tourisme ! Autrement dit, c’est pour défendre de sordides intérêts économiques et financiers que des dizaines de milliers d'êtres humains ont été sacrifiés.
Cette irresponsabilité des gouvernements est une nouvelle illustration du mode de vie de cette classe de requins qui gère la vie et l'activité productive de la société. Les États bourgeois sont prêts à sacrifier autant de vies humaines, si cela est nécessaire pour préserver l’exploitation et les profits capitalistes.
Ce sont toujours les intérêts capitalistes qui dictent la politique de la classe dominante, et dans le capitalisme, la prévention n’est pas une activité rentable comme le reconnaissent aujourd'hui tous les médias : « Des pays de la région auraient jusqu’ici fait la sourde oreille pour mettre sur pied un système d’alerte en raison des énormes coûts financiers. Selon les experts, un dispositif d’alerte coûterait des dizaines de millions de dollars, mais il permettrait de sauver des dizaines de milliers de vies humaines ». (Les Échos du 30/12)
Quand on voit, à longueur de reportages télévisés, ces dizaines de milliers de morts, de familles décimées, d’enfants orphelins, on ne peut qu’être profondément révoltés d'entendre les responsables de ces massacres annoncer, avec un cynisme abject, qu'ils vont tout faire maintenant pour doter le continent asiatique d’un système de détection des séismes et des tsunamis comme c'est le cas aux États-Unis et au Japon.
Le drame humain qui vient de se dérouler en Asie du sud est une nouvelle manifestation de la barbarie effroyable d'un système qui conduit l'humanité à sa perte. Car c'est bien ce système décadent qui est le vrai responsable des catastrophes à répétition. L’an dernier, c’est un séisme en Iran qui a fait des dizaines de milliers de morts, et juste avant c’était la Turquie, l’Arménie, etc. On entasse des populations sur des zones sismiques, dans des constructions précaires, alors que la technologie existe pour éviter que des phénomènes naturels ne provoquent de telles catastrophes sociales.
Si le tsunami dans l’océan Indien a fait également autant de victimes parmi les vacanciers, c'est parce que le capitalisme a développé des complexes touristiques de façon totalement anarchique notamment en détruisant les mangroves qui servaient de protection naturelle, capable d’atténuer la force des vagues et des projectiles charriés par les raz-de-marée.
C'est cette même réalité aberrante que l’on retrouve dans les pays industrialisés où l’on construit des habitations dans des zones potentiellement inondables et dangereuses pour la vie des populations.
Plus que jamais, le capitalisme, parce qu’il est basé sur la recherche effrénée du profit et de la rentabilité et non sur la satisfaction des besoins humains, ne peut qu’engendrer de nouvelles catastrophes. Alors que le développement du capitalisme avait permis l'épanouissement d'un formidable potentiel technologique et industriel et de tendre à une certaine maîtrise de la nature, ce système, dans sa phase décadente, n’est plus capable de faire avancer l’humanité, de la faire progresser. C'est au contraire la nature qui semble « reprendre ses droits », alors que le développement de la technologie pourrait permettre à l’humanité de vivre en harmonie avec elle.
Le capitalisme est aujourd'hui un système social en décomposition. Il est devenu une entrave et une menace pour la survie de l’espèce humaine. Aux explications partielles mais surtout crapuleuses et cyniques de la classe dominante, les révolutionnaires doivent opposer l’analyse du marxisme.
