Disparition de Michel Olivier: L’indécente occasion d’une nouvelle campagne anti-CCI

Afficher une version adaptée à l'édition sur imprimante

Nous avons appris le décès, le jeudi 3 juillet, de Michel Olivier. Militant à partir de 1969 du groupe Révolution Internationale (qui deviendra en janvier 1975 la section du CCI en France), il est resté membre de notre organisation jusqu’à son exclusion en 2003. Durant trois décennies il a été un camarade estimé et apprécié, un militant réputé pour son dévouement et sa loyauté. Ses connaissances sur l’histoire du mouvement ouvrier international comme sur l’histoire de la France et de nombreux autres pays permettaient de nourrir les débats et la réflexion de tous. Plus marquant encore était son engagement entier à défendre l’organisation, à lutter contre l’individualisme, à se dresser contre l’esprit de cercle et le clanisme.

Ce n’est qu’au début des années 2000 que sa trajectoire prend une tout autre direction. Olivier va se fourvoyer, s’engager dans une impasse de laquelle il ne sera plus jamais capable de sortir. En compagnie d’autres militants, et en partie entraîné par eux, il va se lancer dans une campagne contre une militante, Louise, considérée comme « indigne » et même comme un « flic ». Une commission spéciale, après une investigation très sérieuse, a mis en évidence le caractère totalement infondé et absurde de ces accusations. Refusant d’accepter cette conclusion, les procureurs de cette camarade, lesquels, en réalité, n’avaient pas supporté des critiques politiques qu’elle avait portées contre les positions de certains d’entre eux, se sont engagés dans une démarche destructrice contre le CCI. Cette démarche était portée par l’orgueil blessé, la haine et la « solidarité de fer » envers les copains, et consistant d’abord en des réunions secrètes visant à « reprendre le contrôle de l’organisation » (1) puis en des violations répétées des statuts et en des provocations systématiques destinées à contraindre le CCI à prendre des sanctions aussitôt dénoncées comme un « étouffement des débats ».

Parmi les exploits de ce groupe de militants, qui a pris le nom de « Fraction Interne du CCI » (FICCI), il faut signaler encore des calomnies odieuses contre notre organisation transmises aux groupes de le Gauche communiste puis rendues publiques sans oublier le vol du matériel de notre organisation (moyens financiers, adresses des abonnés, archives). (2) Il faut noter que ces militants, et notamment Olivier, qui ont en permanence accusé le CCI de les bâillonner, « d’étouffer les débats », ont refusé de participer aux réunions (conférence extraordinaire, congrès) auxquelles ils étaient conviés pour présenter et défendre leurs positions face à tous les membres de notre organisation.

Mais si Olivier et ses amis ont finalement été exclus du CCI, ce n’est pas à cause de tous ces manquements organisationnels mais bien parce qu’ils se sont comportés comme des mouchards en publiant sur leur site web des informations favorisant le travail de la police. (3) En prenant cette décision, le CCI n’a fait que mettre en pratique ce principe fondamental, vital, du mouvement ouvrier : pas de mouchard dans les rangs de la classe ouvrière, pas de mouchard au sein de ses organisations révolutionnaires ! (4)

Comment expliquer une trajectoire politique si tragique et déshonorante de la part d’Olivier ? Comment un militant dévoué et sincère durant des décennies a pu ainsi dériver pour finir par se vautrer dans les comportements les plus crasses et indignes ? Il est arrivé à Olivier ce qui est arrivé à beaucoup d’autres révolutionnaires avant lui : par affinitarisme, par loyauté envers ses amis, il a choisi de partir à la dérive avec eux plutôt que de rester fidèle aux principes prolétariens. L’exemple le plus célèbre d’une telle trajectoire est celui de Martov. Militant estimé de tout le POSDR (l’organisation révolutionnaire russe du début du siècle dernier), il n’a pas supporté de voir ses amis Axelrod, Potressov et Zassoulitch critiqués lors du congrès de 1903 pour leur manque total d’implication dans la vie du journal du Parti, l’Iskra (ce qui était pourtant leur mandat) et moins encore la proposition de Lénine de modifier la composition du comité de réaction en conséquence (c’est-à-dire, sans eux). « Solidaire » de ses amis « victimes », Martov fit alors le choix de défendre les intérêts de son cercle plutôt que ceux du Parti. Cette bifurcation va l’emmener très loin dans la calomnie contre Lénine et les Bolcheviks. Cela dit, jamais Martov ne commettra comme la FICCI des actes de mouchardage !

