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Nous publions ci-dessous des extraits d’une lettre d’une lectrice qui relate une expérience de contact avec l'organisation Lutte Ouvrière et qui s'attache à analyser le rôle de LO par rapport à la politique actuelle du PCF.
Outre la dénonciation de pratiques d'organisation vides de toute discussion, visant à faire des "militants" des pions disciplinés et passifs, la lettre illustre surtout comment, par cette "pratique", une telle organisation fait en sorte que des individus qui "ont compris que la solution aux problèmes qu'ils se posent ne se trouve pas au PC, mais sans savoir pourquoi", "ne le sachent jamais".
- "LO essaye de faire entrer dans son organisation des individus qui comprennent qu'ils ne doivent pas rester démobilisés face à la catastrophe vers laquelle le capitalisme entraîne l'humanité. Beaucoup parmi ces individus ont compris également que la solution aux problèmes qu'ils se posent ne se trouve pas au PC. Mais sans savoir pourquoi. LO se charge de faire en sorte qu'ils ne le sachent jamais et qu'ils ne comprennent rien A la lutte de classe, qu'ils ne cherchent jamais à se situer par rapport à elle, car LO se présente d'emblée comme parti ouvrier et en met plein la vue avec son activisme au niveau des "boites".
La politique d'une organisation comme LO ne vise qu'à enrayer la clarification des intérêts de la classe ouvrière, à empêcher que la "méfiance" et le plus souvent le désintérêt général que rencontrent les soi-disant partis et syndicats "ouvriers", de la part de ceux qu'ils prétendent "défendre", "organiser", "diriger" -les ouvriers- ne puissent déboucher sur la compréhension que ces partis et syndicats font partie intégrante, sont un pilier fondamental, de l'ordre capitaliste.
Leur méthode organisationnelle et leurs attitudes dans leurs rapports avec leurs "sympathisants" que décrit la première partie de la lettre, sont la traduction pratique de leur rôle social et politique.
- "LO fait des pieds et des mains pour s'infiltrer dans la classe ouvrière, pour se mettre en odeur de sainteté auprès des ouvriers, mais LO est un représentant des intérêts bourgeois.
Avec un discours tortueux, des critiques du PC, une phraséologie révolutionnaire, LO attire à elle des individus qu'elle s'empresse de ronger, de transformer en marionnettes obéissantes dépourvues d'esprit critique, et cela grâce à des méthodes qui font penser à certains lavages de cerveaux.
Ses militants mènent une vie de secte, de troupeau, où chacun surveille les autres, se crève à des petites tâches qui prennent du temps et de l'énergie mais ne servent pas à grand-chose sinon à obtenir de l'avancement dans l'organisation. Le tout arrosé de la grande joie de se savoir militant, d’avoir donc bonne conscience en toutes circonstances."
Les tâches que se donne une organisation politique déterminent sa structure interne, et les structures bureaucratiques et manœuvrières des organisations gauchistes ne font que révéler les tâches contre-révolutionnaires de ces organisations.
- "...c’est pleine de bonne volonté que j'ai commencé ce que je croyais être une formation politique. Au début, cela s'est bien passé. Sachant peu de choses, les discussions m’apportaient une vision inconnue pour moi de certains problèmes, comme par exemple le mythe Allende ou Guevara qui étaient pour moi des "héros de la révolution", et j’apprenais ce qui me semblait être beaucoup.
Petit à petit, mon enthousiasme s'est calmé, a disparu ; la méfiance et le doute se sont installés. Je n'apprenais plus rien. Je voyais toujours l'unique militante qui était chargée de me suivre. Elle m'apportait avec régularité des romans qui ne m'apprenaient rien. L'aspect ridicule de l’organisation (ambiance perpétuelle de conspiration, pseudonymes dans lesquels tout le monde s’embrouille, etc...) ne m'amusait même plus. Je commençais même à devenir assez nerveuse dans la mesure où je me sentais perpétuellement surveillée, "fliquée" dans ma vie privée."
