La pseudo-"critique" de la plateforme du CCI par le GIGC - Un simulacre d’analyse pour discréditer le CCI et sa filiation politique (la Gauche communiste)

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Le but de cet article n'est pas d’engager un débat sur la validité politique de notre plate-forme -ce à quoi nous sommes évidemment toujours disposés à travers une confrontation honnête de positions divergentes- mais de rétablir la réalité de celle-ci à travers la dénonciation de la démarche du Groupe International de la Gauche Communiste (GIGC) visant exclusivement à disqualifier nos positions, notamment en les présentant comme étant influencées par le conseillisme. Une telle influence se traduirait chez le CCI par une vision "économiciste", "mécanique", "fataliste", par la sous-estimation des luttes revendicatives, et affectant notre conception du parti et de la conscience de classe, etc.

Au-delà du nécessaire rétablissement de la vérité à propos de nos positions politiques ainsi travesties par le GIGC, nous mettons en évidence comment les moyens et procédés qu'il emploie au service de son entreprise de dénigrement sont totalement étrangers à la méthode du mouvement ouvrier et de la Gauche communiste en particulier.

I. Les tares conseillistes dont le GIGC affuble la plateforme du CCI sont de pures calomnies

Le GIGC nous dit que, dès sa constitution, il aurait entrepris, "un processus de clarification sur la plateforme du CCI[1], (…) qu'il avait rejetée comme étant ouvertement conseilliste[2]". Un tel diagnostic politique serait basé sur différentes observations déjà exposées dans certains des textes du GIGC et dont voici un échantillon :

  • "La cohérence, indéniable de la PF du CCI, est basée sur une vision économiciste et fataliste qui est, elle-aussi, cohérente avec sa vision conseilliste qui se révèle de manière manifeste dans ses points sur le parti et la conscience de classe"[3]
  • "Nous avons souligné la cohérence de la plateforme du CCI fournie par la distinction ascendance-décadence, pour l’essentiel réduite ici à ou bien réformes ou bien impossibilité de réformes, conception qui peut mener à la sous-estimation des luttes revendicatives. L’unité et la clarté d’exposition des frontières de classe en résultant est le point de force du document. La démarche et la compréhension mécanique et économiciste en est sa faiblesse. Elle est typique du matérialisme vulgaire propre au conseillisme qui développe une vision fataliste et mécanique de l’histoire au détriment de sa vision dynamique – marxiste – qui place la lutte des classes au centre et comme moteur de l’histoire."[4]

Pour qui connait les positions CCI, ces "critiques" sont grossièrement mensongères, mais tout le monde ne connait pas le CCI ou bien certains seulement à travers la vision qu'en donne la prose du GIGC, ce qui nous contraint de passer en revue l'essentiel de telles déformations basées sur le mensonge à propos des faits, le maquillage et la déformations des positions, la suggestion en lieu et place de la preuve ou de la concrétisation. Une autre d'entre elles consiste également dans l'occultation des développements politiques du CCI venant expliciter les points de notre plateforme[5].

A. Dans aucun de ses textes le CCI ne réduit le changement de période ascendance/décadence à la possibilité ou non d'obtention de réformes.

Pour aussi importante que soit la question de la possibilité ou non de l'obtention de réformes par le prolétariat dans la période de décadence du capitalisme, jamais dans notre plateforme le changement de période ne se réduit à cette question mais il est envisagé sous l'angle du développement des contradictions internes du capitalisme (Point 3 de la plateforme -La décadence du capitalisme) et ensuite sous l'angle des implications quant au mode d'organisation du capitalisme (Point-4 -Le capitalisme d'État) et enfin sous celui de la lutte de classe (Point-6 -La lutte du prolétariat dans le capitalisme décadent). C'est dans ce dernier point qu'est traitée la question de la possibilité ou non d'obtention de réformes, laquelle est déterminante pour fonder et comprendre la période de décadence :

  • la possibilité et la nécessité de la révolution ;
  • les formes prises par la lutte du prolétariat, la relation du prolétariat à son avant-garde et la forme prise par cette dernière.
B. Nulle part le CCI ne sous-estime les luttes revendicatives, tout au contraire

En effet, et le GIGC le sait très bien, pour le CCI, la lutte revendicative constitue le socle de granit du développement de la lutte de classe. Cela fait partie, en effet, de l'ADN de notre organisation puisque cette conception était déjà au cœur de la compréhension marxiste du groupe précurseur du CCI, Révolution internationale en France. Ainsi RI nouvelle série n° 9 (Mai-Juin 1974), dans l'article "Comment le prolétariat est la classe révolutionnaire", s'exprime en ces termes : "Le processus à travers lequel la classe ouvrière s’élève à la hauteur de sa tâche historique n’est pas un processus distinct, extérieur à sa lutte économique quotidienne contre le capital. C’est au contraire dans ce conflit et à travers lui que la classe salariée forge les armes de son combat révolutionnaire".

Notre plate-forme ne dément pas une telle position de notre part : "Depuis plus d'un demi-siècle, les ouvriers ont éprouvé de moins en moins d'intérêt à participer à l'activité de ces organisations [les syndicats] devenues corps et âme des organes de l'État capitaliste. Leurs luttes de résistance contre la dégradation de leurs conditions de vie ont tendu à prendre la forme de "grèves sauvages" en dehors et contre les syndicats. Dirigées par les assemblées générales de grévistes et, dans les cas où elles se sont généralisées, coordonnées par des comités de délégués élus et révocables par les assemblées, ces luttes se sont immédiatement situées sur un terrain politique, dans la mesure où elles ont dû se confronter à l'État sous la forme de ses représentants dans l'entreprise : les syndicats". (Point 7 - Les syndicats : organes du prolétariat hier, instruments du capital aujourd'hui)

Et aujourd'hui encore, "L’aggravation inexorable de la crise du capitalisme est un stimulant essentiel à la lutte et à la conscience de classe. La lutte contre les effets de la crise est la base du développement de la force et de l’unité de la classe ouvrière. La crise économique affecte directement l’infrastructure de la société ; elle met donc à nu les causes profondes de toute la barbarie qui pèse sur la société, permettant au prolétariat de prendre conscience de la nécessité de détruire radicalement le système et de ne plus s’illusionner sur les possibilités d’en améliorer certains aspects.

