La lutte contre l’opportunisme, un enjeu vital pour la révolution

Afficher une version adaptée à l'édition sur imprimante

Les guerres prolifèrent et plongent de plus en plus de régions du monde dans la plus effroyable barbarie : Afghanistan, Irak, Syrie, Libye, Liban, Ukraine, Gaza… derrière cette liste de pays en guerre qui s’allonge, ce sont des millions de personnes qui tombent, qui ont faim ou qui tentent de fuir. Demain, ce sera peut-être au tour du Kosovo ou de Taïwan.

Le gangstérisme aussi frappe et ravage. Au nord du Mexique, au Venezuela, en Haïti… le commerce de la drogue et de la prostitution s’épanouit, laissant dans son sinistre sillage tueries et viols de masse.

Partout, la misère se développe. Dans un pays comme le Royaume-Uni, une grande partie de la population n’a plus accès aux soins dentaires. Une expression terrible est apparue dans la presse pour qualifier ces gens qui se comptent par millions : « Les sans dents ».

Pour le dire en une phrase : Le capitalisme menace la survie de l’humanité. Si la classe ouvrière ne parvient pas à mettre à bas le capitalisme, ce système décadent va s’enfoncer dans la barbarie jusqu’à la mort de tous. La seule alternative, c’est la révolution prolétarienne mondiale. Pour y parvenir, notre classe doit développer ses luttes, son organisation et sa conscience à l’échelle internationale.

Depuis l’été 2022, sous les coups de boutoirs de la crise économique, la classe ouvrière a commencé à réagir. Les grèves qui ont éclaté au Royaume-Uni ont annoncé le retour du prolétariat sur le terrain de la lutte. En deux ans, des grèves qualifiées « d’historiques » par les médias ont eu lieu en France, aux États-Unis, au Canada, en Suède, en Allemagne, en Islande, au Bangladesh… Mais ce n’est là qu’un début, un premier pas. Le prolétariat a face à lui un très long chemin vers la révolution. Il va lui falloir apprendre dans les luttes comment s’unir et comment s’organiser, à repérer les pièges tendus par la bourgeoisie, à identifier ses « faux-amis » : les syndicats et les organisations de la gauche du Capital qui feront tout pour saboter de « l’intérieur » le processus révolutionnaire. La bourgeoisie est une classe machiavélique, elle est même la classe dominante la plus intelligente de l’Histoire. Pour conserver ses privilèges, elle sera prête à tous les crimes, toutes les manipulations, tous les mensonges. La classe ouvrière va devoir élever son niveau de conscience et d’organisation à la hauteur de cet adversaire. Plus encore, elle va devoir élever son niveau de conscience et d’organisation à la hauteur de la nouvelle société à instaurer, une société mondiale qui, à terme, sera sans classe ni frontière, sans exploitation ni concurrence, sans État. La révolution prolétarienne est sans aucun doute la plus haute marche qu’ait eu à franchir l’humanité.

Le rôle des organisations révolutionnaires

  • L’émancipation de la classe ouvrière doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes” (Karl Marx, Statuts de l’Association Internationale des Travailleurs, 1864).
  • Dans sa lutte contre le pouvoir uni des classes possédantes, le prolétariat ne peut agir en tant que classe qu’en se constituant lui-même en parti politique […]. Cette constitution du prolétariat en parti politique est indispensable pour assurer le triomphe de la Révolution sociale et de sa fin suprême : l’abolition des classes”. (Idem). Depuis lors, cette formulation a pu être précisée par l'expérience historique du prolétariat conférant à son parti politique la forme d'un parti minoritaire d'avant-garde.

La difficulté fondamentale de la révolution socialiste réside dans cette situation complexe et contradictoire : d’une part la révolution ne peut se réaliser qu’en tant qu’action consciente de la grande majorité de la classe ouvrière ; d’autre part cette prise de conscience se heurte aux conditions qui sont faites aux ouvriers dans la société capitaliste, conditions qui empêchent et détruisent sans cesse la prise de conscience par les ouvriers de leur mission historique révolutionnaire. Laissées à leur propre développe­ment interne, les luttes des ouvriers contre les conditions d’exploitation capitaliste peuvent mener tout au plus à des explosions de révolte, réactions absolument insuffisantes pour la transformation sociale. Aller au-delà des expériences de luttes particulières, cumuler l’expérience historique du prolétariat, défendre et propager la conscience des finalités du mouvement, c’est le rôle politique crucial du Parti révolutionnaire. Le parti tire sa substance théorique, non des contingences et du particularisme de la position économique des ouvriers, mais du mouvement des possibilités et des nécessités historiques. Seule 1’intervention de ce facteur permet à la classe de passer de la révolte à la révolu­tion. Le Parti est l’arme indispensable du prolétariat à la victoire finale, au succès de sa révolution.

