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Au-delà de sa phraséologie anti-guerre, face à l’épreuve du conflit mondial qui vient, le Parti socialiste étale son opportunisme qui débouchera sur la trahison de l’internationalisme prolétarien en août 1914.
La propagande nationaliste et chauvine de l’époque avait largement pénétré les rangs des ouvriers, nourrie parfois par l’utilisation de travailleurs étrangers pour briser les luttes. Entre 1887 et 1889, une partie du mouvement ouvrier était influencée par les idées populistes et chauvines du général Boulanger.(1) L’affaire Dreyfus en 1898 alimenta à nouveau une poussée nationaliste et divisa le mouvement ouvrier. Les menaces de guerre allaient encore aggraver la situation.
Il faut s’interroger sur le cas de Guesde, qui incarnait “le socialisme fait homme” pour beaucoup de militants de l’époque : comment s’est-il converti, a-t-il abandonné ses convictions d’hostilité envers tout compromis avec les forces bourgeoises pour se reconvertir en fervent patriotard puis en ministrable entre 1914 et 1916 ? Ce n’est pas un cas isolé, puisque d’autres socialistes de la IIème Internationale, beaucoup plus solidement et théoriquement armés comme Plekhanov ou Kautsky, ont également succombé à la trahison. Si la politique sectaire et autoritaire qu’il a constamment mené vis-à-vis des syndicats, sa vision de plus en plus opportuniste de la lutte politique et parlementaire, sa conception figée et schématique de la révolution s’accompagnaient d’un patriotisme dont il ne s’est jamais départi, c’est que pour lui “la guerre est mère de révolution” (selon la formule de l’ex-blanquiste Édouard Vaillant dès 1902, lui aussi devenu un fervent patriote après l’assassinat de Jaurès). Son “modèle” pour affirmer que la guerre accoucherait d’une révolution sociale était le jacobinisme de la révolution bourgeoise française et non le marxisme dont il n’a jamais compris la question centrale de l’internationalisme prolétarien. Il a toujours hautement revendiqué ce patriotisme et on peut citer des extraits de son Appel aux travailleurs français dès 1883 : “l’internationalisme n’est ni l’abaissement, ni le sacrifice de la patrie”. Il dira bientôt : “Si la France est attaquée, il ne faut pas la désarmer, ni la livrer” et s’exclamera même ultérieurement : “On ne peut plus dire aux ouvriers et paysans qu’ils n’ont plus de patrie” ou encore “La France n’aura pas de plus ardents défenseurs que les socialistes du mouvement ouvrier”. Face à cela, Jaurès est le seul à proclamer encore son fameux “Guerre à la guerre !” et la CGT est aussi la seule organisation ouvrière à réclamer des actions coordonnées internationalement contre la guerre.
Le mouvement ouvrier face à la menace de guerre
Au moment du congrès de Stuttgart de la IIème Internationale en 1907, 60 000 personnes manifestèrent contre le danger de guerre et à la suite de la motion présentée par l’écossais Keir Hardie et Édouard Vaillant, Bebel y proposa une résolution contre la guerre mais sans évoquer le fait que le militarisme et la guerre faisaient partie intégrante du système capitaliste. Ce qui amena Rosa Luxemburg et Lénine à déposer un amendement qui portait la marque d’un internationalisme intransigeant : “Au cas où la guerre éclaterait, les représentants de la classe ouvrière ont le devoir de s’entremettre pour la faire cesser immédiatement et d’utiliser de toutes leurs forces la crise économique et politique créée par la guerre pour agiter les couches populaires les plus profondes et précipiter la chute de la domination capitaliste”. La résolution et l’amendement furent finalement approuvés par le congrès mais cela restera une déclaration purement verbale. La dérive fut rapide : Jaurès et Vaillant préconisèrent encore l’insurrection et la grève ouvrière mais uniquement “en cas de guerre offensive”. Si le Congrès de l’Internationale à Copenhague en 1910, mis en avant certains moyens pour l’empêcher comme la grève générale, l’agitation et l’action politique et si la délégation franco-britannique proposa encore une grève générale dans l’industrie d’armements et le secteur des transports, la délégation allemande s‘y opposa dans un état d’esprit légaliste très significatif de sa gangrène opportuniste : pour que les partis socialistes ne “soient pas mis hors-la-loi”. Elle fut de plus en plus vue comme une fatalité inévitable. Les tensions guerrières entre la France et l’Allemagne au Maroc (Tanger en 1905, Agadir en 1911) ne suscitèrent que peu de réactions au sein du Parti socialiste comme au sein du parti allemand et de l’Internationale. Au congrès de Bâle en 1912, en pleine guerre des Balkans, s’incrusta l’idée que la guerre n’était pas si catastrophique car de la guerre pouvait surgir la révolution. Sa résolution stipulait ainsi “que les gouvernements n’oublient pas que la guerre franco-allemande donna naissance à l’insurrection révolutionnaire de la Commune de Paris”, ce qui allait amener la plupart des socialistes à la soutenir directement par la suite. En Allemagne, le Parti socialiste se refusa à toute action pour ne pas compromettre son avenir électoral. Seul Karl Liebknecht défendit fermement la nécessité d’une lutte active contre la menace guerrière mais il fut accusé “de haute trahison” pour avoir publié sa brochure Militarisme et anti-militarisme et fut condamné en octobre 1907 à 18 mois de prison.