Dans la lutte contre les attaques brutales du capitalisme, et surtout contre l’inflation qui frappe l’ensemble des travailleurs de manière générale et indiscriminée, les travailleurs développeront leur combativité, ils pourront commencer à se reconnaître comme une classe ayant une force, une autonomie et un rôle historique à jouer dans la société. Ce développement politique de la lutte de classe lui donnera la capacité de mettre fin à la guerre en mettant fin au capitalisme." (Le capitalisme mène à la destruction de l'humanité… Seule la révolution mondiale du prolétariat peut y mettre fin)

Si nous avons pris autant de place pour réfuter ce mensonge éhonté du GIGC, c'est justement parce qu'il est très préjudiciable à la compréhension – telle que la défend le CCI - du processus de développement de la lutte de classe jusqu'à la révolution.

C. Nulle part le CCI n'esquive la question de la fonction du parti

"Le dernier point, le plus long de toute la plateforme, sur l’organisation des révolutionnaires révèle clairement la contradiction qui a habité le CCI depuis ses débuts entre son approche et ses faiblesses congénitales d’ordre conseilliste et sa volonté de se réapproprier les leçons du mouvement ouvrier et particulièrement de la Gauche communiste. Certes, le parti est mentionné comme tel, formellement, abstraitement, en fait à reculons : 'l’organisation des révolutionnaires dont la forme la plus avancée est le parti (…) ; on peut alors parler de parti pour désigner l’organisation de cette avant-garde (…) ; la nature mondiale et centralisée de la révolution prolétarienne confère au parti...' Mais nulle part le rôle et la fonction du parti en tant qu’avant-garde et direction politiques du prolétariat ne sont évoqués."

Ce qui fonde la nécessité et le rôle de l'organisation révolutionnaire est présent sous forme condensée dans notre plateforme, si bien que toute citation partielle de celle-ci, comme le fait le GIGC, en altère nécessairement le sens. C'est pourquoi nous reproduisons en entier le paragraphe concerné : "L'organisation des révolutionnaires (dont la forme la plus avancée est le parti) est un organe nécessaire que la classe se donne pour le développement de la prise de conscience de son devenir historique et pour l'orientation politique de son combat vers ce devenir. De ce fait l'existence du parti et son activité constituent une condition indispensable pour la victoire finale du prolétariat."

Qu'est-ce que le GIGC a à redire à cette formulation si ce n'est des impressions ? Rien, du vent, … du bluff.

De plus, la plupart des positions défendues dans notre plateforme sont reprises, développées, précisées dans différents articles de notre presse, notamment dans la Revue internationale. C'est le cas en particulier concernant la question de "l'organisation des révolutionnaires" amplement développée dans des textes fondamentaux du CCI et dont le GIGC ne dit pas un mot bien qu'il en connaisse parfaitement l'existence. Quiconque les lit pourra se convaincre de toute l'importance que nous accordons à la question du parti, son rôle, son lien avec la classe ouvrière et le processus menant à sa formation. Nous engageons donc le lecteur à vérifier la validité de notre démenti en consultant les textes suivants :

D. Le GIGC peut bien dire qu'il a "dépassé le conseillisme de la plateforme du CCI", ce n'est pas cela qui prouve la validité de ses critiques à notre plateforme

Loin s'en faut !

Depuis le début, lorsqu'elle sévissait au sein du CCI jusqu'à sa transformation en GIGC, la FICCI proclamait à qui voulait bien l'entendre qu'elle était le meilleur défenseur des positions du CCI, bien meilleur que le "CCI opportuniste" ! Et ne voici pas que le propre GIGC se rend compte qu'en fait la plateforme du CCI était conseilliste ! La fin de la farce et de l'usurpation ? Rien de cela, la mauvaise farce continue avec les farceurs qui se sont adaptés. C'est ainsi qu'ils découvrent que notre plateforme est "basée sur une vision économiciste et fataliste qui est, elle-aussi, cohérente avec sa vision conseilliste qui se révèle de manière manifeste dans ses points sur le parti et la conscience de classe". Ils font valoir des clarifications politiques apportées par leur propre plateforme qui "essaie de fonder la cohérence et l’explication des frontières de classe à partir et autour de la question du parti et de la conscience de classe, et donc de l’histoire de la lutte des classes elle-même". Même si les faussaires du GIGC en étaient réellement convaincus, ce n'est pas cela, pas plus que toutes leurs critiques vides que nous avons réfutées, qui prouvent le conseillisme de notre conception du parti et de la conscience de classe. D'autant moins que la prétendue nouvelle source d'inspiration du GIGC n'est pas, de notre point de vue, la plus adaptée pour en juger : "Nous n’avons rien inventé. Nous avons juste été convaincus de la justesse politique de la démarche de principe des plateformes successives que la Gauche dite d’Italie avait adoptées, en particulier en 1945 et en 1952." [6] [7]

Pour sa part, comme il l'explique dans sa plateforme, le CCI se base sur "le marxisme qui est la seule conception du monde qui se place réellement du point de vue de la classe ouvrière :

  • En expliquant la marche de l'histoire par le développement de la lutte de classe, c'est-à-dire de la lutte basée sur la défense des intérêts économiques dans un cadre donné du développement des forces productives ;
  • En reconnaissant dans le prolétariat la classe sujet de la révolution qui abolira le capitalisme (point 1 - La théorie de la révolution communiste.)"
E. Le GIGC invente le "fatalisme" du CCI pour masquer son propre opportunisme vis-à-vis des principes

Plus précisément, il reproche au CCI une "vision fataliste et mécanique de l’histoire au détriment de la vision dynamique –marxiste– qui place la lutte des classes au centre et comme moteur de l’histoire".

