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Malgré la crise sanitaire, le CCI a la volonté de continuer à intervenir en direction de la classe ouvrière. C’est pourquoi il tient des permanences régulièrement, permanences en ligne restrictions sanitaires obligent. La dernière permanence s’est tenue le 17 octobre avec la présence de 14 personnes et des militants du CCI. Cette permanence était tout à fait justifiée car, unanimement, les personnes présentes ont exprimé le besoin de rompre avec l’isolement imposé par la bourgeoisie, de lutter contre l’atomisation et de discuter de la situation actuelle avec le CCI.
Tout d’abord, nous tenons à affirmer que la pandémie et toutes les mesures de confinement ou de restrictions imposées par la bourgeoisie et son État n’empêcheront pas les révolutionnaires de continuer leur combat, de continuer leur travail d’analyse, de discussion, de confrontations publiques des idées.
Le CCI a introduit la discussion par une courte présentation mettant en évidence que nous sommes aujourd’hui face à une situation historique mondiale d’une gravité sans précédent, ce qui rend encore plus cruciaux les enjeux du combat entre la bourgeoisie et le prolétariat. Dans cette courte présentation, nous avons posé un cadre pour pouvoir organiser la discussion à partir des questionnements et préoccupations dont certains contacts nous ont faits part dans leur courrier.
Cette présentation a rappelé l’analyse de cette crise sanitaire comme la manifestation majeure de l’accélération de la décomposition du capitalisme et comme l’événement mondial le plus important depuis l’effondrement du bloc de l’Est. Cette situation engendre, au sein de la société et de tous les États, un chaos généralisé qui prend aujourd’hui une ampleur dramatique avec cette pandémie mondiale. Une pandémie que la bourgeoisie est incapable de maîtriser, du fait de la restriction drastique des budgets de la recherche médicale et de la politique de démantèlement du système de santé dans tous les pays, comme résultats des politiques d’austérité et d’attaques contre la classe ouvrière depuis des décennies. Il est clair que le capitalisme n’a aucun avenir à offrir à l’humanité et à ses nouvelles générations.
Les participants à cette permanence qui ont répondu à notre invitation avaient manifesté la volonté de débattre d’un certain nombre de questions, dont les principales sont les suivantes :
– La question de la pandémie de Covid. Où en sommes-nous et quelle analyse en faisons-nous ?
– La question de l’aggravation de la crise économique due aux conséquences économiques de cette pandémie sur les conditions de vie de la classe ouvrière.
– Les mystifications de la bourgeoisie et la situation de la classe ouvrière aujourd’hui.
Après la courte introduction du CCI, la discussion a vite démarré. D’emblée, nous pouvons constater qu’il existait une grande volonté de débattre chez tous les participants. Cette volonté de discuter s’est manifestée immédiatement par une multitude d’interventions, de questions et de préoccupations.
L’aggravation de la crise économique
Concernant la question de la crise économique aggravée par la pandémie, la majorité des interventions ont montré un accord général sur la caractérisation de la crise actuelle comme conséquence de la crise générale et historique du capitalisme. Plusieurs participants ont insisté sur l’illustration de cette crise, l’incurie de l’État, les coupes claires dans les budgets sanitaires, les messages incompréhensibles et contradictoires du gouvernement sur la gestion de la crise, l’encadrement policier de la société.
Le CCI a réaffirmé qu’il était important de comprendre que cette crise sanitaire constitue une aggravation sans précédent de la crise historique ouverte du capitalisme. Le Covid-19 n’est pas la cause de la situation actuelle, la crise économique était déjà présente, les attaques de la bourgeoisie contre la classe ouvrière étaient déjà importantes, comme on l’a vu avec la réforme des retraites en 2019. Le Covid-19 n’est qu’un révélateur de l’impasse du capitalisme et de la tendance à la perte de contrôle de la bourgeoisie sur son système.
Les campagnes et mystifications de la bourgeoisie
En plus de ces préoccupations, d’autres questions ont surgi dans le débat. Cette crise sanitaire est-elle utilisée par la bourgeoisie, en d’autres termes est-elle le fruit d’un “complot” contre la classe ouvrière ? La finance est-elle la cause de cette crise économique ? Pourquoi la bourgeoisie en France débloque-t-elle des milliards d’euros aujourd’hui alors que l’on s’est battu contre la réforme des retraites représentant un enjeu d’une quinzaine de milliards pour la bourgeoisie ?
Le CCI a répondu une nouvelle fois que la pandémie et sa gestion ne sont que le résultat de la crise du système capitaliste et de l’incapacité de la bourgeoisie de donner une perspective à la société. Si la bourgeoisie est certes une classe machiavélique capable de toutes sortes de manipulations idéologiques, la pandémie de Covid-19 n’est pas une “invention” de la classe dominante. Dans la politique de la bourgeoisie face à la crise sanitaire il n’y a pas de “complot” mais avant tout la réalité de son incapacité à y faire face et à gérer son système moribond.
Sur la question de la finance : derrière cette question, en fait, il y a la volonté de fractions de la bourgeoisie (comme sa gauche et ses gauchistes), de masquer la cause profonde de la crise du capitalisme qui serait “la faute” des banques, des riches et qu’il suffirait simplement de redistribuer les richesses pour mettre fin à la misère ! Ces mystifications sont du même ordre que celles qui mettraient en avant que lorsque la pandémie prendra fin, tout redeviendra “normal” et “comme avant”. Y a-t-il une normalité dans ce système ? Ces mystifications ne sont que des moyens pour détourner la classe ouvrière de la réalité : l’impasse du capitalisme et la nécessité de renverser ce système d’exploitation.