Au sein du Parti socialiste, entre 1911 et 1913, après le congrès du Havre, Édouard Dolléans dans son Histoire du mouvement ouvrier constate qu’ “il n’y a plus chez les militants ni chez les chefs du parti, cette flamme d’action, cet enthousiasme, cet esprit de sacrifice de l’époque passée. La guerre exerce déjà préventivement ses effets corrupteurs”. La guerre démoralisa les énergies comme si elle était déjà là, dissolvant les volontés, rompant les élans. En quelque sorte, le suicide de Paul et Laura Lafargue en 1911 marqua symboliquement la fin d’une période pour le Parti socialiste.
Au sein du mouvement syndicaliste, cependant, tous les syndicats révolutionnaires étaient d’accord sur un “antimilitarisme corporatif” : l’armée était perçue par eux comme le suprême rempart de la bourgeoisie, le “chien de garde” du capitalisme, et d’ailleurs le gouvernement l’utilisait constamment dans la répression des grèves ouvrières ; il s’agissait donc d’empêcher que le bourrage de crâne et l’atmosphère de la caserne ne détournent les jeunes du syndicalisme ; la CGT pris une part active à la propagande dans l’armée pour inciter les jeunes soldats du contingent à ne pas faire usage de leurs armes contre les ouvriers grévistes.
En 1896, dans son message aux organisations allemandes, la Fédération des Bourses du Travail mettait en avant “la lutte contre le patriotisme”. Il serait néanmoins excessif de prendre les déclarations des congrès syndicaux sur l’armée comme le reflet de l’opinion dans la CGT. Par exemple, la résolution présentée par Yvetot au congrès d’Amiens, qui parlait d’intensifier la propagande antimilitariste et antipatriotique ne recueillit qu’une très faible majorité, et d’autres interventions (Luquet, Merrheim) furent nettement plus en retrait. Mais cette action n’est pas à minimiser et, inlassablement, la bourgeoisie dénonçait cette orientation anti-nationale et feignait de se désoler de voir la CGT s’éloigner de l’intérêt national à cause de la prétendue furie d’une poignée d’excités.