Le GIGC ne disposant de rien de consistant pour fonder ses critiques, il procède par insinuation, à travers des "peut mener à …", quand ce n'est pas carrément la diffamation ouverte, le dénigrement, la calomnies, autant de domaines dans lesquels il excelle depuis qu'il est entré en guerre contre le CCI alors que ses "fondateurs" étaient encore membres de notre organisation.

Par contre, ce que l'histoire nous a appris c'est que lorsque l’opportunisme brandit la critique de "fatalisme" contre les positions de la Gauche c’est pour s'octroyer "souplesse" et "flexibilité" vis-à-vis des principes. C'était la signification des critiques formulées par Trotski à Bilan dans les années 1930 et par le PCInt à Internationalisme dans les années 1940. Ceci étant dit, loin de nous l'idée qu'on pourrait identifier le GIGC à Trotski ou au PCInt. Malgré toutes les critiques que le CCI a formulées à l'encontre de l'opportunisme de Trotski et de celui du PCInt, notre démarche est à l'opposé de celle qui, de quelque manière que ce soit, identifierait, le GIGC à ceux-ci. Ces derniers, malgré leurs faiblesses, faisaient partie du camp prolétarien. En revanche, le GIGC, depuis qu'il a vu le jour sous le nom de FICCI, se comporte objectivement comme un défenseur des intérêts de la bourgeoisie par les dégâts qu'il cause dans le milieu de la Gauche communiste. On retrouve ainsi une telle complaisance du GIGC vis-à-vis des principes à propos de la question syndicale, comme nous le verrons ci-après.

II. Le GIGC n'épargne aucun point de la plateforme du CCI de sa critique "radicale" et parfois ouvertement gauchiste

S'il s'agissait seulement de mettre en évidence la "méthode" du GIGC, les illustrations précédentes seraient largement suffisantes. Mais il s'agit également de défendre notre plateforme contre les attaques visant ses différents points, si bien que nous ne pouvons pas nous dispenser de traiter d'autres attaques du GIGC. Ce faisant, nous mettons en évidence comment certaines d'entre elles dissimulent mal une orientation clairement gauchiste.

A. Une critique insuffisante du Parlement ?

Cette attaque est destinée à induire l'idée selon laquelle c'est sans conviction que le CCI soutient les Thèses sur la démocratie écrites par Lénine pour le premier congrès de l'Internationale Communiste.

Selon le point 8 de notre plateforme relatif à "La mystification parlementaire et électorale", "dans sa phase de décadence, le Parlement cesse d’être un organe de réformes, comme le dit l’Internationale communiste au 2e congrès". 

À ce propos, le GIGC émet le commentaire critique suivant : "les thèses [sur la démocratie bourgeoise écrites par Lénine] ne limitent pas la question à la seule impossibilité de réforme dans la décadence, loin s’en faut : "L’attitude de la 3e Internationale envers le parlementarisme n’est pas déterminée par une nouvelle doctrine, mais par la modification du rôle du parlementarisme même. Dans les conditions actuelles, caractérisées par le déchaînement de l’impérialisme, le Parlement est devenu un instrument de mensonge, de fraude, de violences, de destruction, des actes de brigandage, œuvres de l’impérialisme, les réformes parlementaires (…) ont perdu toute importance pratique pour les masses laborieuses." Comme on le voit, l’IC l’englobe dans une vision et une compréhension beaucoup plus large et au premier plan politique, c’est-à-dire au plan de la lutte des classes entre bourgeoisie et prolétariat dans les conditions définies par la phase impérialiste du capital."[8]

Ce que le GIGC s'empresse de ne pas dire ici c'est que les thèses de Lénine sont reproduites intégralement dans l'article suivant du CCI "La démocratie bourgeoise, c’est la dictature du capital"[9], ce qui réduit à néant la critique d'une prétendue faiblesse de notre position sur cette question et illustre à nouveau la méthode retorse du GIGC. Quant à l'idée que ce point de notre plateforme ne prend pas en compte la fonction du Parlement dans la nouvelle période elle relève de cette démarche, "calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose" (F. Bacon), quelle que soit l'inconsistance de la calomnie. En effet, à propos du Parlement, il est dit dans ce point de notre plateforme : "La seule fonction qu'il puisse assumer, et qui explique son maintien en vie, est une fonction de mystification. Dès lors, prend fin toute possibilité, pour le prolétariat, de l'utiliser de quelque façon que ce soit. En effet, il ne peut conquérir des réformes devenues impossibles à travers un organe qui a perdu toute fonction politique effective. À l'heure où sa tâche fondamentale réside dans la destruction de l'ensemble des institutions étatiques bourgeoises et donc du Parlement, où il se doit d'établir sa propre dictature sur les ruines du suffrage universel et autres vestiges de la société bourgeoise, sa participation aux institutions parlementaires et électorales aboutit, quelles que soient les intentions affirmées par ceux qui la préconisent, à insuffler un semblant de vie à ces institutions moribondes" (point 8 de la plateforme du CCI. La mystification parlementaire et électorale).

B. Le rôle du capitalisme d'État réduit aux seules nécessités économiques immédiates du capitalisme ?

Le GIGC écrit : "On peut regretter que ce passage ne rende pas plus explicite le lien entre capitalisme d’État et les besoins de la guerre impérialiste généralisée ce qui tend à réduire le phénomène du capitalisme d’État aux seules nécessités économiques immédiates, alors qu’il est surtout et avant tout une réponse politique contre le prolétariat et pour les besoins de la guerre impérialiste" [10]

Contrairement à ce que prétend le GIGC, ce point de la plateforme du CCI ne réduit en rien le rôle du capitalisme d'État aux "nécessités économiques immédiates", mais prend en compte l'ensemble des contradictions auxquelles le capitalisme est confronté : "Dans la décadence capitaliste, la tendance générale vers le capitalisme d'État est une des caractéristiques dominantes de la vie sociale. Dans cette période, chaque capital national, privé de toute base pour un développement puissant, condamné à une concurrence impérialiste aiguë est contraint de s'organiser de la façon la plus efficace pour, à l'extérieur, affronter économiquement et militairement ses rivaux et, à l'intérieur, faire face à une exacerbation croissante des contradictions sociales. La seule force de la société qui soit capable de prendre en charge l'accomplissement des tâches que cela impose est l'État" (deuxième paragraphe du point 4 de la plateforme intitulé "Le capitalisme d'État"). Le GIGC comptait certainement sur la crédulité des lecteurs de sa prose et sur leur méconnaissance des positions du CCI pour faire passer un mensonge supplémentaire.

