Quelle méthode pour comprendre la nature d’un groupe se réclamant de la Gauche communiste?

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Nous publions ici un courrier d’un proche sympathisant qui exprime sa solidarité avec la lutte du CCI contre le parasitisme et l’aventurisme et pour la défense de la Gauche communiste. Le plus important dans cette lettre est qu’elle indique la méthode matérialiste historique pour aborder les questions de comportement, de calomnies et de manœuvres, qui font tant de mal au milieu politique prolétarien.


En tirant les leçons de l’histoire de la lutte du mouvement ouvrier, le CCI a pu systématiser la manière de distinguer la vraie Gauche communiste de la fausse « Gauche communiste », qui est essentiellement composée de groupes parasites et d’éléments aventuriers.

Contrairement à d’autres questions, ce n’est pas quelque chose qui peut être résolu par simple intuition, par le bon sens ou comme une affaire privée, ou en se laissant contaminer naïvement par l’idéologie bourgeoise ambiante. La Gauche communiste doit retrouver, maintenir et développer la continuité historique et l’expérience d’un comportement communiste cohérent, d’une cohérence communiste dans les relations entre militants et avec l’organisation dans son ensemble. Ceci afin de pouvoir s’armer pour combattre les dangers de la duplicité, ainsi que les dangers plus indirects et moins apparents pour l’organisation de l’avant-garde politique de la classe ouvrière. Des dangers qui, avec l’avancée de la décomposition du capitalisme, deviennent de plus en plus aigus.

Un principe de la méthode de pensée au cœur de la méthode marxiste est que, pour citer Marx : « on ne juge pas un individu par ce qu’il pense de lui-même ». (1) « Dans la vie courante, n’importe quel boutiquier sait fort bien faire la distinction entre ce que chacun prétend être et ce qu’il est réellement ; mais notre histoire n’en est pas encore réduite à cette connaissance vulgaire ». (2) C’est-à-dire que nous ne pouvons pas faire confiance à quelqu’un, ou à un groupe, simplement en raison de ce qu’il prétend être (c’est-à-dire qu’il fait partie de la Gauche communiste). Les marxistes ne peuvent pas s’appuyer sur cette méthode, typique de la bourgeoisie, qui attend de la classe ouvrière qu’elle croie mot pour mot les promesses et les apparences qu’on lui présente, en se laissant prendre aux pièges de l’idéalisme.

Pour les marxistes, au contraire, « cette conscience doit être expliquée à partir des contradictions de la vie matérielle, du conflit existant entre les forces sociales de production et les rapports de production ». (3) En d’autres termes, seule une méthode de pensée historique et matérialiste peut dépasser et surmonter ce stade des apparences.

Nous devons donc nous poser les questions suivantes : d’où vient la pratique d’un groupe ou d’un individu ? Quels sont les origines et le développement de ce comportement dans l’histoire ? Sous l’influence de quelle tendance sociale et de quelle classe est-elle historiquement apparue ? Nous devons discuter des leçons et des expériences passées du mouvement ouvrier dans de telles situations, lorsque nous voyons des comportements, tels que des accusations et calomnies de lutter pour le pouvoir, des dénigrements, des ambiguïtés, la recherche d’alliances, des appels à l’aide, le fait de se présenter comme victime d’abus, etc. Si l’on reste à la surface d’une situation où le Groupe International de la Gauche communiste (GIGC) accuse le CCI d’employer des méthodes staliniennes, et où le CCI dénonce une tentative de détruire la Gauche communiste de la part du GIGC (et qu’à ce propos, le GIGC lance aussi une accusation similaire !). Si on la regarde en face, la question ressemble à un casse-tête et à un imbroglio procédurier, à peine digne d’un tribunal bourgeois. Cela ne profite qu’aux parasites, aux aventuriers et à tout le milieu de la fausse « Gauche communiste » qui reproduit l’idéologie bourgeoise des apparences !

Pour empêcher l’imaginaire dévoyé et l’affinitarisme de dominer la réalité, il faut procéder tout autrement :

– en s’appropriant l’expérience de la classe ouvrière dans des situations historiques similaires. Par exemple, dans la lutte de la Première Internationale contre la soi-disant « Alliance internationale de la démocratie socialiste » (Alliance de Bakounine) ou dans la lutte contre les personnalités de Lassalle ou Schweitzer, pour comprendre le comportement de ces groupes et éléments et à quoi ils correspondent.