Parallèlement à leur action dans l’armée, les syndicalistes se préoccupèrent d’assurer des liaisons prolétariennes internationales pour les grèves et contre la guerre. En 1901, lors d’un premier projet de loi sur les retraites, la CGT se déclara “hostile à tout projet qui ne serait pas applicable aux étrangers résidant en France”. En 1902, au moment des tensions avec l’Angleterre, des cégétistes allèrent à Londres demander la solidarité des travailleurs du Royaume-Uni par-dessus les frontières. Après celle des typographes en 1889, d’autres fédérations internationales furent d’ailleurs crées dans la métallurgie (1904), le textile (1906), le bâtiment (1910). En pleine menace de guerre franco-allemande après Tanger, ce furent des mineurs allemands qui répondirent et vinrent à l’appel des syndicats français pour tenter de sauver les emmurés de Courrières. Les caisses de grèves internationales, comme celle des typographes en 1906, permirent de prolonger des mouvements. En 1903, la CGT organisa dans les ports, une solidarité avec les dockers hollandais en grève. En avril 1906, un meeting CGT se tint à Paris pour organiser la participation des travailleurs étrangers à la lutte pour les 8 heures, “considérant que les frontières n’existent que par la volonté de ceux qui ont intérêt à diviser les travailleurs pour les exploiter plus facilement”. A son congrès de Marseille en 1908 et alors que ses principaux dirigeants sont en prison, la CGT préconisait la grève générale contre la guerre : “Le congrès déclare qu’il faut, du point de vue international, faire l’instruction des travailleurs, afin qu’en cas de guerre entre puissances, les travailleurs répondent à la déclaration de guerre par une déclaration de grève générale révolutionnaire”. Cependant, le tableau était loin d’être idyllique : certaines fédérations envoyèrent même des délégués au ministre Millerand pour obtenir l’arrêt de l’immigration.
Sur le plan international, la CGT fut à l’origine de plusieurs tentatives d’actions concertées. Elle voulut demander au congrès d’Amsterdam de 1905 qu’on inscrive à l’ordre du jour non seulement la journée de huit heures et la grève générale mais aussi la question de l’antimilitarisme. Elle proposait, en cas de menace de guerre, d’entrer directement en rapport avec les syndicats du pays “adverse”. Le secrétaire des syndicats allemands, Legien, s’y refusa, et ce refus réitéré amena d’ailleurs le bureau de la CGT à suspendre ses rapports avec le bureau international. En janvier 1906, Griffuelhes vint à Berlin pour préparer une action internationale contre la guerre, mais Bebel imposait comme préalable une entente entre le PS et la CGT ; Griffuelhes repartit amer et dépité. En 1912 encore, appelés par la CGT à organiser dans chaque pays une manifestation simultanée contre la guerre, les syndicats allemands et autrichiens se dérobèrent sous prétexte qu’une telle manifestation, de caractère politique, était du ressort du parti et non des syndicats, argument qu’ils utilisèrent régulièrement pour éviter tout débat de fond sur ces questions. Incontestablement, les obstacles rencontrés au sein de la IIème Internationale, gangrenée par l’idéologie réformiste, le parlementarisme, l’opportunisme, le fédéralisme et surtout le nationalisme ne purent que renforcer la CGT dans l’idée que rien ne pouvait venir des partis socialistes ni surtout de la direction du syndicat orientée par le parti. Comme le souligne Rosmer : “Syndicalistes révolutionnaires et socialistes des partis de la IIème Internationale suivaient deux voies différentes. Même les démonstrations communes organisées contre le danger de guerre quand la menace s’en précisait, ne pouvaient faire disparaître les divergences qui les opposaient ; elles les atténuaient à peine”. Les syndicalistes révolutionnaires ignoraient ou dénonçaient les opérations parlementaires du Parti socialiste dont les dirigeants ne leur inspiraient aucune confiance. Seuls, sans doute, les socialistes russes échappaient à cette condamnation générale.
Mais la CGT aussi bien que le PS était partie prenante de cette dérive opportuniste et s’impliquait de plus en plus dans une démarche patriotarde. Même s’il existait bien l’idée que la solidarité nationale ne peut exister car il ne peut y avoir de solidarité entre exploiteurs et exploités, l’idée d’une supériorité de la qualité révolutionnaire du mouvement ouvrier français ne pouvait que renforcer dans le syndicat les réactions chauvines. Ce fut aussi un poison employé pour entraîner la CGT dans l’union sacrée d’août 1914. Rosmer nota lucidement que “la préparation de la guerre était beaucoup mieux menée que l’action contre la menace de guerre par la direction confédérale de la CGT et la gagnait de vitesse”.