C. Une défense trop timide de la constitution de l’Internationale communiste comme parti mondial du prolétariat ?

Le point 15 de notre plateforme sur "La dictature du prolétariat" réaffirme la nécessité de "la destruction de fond en comble de l’État capitaliste [et de l’usage par le prolétariat de] sa propre violence révolutionnaire de classe" mais, selon le GIGC, ce point "ignore complètement le rôle du parti – le mot parti n’est même pas utilisé une seule fois dans ce point ! – tant dans l’insurrection ouvrière – elle-même ignorée – que dans l’exercice de la dictature elle-même. (…) Certes, le parti est mentionné comme tel, formellement, abstraitement, en fait à reculons : "l’organisation des révolutionnaires dont la forme la plus avancée est le parti (…) ; on peut alors parler de parti pour désigner l’organisation de cette avant-garde (…) ; la nature mondiale et centralisée de la révolution prolétarienne confère au parti..." Mais nulle part le rôle et la fonction du parti en tant qu’avant-garde et direction politiques du prolétariat ne sont évoqués."[11]

En réalité, et contrairement à ces assertions mensongères, CCI ne minimise nullement le rôle fondamental joué par le parti dans le succès de la révolution russe (la seule révolution victorieuse), pas plus qu'il ne minimise le rôle que le futur parti sera amené à jouer dans la prochaine révolution. En attestent les nombreux articles de différentes brochures que nous avons dédiés à cette question et que le GIGC prend soin de passer sous silence alors qu'il en connait parfaitement l'existence. Parmi ces documents rappelons :

-              Octobre 1917 début de la révolution mondiale : Les masses ouvrières prennent leur destin en main. Chapitre Le rôle indispensable du parti.

-              Russie 1917 : La plus grande expérience révolutionnaire de la classe ouvrière. Chapitre : Les conceptions fausses du courant conseilliste sur la nature et le rôle du Parti Bolchevique.

D. Les syndicats passés mécaniquement et fatalement dans le camp de la bourgeoisie uniquement pour des raisons économiques ?

Citant notre plateforme : "Les syndicats sont devenus inopérants car "le capitalisme cesse d’être en mesure d’accorder des réformes et des améliorations en faveur de la classe ouvrière", le GIGC commente : "De nouveau, l’explication mécanique et économiciste 'ou bien réformes ou bien impossibilité de réformes' revient pour fonder le fait, juste et que nous partageons, que les syndicats sont devenus "d’authentiques défenseurs du capitalisme, des agences de l’État bourgeois en milieu ouvrier (…) par la tendance inexorable de l’État de la période de décadence à absorber toutes les structures de la société." Du coup, et dans la mesure où le passage des syndicats dans le camp bourgeois aurait été mécaniquement fatal du seul point de vue économique, et non le résultat d’un affrontement de classe conditionné par le passage à la nouvelle période historique, le combat que les minorités communistes ont mené de 1918 jusqu’à, grossièrement, la 2e Guerre mondiale dans les syndicats est négligé et rejeté "[12]

Le GIGC attribue au CCI l'idée que les syndicats sont passés mécaniquement dans le camp de la bourgeoisie. Le CCI utilise le terme "inéluctablement" et non pas le terme "mécaniquement". De plus, le GIGC introduit l'idée que "le passage des syndicats dans le camp de la bourgeoisie a été le produit d'un rapport de forces, entre bourgeoisie et prolétariat, se jouant au sein de ces organes". La seule interprétation possible de ce passage est qu'il aurait existé la possibilité pour la classe ouvrière de maintenir les syndicats en tant qu'arme de sa lutte au moyen d'un combat engagé en leur sein !

Il s'agit ici typiquement de la position opportuniste défendue par l'Internationale communiste dégénérescente et qui a inspiré, et inspire encore aujourd'hui, toutes les variétés de gauchisme. En fait, les seuls combats réellement "inspirants" pour le prolétariat relativement à la question syndicale sont ceux qui ont remis en question cette institution en tant que moyen de la lutte de classe, comme ce fut le cas en particulier durant la révolution en Allemagne. Ce qui est tout à fait cohérent avec l'analyse défendue par le CCI dans le point 7 de sa plate-forme : "En entrant dans sa phase de décadence, le capitalisme cesse d'être en mesure d'accorder des réformes et des améliorations en faveur de la classe ouvrière. Ayant perdu toute possibilité d'exercer leur fonction initiale de défenseurs efficaces des intérêts prolétariens et confrontés à une situation historique où seule l'abolition du salariat, et donc leur propre disparition, est à l'ordre du jour, les syndicats sont devenus, comme condition de leur propre survie, d'authentiques défenseurs du capitalisme, des agences de l'État bourgeois en milieu ouvrier (évolution qui a été fortement favorisée par leur bureaucratisation antérieure et par la tendance inexorable de l'État de la période de décadence à absorber toutes les structures de la société)".

Quels combats auraient-ils permis – selon le GIGC - de conserver, même de façon momentanée, le syndicat en tant qu'instrument de défense de ses intérêts par le prolétariat, durant la période allant de 1918 à la deuxième Guerre mondiale ? Le GIGC n'en évoque qu'un et cela vaut la peine de s'y attarder d'autant plus qu'il s'agit là d'une tentative supplémentaire de brouiller les cartes quant à la position de la Gauche communiste de France sur la question syndicale.

