Résolution sur la situation internationale

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1. Préambule

Le texte du CCI sur les perspectives qui s'ouvrent dans les années 2020[1] affirme que les multiples contradictions et crises du système capitaliste mondial -économiques, sanitaires, militaires, écologiques, sociales- se rejoignent de plus en plus, interagissent, pour créer une sorte d'"effet tourbillon" qui fait de la destruction de l'humanité une issue de plus en plus probable. Cette conclusion est devenue tellement évidente que des parties importantes de la classe dirigeante dressent un tableau similaire. Le rapport 2021-22 de l'ONU sur le développement humain avait déjà tiré la sonnette d'alarme, mais le rapport "Global Risk" du Forum économique mondial (WEF), publié en janvier 2023, est encore plus explicite, puisqu'il parle de la "polycrise" à laquelle la civilisation humaine est confrontée : "En ce début d'année 2023, le monde est confronté à un ensemble de risques qui semblent à la fois totalement nouveaux et étrangement familiers. Nous avons assisté à un retour des "anciens" risques - inflation, crises du coût de la vie, guerres commerciales, sorties de capitaux des marchés émergents, troubles sociaux généralisés, affrontements géopolitiques et spectre de la guerre nucléaire - que peu de chefs d'entreprise et de décideurs publics de cette génération ont connus. Ces phénomènes sont amplifiés par des évolutions relativement nouvelles dans le paysage mondial des risques, notamment des niveaux d'endettement insoutenables, une nouvelle ère de faible croissance, de faibles investissements mondiaux et de démondialisation, un déclin du développement humain après des décennies de progrès, le développement rapide et sans contrainte de technologies à double usage (civil et militaire), et la pression croissante des impacts et des ambitions du changement climatique dans une fenêtre de transition de plus en plus étroite vers un monde à 1,5°C. Tous ces éléments convergent pour façonner une décennie à venir unique, incertaine et turbulente".

Voilà la bourgeoisie qui se parle honnêtement à elle-même au sujet de la situation mondiale actuelle, même si elle ne peut que s'illusionner sur la possibilité de trouver des solutions dans le cadre du système existant. Et elle continuera à vendre ces illusions à la population mondiale, aidée et soutenue par de nombreux partis politiques et campagnes de protestation qui proposent des programmes à consonance radicale qui ne remettent jamais en question les relations sociales capitalistes qui ont donné naissance à la catastrophe imminente.

Pour nous, communistes, il ne peut y avoir de solution sans l'abolition des rapports capitalistes et la mise en place d'une société communiste à l'échelle de la planète. Et, ce que le WEF désigne comme un autre "risque" dans la période à venir - "l'agitation sociale généralisée" - constitue, si l'on démêle ce terme de tous les divers mouvements bourgeois ou interclassistes qu'il range dans cette catégorie, l'alternative opposée à laquelle l'humanité est confrontée : la lutte de classe internationale, qui seule peut conduire au renversement du capital et à l'instauration du communisme.

2. Le cadre historique

La bourgeoisie n'est pas capable de situer la "polycrise" dans les contradictions économiques insolubles qui découlent des rapports sociaux antagonistes existants, mais en voit la cause dans l'abstraction de "l'activité humaine" ; elle ne peut pas non plus les situer dans un cadre historique cohérent. Pour les communistes, au contraire, la trajectoire catastrophique du capitalisme mondial est le résultat de plus d'un siècle de décadence de ce mode de production.

La guerre de 1914-18, et la vague révolutionnaire qu'elle a provoquée, ont conduit le premier congrès de l'Internationale communiste à proclamer que le capitalisme avait atteint son époque de "désintégration intérieure", de "guerres et révolutions", offrant le choix entre le socialisme et la descente dans la barbarie et le chaos. La défaite des premières tentatives révolutionnaires du prolétariat ont signifié que les événements de la fin des années 20, puis des années 30 et 40 (la plus grande dépression économique de l'histoire du capitalisme, une guerre mondiale encore plus dévastatrice, des génocides systématiques, etc.), ont fait pencher la balance vers la barbarie, et après la Seconde Guerre mondiale, le conflit entre les blocs américain et russe a confirmé que le capitalisme décadent avait désormais la capacité de détruire l'humanité. Mais la décadence du capitalisme s'est poursuivie à travers une série de phases : le boom économique de l'après-guerre, le retour de la crise ouverte à la fin des années 1960, la résurgence de la classe ouvrière internationale après 1968. Cette dernière a mis fin à la domination de la contre-révolution, entravant la marche vers une nouvelle guerre mondiale et ouvrant une nouvelle voie historique vers les confrontations de classes, qui contenait le potentiel pour la renaissance de la perspective communiste. Mais l'incapacité de la classe ouvrière dans son ensemble à développer cette perspective a conduit à une impasse entre les classes qui est devenue de plus en plus évidente dans les années 1980. L'effondrement de l'ancien ordre mondial impérialiste après 1989 a confirmé et accéléré l'ouverture d'une phase qualitativement nouvelle et terminale de l'époque de la décadence, que nous appelons la décomposition du capitalisme. Le fait que cette phase soit caractérisée par une tendance croissante au chaos dans les relations internationales, a ajouté un obstacle supplémentaire à une trajectoire vers la guerre mondiale, mais cela n'a en aucun cas rendu l'avenir de la société humaine plus sûr. Dans nos Thèses sur la décomposition, publiées en 1990, nous avions prédit que la décomposition de la société bourgeoise pourrait conduire à la destruction de l'humanité sans guerre mondiale entre blocs impérialistes organisés, par une combinaison de guerres régionales, de destruction écologique, de pandémies et d'effondrement social. Nous avions également prédit que le cycle de luttes ouvrières des années 1968-89 touchait à sa fin et que les conditions de la nouvelle phase entraîneraient des difficultés majeures pour la classe ouvrière.

3. L'accélération de la décomposition

La situation actuelle du capitalisme mondial apporte une confirmation éclatante de ce pronostic. Les années 2020 se sont ouvertes sur la pandémie de Covid, suivie en 2022 par la guerre en Ukraine. Dans le même temps, nous avons assisté à de nombreuses confirmations de la crise écologique planétaire (canicules, inondations, fonte des calottes polaires, pollution massive de l'air et des océans, etc.). Depuis 2019, nous vivons également une nouvelle plongée dans la crise économique, les "remèdes" à la crise dite financière de 2008 révélant toutes leurs limites. Mais alors que dans les décennies précédentes, la classe dirigeante des grands pays avait réussi dans une certaine mesure à préserver l'économie de l'impact de la décomposition, nous assistons aujourd'hui à cet "effet tourbillon" où toutes les différentes expressions d'une société en décomposition interagissent entre elles et accélèrent la descente vers la barbarie. Ainsi, la crise économique a été de façon manifeste aggravée par la pandémie et les lock-downs, la guerre en Ukraine, et le coût croissant des désastres écologiques ; pendant ce temps, la guerre en Ukraine aura de graves implications au niveau écologique et dans le monde entier ; la compétition pour des ressources naturelles qui s'amenuisent exacerbera encore plus les rivalités militaires et les révoltes sociales. Dans cette concaténation d'effets, la guerre impérialiste, résultat de choix délibérés de la classe dirigeante, a joué un rôle central, mais même l'impact d'une catastrophe "naturelle" comme le terrible tremblement de terre en Turquie et en Syrie a été considérablement aggravé par le fait qu'il s'est produit dans une région déjà paralysée par la guerre. On peut également pointer du doigt la corruption endémique des politiciens et des entrepreneurs, qui est une autre caractéristique du délabrement social : en Turquie, la recherche inconsidérée du profit dans l'industrie locale de la construction a conduit à ignorer les normes de sécurité qui auraient pu réduire considérablement le nombre de victimes du tremblement de terre. Cette accélération et cette interaction des phénomènes de décomposition marquent une nouvelle transformation de la quantité en qualité dans cette phase terminale de décadence, rendant plus clair que jamais que la poursuite du capitalisme est devenue une menace tangible pour la survie de l'humanité.

