Soumis par Revue Internationale le
Comme nous pouvions nous y attendre, les porte-voix de la bourgeoisie ne sont pas restés insensibles au centenaire de la révolution d’Octobre 17. Comme à chaque décade, le mensonge et le mépris ont animé les articles de journaux, les documentaires et les prises de paroles télévisées qui se sont succédé pendant plusieurs semaines. Sans grande originalité, intellectuels et universitaires nous ont ressassé l’histoire d’un coup d’État réalisé par une poignée d’hommes au service d’un chef névrosé, avide de pouvoir et motivé par la vengeance personnelle.[1] Ainsi, la lutte pour une société sans classes sociales et sans exploitation de l’homme par l’homme n’aurait été que le cache sexe d’une entreprise volontairement totalitaire qui puiserait son origine dans la pensée de Marx elle-même[2].
Il serait inutile de chercher un semblant d’honnêteté auprès de ces chiens de garde de la démocratie et du mode de production capitaliste. Mais si cet événement semble être à classer dans les archives de l’histoire, pourquoi s’acharner à le déformer chaque dix ans avec autant de morgue ? Pourquoi la bourgeoisie s’emploie-t-elle autant à dénigrer l’un des épisodes les plus précieux de l’histoire de la lutte du prolétariat ? Contrairement au discours qu’elle peut diffuser dans ses médias, la bourgeoisie sait trop bien que la classe qui a failli renverser son monde il y a cent ans existe toujours. Elle sait aussi que son monde est encore plus mal en point qu’en 1917. Et sa survie dépend de sa capacité à utiliser intelligemment et sans faillir les armes à sa disposition afin d’éviter un nouvel octobre qui pourrait, cette fois-ci, voir aboutir le but historique de la classe ouvrière.
Très vite, la bourgeoisie a compris le danger que pouvait faire peser la révolution en Russie sur l’ordre social mondial. Ainsi, après s’être entretuées pendant quatre années, les principales puissances de l’époque firent cause commune afin d’endiguer la vague prolétarienne qui menaçait de submerger une société qui n’avait plus rien à offrir à l’humanité, sinon la guerre.
A contre-courant de l’histoire "officielle" selon laquelle la révolution d’Octobre 17 contenait en germe les marques de sa dégénérescence, cet article vise à mettre en évidence que l’isolement du prolétariat russe est avant tout à mettre au crédit de la coordination des gouvernements bourgeois afin d’assumer cette guerre de classes dont l’issue s’avéra déterminante pour le cours de l’histoire. Il s’agira également de montrer que de 1917 à aujourd’hui, les différentes fractions de la classe dominante ont usé de toutes les armes à leur disposition pour d'abord entraver et réprimer la Révolution, ensuite dévoyer et dénigrer sa mémoire et ses leçons.
La provocation des Journées de Juillet
En juin 1917, face à la poursuite de la guerre et du programme impérialiste du gouvernement provisoire, le prolétariat réagit vivement. Durant l’énorme manifestation du 18 juin à Petrograd, les mots d’ordre internationalistes des bolcheviks sont pour la première fois majoritaires. Dans le même temps, l’offensive militaire russe se termine dans un fiasco puisque l’armée allemande perce le front en plusieurs endroits. La nouvelle de l’échec de l’offensive arrive dans la capitale et attise le feu révolutionnaire. Pour faire face à cette situation très tendue, apparaît l’idée de provoquer une révolte prématurée à Petrograd, d’y écraser les ouvriers et les bolcheviks puis de faire endosser la responsabilité de l’échec de l’offensive militaire au prolétariat de la capitale qui aurait donné "un coup de poignard dans le dos" à ceux qui étaient au front. Pour cela, la bourgeoisie provoque plusieurs incidents afin de pousser les ouvriers à la révolte dans la capitale. La démission de quatre ministres du parti Cadet du gouvernement et la pression de l’Entente sur le gouvernement provisoire devaient pousser les mencheviks et les SR à se rallier au gouvernement bourgeois[3]. Ce qui n’allait faire que relancer les revendications pour le pouvoir immédiat aux soviets. De plus, la menace d’envoyer au front les régiments de la capitale accrut le mécontentement des soldats qui entreprirent de mener un soulèvement armé contre le gouvernement provisoire. La manifestation du 3 juillet aurait pu s’avérer catastrophique pour la suite de la révolution si le parti bolchevik n’avait pas réussi à calmer l’ardeur des masses en les empêchant de s’affronter prématurément aux troupes gouvernementales. Dans ces jours cruciaux, le parti a su rester fidèle au prolétariat en le détournant du piège tendu par la bourgeoisie. Mais ces provocations furent bien peu au regard de la répression et de la campagne de calomnies auxquelles furent confrontés les bolcheviks dans les jours suivants. Tout comme aujourd’hui, les bolcheviks furent affublés des pires accusations. Agents allemands payés par le Kaiser, tireurs isolés faisant feu sur les troupes entrant dans Petrograd. Tous les moyens étaient bons pour discréditer le parti aux yeux des ouvriers de la capitale. Ce n’est que par le déploiement d’une énorme énergie et grâce à un grand discernement politique que les bolcheviks purent défendre leur honneur. Si les Journées de Juillet ont révélé le rôle indispensable du parti, elles ont aussi permis de dévoiler la véritable nature des mencheviks et des SR. En effet, leur soutien au gouvernement bourgeois en ces journées cruciales[4] fut la cause de leur discrédit auprès des masses. Ainsi, comme l’écrit Lénine, "une nouvelle phase commence. La victoire de la contre-révolution déclenche la déception au sein des masses vis-à-vis des partis socialistes-révolutionnaire et menchevik, et ouvre la voie au ralliement de celles-ci à la politique qui soutient le prolétariat"[5].