De l’opportunisme à la trahison
Le 27 juillet 1914, à l’appel de la CGT, une foule importante manifesta à Paris son opposition à la guerre qui vient ; il y eu des manifestations identiques en province (Lyon, Limoges...). Parallèlement, au congrès extraordinaire du Parti socialiste en juillet 1914, Jaurès préconisa “la grève générale ouvrière simultanément et internationalement organisée” pour prévenir et empêcher la guerre ; il s’efforça de faire adopter cette position par les autres partis socialistes européens. Le 28 juillet, la SFIO publia encore un manifeste déclarant “A bas la guerre ! Vive la république sociale !” Mais Jaurès était assassiné le 31 juillet. Dès lors, les événements s'accélérèrent et la machine de guerre fut lancée à pleine vitesse le 28 août 1914. Le 2 août, le futur dirigeant stalinien, Marcel Cachin, osait se réclamer de Jaurès pour ratifier la position chauvine et la trahison du Parti socialiste : “Il faut accomplir maintenant, comme le proclamait Jaurès, notre devoir envers la patrie. Nous promettons de faire à la fois tous nos devoirs de Français et de socialistes fidèles à l’Internationale” et Édouard Vaillant renchérit : “En présence de l’agression, les socialistes accompliront tous leur devoir pour la patrie” ; le 4 août, sur la tombe même de Jaurès, lors de son enterrement, le secrétaire général de la CGT, Jouhaux, déclara à son tour : “Acculés à la lutte, nous nous levons pour repousser l’envahisseur, pour sauvegarder le patrimoine de civilisation et d’idéologie généreuse que nous a légué l’histoire”. Le même jour, les socialistes votèrent les crédits de guerre et le 26 août, ils adhérèrent au pacte gouvernemental d’Union sacrée. Plusieurs socialistes comme Guesde et Vaillant acceptèrent d’entrer dans le gouvernement. En effet, à la quasi-unanimité, l’opinion publique ouvrière, influencée par la propagande nationaliste, admit la thèse officielle selon laquelle la guerre était une guerre juste.
Car après l’assassinat de Jaurès, ce ne fut pas seulement Guesde et Vaillant qui sombrèrent mais tout l’appareil du Parti socialiste et une majeure partie de la CGT qui s’engagèrent dans la guerre patriotique et la participation au gouvernement malgré la présence de Trotsky en France qui trouva dans le syndicaliste Alfred Rosmer un autre défenseur de l’internationalisme. Les militants ouvriers de la CGT, dans leur majorité, se rallièrent à la guerre ; seuls quelques minoritaires regroupés soit autour de Merrheim soit du journal de Monatte, La Vie ouvrière, fondé en 1909, manifestèrent publiquement leur désaccord. Cela amena Monatte, avant d’être mobilisé, à démissionner du comité confédéral de la CGT.
Rosmer et Monatte tentèrent de créer une minorité internationaliste. Dans les rangs socialistes, seuls quelques-uns maintinrent une opposition à la guerre, comme Fernand Loriot au sein du pacifiste Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI) ou Charles Rappoport.
Comme devait le déclarer Lénine en 1916 dans sa brochure L’opportunisme et la faillite de la IIème Internationale : “Le contenu politique de l’opportunisme et celui du social-chauvinisme sont identiques : collaboration des classes, renonciation à la dictature du prolétariat, à l’action révolutionnaire, reconnaissance sans réserve de la légalité bourgeoise, manque de confiance en le prolétariat, confiance en la bourgeoisie”.
Si la trahison de l’internationalisme prolétarien signa l’arrêt de mort de la IIème Internationale dans tous les pays, l’opportunisme se cristallisa en Allemagne sur le vote au Reichstag des crédits de guerre qui constituait un premier verrou que la bourgeoisie devait faire sauter pour que le déclenchement de la guerre soit possible. En France, c’est sous la forme du patriotisme, au nom de “la défense de la patrie en danger” que la gauche du Parti socialiste exprima toute ses faiblesses et ses tares alors que la bourgeoisie parvint à faire sauter le second et ultime verrou, le dernier rempart contre la guerre, avec l’assassinat de Jaurès.