4. Impact de la guerre en Ukraine

La guerre en Ukraine a également une longue "préhistoire". Elle est le point culminant des développements les plus importants des tensions impérialistes au cours des trois dernières décennies, en particulier :

  • l'effondrement du système de blocs post-1945 à la fin des années 1980 et l'irruption du "chacun pour soi" dans les relations inter-impérialistes, provoquant un déclin significatif du leadership mondial des États-Unis ;
  • l'émergence, au sein de cette nouvelle mêlée mondiale, de la Chine en tant que principal challenger impérialiste des États-Unis, avec sa stratégie à long terme visant à jeter les bases économiques mondiales de sa future domination impérialiste. La réaction des États-Unis à leur propre déclin et à la montée en puissance de la Chine n'a pas été de se retirer des affaires mondiales, bien au contraire. Les États-Unis ont lancé leur propre offensive visant à limiter la progression de la Chine, depuis le "pivot vers l'Est" d'Obama jusqu'à l'approche plus directement militaire de Biden, en passant par l'accent mis par Trump sur la guerre commerciale (provocations autour de Taïwan, destruction de ballons espions chinois, formation d'AUKUS, nouvelle base américaine aux Philippines, etc.) L'objectif de cette offensive est d'ériger un mur de feu autour de la Chine, en bloquant sa capacité à se développer en tant que puissance mondiale.
  • Dans le même temps, les États-Unis ont poursuivi l'encerclement progressif de la Russie par l'expansion de l'OTAN, dans le but non seulement de contenir et d'affaiblir la Russie elle-même, mais aussi et surtout de saboter son alliance avec la Chine. Le piège tendu à la Russie en Ukraine a été le dernier coup de ce jeu d'échecs, ne laissant à Moscou d'autre choix que de riposter militairement, la poussant dans une guerre qui a le potentiel de la saigner à blanc et de saper ses ambitions en tant que force régionale et mondiale.

Dans l'ombre de ces rivalités impérialistes mondiales, on assiste à une extension et à une intensification d'autres types de conflit qui sont également liés à la lutte entre les principales puissances, mais d'une manière encore plus chaotique. De nombreuses puissances régionales jouent de plus en plus leur propre jeu, tant en ce qui concerne la guerre en Ukraine que les conflits dans leur propre région. Ainsi, la Turquie, membre de l'OTAN, agit comme un "intermédiaire" pour le compte de la Russie de Poutine sur la question de l'approvisionnement en céréales, tout en fournissant à l'Ukraine des drones militaires et en s'opposant à la Russie dans la "guerre civile" libyenne ; l'Arabie saoudite a défié les États-Unis en refusant d'augmenter ses livraisons de pétrole et donc de faire baisser les prix mondiaux du pétrole ; l'Inde a refusé de se conformer aux sanctions économiques dirigées par les États-Unis contre la Russie. Pendant ce temps, la guerre en Syrie, dont les grands médias n'ont pratiquement pas parlé depuis l'invasion de l'Ukraine, a continué à faire des ravages, la Turquie, l'Iran et Israël étant plus ou moins directement impliqués dans le massacre. Le Yémen a été un champ de bataille sanglant entre l'Iran et l'Arabie saoudite ; l'accession d'un gouvernement d'extrême droite en Israël jette de l'huile sur le feu du conflit avec l'OLP, le Hamas et l'Iran. À la suite d'un nouveau sommet USA-Afrique, Washington a annoncé une série de mesures économiques visant explicitement à contrer l'implication croissante de la Russie et de la Chine sur le continent, qui continue de souffrir de l'impact de la guerre en Ukraine sur les approvisionnements alimentaires et de toute une mosaïque de guerres et de tensions régionales (Ethiopie-Tigré, Soudan, Libye, Rwanda-Congo, etc.) qui offrent des ouvertures à tous les vautours impérialistes régionaux et mondiaux. En Extrême-Orient, la Corée du Nord, qui est l'un des rares pays à fournir directement des armes à la Russie, agite son sabre face à la Corée du Sud (notamment par de nouveaux tirs de missiles, qui sont aussi une provocation à l'égard du Japon). Et derrière la Corée du Nord se trouve la Chine, qui réagit à l'encerclement croissant des États-Unis.

Un autre objectif de guerre des États-Unis en Ukraine, en nette rupture avec les efforts de Trump pour saper l'alliance de l'OTAN, a été de freiner les ambitions indépendantes de leurs "alliés" européens, en les forçant à se conformer aux sanctions américaines contre la Russie et à continuer d'armer l'Ukraine. Cette politique de rapprochement de l'alliance de l'OTAN a connu un certain succès, la Grande-Bretagne étant le soutien le plus enthousiaste de l'effort de guerre de l'Ukraine. Cependant, la reconstitution d'un véritable bloc contrôlé par les États-Unis est encore très éloignée. La France et l'Allemagne - cette dernière ayant le plus à perdre de l'abandon de son "Ostpolitik" traditionnelle, étant donné sa dépendance à l'égard des approvisionnements énergétiques russes - restent incohérentes concernant la livraison des armes demandées par Kiev et ont persisté dans leurs propres "initiatives" diplomatiques à l'égard de la Russie et de la Chine. De son côté, la Chine a adopté une attitude très prudente à l'égard de la guerre en Ukraine, dévoilant récemment son propre "plan de paix" et s'abstenant de fournir à Moscou "l'aide létale" dont elle a si désespérément besoin.

L'ensemble des faits - même en laissant de côté la question de la mobilisation du prolétariat dans les pays centraux que cela exigerait - confirme donc le point de vue selon lequel nous ne nous dirigeons pas vers la formation de blocs impérialistes stables. Mais cela ne diminue en rien le danger d'escalades militaires incontrôlées, y compris le recours aux armes nucléaires. Depuis que George Bush père a annoncé l'avènement d'un "nouvel ordre mondial" après la disparition de l'URSS, les tentatives des États-Unis d'imposer cet "ordre" en ont fait la force la plus puissante pour accroître le désordre et l'instabilité dans le monde. Cette dynamique a été clairement illustrée par le chaos cauchemardesque qui continue de régner en Afghanistan et en Irak à la suite des invasions américaines de ces pays, mais le même processus est également à l'œuvre dans le conflit ukrainien. Acculer la Russie contre le mur comporte donc le risque d'une réaction désespérée du régime de Moscou, y compris le recours à l'arme nucléaire ; à l'inverse, si le régime s'effondre, cela pourrait déclencher la désintégration de la Russie elle-même, créant ainsi une nouvelle zone de chaos aux conséquences les plus imprévisibles. L'irrationalité de la guerre dans la décadence du capitalisme se mesure non seulement à ses coûts économiques gigantesques, qui dépassent de loin toutes les possibilités de profits ou de reconstructions à court terme, mais aussi à l'effondrement brutal des objectifs militaro-stratégiques qui, dans la période de décadence capitaliste, ont de plus en plus supplanté la rationalité économique de la guerre.

