Sur la dernière réunion du comité NWBCW Paris

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Nous publions ci-dessous une prise de position d’un de nos sympathisants à propos de la réunion du comité NWBCW à Paris du 2 décembre. Nous saluons cette contribution et soutenons globalement le contenu politique de ce texte. Selon nous, il permet en effet de souligner deux aspects essentiels que nous voulons mettre en exergue :

– le premier, le caractère totalement artificiel du comité NWBCW, sans rapport avec la réalité d’une prétendue réaction à la guerre au sein de la classe ouvrière : « A moins de considérer que les luttes de l’an passé en Angleterre, celle qui se déroule actuellement en France, etc. soient des luttes qui s’opposent frontalement et surtout consciemment à la guerre, la formation de tels comités n’émane pas d’un mouvement de la classe ».

– le second, le fait qu’une telle initiative opportuniste ne fait qu’accentuer la confusion vis-à-vis du gauchisme et de l’anarchisme : « La création ex-nihilo de structures hétérogènes appelés après-coup « comité de lutte », en appelant à toutes les bonnes volontés gauchistes et anarchistes semble être un cadre impropre à la politique prolétarienne ».

Comme le souligne justement le camarade, ce comité NWBCW n’est finalement rien de moins qu’un « faux-nez basé sur des compromis »

CCI

Je ne vais pas faire ici, un résumé point par point de cette réunion, mais je vais uniquement me concentrer sur ce qui m’a paru être le plus important.

Je ne vais pas entrer dans la polémique sur la signification historique de la guerre en Ukraine, qui devait être la première partie de la discussion lors de la réunion, avec d’un côté la TCI qui voit cette guerre comme une étape vers la généralisation de la guerre inter-impérialiste mondiale et le CCI qui affirme que celle-ci n’est pas encore à l’ordre du jour et que les conditions ne sont pas encore réunies.

Je vais me concentrer sur ce qu’est le comité NWBCW et la politique de création de ce type de comité face à la guerre.

Après le déclenchement de la guerre en Ukraine l’an dernier, deux organisations de la GC ont proposé deux initiatives différentes. D’un côté le CCI a été à l’initiative avec l’Institut Damen et IV d’une déclaration commune des groupes de la GC de l’autre la TCI a appelé à la création de comités NWBCW.

Je reviens sur cette opposition car elle est sous-jacente à la seconde partie de la discussion qui a eu lieu lors de la réunion du comité à savoir qu’est-ce que ce comité, son but, etc.

Le présidium alors a tracé une opposition entre d’un côté un internationalisme abstrait (celui du CCI) et de l’autre une initiative concrète.

Bien sûr, il le fallait le recours au concret, le retour du concret, « voyez-vous camarades, le problème avec cette déclaration commune des groupes de la GC c’est qu’elle est valable en tout temps et en tout lieu », les comités de lutte NWBCW eux sont des initiatives qui permettront aux minorités qui y participent de se tordre, de se plier aux différentes situations, aux différents contextes afin de mieux répondre à la situation actuelle.

Pour traiter ce point, il faut voir ce qu’est un comité de lutte, il émane soit d’une lutte massive de la classe soit d’une lutte dans une de ses parties, regroupant des éléments particulièrement combatifs qui ressentent la nécessité de s’unir pour agir et réfléchir et poursuivre la lutte, se formant d’abord (le plus souvent) sur la base de l’entreprise ou du secteur, il peuvent s’élargir au fur et à mesure de la lutte.L’apparition de comités de luttes n’est jamais à négliger et correspond à un pas en avant dans la maturation de la conscience de classe. Les prolétaires se réunissant pouvant évoquer les échecs et les raisons de ceux-ci, se poser la question de comment s’organiser et dans quel cadre. Il est donc essentiel pour les révolutionnaires organisés de soutenir la création de tels comités et d’y intervenir.

De par sa nature, les conditions de sa formation, un comité est hétérogène politiquement et sensible aux manœuvres et aux sabotages des gauchistes ou des syndicalistes. La tâche des révolutionnaires de la GC est de donner aux prolétaires dans ces comités les outils pour s’opposer à leurs ennemis politiques que sont les gauchistes.

Qu’en est-il donc ici. À moins de considérer que les luttes de l’an passé en Angleterre, celle qui se déroule actuellement en France, etc. soient des luttes qui s’opposent frontalement et surtout consciemment à la guerre, la formation de tels comités n’émane pas d’un mouvement de la classe.

Artificiel semble donc être un terme juste pour qualifier ce type d’initiatives.