Comme le montre la lettre sur la question des immigrés, dans l’appui critique de LO au PC, si la "critique" n'est que de la phraséologie et du vent, l’"appui" est par contre bien réel en pratique :
- "Tout le monde est en train de faire grand tapage ces temps-ci autour de la politique du PCF. On peut se demander ce que cherche le PC en agissant de façon aussi voyante et cynique à l'encontre de la classe ouvrière, par l'intermédiaire de ses maires, syndicalistes, et autres valets.
On peut se demander aussi pourquoi un groupe comme LO cherche à minimiser les scandales du PC, à défendre la politique des staliniens, quitte à trouver des arguments aussi aberrants que celui qui a été utilisé dans "Lutte de Classe" de février 81 : le PC aurait honte de ne pas être raciste, et fait semblant de l'être !
Cette organisation demande à ses militants d'expliquer à la classe ouvrière que le PC a tout à fait raison de parler de seuil de tolérance raciale, que le PC a raison de refuser 300 travailleurs de plus dans une de ses communes, car ces travailleurs ne sont pas français mais qu'il n'aurait pas dû le faire ! LO veut aussi que la classe ouvrière comprenne bien que le PC a raison de vouer à la vindicte "populaire" un immigré qu'une délation forcée a désigné comme vendeur de haschisch, mais pour LO, il n'aurait pas dû mettre toute la famille dans le même sac et il aurait dû dénoncer d'abord les racistes... !
LO approuve pleinement la politique de division du PC. LO va même plus loin : LO se charge de défendre le PC là où il semblait indéfendable. LO accuse tous ceux qui dénoncent le PC dans ses actes d'être au service de la bourgeoisie contre la classe ouvrière. Les victimes des agissements du PC appartenant toutes à la classe ouvrière n'ont donc pas à se plaindre, elles nuisent déjà suffisamment au PC comme cela! (le PC étant victime d'après LO de sa politique "pro-immigrés" !).
Tous ceux qui soutiennent le PC acceptent d'entretenir et d'aggraver la division de la classe ouvrière et d'utiliser les moyens qui servent à 1'écraser et 1'empêcher de lutter : démocratie bourgeoise et syndicalisme. Tous ceux qui veulent faire croire à la classe ouvrière qu'il est possible d'utiliser les élections et les syndicats pour défendre ses intérêts, pour s'exprimer ou prendre le pouvoir, tous ceux-là ont bien choisi leur place dans la lutte de classe. Et leur place n'est pas du tout aux côtés de la classe ouvrière. Ils se disent ouvriers, révolutionnaires, ils agissent bien en son sein, mais ils agissent contre elle.
Cette attitude n'est pas nouvelle ; elle fonde au niveau théorique sa légitimité "révolutionnaire" par la référence à Trotsky -notamment ses positions dans les années 30 prônant des tactiques d'appui aux partis "ouvriers" jusqu'à faire entrer les militants dans la Social-Démocratie. Nous ne développerons pas ces questions ici ; disons simplement que ces tactiques lamentables de l’opposition de Trotsky amenèrent ce courant au naufrage et au passage définitif dans le camp de la contre-révolution, avec, entre autres, l'appui au gouvernement républicain en Espagne en 1936 puis l'appui et la participation à la deuxième guerre mondiale dans un des camps impérialistes.
Mais si au début des années 30, dans la confusion régnante, ces positions pouvaient être considérées comme un “naufrage" d’un courant encore ouvrier, aujourd’hui, le bavardage qui tient lieu de théorie à des organisations comme LO ne sert qu'à couvrir leur tâche véritable de dévoiement de la combativité ouvrière. Pour mener à bien cette tâche, LO comme ses organisations sœurs, happe les individus dans l'activité sur "la boite". Ce "militantisme" n'a pour fonction que de donner l’illusion de “faire quelque chose" et d'épuiser les énergies qui peuvent surgir.
Depuis la reprise prolétarienne internationale de la fin des années 60, l'activité de ce type d'organisations parmi les ouvriers a eu pour conséquence de dégoûter de toute politique des centaines d'individus, d'embrouiller et d'entraver la compréhension et l'activité dans la lutte de la classe ouvrière.
Le prolétariat, pour mener à bien sa lutte pour la révolution communiste, devra se débarrasser des scories de la contre-révolution dont le trotskysme fait partie.