La bourgeoisie tente d’empêcher la révolution prolétarienne
Dans un entretien accordé au journaliste et militant socialiste John Reed quelque temps avant la prise du palais d’hiver, Rodzianko, le "Rockfeller" russe déclarait que "la Révolution est une maladie. Tôt ou tard, les puissances étrangères devront intervenir, comme on interviendrait pour guérir un enfant malade et lui apprendre à marcher".[6]
Cette intervention ne tarda pas. Très vite, les diplomates des grandes puissances bourgeoises tentèrent de se mettre d’accord avec la bourgeoisie russe afin de régler cette question au plus vite. Pour le chef de l’Intelligence Service britannique en Russie, Sir Samuel Hoare, la meilleure solution restait l’instauration d’une dictature militaire. L’Union des officiers de l’armée et de la flotte proposait la même solution. Comme l’exprimait le ministre des Cultes Kartachev, membre du Parti cadet : "Celui qui ne craindra pas d’être cruel et brutal prendra le pouvoir dans ses mains." [7]
Déjà, la tentative de coup d’Etat de Kornilov[8] en août 1917 fut appuyée par Londres et Paris. Et l’échec de cette première tentative contre-révolutionnaire fut loin de décourager la bourgeoisie mondiale. Désormais, pour les Alliés, il s’agissait d’arrêter l’influence grandissante des bolcheviks dans les rangs du prolétariat de Russie. Le 3 novembre, une conférence secrète des militaires alliés en Russie se tint dans le bureau du chef de la Croix-Rouge, le colonel Thompson. Face au "péril bolchevik", le général américain Knox propose tout simplement de s’emparer des bolcheviks et de les fusiller.[9] Mais le 7 novembre, le comité militaire révolutionnaire s’empare du Palais d’Hiver et le pouvoir est remis au soviet de Petrograd. Désormais, pour la bourgeoisie mondiale, l’intervention militaire reste la seule option. D’autant plus que l’écho de la révolution se fait entendre dans toute l’Europe.
D’emblée, le IIe Congrès des Soviets adopta le décret sur la paix qui proposait à tous les belligérants une paix immédiate et sans annexion. Mais cet appel ne trouva aucune réponse auprès des puissances alliées qui souhaitaient faire durer le conflit dans l’attente d’une aide américaine. Pour les Empires Centraux, la libération du front de l’Est leur permettait de se réorganiser avant l’entrée en guerre des Etats-Unis. Une trêve de trois semaines est ainsi signée à Brest-Litovsk, le 22 novembre, avec l’état- major autrichien et allemand. Des négociations s’ouvrent le 9 décembre entre les deux parties. Mais ce même jour, la bataille de Rostov-sur-le-Don opposant les gardes rouges aux armées blanches sonne l’ouverture de la guerre civile.[10] Après la prise de pouvoir, l’épreuve la plus dure se dressait désormais devant le prolétariat de Russie. Dans l’attente d’une extension de la révolution dans le reste de l’Europe, il fallait se préparer à affronter les forces contre-révolutionnaires de l’intérieur bien appuyées par les grandes puissances.
