Grève des enseignants en 2003 : le corporatisme mène à la défaite

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Le chiffre vient de tomber : 11 200 postes vont être supprimés à l’Education nationale en 2008 ! Le gouvernement Fillon frappe fort sur un secteur qui subit déjà depuis de nombreuses années les foudres de la bourgeoisie. C’est l’ancien ministre socialiste Claude Allègre qui avait sonné la curée en annonçant en 1997 qu’il fallait “dégraisser le mammouth”. Il ne restera bientôt plus que les os à ronger. En dix ans, le nombre de surveillants a été divisé par dix. Les infirmières scolaires, les assistantes sociales et les conseillers d’orientation sont une espèce en voie de disparition. Le personnel administratif, toujours moins nombreux, est confronté à des charges de travail insurmontables. Et puisqu’il faut “travailler plus pour gagner moins”, tous ces ouvriers ont perdu officiellement plus de 20% de pouvoir d’achat ces 25 dernières années.

Seule la lutte permettra d’endiguer ces attaques, mais à condition d’éviter un piège mortel : le corporatisme. C’est en effet ce poison qui a mené, en 2003, des milliers d’enseignants à une défaite cinglante.

Cette année-là, une énième réforme du régime des retraites est annoncée : dorénavant les travailleurs du public devront, comme dans le privé, trimer au minimum quarante annuités pour gagner le droit de prendre leur retraite. Des manifestations monstres éclatent immédiatement. Plus d’un million de personnes se retrouvent dans la rue pour la seule journée du 13 mai 2003.

Dans la foulée et volontairement, le gouvernement annonce une mesure touchant seulement le secteur de l’Education nationale : au nom de la décentralisation, des centaines de milliers de postes d’ATOS sont menacés. Cette double attaque est une véritable provocation. La bourgeoisie connaît parfaitement le niveau de ras-le-bol et de colère grondant au sein de ce secteur. Depuis plusieurs mois déjà, dans les collèges et les lycées de la banlieue parisienne, des assemblées générales et des grèves spontanées se multiplient. C’est donc sciemment que la bourgeoisie en rajoute une couche. La manœuvre est simple. Pour masquer l’attaque sur les retraites, une attaque qui touche toute la classe ouvrière, elle harcèle un secteur spécifique avec une mesure spécifique.

C’est ici que les syndicats rentrent en scène. Refoulant la question des retraites au second plan, ces officines mettent en avant la revendication particulière du combat contre la décentralisation. Ainsi, le secteur de la classe ouvrière le plus touché, au lieu de devenir la locomotive d’un mouvement plus large et global, s’enferme dans le piège du corporatisme. Résultat : les enseignants se retrouvent isolés et donc impuissants. Les syndicats finiront d’épuiser les éléments les plus combatifs en les entraînant dans des actions désespérées et stériles tel que le blocage des examens de fin d’année.

La démoralisation sera à la hauteur de la défaite. Aujourd’hui encore, les enseignants n’ont pas oublié qu’ils se sont mobilisés, lors de ce fameux printemps 2003, pendant des semaines, voire pour certains des mois, sans rien obtenir. Pire ! Afin de parachever le travail de sape, la bourgeoisie prendra un malin plaisir à annoncer à grand renfort de publicité que pas un seul jour de grève ne sera payé. Le Premier ministre de l’époque, Jean-Pierre Raffarin, pourra ainsi, en guise de conclusion, ressortir son message adressé à toute la classe ouvrière : “ce n’est pas la rue qui gouverne”.

Le corporatisme est décidément un piège mortel. “Diviser pour mieux régner”, tel est le vieil adage de la classe dominante. Quant à nous, ouvriers, notre force réside dans notre unité et notre solidarité sans faille. La défaite du printemps 2003 montre que seuls, nous ne sommes rien, mais la victoire du mouvement contre le CPE du printemps 2006 prouve qu’au contraire, en luttant ensemble, nous pouvons résister aux coups de boutoirs de la bourgeoisie et même la faire reculer. La force de la classe ouvrière, c’est sa solidarité !

Pawel (30 août)


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