Dans ce comité artificiel, les groupes de la GC vont lutter côtes à côtes avec des éléments clairement gauchistes (donc des ennemis politiques). Là survient une manœuvre qui veut faire passer le CCI comme sectaire, en effet au nom de quoi le CCI dirait « untel lutte et celui-làcelui-là non », cependant, si dans une lutte il arrive que se créent des comités dans ceux-ci les révolutionnaires de la GC interviennent non pas pour marcher avec les gauchistes mais les combattre. Comment les combattre tandis que l’on va former avec eux un comité qui de plus ne s’appuie sur aucun mouvement clair de la classe contre la guerre. C’est une faute, ici les révolutionnaires se désarment préventivement et ne pourront être en mesure de guider les participants face aux divers gauchistes et anarchistes.

Il est par exemple ressorti de cette réunion un clair immédiatisme et activisme ce qui était à prévoir, mais il sera impossible pour la TCI de s’y opposer quand elle baigne dedans, maintenant et entretenant l’illusion qu’il pourrait y avoir des actions de classe anti-guerre à populariser et à généraliser à court terme.

Le danger également pour les participants de leur faire croire à des initiatives minoritaires en réalité qui ne feront pas avancer d’un « inch » la conscience dans la classe tout en les exposant à la répression de l’Etat Bourgeois.

Cet activisme pousse également des éléments jeunes et inexpérimentés qui recherchent les positions de classe à s’interrompre dans leur prise de conscience, les empêche d’être aspirés par la GC (à moins de considérer que la GC c’est « trois pelés et un tondu » comme un membre du présidium), ce type de comité constituant un leurre de fait, puisqu’il entretient pour des raisons évidemment opportuniste le flou sur des questions et des positons essentielles et n’est pas sans véhiculer le vieux piège de la substitution, privilégiant des actions spectaculaires maintenant et tout de suite.

La création artificielle d’un « comité » qui met sur le même plan les organisations de la GC et les divers anarchistes, gauchistes, trotskistes, éléments syndicalistes tandis que les conditions d’adhésion sont trop larges et trop floues, que voulant la survie du comité pour agir contre la guerre aucune des questions pièges ne sera clarifiée de peur de mettre dans une position délicate tel ou tel groupe participant, c’est ce qu’un italien du siècle dernier appelait une « alliance sans principes ».

Je peux donner quelques exemples rapides, à aucun moment le présidium n’a ressenti le besoin de clarifier pour la bonne compréhension des participants inexpérimentés, le qualitatif politique de gauchiste, la frontière de classe qui les sépare la GC, le présidium n’est pas revenu sur les illusions des participants sur la situation en Iran que certains voyaient comme le début d’une révolution tandis qu’il ne s’agit même pas d’un mouvement de classe, quand a été évoqué le fait de s’organiser dans les syndicats, il n’a pas rappelé la position de la GC sur les syndicats, leur rôle ce qui aurait été au vu des luttes passées et en préparation largement plus instructif pour tout le monde.

Comment nous faire croire après qu’il sera possible justement de mener un combat contre ces mêmes gauchistes au sein du comité. Autant demander à un puma de se couper les griffes et retirer ses crocs avant de les enfoncer dans la nuque du grizzly. Nul besoin d’être un devin, prophète ou Lévite pour dire cela, mais simplement être marxiste et éviter de donner comme bilan critique de deux décennies de politique de NWBCW « parfois ça marche, parfois non ».

Ces deux propositions la déclaration commune et la formation de comités correspondent à deux manières de faire de la politique et elles ne se valent pas.

Par quoi sont guidés les révolutionnaires, ils ont un devoir face à la classe, celui de lui donner les moyens d’aller vers la clarté politique, cela se traduit par exemple par éviter aux prolétaires les plus conscients ou les plus combatifs (ceux par exemple qui répondent aux appels des organisations de la GC) de présenter des voies de garages, des initiatives d’actions sans rapports avec le mouvement réel lent mais existant de prise de conscience dans la classe.L’activisme, l’immédiatisme et les divers maux dont souffre ce comité ne sont pas dut au hasard mais au poison opportuniste. La création ex-nihilo de structures hétérogènes appelés après-coup « comité de lutte », en appelant à toutes les bonnes volontés gauchistes et anarchistes semble être un cadre impropre à la politique prolétarienne.

La morale ici pourrait être résumé comme suit : « la classe hésite, poussons là !… nulle-part. »

Ce qu’est en réalité ce comité, un faux-nez basé sur des compromis tacite par dépit le tout sur des principes flous pour intervenir et surtout le montrer.

Fraternellement,

Un sympathisant actif du CCI et de la GC

 

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