Le début de la guerre civile et de l’encerclement
La contre-révolution s’organisa véritablement dans les jours qui suivirent les élections à l’Assemblée constituante marquées par une majorité hostile au gouvernement des Soviets. À la fin du mois de novembre, les généraux Alexeiev, Kornilov et Dénikine et le cosaque Kalédine constituèrent l’armée des Volontaires dans le sud de la Russie. Au début, celle-ci était composée d’environ 300 officiers. Cette armée fut la première expression de la réaction militaire de la bourgeoisie russe. Pour son financement, "la ploutocratie de Rostov-sur-le-Don leva six millions et demie de roubles, celle de Novotcherkassk environ deux millions". Constituée d’officiers favorables à une restauration de la monarchie, elle détenait "en germe un caractère de classe", ajoute le général russe Dénikine.[11]
Le gouvernement des Soviets ne pouvait laisser se structurer l’armée contre-révolutionnaire sans réagir. Il était nécessaire que la révolution se renforce sur le plan militaire. Le 28 janvier 1918, le Conseil des Commissaires du peuple adopta un décret prévoyant de transformer la garde rouge [12] en une Armée Rouge ouvrière et paysanne constituée "des éléments les plus conscients et les mieux organisés des classes laborieuses". Mais l’organisation de cette armée demeura une tâche difficile. En effet, faute de pouvoir trouver un encadrement communiste compétent, Trotski recruta dans le corps des officiers de l’armée tsariste. En ce début de 1918, le rapport de force n’est guère en faveur de la Russie des soviets. L’Allemagne et l’Autriche-Hongrie profitent du délitement de l’armée puis de sa démobilisation le 30 janvier pour mettre fin à l’armistice signée quelques semaines auparavant. Dans un radiogramme paru le 19 février dans la Pravda, le Conseil des commissaires du peuple proteste "à propos de l’offensive lancée par le gouvernement allemand contre la République Soviétique de Russie qui avait proclamé la fin de l’état de guerre et commencé à démobiliser l’armée sur tous les fronts. Le gouvernent ouvrier et paysan de la Russie pouvait d’autant moins s’attendre à une semblable attitude que l’armistice n’a été dénoncé par aucune des parties contractantes ni directement ni indirectement, ni le 10 février, ni à aucun autre moment comme les deux parties y étaient cependant tenues par l’accord du 2 décembre 1917." [13]
En fait, l’Allemagne prétexta l’indépendance de l’Ukraine pour passer à l’offensive avec l’assentiment de la Rada, le gouvernement ukrainien bourgeois. Il s’en suivit une débandade de la garde rouge, racontée notamment par le bolchevik Primakov :
- "La retraite de la garde rouge ressembla à un grand exode. Près de cent mille gardes rouges, accompagnés de leurs familles, abandonnèrent l’Ukraine. Plusieurs dizaines de milliers d’autres se dispersèrent dans les villages, les hameaux, les forêts et les ravins de l’Ukraine. (...) Le lourd fardeau de la guerre, les violences des troupes d’occupation, la morgue des lieutenants allemands, l’impudence des haïdamak, la vengeance sanglante des grands propriétaires, la trahison de la Rada centrale, le pillage ouvert du pays ne firent qu’enflammer la haine populaire. On ne nommait plus le gouvernement de la Rada centrale que le gouvernement de la Trahison."[14]
C’est dans ce contexte très difficile qu’ont lieu les premières levées en masse de l’Armée Rouge alors que la question de la paix est de plus en plus pressante pour la survie de la révolution.
La paix de Brest-Litovsk et l’offensive militaire de la bourgeoisie
Si dans un premier temps, la République des Soviets, afin de gagner du temps, adopte la stratégie de "ni guerre, ni paix", le retard pris par la révolution européenne rend la signature de la paix inévitable, malgré les conditions honteuses imposées par les Empires Centraux qui amputaient la Russie d’une grande partie de son territoire. Nous savons que la question de la paix occasionna d’âpres débats au sein du parti bolchevik et des SR de gauche. Ce n’est pas le lieu de s’y attarder ici. Mais avec le recul, la position défendue par Lénine, acceptée lors du VIIe Congrès du Parti s’avéra la mieux adaptée à la situation.[15]
Dans les semaines et les mois qui suivent, la République des Soviets est encerclée de toutes parts. Des armées blanches se structurent dans plusieurs parties du pays. Partie de Samara, la légion tchécoslovaque mise sur pied par les puissances de l’Entente[16] sème la terreur tout le long de la ligne du Transsibérien dans les agglomérations importantes, ce qui facilite les soulèvements. Par la suite, les Anglo-américains débarquent à Mourmansk, les Blancs occupent le Sud de la Russie occidentale, les Allemands et les Autrichiens entrent dans la région du Don, des troupes japonaises débarquent à Vladivostok...
En ce début d’été 1918, la situation de la République des Soviets est devenue très préoccupante. Le 29 juillet, Lénine écrit : "Mourmansk, au Nord, le front tchécoslovaque à l’Est, le Turkestan, Bakou et Astrakhan au Sud-Est, nous voyons que presque tous les maillons de la chaîne forgée par l’impérialisme anglo-français se tiennent."
Nous voyons bien que l’engagement des puissances de l’Entente a été déterminant pour l’organisation de la contre-révolution. Un détail que nos bons démocrates préfèrent éluder. Au début de l’année 1919, environ 25 000 soldats britanniques, français, italiens, américains et serbes sont mobilisés entre Arkhangelsk et Mourmansk[17] dans un combat à mort contre "le péril bolchevik" qui continuerait à s’étendre "s’il n’était pas arrêté", comme l’indiquait Clémenceau.