– Procéder à une enquête approfondie pour distinguer la réalité historique des événements du passé et rétablir la vérité des faits dans la Gauche communiste, sur la base des leçons que chaque organisation révolutionnaire du milieu peut en tirer. Le fait que toute la Gauche communiste se batte pour cela est la force qui empêche la vérité des faits de se perdre comme Trotsky disparaissant de la révolution prolétarienne dans l’historiographie stalinienne.

– Analyser la pratique historique de ceux qui se réclament de la Gauche communiste, sa réputation et ses origines, en ne regardant pas chaque petite dispute ou désaccord de manière immédiatiste, où les textes produits sont analysés dans l’abstrait, ou à travers l’utilisation de témoignages dans lesquels le seul objectif serait finalement de désigner un coupable pour le moindre litige.

La plus grande difficulté pour démasquer le parasitisme est que certaines de ses actions les plus puissantes sont :

– Attaquer et accuser dans l’esprit de sa propre logique. Par exemple, lorsque l’Alliance de Bakounine a échoué dans sa lutte pour le pouvoir au sein de la Première Internationale, elle a projeté sa propre logique sur une Internationale supposée autoritaire et dictatoriale. Ainsi, les parasites du GIGC disent aussi, bien qu’ils aient rejeté la théorie du parasitisme comme un supposé « poison pour la Gauche communiste » que « le CCI lance maintenant une véritable attaque parasitaire (pour utiliser ses propres mots) sur ces forces, en particulier sur la Fraction communiste de la côte du Golfe, en essayant de les convaincre de discuter du parasitisme en priorité ». De plus, le CCI aurait un soi-disant allié « satellite du parasitisme, Internationalist Voice ». Et, pour couronner le tout, « si la notion de parasitisme avait une quelconque valeur politique, alors le CCI du 21e siècle, et particulièrement d’aujourd’hui, en serait l’expression et l’incarnation la plus dangereuse ». (4) Bref, pour le GIGC, la notion de parasitisme n’a aucune valeur politique et n’est qu’un poison pour la Gauche communiste, mais en même temps le CCI est présenté comme le parasite le plus dangereux.

– Le camouflage constant dans l’ambiguïté, la confusion, où tous les acteurs semblent tourner le même film.

– Le réveil des fantômes du passé : exploiter misérablement les traumatismes de la contre-révolution stalinienne de manière sentimentale.

L’histoire du GIGC, tout comme celle de Nuevo Curso et de l’aventurier Gaizka, est rangée dans un endroit que « personne n’a besoin de connaître » et qui « n’est pas trop important », elle n’a pas besoin d’être clarifiée ou débattue. Nous devrions faire aveuglément confiance à ce qu’ils disent. Le cas du blog Nuevo Curso, qui prend la forme d’un journal bourgeois, est particulièrement illustratif : il a connu tant de changements d’image que sans le suivi de son évolution par le CCI, sa véritable histoire trouble semblerait inaccessible (nous ne parlons pas ici de l’histoire créée après coup). Que dire de l’aventurier Gaizka, qui est revenu à une réunion publique du CCI à Madrid comme si ses relations et son comportement aventuristes n’avaient pas été découverts dans le passé par le CCI. Gaizka connaît vraiment son passé, il ne l’a pas oublié, et il n’a aucun intérêt à l’exposer : il ne peut pas le nettoyer, car les mêmes méthodes qu’il a toujours utilisée lui servent encore dans le présent.

Le GIGC fuit à tout prix les « divergences fondamentales » qui l’ont fait s’ériger en fausse fraction (nous ne parlons pas ici non plus des « divergences » dont il se serait rendu compte après coup).

Conformément à ce qui a été dit plus haut sur la méthode historique, nous devons nous armer de la nécessité de principes éthiques et des principes d’organisation prolétariens, qui vont au-delà des principes politiques abstraits qui peuvent facilement devenir de simples apparences. Nous devons trouver cette éthique dans l’histoire de notre classe et nous l’approprier afin de lutter contre l’ambiguïté et la duplicité. Nous devons lutter contre la superficialité des évidences, mais partir du fait indéniable que les nouveaux éléments qui s’approchent des positions de la Gauche communiste ne distinguent pas très bien les divergences de fond entre différents groupes et peuvent percevoir la même odeur de pourriture de la politique bourgeoise (ce qui s’est produit lors de la démoralisation des membres du Nucleo Comunista Internacional en 2005, par exemple). La fonction de la fausse « Gauche communiste » pour le capitalisme est qu’ici aussi, il n’y a pas de distinction claire d’un point de vue de la morale prolétarienne entre le bon, le mauvais et le déloyal.

