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Dans son meeting du 24 février 2019, dans le nord de la France, la dirigeante du Rassemblement National a tenu des propos ignobles et mensongers sur le sort des migrants en France. Avec un aplomb sidérant, Marine Le Pen a prétendu qu’ “un migrant fraîchement débarqué peut toucher plus qu’un retraité ayant travaillé toute sa vie” ! Cette répugnante contrevérité accompagne l’idée que les migrants qui demandent aujourd’hui l’asile bénéficient non seulement d’une couverture de santé, comme la PUMA (Protection Universelle Maladie qui remplace depuis 2016 l’ancienne CMU de base), mais ont en plus des logements et transports gratuits. Ils cumuleraient, de surcroît, une “scandaleuse” et “gracieuse” allocation de survie.
Ces propos outranciers et nauséabonds, dont Jean-Marie Le Pen père n’aurait pas à rougir, ont été soigneusement démentis, chiffres à l’appui, par bon nombre de quotidiens qui ont aussi profité de cette “fake news” pour redorer l’image fortement ternie des médias. Il est évidemment complètement faux de prétendre que les migrants peuvent bénéficier de minima sociaux supérieurs à ceux des retraités les plus modestes. Comme le soulignent les “décodeurs” du journal Le Monde, les migrants ne constituent nullement une caste de “privilégiés” aux nombreux “avantages” (dont celui prétendu de l’Allocation de demandeurs d’Asile ou ADA). (1) Les montants des retraites les plus misérables représentent au moins le double de ce que peuvent espérer les migrants les mieux lotis.
Nul besoin de ces chiffres ou de “décodeurs” pour se rendre compte de la réalité misérable des migrants ! Madame Le Pen et sa clique de politiciens devraient se rendre une fois dans leur vie dans les quartiers pauvres de Paris ou à proximité de Calais pour mesurer l’absurdité insondable de propos dont le contenu ne va pas plus loin que le bout du nez de la pré-campagne électorale. Ils feraient bien de se rendre, par exemple, Porte de la Chapelle pour contempler le luxe des nombreuses tentes-igloos installées sous l’autoroute A1, ou Porte de Clignancourt, où, l’hiver, les migrants dormaient à même le sol en grelottant ! Les hébergements étant saturés, de nombreuses familles dorment dans la rue, parquées dans des conditions moins dignes que celles du bétail entassé en batterie. Mais elles doivent en plus endurer une répression policière quasi-quotidienne. Car, afin de “dissuader les installations” de fortunes, les flics s’appliquent à “déloger” ces pauvres gens, épuisés et sans ressources, en détruisant le peu qu’ils possèdent. Quel privilège pour ces misérables !
La réalité “décomplexée” de la politique migratoire des États démocratiques consiste, en effet, à utiliser ouvertement la maltraitance à des fins de “dissuasion”. À Calais déjà, du temps de la “jungle”, au nom du “ras-le-bol des riverains”, les politiciens applaudissaient des deux mains les brutalités des forces de l’ordre pour détruire les campements et chasser violemment les migrants. Plusieurs témoignages d’ONG et de migrants dénonçaient l’usage répété de “sprays au poivre” par les policiers, les gazages de nuit et le vol organisé des couvertures, des sacs de couchage, de chaussures, etc. Comme le souligne Démika N. (15 ans) à propos des gazages de nuit par les flics : “Vous ne voyez plus rien, vous ne vous rappelez plus de rien. Vous avez le sentiment qu’il vaudrait peut-être mieux vous tuer” (Témoignage recueilli par France Terre d’Asile).
Outre que l’attaque répugnante du Rassemblement National s’en prend ouvertement au “droit” d’asile (déjà ultra sélectif), les propos de Marine Le Pen constituent une sorte de clin d’œil à la composante populiste franchouillarde des “gilets jaunes”, pour les attirer vers les urnes et les encourager à voter aux élections européennes pour son parti politique au patronyme relooké. Profitant des relents xénophobes qui ont droit de cité dans le mouvement des “gilets jaunes”, le Rassemblement National espère au moins être au diapason de ceux qui avaient dénoncé aux autorités les migrants clandestins cachés dans un camion-citerne. (2)
En fin de compte, tout le discours nauséabond de Marine Le Pen s’inscrit dans les pratiques abjectes de l’État démocratique face aux migrants fuyant, toujours plus nombreux, la misère et la guerre : diviser la population, construire des murs, dresser des barbelés et réprimer brutalement. En multipliant les opérations de police et en bunkérisant les frontières, les migrants n’ont plus d’autre choix que de prendre de grands risques, notamment celui de couler à pic dans les eaux de la Méditerranée, pour rejoindre un illusoire Eldorado où ils seront parqués dans de nouveaux “camps de la honte”, réduits à la misère extrême et à l’exclusion.
Face aux calomnies que la bourgeoisie déverse sur tous ceux qui fuient la barbarie du capitalisme vers les supposées contrées dorées d’Occident, les ouvriers du monde entier doivent riposter et appeler à la solidarité de tous les exploités.
WH, 1er mars 2019
1) Pour prendre ce seul exemple, la majorité des migrants ne touche pas l’ADA, bon nombre en sont exclus. Même lorsqu’elle est versée, c’est-à-dire au compte goutte, cette aide est, selon Le Monde, “de 6,80 € par jour pour une personne seule, auxquels peuvent s’ajouter 7,40 € si aucune place d’hébergement ne lui a été proposée. Soit 440 € maximum par mois. En 2016, on dénombrait 76 100 bénéficiaires de cette aide, pour un coût total de 307,9 millions d’euros pour les finances publiques. À titre de comparaison, les huit principaux minima sociaux français représentaient environ 25 milliards d’euros la même année”.
2) Voir le supplément à Révolution Internationale n° 473 sur le mouvement des “gilets jaunes”.