Au lendemain de la première guerre du Golfe, dans notre texte d'orientation "Militarisme et décomposition" (Revue Internationale 64, premier trimestre 1991), nous avions prédit le scénario suivant pour les relations impérialistes dans la phase de décomposition :

  • "Dans la nouvelle période historique où nous sommes entrés, et les événements du Golfe vien­nent de le confirmer, le monde se présente comme une immense foire d'empoigne, où jouera à fond la ten­dance au "chacun pour soi", où les alliances entre Etats n'auront pas, loin de là, le caractère de stabilité qui caractérisait les blocs, mais seront dictées par les nécessités du moment. Un monde de désordre meur­trier, de chaos sanglant dans lequel le gendarme amé­ricain tentera de faire régner un minimum d'ordre par l'emploi de plus en plus massif et brutal de sa puis­sance militaire".

Comme l'a montré la suite des invasions de l'Afghanistan et de l'Irak au début des années 2000, le recours croissant des États-Unis à leur puissance militaire a clairement montré que, loin de réaliser ce minimum d'ordre, "la politique impérialiste des États-Unis est devenue un des principaux facteurs de l'instabilité du monde" (Résolution sur la situation internationale, 17e Congrès du CCI, (Revue Internationale 130, troisième trimestre 2007), et les résultats de l'offensive des États-Unis contre la Russie ont rendu encore plus évident le fait que le "gendarme du monde" est devenu le principal facteur d'intensification du chaos à l'échelle de la planète.

5. La crise économique

La guerre en Ukraine est un nouveau coup porté à une économie capitaliste déjà affaiblie et minée par ses contradictions internes et par les convulsions résultant de sa décomposition. L'économie capitaliste était alors déjà en plein ralentissement, marqué par le développement de l'inflation, des pressions croissantes sur les monnaies des grandes puissances et une instabilité financière grandissante (reflétée par l'éclatement des bulles immobilières en Chine ainsi que des cryptomonnaies et de la tech). La guerre aggrave désormais puissamment la crise économique à tous les niveaux.

La guerre signifie l'anéantissement économique de l'Ukraine, l'affaiblissement sévère de l'économie russe par le coût immense de la guerre et les effets des sanctions imposées par les puissances occidentales. Ses ondes de choc se font sentir dans le monde entier, alimentant la crise alimentaire et les famines par la flambée des prix des produits de première nécessité et par les pénuries de céréales.

La conséquence la plus tangible de la guerre à travers le monde est l'explosion des dépenses militaires, qui ont dépassé les 2000 milliards de dollars. Tous les États du monde sont pris dans la spirale du réarmement. Plus que jamais, les économies sont soumises aux besoins de la guerre, augmentant la part de la richesse nationale consacrée à la production d'instruments de destruction. Le cancer du militarisme signifie la stérilisation du capital et constitue une charge écrasante pour les échanges commerciaux et l'économie nationale, conduisant à l'exigence de sacrifices de plus en plus grands de la part des exploités.

Dans le même temps, les convulsions financières les plus graves depuis la crise de 2008, nées d'une série de faillites bancaires aux États-Unis (dont celle de la 16e banque américaine) puis du Crédit suisse (2e banque du pays), se propagent à l'échelle internationale, tandis que l'intervention massive des banques centrales américaine et suisse n'a pas réussi à écarter le risque de contagion à d'autres pays d'Europe et à d'autres secteurs à risque, ni à empêcher que ces faillites ne se transforment en une crise "systémique" du crédit.

Contrairement à 2008, où la faillite des grandes banques avait été causée par leur exposition aux prêts hypothécaires à risque, cette fois-ci, les banques sont surtout fragilisées par leurs investissements à long terme dans des obligations d'État qui, avec la hausse soudaine des taux d'intérêt pour lutter contre l'inflation, perdent de leur valeur. L'instabilité financière actuelle, même si elle n'est pas (encore) aussi dramatique qu'en 2008, s'approche du cœur du système financier, car le recours à la dette publique - et en particulier au Trésor américain, au centre de ce système - a toujours été considéré comme le refuge le plus sûr.

En tout état de cause, les crises financières, quelles que soient leurs dynamiques internes et leurs causes immédiates, sont toujours, en dernière analyse, une manifestation de la crise de surproduction qui a resurgi en 1967 et qui a été encore aggravée par des facteurs liés à la décomposition du capitalisme.

La guerre révèle surtout le triomphe du chacun pour soi et l'échec, voire la fin, de toute "gouvernance mondiale" au niveau de la coordination des économies, de la réponse aux problèmes climatiques, etc. Cette tendance au chacun pour soi dans les relations entre États s'est progressivement accentuée depuis la crise de 2008, et la guerre en Ukraine a mis fin à de nombreuses tendances économiques, décrites sous le terme de "globalisation", qui se poursuivaient depuis les années 1990.

Non seulement la capacité des principales puissances capitalistes à coopérer pour contenir l'impact de la crise économique a plus ou moins disparu, mais face à la détérioration de leur économie et à l'aggravation de la crise mondiale, et afin de préserver leur position de première puissance mondiale, les États-Unis visent de plus en plus délibérément à affaiblir leurs concurrents. Il s'agit là d'une rupture ouverte avec une grande partie des règles adoptées par les États depuis la crise de 1929. Elle ouvre la voie à une terra incognita de plus en plus dominée par le chaos et l'imprévisible.

Les États-Unis, convaincus que la préservation de leur leadership face à la montée en puissance de la Chine dépend en grande partie de la puissance de leur économie, que la guerre a placée en position de force sur le plan politique et militaire, sont également à l'offensive contre leurs rivaux sur le plan économique. Cette offensive s'opère dans plusieurs directions. Les États-Unis sont les grands gagnants de la "guerre du gaz" lancée contre la Russie au détriment des États européens qui ont été contraints de mettre fin aux importations de gaz russe. Ayant atteint l'autosuffisance en pétrole et en gaz grâce à une politique énergétique de long terme initiée sous Obama, cette guerre a confirmé la suprématie américaine dans la sphère stratégique de l'énergie. Elle a mis ses rivaux sur la défensive à ce niveau : L'Europe a dû accepter sa dépendance au gaz naturel liquéfié américain ; la Chine, très dépendante des importations d'hydrocarbures, a été fragilisée par le fait que les États-Unis sont désormais en mesure de contrôler les routes d'approvisionnement de la Chine. Les États-Unis disposent désormais d'une capacité de pression sans précédent sur le reste du monde à ce niveau.