Le témoignage d’un membre du corps expéditionnaire, Ralph Albertson, offre une image éloquente de la détermination et de la barbarie exercée par cette coalition anti-communiste : "Nous employions des obus à gaz contre les bolcheviks... Nous dressions toutes les embûches possibles quand nous évacuions les villages. Une fois, nous avons fusillé plus de trente prisonniers... Et quand nous avons pris le commissaire de Borok, un sergent m’a dit qu’il avait laissé son corps dans la rue, blessé par plus de seize coups de baïonnette. Nous avions pris Borok par surprise et le commissaire, un civil, n’avait pas eu le temps de prendre les armes... J’ai entendu un officier répéter à ses hommes qu’ils ne devaient pas faire de prisonniers, qu’ils devaient les tuer, même s’ils étaient désarmés... J’ai vu un prisonnier bolchevik désarmé, qui ne causait aucun ennui, abattu de sang-froid... Chaque nuit, un détachement d’incendiaires faisait des masses de victimes."[18]
La paix de Brest-Litovsk n’a fait qu’attiser la haine des différentes fractions contre-révolutionnaires mais aussi des S-R de gauche à l’égard des bolcheviks. La Russie des Soviets ressemble désormais à une forteresse assiégée où la faim "est aux portes de beaucoup de villes, villages, usines et fabriques", comme le relate Trotsky. L’alliance des Blancs et des puissances occidentales plongea la révolution dans une situation de survie permanente. D’ailleurs, dès le 15 mars 1918, les différents gouvernements de l’Entente, décident de ne pas accepter la paix de Brest-Litovsk et organisent l’intervention armée. Si, effectivement, les puissances de l’Entente interviennent directement en Russie, elles s’appuient sur la trahison du parti Socialiste-Révolutionnaire pour mener à bien la contre-révolution. Au mois de juin 1918, l’ancien assistant de Kerensky, le S-R Boris Savinkov, prévoit d’assassiner Lénine et Trotsky et de mener une insurrection à Rybinsk et Iaroslav, afin de permettre un débarquement des Alliés. Autrement dit, au vu de l’extrême faiblesse de l'armée rouge, il s’agissait de mener une grande offensive pour en finir une bonne fois pour toute avec la Révolution.
Comme le relate Savinkov, les Blancs espéraient "encercler la capitale avec les villes soulevées et, en utilisant le soutien des Alliés au nord et des Tchécoslovaques, qui venaient juste de s’emparer de Samara, sur la Volga, mettre les bolcheviks dans une situation difficile". Nous savons désormais, grâce à des mémoires publiés par plusieurs agents secrets étrangers, aux enquêtes parues dans la Pravda quelques années plus tard ainsi qu’aux sources diplomatiques, que l’Angleterre et la France furent à l’origine de ce complot. Les projets d’insurrections dans les villes autour de Moscou, les débarquements étrangers, l’offensive tchécoslovaque faisaient partie d’un seul et même plan orchestré par les militaires et les diplomates étrangers et exécuté par les dirigeants S-R farouchement opposés à la paix avec l’Allemagne et à l’extension de la révolution.[19]
Les légionnaires tchécoslovaques, pilotés par les Alliés, s’emparent de Samara le 8 juin puis assiègent Omsk. Un mois plus tard, ils s’emparent de Zlatooust dans l’Oural puis, quelques jours plus tard, ils approchèrent d’Ekaterinbourg où était internée la famille impériale. La libération de la famille impériale aurait pu permettre d’unifier des forces contre-révolutionnaires qui avaient bien du mal à régler leurs propres clivages et divergences. Les bolcheviks souhaitaient ne pas courir ce risque et décidèrent d’exécuter toute la famille. Cette décision, était motivée par la nécessité d’intimider l’ennemi et de lui montrer, comme l’écrit Trotsky des années plus tard, "qu’il n’y avait pas de retraite possible, que l’issue était la victoire totale ou la perte totale". Cela se retourna malgré tout contre les bolcheviks. En effet, l’exécution des enfants du tsar fut utilisée par la bourgeoisie internationale lors de ses campagnes de propagande afin de présenter les bolcheviks comme des barbares assoiffés de sang.
En juillet et août, l’offensive se poursuit, les Français et les Britanniques débarquent au nord, à Mourmansk. Ils installent un gouvernement "autonome". Les Turcs et les Anglais occupent l’Azerbaïdjan. Les Allemands entrent en Géorgie avec l’assentiment des mencheviks tandis que les légionnaires tchèques poursuivent leurs avancées vers l’ouest. Ces semaines s’avèrent déterminante pour la défense de la Révolution où sa survie s’est jouée à un fil. À Sviajsk, près de Kazan, après plusieurs jours de combats, l’état-major de la 5e armée, extrêmement affaibli, aurait pu être capturé avec ses principaux chefs militaires à commencer par Trotsky. Le manque de renseignements et les erreurs stratégiques des généraux blancs permit à Trotsky et ses hommes de s’en sortir. Vu l’extrême faiblesse du pouvoir des Soviets, l’arrestation de ses principaux chefs auraient porté un coup fatal au moral et à la détermination des troupes.
Au nord, les Britanniques prennent le commandement de toutes les armées de la région. Outre quatre ou cinq bataillons d’Anglais, les troupes se composaient de quatre ou cinq bataillons d’Américains, d’un bataillon de Français, de Polonais, d’Italiens et de formations mixtes.[20] Une armée russe est aussi organisée, mais reste sous le commandement et la supervision des Britanniques. Début août, cette armée du Nord, s’empare d’Arkhangelsk, renverse le soviet et met sur pied un gouvernement provisoire, composé de cadets et de S-R, contrôlé par le général britannique Pool.