« A mesure que le capitalisme se développe puis pourrit sur pied, il prostitue de plus en plus cette technique qui pourrait être libératrice à ses besoins d’exploitation, de domination, et de pillage impérialiste, au point d’en arriver à lui transmettre sa propre pourriture et à la retourner contre l’espèce (…) C’est dans tous les domaines de la vie quotidienne des phases 'pacifiques' qu’il veut bien nous consentir, entre deux massacres impérialistes ou deux opérations de répression que le capital, aiguillonné sans trêve par la recherche d’un meilleur taux de profit, entasse, empoisonne, asphyxie, mutile, massacre les individus humains par l’intermédiaire de la technique prostituée (…) Le capitalisme n’est pas innocent non plus des catastrophes dites 'naturelles'. Sans ignorer l’existence de forces de la nature qui échappent à l’action humaine, le marxisme montre que bien des catastrophes ont été indirectement provoquées ou aggravées par des causes sociales (…) Non seulement la civilisation bourgeoise peut provoquer directement ces catastrophes par sa soif de profit et par l’influence prédominante de l’affairisme sur la machine administrative (…) mais elle se révèle incapable d’organiser une protection efficace dans la mesure où la prévention n’est pas une activité rentable ». (A. Bordiga, « Espèce humaine et croûte terrestre »)
Face à la gravité de la catastrophe, il a fallu plusieurs jours à la bourgeoisie internationale pour se mobiliser et envoyer des secours dans les pays frappés par la catastrophe. Et encore faut-il que ces secours puissent être acheminés sur le terrain : ainsi, un hôpital de campagne envoyé par le France en Indonésie attend depuis plus de deux semaines l’arrivée des hélicoptères censés transporter le matériel et les équipes médicales.
Lorsqu'il s'agit de défendre leurs intérêts impérialistes, dans les guerres prétendument « humanitaires », ces États ont toujours fait preuve d'une extrême rapidité pour envoyer des troupes, du matériel et des engins toujours plus sophistiqués pour bombarder les populations et semer la mort aux quatre coins de la planète. De même, tous ces gangsters capitalistes n'ont jamais hésité à investir des sommes pharamineuses dans la production d’armements et pour détruire des pays entiers.
Quant à l'aide financière consentie dans un premier temps par les gouvernements de tous les pays, et notamment les plus développés, elle était tellement dérisoire que le secrétaire adjoint de l’ONU, Jan Egeland a même traité de pingre, de radin la « communauté internationale ».
Face à l'ampleur du désastre, les différents États capitalistes se sont encore comportés comme de véritables charognards, faisant monter les enchères dans le seul objectif d'apparaître comme les plus « généreux » face à leurs rivaux.
Ainsi, les États-Unis ont proposé 350 millions de dollars au lieu des 35 initialement annoncés (alors qu'ils dépensent aujourd’hui 1 milliard de dollars par semaine pour la guerre en Irak et 1 milliard par mois pour celle en Afghanistan !), le Japon 500 millions, l’Union européenne 436 millions. La France a même crû un moment, avec ses 50 millions, se placer à la tête des pays donateurs (alors que ses interventions militaires lui coûtent un milliard d'euros par an !); puis ce fut le tour de l’Australie, de l’Angleterre, de l’Allemagne, etc.
A chaque fois, comme dans les ventes aux enchères, tel ou tel État proposait une offre d’aide financière supérieure à celle du voisin.
Cette surenchère verbale est d'autant plus écœurante qu'elle relève de la pure mascarade, car les promesses de dons sont souvent peu suivies d’effets. Ainsi, on peut rappeler que cette « communauté internationale » de brigands capitalistes avait promis 115 millions de dollars suite au séisme qui avait secoué l’Iran en décembre 2003 et Téhéran n’a reçu à ce jour que 17 millions de dollars. C’est la même chose qui s'est produite pour le Libéria : 1 milliard de dollars promis et 70 millions récoltés.
Les exemples ne manquent pas, sans compter tous ces conflits qui sombrent dans l’oubli et l’horreur et pour lesquels, il n’y a même pas de promesse, comme le Darfour ou le Congo, avec des drames humains de l’ampleur du tsunami asiatique.
Quant à la proposition de moratoire de remboursement des dettes des pays touchés par la catastrophe, c’est une baudruche qui se dégonflera rapidement, car il s'agit tout simplement d'un report d’échéances des intérêts de la dette et non pas un effacement des dettes. D’ailleurs, les cinq pays les plus endettés parmi ceux qui ont été frappés par le raz-de-marée devront rembourser 32 milliards de dollars l’an prochain, soit dix fois plus que ce qu’ils sont censés recevoir au titre de « l’aide humanitaire » (et qui est probablement gonflé par rapport à ce qu’ils recevront effectivement). Évidemment, ces pays n’ont pas le privilège d’être occupés par l’armée américaine comme c’est le cas de l’Irak : ils auraient pu alors bénéficier d’une annulation pure et simple de leur dette.
