Soumis par Revue Internationale le
1 — La crise, qui a commencé à toucher, depuis 1965, les pays développés et dont le cours s'est brutalement accéléré depuis fin 1973, n’est ni une crise de civilisation, ni une crise monétaire, ni même une crise de matières premières, ou de "restructuration" mais la crise du système capitaliste mondial.
2 — L'extension du chômage qui accompagne la baisse généralisée de la production mondiale et dont l'ampleur est comparable à 1929, la multiplication des famines et des épidémies dans certains pays du tiers monde, les "crises" agricoles jusque dans les pays les plus développés sont les symptômes les plus clairs que la maladie actuelle qui ébranle le capital mondial à un rythme accru n'est pas une simple "dépression" momentanée, conjoncturelle ou cyclique mais la convulsion d'un système à l'agonie.
3 — Cette seconde crise ouverte du système capitaliste confirme avec éclat la thèse défendue par les révolutionnaires depuis presque 60 ans. A là suite de 1' Internationale communiste, que la période ouverte par la première guerre mondiale est la phase de déclin d'un mode de production parvenu au terme de sa trajectoire historique. Dans cette phase, la crise mondiale est le reflet de l'état de décomposition d'un système entré en décadence.
4 — Les tentatives répétées du capitalisme avec la fin de la période de reconstruction qui a suivi les destructions du second conflit impérialiste, d' échapper à la crise ouverte en rejetant les premiers symptômes dans les zones arriérées et en cherchant dans les guerres locales, en particulier dans la guerre du Vietnam, un exutoire à ses propres contradictions, se soldent aujourd'hui par un cuisant échec. Par un effet de boomerang, elles n'ont fait qu'accentuer en retour les effets destructeurs du choc de la crise.
5 — Contrairement à 1929, où un krach généralisé signifiait le début de la phase de crise ouverte, la crise actuelle se caractérise non plus par un effondrement-brutal mais par un étalement prolongé dans le temps. La bourgeoisie, poussée par son propre instinct de conservation de classe a tiré les leçons de la précédente crise en accélérant le phénomène tendanciel de prise en charge par l'Etat de l'ensemble de l'économie. L'injection de capital fictif, sous forme d'une inflation généralisée, dans les cellules nécrosées du capital, a permis et permet encore de freiner la chute du système jusqu'à un effondrement final.
6 — Néanmoins, la mise en place de ces paliers successifs dans la descente au fond de la crise n'a fait qu'amplifier en sur face ce que le capitalisme tentait de conjurer dans le temps. Aujourd'hui, quels que soient l'hémisphère, le continent, la nation, la crise a jeté sa chape de plomb sur l'ensemble du monde. Les divers "miracles économiques" avec leurs régulières et rapides courbes de croissances ne sont plus que des fantômes qui hantent la mémoire de la classe dirigeante. La tâche sombre du tiers monde en crise permanente dans les années de reconstruction a fini par envahir l'ensemble de la scène économique mondiale.
6 bis — L'économie mondiale -malgré l'extension de l'appareil du capitalisme d' Etat dans chacune de ses cellules nationales- est condamnée désormais à subir les oscillations dé plus en plus rapprochées de l'hyperinflation et de la déflation brutale. Cette courbe sinusoïdale dans l'utilisation de plus en plus frénétique de capital-monnaie ne fait que traduire 1'asphyxie progressive qui gagne l'économie mondiale sous la double forme de la surproduction et de déficits budgétaires de plus en plus massifs et dont la conjonction ne peut qu'entrainer à la longue l'effondrement brutal.
7 — Les pays du bloc russe, les multiples et pittoresques variétés de "socialisme" qui, aux dires de la "gauche" et des gauchistes, ne pouvaient connaitre les affres de la crise grâce à leur planification prétendument "scientifique", "socialiste" ont en 1975 plongé eux aussi dans la crise. Ce retard dans la crise qui s'explique par les mécanismes mis en place, les manipulations permanentes exercées par le "capital idéal : l'Etat" met ces pays brutalement et à l'improviste dans une situation de moindre résistance au choc d'une crise amplifiée par la masse des pays atteints.