III. Le GIGC refait l'histoire en brouillant les cartes

En particulier sur la filiation de la Gauche Communiste, la propre histoire du CCI et notre camarade Marc Chirik.

A. Un mensonge énorme sur la position de la GCF sur la question syndicale

Le GIGC cite Internationalisme, la revue de la GCF (Gauche Communiste de France) : "Nous devons aussi combattre les tendances qui, partant du fait de l’existence d’une bureaucratie syndicale extrêmement forte, formant une couche réactionnaire avec des intérêts homogènes opposés aux intérêts de classe du prolétariat et à la révolution prolétarienne, affirment que les organisations syndicales sont dépassées en tant qu’instruments de lutte anticapitalistes. La fraction syndicale communiste est formée par tous les militants de l’organisation communiste appartenant au même syndicat" (Résolution sur la question syndicale). Que prouve ce passage par rapport au problème qui nous préoccupe ici, à savoir la nature de classe des syndicats en décadence ? Absolument rien si ce n'est qu'il existait au sein d'Internationalisme des confusions sur la question syndicale. Par contre, on reconnait bien ici la malhonnêteté décomplexée du GIGC quand il occulte aux yeux de ses lecteurs une réalité dérangeante, en l'occurrence le fait qu'il existait une réflexion alors en cours au sein de la GCF à propos de la nature des syndicats et qui se traduira par l'analyse suivante : "Les syndicats sont aujourd'hui complètement intégrés à l'État, ils sont un appendice de l'État avec la fonction de faire accepter, par la classe ouvrière, les mesures d'exploitation et d'aggravation de leurs conditions de misère. Les récents mouvements de grève ont mis en évidence que ce moyen classique de lutte des ouvriers a cessé d'être l'arme exclusive du prolétariat, a perdu sa nature absolue de classe et peut aussi servir de moyen de manœuvre d'une fraction politique capitaliste contre une autre, d'un bloc impérialiste contre un autre et finalement dans l'intérêt général du capitalisme." ("Problèmes actuels du mouvement révolutionnaire international" – Internationalisme n° 18 – Février 1947).

B. Mensonges sur l'attitude du CCI dans les luttes face aux syndicats

Ainsi, le GIGC salue hypocritement ce qu'il appelle le "CCI historique" pour avoir été enfin capable de comprendre la vraie nature des syndicats : "il faut saluer la capacité du CCI historique pour clairement comprendre que les syndicats sont devenus des organes à part entière de l’État bourgeois et, dans les années 1980 pour le moins, en tirer toutes les implications quant à son intervention dans les luttes réelles de la classe". Hypocritement et mensongèrement car, comme on l'a vu précédemment, c'est à Internationalisme qu'il est revenu d'apporter des clarifications importantes par rapport à Bilan sur la question syndicale ?

Pourquoi ce besoin d'encenser l'intervention du CCI des années 1980 qui était "Loin d’attendre une lutte pure libérée des syndicats par la grâce du Saint Esprit". Pour deux raisons :

1) Cracher sur l'intervention du CCI des années ultérieures implicitement caractérisée par l'attente de "une lutte pure libérée des syndicats par la grâce du Saint Esprit", qui depuis deux décennies "préfère s’adonner au fétiche de l’auto-organisation et de l’assembléisme, au nom des véritables assemblées débarrassées des syndicats, pour masquer son défaitisme".[13] Le mythomane en a rêvé, et c'est devenu réalité sous sa plume haineuse. Le CCI n'a jamais délaissé ni méprisé aucune lutte de la classe ouvrière, et le fait de dénoncer, comme nous l'avons fait, certaines caricatures "d’assemblées générales" convoquées habituellement par les syndicats dans les entreprises n'est en rien synonyme de désertion mais constitue au contraire un moment de dénonciation de l'aboutissement du sabotage et de l'omniprésence syndicales. Contrairement à l'idée que le GIGC tente d'instiller, depuis les luttes des années 1980 le CCI n'a jamais renié la nécessité fondamentale de la lutte de classe, partout où celle-ci s'exprime, quelles que soient ses forces et ses faiblesses. Ce qui, une nouvelle fois, est cohérent avec l'importance que le CCI attribue aux luttes de défense immédiate de la classe ouvrière pour le développement du combat de classe, ce que le GIGC essayait aussi de masquer à travers des critiques frauduleuses que nous avons mises en évidence précédemment.

2) Refaire l'histoire du CCI des années 1980 en lui attribuant des positions qui n'ont jamais été les siennes mais celles du BIPR à l'époque : "il [le CCI] comprit alors pleinement que les groupes communistes d’avant-garde et le parti se devaient d’être au premier rang du combat politique contre les dévoiements et les sabotages syndicaux et gauchistes et pour la direction politique des luttes ouvrières." Seul un mythomane ayant l'aplomb du GIGC est capable de débiter de telles balivernes. Le CCI ne s'est jamais considéré comme étant un parti (ou un parti en miniature) mais comme un groupe politique ayant une "fonction similaire à celle d'une fraction", chargé d'œuvrer à la fondation du futur parti, tout en constituant un pont avec celui-ci. De même il a toujours critiqué la conception des "groupes internationalistes d'usine" du BIPR, considérés comme des courroies de transmission du parti dans la classe ouvrière. Hier comme aujourd'hui, le CCI a toujours lutté pour que la classe ouvrière s'organise en assemblées générales afin de prendre sa lutte en mains et l'étendre, il a toujours combattu l'action des syndicats visant à saboter de telles initiatives de la classe.

C. Mensonges dans l'explication de cet autre mensonge relatif à notre prétendu renoncement au combat contre les syndicats

Le GIGC revendique sa contribution à "la revendication et la défense du combat contre le conseillisme dans les années 1980 que le CCI avait mené alors"[14]. Il n'est pas impossible qu'à l'époque certains des militants qui allaient devenir des voyous de la FICCI y aient participé. Par contre il est aussi affirmé que le CCI aurait "rejeté ce [combat] depuis lors."[15]. Pourquoi un tel mensonge du GIGC ? Possiblement pour se faire mousser auprès de la TCI dont le prédécesseur, le BIPR, avait justifié son sabotage des conférences de la Gauche communiste des années 1970 par le prétendu "conseillisme" du CCI.