Non seulement, la bourgeoisie nous raconte des mensonges éhontés à propos de sa soi-disant « générosité », mais en plus, elle nous cache les véritables objectifs de cette surenchère « humanitaire ».
L'aide « humanitaire » des gouvernements n'est en réalité rien d'autre qu'un prétexte pour masquer leurs appétits impérialistes.
Derrière le rideau de fumée idéologique de la propagande humanitaire, il est frappant de voir l’empressement de chaque État à envoyer ses représentants sur les lieux de la catastrophe avant les autres, de façon concurrente, alors qu'un tel désastre nécessitait une coordination internationale des secours. En fait, chaque bourgeoisie nationale défend ses propres intérêts de puissance capitaliste et impérialiste dans une région qui représente un enjeu stratégique et militaire.
Les profondes divergences d’intérêts entre les différents États impérialistes qui s'étaient manifestées à propos de l’Afghanistan ou de l’Irak, on les voit réapparaître ici. Ainsi, la France envoie son ministre des Affaires étrangères avec un avion rempli de médicaments et Chirac, avec le soutien de l’Allemagne, propose de créer une force humanitaire de réaction rapide, force qui serait sous le contrôle des États européens, mais au service de l’ONU.
La réplique américaine ne s'est pas fait attendre : non seulement, les États-Unis envoient des bateaux, des avions et des troupes militaires dans l’océan Indien, mais ils annoncent également la création d’une coalition internationale humanitaire (avec l’Australie, le Japon, l’Inde) pour "coordonner les secours".
Comme pour la guerre en Irak, la politique américaine vise à montrer aux autres puissances que les États-Unis sont les patrons et que, dans ces circonstances, ils entendent bien encore défendre leur leadership. Le secrétaire d’État, Colin Powell, et le frère du président Bush sont envoyés sur place pour exalter « les valeurs américaines en action ». Colin Powell qui fut le commandant en chef des armées américaines lors de la 1ère guerre du Golfe et qui ordonna notamment d’ensevelir, encore vivants, les soldats des premières lignes irakiennes, a même eu le culot de verser des larmes de crocodile, lors d’un survol en hélicoptère de la région de Banda Aceh, en déclarant : « j’ai été en guerre, j’ai eu des ouragans et des tornades et d’autres opérations de secours. Je n’ai jamais rien vu de tel » (Libération du 6/01/04).
Toutes ces dissensions entre les grandes puissances où chaque État essaie de tirer la couverture à lui, en disent long sur la préoccupation « humanitaire » de ces vautours capitalistes. Comme le souligne, un responsable américain : « C’est une tragédie, mais aussi une opportunité à saisir. Une aide rapide et généreuse des États-Unis pourrait aider à améliorer les relations avec les pays asiatiques ».
Compte tenu de l’importance stratégique de l’Indonésie dans l’océan Indien, il est évident, que les États-Unis cherchent à profiter de la catastrophe pour pouvoir s’implanter militairement (ce que les militaires indonésiens avaient refusé à Washington, à qui ils reprochaient leurs ingérences dans les affaires indonésiennes, lorsqu’en 1999, les États-Unis avaient suspendu leur aide militaire à Djakarta en raison des exactions commises par l’armée indonésienne au Timor oriental). Par ailleurs, leur « aide humanitaire » au Sri Lanka a pris la forme d’un « débarquement » de chars amphibies évidemment « pacifiques » (et non armés aux dires d’un officier) et qui ont pour mission de « non de détruire » mais de « secourir la population ».
De leur côté, les États européens, eux aussi, souhaitent être présents militairement et diplomatiquement dans cette région. Quant à la Chine, elle cherche à faire valoir ses ambitions de gendarme du continent asiatique et se heurte à l'opposition du Japon. Et si l'État indien a refusé toute aide étrangère, quitte à laisser crever comme des rats une partie des sinistrés, c'est parce qu'il veut s'affirmer comme une puissance régionale avec laquelle il faudra compter.
Voilà ce que cache la cacophonie de l'aide « humanitaire » de la bourgeoisie mondiale : la défense de ses sordides intérêts impérialistes ! L'ignominie et l'hypocrisie sans borne de la classe bourgeoise qui dirige le monde est à vomir !