8 — La crise des pays de l'Est est la confirmation éclatante de la thèse marxiste selon laquelle le capitalisme entré en décadence est dans l'incapacité de se résoudre ses contradictions. Le "capitalisme d'Etat" n'est pas une "solution" à la crise, comme le soutiennent et les staliniens et les tenants des théories conseillistes qui y voient du "socialisme d'Etat". L'échec de cette "solution" prive aujourd'hui la bourgeoisie d'une de ses mystifications les plus puissantes.
9 — Les révolutionnaires ne peuvent que dénoncer avec la plus grande énergie les mystifications de "reprise" mises aujourd'hui en avant par la bourgeoisie, que ce soit sous forme de "plans de relance" ou de nationalisations. Leur propagande au sein de leur classe doit être axée sur le fait que dans le cadre du système capitaliste décadent les soi-disant "solutions" ne sont que des replâtrages qui signifient attaque de son niveau de vie et aggravation constante de ses conditions d'existence.
10 — Aujourd'hui, comme il y a 50 ans, la seule alternative est : guerre ou révolution. Sur un marché hyper saturé, où chaque capital national a besoin pour survivre d'exporter ses propres marchandises au détriment des autres capitaux qui le concurrencent, il ne peut y avoir d'autre "solution" que celle de la force. La projection brutale du prolétariat dans la réalité de la crise dont l'issue ne peut être que son utilisation comme chair à canon d'un troisième conflit impérialiste qui pourrait bien signifier pour l'humanité une chute irrémédiable dans la barbarie comme l'ont montré les 2 guerres précédentes, met à l'ordre du jour la nécessité de la révolution communiste permettant à l'humanité de passer du règne de la nécessité dans le règne de la liberté.
11 — Contrairement à l'entre-deux-guerres, la tendance actuelle n'est pas à la guerre impérialiste. Le prolétariat a manifesté depuis la fin de la période de reconstruction une combativité décuplée par l’approfondissement de la crise. Seul un écrasement brutal du prolétariat ou des défaites répétées pourraient inverser la tendance actuelle à la révolution en tendance à la guerre impérialiste. Aujourd' hui, la coïncidence de la crise avec un essor des luttes prolétariennes met à l’ordre du jour la révolution prolétarienne, dans les conditions telles que Marx les avaient envisagées et non pas au sortir d'une guerre impérialiste comme ce fut le cas de la vague révolutionnaire passée, dont le déclenchement pouvait signifier la disparition du mouvement prolétarien.
12 — Comme l'ont montré les deux grands conflits impérialistes, pour la bourgeoisie il ne peut y avoir d'autre perspective que celle de la guerre. Si la guerre impérialiste, dont les destructions généralisées à l'ensemble de la planète, entraînent une régression des forces productives, ne saurait être un remède au déclin du capitalisme qu'elle accélère chaque fois plus, pour le capital elle est son unique sortie de secours. En aucun cas elle ne peut résoudre le problème de la crise : elle est la continuation de la crise avec d'autres moyens.
13 — Si le cours actuel n'est pas celui de la guerre, c'est néanmoins par le biais des "luttes de libération nationale" ou des guerres locales que le capital teste et perfectionne tout son arsenal de mort dans le cadre de ses préparatifs permanents à l'éventuel d'un troisième conflit mondial.
14 — La fin de la guerre du Vietnam ne marque pas le début d'une ère de "paix armée" entre les deux blocs que viendrait sanctionner des conférences d'Helsinki. L'industrie d'armements' est le seul secteur de l'économie qui dans la crise actuelle connaît un développement rapide et fiévreux. L'année 75 a été celle du plus formidable programme d'armement qu'ait connu l'humanité loin d'établir, comme le prétendent d'attardés descendants de Kautsky, l'ère d'un condominium russo-américain, elle marque 1'accélération d'une course aux armements, dont la seule limite est la combativité- accrue du prolétariat.
