CONTRE LES MENSONGES TROTSKYSTES - EN POLOGNE AUSSI IL FAUT DÉTRUIRE LE CAPITALISME

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LE SOULEVEMENT DES OUVRIERS EN POLOGNE A FAIT TREMBLER LA SOCIETE SUR SES BASES. CELA FAIT PEUR EN POLOGNE, MAIS PAS SEULEMENT EN POLOGNE. LES FAITS SONT TROP PARLANTS, ET LA BOURGEOISIE OCCIDENTALE NE TIENT PAS A CE QUE LE MYTHE DU SOCIALISME A L'EST S'ECROULE. TOUTE SON INSISTANCE PORTE SUR LE CARACTERE PROFONDEMENT "REFORMATEUR ET DEMOCRATIQUE" D’UN MOUVEMENT QUI POSE EN FAIT DES QUESTIONS PROFONDEMENTS REVOLUTIONNAIRES.

EN SON SEIN, LES TROTSKYSTES, TOUT EN CRITIQUANT LES "EXCES" DU SYSTEME, SE FONT SES DEFENSEURS EN POSANT TOUT EN TERMES DE "REVOLUTION DEMOCRATIQUE CONSERVANT LES BASES DU SYSTEME SOCIALISTE". LES OUVRIERS N'AURAIENT, SELON EUX, AUCUNEMENT REMIS EN QUESTION L'ORGANISATION SOCIALE, MAIS SEULEMENT DEMANDF "D'INTERVENIR PLUS DANS SA GESTION". C'EST CELA? POUR EUX, LA "NOUVELLE REVOLUTION" A FAIRE A L'EST!

il n'est pire sourd que celui qui ne veut entendre. Pour les trotskystes, les derniers évènements en Pologne sont la confirmation éclatante de leurs thèses sur les "Etats ouvriers dégénérés". D'après cette théorie, inventée par Trotsky dans l'entre-deux guerres, pour expliquer la nature de classe de la Russie stalinienne, dans un "Etat ouvrier dégénéré" les ouvriers devraient, pour s'émanciper, faire une révolution, mais une révolution "partielle": l'économie y serait déjà socialiste, et les ouvriers n'auraient donc qu'une révolution "politique et démocratique" à faire.

Comme les staliniens, les trotskystes affirment que l'oppression que subissent les ouvriers en Pologne n'est pas capitaliste. Que contrairement â leurs pareils en occident, ce n'est pas contre l'ordre capitaliste que les ouvriers se battent à l'est. Pour eux, les travailleurs des pays de l'est ne devraient accomplir que des changements de forme, puisque les bases sociales sont largement socialistes. Planification, nationalisation, telles sont pour eux les mamelles du communisme. C'est avec ce genre de boniments que les trotskystes contribuent S brouiller les cartes en dénaturant la perspective même du communisme : si le communisme, c'est de l'URSS plus un peu de démocratie, Marchais plus un peu de Mitterrand non merci.

Pour qui ne se fie qu'aux apparences, et surtout aux travestissements de la presse bourgeoise, à l'est comme à l'ouest, le mouvement de grève de masse en Pologne peut sembler avant tout un mouvement pour une "démocratisation du système", les ouvriers essayant d'imposer des organes syndicaux, la liberté de presse, de réunion, etc. Mais pour qui a une vision claire de l'exploitation, la lutte des ouvriers en Pologne est avant tout la preuve que les ouvriers se battent fondamentalement contre la même oppression dans le monde, en s'opposant â la logique d'un système qui domine la terre entière.

DES BASES ECONOMIQUES PUREMENT CAPITALISTES

-les nationalisations

  • "La révolution que la bureaucratie prépare contre elle-même ne sera pas sociale comme en octobre 17. Il ne s'agira pas de changer les bases économiques de la société, de remplacer une forme de propriété par une autre." (Trotsky, "La révolution trahie")
  • "Pour instaurer le socialisme, les travailleurs en Pologne ne remettront pas en cause la nationalisation des moyens de production". ("Dossier Rouge" N°1, publié par la LCR).

Une des confusions essentielles sur laquelle se basent aujourd'hui ceux qui défendent le capitalisme d'Etat, c'est de confondre rapports de propriété et rapports de production.

Trotsky considérait la forme INDIVIDUELLE de la propriété privée comme une des caractéristiques essentielles du capitalisme. Or, ce qui est la caractéristique essentielle du capitalisme, c'est que la propriété des moyens de production est privée à ceux qui produisent. Que ce soit l'Etat ou un patron individuel qui soit propriétaire de ces moyens de production ne change rien au fait que l'ouvrier est totalement séparé de ce qu'il produit,

que les moyens de production, au lieu d' être des instruments au service de son bien-être, sont utilisés contre lui, comme des machines qui le pressurent pour lui extorquer toujours plus. Est-ce que pour un OS il y a une différence essentielle entre Renault et Michelin?

