"de lutte” ou “de base” le syndicalisme est toujours contre la lutte

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C'est au moment de la lutte des sidérurgistes de Denain et Longwy que le syndicat des métaux de Dunkerque va dissoudre la section CFDT d'Usinor et exclure une dizaine de militants. Cette mesure avait pour but d'éliminer quelques militants un peu trop indépendants et critiques à l'égard des options de la direction syndicale. A l'époque, la CFDT comme la CGT avait eu peur d'une extension de la lutte à Usinor-Dunkerque et avait préféré liquider des militants peu sûrs et peu contrôlables, certes liés à la tradition gauchiste mais n'appartenant pas au courant trotskyste. Une fois la lutte retombée, ces militants, loin de tirer la leçon de leur travail syndical ont cru bon mettre I profit les divergences et les rivalités d'appareil entre la CFDT et la CGT d'Usinor en adhérant à ce dernier syndicat afin d’y former ce qu'il faut nommer une fraction politique. 11 faut ajouter que la CGT connaissait des difficultés internes et il est tout à fait probable qu'une frange de l'appareil CGT était prête â ce moment-là à utiliser nos braves syndicalistes "de base" pour mener leurs propres magouilles bureaucratiques...

Aujourd'hui, jouant 1'écoeurement et l'impossibilité de faire un "vrai" travail syndical dans la CGT, les mêmes militants plus quelques autres qui étaient restés en dehors de la CGT, influencés par les thèses anarcho-syndicalistes, ont décidé de créer le "syndicat de lutte des travailleurs"

Le nouveau syndicat précise qu'il est : "pour la démocratie directe, c'est-à-dire pour que tous les travailleurs en grève élisent eux-mêmes parmi eux des délégués de lutte qui se coordonnent en comités de grève réunis en Assemblée générale. L'assemblée générale des travailleurs grévistes ayant tous les pouvoirs de décision sur la conduite de la grève et aussi de changer les délégués de lutte qui ne feraient pas ce qui a été décidé."

Dans ces conditions, la première question qu'on peut se poser est POURQUOI un syndicat ?

Nous ne présumerons pas de la sincérité de ces militants, de leur volonté de "lutter", mais une telle initiative va a l'encontre de la véritable dynamique des luttes ouvrières.

Bien au contraire, ce syndicat d'usine qui se réclame de la "démocratie directe" ne peut que rendre plus difficile l’émergence d'organes unitaires de lutte, de comités de grève élus et révocables, d'assemblées générales, etc...

Se proclamant de fait les “véritables représentants des intérêts immédiats des travailleurs", ces syndicalistes de “base" rééditent les vieux mensonges et les vieilles illusions entretenues justement par les syndicats qu'ils viennent de quitter. Les premières revendications mises en avant montrent à l'évidence que le SLT est bien dans la continuité du syndicalisme : localisme, usinisme, économisme. Ainsi, la revendication de l'arrêt de la sous-traitance des travaux faits à Usinor est typique des revendications syndicales : elle tend à opposer les intérêts des ouvriers d'Usinor à ceux des entreprises sous-traitantes. La lutte contre les licenciements ne peut passer par la défense du corporatisme d'entreprise.

On ne crée par artificiellement des structures de défense des intérêts prolétariens, indépendamment de la lutte, du degré de conscience et d'organisation autonome de la classe ouvrière.

Par ailleurs, toutes les luttes récentes démontrent que le contenu et la forme syndicaliste ne correspondent plus aux besoins de la lutte de la classe ouvrière. Depuis dix ans, tous les syndicats "autonomes" ou "de base" ont été rapidement récupérés par les appareils officiels ou ont dégénéré en de petites sectes gauchisantes localiste vivotant dans une ou deux usines. Un organe unitaire de classe implique l'existence d'un haut niveau de lutte et la rupture avec les syndicats, cela ne peut pas être un cercle de militants gauchisants agissant à leur petite échelle comme n'importe quel autre syndicaliste du PC ou du PS.

Si elle subsiste, cette structure ne peut que devenir un panier de crabe déboussolant encore un peu plus ceux qui veulent se battre contre les syndicats "officiels" et renouer avec les positions révolutionnaires. C'est pourquoi nous ne pouvons que dénoncer une telle démarche néfaste aussi bien sur le plan de la lutte immédiate que sur le plan du travail politique révolutionnaire. Sur leur lieu de travail, les communistes ne peuvent perpétuer l'idée et la pratique qui consistent à se présenter comme le représentant, le défenseur, l'organisateur des ouvriers du rang, qui seraient par nature incapables de prendre leurs destinées en main. Les communistes révolutionnaires doivent combattre tous les aspirants bureaucrates qui flattent la passivité ouvrière parce qu'ils en vivent politiquement ! La rupture avec le syndicalisme c'est la rupture avec l'idéologie contre-révolutionnaire qui présente la classe ouvrière comme une classe impuissante, incapable de s'organiser spontanément dans sa lutte ! Mais si le prolétariat n'était pas capable de cela, pourquoi la bourgeoisie aurait-elle besoin de tous ses gardes - chiourmes syndicaux et de tous ses valets staliniens, socialistes et gauchistes ?

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