15 — Si les deux blocs impérialistes continuent à jauger leurs forces dans les zones marginales du capitalisme, c'est aujourd'hui à proximité des zones vitales du système que se déplacent les conflits inter-impérialistes. Le Bassin méditerranéen, où la Russie et les USA s'affrontent au travers de la guerre civile, tend à devenir "la poudrière du monde capitaliste". Le développement de la guerre en Angola, les incidents de frontière entre l'Inde et la Chine d'une part, entre celle-ci et la Russie d'autre part, sont le signe que pour des raisons à la fois stratégiques et économiques les deux grands impérialismes concentrent leurs forces dans une périphérie toujours plus proche des pôles industrialisés du capital.
16 — La multiplication de guerres locales entre pays d'un même bloc (Grèce et Turquie) ou l'apparente "indépendance nationale" accordée aux pays de l'Asie du Sud-est par les deux grandes puissances impérialistes ne signifient pas un affaiblissement des blocs constitués autour de l'URSS et des USA. De tels phénomènes montrent que chaque camp a renforcé sa mainmise politique dans sa zone d'influence au point de ne plus avoir besoin de recourir à des interventions militaires directes. L'apparent développement des forces centrifuges qui s'exercent au sein de chaque bloc et qui trouvent leur origine dans les tentatives désespérées de chaque bourgeoisie nationale de trouver un moyen de résoudre seule "sa" propre crise, n'est qu'une résistance anachronique à la force centripète qui pousse chaque capital national dans le giron de son bloc impérialiste respectif. Aujourd'hui le mot d'ordre de chaque bourgeoisie ne peut plus être "chacun pour soi" comme dans la période de reconstruction, mais "coulons tous ensemble". L'effrontément d'un seul pays industrialisé pouvant entraîner la chute de tous les autres et la nécessité de renforcer les blocs dans la perspective d'une guerre mondiale imposent de plus en plus une discipline de fer au sein de chaque camp.
17 — Dans le jeu des forces des grandes puissances impérialistes qui avancent leurs .pions respectifs sur l'échiquier mondial, ce sont les Etats-Unis qui ont marqué le plus de points aux dépens de la Russie qui a du en partie se replier sur son "glacis" dont elle a renforcé la cohésion et la discipline, même si la politique extérieure reste axée sur la recherche fébrile de nouveaux points d'appui stratégiques. La Chine comme troisième puissance impérialiste, joue un rôle identique à celui de la Russie d'avant 14 : cherchant à se constituer des zones d'influence en Asie et en Afrique, sa faiblesse économique l'empêche de pouvoir mener par ses propres forces une politique d'expansion. Comme la Russie tzariste elle est destinée à fournir le gros de la chair à canon au profit d'un bloc dans un troisième conflit impérialiste. Si actuellement elle s'est alliée avec les USA contre la Russie, l'histoire de ces cinquante années montre qu'un renversement d'alliance est toujours possible.
18 — La thèse répandue par les gauchistes de l'affaiblissement de l'impérialisme US sous les coups des "luttes de libération nationale" est un pur instrument de mystification et une tentative d'embrigader les prolétaires dans le camp russe. Son corollaire de l’"effritement des blocs" quand il n'est pas une apologie voilée du nationalisme sous la forme de 1'"indépendance nationale" est une dangereuse sous-estimation, des préparatifs de guerre du capital menant soit à l'attentisme soit au pacifisme.
19 — Face à la reprise de la lutte de classe du prolétariat dont le développement est .une menace mortelle pour le capital, celui-ci ne peut que globalement renforcer ses préparatifs et sa cohésion pour ne plus former qu'un seul bloc dans la perspective du surgissement dé la révolution prolétarienne. Face à la bourgeoisie qui est amenée à prendre les mesures les plus extrêmes pour sortir d'une crise dont le prolongement signifierait son propre arrêt de mort, le prolétariat ne peut qu' être amené à comprendre l'immensité de la lutte sans merci qu'il devra mener contre son ennemi mortel
20 — Le krach de 1929 pouvait faire croire aux révolutionnaires dans le passé que la crise constituait un facteur de démoralisation du prolétariat ouvrant le cours fatal vers la guerre. Au contraire, la crise actuelle est une véritable école de combat du prolétariat, dont les craintes se dissolvent dans le feu de la lutte de classe. Dans la période actuelle, l'approfondissement de La crise sous les coups répétés de la lutte de classe internationale ne peut qu'accélérer le cours de celle-ci, renforçant, en cohésion et en force les rangs prolétariens, condition même de son passage à un stade qualitativement supérieur au niveau de sa conscience et son" organisation. Le géant endormi par cinquante ans de contre-révolution a ressurgi sur la scène historique, avec de nouvelles forces, galvanisé par la crise. De l'Espagne à l'Argentine, de l'Angleterre à la Pologne, quel que soit le nom que se donne le système qui l'exploite, le prolétariat est de nouveau le spectre qui hante le monde.