En ce qui concerne l’éthique prolétarienne, nous avons également une série de faits qui, dans l’ensemble de son histoire, caractérisent le GIGC comme un groupe totalement étranger à la classe ouvrière. Certains de ces comportements, qui sont des faits :

Lorsqu’ils étaient une « organisation dans l’organisation » :

– le refus de payer les cotisations ;

– le refus de défendre leur comportement lorsqu’il était critiqué ;

– la tenue de réunions secrètes.

Avant et après leur exclusion, ils se comportaient comme des mouchards :

– à l’intérieur, ils faisaient circuler des rumeurs selon lesquelles un camarade était un agent infiltré de la police.

Après leur exclusion, ils ont indirectement laissé entendre qu’il y avait une taupe au sein du CCI, car des informations internes au CCI leur sont parvenues comme par magie (ils n’ont jamais dit comment), qu’ils ont rendues publiques, y compris des relations familiales entre militants et les véritables initiales de certains militants :

– ils ont rendu publique la date d’une conférence du CCI au Mexique ;

– ils ont fait circuler de fausses rumeurs ou des informations non pertinentes telles que « le CCI loue une chambre de luxe » qui ne peut avoir pour but que d’attaquer le CCI en disant « regardez, le CCI est riche et dilapide l’argent des militants » ;

– ils ont volé des documents ;

– ils ont parlé de Marc Chirik comme s’il était un gourou ou un roi avec des « héritiers » ;

– ils ont proclamé qu’un individu particulier dirigeait en sous-main le CCI ;

– ils ont dit que la tradition de la Gauche communiste de rechercher la vérité des faits ne fait que « répandre la méfiance » ;

– ils ont eu une attitude de chercher à fourguer en douce leur camelote et de recourir à l’intimidation : pendant un temps, ils se sont obstinés à envoyer leur bulletin malgré les protestations, tant à des militants du CCI qu’aux contacts dont ils avaient volé l’adresse. À quoi cela leur servait-il ? Entre autres, à faire fuir les contacts loin de cette atmosphère putride et intimidante.

– ils ont inventé des mensonges ridicules, par exemple, celui que le CCI « cherche à cacher ses problèmes internes ». Alors qu’il est clair que c’est la seule organisation qui tire actuellement ouvertement les leçons de ces problèmes.

La solution aux graves problèmes auxquels est confrontée la Gauche communiste, aggravés par le manque de clarté face au parasitisme et à l’aventurisme, ne peut être de cacher le linge sale sous le lit, de creuser une tombe pour le passé, mais de comprendre pourquoi la saleté s’était introduite et d’aérer les lieux par un débat sur les principes éthiques prolétariens, de nettoyer la vérité pour la débarrasser de la boue qui la recouvre. Non pas en oubliant, mais en développant des leçons claires pour la lutte. Les falsifications et l’ambiguïté sur l’histoire commencent par une première étape consistant à cacher le linge sale comme s’il s’agissait d’une chose dont on doit avoir honte (l’autre côté de la logique de la honte serait de présenter les erreurs comme si elles étaient une gêne… et ainsi entrer dans le cercle vicieux de sentiments étrangers à l’éthique prolétarienne : la honte, l’envie et la vengeance).

Cette attitude opportuniste a été démontrée par la TCI, (5) une organisation de la vraie Gauche communiste, qui risque d’entraîner progressivement la Gauche communiste sur un terrain où il est difficile de distinguer la confusion et les erreurs réelles des actes délibérés de confusionnisme dans lesquels prolifèrent des éléments et des groupes aux intérêts étrangers à la classe ouvrière. Par exemple, si la TCI ne lutte pas clairement pour la vérité des faits, des éléments étrangers à la classe peuvent s’avancer sur un terrain peu clair et où il ne serait pas nécessaire de clarifier de telles choses.

Par cette lettre, je veux exprimer ma solidarité avec le combat du CCI et sa lutte pour la vérité des faits, la clarté de la tradition de la Gauche communiste et l’éthique prolétarienne. Je le fais en réponse aux deux derniers textes que vous m’avez envoyés pour discussion.

Fraternellement,

Teivos, 10 avril 2021

 

1) Marx, Préface à Une Contribution à la critique de l’économie politique.

2) Marx, L’Idéologie allemande.

3) Marx, Préface à Une Contribution à la critique de l’économie politique.

4) « Bilan et perspectives du 23e Congrès du CCI : introduire le poison de la théorie opportuniste et destructrice du parasitisme parmi les nouvelles forces révolutionnaires » (texte du GIGC de juillet 2019).

5) « La vérité est révolutionnaire – Pour une histoire factuelle de la Gauche communiste » (Correspondance avec la TCI).

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