Profitant du rôle central du dollar dans l'économie mondiale, du fait d'être la première puissance économique mondiale, les différentes initiatives monétaires, financières et industrielles (des plans de relance économique de Trump aux subventions massives de Biden aux produits "made in USA", en passant par l'Inflation Reduction Act, etc.) ont augmenté la "résilience" de l'économie américaine, ce qui attire l'investissement de capitaux et les relocalisations industrielles vers le territoire américain. Les États-Unis limitent l'impact du ralentissement mondial actuel sur leur économie et repoussent les pires effets de l'inflation et de la récession sur le reste du monde.

Par ailleurs, afin de garantir leur avantage technologique décisif, les États-Unis visent également à assurer la relocalisation aux États-Unis ou le contrôle international de technologies stratégiques (semi-conducteurs) dont ils entendent exclure la Chine, tout en menaçant de sanctions tout rival à leur monopole.

La volonté des États-Unis de préserver leur puissance économique a pour conséquence d'affaiblir le système capitaliste dans son ensemble. L'exclusion de la Russie du commerce international, l'offensive contre la Chine et le découplage de leurs deux économies, bref la volonté affichée des États-Unis de reconfigurer les relations économiques mondiales à leur avantage, marque un tournant : les États-Unis se révèlent être un facteur de déstabilisation du capitalisme mondial et d'extension du chaos sur le plan économique.

L'Europe a été particulièrement touchée par la guerre qui l'a privée de sa principale force : sa stabilité. Les capitales européennes souffrent d'une déstabilisation sans précédent de leur "modèle économique" et courent un risque réel de désindustrialisation et de délocalisation vers les zones américaines ou asiatiques sous les coups de boutoir de la "guerre du gaz" et du protectionnisme américain.

L'Allemagne en particulier est un concentré explosif de toutes les contradictions de cette situation inédite. La fin des approvisionnements en gaz russe place l'Allemagne dans une situation de fragilité économique et stratégique, menaçant sa compétitivité et l'ensemble de son industrie. La fin du multilatéralisme, dont le capital allemand bénéficiait plus que toute autre nation (lui épargnant aussi le poids des dépenses militaires), affecte plus directement sa puissance économique, dépendante des exportations. Elle risque également de devenir dépendante des États-Unis pour son approvisionnement énergétique, alors que ces derniers poussent leurs "alliés" à se joindre à la guerre économique/stratégique contre la Chine et à renoncer à leurs marchés chinois. Parce qu'il s'agit d'un débouché vital pour les capitaux allemands, l'Allemagne se trouve confrontée à un énorme dilemme, partagé par d'autres puissances européennes, à un moment où l'UE est elle-même menacée par la tendance de ses États membres à faire passer leurs intérêts nationaux avant ceux de l'Union.

Quant à la Chine, alors qu'elle était présentée il y a deux ans comme la grande gagnante de la crise Covid, elle est l'une des expressions les plus caractéristiques de l'effet "tourbillon". Déjà victime d'un ralentissement économique, elle est aujourd'hui confrontée à de fortes turbulences.

Depuis la fin de l'année 2019, la pandémie, les lock-down à répétition et le tsunami d'infections qui ont suivi l'abandon de la politique du "Zéro Covid" continuent de paralyser l'économie chinoise.

La Chine est prise dans la dynamique mondiale de la crise, avec son système financier menacé par l'éclatement de la bulle immobilière. Le déclin de son partenaire russe et la rupture des "routes de la soie" vers l'Europe par des conflits armés ou le chaos ambiant causent des dommages considérables. La puissante pression des États-Unis accroît encore ses difficultés économiques. Et face à ses problèmes économiques, sanitaires, écologiques et sociaux, la faiblesse congénitale de sa structure étatique stalinienne constitue un handicap majeur.

Loin de pouvoir jouer le rôle de locomotive de l'économie mondiale, la Chine est une bombe à retardement dont la déstabilisation aurait des conséquences imprévisibles pour le capitalisme mondial.

Les principales zones de l'économie mondiale sont déjà en récession ou sur le point de s'y enfoncer. Cependant, la gravité de "la crise qui se développe depuis des décennies et qui est appelée à devenir la plus grave de toute la période de décadence, dont l'importance historique dépassera même la plus grande crise de cette époque, celle qui a commencé en 1929"[2] ne se limite pas à l'ampleur de cette récession. La gravité historique de la crise actuelle marque un point avancé dans le processus de "désintégration interne" du capitalisme mondial, annoncé par l'Internationale communiste en 1919, et qui découle du contexte général de la phase terminale de la décadence, dont les principales tendances sont :

  • L'accélération de la décomposition et la multiplicité de ses effets sur une économie capitaliste déjà dégradée ;
  • l'accélération du militarisme à l'échelle mondiale ;
  • Le développement aigu du chacun pour soi entre les nations sur fond de concurrence de plus en plus vive entre la Chine et les États-Unis pour la suprématie mondiale ;
  • l'abandon des règles de coopération entre les nations pour faire face aux contradictions et aux convulsions du système ;
  • l'absence d'une locomotive capable de relancer l'économie capitaliste ;
  • la perspective d'une paupérisation absolue du prolétariat dans les pays centraux, qui est déjà en cours.

Nous assistons à la coïncidence des différentes expressions de la crise économique, et surtout à leur interaction dans la dynamique de son développement : ainsi, l'inflation élevée nécessite la hausse des taux d'intérêt ; celle-ci provoque à son tour la récession, elle-même source de la crise financière, qui conduit à de nouvelles injections de liquidités, donc à encore plus d'endettement, déjà astronomique, et qui est un facteur supplémentaire d'inflation..... Tout cela démontre la faillite de ce système et son incapacité à offrir une perspective à l'humanité.

L'économie mondiale se dirige vers la stagflation, une situation marquée par l'impact de la surproduction et le déclenchement de l'inflation du fait de la croissance des dépenses improductives (principalement les dépenses d'armement mais aussi le coût exorbitant des ravages de la décomposition) et du recours à la planche à billets qui alimente encore plus la dette. Dans un contexte de chaos croissant et d'accélérations imprévues, la bourgeoisie ne fait pas que révéler son impuissance : tout ce qu'elle fait tend à aggraver la situation.

Pour le prolétariat, la poussée de l'inflation et le refus de la bourgeoisie d'aggraver la "spirale salaires-prix" réduisent drastiquement le pouvoir d'achat. À cela s'ajoutent les licenciements massifs, les coupes sombres dans les budgets sociaux, les attaques contre les retraites, qui augurent d'un avenir de pauvreté, comme c'est déjà le cas dans les pays de la périphérie. Pour des couches de plus en plus larges du prolétariat des pays centraux, il sera de plus en plus difficile de se loger, de se chauffer, de se nourrir ou de bénéficier de l'aide sociale.

La bourgeoisie est confrontée à une pénurie massive de main-d'œuvre dans un certain nombre de secteurs. Ce phénomène, dont l'ampleur et l'impact sur la production sont inédits, apparaît comme la cristallisation d'un ensemble de facteurs qui conjuguent les contradictions internes du capitalisme et les effets de sa décomposition. Il est à la fois le produit de l'anarchie du capitalisme qui génère à la fois des surcapacités - le chômage - et des pénuries de main d'œuvre. Les autres facteurs de ce phénomène sont la mondialisation et la fragmentation croissante du marché mondial qui entravent la disponibilité internationale de la force de travail ; les facteurs démographiques tels que la baisse des taux de natalité et le vieillissement des populations qui limitent le nombre de travailleurs disponibles pour l'exploitation, l'absence relative d'une main d'œuvre suffisamment qualifiée, malgré les politiques d'immigration sélective mises en œuvre par de nombreux États. À cela s'ajoute la fuite des salariés des secteurs où les conditions de travail sont devenues insupportables.