21 — Alors qu'aux explosions ouvrières de 68-71 en Europe avait succédé un certain reflux des luttes, l'année 1975 a marqué une nouvelle étape dans la lutte de classe du prolétariat, sous la forme d'une résistance farouche aux assauts du capital (chômage massif, diminution rapide de l'ancien niveau de "vie") une fois le premier effet de stupeur dissipé. Le cours de la lutte de classe est aujourd'hui à un tournant décisif. L'irruption de la lutte de classe encore lente et sporadique, de quantitative et ponctuelle, tend à se hisser de .plus en plus à un stade qualitativement supérieur en gagnant en extension et en profondeur ce qu’elle a perdu en masse momentanément. Alors que le renouveau des luttes ouvrières se faisait jusqu'ici dans les pays où la tradition de lutte de classe. était plus solidement enracinée, leur extension à l'ensemble du monde est le signe avant-coureur de leur généralisation en masse.et donc l'embryon de la formation des l'armée mondiale du prolétariat.
22— C'est néanmoins vers l'Espagne, compte tenu .de l'intensité et de la radicalité des luttes menées par la classe ouvrière de ce pays, que se concentre aujourd'hui l'attention des révolutionnaires. Alors qu'en 36 l'Espagne s'était vite transformée en un banc d'essai pour la seconde guerre mondiale impérialiste, elle est appelée dans la période actuelle à jouer un rôle décisif au niveau international pour les deux forces en présence : bourgeoisie et prolétariat. Véritable laboratoire du combat titanesque auquel se préparent les deux classes antagonistes, les révolutionnaires devront tirer toutes les leçons des événements cruciaux appelés à s'y dérouler et dont le poids pèsera lourd dans le surgissement ou l'étouffement de la révolution mondiale.
23 — Cependant en raison :
- du caractère encore graduel et relativement lent du rythme de la crise;
- du poids de 50 ans de contre-révolution, où le prolétariat a connu les plus sanglantes défaites de son histoire, perdant jusqu’a son instinct le plus élémentaire de classe; la reprise des luttes se manifeste encore sur le terrain économique de la résistance au capital. Même lorsque ces luttes se hissent au niveau de la grève de masse posant immédiatement le problème de leur affrontement à l'Etat, elles prennent une forme saccadée, suivant un tracé irrégulier, une apathie apparente suivant souvent de grandes irruptions prolétariennes. Le prolétariat ne semble pas encore prendre pleinement conscience de la richesse des enseignements contenus dans ces luttes qu'il a menées, même si ses expériences généralisées sont partout les mêmes. Malgré l'apparition sporadique de noyaux politiques au sein du prolétariat, là où la lutte de classe connaît son plus haut degré de développement, la classe n'a pas pu et ne peut encore prendre spontanément conscience de la nécessité de passer du terrain économique au terrain politique de l'offensive généralisée contre le capital, de la lutte parcellaire à la lutte globale qui s'accompagne nécessairement de l'apparition de l'organisation unitaire, économique et politique, de l'ensemble de la classe : les conseils ouvriers.
24 — Dans le monde entier les leçons qui commencent déjà à se graver dans le cœur et le cerveau de la classe sont partout les mêmes, du pays le plus arriéré au plus développé. :
- résistance acharnée aux effets de la crise par la généralisation de la lutte de classe;
- autonomie de la classe par l'affrontement avec .les syndicats, bras armé du capital au sein de l'usine;
- nécessité de la lutte directe politique par l'affrontement violent avec l'Etat..
