Témoignages d'étudiants en lutte : comment les syndicats ouvriers et étudiants pourrissent la lutte et la réflexion

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Comme nousl’avons déjà dénoncé dans notre presse,l’attaque que subissent les ouvriers de la RATP, de la SNCF ou EDFcontre les régimes spéciaux de retraites n’est qu’unepremière étape des attaques contre les conditions devie de la classe ouvrière. Demain, ce sera au tour de tous lesouvriers de voir leur régime de retraite remis en cause. Enmême temps, les attaques contre la protection sociale sontmises en place avec les franchises sur le remboursement desmédicaments.

Lesétudiants en lutte l’ont bien compris et c’estpourquoi ils ont élargi leurs revendications, non seulement auretrait de la loi de réforme des universités, maisaussi à la défense des régimes spéciauxet au retrait des franchises médicales.

Le spectrede la lutte contre le CPE est réapparu durant quelquessemaines et les syndicats tant ouvriers qu’étudiants ontfait tout leur possible pour qu’une telle dynamique ne puisse pass’enclencher à nouveau, dynamique capable de donner uneperspective au combat de toute la classe ouvrière en Francemais aussi à l’échelle internationale.

Nosinterventions, partout où nos forces nous l’ont permis, dansles assemblées générales (AG) ouvrièreset dans les universités, ont toujours soulignél’importance de la solidarité et de l’unité de tousles secteurs de la classe ouvrière, ce qui a rencontrésouvent le soutien et la sympathie de beaucoup d’ouvriers etd’étudiants. C’est ainsi qu’en province un groupe dejeunes étudiants 1 est venu discuter avec nos camarades et nous a transmis un écritde leur propre expérience du sabotage syndical.

Ce que cescamarades ont vécu dans la lutte est révélateurdu mépris de ces prétendues « organisationsouvrières » pour le mouvement lui-même. Laseule chose qui compte pour elles est que ce mouvement n’échappepas à leur contrôle et qu’il ne puisse pas constituerune véritable force autonome qui permettrait aux ouvriers etaux étudiants de développer une véritablesolidarité et une confiance accrue dans leur lutte commune.

Lenon respect des décisions des AG

Nous avonssoutenu dans l’AG la proposition de ces camarades d’envoyer unedélégation étudiante la plus large possible auxAG des cheminots. Cette proposition a été votéepar l’assemblée étudiante. Mais déjà,le présidium, autoproclamé, a fait savoir qu’iln’était pas possible d’aller massivement aux AG descheminots, en prétextant les nombreuses actions à menersimultanément. Au final, ce ne sont donc que trois étudiantsqui ont reçu mandat de l’AG pour cette délégation :un militant de l’AGET-FSE, un militant de la JCR et « uneindépendante », comme l’écrivent lescamarades. Eux-mêmes s’étaient présentésau vote de l’AG pour constituer la délégation mais,n’étant pas connus face aux figures syndicales présentesdans l’AG, ils n’avaient aucune chance d’être mandatés.

Maislaissons la parole à ces camarades :

« Noussommes quand même allés aux AG des cheminots, d’unepart parce que nous y étions invités par des camaradesde la gare, d’autre part parce que nous voulions écouter lesinterventions de nos délégués. Mais nous n’avonspas pu les entendre. Nous sommes allés à quatre desassemblées générales et nous ne les avons pastrouvées. Nous avons demandé aux camarades de Sud-Railet à d’autres s’ils les avaient vus dans les autresassemblées générales. Ilsn’y étaient pas. End’autres termes, les délégués étudiants,élus en assemblées générales, n’ont pasrespecté leur mandat. Nous sommes allés le soir aucomité de lutte pour demander pourquoi nos déléguésn’étaient pas venus aux assemblées généralesdes cheminots. Un membre de l’AGET-FSE nous a répondu queles délégués ne savaient nioù ni quand étaientces AG....

Ily eut un précédent. Le 18 octobre, je fus moi aussidélégué étudiant auprès des AG decheminots. Il y avait cinq autres délégués.Personne n’était là au début de l’AG, saufmoi. Seulement deux autres délégués sont arrivésquand l’AG se finissait. A la deuxième AG, j’étaisà nouveau le seul délégué présent.Aucun autre délégué n’avait respectéson mandat. Et là aussi, on nous a dit qu’on n’avait pasles renseignements !