6. La destruction de la nature

La guerre en Ukraine est aussi une démonstration éclatante de la façon dont la guerre peut accélérer encore la crise écologique qui s'est accumulée tout au long de la période de décadence, mais qui avait déjà atteint de nouveaux niveaux dans les premières décennies de la phase terminale du capitalisme. La dévastation des bâtiments, des infrastructures, des technologies et d'autres ressources constitue un énorme gaspillage d'énergie et leur reconstruction générera encore plus d'émissions de carbone. L'utilisation inconsidérée d'armes hautement destructrices entraîne la pollution du sol, de l'eau et de l'air, avec la menace toujours présente que toute la région puisse redevenir une source de radiations atomiques, que ce soit à la suite du bombardement de centrales nucléaires ou de l'utilisation délibérée d'armes nucléaires. Mais la guerre a également un impact écologique au niveau mondial, car elle a rendu encore plus difficile la réalisation des objectifs mondiaux de limitation des émissions, chaque pays se préoccupant davantage de sa "sécurité énergétique", ce qui signifie généralement une dépendance accrue à l'égard des combustibles fossiles.

De même que la crise écologique est un facteur de "l'effet tourbillon", elle génère aussi ses propres "boucles de rétroaction" qui accélèrent déjà le processus de réchauffement de la planète. Ainsi, la fonte des calottes polaires ne contient pas seulement les dangers inhérents à l'élévation du niveau des mers, mais devient elle-même un facteur d'augmentation de la température globale puisque la perte de glace implique une capacité réduite à renvoyer l'énergie solaire dans l'atmosphère. De même, la fonte du permafrost en Sibérie libérera une énorme réserve de méthane, un puissant gaz à effet de serre. L'aggravation et la combinaison des effets du réchauffement climatique (inondations, incendies, sécheresse, érosion des sols, etc.) rendent déjà inhabitables de plus en plus de régions de la planète, exacerbant encore le problème mondial des réfugiés déjà alimenté par la persistance et l'extension des conflits impérialistes.

Comme l'ont expliqué Marx et Luxemburg, la quête incessante de marchés et de matières premières a poussé le capitalisme à envahir et à occuper la planète entière, en détruisant les zones "sauvages" restantes ou en les soumettant à la loi du profit. Ce processus est inséparable de la génération de maladies zoonotiques telles que le Covid et jette ainsi les bases de futures pandémies.

La classe dirigeante est de plus en plus consciente des dangers que représente la crise écologique, d'autant plus que tout cela a un coût économique énorme, mais les récentes conférences sur l'environnement ont confirmé l'incapacité fondamentale de la classe dirigeante à faire face à la situation, étant donné que le capitalisme ne peut exister sans la concurrence entre les États-nations et du fait des exigences de la "croissance". Une partie de la bourgeoisie, comme une aile importante du Parti républicain aux États-Unis, dont l'idéologie est alimentée par la profonde irrationalité typique de la phase finale du capitalisme, persiste à nier la science du climat, mais comme le montrent les rapports du WEF et de l'ONU, les factions les plus intelligentes sont bien conscientes de la gravité de la situation. Mais les solutions qu'elles proposent ne peuvent jamais aller à la racine de la question et reposent en fait sur des solutions techniques qui sont tout aussi toxiques que la technologie existante (comme dans le cas des véhicules électriques "propres" dont les batteries au lithium sont basées sur de vastes projets miniers très polluants) ou impliquent de nouvelles attaques contre les conditions de vie de la classe ouvrière. Ainsi, l'idée d'une économie "post-croissance" dans laquelle un État "bienveillant" et "réellement démocratique" préside à tous les rapports fondamentaux du capitalisme (travail salarié, production généralisée de marchandises) est non seulement une absurdité logique - puisque ce sont ces mêmes rapports qui sous-tendent la nécessité d'une accumulation sans fin - mais impliquerait également des mesures d'austérité féroces, justifiées par le slogan "consommez moins". Et tandis que l'aile la plus radicale des mouvements "verts" (Fridays for Future, Extinction Rebellion, etc.) critique de plus en plus le "bla-bla" des conférences gouvernementales sur l'environnement, leurs appels à l'action directe des "citoyens" concernés ne peuvent qu'occulter la nécessité pour les travailleurs de combattre ce système sur leur propre terrain de classe et de reconnaître qu'un véritable "changement de système" ne peut survenir que par le biais de la révolution prolétarienne. Alors que les catastrophes écologiques se succèdent de plus en plus rapidement, la bourgeoisie ne manquera pas d'utiliser les formes de protestation comme de fausses alternatives à la lutte des classes, qui seule peut développer la perspective d'une relation radicalement nouvelle entre l'humanité et son environnement naturel.

7. L'instabilité politique de la classe dirigeante

En 1990, les Thèses sur la décomposition soulignaient la tendance croissante de la classe dirigeante à perdre le contrôle de son jeu politique. La montée du populisme, huilée par l'absence totale de perspective offerte par le capitalisme et le développement du chacun pour soi au niveau international, est probablement l'expression la plus claire de cette perte de contrôle, et cette tendance s'est poursuivie malgré les contre-mouvements d'autres factions plus "responsables" de la bourgeoisie (par exemple le remplacement de Trump, et la mise au rancart rapide de Truss au Royaume-Uni). Aux États-Unis, Trump prépare toujours une nouvelle candidature présidentielle qui, en cas de succès, compromettrait sérieusement les orientations actuelles du gouvernement américain en matière de politique étrangère ; en Grande-Bretagne, le pays classique du gouvernement parlementaire stable, nous avons assisté à un train de quatre premiers ministres conservateurs successifs, exprimant de profondes divisions au sein du parti conservateur dans son ensemble, et encore une fois principalement poussés par les forces populistes qui ont poussé le pays dans le fiasco du Brexit ; loin des centres historiques du système, des démagogues nationalistes comme Erdogan et Modi continuent d'agir comme des francs-tireurs empêchant la formation d'une alliance solide derrière les États-Unis dans leur conflit avec la Russie. En Israël, Netanyahou s'est également relevé de ce qui semblait être sa tombe politique, soutenu par des forces ultrareligieuses et ouvertement annexionnistes, et ses efforts pour subordonner la Cour suprême à son gouvernement ont provoqué un vaste mouvement de protestation, entièrement dominé par des appels à la défense de la "démocratie".

