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(D'après Révolution Internationale N° 187; février 1990)
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Jusque dans sa mort, le stalinisme continue à servir le capitalisme comme il n'a jamais cessé de le servir tout au long des soixante et quelques années de son existence.
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Une nuée de charognards se précipite aujourd'hui autour de son cadavre puant et parmi ceux-ci, les pires fripouilles, les plus pourris d'entre les pourris, les Revel, Kahn, July, Daniel et consorts, idéologues professionnels les plus représentatifs de l'hexagone, serviles passe-plats comme de coutume de toutes les fractions de la bourgeoisie "libérale" et "démocratique" ne lésinent pas sur les moyens pour proclamer "la fin, la mort du communisme".
L'univers du grand mensonge, c'est le capitalisme
Ces canailles savent bien que c'est eux qui perpétuent depuis plus de 50 ans et propagent à l'heure actuelle le plus grand et le plus répugnant mensonge, non seulement du siècle mais aussi de toute l'histoire de l'humanité, l'identification monstrueuse du communisme à sa plus totale négation, le stalinisme. Cela n'est pas nouveau. Cette gigantesque mystification idéologique s'est imposée à travers la plus effroyable contre-révolution de son histoire qu'ait traversé et subi la classe ouvrière à la suite de l'écrasement et de la défaite de la révolution prolétarienne au niveau mondial. Cette formidable duperie a été édifiée par toute la bourgeoisie directement contre le prolétariat pour l'entraîner, l'enchaîner et l'asservir au triomphe de la contre-révolution, elle est le pur produit d'une falsification éhontée et délibérée de la réalité historique.
Sous le titre-choc de "l'Evénement du Jeudi" du 28.12.89, "Dracula était communiste", c'est l'image éculée du "bolchevik au couteau entre les dents" que la bourgeoisie fait ressurgir. D'autres ont recours à des procédés plus retors qui rappellent étrangement les perfides assertions de l'époque cherchant à faire passer Lénine pour un agent provocateur à la solde de l'impérialisme allemand. Telle est, par exemple, la diatribe fielleuse d'un J.F. Revel dans "Le Point" du 25.12 sur "la mort historique de Lénine" qui se résume à une longue suite d'affirmations crapuleuses pour discréditer tous les soi-disant "projets machiavéliques de Lénine" : "La décomposition avérée ou imminente du communisme à la fois en tant que mode de gouvernement (sic !) et que conception du monde ne nous permet guère d'hésiter sur l'homme que nous devons sacrer grand mort historique de l'année, lauréat hors concours de la plus colossale faillite planétaire des temps modernes, peut-être de tous les temps (...). En vain, tous les disciples et imitateurs dirigent-ils sur eux-mêmes abusivement la lumière noire de l'échec absolu. C'est à Lénine seul que revient la paternité "objective" de la formule infaillible qui devait y conduire. Ses successeurs n'ont fait que l'appliquer (...). En vain, l'orgueil des copistes rattache-t-il à de prétendues déviations de leur cru un long chapelet de catastrophes dont l'encrage initial remonte à la féconde matrice léniniste d'origine. Un caractère frappant du soviétisme est d'avoir réalisé point par point pendant 70 ans le contraire exact de ce qu'il annonçait et prétendait faire. Or c'est là l'essence du léninisme". A "l'appui" de ce torrent de vomissures, quelques citations tronquées que le bonimenteur maison se garde d'étayer par des références et de donner les sources. Nos immondes pisse-copies patentés du capital ne sauraient reculer devant aucune bassesse, aucune calomnie !