La panacée trotskyste de la nationalisation est appliquée à grande échelle à l'Est. Est-ce que les ouvriers en cessent pour autant d' être exploités? Est-ce que les. usines, les marchandises, tout ce qui est produit est fait en fonction de leurs intérêts? Les ouvriers polonais ne se sont-ils pas révoltés contre la situation qui leur est faite, tout comme à l'ouest : celle de marchandise qu'on entretient au plus bas coût possible, en augmentant sans trêve la productivité et les cadences et en leur accordant le strict minimum de ce qui est nécessaire pour qu'ils "entretiennent leur force de travail" comme on entretient une machine.

La bourgeoisie privée a été expropriée â l'Est. Mais l'Etat, propriétaire, exploite tout autant les ouvriers. Et cette exploitation se fait suivant les règles fondamentales du capitalisme : salariat, accumulation du capital, orientation de la production en fonction de la rentabilité et de la compétitivité du capital national sur le plan du commerce mondial.

L'Etat à l'est comme à l'ouest est un Etat capitaliste. La révolution ouvrière, qui consiste en premier lieu dans la DESTRUCTION de l'appareil d'Etat bourgeois est, de ce fait rnême, destruction des fondements de l'économie gérée par cet Etat.

Ce n'est pas uniquement contre les POLITICIENS au pouvoir que les ouvriers polonais se battent, mais AUSSI contre les lois économiques qui font d'eux des exploités et de l'Etat, et de ses membres, des exploiteurs capitalistes.

Il n'y a pas plus de choses à sauvegarder de l'actuelle société à l'Est qu'à l'Ouest.

Mais, insistent les trotskystes, la preuve que c'est SEULEMENT une question "politique" de démocratie et de participation, c'est que tout est fait en Pologne et à l'est en général pour que l'économie ne fonctionne plus selon les lois aveugles du capitalisme, mais selon des décisions conscientes.

-la planification

  • "La logique de la production n'est plus, pour l’essentiel, la logique du profit, mais elle est déterminée par un plan." Ce qui est très différent de l'ouest OÙ "les biens sont produits pour être vendus sur le marché et c'est en fonction du profit plus ou moins grand réalisé dans tel ou tel secteur que se dirigent les investissements." (Dossier Rouge, op. Cit.)

LE PLAN, voilà ce qui suivant les trotskystes faciliterait grandement la tâche dû prolétariat. Il suffirait d'en changer la "direction consciente" pour que par miracle exploitation et oppression disparaissent. C'est le même écho qu'on retrouve chez Walesa quand il clame : "seule une participation ouvrière aux décisions du plan peut sortir le pays de la crise". Il en faudra plus pour que la Pologne réorganise entièrement la société selon une autre logique, que production, distribution, circulation de marchandises soient dictées par les besoins humains.

A l'Ouest aussi, il y a des plans, et l'Etat tente de les respecter avec d'ailleurs plus de succès qu'à l'Est. Cela ne prouve en rien un quelconque changement dans le caractère "conscient" de l'orientation de la production. Pourquoi ces plans seraient-ils si différents à l'Est? Qu'est-ce qui les dicte, en fonction de quoi sont-ils établis? Qu'est-ce qu'ils planifient?

Est-ce en fonction d'une "décision consciente" que la Pologne exporte son charbon pendant que ses habitants se gèlent ou en fonction des lois aveugles et impitoyables de l'échange capitaliste suivant lesquelles il faut vendre pour produire et produire pour vendre? Est-ce en fonction d'une "décision consciente" de quelques bureaucrates agressifs qu'au moins 20% (12 officiellement) de la production est destinée à la guerre, ou en fonction des lois capitalistes de la concurrence inter-impérialiste mondiale? Est- ce en fonction d'une "décision consciente" que l'économie nationale sombre dans la faillite, ou en fonction de la loi implacable de la crise mondiale du système capitaliste dans son entier qui s'enraye à ne plus pouvoir vendre?

La gestion de l'activité productive ne pourra devenir une activité réellement CONSCIENTE au sens vrai du terme, que lorsque les lois capitalistes auront-elles- mêmes disparues. Quand la production humaine sera orientée par l'ensemble des membres de la société vers la satisfaction de leurs besoins quels qu'ils soient. Quand l'abondance succédera à la pénurie, quand les forces productives ne seront plus entravées par les aberrations des lois économiques du capitalisme, de la rentabilité à courte vue. Alors et alors seulement la planification sera un outil conscient pour le bien- être des hommes. En attendant, dans le cadre des lois capitalistes la planification aveugle et empirique de l'exploitation et de l'absurdité du système est la seule possible, avec ou sans "contrôle ouvrier".

Les revendications "sociales" des ouvriers en Pologne, salaires, conditions de vie, santé transports, etc., (dont les trotskystes parlent le moins possible) ne sont pas seulement incompatibles avec le "plan" mal établi par des bureaucrates pervertis. Elles sont incompatibles avec le système capitaliste qui règne en Pologne, comme ailleurs, et dont la crise dicte une aggravation des conditions de vie de la classe ouvrière.