En 2001, lors de l’une de nos dernières discussions avec lui, quand il était encore militant, Olivier avait été convaincu par nos arguments lui montrant son erreur (au sujet des calomnies qu’il participait à répandre sur notre camarade Louise). Mais au moment de partir, il avait conclu par : « vous avez raison, mais quand je vais retourner avec les autres, je ne pourrais pas résister, je les suivrais, je le sais ». La messe était dite…

Ces dernières années, il avait tenu parfois à certains éléments gravitant autour de lui comme du CCI un discours de demi-aveu, reconnaissant ses « erreurs » qu’il jugeait « anciennes ». Mais il a finalement été incapable de maintenir ces propos en public, peut-être par orgueil, peut-être encore et toujours par fidélité avec son principal comparse qui, lui, continue aujourd’hui encore cette même politique systématique de mouchardage par la voix du GIGC (Groupe International de la Gauche Communiste, nouveau nom de la FICCI) : Juan.

Mais, plus que tout, ce qui explique à quel point Olivier a pu aller loin dans la dérive, et ensuite être incapable d’en revenir, c’est le manque de fermeté du milieu politique prolétarien. Loin de dénoncer tous ces agissements, les groupes de la Gauche communistes les ont ignorés. Pire, certains ont même adopté envers eux une attitude des plus complaisantes. Il n’y avait donc pas de digue.

Les mouchards, les parasites et leur « hommage » à Olivier

Évidemment, sur le site du GIGC (l’ex-FICCI), Juan a utilisé la mort d’Oliver pour poursuivre son œuvre, sa tentative de destruction du CCI dans laquelle il l’aura finalement entraîné jusqu’au bout. Son texte répète une fois encore le mensonge qu’Olivier et toute la bande furent les victimes des « manœuvres de coulisse et des manipulations psychologiques [...] par ceux qui, dans l’ombre, voulaient éliminer la “vieille garde” du CCI ». Et pour bien jouer sur la corde sensible, afin d’éviter toute réflexion réelle sur les faits, l’article de Juan finit par une vibrante tirade : « Nous fûmes tous frappés et affectés par nos exclusions et surtout les conditions scandaleuses de celles-ci tout comme par nos dénonciations publiques par le CCI. Michel sans doute plus que tout autre ». Ici, sous la plume volontairement sentimentaliste de Juan, ce qui devient scandaleux n’est pas le mouchardage mais sa dénonciation ! (5)

Comme il fallait s’y attendre, ce texte a été relayé par d’autres groupes et éléments dont une des principales vocations est de couvrir de boue le CCI. C’est ainsi qu’on retrouve le texte de Juan sur le blog Pantopolis géré par le « docteur » Philippe Bourrinet dont nous avons déjà souligné les mensonges et l’imposture animés par sa haine obsessionnelle envers le CCI. (6)

Le coup de poignard de la TCI

Beaucoup plus étonnant, et beaucoup plus grave, est de constater qu’un groupe authentique de la Gauche communiste, de notre courant historique, ait pu lui aussi participer à cette campagne de calomnie.

La TCI (Tendance Communiste Internationaliste) a en effet publié dans toutes ses langues un article en « Mémoire de notre camarade Olivier » qui ose affirmer sans rougir : « À vingt ans, il s’était rapproché des positions de la Gauche communiste internationale, née dans les années 1920, et participé à la fondation du Courant communiste international (CCI). Grâce à son talent et son dévouement, il a joué un rôle actif et dirigeant jusqu’à ce que, au début des années 2000, lui et d’autres camarades soient mis à la porte ou forcés de partir, en subissant des accusations infamantes autant qu’infondées. En réalité, comme toujours dans ces cas-là, les calomnies contre Olivier et d’autres camarades visaient à discréditer ces critiques politiquement gênants, qui ne partageaient pas et s’opposaient à la nouvelle orientation prise par l’organisation qu’ils avaient contribué à créer. D’autres camarades auraient été si profondément démoralisés et déçus de ces attaques qu’ils en auraient abandonné le militantisme révolutionnaire. Mais Olivier, parmi quelques rares autres, a conservé son énergie. Après avoir participé pendant une courte période à l’activité de la Fraction Interne du CCI (FICCI), il s’est engagé avec la Tendance Communiste Internationaliste ». Une note de bas de page enfonce le clou : « Pour un historique plus détaillé et d’autres aspects de la vie d’Olivier, nous renvoyons les lecteurs à l’article signé par le camarade Juan pour le GIGC, qui a en commun avec lui une partie de son parcours politique ainsi que des rapports d’amitié ».