La véritable préoccupation de la bourgeoisie qui oriente et détermine tout le battage mensonger qu'elle organise transparaît sous la plume d'un de ses idéologues les plus crapuleux, J.F. Kahn, dans "l'Evénement du Jeudi" du 28.12.89 qui prétend répondre par avance aux objections soulevées par cette campagne : "Attention, rétorqueront cependant quelques nostalgiques de la pureté perdue, il ne faut pas confondre le communisme et le stalinisme qui en est la perversion ! Trois mois de chambardements à l'Est ont eu raison de cette illusion : il n'y a pas d'un côté un communisme authentique et de l'autre sa dérive stalinienne. Il y a simplement un stalinisme plus ou moins criminel, plus ou moins dément, disons pour tempérer le propos, plus ou moins civilisé. Le stalinisme n'est pas une excroissance monstrueuse du léninisme. Il en constitue l'autoprotection mécanique... D'où cette évidence : on peut sortir du stalinisme dur par le stalinisme mou mais on ne peut pas sortir du stalinisme par le communisme. L'issue de secours, c'est au mieux la social-démocratie qui l'offre, l'intégrisme nationaliste au pire. Au milieu, s'ouvre l'improbable voie néo-libérale. (...) Où étaient en ces jours de chaos à Bucarest les fils spirituels des assaillants du Palais d'Hiver ? (...) Ils n'ont pu demeurer révolutionnaires qu'en devenant anticommunistes." Plus hypocrite, tu meurs ! Contrairement à ce que serinent nos trotskystes avec qui un Kahn est en mesure de polémiquer pour mieux noyer le poisson... et les ouvriers dans cette vase visqueuse, le stalinisme n'a jamais été une perversion, une excroissance ou une caricature du communisme. Il n'a rien de commun avec lui, aucun lien de parenté. Il n'existe aucune continuité entre l'Octobre prolétarien et le stalinisme, mais il y a une rupture radicale, complète, un fossé de classe gorgé de sang entre les deux.
Le stalinisme c'est la contre-révolution bourgeoise
L'instauration de ce régime de terreur sanguinaire et de barbarie n'a été rien d'autre que la contre-révolution triomphante qui s'est installée comme une véritable chape de plomb sur les ruines de la révolution en Russie avec la défaite au niveau mondial de la première vague révolutionnaire de 1917-23, défaite provoquée grâce à l'union sacrée de toutes les fractions de la bourgeoisie à l'échelle internationale.
C'est l'isolement dramatique du prolétariat en Russie permis par l'écrasement sanglant et décisif de la révolution en Allemagne dont la social-démocratie, à peine intronisée dans les rangs de la bourgeoisie a été le fer de lance, qui a porté le coup mortel au pouvoir des soviets en Russie. La révolution en Russie n'a jamais prétendu être autre chose que le premier pas en direction de la révolution prolétarienne mondiale.
Lénine et les bolcheviks n'ont jamais eu d'autre objectif que celle-ci en toute fidélité au marxisme : "Ou bien la révolution éclatera dans les pays capitalistes immédiatement ou à brève échéance, ou bien nous sommes perdus" disait Lénine au lendemain de la victoire d'Octobre 17 (cité par G. Walter, "Lénine" p. 507). De tous temps, depuis sa naissance, l'internationalisme prolétarien a été le premier principe, fondamental et intangible des combats de la classe ouvrière et du programme des révolutionnaires. "Prolétaires de tous les pays, unissez-vous" comme "Les prolétaires n'ont pas de patrie" qui s'inscrivent en lettres de feu dans "Le Manifeste communiste" de Marx et Engels ont toujours été le cri de ralliement des ouvriers et de leurs organisations révolutionnaires.
C'est ce principe que Lénine et les bolcheviks ont constamment défendu.
