Où en est la crise?

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LE CHOMAGE DANS LES ANNEES 30

Après une progression du chômage foudroyante qui s'est traduite, notamment aux Etats-Unis, par une situation so­ciale explosive, la mise en oeuvre des politiques de relan­ce par l'Etat a permis de faire régresser le nombre des sans-emploi jusqu'à l'ouverture de la guerre. De plus la mise en place de systèmes d'allocation pour les chômeurs et d'aides sociales diverses constitue pour un prolétariat encore marqué par l'écrasement sanglant de la révolution, le piège qui va permettre à la bourgeoisie de désamorcer la bombe politique que constitue un fort taux de chômage au coeur du capitalisme industriel.

Source: A.Madisson, « Economic Grouth ».

LE POIDS DE L'ETAT DANS L'ECONOMIE DES ANNEES 30

L'Etat prend une part de plus en plus importante dans l'économie natio­nale que ce soit par l'économie de guerre comme en Allemagne, le New Deal aux Etats-Unis, ou les nationalisations du Front Populaire en France. L'Etat s'endette, cela permet de retarder les effets de la crise qui rejaillit. Ce répit permet une politique d'embrigadement du prolé­tariat dans la guerre derrière les illusions de l'Etat social: national-socialiste, stalinien et derrière le Welfare-State démocratique.

LE CHOMAGE AUJOURD'HUI

La progression du chômage suit une courbe différente au­jourd'hui de celle de la grande crise des années 30. La progression est lente mais croît régulièrement durant tou­tes les années 70. Le début des années 80 montre une flam­bée de la progression. Plus de 11 millions de chômeurs aux USA, plus de 3 millions en GB, plus de 2,5 millions en RFA. Pour l'ensemble des 24 pays de l'OCDE c'est un total de 32 millions de chômeurs (comme si plus personne ne travail­lait en RFA, en Belgique et aux Pays-Bas). De ce point de vue la situation est inverse de celle des années 30. La crise se développe sur l'usure (qui se tra­duit par une inefficacité croissante) des mesures qui avaient permis à la bourgeoisie de faire face à la crise de 29. Le chômage se développe inexorablement et de plus en plus vite, tandis que les aides sociales, elles, dimi­nuent. La situation sociale va devenir de plus en plus ex­plosive. L'emploi ne va pas se développer alors que les investissements chutent.

LA CHUTE DES INVESTISSEMENTS

L'impossibilité de vendre sur un marché sursaturé les marchandises produites, le sous-emploi du potentiel produc­tif qui en résulte, poussent la bourgeoisie à réduire ses investissements industriels et à destiner une part crois­sante de ses capitaux à la spéculation (monnaies, or, ma­tières premières). Elle est conduite à concentrer l'essen­tiel de ses investissements dans la recherche de la compé­titivité par une mécanisation, une automation intensives. Ce qui, de fait, supprime beaucoup plus d'emplois qu'il n'en est créé . Même une hypothétique relance -dont on parle tant- ne ferait qu'accélérer cette tendance. Le chômage, dans ces conditions, ne peut que s'accroître.

Source : OCDE, "Perspectives  Economiques",   déc.82

L’ENDETTEMENT MONDIAL

La politique de relance se fonde sur l'endettement de l'Etat. Au début des années 30, cette politique était nouvelle : l'Etat n'était pas encore surendetté. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Les USA, qui ont été le moteur des relances successives dans les années 70 se sont surendettés à l'ex­trême : la dette publique et privée avoisine un total de 5000 milliards de $. Pour rembourser cette dette, il faudrait que les travailleurs américains travaillent de 1,5 à 2 ans sans être payés.

La politique d'austérité qui visait à résorber cet endettement se heurte non seulement à la difficulté d'attaquer le niveau de vie de la classe ouvrière toujours combative, mais aussi à l'instabilité du système monétaire international. Le co­lossal déficit budgétaire américain (plus de 100 milliards de $ en 1982 et on parle pour l'année qui vient d'un défi­cit de 200 milliards de $), la nécessité de venir au secours du tiers-monde afin d'éviter un écroulement financier, impose de faire marcher la pompe à finances du FMI (qui a augmenté récemment ses avoirs de 74%). La bourgeoisie doit faire marcher la planche à billets : la potion Reagan-Tchatcher est impuissante à faire face à l'endettement et au danger d'une relance de l'inflation qui menace. La relance ne peut être qu'une relance de l'inflation.

Source : OCDE, id.

UNE INFLATION TOUJOURS PRESENTE

Pour justifier la politique de récession menée ces dernières années, la bourgeoisie se targue d'avoir jugulé l'inflation. En fait, l'inflation sévit toujours et surtout, les pressions inflationnistes augmentent malgré la récession.

La politique de relance relance l'inflation, sans empêcher la tendance à la récession de s'imposer ; la politique de récession plonge l'économie dans le marasme sans enrayer les tendances inflationnistes.

La baisse de l'inflation de ces dernières années est momen­tanée ; les années qui viennent vont voir se développer une inflation croissante parallèlement à un chômage croissant.

La classe ouvrière n'a pas d'illusions à se faire : toutes les politiques économiques de la bourgeoisie sont impuissan­tes à faire face à la crise.

Source : OCDE, id.

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