Le GIGC est incapable de prouver dans les faits ce prétendu renoncement du CCI au combat contre le conseillisme mais il nous donne une explication au "renoncement" en question. La cause se trouve donc, selon lui, dans "la rupture organique entre la Gauche communiste de France et le CCI" : "la rupture organique avec les fractions de la Gauche communiste issues de l’Internationale Communiste (IC), dans son cas d’avec la Gauche communiste de France (GCF) et plus largement avec la Gauche dite italienne, ne put être comblée par la seule présence de Marc Chirik, membre de la fraction italienne à partir de 1938, puis de la GCF"[16]. Cette rupture organique a effectivement constitué un lourd handicap que la présence de notre camarade Marc Chirik a heureusement permis de réduire, notamment à travers le combat contre le conseillisme, plus précisément le centrisme vis-à-vis du conseillisme en notre sein. La clarification et l'homogénéisation qui se sont opérées dans notre organisation à cette occasion ont permis au CCI de s'armer face au danger du conseillisme dont l'influence dans une partie de la jeunesse a participé à la difficile politisation de celle-ci. Il est par contre un domaine où la seule présence de notre camarade MC ne pouvait suffire à surmonter des faiblesses liées à la rupture de la continuité organique, c'est celui du militantisme révolutionnaire qui ne peut faire l'économie de la pratique, même si, également sur ce plan, notre camarade MC a fait le maximum pour transmettre les enseignements de sa propre expérience. Une telle faiblesse au sein du CCI s'est notamment traduite par des attitudes, des démarches relevant de l'esprit de cercle justement critiqué par Lénine au 2e congrès du POSDR et auquel il oppose l'esprit de parti. Mais pire que l'esprit de cercle se trouve le pourrissement de celui-ci dans le clanisme nihiliste, et à la dégénérescence de celui-ci dans la pire variété de parasitisme, prompt à tenter d'infliger le maximum de dommages à l'organisation lorsque celle-ci se défend contre les agissements et comportements de voyous. La FICCI, mère du GIGC, fut la pire incarnation de cette démarche au sein du CCI.

D. Le GIGC invente de toute pièce "une contribution positive" du BIPR à la clarification politique au sein du CCI

Nous ne dénions pas la capacité d'une discussion avec d'autres groupes prolétariens d'être à même de participer à la clarification en notre sein. Mais ici il s'agit d'une nouvelle invention du GIGC totalement impossible d'un point de vue chronologique.

Dans un article récent adressé à la TCI[17], le GIGC évoque un "débat contradictoire que le PCInt-Battaglia Comunista et le CCI avaient développé à la fin des années 1970 autour de la question du cours historique" (…) Le CCI y aurait alors reconnu, selon le GIGC, "la justesse de la critique de BC à sa position de cours à la révolution", laquelle "faisait de la révolution une voie tout ouverte et inéluctable". Mémoire d'éléphant ou affabulation de la part des membres du GIGC ? Il n'est pas dit où et à quelle occasion cela est arrivé. Pour donner plus de consistance à cette "histoire", le GIGC ajoute cependant : "ce fut grâce à cette critique dont le CCI aurait alors reconnu la justesse, qu’il avait précisé – changé – sa position et défini le "cours" comme "vers des affrontements massifs de classe décisifs".

Il nous faut, encore une fois, rétablir la vérité face aux mensonges du GIGC. C'est vrai que dans notre texte sur Le cours historique adopté par le 2e Congrès du CCI en 1977 nous parlions de "cours à la révolution" mais, déjà dans ce document de base, le CCI, en aucune façon, ne "faisait de la révolution une voie tout ouverte et inéluctable" puisqu'il y est écrit : "Notre perspective ne prévoit pas l'inéluctabilité de la révolution. Nous ne sommes pas des charlatans et nous savons trop bien, à l'inverse de certains révolutionnaires fatalistes, que la révolution communiste n'est pas 'aussi certaine que si elle avait déjà eu lieu'. Mais, quelle que soit l'issue définitive de ces combats, que la bourgeoisie essaiera d'échelonner afin d'infliger à la classe une série de défaites partielles préludes à sa défaite définitive, le capitalisme ne peut plus, d'ores et déjà, imposer sa propre réponse à la crise de ses rapports de production sans s'affronter directement au prolétariat." Et c'est justement pour qu'il n'y ait pas la moindre ambigüité que, au début des années 1980, nous avons remplacé la formule "cours à la révolution" par "cours aux affrontements de classe décisifs". Nous n'avons connaissance d'aucune polémique sur ce thème entre le CCI et BC avant que nous ayons modifié notre formulation. Il est parfaitement exact qu'il y a eu une critique par BC/CWO de notre analyse intitulée "le CCI et le cours historique : une méthode erronée". Mais elle a eu lieu en 1987, soit plusieurs années après et il ne peut donc pas s'agir de la "critique constructive reconnue comme telle pas le CCI". D'ailleurs, la critique du BIPR à l'analyse du CCI ne portait pas sur la façon dont il fallait qualifier le cours historique mais sur la notion même de cours historique.[18]

On pourrait se poser la question de l'intérêt du GIGC à revisiter l'histoire de la sorte. La réponse à la question s'esquisse lorsqu'il ajoute : "une grande partie des critiques que Battaglia Comunista avait portées à l’époque étaient justes, nous en reprenons le concept et, nous l’espérons, la méthode qui doit l’accompagner, celle que les camarades de la TCI ont toujours jugée et cataloguée comme idéaliste"[19]. Le GIGC exprime donc son accord avec la TCI et rend hommage à sa méthode. Si le GIGC n'avait pas été un groupe parasite de la pire espèce nous l'aurions interpellé sur son revirement de position alors qu'à l'époque des faits, il critiquait encore avec le CCI le matérialisme vulgaire de la TCI. Aujourd'hui il lui lèche les bottes de façon éhontée.