Dans le même temps, la Commune de Bakou tombe à la mi-août face à l’offensive de l’armée turque, des moussavatistes (nationalistes azerbaïdjanais) et des régiments britanniques. Les vingt-six commissaires du peuple sont fusillés le 20 septembre 1918 par les Anglais.[21]
Les différentes fractions de la bourgeoisie russe profitent de ce contexte difficile pour déstabiliser le pouvoir des Soviets en fomentant des complots qui auraient pu s’avérer désastreux pour la révolution.
Le temps des complots.
Dès les mois de mai et juin 1918, s’était formé un bloc contre-révolutionnaire, allant des monarchistes à certains mencheviks et S-R. Tous ces partis s’étaient ralliés au "Centre national" créé à l’origine par les Cadets. Les principaux leaders du mouvement s’employaient à recueillir des informations politiques et militaires qu’ils transmettaient aux différentes armées blanches et entretenaient d’étroites relations avec les agents secrets anglais, français et américains. D’ailleurs, une conférence spéciale se réunit, en octobre 1918, composée des représentants des pays de l’Entente et du Centre national. La Tcheka réagit rapidement et se rendit compte de l’existence d’un centre unique de la contre-révolution.
Mais cela n’empêcha pas la mise en œuvre d’entreprises visant à déstabiliser la République des Soviets. Le 30 août, le chef de la Tcheka, Ouritsky, est assassiné par un S-R. Quelques heures plus tard, une tentative d’assassinat est perpétrée contre Lénine à la sortie de l’usine Michaelson. Mais ces deux événements ne sont qu’une petite partie d’une entreprise plus vaste qui visait à supprimer l’ensemble des principaux bolcheviks : "Le 15 août, Bruce Lockhart [un agent secret britannique] reçoit la visite d’un officier qui se présente comme étant le colonel Berzine, commandant de la garde lettone du Kremlin. Celui-ci lui tend une lettre de recommandation écrite par Cromey, attaché naval britannique à Petrograd. Berzine déclare que, bien qu’ayant soutenu les bolcheviks, les Lettons ne veulent pas combattre les Anglais qui ont débarqué à Arkhangelsk. Après en avoir discuté avec le Conseiller général en France, Groener, Lockhart met Berzine en relation avec Railey. Dans les derniers jours d’août, Groener préside une réunion secrète de certains représentants alliés. Elle se tient au consulat général des Etats-Unis. Railey et un autre agent de l’I.S, George Hill, ainsi que le correspondant du Figaro à Moscou, René Marchand, sont présents. Railey raconte dans ses mémoires qu’il fit savoir qu’il avait acheté Berzine pour deux millions de roubles. Il s’agissait de s’emparer d’un seul coup des dirigeants bolcheviks qui devaient prochainement assister à une session de leur Comité central. Les Anglais étaient en relations avec le général Ioudénitch et s’apprêtaient à lui fournir des armes et du matériel. (...) A la suite de l’assassinat d’Ouritski, la Tcheka, qui était sur les traces des comploteurs, avait pénétré à l’ex-ambassade britannique de Petrograd. Cromey avait tiré sur les policiers, tuant un commissaire et plusieurs agents. Il avait lui-même été abattu. L’attaché naval, lui aussi, était en train de brûler des papiers compromettants. Mais il en restait encore suffisamment pour éclairer la lanterne des enquêteurs. Railey, recherché activement, parvint cependant à s’enfuir. Au bout de plusieurs mois, il regagna Londres où il accusa René Marchand de l’avoir trahi... Quant à Berzine, la presse soviétique révéla par la suite qu’il avait indiqué à ses chefs que Bruce Lockhart et Railey lui avaient offert deux millions de roubles pour participer à l’assassinat des dirigeants soviétiques."[22]
L’arrestation de Bruce Lockhart conclut une enquête qui avait pleinement démontré la participation étrangère aux manigances des Blancs.[23]
Ce complot manqué fut malgré tout l’un des points culminants du danger contre-révolutionnaire. À ce stade, la chute de la République des Soviets semblait imminente. Devant une telle situation, la Terreur rouge fut décrétée le 6 septembre. Mais si cette mesure a été une erreur majeure[24], nous devons admettre qu’elle fut imposée par la force des choses, c’est à dire aux pratiques terroristes des puissances étrangères et des armées blanches.