- les classes

Autre agrément des pays de 1'Est pour les trotskystes : il n'y a plus de classe dominante. Certes, les ouvriers ont devant eux un Etat, mais la couche qui le dirige, disent-ils, N'EST PAS UNE CLASSE, simplement une couche parasitaire sans force., sans assise économique :

  • "La capitulation immédiate de la bureaucratie face à une mobilisation massive n'est pas une nouveauté (...), ce sera encore le cas demain, y compris en URSS. Pour nous, trotskystes, ceci est lié à la nature de cette bureaucratie gui ne peut agir que comme "fondé de pouvoir" de la classe ouvrière. C'est bien sûr un fondé de pouvoir qui vole la classe ouvrière, la bureaucratie ment, vole, réprime, pille, mais elle n'a ni rétabli le capitalisme, ni su établir une nouvelle société d'exploitation qui ait sa logique propre." ("Dossier Rouge"N°1)

En d'autres termes, le pouvoir, c'est les ouvriers qui l'ont, seulement ils l'ont délégué à une bureaucratie qui ne s'en sert pas bien. Aussi dès que les ouvriers lèvent la voix, la bureaucratie se soumet immédiatement à son maître .Seuls les cerveaux de petits aspirants bureaucrates peu vent concevoir une telle vision. La réalité est tout autre, et les ouvriers le savent eux, qui ont toujours vu les "capitulations" apparentes de l'Etat être suivies de sa victoire : en 70, après une répression féroce, des revendications ont été accordées, et effacées par l'inflation en quelques mois. 6 ans plus tard, une nouvelle hausse des prix provoquait un nouveau soulèvement. Le gouvernement a "cédé", mais ce sont les mêmes problèmes qui se posent en 80. La "capitulation" immédiate a certes une racine dans la force de la classe en comparaison de la force de la bureaucratie assise sur un système pourri. Mais ce sont justement les lois implacables de l'économie capitaliste nationale qui reprennent le dessus dès que la force de la classe ouvrière marque le pas.

LA BUREAUCRATIE EST-ELLE UNE CLASSE?

C'est "le capital qui produit le capitaliste et non le capitaliste qui produit le capital" (Marx). Les gestionnaires du capital, ceux qui décident quelle part de la production sera réinvestie, quelle sera pour eux et quelle ira aux ouvriers, sont des capitalistes. Ils constituent une classe qui gère l'exploitation ouvrière et en tire profit : la bourgeoisie. Qu'ils soient "salariés" ou non ne change rien à l'affaire. A elle seule, l'existence de l'Etat suffit à prouver l'existence de classes opposées, exploiteuses et exploitées : "L'Etat est le produit et la manifestation de ce fait que les contradictions de classes sont inconciliables" (Lénine).

Ce que la LCR trouve "révolutionnaire" dans les revendications des ouvriers polonais est justement ce qui véhicule les pires confusions, diffusées en particulier par le KOR : par exemple la revendication selon laquelle il faut désigner les directeurs "selon leur qualification et non en fonction de leur appartenance au parti ", et d'ajouter : "dans quel pays capitaliste verrait-on un ancien dirigeant gréviste devenir patron? (Dossier Rouge)" Comme le disait L.0. lors d'une campagne électorale : "ce n'est pas juste que ce soit toujours les mêmes qui soient présidents." Voilà bien le piètre communisme que nous offre les trotskystes : le communisme, c'est d'avoir de bons contremaîtres!

Comprendre que la bureaucratie est une classe, la bourgeoisie, dans un système décadent et totalitaire, c'est comprendre la vraie dimension du combat contre elle : le combat du prolétariat mondial contre le système de la bourgeoise mondiale.

Trotsky le reconnaissait : si ces rapports (Etat-bureaucratie-classe ouvrière) se stabilisaient, ils finiraient par la liquidation complète des acquis de la révolution prolétarienne. " (La révolution trahie).

Depuis plus de 50 ans qu'ils se stabilisent, les trotskystes n'ont pas encore compris ce que signifiait le capitalisme d'Etat, et en sont venus à colporter les pires des mystifications nationalistes bourgeoises cherchant des replâtrages du système. Les ouvriers polonais, eux, comprennent de plus en plus clairement de quelle nature est l'oppression qu'ils subissent. Quand ils comprendront qu'elle est de même nature que celle que subissent leurs pareils dans le monde entier, mensonges trotskystes et trotskisants qui entravent encore à certains moments leurs combats seront balayés avec tout le fatras qui soutient le système d'exploitation. La révolution de la classe ouvrière mondiale est partout sociale, économique ET politique. Partout les tâches qui l'attendent sont :

  • Destruction de l'Etat bourgeois et mise en place du pouvoir des conseils ouvriers.
  • Transformation des rapports de production, destruction de l'exploitation, du salariat.
  • Transformation du but de la production : vers la satisfaction des besoins de l'humanité toute entière.

D.N.

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Pologne 1980