L’impact de la pandémie sur la classe ouvrière
Cette question a constitué un point central abordé par les participants dans la permanence, qui ont tous constaté l’état de sidération actuel dans la société face à la pandémie. Une sidération qui s’accompagne par un repli sur soi, par une peur, et qui est aussi renforcée par la bourgeoisie à travers ses mesures de confinement et de contrôle policier. Et une des conséquences de cette situation est la difficulté à se regrouper pour discuter avec le renforcement de l’isolement et de l’atomisation. Une situation difficile constatée par nombre d’intervenants. Plusieurs interventions ont en effet souligné la difficulté pour le prolétariat de lutter dans le contexte actuel, mais aussi le fait que face à la crise économique accélérée par la crise sanitaire et son corollaire le chômage massif, cette situation va pousser les ouvriers, salariés comme chômeurs, à lutter. Enfin une intervention a dénoncé le rôle des syndicats qui, en négociant avec l’État, appellent les ouvriers à être responsables face à la catastrophe sanitaire.
À ces questions, le CCI a répondu qu’effectivement la situation est difficile pour la classe ouvrière aujourd’hui. Elle subit la situation comme un coup de massue qui la paralyse. Mais il ne faut pas oublier qu’il y a dix mois la classe ouvrière en France a relevé la tête face à l’attaque de la bourgeoisie sur la question des retraites. La classe ouvrière a montré non seulement sa combativité mais aussi sa volonté de rechercher l’unité et la solidarité tous secteurs confondus et notamment dans le secteur hospitalier en lutte depuis de nombreux mois face à la pénurie d’effectifs. Néanmoins, il faut constater qu’aujourd’hui, ce qui domine, momentanément, c’est le poids du corporatisme alimenté par les syndicats. Pour les révolutionnaires, il est essentiel d’avoir une vision à long terme du combat de classe, ceci est valable de tout temps et surtout face à une période comme celle d’aujourd’hui. La crise sanitaire engendre déjà une crise économique sans précédent, une crise qui va s’approfondir avec son cortège de licenciements et la volonté de la bourgeoisie de faire payer encore plus fortement les conséquences de cette crise à la classe ouvrière pour tenter de sauver son économie. Le prolétariat n’aura donc pas d’autre choix que de se battre pied à pied pour défendre ses conditions de vie. Et c’est dans son combat, sur son propre terrain de classe, contre les effets de la crise économique, contre un système basé sur l’exploitation du travail, que le prolétariat pourra se hisser au niveau requis pour non seulement résister aux attaques mais aussi s’engager, dans le futur, dans la voie pour renverser le capitalisme avant qu’il ne détruise toute la planète et l’humanité.
Un participant a mis en avant l’idée qu’avec les licenciements, le chômage va être un facteur positif pour le développement des luttes ouvrières. C’est une question qui, faute de temps, n’a pas pu être débattue et sur laquelle il nous faudra revenir.
Un autre intervenant a souligné qu’il faut résister à un certain découragement : “nous, nous savons où on veut aller tout comme Lénine le savait, en 1917, face à l’immense tâche de la révolution russe”.
Cette réunion s’est terminée par un tour de table pour que chacun s’exprime sur le contenu de ce débat : A-t-on répondu aux différents questionnements ? Quelles sont les questions qui restent en suspens et à débattre ? L’ensemble des présents ont salué ce débat, sa richesse, manifestant leur satisfaction sur le contenu et le déroulement de cette réunion. Unanimement, ils ont salué l’importance de ce genre de rencontre, même virtuelle, car elle permet de rompre l’isolement. Celle-ci leur a permis de trouver des réponses à leurs questions sur la période actuelle. Deux intervenants ont souhaité pouvoir discuter du contenu de la Revue Internationale n°164 du CCI et des textes de notre dernier Congrès international, notamment la résolution sur la situation internationale qui développe des éléments nouveaux pour eux. Ce tour de table a montré une volonté de poursuivre la discussion dans d’autres réunions de ce type. La permanence s’est terminée par une conclusion faite par le CCI et un appel aux présents pour poursuivre le débat également à travers des courriers de lecteurs que nous publierons dans notre presse.
Il faut saluer ce genre de rencontre, la richesse du débat et la capacité des participants à se répondre aussi mutuellement. Nous tenons aussi à saluer la présence d’un camarade de Fil rouge (du courant bordiguiste). Ce qui montre que malgré leurs divergences, les révolutionnaires doivent pouvoir discuter fraternellement de la gravité de la situation actuelle.
Pour notre part, nous pensons qu’il a persisté, dans ce débat, une difficulté à discuter plus en profondeur de la crise économique aujourd’hui, qui est de notre point de vue la crise la plus grave de la décadence du capitalisme, surpassant même celle de 1929. Il a subsisté également une difficulté des participants à débattre de l’analyse du CCI de la phase de décomposition du capitalisme, et de son accélération illustrée par la pandémie. C’est une question qui reste à discuter et qui est essentielle pour comprendre les enjeux du rapport de force entre la bourgeoisie et la classe ouvrière. Il y va, face à cette situation historique, de l’avenir de l’humanité qui est entre les mains du prolétariat.
RI, 5 novembre 2020