Pour l’instant, ce Parti ne peut exister : la classe ouvrière est trop loin d’un processus révolutionnaire, sa conscience et sa capacité à s’organiser sont trop faibles. La fraction la plus déterminée et la plus claire du prolétariat, celle qui a conscience de ses buts généraux et historiques, ne peut qu’être regroupée sous la forme de petites organisations révolutionnaires.

Ces petites organisations révolutionnaires n’en ont pas moins un rôle immense et crucial pour l’avenir. Elles doivent s’organiser sur la base des intérêts historiques du prolétariat en vue de donner une orientation politique claire au mouvement et de favoriser activement le développement de la conscience de classe. Elles doivent aussi dès maintenant œuvrer à la préparation de la fondation du futur Parti. Pour cela, il leur faut sans cesse vérifier la véracité de leurs analyses face à l’évolution des événements, débattre et élaborer leurs positions, puiser dans l’histoire du mouvement ouvrier les leçons essentielles, lutter contre la pénétration en leur sein de l’idéologie dominante, défendre les forces et les positions autour desquelles se construira le futur Parti.

La responsabilité de la Gauche communiste

L’histoire a montré combien il est difficile de construire un parti à la hauteur de ses responsabilités, une tâche qui requiert des efforts nombreux et variés. Elle exige avant tout la plus grande clarté sur les questions programmatiques et sur les principes de fonctionnement de l’organisation, une clarté qui se fonde nécessairement sur toute l’expérience passée du mouvement ouvrier et de ses organisations politiques.

À chaque étape de l’histoire du mouvement ouvrier, la Gauche s’est distinguée comme la meilleure représentante de cette clarté, apportant une contribution décisive à l’avenir de la lutte. « Ce fut elle qui assura la continuité entre la Ie et la IIe Internationale à travers le courant marxiste, en opposition aux courants proudhonien, bakouniniste, blanquiste, et autres corporativistes. Entre la IIe et la IIIe Internationale, c’est encore la Gauche, celle qui mena le combat tout d’abord contre les tendances réformistes, ensuite contre les 'social-patriotes', qui assura la continuité pendant la Première Guerre mondiale en formant l’Internationale communiste. De la IIIe Internationale, c’est encore la Gauche, la 'Gauche communiste', et en particulier les Gauches italienne et allemande, qui ont repris et développé les acquis révolutionnaires foulés au pied par la contre-révolution social-démocrate et stalinienne »(« La continuité des organisations politiques du prolétariat », Revue Internationale n° 50).

Le Parti communiste mondial, qui sera à l’avant-garde de la révolution prolétarienne de demain, devra s’appuyer sur l’expérience et la réflexion de tous ces courants de gauche, de toute cette filiation historique. C’est précisément en s’encrant dans cette filiation, en s’efforçant de toujours respecter les principes essentiels de ces courants que, face à l’épreuve de vérité de la Seconde Guerre mondiale, la Gauche communiste fut la seule à rester fidèle à l’internationalisme.

Les groupes de la Gauche communiste surgirent dès 1920 dans différents pays (Russie, Allemagne, Italie, Hollande, Grande-Bretagne, Belgique…). Ils n’atteignirent pas tous le même niveau de clarté et de cohérence et la majorité d’entre eux ne put résister à la terrible contre-révolution capitaliste. Ils disparurent victimes de l’action conjuguée de la répression des staliniens et des fascistes, de la démoralisation et de la confusion ambiantes. Dans les années 1930, seuls les groupes les plus cohérents réussirent à se maintenir et parmi eux la Gauche communiste d’Italie fut la plus claire et conséquente. Le groupe “Internationalisme” (1945-52), issu de cette dernière, parvint à une synthèse critique et cohérente du travail, très dispersé, des différents groupes de la Gauche Communiste :

  • La nature de l’URSS : l’État russe n’avait rien de prolétarien ni de “socialiste”, il n’exprimait aucune continuité avec la Révolution d’Octobre 1917, mais en était, au contraire, son bourreau. L’URSS était un pays aussi capitaliste que les États-Unis ou la Grande-Bretagne, exprimant de façon caricaturale la tendance universelle au capitalisme d’État (nationalisation totale de l’économie).
  • La décadence du capitalisme : le système institué en URSS n’était en rien un nouveau mode de production ni une forme plus “progressiste” du capitalisme marquée par l'enchainement infernal de deux Guerres mondiales entrecoupées par la récession économique la plus profonde de l'histoire du capitalisme, suivies par le retour de la crise économique mondiale à la fin des années 1960 et qui n'a fait que s'approfondir depuis lors. Ainsi, pour “Internationalisme”, le capitalisme “libéral” de l’Ouest et le capitalisme d’étatisation extrême de l’Est constituent les deux facettes d’un même système décadent que le prolétariat devra détruire d’un côté comme de l’autre.
  • La “démocratie” et le capitalisme “libéral” : “Internationalisme” était clair sur le fait que l’alternative ne se situait pas entre “démocratie” et fascisme, ou entre “démocratie” et totalitarisme stalinien, mais entre barbarie capitaliste et révolution communiste mondiale, c’est-à-dire entre l’État capitaliste, qu’il soit totalitaire ou “démocratique”, et la dictature mondiale des conseils ouvriers instaurant le pouvoir direct et collectif des masses ouvrières. “Internationalisme” clarifia que le capitalisme “libéral” d’Occident était une forme plus efficace et plus subtile du capitalisme d’État. La plus grande partie de la production était canalisée vers l’économie de guerre mais avec une plus grande flexibilité, utilisant le marché “libre” grâce à toutes sortes de manipulations (fiscales, monétaires, à travers le crédit...).
  • L’autonomie du prolétariat, la lutte pour la révolution communiste : à partir de toutes ces positions, “Internationalisme” en déduisait que le capitalisme ne pouvait plus offrir d’améliorations réelles et durables des conditions de vie du prolétariat. La tâche de ce dernier était la lutte pour la révolution communiste. Ses nécessaires luttes de résistance contre l’exploitation ne pouvaient plus se situer dans le cadre de l’obtention de réformes politiques et économiques au sein du capitalisme (comme c’était le cas du temps de la Seconde Internationale où de tels objectifs étaient valables dans la mesure où ils étaient conçus comme une étape historique nécessaire et non comme fin ultime au combat de la classe ouvrière), mais dans la perspective d’une offensive révolutionnaire pour la destruction du capitalisme dans tous les pays et l’instauration du communisme à l’échelle mondiale. Pour pouvoir affirmer sa propre perspective, le prolétariat devait garder à tous moments son autonomie de classe sans laquelle il se verrait utilisé comme jouet des différentes bandes capitalistes en conflit et soumis à l’exploitation la plus féroce et aux répressions les plus brutales. De la même façon, les voies syndicales et parlementaires, en l’enchaînant au capitalisme, le réduisaient encore et toujours à l’impuissance, à la division et à la défaite. Le prolétariat devait nécessairement s’affirmer, y compris dans ses luttes immédiates, sur le terrain de la lutte directe de masse, de sa solidarité et de son unité de classe, de la défense intransigeante de ses revendications contre l’intérêt du capital national.

Ces positions de la Gauche communiste sont le nécessaire point de départ de tout le processus révolutionnaire à venir. Expression de la lutte historique du prolétariat, sa réappropriation par les masses ouvrières est la condition indispensable pour que son combat puisse apporter une solution révolutionnaire à la crise sans issue du capitalisme mondial. Le futur parti mondial, s’il veut apporter une réelle contribution à la révolution communiste, devra fonder son programme et ses méthodes d’action sur l’expérience et l’héritage de la Gauche communiste.

Nous reprenons ainsi à notre compte les mots de nos prédécesseurs : « La continuité historique entre l’an­cien et le nouveau parti de la classe ne peut s’effectuer qu’au travers du canal de la Fraction, dont la fonction histori­que consiste à faire le bilan politique de l’expérience, de passer au crible de la critique marxiste les erreurs et l’insuffi­sance du programme d’hier, de dégager­ de l’expérience les principes politiques qui complètent l’ancien programme et sont la condition d’une position progres­sive du nouveau programme, condition indispensable pour la formation du nou­veau parti. En même temps que la Fraction est un lieu de fermentation idéologi­que, le laboratoire du programme de la révolution dans la période de recul, elle est aussi le camp où se forgent les cadres, où se forme le matériel humain, les mili­tants du futur parti. » (L’Etincelle, n° 10, janvier 1946).

C’est pourquoi, face à la guerre en Ukraine, le CCI a lancé avec Internationalism Voice et  l’Istituto Onorato Damen un Appel commun à toutes les organisations de la Gauche communiste. En se fondant sur l’héritage de la conférence de Zimmerwald, le CCI voulait par cet appel non seulement brandir l’étendard internationaliste mais aussi plus généralement défendre la filiation historique, les principes et le fonctionnement de la Gauche communiste. Cet Appel devait être et est une pierre blanche déposée sur le chemin vers la révolution et le Parti. Un jalon pour préparer l’avenir.

La nécessaire lutte contre l’opportunisme

Cet Appel commun a été rejeté par le reste de la Gauche communiste. Les différents « Partis Communistes Internationaux » (Programma communista, Il Partito Communsita, Le Prolétaire/Il Communista) l’ont ignoré par sectarisme revendiqué. Quant à la deuxième plus importante organisation de la Gauche communiste, la Tendance Communiste Internationaliste, elle a préféré à cet appel l’aventure des comités No war but the class war parce ce que, selon elle, il serait « nécessaire de voir au-delà de la ‘Gauche communiste’ ».

Le refus d’un travail commun avec d’autres groupes de la Gauche communiste défendant les principes historiques de ce courant au bénéfice d’une collaboration avec des forces du "marais" (la zone confuse entre les positions prolétariennes et celles la gauche de la bourgeoisie), cela    porte un nom : l’opportunisme. Cette politique est particulièrement dangereuse parce qu’elle porte en elle la liquidation de toutes les leçons organisationnelles dont la Gauche communiste se revendique et est le fruit. Elle tourne le dos à la responsabilité principale qui nous incombe, celle de préparer la construction d’un futur parti armé du meilleur de la tradition du mouvement ouvrier, du combat de toutes ses gauches successives.

Cette dynamique opportuniste de la TCI l’amène d’ailleurs aujourd’hui jusqu’à balayer les leçons vitales de la lutte du courant marxiste au sein de l’AIT contre le poison mortel du parasitisme politique représenté par la tendance Bakounine pour justifier son ouverture aux groupes parasites actuels. Pire encore, elle n’hésite plus à s’accoquiner ouvertement avec une organisation menant une politique systématique de mouchardage, comme l’est le Groupe International de la Gauche Communiste (GIGC, ex-FICCI).

L’opportunisme, qui a constitué historiquement le plus grave danger pour les organisations du prolétariat, est une expression de la pénétration en leur sein d’idéologies étrangères, bourgeoises et surtout petite-bourgeoises. Il se distingue par le fait qu’il tend à sacrifier les intérêts généraux et historiques du prolétariat au bénéfice d’illusoires « succès » immédiats et circonstanciels. Un des moteurs de l’opportunisme est l’impatience qui exprime la vision d’une couche de la société condamnée à l’impuissance au sein de celle-ci et qui n’a aucun avenir à l’échelle de l’histoire. « L’opportunisme veut tenir compte d’une situation de conditions sociales qui ne sont pas arrivées à maturité. Il veut 'un succès immédiat'. L’opportunisme ne sait pas attendre et c’est pourquoi les grands événements lui paraissent toujours inattendus », écrivit Trotsky dans « 1905 ».

L’opportunisme est un poison mortel qui tente constamment à s’infiltrer dans les rangs des organisations révolutionnaires. Pour lui résister, il faut donc lui opposer un combat tout aussi permanent et déterminé, aiguiser sans cesse l’arme de la théorie :

