Soutien de Castro, Chavez et Ortega à Kadhafi : quand les capos se donnent la main

Afficher une version adaptée à l'édition sur imprimante

Nous publions ci-dessous la traduction d’un article réalisé par Revolución ­Mundial, organe de presse du CCI au Mexique.

Ce qui en Libye semblait avoir commencé comme une révolte de “ceux d’en bas” a dégénéré en sanglante guerre civile entre factions de la bourgeoisie et, immédiatement, en dispute impérialiste avec participation directe des grandes puissances : les protestations initiales de la mi-février ont été complètement dévoyées. Ces fractions de la bourgeoisie s’affrontent depuis lors à feu et à sang et les masses leur servent de chair à canon. La répression brutale et l’intervention militaire ont freiné le développement des mouvements sociaux dans la région : tous les gouvernements de la région pratiquent maintenant la répression ouverte et impitoyable contre les manifestants, à Bahreïn, au Yémen, en Arabie Saoudite, en Syrie, etc., avec la complicité des mêmes puissances qui dirigent l’intervention prétendument “humanitaire”.

C’est dans ce scénario que se déroule l’opération militaire de l’alliance de la Grande-Bretagne, de la France et des Etats-Unis, sous la couverture idéologique de la “défense humanitaire du peuple libyen” massacré par le gouvernement de ce “fou” de Kadhafi.

Il y a aussi eu des réactions moins meurtrières, mais pour le moins tout aussi abjectes. Nous voulons parler du soutien émis par “les amis de Kadhafi” en Amérique Latine. Les gouvernements de Cuba, du Venezuela, de la Bolivie et de l’Équateur, principalement, ont déclaré haut et fort leur soutien à leur congénère libyen, en arborant comme d’habitude la défense de la souveraineté nationale, autrement dit la libre détermination de chaque bourgeoisie à pratiquer à sa guise l’exploitation dans son propre pays. Bien évidemment, peu importe à ces personnages de “gauche” que les masses de “leur” pays ou de celui de leurs congénères soient massacrées comme des mouches, contrairement à ce qu’ils prétendent dans leurs tonitruants discours.

En particulier, Fidel Castro, Hugo Chavez et Daniel Ortega ont réagi de façon très véhémente à la situation de leur copain Kadhafi, lequel leur avait octroyé il y a quelques années le “Prix des droits de l’homme Mouammar Kadhafi” qu’il avait créé en 1988. Une reconnaissance, sans doute, à l’efficacité de ce genre de gouvernement bourgeois à l’heure de mener à bien une exploitation et une répression dans leurs pays respectifs, une espèce de réponse cynique à la réticence vis-à-vis d’autres gouvernements qui octroient des prix similaires, mais qui feraient la fine bouche dégoûtée vis-à-vis de ces gouvernants qui ne sauvent pas les apparences démocratiques. Hugo Chavez, en retour et avec tout le tintamarre dont il sait s’entourer, a offert à Kadhafi une copie conforme de l’épée du libertador Simon Bolivar. “Je ne vais pas condamner Ka­dhafi... rien ne me dit que ce soit un assassin” a-t-il dit en haussant les épaules.

Fidel Castro, de son côté, a refusé en faisant les gros yeux de se prononcer sur les massacres perpétrés par le Guide autoproclamé du peuple libyen, préférant encenser les succès de son ami dans l’économie nationale de son pays, c’est-à-dire dans la bonne gestion de l’économie capitaliste libyenne, ce qui revient à dire dans l’exploitation efficace des masses laborieuses et opprimées.

Ce soutien au régime kadhafiste par ses frères de classe en Amérique Latine ne fait que mettre en évidence, si besoin était, la nature bourgeoise de leurs propres gouvernements.

Il ne s’agit pas bien sûr de se mettre à soutenir le conseil des “rebelles” et la coalition des Nations Unies. D’un côté comme de l’autre, ils agissent en fonction de leurs propres intérêts, en tant que fraction de la bourgeoisie, et règlent leurs comptes sur les cadavres des masses opprimées.

Il nous faut leur opposer l’internationalisme prolétarien, tant aux uns comme aux autres, sans la moindre hésitation, en nous solidarisant avec les milliers de gens qui se révoltent dans cette région et luttent contre la bourgeoisie qui nous opprime et nous exploite, en assumant consciemment le fait que la lutte prolétarienne est une seule et même lutte partout dans le monde. Pour qu’elle puisse un jour triompher, elle doit se généraliser internationalement, par dessus toutes les divisions nationales, de langue, de religion, etc. Ce n’est qu’ainsi que la puissance de la lutte ouvrière pourra arrêter la répression des Etats capitalistes. Quand ceci deviendra une réalité en Amérique Latine, les amis de Kadhafi seront les premiers à essayer de massacrer leurs peuples, qu’ils ont toujours prétendu défendre.

RR (avril 2011)

Récent et en cours: