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Nous publions ci-dessous un texte de l’assemblée générale interprofessionnelle de la Gare de l’Est / Ile-de-France qui s’est constituée lors du dernier mouvement de lutte en France contre la réforme des retraites, à l’automne 2010, et qui continue encore aujourd’hui de se réunir régulièrement.
Cette AG, par cette “Adresse internationale aux ouvriers d’Europe” fait vivre une valeur fondamentale pour la classe ouvrière et son combat : l’internationalisme. Oui, exploités du monde entier, nous subissons aujourd’hui une brutale dégradation de nos conditions de vie ! Oui, nous sommes tous attaqués par la bourgeoisie ! Oui, dans tous les pays, les bourrasques de la crise économiques nous appauvrissent et, parfois même, nous affament !
Face à ce système d’exploitation de plus en plus inhumain, nous devons donc refuser de nous laisser diviser en nationalités, religions, couleurs de peau… Notre lutte doit d’étendre et s’unir par delà toutes les frontières.
Adresse aux salariés, chômeurs, étudiants et précaires d’Europe
Nous sommes un groupe de salariés de différents secteurs (cheminots, enseignants, informaticiens…), de chômeurs et de précaires. Pendant les récentes grèves en France, nous nous sommes réunis en Assemblée Générale Interprofessionnelle – d’abord sur le quai d’une gare (Gare de l’Est, Paris), ensuite dans une salle d’une Bourse du Travail. Nous voulions regrouper plus largement possible des travailleurs d’autres villes de la région parisienne. Parce que nous en avions assez de la collaboration de classe des syndicats qui nous menaient une nouvelle fois à la défaite, nous avons voulu nous organiser par nous même pour tenter d’unifier les secteurs en grève, étendre la grève et que ce soit les grévistes eux mêmes qui contrôlent leur lutte.
A la guerre sociale des capitalistes, les travailleurs doivent opposer une lutte de classe
En Grande-Bretagne, en Irlande, au Portugal, en Espagne, en France… dans tous les pays, nous sommes tous durement attaqués. Nos conditions de vie se dégradent.
En Grande-Bretagne, le gouvernement Cameron a annoncé la suppression de 500 000 emplois dans la fonction publique, £7 milliards de coupes dans les budgets sociaux, le triplement des droits d’inscription à la fac, etc.
En Irlande, le gouvernement Cowen vient de baisser le salaire horaire minimum de plus d’un euro et les retraites de 9 %.
Au Portugal, les travailleurs font face à un taux de chômage record. En Espagne, le “très socialiste” Zapatero n’arrête pas de faire des coupes claires en tout genre dans les allocations chômages, les aides sociales et médicales…
En France, le gouvernement continue la casse de nos conditions de vie. Après les retraites, c’est le tour de la santé. L’accès aux soins devient de plus en plus difficile pour les travailleurs : toujours plus de médicaments payants, augmentation des mutuelles privées, suppressions de postes dans l’hôpital public. Comme l’ensemble des services publics (Poste, EDF-GDF, Telecom), l’Hôpital est démantelé et privatisé. Résultat : des millions de familles ouvrières ne peuvent déjà plus se soigner !
Cette politique est vitale pour les capitalistes. Face au développement de la crise et de l’effondrement de pans entiers de l’économie capitaliste, ces derniers trouvent de moins en moins de marchés sources de profits pour leurs capitaux. Aussi sont-ils d’autant plus pressés de privatiser les services publiques.
Cependant, ces nouveaux marchés sont plus restreints en terme de débouchés productifs que ne le sont les piliers de l’économie mondiale tels que le bâtiment, l’automobile, le pétrole…. Ils ne permettront pas, même dans le meilleur des cas, un nouvel essor économique salvateur.
Aussi, dans ce contexte d’effondrement, la lutte pour les marchés sera des plus acharnée pour les grands trusts internationaux. Autrement dit, ce sera une question de vie ou de mort pour les investisseurs de capitaux. Dans cette lutte, chaque capitaliste se retranchera derrière son Etat pour se défendre. Au nom de la défense de l’économie nationale, les capitalistes tenteront de nous enchaîner dans leur guerre économique.