"Sans l’aide des Alliés, il est impossible de libérer la Russie"
Officiellement, les gouvernements bourgeois sont intervenus en Russie en défense de la démocratie et du "péril bolchevik". En réalité, l’instauration de la démocratie était le dernier souci des puissances de l’Entente, avant tout déterminées à éviter l’extension de la vague révolutionnaire qui gagnait l’Allemagne à la fin de l’année 1918. Les bourgeoisies française, britannique et états-uniennes étaient prêtes à tout pour défendre leurs intérêts. Ainsi, dès le début de la guerre civile, les armées étrangères se comportèrent en véritables hordes sanguinaires, cherchant à instaurer ou soutenir des dictatures militaires dans la plupart des territoires repris à l’Armée Rouge. C’est par exemple ce qui se passe au début du mois de janvier 1919, quand le général Miller débarque à Arkhangelsk et se fait proclamer gouverneur général de la ville et ministre de la Guerre. Dirigeant une armée de 20 000 hommes, s’appuyant sur des paysans et pêcheurs monarchistes haineux à l’égard des communistes, il fit régner la terreur sur la région. L’ancien procureur de la province, Dobrovolsky raconte que "les partisans de Pinet étaient si féroces que le commandant du 8e régiment, le colonel B., décida d’éditer une brochure sur l’attitude humaine à avoir avec les prisonniers."[25]
Par ailleurs, les Alliés ne vont pas hésiter à soutenir directement les armées des principaux chefs Blancs partisans d’un pouvoir très autoritaire comme Dénikine et Koltchak. L’offensive que ce dernier mena de la Sibérie aux abords de Moscou à la fin de 1918 fut en grande partie réalisée avec un arsenal militaire offert par les principales puissances étrangères :
- "Les États-Unis livrent 600 000 carabines, plusieurs centaines de canons, plusieurs milliers de mitrailleuses, des munitions, des équipements, des uniformes, la Grande-Bretagne 200 000 équipements, 2000 mitrailleuses, 500 millions de cartouches. La France 30 avions et plus de 200 automobiles. Le Japon 70 000 carabines, 30 canons, 100 mitrailleuses, les munitions nécessaires et 120 000 équipements. Pour payer ces livraisons qui lui permettent d’équiper et d’armer plus de 400 000 hommes, Koltchak envoie à Hong-Kong 184 tonnes d’or du trésor, qui le lui ont remis."[26]
C’est à cette division militaire du travail entre les Alliés et les armées blanches que le prolétariat de Russie dut faire face durant toute l’année 1919. Lénine avait bien conscience de l’extrême fragilité du pouvoir des Soviets et c’est la raison pour laquelle il s’attacha à dénoncer la responsabilité des généraux tsaristes dans leurs combines avec les armées étrangères :
- "Koltchak et Dénikine sont les principaux et les seuls ennemis sérieux de la république des Soviets. S’ils n’avaient pas été aidés par l’Entente, ils se seraient effondrés depuis longtemps. Seule l’aide de l’Entente en fait une force. Cependant, ils sont obligés de tromper le peuple, de se faire passer de temps à autre pour des partisans de la "démocratie", de l’ "Assemblée constituante", de la "souveraineté du peuple", etc. Les menchéviks et les socialistes-révolutionnaires s’y laissent volontiers prendre. Aujourd’hui, la lumière est faite quant à Koltchak. Des dizaines de milliers d’ouvriers fusillés. Même des mencheviks et des socialistes-révolutionnaires. Les paysans de districts entiers, fouettés. Des femmes fouettées en public. Arbitraire absolu des officiers, des fils de hobereaux. Pillages sans fin. Telle est la vérité sur Koltchak et Dénikine."[27]
Cette grande alliance contre-révolutionnaire se fit encore plus vitale lorsqu’éclata la révolution allemande en décembre 1918. Comme le relatent les historiens américains M. Sayers et A. Khan dans La grande conspiration contre la Russie, "La raison du renoncement des Alliés à marcher sur Berlin, écrivent-ils, et à désarmer définitivement le militarisme allemand, réside dans la peur du bolchevisme chez les Alliés... Le commandant en chef allié, le maréchal Foch, a révélé dans ses Mémoires que, dès l’ouverture des négociations de paix, les porte-parole allemands évoquaient constamment "‘la menaçante invasion bolchevique de l’Allemagne'"...Wilson, de l’état-major général britannique, a raconté dans son ‘War Diary’ (journal de guerre) que, le 9 novembre 1918, deux jours avant la signature de l’armistice, ‘le cabinet s’est réuni cette nuit, de 6h30 à 8h, Lloyd George a lu deux télégrammes du Tigre (Clemenceau) dans lesquels il relatait l’entrevue de Foch avec les Allemands ; le Tigre redoute la chute de l’Allemagne et la victoire du bolchévisme dans ce pays : ‘Lloyd George m’a demandé si je souhaitais que cela arrivât ou si je ne préférais par un armistice. Sans hésitation, j’ai répondu : ‘Armistice. ‘ Tout le cabinet a été d’accord avec moi. Pour nous, le véritable danger n’est plus désormais les Allemands, mais le bolchévisme’."