25 — L'apparition et le développement dans le feu de la lutte, d'assemblées ouvrières rassemblant l'ensemble des travail leurs d'une ou de plusieurs usines sur un objectif revendicatif donné, expriment les balbutiements de la classe révolutionnaire cherchant à tâtons la voie de son autonomie Dans la conjoncture actuelle, où le niveau de la lutte de classe demeure encore relativement modeste, ces organisations ne peuvent être autre chose que des embryons de l'organisation unitaire de la classe. En tant que tels, en l'absence d'une lutte permanente de la classe, ils sont amenés soit à disparaître avec la retombée de la lutte, soit à se transformer en syndicats et donc en de nouveaux instruments de mystifications.
26 — La paralysie croissante et chronique ce l'appareil politique du capital qui si manifeste aujourd'hui dans les pays dent l'économie est à mi-chemin entre 1' arriération et le développement industriel, comme au Portugal et en Argentine, ust la préfiguration de l'Etat de décomposition avancée tant économiquement que socialement qui est appelé à devenir le mode d’existence de l'ensemble du capitalisme, avec l'accélération de la crise et de la lutte de classe. Gomme l'ont montre les révolutions passées, la révolution prolétarienne est la conjonction de l’impossibilité pour la bourgeoisie de gouverner désormais de manière stable et le refus croissant des ouvriers de vivre comme auparavant.
27 — Face au prolétariat dont l'audace et la combativité n'ont cessé de s1affirmer toujours plus, la bourgeoisie a de moins en moins la capacité et la cohésion suffisantes pour écraser le prolétariat et l'embrigader dans une troisième guerre impérialiste. Sa ligne d'action est aujourd’hui d'éviter toute lutte frontale avec son ennemi mortel, laquelle ne pourrait que précipiter le cours de la lutte de classe vers la révolution. La mystification, c'est-à-dire toute la stratégie de dévoiement, de division, de démoralisation du prolétariat, est la seule arme réelle dont dispose et use la bourgeoisie aujourd'hui. Plus encore que tout l'arsenal répressif, de guerre civile déjà mis au point, les diverses mystifications utilisées par le capital pour empêcher, ou du moins freiner la prise de conscience révolutionnaire du prolétariat, sont dans la période actuelle l'arme la plus efficace et la plus dangereuse de son arsenal. Néanmoins, la bourgeoisie est parfaitement consciente qu'au bout du compte l'affrontement direct est inévitable, les mystifications mises en place n'ayant d'autres sens que de gagner du temps pour affronter le prolétariat dans les conditions les plus favorables pour elle.
28 — Seule force apte à détourner les ouvriers de leur terrain de classe, les partis de gauche, dont la venue au pouvoir est inéluctable et nécessaire pour le capital, constituent la seule solution de rechange aux partis classiques incapables toujours plus d'exercer un contrôle quelconque sur la classe ouvrière. Leur capacité d'apparaître vis-à-vis des ouvriers comme "leurs partis", leur confère un rôle de tout premier plan pour inciter la classe à se sacrifier sur l'autel de la défense de "son gouvernement populaire", de " son économie socialiste". Même là où l'instabilité ou l'archaïsme de l'appareil politique du capital, ou bien une défaite locale du prolétariat ont amené le remplacement de la gauche par la droite, parce que les solutions politiques de la bourgeoisie ne peuvent être que globales, la nécessité de la "solution" de gauche s'impose face à un prolétariat qui ne peut être battu ou du moins paralysé que globalement et universellement.
29 — Néanmoins, aux solutions classiques des partis de gauche, dont la capacité de mystification a commencé à s'user au bout de cinquante ans de contre-révolution, devront se substituer de plus en plus des fractions plus "radicales" dans leur fonction de dévoreurs de la classe ouvrière. Ils constituent l'ultime carte de mystification que la bourgeoisie met soigneusement en réserve au moment où l'affrontement global prolétariat-bourgeoisie de vient inévitable. Cependant, la gauche et les gauchistes, comme n'importe quelle fraction du capital, ne peuvent résoudre la crise; leur venue ne peut que freiner mais non empêcher la conflagration finale entre les deux classes.