La conférence de Zimmerwald près de Berne en septembre 1915, première réaction prolétarienne face au carnage de la première boucherie mondiale, rassembla 37 délégués de 12 pays européens auxquels seuls participèrent, côté français, Merrheim, de la fédération CGT de la métallurgie, et Bourderon, militant socialiste et dirigeant de la fédération CGT des tonneliers. La majorité pacifiste des délégués (dont les Français) souhaitait que la conférence serve uniquement à affirmer la volonté de défendre l’idéal internationaliste et de l’opposition à la “guerre impérialiste”. Cependant, une minorité, la “gauche de Zimmerwald”, menée en particulier par Lénine, soulignait que la capitulation des dirigeants socialistes de la IIème internationale devant le nationalisme et la guerre constituait une trahison totale des principes prolétariens. Pour Lénine, l'échec tragique de la IIème internationale rendait indispensable la fondation d’une nouvelle Internationale et de nouveaux partis, en rupture totale avec les sociaux-démocrates ayant participé à l’union sacrée. Toutefois, cette minorité de gauche voyait dans les résultats de la conférence, c’est-à-dire la réaffirmation de l’internationalisme, un “premier pas” pour la reconstruction du mouvement socialiste sur des bases nouvelles. La deuxième Conférence internationale à Kienthal en mars 1916, marqua une rupture avec le courant et la phraséologie pacifistes.
Ce combat pour sauver l’organisation prolétarienne ne passait pas par la refondation immédiate de nouveaux partis. Seuls Lénine et Zinoviev avaient compris la nécessité d’une rupture nette de programme orientée vers cette construction future, position qu’ils défendirent dans leur brochure Contre le courant.
Par ailleurs, un courant réclamant l’arrêt de la guerre se développa en France, renforcé par les échecs militaires de l’été 1916. En 1917, des compagnies se mutinèrent. L’économie nationale, réorganisée pour la guerre, fit largement appel à la main-d’œuvre féminine ; les revendications “à travail égal, salaire égal” apparurent. Les “munitionnettes” remplacèrent les hommes dans les usines de guerre. Elles firent grève pour les salaires stimulées par les événements révolutionnaires en Russie.
La scission socialiste et la rupture incomplète de la SFIC
En France, l’enthousiasme était grand pour la Révolution russe qui nourrissait d’espoirs nouveaux les prolétaires ; l’image qui est donnée d’une République des conseils des travailleurs annonçait le dépérissement de l’État attendu de tous les révolutionnaires. À l’aube de 1919, après que les gouvernements alliés aient remporté une victoire chèrement acquise, le prolétariat d’Europe tenta d’entraîner une révolution mondiale, mais les tentatives en Allemagne et en Hongrie notamment furent écrasées. En 1919, à l’initiative des bolcheviks russes, au pouvoir depuis 1917, et en raison de la “faillite de la IIème Internationale” se constitua l’Internationale communiste. En 1919 et 1920, un courant se constitua au sein du Parti socialiste en France pour adhérer à cette IIIème Internationale ; les discussions au congrès de Tours de décembre 1920 portaient sur les conditions d’adhésion. Le Parti socialiste éclata : les majoritaires constituèrent la Section française de l’Internationale communiste (SFIC) qui deviendra le Parti communiste français et les minoritaires continuèrent la SFIO qui deviendra le Parti socialiste, toujours affilié à la IIème Internationale, mais désormais pleinement intégré à l’appareil d’État de la bourgeoisie. Après la guerre et la fondation de la IIIème Internationale, la scission du Congrès de Tours et la formation du Parti communiste marquèrent la mort définitive du Parti socialiste comme parti prolétarien (y compris ceux qui se réclameront ensuite d’une prétendue “gauche socialiste” dans la SFIO). Mais ce tout nouveau Parti communiste, sous l’égide de l’Internationale communiste ne fut pas en mesure de se doter d’une orientation programmatique suffisamment claire pour écarter les pratiques opportunistes du passé et laissa pénétrer en son sein nombre d’anciens patriotards. La SFIC continua ainsi à payer un tribut qui pèsera lourd : l’absence d’une véritable Gauche marxiste en France.
Wim, 10 février 2018
1 Ce militaire ultra-belliqueux, ancien acteur de la répression de la Commune puis à la tête de plusieurs corps expéditionnaires dans les colonies, de la Kabylie à la Cochinchine, partisan de la guerre immédiate avec l’Allemagne, rassemble de nombreux électeurs mécontents autour de la Ligue des patriotes. Au sein du mouvement ouvrier, une partie importante des blanquistes ou le polémiste Rochefort, ancien communard, font partie de ses soutiens. Après l’avortement du coup d’Etat prôné par ses partisans, il devra finalement s’exiler.