  • Après la Commune de Paris de 1871, l’aile gauche révolutionnaire se dressa contre les forces grandissantes de l’opportunisme incarné par le courant Lassalien, en défendant les principes organisationnels de classe, notamment à travers la Critique du programme de Gotha (Karl Marx) et l’Anti-Dühring (Friedrich Engels). C’est ainsi qu’après le congrès d’Erfurt en 1891, Engels  écrivait : “les choses doivent être poussées en avant. Combien cela est nécessaire, c’est ce que prouve précisément aujourd’hui l’opportunisme qui commence à se propager dans une grande partie de la presse social-démocrate. […] Cet oubli des grandes considérations essentielles devant les intérêts passagers du jour, cette course aux succès éphémères et la lutte qui se livre tout autour, sans se préoccuper des conséquences ultérieures, cet abandon de l’avenir du mouvement que l’on sacrifie au présent, tout cela a peut-être des mobiles honnêtes. Mais cela est et reste de l’opportunisme. Or, l’opportunisme “honnête” est peut-être le plus dangereux de tous”.
    Autour de 1900, l’aile gauche révolutionnaire se dressa contre l’opportunisme continuant de gangrener la Deuxième Internationale à travers le courant de Bernstein ou celui des mencheviks, par une lutte intransigeante et des profonde, comme en témoignent Réforme ou Révolution (Rosa Luxemburg), Que Faire ?, ou Un pas en avant, deux pas en arrière (Lénine). C’est d’ailleurs lors de ce combat que Lénine écrira sa célèbre phrase « Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire », dont la suite est un peu moins connue : « On ne saurait trop insister sur cette idée à une époque où l’engouement pour les formes les plus étroites de l’action pratique va de pair avec la propagande à la mode de l’opportunisme ». C’est cet opportunisme qui explique largement la trahison à venir des partis socio-démocrates quand la Première Guerre mondiale éclata !
  • À partir des années 1920, le parti Bolchevik va peu à peu être gagné à son tour par l’opportunisme qu’il avait pourtant initialement si vigoureusement combattu. L’isolement de la révolution russe et la montée, de l’intérieur, des forces contre-révolutionnaires vont justement d’abord se manifester par cet opportunisme qui va gagner toute la Troisième Internationale. Mais là aussi, une aile gauche révolutionnaire va mener le combat. C’est précisément là que notre courant, la Gauche communiste, puise ses racines. Bordiga sera à ce moment-là le plus haut représentant de cette lutte pour les principes organisationnels prolétariens. Voici ce qu’il pouvait alors proclamer en 1926 face à l’Exécutif de l’Internationale communiste : « l’expérience montre que l’opportunisme entre toujours dans nos rangs sous le masque de l’unité. Il est de son intérêt d’influencer la masse la plus grande possible, aussi fait-il toujours ses propositions dangereuses sous le masque de l’unité ». (Discours à l'Exécutif de l'Internationale Communiste - A. Bordiga - 23 février 1926.)

En se vautrant aujourd’hui sans vergogne dans l’opportunisme, en tournant le dos aux combats successifs de l’aile gauche révolutionnaire menés depuis Marx et Engels, la TCI s’inscrit dans une longue tradition, celle qui a toujours mené au désastre. Cette politique calamiteuse, elle la mène parce que, jusqu’à maintenant, elle a refusé de faire la critique de ses erreurs originelles, se condamnant ainsi elle-même à reproduire sans cesse la même démarche opportuniste, en toujours pire. Lors de sa fondation en 1943, son ancêtre, le Parti Communiste internationaliste (PCint), avait admis en son sein et sans la moindre critique :

  • des éléments de la minorité de la fraction italienne qui était partie se battre aux côtés des Républicains durant la Guerre d’Espagne ;
  • Vercesi et tous ceux qui, au cours de la Seconde Guerre mondiale, avait participé au Comité de Coalition antifasciste de Bruxelles.

Pour préparer la construction du futur Parti, arme indispensable à la réussite de la révolution, la lutte contre l’opportunisme par l’aile gauche doit se poursuivre. C’est ce que se propose de faire la publication d'un ensemble d'articles introduite par celui-ci. Il s’agit d’un combat politique intransigeant qui se déroule au sein du camp révolutionnaire. Nous appelons ainsi tous nos lecteurs à se rattacher aux racines historiques de ce combat, à faire leur cette filiation et cette défense des principes organisationnels prolétariens, à participer à cette préparation de l’avenir. Nous appelons aussi la TCI à faire sienne ce principe prolétarien si bien exposé par Rosa Luxemburg : « Le marxisme est une vision révolutionnaire du monde qui doit appeler à lutter sans cesse pour acquérir des connaissances nouvelles, qui n’abhorre rien tant que les formes figées et définitives et qui éprouve sa force vivante dans le cliquetis d’armes de l’autocritique et sous les coups de tonnerre de l’histoire ». (Critique des critiques).

Rappelons ainsi comment, en 1903, Lénine pointait avec humour le ridicule orgueil blessé des futurs Mencheviks : « L’esprit de cercle et le défaut de maturité politique frappant, qui ne peut supporter le vent frais d’un débat public, apparaît ici en toute netteté […]. Imaginez un instant qu’une pareille absurdité, qu’une querelle comme la plainte d’une “fausse accusation d’opportunisme” ait pu se produire dans le parti allemand ! L’organisation et la discipline prolétariennes ont depuis longtemps fait oublier là-bas cette veulerie d’intellectuels […]. Seul l’esprit de cercle le plus routinier, avec sa logique : un coup de poing dans la mâchoire, ou bien la main à baiser, s’il vous plaît, a pu soulever cette crise d’hystérie, cette vaine querelle et cette scission du Parti autour d’une “fausse accusation d’opportunisme”. (Un pas en avant Deux pas en arrière, Chapitre « Ceux qui ont souffert d’être faussement accusés d’opportunisme »).

(Mars 2024)

Conscience et organisation: 

Courants politiques: 

Rubrique: 

Lutte contre l'opportunisme