La crainte d’une extension de la révolution dans l’ensemble de l’Europe aiguisait la détermination des puissances bourgeoises à mater définitivement le pouvoir des Soviets. Lors de la conférence de la paix, Clémenceau, se fit le plus farouche défenseur de cette politique : "Le danger bolchevique est très grand à l’heure présente ; le bolchévisme s’étend. Il a gagné les provinces baltes et la Pologne ; et, ce matin, nous avons reçu de très mauvaises nouvelles, car il s’étend à Budapest et à Vienne. L’Italie aussi est en danger. Le danger est probablement plus grand là qu’en France. Si le bolchévisme, après s’être étendu à l’Allemagne, devait traverser l’Autriche et la Hongrie et gagner l’Italie, l’Europe aurait à faire face à un très grand danger. C’est pourquoi il faut faire quelque chose contre le bolchévisme." Affirmant haut et fort, lors de cette conférence, le "droit des peuples à disposer d’eux-mêmes", la bourgeoisie ne laisserait pas le prolétariat mondial disposer de lui-même au risque de mettre en péril la société bourgeoise. Pour l’un ou l’autre camp, la clé de la victoire résidait dans l’extension ou l’isolement de la révolution. Aussi, la crainte de la bourgeoisie se mesure au degré de violence et d’atrocité auquel elle se livra en Russie, en Allemagne, en Hongrie et en Italie. Car derrière le voile des "droits de l’homme" se cache l’intérêt d’une classe dominante toujours décidée à user des pires procédés lorsqu’il s’agit de sa survie.
L’asphyxie économique
Les paroles fracassantes de Clémenceau (rapportées ci-dessus) permettent de comprendre son insistance pour décréter un blocus total de la Russie et mettre tout en œuvre pour que les États voisins restent hostiles à la République des Soviets.[28]
D’où aussi, la détermination avec laquelle fut combattue la vague révolutionnaire. Le retard du prolétariat européen et mondial à faire la révolution plongeait le prolétariat de Russie dans un isolement complet. La République des Soviets était désormais une "forteresse assiégée" tentant de résister à d’immenses difficultés. En 1919-1920, les effets des rationnements et de l’assujettissement de la production, appliqués au cours de la guerre mondiale, se faisaient encore sentir dans le pays. A cela, s’ajoutaient la dévastation de la guerre civile et le blocus économique imposés par les puissances démocratiques entre mars 1918 et le début de l’année 1920. Toutes les importations étaient bloquées, y compris les colis de solidarité envoyés par les prolétaires des autres pays. Les armées blanches et celles de l’Entente avaient mis la main sur le charbon d’Ukraine et le pétrole de Bakou et du Caucase ce qui engendra une pénurie de combustible. La totalité des combustibles qui parvenait dans les villes restait inférieur à 10% de ce qui était consommé avant la Première Guerre mondiale. La faim dans les villes était terrible, tout manquait. Les ouvriers de l’industrie lourde recevaient les rations de première catégorie qui ne dépassaient pas les 1900 calories.
Evidemment, cette situation avait également des répercutions sur l’état des soldats de l’Armée Rouge en proie à la faim, au froid et aux maladies. En octobre 1919, les troupes blanches de Ioudenitch menacent Petrograd. La brigade du commandant Kotovsky venue d’Ukraine est appelée en renfort. Le 4 novembre, Kotovsky adresse un rapport édifiant : "Une épidémie généralisée de typhus, la gale, l’eczéma, des maladies dues au froid à la suite du manque de linge et d’uniformes et de bains. Tout cela a mis sur les genoux de 75 à 85 % de notre effectif de vieux combattants qui sont, en chemin, restés dans les infirmeries et les hôpitaux." Face aux protestations de certains régiments, la brigade sera mise au repos. Cette situation s’avéra bien pire : "nous avons été confrontés à d’autres difficultés, écrit un soldat. L’épidémie de typhus s’est déchainée, et des maladies dues au refroidissement ont ravagé la brigade. Les soldats et les commandants vivaient dans des baraquements non chauffés et recevaient des rations de famine : 200 grammes de ‘soukhari’ (une sorte de pain grillé) et 300 grammes de chou. Ca faisait mal au cœur de voir nos chevaux mourir par manque de fourrage."[29] Trotsky dépeint en des termes très sombres l’apparence de ces mêmes troupes sensées défendre le principal bastion du prolétariat russe : "Les ouvriers de Petrograd n'avaient pas alors bonne mine : le teint terreux parce qu'ils ne mangeaient pas à leur faim, des vêtements en loques, des bottes trouées, souvent dépareillées."
Après 1921, la pénurie se poursuit et les rationnements étaient toujours aussi drastiques, "la ration de pain noir n'est encore que de 800 grammes pour les travailleurs des entreprises à feu continu et de 600 grammes pour les travailleurs de choc. La ration baisse jusqu'à 200 grammes pour les porteurs de la "carte B" (les chômeurs). Le hareng, qui, en d'autres circonstances, avait déjà permis de sauver la situation, manquait complètement. Les patates parvenaient gelées aux villes, à cause de l'état lamentable des chemins de fer (à peu près 20 % de leur potentiel d'avant-guerre). Au début du printemps 1921, une famine atroce ravagea les provinces orientales et la région de la Volga. On comptait alors, d'après les statistiques reconnues par le congrès des Soviets, entre 2 et 2,7 millions de nécessiteux, qui souffraient de la faim, du froid, des épidémies de typhus ([20]), de diphtérie, grippe, etc."[30]
Dans les usines, la surexploitation des ouvriers n’empêcha pas la baisse de la production. La sous-alimentation et le chaos économique poussaient une partie d’entre eux à migrer vers la campagne, d’autres fuyaient les grandes entreprises pour aller dans de petits ateliers rendant le troc plus facile. Dans ces conditions, il fut décidé de mettre en œuvre la Nouvelle Politique Economique (NEP), qui mit un frein à l'étatisation de la production.