Encore une fois, c'est le capitalisme qui est une catastrophe pour l'humanité, avec sa loi du profit et sa classe dominante, tout juste capable de comptabiliser les morts et de déchaîner toujours plus de barbarie. Au même moment, où il laisse les vagues géantes emporter les populations, il exacerbe le chaos en Afghanistan, il multiplie les attentats terroristes et les représailles qui ensanglantent l’Irak, la Palestine, il laisse se développer la famine au Darfour et les massacres au Congo.
Cette spirale sanglante indique que le capitalisme ne peut offrir à l’humanité que sa destruction à travers des catastrophes toujours plus meurtrières, des guerres toujours plus barbares, la misère, la famine, les épidémies. C'est vers une destruction de la planète morceaux par morceaux que nous promet ce système qui pourrit sur pied.
Face à une telle tragédie humaine et sociale, les révolutionnaires et l’ensemble du prolétariat mondial doivent clamer, haut et fort, leur solidarité de classe envers les victimes.
Ils ne peuvent que saluer l’élan de solidarité humaine au niveau planétaire qui s’est manifesté immédiatement. Sans attendre les secours, les survivants se sont mutuellement entraidés, tant les populations asiatiques vis-à-vis des touristes, que les touristes vis-à-vis des populations locales. Spontanément, des millions de personnes, et notamment des prolétaires dans tous les pays, ont proposé d’offrir de la nourriture, des vêtements, des dons financiers.
Mais cette solidarité naturelle, qui est à la base même de l’existence sociale et de la préservation de l'espèce humaine, a été immédiatement récupérée par la classe dominante et ses ONG.
Le rouleau compresseur de l’information en boucle et des images choc a pour fonction d’empêcher la réflexion sur les causes de cette catastrophe sociale.
Puisque nous sommes « impuissants » devant de tels événements, la seule chose que l’on puisse faire, nous dit la bourgeoisie à travers ses médias et ses spécialistes de l’aide humanitaire, c’est d’effectuer des dons à telle ou telle ONG et on nous assure que cet argent ira bien aux populations sinistrées.
Ces organisations « non gouvernementales » ont fait la preuve, une nouvelle fois qu’elles étaient au service des gouvernements. Il suffit pour s'en convaincre de voir la pagaille sur le lieu même du drame : chaque télévision nationale nous fait la promotion de telle ou telle ONG qui, en fonction de son pays d’origine, est chargée de défendre les intérêts concurrents de tel ou tel gouvernement, au détriment et contre les autres ONG. Ainsi, la solidarité dans la bouche de la bourgeoisie se transforme en chauvinisme.
L’indignation de la classe ouvrière face à ce drame, sa solidarité spontanée avec les victimes a été manipulée et dévoyée par la classe dominante dans une ignoble campagne d’intoxication « humanitaire ». Grâce à ses ONG, la bourgeoisie s’est emparée de cet élan réel de générosité pour le dévoyer sur le strict terrain caritatif. A travers les demandes de soutien financier pour venir en aide aux populations sinistrées, les États bourgeois ont organisé une véritable opération de racket, distillant au sein de la population mondiale, et notamment de la classe ouvrière, le sentiment de se « donner bonne conscience » en apportant une contribution à l'aide « humanitaire » des gouvernements.
Cette campagne, alimentée par les émissions de télévision quotidiennes, est un véritable matraquage idéologique visant à brouiller les consciences, à empêcher les prolétaires de réfléchir aux causes réelles de la catastrophe.
En empêchant les prolétaires de comprendre que c'est le capitalisme qui est le seul responsable, elle vise à dénaturer leur solidarité de classe et à la dévoyer dans une voie de garage.
La solidarité de la classe ouvrière ne peut se limiter, comme veulent le faire croire la bourgeoisie et ses ONG, à une simple action caritative.
D'une part parce que les dons financiers ne peuvent être qu'une goutte d'eau dans l'océan compte tenu de l'ampleur du désastre.
D'autre part, les sommes récoltées ne peuvent permettre de soulager la détresse et le désespoir de tous ces hommes, ces femmes et ces enfants qui ont perdu leurs proches dont les corps ne seront jamais retrouvés ou ont été entassés dans l'urgence dans des fosses communes, sans sépulture.