Ici, un court rappel s’impose. Dès 2002, face aux agissements de Juan et d’Olivier, et de toute la bande, nous n’avons cessé de demander au BIPR (l’ancêtre de la TCI) d’étudier cette affaire, de prendre position, en lui fournissant toutes les preuves des actes réels de cette FICCI. Pendant des années, le BIPR (puis la TCI) a refusé systématiquement notre demande, argumentant : « ce sont vos affaires, nous ne prendrons pas position ». Puis, les années passant, et devant l’amoncellement de preuves flagrantes, la TCI a changé son argument pour justifier de ne rien voir, de ne rien entendre, de ne rien dire : « C’est une vieille histoire ».

Quand la TCI a collaboré avec Juan et le GIGC pour former un « comité » NWBCW (No War But the Class War) sur Paris et que nous avons dénoncé publiquement la présence de ces mouchards, la TCI a répété « ce sont de vieilles histoires ».

Quand la TCI a intégré Olivier comme militant et que, lors de l’une de ses réunions publiques, nous lui avons publiquement demandé des comptes sur la présence de ce mouchard dans ses rangs, la TCI a répété « ce sont de vieilles histoires ».

Et voilà qu’au pire des moments, lorsque la tristesse et l’émotion d’un décès surviennent, la TCI (toujours sourde et aveugle aux preuves) retrouve soudain l’usage de la parole pour se joindre au chœur des calomnies du GIGC et de Juan !

La TCI a la mémoire courte. Son prédécesseur, le BIPR avait adopté un comportement similaire en 2004, lorsqu’un individu vivant en Argentine, le Citoyen B, avait créé un site web pour monter une fable de toutes pièces dans le seul but de salir la réputation du CCI. Le BIPR avait alors fait de la publicité à cet individu louche et à tous ses mensonges grossiers, n’hésitant pas à republier en plusieurs langues les accusations les plus folles et saugrenues de ce Monsieur. Quand nous avions fait la preuve irréfutable de la supercherie, le BIPR avait discrètement retiré de son site toute trace de ses méfaits, afin de ne pas être ridicule trop longtemps. (7) Mais ses militants n’ont malheureusement tiré aucune leçon de cette histoire honteuse. Pire encore, aux calomnies du GIGC, la TCI en rajoute une couche. Quand la TCI comprendra-t-elle que le copinage avec des éléments comme Juan, dont la raison de vivre est de vomir sa haine contre le CCI, est une insulte aux principes de la Gauche communiste, que la calomnie et le mensonge ne peuvent, en aucune façon, servir la cause de la révolution communiste ? (8)

L’extrême gauche du capital se joint à la campagne

Un point devrait particulièrement faire réfléchir la TCI. Son article et celui du GIGC ont tous deux été republiés par l’extrême-gauche du capital, par exemple en France sur le site Matière et révolution du groupe trotskiste La Voix des Travailleurs.

Pourquoi des organisations gauchistes se font-elles ainsi le relais de l’hommage à Olivier et les calomnies contre le CCI par le GIGC et la TCI ? Parce que les défenseurs de la bourgeoisie sont toujours intéressés à calomnier les organisations révolutionnaires, à colporter les mensonges qui les salissent. Tout dénigrement d’un groupe de la Gauche communiste est pour eux une aubaine.

Il en avait été de même lors du combat de la Première Internationale (l’AIT) contre les manœuvres de l’Alliance de Bakounine en 1872. Toutes les calomnies et insinuations diffusées par les partisans de l’Alliance avaient été immédiatement reprises dans les organes de presse bourgeois :

- « Remarquons en passant que le Times, ce Léviathan de la presse capitaliste, le Progrès (de Lyon), journal de la bourgeoisie libérale, et le Journal de Genève, journal ultra-révolutionnaire, accablèrent la Conférence des mêmes reproches et se servaient presque des mêmes termes que les citoyens Malon et Lefrançais. » (Les prétendues scissions dans l’Internationale, Marx et Engels, 1872).

- « Toute la presse libérale et celle de la police se trouva ouvertement à ses côtés [de l’Alliance] ; dans sa diffamation personnelle du Conseil général, elle fut soutenue par les soi-disant réformateurs de tous les pays. » (Appendice au Rapport publié par ordre du Congrès international de La Haye, 1872).

La presse et les politiciens bourgeois déclarèrent que le combat contre le bakouninisme n’était pas une lutte pour des principes mais une lutte sordide pour le pouvoir au sein de l’Internationale. Ainsi, Marx était censé avoir éliminé son rival Bakounine au travers d’une campagne de mensonges. Exactement les mêmes mots que ceux employés par la TCI ! « Comme toujours dans ces cas-là, les calomnies contre Olivier et d’autres camarades visaient à discréditer ces critiques politiquement gênants, qui ne partageaient pas et s’opposaient à la nouvelle orientation prise par l’organisation ». Non, camarades ! Le combat qu’a mené, mène et mènera le CCI est celui de la défense des principes du mouvement ouvrier contre les comportements indignes : contre le vol, contre la calomnie, contre le mouchardage. Comme le firent Marx, Engels et l’AIT avant nous. Comme le firent Lénine et les Bolcheviks. Rosa Luxemburg et les Spartakistes. Tous nos prédécesseurs !