La guerre civile laisse derrière elle un pays totalement exsangue. Près de 980 000 morts dans les rangs de l’Armée Rouge, aux alentours de 3 millions au sein des populations civiles. La famine, déjà présente, s’amplifie lors de l’été 1921 avec la terrible sécheresse qui se répand dans tout le bassin de la Volga.
Même si, face au développement des mutineries et du "danger" révolutionnaire sur leur propre territoire, les puissances étrangères ont dû retirer leurs troupes au cours de l’année 1920 et si les armées contre-révolutionnaires n’ont jamais été véritablement en mesure de reprendre le pouvoir, tellement gangrénées par les querelles internes, le manque de discipline et l’absence de coordination, la bourgeoisie mondiale est néanmoins parvenue à stopper la vague révolutionnaire qui avait éclos après quatre années de guerre impérialiste. L’isolement total de la Russie des Soviets signera l’arrêt de mort de la révolution et la plongée dans sa dégénérescence[31].
Comme nous le verrons dans la deuxième partie de cet article, c’est dans ce contexte que la social-démocratie puis le stalinisme portèrent le coup de grâce à la Révolution d’Octobre et à son héritage.
(À suivre)
Narek, le 8 avril 2018.
[1] C’est plus ou moins en ces termes que Stéphane Courtois nous décrit la personnalité et les aspirations de Lénine lors une émission de radio.
[2] Un propos exprimé par Thierry Wolton sur le plateau de l’émission 28 minutes sur la chaîne Arte le 17 octobre 2017.
[3] L’article de Lénine, "A quoi pouvaient s’attendre les Cadets en se retirant du ministère", écrit dès le 3 juillet, montre la clarté des bolcheviks sur cet épisode.
[4] Tout particulièrement dans la répression de la manifestation du 3 juillet.
[5] Lénine, "Sur les illusions constitutionnelles".
[6] Cité dans Pierre Durant, Les sans-culottes du bout du monde. 1917-1921, Editions du Progrès, 1977.
[7] Jean-Jacques Marie, La guerre civile russe. 1917-1922. Armées paysannes rouges, blanches et vertes, Editions autrement, 2005.
[8] Pour des informations complémentaires sur le coup d'État de Kornilov, se reporter à la Brochure du CCI, Octobre 17, début de la révolution mondiale. Le développement du mouvement de février à octobre 1917
[9] Pierre Durant, Op. cit.
[10] Jean-Jacques Marie, Op. cit.
[11] Cité dans Jean-Jacques Marie, Op. cit.
[12] Si nous pensons qu'en de telles circonstances la constitution d'une armée rouge était effectivement nécessaire, nous considérons cependant que la dissolution de la garde rouge, organe spécifique de l'armement du prolétariat, était une erreur revenant à désarmer la classe révolutionnaire.
[13] "Projet de radiogramme au gouvernement du Reich allemand" rédigé par Trotsky in Lénine, Œuvres choisies, Editions du Progrès, Moscou, 1968.
[14] Cité dans Jean-Jacques Marie, Op. cit.
[15] Pour plus de détails sur cette question, voir "Brest-Litovsk : gagner du temps pour la Révolution mondiale", Révolution Internationale n°48.
[16] Voir Jean-Jacques Marie, La Guerre des Russes Blancs, 1917-1920, Tallandier, 2017.
[17] Pierre Durant, Op. cit. p. 191.
[18] Cité dans Pierre Durant, Op. cit. p. 190.
[19] Pierre Durant, Op. cit. p. 89.
[20] Jean-Jacques Marie, Op. cit, p. 79.
[21] Ibid, p. 81.
[22] Ibid, pages 116-117.
[23] Pierre Durand, Op. cit.
[24] Tout comme Rosa Luxemburg, le CCI rejette la notion de Terreur rouge : "Même s’il était nécessaire de répondre fermement aux complots contre-révolutionnaires de l’ancienne classe dominante et de créer un organe spécial visant à les réprimer, la Tcheka, cet organe a rapidement échappé au contrôle des Soviets et a eu tendance à être infecté par la corruption morale et matérielle de l’ancien ordre social". Manifeste sur la Révolution d’Octobre 1917 en Russie.
[25] Cité dans Jean-Jacques Marie, La guerre civile russe, Op. cit. p. 94.
[26] Cité dans Jean-Jacques Marie, Op. cit. p. 99.
[27] "Tous contre Dénikine". Lettre du comité central du parti communiste de Russie aux organisations du parti;
[28] Jean Jacques Marie, La guerre des Russes blancs, Op. cit., p. 436.
[29] Cité dans Jean Jacques Marie, La Guerre civile, Op. cit. p. 164.
[30] Brochure du CCI, Octobre 17, début de la révolution mondiale. L'isolement c'est la mort de la révolution
[31] Voir à ce sujet : "La dégénérescence de la révolution russe", Revue Internationale, n°3.