L'assaut du Capitole par les partisans de Trump, le 6 janvier, a mis en évidence le fait que les divisions au sein de la classe dirigeante, même dans le pays le plus puissant de la planète, sont de plus en plus profondes et risquent de dégénérer en affrontements violents, voire en guerres civiles. L'élection de Lula au Brésil a vu les forces bolsonaristes tenter leur propre version du 6 janvier, et en Russie, l'opposition à Poutine au sein de la classe dirigeante est de plus en plus évidente, notamment de la part de groupes ultranationalistes qui ne sont pas satisfaits du déroulement de l'actuelle "opération militaire spéciale" en Ukraine. Les rumeurs de coups d'État militaires abondent ; et bien que Poutine lui-même s'adapte actuellement à la pression de la droite en menaçant constamment d'intensifier la "guerre avec l'Occident", le remplacement de Poutine par une bande rivale serait tout sauf un processus pacifique. Enfin, en Chine, les divisions au sein de la bourgeoisie deviennent également plus manifestes, notamment entre la faction autour de Xi Jinping, partisane d'un renforcement du contrôle de l'État central sur l'ensemble de l'économie, et des rivaux plus attachés aux possibilités de développement du capital privé et des investissements étrangers. Alors que le règne de la faction Xi semblait inattaquable lors du Congrès du Parti d'octobre 2022, sa gestion désastreuse de la crise du Covid, l'aggravation de la crise économique et les graves dilemmes créés par la guerre en Ukraine ont révélé les faiblesses réelles de la classe dirigeante chinoise, alourdies par un appareil stalinien rigide qui n'a pas les moyens de s'adapter aux grands problèmes sociaux et économiques.

Cependant, ces divisions ne mettent pas fin à la capacité de la classe dirigeante de retourner les effets de la décomposition contre la classe ouvrière, ou, face à la montée de la lutte des classes, de mettre temporairement de côté ses divisions pour affronter son ennemi mortel. Et même lorsque la bourgeoisie est incapable de contrôler ses divisions internes, la classe ouvrière est en permanence menacée par le danger d'être mobilisée derrière les factions rivales de son ennemi de classe.

8. La rupture avec 30 ans de recul et de désorientation

La reprise de la combativité ouvrière dans un certain nombre de pays est un événement historique majeur qui ne résulte pas seulement de circonstances locales et ne peut s'expliquer par des conditions purement nationales.

À l'origine de cette résurgence, les luttes qui se déroulent en Grande-Bretagne depuis l'été 2022 ont une signification qui dépasse le seul contexte britannique ; la réaction des travailleurs en Grande-Bretagne éclaire celles qui se déroulent ailleurs et leur confère une signification nouvelle et particulière dans la situation. Le fait que les luttes actuelles aient été initiées par une fraction du prolétariat qui a le plus souffert du recul général de la lutte de classe depuis la fin des années 80 est profondément significatif : de même que la défaite en Grande-Bretagne en 1985 annonçait le recul général de la fin des années 80, le retour des grèves et de la combativité ouvrière en Grande-Bretagne révèle l'existence d'un courant profond au sein du prolétariat du monde entier. Face à l'aggravation de la crise économique mondiale, la classe ouvrière commence à développer sa réponse à la détérioration inexorable des conditions de vie et de travail dans un même mouvement international. Et cette analyse est valable aussi pour ce qui concerne les mobilisations massives pendant trois mois de la classe ouvrière en France face à l'attaque du gouvernement contre les retraites. Depuis plusieurs décennies, les travailleurs de ce pays ont été parmi les plus combatifs au monde mais leurs mobilisations du début 2023 ne constituent pas une simple continuation des importantes luttes de la période précédente ; l'ampleur de ces mobilisations s'explique aussi, et fondamentalement, par le fait qu'elles sont partie prenante d'une combativité qui anime le prolétariat de nombreux pays.

Les luttes ouvrières actuelles en Europe confirment que la classe ouvrière n'a pas été vaincue et conserve son potentiel. Le fait que les syndicats contrôlent ces mouvements sans être contestés ne doit pas minimiser ou relativiser leur importance. Au contraire, l'attitude de la classe dirigeante, qui s'est préparée depuis longtemps à la perspective d'un renouveau des luttes ouvrières, témoigne de leur potentiel : les syndicats ont été prêts à l'avance à adopter une position "combative" et à se mettre à la tête du mouvement pour jouer pleinement leur rôle de gardiens de l'ordre capitaliste.

Portés par une nouvelle génération de travailleurs, l'ampleur et la simultanéité de ces mouvements témoignent d'un véritable changement d'état d'esprit dans la classe et rompent avec la passivité et la désorientation qui ont prévalu de la fin des années 80 jusqu'à aujourd'hui.

Face à l'épreuve de la guerre, il n'était pas possible d'attendre une réponse directe de la classe ouvrière. L'histoire montre que la classe ouvrière ne se mobilise pas directement contre la guerre mais contre ses effets sur la vie à l'arrière. La rareté des mobilisations pacifistes organisées par la bourgeoisie ne signifie pas que le prolétariat adhère à la guerre, mais elle montre l'efficacité de la campagne pour "la défense de l'Ukraine contre l'agresseur russe". Cependant, il ne s'agit pas seulement d'une non-adhésion passive. Non seulement, la classe ouvrière des pays centraux n'est toujours pas prête à accepter le sacrifice suprême de la mort, mais rejette également le sacrifice des conditions de vie et de travail exigé par la guerre.

Les luttes actuelles sont précisément la réponse des travailleurs à ce niveau ; elles sont la seule réponse possible et contiennent les prémisses de l'avenir, mais en même temps elles montrent que la classe ouvrière n'est pas encore capable de faire le lien entre la guerre et la dégradation de ses conditions.

Le CCI a toujours insisté sur le fait que, malgré les coups portés à la conscience de classe, malgré son reflux au cours des dernières décennies :

  • le prolétariat des pays centraux a conservé d'énormes réserves de combativité qui n'ont pas été mises à l'épreuve de manière décisive jusqu'à présent ;
  • le développement d'une résistance ouverte aux attaques du capital constitue plus que jamais, dans la situation actuelle, la condition la plus cruciale pour que le prolétariat retrouve son identité de classe comme point de départ d'une évolution plus générale de la conscience de classe.

Jusqu'à présent, les expressions de combativité qui sont apparues semblent avoir eu "très peu d'écho dans le reste de la classe : le phénomène des luttes dans un pays "répondant" à des mouvements ailleurs semble être presque inexistant. Pour la classe en général, la nature fragmentée et sans lien des luttes ne fait pas grand-chose, du moins en apparence, pour renforcer ou plutôt restaurer la confiance en soi du prolétariat, sa conscience d'être une force distincte dans la société, une classe internationale ayant le potentiel de défier l'ordre existant"[3].

Aujourd'hui, la combinaison d'un retour de la combativité ouvrière et de l'aggravation de la crise économique mondiale (par rapport à 1968 ou 2008) qui n'épargnera aucune partie du prolétariat et les frappera toutes simultanément, change objectivement les bases de la lutte des classes

L'approfondissement de la crise et l'intensification de l'économie de guerre ne peuvent que se poursuivre à l'échelle mondiale et partout cela ne peut que générer une combativité croissante. L'inflation jouera un rôle particulier dans ce développement de la combativité et de la conscience. En frappant tous les pays, toute la classe ouvrière, l'inflation pousse le prolétariat à la lutte. N'étant pas une attaque que la bourgeoisie peut préparer et éventuellement retirer, mais un produit du capitalisme, elle implique une lutte et une réflexion plus profonde.