Que les mouchards poursuivent leur œuvre, que les parasites les rejoignent, que la gauche de la bourgeoisie en profite… tout cela est dans l’ordre des choses. Ils profitent ici tous de la triste trajectoire d’Olivier, militant sincère devenu acteur d’une politique désastreuse et haineuse. Mais qu’un groupe comme la TCI, représentant de la Gauche communiste, devant normalement porter des principes historiques du mouvement ouvrier, puisse se vautrer à ce point dans les égouts est une infamie, un coup de poignard dans le dos du CCI et de celui de toute la Gauche communiste.

CCI, 21 septembre 2024

 

 

1 Les termes entre guillemets figurent dans les procès-verbaux de ces réunions tombés « par accident » entre les mains du CCI.

2 À l’occasion du décès d’Olivier, un long article a été publié par Gieller sur son blog « Le prolétariat universel ». Étant proches, il s’adresse à lui dans une sorte de lettre-hommage qu’il lui tend dans la mort (en le prénommant affectueusement Gaston pour sa prétendue nature gaffeuse). On peut notamment y lire : « L’argent que possède le CCI te tourmentait avec quelques autres qui se posaient la question de comment le récupérer. [...] Gaston tu fis la proposition au PDG de Smolny, Éric, de leur “demander de l’argent [au CCI] pour publier Bilan et les laisser faire une postface, ce qu’ils refuseront. Ainsi Éric aura le beau rôle et on pourra rire pour voir ce que fera le CCI”.

Avec ma réplique j’avais été très méchant avec toi : “pire tu imagines une ‘négo’ dans l’espoir de vraiment tuer la secte, ‘négo’ glauque : co-publier Bilan avec l’argent de celle-ci dans l’espoir de remettre en selle le magouilleur individualiste Éric, grand seigneur vexé d’avoir été chatouillé en politique ! [...]”.

Et pourtant on t’avait servi de gardes du corps ! Lorsque l’orga lui avait intimé de rendre les archives, tu avais acquiescé puis tu avais fait appel à notre compagnie de vigiles amateurs. On était cinq costauds au premier étage (dont je tais les noms) pour te soutenir au cas où cela tournerait mal. Depuis la fenêtre on vit arriver les cinq membres de l’organe central déjà tous blanchis sous le harnais… organisationnel. Par après, Gaston remonta les marches en riant : “je les ai bien baisés, je ne leur ai remis que de la merde, j’ai gardé les archives importantes” ».

Une phrase de l’article de Gieller résume le sens réel de toute l’activité politique d’Olivier depuis 2002 (ainsi que de celle de ces comparses, d’ailleurs), quand il cite ce qu’Olivier lui avait explicitement formulé : « il faut maintenant que le CCI disparaisse et vite ». Et nous pourrions ajouter : « par tous les moyens ».

3 Nous avons démontré dans notre presse la nature policière des agissements des membres de la FICCI et explicité la façon dont le CCI a réagi à ces agissements. Voir notamment les articles : « Défense de l’organisation : les méthodes policières de la “FICCI”, « XVe Congrès du CCI : Renforcer l’organisation face aux enjeux de la période » et « Les réunions publiques du CCI interdites aux mouchards ». Nous encourageons nos lecteurs, et particulièrement ceux qui pourraient être sceptiques face à nos affirmations, à lire ces articles qui établissent, avec de nombreuses preuves irréfutables, la véracité de nos accusations contre la FICCI et aussi que nous avons laissé à ses membres toute possibilité de se défendre avant leur exclusion.

5 Rappelons au passage que ce Juan « affecté » n’a pas hésité à frapper à coups de poing au visage l’un de nos camarades, ou que lui et Olivier ont soutenu Pédoncule, l’un de leurs comparses d’alors, quand celui-ci a menacé un militant du CCI de l’égorger au couteau s’il le croisait seul dans une rue.

8 Comble de la farce, lors de la dernière réunion publique de la TCI à Londres, lorsque nous avons demandé en fin de discussion comment ils avaient pu publier de tels mensonges contre nous, la TCI nous a répondu qu’il était indigne d’utiliser un décès pour parler d’une telle chose ! Nous avons dû leur rappeler sobrement que… c’était eux qui faisaient cette chose.

Courants politiques: 

Rubrique: 

Défense de la Gauche communiste