30 — Aujourd'hui comme hier, l'arme utilisée par la gauche face au prolétariat, qui conserve encore des illusions léguées par cinquante ans de contre-révolution qu'il a dû traverser, est celle du frontisme. Toutes les variétés d'antifascisme, d'anti stalinisme sont autant de manœuvres systématiques du capital pour faire lâcher au prolétariat sa propre boussole de classe. Les révolutionnaires doivent mettre en garde le prolétariat contre toutes les illusions de type démocratique qui, comme par le passé, ne pourraient le mener qu'à un nouveau massacre, et dénoncer sans relâche tous les partis qui se font les propagandistes de tous les "anti" démocratiques,
31 — Ni le "fasciste" ni la "dictature" ne peuvent être aujourd'hui à l'ordre du jour, la bourgeoisie renforçant à l'est comme à l'ouest son arsenal démocratique face au prolétariat, ce thème ne peut p prendre dans la période actuelle toute la place qu'il tenait en période de contre-révolution. Enfermer le prolétariat dans le cadre de l'usine par l'autogestion, ou laisser croire aux ouvriers que la "solution" à la crise se trouve dans 1'"indépendance nationale" contre les "multinationales" ou "l'impérialisme" deviennent aujourd'hui les mystifications majeures utilisées par le capital pour empêcher toute autonomie de classe, toute prise de conscience généralisée en tentant d'atomiser, de dissoudre les intérêts de la classe dans ceux de "la nation toute entière"0
32 — C'est donc une "intelligence" de la situation, aiguisée par l'enjeu de la bataille, qui est sa propre existence en tant que classe, qui a permis à la bourgeoisie de manœuvrer cette année encore de main de maître, pour éviter tout affrontement direct avec le prolétariat. Même si la bourgeoisie sur le plan local (Portugal, Espagne) n'a pas su manœuvrer avec toute l'habilité recuise, globalement elle a réussi à affronter les réactions prolétariennes à la crise et la crise elle-même par de multiples plans d'ensemble, sans subir aucun recul, même si déjà le prolétariat commence à se libérer de plus en plus des illusions ou des mystifications qui lui sont imposées par la classe, dominante,
33 — Les révolutionnaires ne peuvent que mettre en garde le prolétariat contre toute sous-estimation des forces et capacités de manœuvrer son ennemi de classe. Plus que par le passé, face à une bourgeoisie forte de plus d'un siècle et demi d'expériences dont elle a su tirer les leçons, la cohésion, l'organisation du prolétariat au niveau mondial sont une impérieuse nécessitée Les révolutionnaires doivent, par leur participation active dans toutes les luttes que mène le prolétariat contre le capital, montrer qu'aujourd’hui face à un adversaire aguerri- le moindre recul pourrait avait des répercussions catastrophiques, s'il n'est pas à même de tirer les leçons de ses luttes par le développement de son organisation autonome de classe,,
34 — Le CCI invite tous les groupes ou individus révolutionnaires à se regrouper dans une même organisation de combat, à concentrer et non à disperser leurs forces. Les révolutionnaires, plus que par le passé, alors que l'alternative est le triomphe du communisme ou la chute irrémédiable dans la. Barbarie par un 3° holocauste mondial, doivent prendre conscience des lourdes responsabilités historiques qui pèsent sur leurs épaules. Le moindre retard dans leur organisation ou le refus de s'organiser ne pourrait être qu'un abandon de leurs tâches au sein de la classe d'intervention de manière organisée comme la fraction la plus décidée du mouvement de lutte de classe du prolétariat mondial. Si les révolutionnaires n'arrivaient pas à être à la hauteur des tâches pour lesquelles la classe les a sécrétées, ils ne pourraient que porter une lourde responsabilité en cas de défaite de leur propre classe. Dans les formidables batailles qui se préparent, l'intervention organisée et décidée des révolutionnaires aura un poids qui au moment décisif peut faire pencher la balance des forces dans le sens de la victoire du prolétariat mondial sur le capital mondial.