La reprise des luttes confirme la position du CCI selon laquelle la crise reste en effet le meilleur allié du prolétariat :

"l'aggravation inexorable de la crise capitaliste constitue le stimulant essentiel de la lutte de classe et du développement de la conscience, la condition préalable à sa capacité de résister au poison distillé par la pourriture sociale. Car si les luttes partielles contre les effets de la décomposition n'ont pas de base pour l'unification de la classe, sa lutte contre les effets directs de la crise constitue néanmoins la base du développement de sa force et de son unité de classe". (Thèses sur la décomposition, Revue Internationale 107). Ce développement des luttes n'est pas un feu de paille mais possède un avenir. Il indique un processus de renaissance de la classe après des années de reflux, et contient le potentiel de récupération de l'identité de classe, de la classe reprenant conscience de ce qu'elle est, de la puissance qu'elle a quand elle entre en lutte.

Tout indique que ce mouvement de classe, né en Europe, peut durer longtemps et se répétera dans d'autres parties du monde. Une situation nouvelle s'ouvre pour la lutte des classes.

Face au danger de destruction contenu dans la décomposition du capitalisme, ces luttes montrent que la perspective historique reste totalement ouverte : "Ces premiers pas seront souvent hésitants et pleins de faiblesses, mais ils sont indispensables pour que la classe ouvrière puisse réaffirmer sa capacité historique à imposer sa perspective communiste. Ainsi, les deux pôles alternatifs de la perspective s'affronteront globalement : la destruction de l'humanité ou la révolution communiste, même si cette dernière alternative est encore très éloignée et se heurte à d'énormes obstacles".[4]

Bien que le contexte même de la décomposition représente un obstacle au développement des luttes et à la reprise de confiance du prolétariat, bien que la décomposition ait fait des progrès effrayants, bien que le temps ne soit plus de son côté, la classe a réussi à reprendre la lutte. La période récente a confirmé de manière frappante notre prédiction dans la Résolution sur la situation internationale du 24e Congrès international :

  • "Comme nous l'avons déjà rappelé, la phase de décomposition contient en effet le danger que le prolétariat échoue tout simplement à répondre et soit étouffé sur une longue période - une "mort par mille coups" plutôt qu'un affrontement de classe frontal. Néanmoins, nous affirmons qu'il y a encore suffisamment d'éléments qui montrent que, malgré les l’avancée incontestable de la décomposition, malgré le fait que le temps ne joue plus en faveur de la classe ouvrière, le potentiel d'une profonde renaissance prolétarienne - menant à une réunification entre les dimensions économiques et politiques de la lutte de classe - n'a pas disparu".[5]

La lutte elle-même est la première victoire du prolétariat, révélatrice en particulier :

  • Le chemin vers la récupération de l'identité de classe. Alors que la fragile réapparition de la lutte des classes (USA 2018, France 2019) a été en grande partie bloquée par la pandémie et les lock-down, ces événements ont révélé la condition de la classe ouvrière, en tant quela principale victime de la crise sanitaire mais aussi comme source de tout le travail et de toute la production matérielle de biens essentiels. Les travailleurs s'engagent maintenant dans une expérience collective de la lutte où il y a une recherche d'unité et un début de solidarité entre les différents secteurs de la classe, entre les "cols bleus" et les "cols blancs", entre les générations. Le sentiment d'être tous dans le même bateau permettra à la classe ouvrière de se reconnaître comme une force sociale unie par les mêmes conditions d'exploitation. La récupération de l'identité de classe du prolétariat comporte une dimension inséparable de ces premiers pas dans la reconnaissance de soi et de sa force ; elle comporte aussi l'identification de son antagonisme de classe, au-delà de tel ou tel employeur ou gouvernement. Cette reprise de l'affrontement entre classes pose les conditions d'une perspective de politisation plus consciente de la lutte, un processus long et tortueux qui ne fait que commencer.
  • Une progression de la maturation souterraine de la conscience, qui s'est développée sur une période assez longue et à différents niveaux : dans les couches les plus larges de la classe, la maturation souterraine prend d'abord la forme d'une perte d'illusion dans la capacité du capitalisme à offrir un avenir, d'une prise de conscience que la situation ne peut qu'empirer, que toute la dynamique du capitalisme pousse la société dans le mur, et surtout d'une révolte profonde contre les conditions d'exploitation, résumée dans le mot d'ordre "trop c'est trop". Dans un secteur plus restreint de la classe, on assiste à une réflexion sur les luttes passées et à la recherche de leçons sur les moyens de renforcer la lutte, de créer un rapport de force efficace contre l'État. Enfin, "dans une fraction de la classe, qui est encore plus limitée en taille, mais destinée à croître avec l'avancée de la lutte, cela prend la forme d'une défense explicite du programme communiste, et donc de re­groupement en avant-garde marxiste organisée"[6]. Cela se concrétise par l'apparition de minorités intéressées par les positions politiques de la gauche communiste.

C'est la perte progressive de l'identité de classe qui a permis à la bourgeoisie de stériliser ou de récupérer les deux plus grands moments de lutte prolétarienne depuis les années 1980 (le mouvement contre le Contrat Première Embauche en France en 2006, et les Indignados en Espagne en 2011), parce que les protagonistes étaient privés de cette base cruciale pour le développement plus général de la conscience. Aujourd'hui, la tendance à la récupération de l'identité de classe et l'évolution de la maturation souterraine expriment le changement le plus important au niveau subjectif, révélant le potentiel pour le développement futur de la lutte prolétarienne. Parce qu'elle signifie la conscience de former une classe unie par des intérêts communs, opposés à ceux de la bourgeoisie, parce qu'elle signifie la "constitution du prolétariat en tant que classe" (Manifeste), l'identité de classe est une partie inséparable de la conscience de classe, pour l'affirmation de l'être révolutionnaire conscient du prolétariat. Sans elle, il n'y a pas de possibilité pour la classe de se rattacher à son histoire pour tirer les leçons des combats passés et s'engager ainsi dans ses luttes présentes et futures. L'identité et la conscience de classe ne peuvent être renforcées que par le développement de la lutte autonome de la classe sur son propre terrain.

Le réveil de la combativité de classe et la maturation souterraine de la conscience exigent que les syndicats, ces organes étatiques spécialisés dans l'encadrement des luttes ouvrières, et les organisations politiques gauchistes, faux amis bourgeois de la classe ouvrière, se placent en première ligne face à la lutte de classe.

L'efficacité actuelle du contrôle syndical repose sur les faiblesses qui découlent de la décomposition, faiblesses exploitées politiquement par la bourgeoisie, et du recul des consciences qui dure depuis quelques décennies et qui s'est traduit par le "retour en force des syndicats" et le renforcement de "l'idéologie réformiste sur les luttes de la période à venir, facilitant grandement le travail des syndicats" (Thèses sur la crise économique et politique en URSS et dans les pays de l'Est).

En particulier, le poids de l'atomisation, le manque de perspective, la faiblesse de l'identité de classe, la perte des acquis et des leçons des confrontations avec les syndicats dans le passé sont à l'origine de l'influence extrêmement importante du corporatisme. Cette faiblesse permet aux syndicats de maintenir une influence puissante sur la classe.

Bien qu'ils ne soient pas encore menacés par une remise en cause de ce contrôle de la lutte, les syndicats ont été obligés de s'adapter aux luttes actuelles, pour mieux faire leur travail habituel de division, en utilisant un langage plus "combatif", plus "ouvrier", en se présentant comme les artisans de l'unité de la classe, pour mieux la saboter.