C'est ce principe qui a toujours constitué la pierre de touche de l'activité et des luttes du prolétariat parce que toute remise en cause de l'internationalisme prolétarien a toujours été synonyme de rupture avec le camp prolétarien et d'adhésion au camp du capitalisme. Par exemple, dès 1914, l'adhésion des partis de la social-démocratie et de la II° Internationale à la guerre impérialiste derrière leurs bourgeoisies nationales respectives signifiait pour le prolétariat et pour tous les révolutionnaires le passage irréversible avec armes et bagages de la social-démocratie dans le camp de l'ennemi de classe et signait la mort de la II° Internationale. Cette trahison et ce passage définitif dans le camp bourgeois ont été dénoncés et combattus comme tels à longueur de temps par Lénine et les révolutionnaires de l'époque. C'est en étant armé de ce principe essentiel que le prolétariat, en prenant le pouvoir en Russie, a pu contraindre la bourgeoisie à mettre fin au premier carnage impérialiste mondial, appelant les autres prolétaires dans tous les pays belligérants à cesser un combat fratricide qui n'était pas le leur et à transformer cette guerre impérialiste en guerre de classe.
Voilà une réalité bien insupportable pour un Revel qui appelle, bien sûr, cela une "contradiction flagrante" : "Lénine prêche le désarmement pour armer à tour de bras" ("Le Point", article déjà cité).
L'avenir de la révolution a toujours été clairement lié pour les révolutionnaires, au surgissement de la révolution ailleurs, et notamment dans les pays les plus développés du capitalisme, dans les plus forts et les plus expérimentés bataillons du prolétariat mondial. C'est pour cela qu'en juillet 1918, Lénine proclamait hautement devant les ouvriers russes lors de la conférence des comités d'usines : "Le prolétariat russe a conscience de son isolement révolutionnaire et il voit clairement que sa victoire a pour condition indispensable et prémisse fondamentale, l'intervention des ouvriers du monde entier". C'est pour cela qu'est née la IIIème Internationale en janvier 1919, comme organe indispensable qui devait guider et orienter cette révolution mondiale. C'est pour cela que l'écrasement du prolétariat allemand à Berlin a été ressenti comme une véritable tragédie dès le 1er Congrès de l'IC. Les nouveaux échecs révolutionnaires essuyés ensuite en Hongrie, en Bavière, dans d'autres parties de l'Allemagne..., comme l'incapacité du prolétariat à se soulever dans les pays européens où les bourgeoisies nationales sortaient de la guerre en "vainqueurs" isolaient inexorablement le prolétariat en Russie. Dans une lettre à Clara Zetkin en 1923, Lénine écrivait : "La première vague de la révolution s'est retirée, la deuxième ne s'est pas encore levée. Il serait dangereux de nous faire des illusions là-dessus". Elle n'est pas venue, il ne restait plus à la révolution russe qu'à être asphyxiée et à s'effondrer de l'intérieur. C'est là qu'intervient précisément le stalinisme, en totale rupture avec la révolution lorsqu'après la mort de Lénine, Staline s'empare des rênes du pouvoir et, dès 1925, met en avant sa thèse de "la construction du socialisme en un seul pays" grâce à laquelle va s'installer dans toute son horreur la contre-révolution.
Dès lors, l'URSS n'a plus de "soviétique" que le nom. Non seulement le mot d'ordre de toute la période révolutionnaire : "Tout le pouvoir aux soviets" est abandonné et banni, mais la dictature du prolétariat, à travers le pouvoir des conseils ouvriers qui avait été le moteur et l'âme de la révolution et qui révulse et chagrine si fort nos chers "démocrates" d'aujourd'hui déplorant qu'on "prétende respecter la volonté des masses" quand on "dissout par un coup de force l'Assemblée constituante en janvier 1918" (Revel dixit), quand on touche au parlementarisme bourgeois, est totalement détruite, devient une coquille vide de sens, laissant la place à une implacable dictature du parti-État sur le prolétariat.
L'abandon dès le début du règne de Staline de l'internationalisme signe définitivement l'arrêt de mort de la révolution. La politique de l'Internationale dégénérescente devient partout une politique contre-révolutionnaire de désarmement et d'asservissement du prolétariat, de défense des intérêts capitalistes sous couvert de défense de "la patrie socialiste."