De cette guerre, les victimes sont… les travailleurs. Car derrière la défense de l’économie nationale, chaque bourgeoisie nationale, chaque Etat, chaque patron essaie de réduire ses “coûts” pour maintenir sa “compétitivité”. Concrètement, ils n’auront de cesse que d’intensifier les attaques contre nos conditions de vie et de travail. Si nous les laissons faire, si nous acceptons de nous serrer encore la ceinture, ces sacrifices ne connaîtront pas de fin. Ils remettront en cause jusqu’à nos conditions d’existence !
Travailleurs, refusons de nous laisser diviser par corporation, secteur ou nationalité. Refusons de nous livrer cette guerre économique de part et d’autre des frontières. Battons-nous ensemble et unissons-nous dans la lutte ! Le cri lancé par Marx est d’autant plus d’actualité : “Prolétaires de tous les pays unissez-vous”.
C’est à nous les travailleurs de prendre nous-mêmes nos luttes en main
Aujourd’hui, ce sont les travailleurs de Grèce, d’Espagne, les étudiants d’Angleterre qui sont en lutte et sont en butte à des gouvernements qui, de gauche comme de droite, sont aux services des classes dirigeantes. Et comme nous en France, vous avez à faire à des gouvernements qui répriment violemment les travailleurs et les chômeurs, les étudiants, les lycéens.
En France, cet automne, nous avons voulu nous défendre. Nous étions des millions à descendre dans la rue pour refuser purement et simplement cette nouvelle attaque. Nous nous sommes battus contre cette nouvelle loi et contre toutes les mesures d’austérité qui nous touchent de plein fouet. Nous avons dit “Non !” à l’augmentation de la précarité et de la pauvreté.
Mais l’intersyndicale nous a menés volontairement à la défaite en combattant l’extension du mouvement gréviste :
– au lieu de briser les barrières de métier et de corporation pour unir le plus largement les travailleurs, elle a fermé les assemblées générales de chaque entreprises aux autres travailleurs.
– elle a fait des actions spectaculaires pour “bloquer l’économie” mais rien fait pour organiser des piquets de grève ou des piquets volants qui auraient pu attirer d’autres travailleurs dans la lutte. Ce que des travailleurs et précaires ont fait.
– elle a négocié notre défaite derrière notre dos, derrière les portes fermées des cabinets ministériels.
L’intersyndicale n’a jamais rejeté la loi sur les retraites, elle a même répété et répété encore qu’elle était “nécessaire” et “inévitable” ! A l’entendre, nous aurions dû nous contenter de demander à ses côtés “plus de négociations gouvernement-patrons-syndicats”, “plus d’aménagements de la loi pour une réforme plus juste et équitable”…
Pour lutter contre toutes ces attaques, nous ne pouvons compter que sur nous mêmes. En ce qui nous concerne nous avons défendu dans ce mouvement la nécessité pour les travailleurs de s’organiser sur leurs lieux de travail dans des AG souveraines, de se coordonner à l’échelle nationale pour diriger le mouvement gréviste en élisant des délégués révocables à tout moment. Seule une lutte animée, organisée et contrôlée par l’ensemble des travailleurs, tant dans ses moyens que dans ses objectifs, peut créer les conditions nécessaire afin d’assurer la victoire.
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Nous savons que ce n’est pas fini, les attaques vont continuer, les conditions de vie vont être de plus en plus difficiles et les conséquences de la crise du capitalisme ne vont qu’empirer. Partout dans le monde, nous devons donc nous battre. Pour cela, nous devons retrouver confiance dans notre propre force :
– nous sommes capables de prendre nos luttes en main et de nous organiser collectivement ;
– nous sommes capables de débattre ouvertement et fraternellement, en “libérant la parole” ;
– nous sommes capables de contrôler véritablement la tenue de nos débats et nos décisions.
Les assemblées générales ne doivent pas être dirigées par les syndicats mais par les travailleurs eux-mêmes.
Nous allons devoir nous battre pour défendre nos vies et l’avenir de nos enfants !
Les exploités du monde entier sont frères et sœurs d’une seule et même classe !
Seule notre union de par les frontières sera à même de jeter à bas ce système d’exploitation.
Des participants de l’AG interpro “Gare de l’Est et Île-de-France”
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