L'argent ne peut réparer l'irréparable : il n'a jamais été un remède à la souffrance morale !
Enfin, ces gestes de solidarité financière ne peuvent résoudre le problème à la racine : ils ne peuvent empêcher la répétition de nouvelles catastrophes dans d'autres régions du monde.
C'est pour cela que la solidarité de classe du prolétariat ne peut être celle des curés du « Secours Catholique » et autres ONG.
La solidarité des prolétaires n'a pas comme objectif de leur donner « bonne conscience » ou de sauver leur âme en cédant au sentiment de culpabilité que cherche à instiller la classe dominante.
Les prolétaires du monde entier doivent comprendre que, en menant le combat contre la bourgeoisie, en renversant son système meurtrier, ils sont les seuls à pouvoir rendre un réel hommage aux morts, à toutes ces vies humaines sacrifiées sur l'autel du capitalisme, au nom de la loi du profit et de la rentabilité.
Ils doivent développer leurs luttes et leur propre solidarité de classe contre tous les États, tous les gouvernements qui non seulement les exploitent et attaquent toutes leurs conditions de vie, mais ont encore le culot de leur demander de « mettre la main à la poche » pour réparer les dégâts provoqués par le capitalisme.
Ce n'est que par la lutte quotidienne contre ce système, jusqu'à son renversement, que la classe ouvrière peut manifester sa véritable solidarité envers les prolétaires et les populations des pays dévastés par le tsunami.
Si cette solidarité ne peut évidemment avoir des effets immédiats, elle n'est pas un feu de paille, contrairement à celle préconisée par la bourgeoisie et les ONG.
Dans quelques mois, pour la classe dominante et ses organisations caritatives, cette catastrophe sera enfouie dans les oubliettes de l'histoire.
La classe ouvrière, elle, ne peut l'oublier comme elle ne peut oublier les massacres de la guerre du Golfe et de toutes les autres guerres et catastrophes dites « naturelles ».
Pour les ouvriers du monde entier, cette tragédie ne doit jamais être une « affaire classée ». Elle doit rester gravée dans leur mémoire et servir d'aiguillon pour renforcer leur détermination à développer leurs luttes et leur unité de classe contre la barbarie du capitalisme.
La classe ouvrière est la seule force de la société actuelle qui puisse effectuer un véritable don à toutes les victimes de la classe bourgeoise en renversant le capitalisme et en construisant une nouvelle société, basée non sur le profit mais sur la satisfaction des besoins humains. C'est la seule classe qui puisse, par sa perspective révolutionnaire, offrir un avenir à l'espèce humaine.
C'est pour cela que la solidarité du prolétariat doit aller bien au-delà de la simple solidarité émotionnelle. Elle ne doit pas être fondée sur des sentiments d'impuissance ou de culpabilité mais, avant tout, sur sa conscience.
Seul le développement de sa propre solidarité de classe, une solidarité basée sur la conscience de la faillite du capitalisme, sera en mesure de créer les bases d’une société dans laquelle les crimes que la bourgeoisie nous présente comme des catastrophes « naturelles » ne pourront plus jamais être commis, où cette barbarie abominable pourra être définitivement dépassée et abolie.
« Le capitalisme agonisant veut nous habituer à l’horreur, à considérer comme 'normale' la barbarie dont il est responsable. Les prolétaires doivent réagir en manifestant leur indignation devant ce cynisme et leur solidarité avec les victimes de ces conflits sans fin, des massacres perpétrés par toutes les bandes capitalistes [auxquelles s’ajoutent les victimes des catastrophes 'naturelles']. Le dégoût et le rejet de ce que le capitalisme dans sa décomposition fait vivre à la société, la solidarité entre membres d’une classe qui n’ont que des intérêts communs, sont des facteurs essentiels de la prise de conscience qu’une autre perspective est possible et qu’une classe ouvrière unie a la force de l’imposer ». (Revue internationale n°119).
Les ouvriers du monde entier ne peuvent témoigner leur solidarité envers les victimes de la catastrophe qu'en faisant vivre, par leurs luttes contre l'exploitation, la misère et la barbarie capitaliste, ces mots d'ordre :
"A bas tous les gouvernements ! A bas le capitalisme !"
"Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !"
DM (8 janvier 2005)
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