Quand l'intarissable baratineur sans scrupules Revel, entend amalgamer le programme du prolétariat défendu par Lénine dans "l'Etat et la Révolution" à la politique anti-ouvrière du fossoyeur de la révolution, Staline, il ironise sur les mesures préconisées par ce programme : "suppression de l'armée, abolition de la police, extinction de la bureaucratie" : "de la part du fondateur de l'Etat le plus militarisé, le plus policier et le plus bureaucratisé de l'Histoire, ce programme, annoncé un mois à peine avant la prise bolchevik du pouvoir total, donne la clé d'un trait fondamental du communisme : la dissociation quasi schizophrénique entre les actes et les discours". Alors que c'est précisément l'énormité de cette dissociation, cette antinomie absolue qui donne la mesure du fossé infranchissable entre Lénine, les révolutionnaires, le contenu révolutionnaire prolétarien d'octobre 17 et toute l'entreprise stalinienne, que veut nous faire avaler ce charlatan ? Que la drogue démocratique dont il fait un usage si immodéré produise des effets schizophréniques à ce point puissants qu'il deviendrait lui-même un chaud partisan, un vrai défenseur de la "suppression de l'armée, de l'abolition de la police, de l'extinction de la bureaucratie" ? Allons donc ! Lui et ses confrères "démocrates" et "libéraux" de ce siècle ont toujours été les plus fidèles alliés du stalinisme contre le prolétariat.
En 1927, la politique d'alliance de Staline en Chine avec des fractions nationalistes de la bourgeoisie entraîne le prolétariat chinois à sa perte et à l'écrasement brutal et massif des ouvriers insurgés à Shanghai et à Canton par les troupes de Tchang Kaï-Chek, proclamé membre d'honneur de l'internationale stalinisée.
En Russie même, Staline et l'essaim grandissant de bureaucrates arrivistes dont il s'entoure engagent une lutte à mort contre toute la vieille garde bolchevik. Face à tous ceux qui s'élèvent contre cette politique nationaliste, la contre-révolution stalinienne déchaîne sa hargne sanguinaire : tous les bolcheviks qui tentent de défendre les principes d'Octobre reniés et bafoués par Staline sont exclus du Parti puis déportés par milliers, pourchassés, traqués par la Guépéou, enfin froidement exécutés lors des grands procès de Moscou ou lâchement assassinés avec la bénédiction et la complicité active des Etats "démocratiques".
C'est sur les décombres de la révolution de 1917 que le stalinisme a pu asseoir sa domination. C'est grâce à cette négation la plus radicale du communisme constituée par la doctrine monstrueuse du "socialisme en un seul pays" totalement étrangère au prolétariat et à Lénine que l'URSS est redevenue non seulement un Etat capitaliste à part entière mais aussi un Etat où le prolétariat a été soumis plus brutalement et plus férocement qu'ailleurs aux intérêts du capital national rebaptisés "intérêts de la patrie socialiste".
Ainsi, autant le pouvoir des conseils ouvriers avait été capable de donner le coup d'arrêt à la guerre impérialiste mondiale, autant la contre-révolution stalinienne en anéantissant toute pensée révolutionnaire, en opposant son talon de fer à toute réaction ouvrière à travers la terreur et la militarisation de toute la vie sociale, annonçait la participation de l'URSS au nouveau carnage impérialiste que toute la bourgeoisie préparait.
Aujourd'hui, tous ceux qui profitent de l'effondrement des régimes staliniens pour cracher si violemment sur Octobre 17 et la révolution prolétarienne révèlent le sort qu'ils entendent eux-aussi réserver au prolétariat. Ce n'est pas pour rien qu'en défigurant l'histoire, ils en viennent à faire l'apologie de la social-démocratie. Ils savent bien qu'ils poussent ainsi le prolétariat vers ceux qui ont su être "les chiens sanglants", les bras meurtriers du capitalisme qui en écrasant dans un bain de sang la révolution en Allemagne, ont assassiné de manière décisive la révolution prolétarienne mondiale et ont permis à la contre-révolution et à ses monstres comme le fascisme et le stalinisme, de surgir et de s'imposer sur la scène de l'Histoire.