Parallèlement, les différentes organisations gauchistes (et la gauche en général) travaillent à l'intérieur et à l'extérieur des syndicats et leur apportent un soutien puissant. Défenseurs des mystifications anti-ouvrières les plus sophistiquées dans un habillage radical, ils ont aussi pour fonction de capter les minorités en quête de positions de classe.

La défense constante de la "démocratie" et des intérêts du "peuple" vise à dissimuler l'existence des antagonismes de classe, à alimenter le mensonge de l'État protecteur et à attaquer l'identité de la classe prolétarienne, en réduisant la classe ouvrière à une masse de citoyens ou à des "secteurs" d'activité séparés par des intérêts particuliers.

Face aux mouvements des classes non-exploiteuses ou de la petite bourgeoisie pulvérisée par la crise économique, le prolétariat doit se méfier des révoltes "populaires" ou des luttes interclassistes qui noient ses propres intérêts dans la somme indifférenciée des intérêts du "peuple". Il doit se placer résolument sur le terrain de la défense de ses propres revendications et de son autonomie de classe, condition du développement de sa force et de son combat.

Il doit également rejeter les pièges tendus par la bourgeoisie autour de luttes parcellaires (pour sauver l'environnement, contre l'oppression raciale, le féminisme, etc.) qui le détournent de son propre terrain de classe. L'une des armes les plus efficaces de la classe dominante est sa capacité à retourner les effets de la décomposition contre elle et à encourager les idéologies décomposées de la petite bourgeoisie. Sur le terrain de la décomposition, de l'irrationalité, du nihilisme et du "no-future", toutes sortes de courants idéologiques prolifèrent. Leur rôle central est de faire de chaque aspect répugnant du système capitaliste décadent un motif de lutte spécifique, pris en charge par différentes catégories de la population ou parfois par le "peuple", mais toujours séparé d'une véritable remise en cause du système dans son ensemble.

Toutes ces idéologies (écologistes, "wokisme", racialistes etc.) qui nient la lutte des classes, ou qui, comme celles qui prônent l'"intersectionnalité", mettent la lutte des classes sur le même plan que la lutte contre le racisme ou le machisme, représentent un danger pour la classe, en particulier pour la jeune génération de travailleurs sans expérience mais profondément révoltés par l'état de la société. À ce niveau, ces idéologies sont complétées par la panoplie des gauchistes et des modernistes ("communisateurs") dont le rôle est de stériliser les efforts du prolétariat pour développer la conscience de classe et d'éloigner les travailleurs de la lutte de classe.

Si la lutte des classes est par nature internationale, la classe ouvrière est en même temps une classe hétérogène qui doit forger son unité à travers sa lutte. Dans ce processus, c'est le prolétariat des pays centraux qui a la responsabilité d'ouvrir la porte de la révolution au prolétariat mondial.

Dans les pays comme la Chine, l'Inde, etc., même si la classe ouvrière s'est montrée très combative et malgré son importance sur le plan quantitatif, ces fractions du prolétariat, en raison de leur manque d'expérience historique, sont particulièrement vulnérables aux pièges idéologiques et aux mystifications de la classe dirigeante. Leurs luttes sont facilement réduites à l'impuissance ou détournées dans des impasses bourgeoises (appels à plus de démocratie, de liberté, d'égalité, etc.) ou encore complètement diluées dans des mouvements interclassistes dominés par d'autres couches sociales. Comme l'a montré le printemps arabe de 2011 : la lutte très réelle des travailleurs en Égypte a été rapidement diluée dans le "peuple", puis entraînée derrière les factions de la classe dirigeante sur le terrain bourgeois de "plus de démocratie". Ou encore, l'immense mouvement de contestation en Iran, où, en l'absence d'une perspective révolutionnaire claire défendue par les fractions les plus expérimentées du prolétariat mondial d'Europe occidentale, les nombreuses luttes ouvrières du pays ne peuvent qu'être noyées dans le mouvement populaire et détournées de leur terrain de classe derrière le slogan du droits des femmes.

Aux États-Unis, bien que marqué par des faiblesses liées au fait que la classe de ce pays n'a pas été directement confrontée à la contre-révolution et qu'elle ne possède pas une profonde tradition révolutionnaire, le prolétariat de la première puissance mondiale, malgré de nombreux obstacles générés par la décomposition dont les États-Unis sont devenus l'épicentre (le poids des divisions raciales et du populisme, toute l'atmosphère de quasi-guerre civile entre populistes et démocrates, l'impasse des mouvements travaillant sur un terrain bourgeois comme Black Lives Matter) montre la capacité à développer ses luttes (pendant la pandémie, lors du "Striketober" en 2021) sur son terrain de classe. Le prolétariat américain montre, dans une situation politique très difficile, qu'il commence à répondre aux effets de la crise économique.

La clé de l'avenir révolutionnaire du prolétariat reste entre les mains de sa fraction dans les pays centraux du capitalisme. Seul le prolétariat des vieux centres industriels d'Europe occidentale constitue le point de départ de la future révolution mondiale :

  • Parce qu'il est le siège de la plus importante expérience révolutionnaire de la classe ouvrière depuis les premières batailles de 1848 jusqu'à la révolution en Allemagne de 1918-19 en passant par la Commune de Paris de 187 ;
  • Parce qu'il a été le plus endurci par la confrontation avec les mystifications bourgeoises les plus sophistiquées de la démocratie, des élections et des syndicats.
  • Parce qu'il a aussi été confronté à la contre-révolution sous les différentes formes prises par la dictature de la classe dominante : démocratie bourgeoise, stalinisme et fascisme.
  • Parce que la question de l'internationalisation de la lutte des classes est d'emblée posée par la proximité des nations les plus puissantes d'Europe ;
  • Parce que les groupes politiques de la gauche communiste, bien qu'encore très minoritaires et faibles, y sont présents.

9. La responsabilité des révolutionnaires

Face à l'affrontement croissant des deux pôles de l'alternative - destruction de l'humanité ou révolution communiste - les organisations révolutionnaires de la gauche communiste, et le CCI en particulier, ont un rôle irremplaçable à jouer dans le développement de la conscience de classe, et doivent consacrer leur énergie au travail permanent d'approfondissement théorique, à proposer une analyse claire de la situation mondiale, et à intervenir dans les luttes de notre classe pour défendre la nécessité de l'autonomie, de l'auto-organisation et de l'unification de la classe, et du développement de la perspective révolutionnaire.

Ce travail ne peut être réalisé que sur la base d'un patient travail de construction de l'organisation, jetant les bases du parti mondial de demain. Toutes ces tâches exigent une lutte militante contre toutes les influences de l'idéologie bourgeoise et petite-bourgeoise dans le milieu de la gauche communiste et du CCI lui-même. Dans la conjoncture actuelle, les groupes de la gauche communiste sont confrontés au danger d'une véritable crise : à quelques exceptions près, ils ont été incapables de s'unir pour défendre l'internationalisme face à la guerre impérialiste en Ukraine et sont de plus en plus ouverts à la pénétration de l'opportunisme et du parasitisme. Une adhésion rigoureuse à la méthode marxiste et aux principes prolétariens constitue la seule réponse à ces dangers.

Mai 2023

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25e congrès international du CCI