IV - Les gauchistes dans la manoeuvre

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La bourgeoisie ne dispose pas seulement de ses partis de gauche et de ses syndicats comme organes d'encadrement du prolétariat et de dévoiement des luttes ouvrières. Les organisations dites aujourd'hui "d'extrême-gauche" ou "gauchistes" et qui, pour la plupart se réclament du trotskisme ou de la mouvance "anarchiste", ont démontré qu'elles constituaient depuis des décennies, et notamment depuis 1968, avec la réémergence des luttes ouvrières sur le devant de la scène historique, de précieux auxiliaires de la bourgeoisie. Leur créneau qui constitue leur fonction spécifique est de servir de "soutien critique" aux partis de gauche et aux appareils syndicaux. Dans les luttes ouvrières en particulier, la bourgeoisie les utilise pour ramener les ouvriers les plus combatifs et critiques derrière les illusions d'un syndicalisme "de base" ou "de combat" et finalement dans le giron ou sous l'emprise des syndicats.

 

En certaines circonstances, notamment sous la pression des luttes ouvrières au milieu des années quatre-vingt, lorsque le discrédit croissant des syndicats débouchait dans les luttes sur une large remise en cause de l'encadrement syndical et un débordement des appareils syndicaux, ces groupes ont pu jouer un rôle plus central et déterminant au profit de l'ensemble de la bourgeoisie. En France notamment, lors de la grève des cheminots de l'hiver 86/87 comme lors des grèves dans le secteur hospitalier en octobre 1988, les plus puissantes de ces organisations comme LO et la LCR ont efficacement pallié au discrédit des appareils syndicaux en enfermant les ouvriers dans des "coordinations" qu'elles animaient et contrôlaient. Face à la menace d'extension et d'auto-organisation des luttes ouvrières, elles ont effectué le même sale boulot de sabotage et d'encadrement que les syndicats en enfermant les ouvriers dans une lutte corporatiste et en s'opposant par la force à ce que .les ouvriers d'autres secteurs participent aux assemblées générales.

 

En décembre 95, où le but essentiel de la manoeuvre bourgeoise était précisément de re-crédibiliser les appareils syndicaux, leur rôle ne pouvait être que plus modeste. Mais ces groupes gauchistes ont constitué une force d'appoint non négligeable à la manoeuvre de la bourgeoisie en conservant leur fonction de rabatteurs des syndicats, que les uns comme la LCR se présentent ouvertement comme les chantres de "la grande mobilisation sociale" de novembre-décembre 95, porteur d'un espoir pour le "peuple de gauche", ou que les autres, comme LO déguisent les mêmes mystifications sous un langage plus critique et de façon plus sournoise.

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