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Face au déchaînement de barbarie à Gaza, les belligérants et leurs supporters de par le monde se rejettent la responsabilité des crimes.
Pour les uns, Israël mènerait une « sale guerre » (comme s’il en existait des propres…) que même l’ONU et son très circonspect secrétaire général ont dû dénoncer, allant jusqu’à parler de « grave risque de génocide ». Une partie de la gauche du capital n’hésite même pas à soutenir les ignobles exactions du Hamas repeintes en « acte de résistance » face au « colonialisme israélien », prétendu unique responsable du conflit.
De son côté, le gouvernement israélien justifie le carnage à Gaza en affirmant venger les victimes du 7 octobre et empêcher les terroristes du Hamas d’attenter à nouveau à la « sécurité de l’État hébreu ». Tant pis pour les milliers de victimes innocentes ! Tant pis pour les « boucliers humains » de 6 ans ! Tant pis pour les hôpitaux, les écoles et les habitations en ruine ! La sécurité d’Israël vaut bien un massacre !
Partout, on entend les sirènes du nationalisme défendre un État prétendument victime de l’autre. Mais quel esprit délitant peut bien s’imaginer que la bourgeoisie gazaouie, cette bande de fous furieux assoiffés de fric et de sang, vaut mieux que la clique d’illuminés et de corrompus de Netanyahou ?
« Nous ne défendons pas le Hamas, nous défendons le droit du “peuple palestinien” à disposer de lui-même », entonnent en cœur toute la coterie gauchiste à la tête des manifestations pro-palestiniennes, espérant sans doute, par cette pirouette de demi-habiles, faire oublier que « le droit du peuple palestinien à disposer de lui-même » n’est qu’une formule destinée à dissimuler la défense de ce qu’il faut bien appeler l’État de Gaza ! Les intérêts des prolétaires en Palestine, en Israël ou dans n’importe quel autre pays du monde ne se confondent en rien avec ceux de leur bourgeoisie et leur État. Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler comment le Hamas a réprimé dans le sang les manifestations de 2019 contre la misère. La « patrie palestinienne » ne sera jamais qu’un État bourgeois au service des exploiteurs ! Une bande de Gaza « libérée » ne signifierait rien d’autre que consolider l’odieux régime du Hamas ou de toute autre faction de la bourgeoisie gazaouie.
« Mais la lutte d’un pays colonisé pour sa libération porte atteinte à l’impérialisme des États colonisateurs », contre-attaquent, sans rire, une partie des trotskistes et ce qui reste de staliniens. Quel grossier mensonge ! L’attaque du Hamas s’inscrit dans une logique impérialiste qui dépasse largement ses seuls intérêts. L’Iran a contribué à mettre le feu aux poudres en armant le Hamas. Elle tente de répandre le chaos chez ses rivaux, en particulier Israël, en multipliant les provocations et les incidents dans la région : le Hezbollah au Liban, les rebelles houthistes au Yémen, les milices chiites en Syrie et en Irak… « toutes les parties de la région ont les mains sur la gâchette », comme l’affirmait, fin octobre, le ministre des Affaires étrangères iranien. Aussi faible soit-il face à la puissance de Tsahal, le Hamas, comme toute bourgeoisie nationale depuis l’entrée du capitalisme dans sa période de décadence, ne peut nullement, comme par magie, se soustraire aux rapports impérialistes qui régissent toutes les relations internationales. Soutenir l’État palestinien, c’est se ranger derrière les intérêts impérialistes de Khamenei, de Nasrallah et même de Poutine qui se frotte bien les mains.
Mais voilà qu’entrent en scène les inénarrables pacifistes pour parachever le carcan nationaliste dans lequel la bourgeoisie cherche à enfermer la classe ouvrière : « Nous ne soutenons aucun camp ! Nous réclamons un cessez-le-feu immédiat ! » Les plus naïfs s’imaginent sans doute que l’enfoncement accéléré du capitalisme dans la barbarie vient du manque de « bonne volonté » des assassins à la tête des États, voire d’une « démocratie défaillante ». Les plus malins savent parfaitement quels sordides intérêts ils défendent. Il en est ainsi, par exemple, du Président Biden : fournisseur de missiles à sous-munitions en Ukraine, horrifié par les « bombardements aveugles » à Gaza. Il faut dire qu’Israël a pris de court l’Oncle Sam, ouvrant sans concertation un nouveau front potentiellement explosif dont les États-Unis se seraient bien passés. Car si Biden a haussé le ton face à Netanyahou, ce n’est pas pour « préserver la paix dans le monde », c’est pour mieux concentrer ses efforts et ses forces militaires en direction de son rival chinois dans le Pacifique, comme face à l’encombrant allié russe de Pékin en Ukraine. Il n’y a donc rien à espérer de la « paix » sous la férule du capitalisme, pas plus qu’après la victoire de tel ou tel camp. La bourgeoisie n’a pas de solution à la guerre !
EG, 16 décembre 2023