Celafait plus de huit jours que se tiennent des assembléesgénérales de cheminots. Nous ne pouvons pas croire quedes organisations comme l’AGET-FSE et la JCR sont incapablesd’ouvrir leur carnet d’adresses pour trouver le numéro detéléphone d’un syndicat. Nous qui venons àpeine de nous organiser, nous avons pu le faire ! »

Pris lamain dans le sac (un sac à main rempli de magouilles et demanœuvres !), l’AGET-FSE n’a rien trouvé de mieuxque de reprocher aux camarades d’avoir pris des initiatives,prétendument au nom des AG étudiantes. C’est en leurnom propre que ces camarades sont allés aux assembléesgénérales des cheminots, où ils ont étébien accueillis et ont pu prendre la parole, proposant aux cheminotsde venir dans les AG étudiantes (ce qui a étéfait), proposant une distribution de tracts commune au métro.

Comme ledisent ces camarades :

« Alorsque ces opérations ont été des succès,qu’elles ont enfin pu concrétiser le rapprochement desétudiants et des cheminots, on nous reproche d’avoir pristrop d’initiatives, d’avoir outrepassé l’assembléegénérale ! En allant aux assemblées généralesdes cheminots, nous n’avons fait qu’appliquer la décisionvotée depuis bien longtemps par les assembléesétudiantes : se rapprocher des travailleurs. Et en tant quecommunistes, c’est notre devoir de travailler de toutes nos forcespour l’unité pratique de la lutte ! Tout ce que nousavons fait, nous l’avons faitau vu et au sude l’assemblée générale. Nous ne lui avonsrien caché. Ceux qui voulaient participer à nos actionsl’ont fait, ceux qui ne voulaient pasne l’ont pas fait. Nousn’avons jamais rien imposé à l’AG.Seulement nous sommes indépendantsdes organisations qui dirigent actuellement le mouvement.»

Lessyndicats ouvriers et étudiants main dans la main contre lasolidarité naissante entre les ouvriers et étudiants !

Lasolidarité naissante entre ouvriers et étudiants, lefait que des retraités non-cheminots ou des travailleursd’autres secteurs aient pu prendre parfois la parole dans des AG decheminots, tout cela montre les avancées de cette lutte :le combat des cheminots n’est pas leur combat mais celui de laclasse ouvrière, qu’elle soit encore sur les bancs de la facou qu’elle soit retraitée. Cela, les syndicats ne peuventpas l’accepter et ont tout fait pour que de telles manifestationsde solidarité ne se propagent pas plus largement.

Le 22novembre, les camarades ont participé à lamanifestation étudiante dans les rues de Toulouse.Laissons-leur encore la parole :

« Anotre AG, Y. a appelé les étudiants à participerà l’assemblée générale à laMédiathèque, à 15h30, lieu de rassemblement decheminots, électriciens et gaziers. Malheureusement, la CGT ajugé bon d’avancer le rassemblement et de saboter toutetentative d’assemblée générale. Avait-elle étéréellement organisée et par qui ? Toujours est-il quela CGT n’a pas attendu les étudiants et qu’ils se sontbarrés vite fait. Lorsque les étudiants, accompagnésde lycéens, sont arrivés, nous les avons appelésà rejoindre les travailleurs, mais le service d’ordre desétudiants nous a rembarré. De l’autre côté,la CGT a décidé de lever le camp, d’autant plus quecertains travailleurs faisaient des gestes amicaux vers les étudiantset leur demandaient de venir. La manifestation des étudiantsest passée à 50 mètres de la manifestation destravailleurs » !

La force dela lutte, c’est la lutte elle-même. Ces quelques élémentsrapportés ci-dessus nous le montrent. D’un côté,un mouvement qui commence à poser dans la pratique lanécessité de la solidarité dans la lutte de tousles ouvriers, des étudiants jusqu’aux retraités. Dansla continuité de luttes comme le CPE en France, seule l’unitéla plus large des ouvriers peut permettre de constituer unrapport de force capable de faire reculer la bourgeoisie dans sesplans d’austérité et de misère qu’elle nousréserve. Face à cela, la bourgeoisie et son Etat ontmis en place leurs syndicats et les organisations gauchistes commeles JCR. Ces quelques exemples montrent que cette perspective est enmarche. Une importante victoire pour la classe ouvrièresera de reconnaître quels sont ses véritables ennemis.C’est ce qu’elle a commencé à faire dans cettelutte.

RI(29 novembre)


1Un membre de ce groupe se dit trotskiste bien que ne faisantpas partie d’aucune organisation et ils signent leurs écrits« Descommunistes : branche Marx, Lénine, Trotsky ».


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