Et c'est là le sens profond de son entreprise de démolissage de la plateforme du CCI. Il s'agit de renforcer son attitude de flagornerie de la TCI afin de s'attirer encore plus les bonnes grâces de celle-ci. C'est pour le GIGC une question existentielle : pour s'assurer une légitimité et pour être blanchi de ses mensonges et de ses crapuleries, il lui faut la caution d'une organisation historique de la Gauche communiste. Dès la formation de la FICCI, celle-ci a déclaré que le BIPR constituait désormais la force décisive pour la constitution du futur parti mondial du prolétariat. Puis elle a rejeté l'analyse de la période actuelle comme celle de la décomposition du capitalisme ainsi que l'analyse du phénomène du parasitisme politique, deux analyses que ses membres avaient partagées pendant plus d'une décennie mais que rejetait le BIPR (et continue de rejeter la TCI). Aujourd'hui, il faut au GIGC raviver la flamme de son idylle avec la TCI (notamment après une petite brouille avec cette organisation[20]) et pour ce faire quoi de mieux que de reprendre à son compte la critique du BIPR sur le prétendu "conseillisme du CCI", de "découvrir" les grands apports du BIPR et du PCInt à sa propre clarification sur la question du parti et, dernièrement, accueillir avec enthousiasme l'initiative de la TCI en faveur des comités NWBCW.[21]

CCI (08 / 08/ 2023)

[Retour à la série : Le parasitisme politique n'est pas un mythe, le GIGC en est une dangereuse expression]


[3] "Premiers commentaires et débats autour de notre plateforme politique". Révolution ou Guerre n° 20. Février 22. Cette brillante caractérisation est le produit d'un "travail" de relecture critique de la plateforme du CCI exposé dans l'article "Prise de position sur la plateforme du Courant Communiste International". Révolution ou Guerre n° 18. Nous reviendrons prochainement en détail sur ce "travail".

[4] "Prise de position sur la plateforme du Courant Communiste International" Révolution ou guerre n° 18. Ironie : à l'appui de ce jugement, le GIGC cite la lettre d'Engel à Joseph Bloch du 22 septembre 1890 : "La situation économique est la base, mais les divers éléments de la superstructure : les formes politiques de la lutte de classe et ses résultats (…), les formes juridiques, et même les reflets de toutes ces luttes réelles dans le cerveau des participants (…) exercent également leur action sur le cours des luttes historiques et, dans beaucoup de cas, en déterminent de façon prépondérante la forme" C'est une citation que le CCI a pleinement reprise à son compte et utilisée à plusieurs reprises, notamment contre la vision matérialiste vulgaire partagée par les courants issus du Partito Comunista Internazionalista (PCInt) fondé en 1945 (le courant "bordiguiste" et le courant représenté aujourd'hui par la Tendance Communiste Internationaliste). Mais le GIGC se garde bien de faire une telle critique à la TCI puisque, à l'égard de celle-ci, son attitude permanente a consisté dans le léchage de bottes.

[5] À ce propos, nos positions de base – présentes au dos de toute nos publications - mettent en avant que "Le CCI se réclame ainsi des apports successifs (…) des fractions de gauche qui se sont se sont dégagées dans les années 1920-30 de la IIIe Internationale lors de sa dégénérescence, en particulier les gauches allemande, hollandaise et italienne." Le GIGC commente ce passage de la sorte : "Nous verrons qu’à l’arrivée, l’esprit de synthèse a laissé peu de place à la gauche italienne et beaucoup à la germano-hollandaise." C'est un mensonge éhonté. Dès sa fondation, le CCI s'est explicitement revendiqué de sa filiation politique avec la Gauche Communiste de France (GCF) qui, elle-même, tout en reprenant à son compte certaines positions de la Gauche germano-hollandaise, se revendiquait fondamentalement de la Fraction de Gauche italienne. C'est ce que nous rappelions à la fin des années 1990 dans la présentation de notre brochure La Gauche communiste de France : "… il importe de souligner que l’étude des efforts visant à la constitution d’un courant de la Gauche communiste en France met clairement en relief la participation de premier plan de la Gauche communiste italienne à ces efforts ainsi que la méthode qui était la sienne. Nous ne saurions trop insister sur la méthode défendue, durant cette période, par la Gauche italienne (…) … alors que la Fraction italienne elle-même, épuisée, a abandonné le combat qu’elle avait mené pendant près de 18 ans en prononçant son autodissolution en mai 1945, c’est la Fraction française de la Gauche communiste, fondée en décembre 1944 et rebaptisée par la suite Gauche communiste de France, qui a repris le flambeau politique de la Fraction italienne." Et, à aucun moment, le CCI ne s'est départi de cette filiation politique. Ainsi, dans notre article publié trois décennies après la fondation du CCI (Les trente ans du CCI : s'approprier le passé pour construire l'avenir), nous écrivions : "Si nous nous revendiquons des apports des différentes fractions de gauche de l'IC, nous nous rattachons plus particulièrement, pour ce qui concerne la question de la construction de l'organisation, aux conceptions de la Fraction de gauche du Parti communiste d'Italie, notamment comme elles se sont exprimées dans la revue Bilan au cours des années 30." De même, dans notre article de 2006, "La Gauche Communiste et la continuité du marxisme",  :nous mettions très clairement en évidence la contribution fondamentale de la Gauche communiste d'Italie à la définition politique du CCI : "les contributions théoriques faites par la Gauche communiste d'Italie – qui plus tard engloba des fractions en Belgique, en France et au Mexique – furent immenses et tout à fait irremplaçables. Dans son analyse de la dégénérescence de la révolution russe – qui ne remit jamais en question le caractère prolétarien de 1917 ; dans ses recherches sur les problèmes de la future période de transition ; dans ses travaux sur la crise économique et les fondements de la décadence du capitalisme ; dans sa dénonciation de la position de l’Internationale communiste de soutien aux luttes de "libération nationale" ; dans son élaboration de la théorie du parti et de la fraction ; dans ses polémiques sans relâche, mais fraternelles, avec d’autres courants politiques prolétariens ; en cela et dans beaucoup d’autres domaines, la Gauche italienne a sans aucun doute rempli la tâche qu'elle s'était assignée de développer les bases programmatiques pour les organisations prolétariennes du futur".

[6] Premiers commentaires et débats autour de notre plateforme politique. Révolution ou Guerre n° 20. Février 22. Cette "brillante" caractérisation est le produit d'un "travail" de relecture critique de la plateforme du CCI exposé dans l'article "Prise de position sur la plateforme du Courant Communiste International" - Révolution ou Guerre n°18.

[7] Ce changement de position est pour le moins cocasse de la part de ceux qui se sont prétendus être les "meilleurs défenseurs des positions du CCI" alors qu'ils tentaient de le saborder de l'intérieur. D'ailleurs, il faudrait qu'ils précisent à quelle plateforme de 1945 ils se référent. Celle qui avait été adoptée par la conférence de 1945-46 par le PCInt avait été rédigée par Bordiga, qui n'était même pas membre du Partito, un document qui a fait l'objet de très sévères critiques de la part du PCInt en 1974 puisqu'il affirme que ce document avait été accepté en 1945 "comme une contribution tout à fait personnelle pour le débat du congrès futur" et "reconnu comme incompatible avec les fermes prises de position adoptées désormais par le parti sur des problèmes plus importants, et [que] (…) le document a toujours été considéré comme une contribution au débat et pas comme une plate-forme de fait". Le problème c'est qu'il avait été adopté à l'unanimité (y inclus donc par Damen, principal animateur du PCInt jusqu'à sa mort en octobre 1979) et qu'il avait été publié à l'extérieur comme base d'adhésion au Partito. Peut-être les faussaires du GIGC font-ils référence au document rédigé en 1944 par Damen et considéré comme un "schéma de programme". Ils doivent donc endosser des formulations comme "notre parti, qui ne sous-estime pas l'influence des autres partis de masse, se fait le défenseur du front unique", une politique de l'Internationale communiste lors de sa dérive opportuniste et qui avait été combattue par la Gauche italienne dès le début des années 1920. Pour le lecteur qui souhaiterait s'informer plus sur la vie du PCInt durant les années 1940, nous fournissons une référence critique à celle-ci publiée dans la revue Internationalisme, publication de la Gauche communiste de France, Le deuxième congrès du parti communiste internationaliste (Internationalisme n°36, juillet 1948) ; de même que des références de polémiques écrites par le CCI : Polémique : à l'origine du CCI et du BIPR, I - La fraction italienne et la gauche communiste de France ; Polémique : à l'origine du CCI et du BIPR, II : la formation du Partito Comunista Internazionalista.

[9] Revue internationale n° 100.

[17] Prise de position de la TCI sur les thèses (TCI) / Dans l’attente d’une réponse de notre part. Révolution ou Guerre n° 21

[18] Le CCI a répondu à cette critique renvoyant la CWO à un manque total de méthode pour aborder ce genre de question. Lire à ce propos Polémique avec le BIPR sur La méthode marxiste et l'appel du CCI sur la guerre en ex-Yougoslavie.

[19] Prise de position de la TCI sur les thèses (TCI) / Dans l’attente d’une réponse de notre part. Révolution ou Guerre n° 21.

[20] Le GIGC constatant que, malgré son opportunisme, il avait moins de succès que la TCI auprès des nouveaux éléments qui s'approchent de la Gauche communiste, il ne pouvait s'empêcher de tancer la TCI : "de nouvelles forces communistes ont émergé dont Nuevo Curso est l’expression et un facteur, mettant ainsi directement les groupes historiques de la Gauche communiste partidiste devant leur responsabilité historique face à cette nouvelle dynamique et devant laquelle la Tendance Communiste Internationaliste, principale organisation de ce camp, a commencé par s’enfermer dans une attitude, ou des réflexes, relativement sectaire à notre endroit et immédiatiste quant à ces nouvelles forces" ou encore  "la TCI pourtant liée organiquement avec le PC d’Italie et la Gauche communiste d’Italie, subit le poids d’un relatif informalisme, du personnalisme et de l’individualisme, et donc de l’esprit de cercle". Ces citations reproduites dans notre articles  L'aventurier Gaizka a les défenseurs qu'il mérite : les voyous du GIGC sont extraites du Rapport d’activités de la 2e Réunion générale du GIGC. Révolution ou Guerre n°12.

[21] Et il faut constater que la TCI n'est pas insensible aux campagnes de séduction du GIGC. Depuis la formation de la FICCI, en 2001, l'ancêtre de la TCI, le BIPR, a fait preuve d'une grande bienveillance à son égard ; une attitude qui, globalement, ne s'est pas démentie pendant deux décennies et qui s'est manifestée encore récemment lorsque la TCI s'est appuyée, pour l'organisation d'une réunion publique à Paris du regroupement NWBCW, sur deux membres fondateurs de la FICCI, Juan et Olivier, exclus du CCI en 2003 pour mouchardage. Faut-il rappeler à la TCI la fable d'ésope intitulée Le corbeau et le renard : "Un corbeau, ayant volé un morceau de viande, s’était perché sur un arbre. Un renard l’aperçut, et, voulant se rendre maître de la viande, se posta devant lui et loua ses proportions élégantes et sa beauté, ajoutant que nul n’était mieux fait que lui pour être le roi des oiseaux, et qu’il le serait devenu sûrement, s’il avait de la voix. Le corbeau, voulant lui montrer que la voix non plus ne lui manquait pas, lâcha la viande et poussa de grands cris. Le renard se précipita et, saisissant le morceau, dit : 'Ô corbeau, si tu avais aussi du jugement, il ne te manquerait rien pour devenir le roi des oiseaux.' Cette fable est une leçon pour les sots."

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