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Révolution Internationale n° 343 - février 2004

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La montée du chômage révèle la faillite du capitalisme

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Fin 2003, Chirac nous a annoncé que 2004 serait "l'année de la lutte contre le chômage", le tout sur fond de campagne prévoyant la reprise économique dans la plupart des pays développés. Faut-il croire que le gouvernement va s'atteler à la tâche d'améliorer le sort des ouvriers au chômage ou de réduire les licenciements ? Loin s'en faut ! 2004 sera en réalité l'année d'une nouvelle série d'attaques contre les chômeurs et d'une nouvelle aggravation des conditions de vie de la classe ouvrière.


Toutes les mesures qui se dessinent vont clairement dans ce sens : pression accrue sur les salaires avec l'augmentation de la CSG censée réduire le trou de la sécurité sociale, plan de démantèlement du système de protection sociale, licenciements dans le secteur privé, suppressions d'emploi dans le secteur public, etc. D'un côté, les "actifs" sont pressurés au nom de la "solidarité", de l'autre, ce sont ceux qui ne servent plus au système capitaliste, les chômeurs, qui sont purement et simplement rejetés. A défaut de les faire disparaître physiquement, la bourgeoisie les élimine des comptes du chômage et trouve toutes les raisons pour diminuer puis supprimer leurs maigres allocations.

Les mesures prises durant l'année 2003 et les résultats auxquels est parvenu l'Etat français dans la "gestion du chômage" sont significatifs de ce qui attend les chômeurs pour 2004.
Ainsi, depuis le 1er janvier, plus de 250 000 chômeurs ne touchent plus l'indemnité que leur versaient les Assedic, suite à l'accord passé le 20 décembre entre le Medef, la CFDT, la CGC et la CFTC réduisant de 30 à 23 mois la durée d'indemnisation-chômage. Dès lors, un tiers d'entre eux n'aura plus aucun revenu. 40 000 devront se contenter temporairement de l'ASS, Allocation Spécifique de Solidarité, puisque cette dernière a été aussi réformée dans le sens d'une limitation de la durée d'indemnisation (deux ans maximum). Enfin, le dernier tiers touchera un RMI remanié dans le même esprit avec l'introduction du RMA (Revenu Minimum d'Activité). Le revenu minimum étant maintenant conditionné par la réinsertion professionnelle.
Alors que le gouvernement ne cesse de vanter les mesures prises en faveur de l'emploi des jeunes comme la mise en place de 125 500 "contrats jeunes en entreprise", le chômage de cette catégorie d'ouvriers a augmenté de 7,2% entre novembre 2002 et novembre 2003. Signe des temps, alors qu'on nous parlait de reprise à tout va dès l'automne 2003, l'ANPE parlait de "fin de l'embellie" pour les cadres commerciaux et technico-commerciaux dont le chômage a augmenté de 23% et celui des informaticiens de 66% pour l'ensemble de l'année passée.
Pour ce qui concerne le chômage dit de longue durée, où les ouvriers de plus de 50 ans sont les plus nombreux, le nombre de ceux ayant plus de deux ou trois ans d'incription a augmenté de 14%. Ce qui signifie en clair leur disparition rapide des statistiques du chômage, celles-ci ne comptabilisant que les demandeurs d'emploi touchant encore les indemnités.
Grâce aux tripatouillages en tous genres poursuivis par tous les gouvernements, de gauche et de droite, depuis plus de vingt ans, le chômage n'excède pas aujourd'hui officiellement le chiffre de 2,5 millions. En fait, si l'on compte les dispensés de recherche d'emploi et les rayés des listes de l'ANPE, ce sont au moins 4 millions qu'il faudrait recenser aujourd'hui, sans compter tous ces "pauvres" vivotant tant bien que mal d'expédients et de petits boulots.

Cette situation de chômage endémique et massif que connaît la classe ouvrière n'est pas une exception française. En Allemagne, l'ancienne locomotive de l'Europe, plus de 4 millions de chômeurs étaient recensés fin 2003. La bourgeoisie estime d'ailleurs qu'avec les centaines de milliers d'ouvriers en "formation", autre moyen de masquer le chômage, le sous-emploi se monte à 7 millions, c'est-à-dire à 16% de la population active. Et si dans des pays comme les Etats-Unis, avec moins de 6% de chômeurs ou encore la Grande-Bretagne qui, après le bond des années 1980, n'en comptent "que" 3%, ce n'est nullement grâce à un soi-disant retour au "plein emploi". C'est le résultat de la généralisation tous azimuts du travail à temps partiel et du travail précaire, imposés par l'Etat comme seule condition à la survie des prolétaires.
Ainsi, c'est tout le prolétariat mondial qui est frappé par le chômage avec une brutalité et une durée sans précédent dans l'histoire du capitalisme.
A cette question obsédante que se posent les prolétaires de savoir comment échapper à la menace grandissante du chômage, la bourgeoisie répond en appelant à lui faire confiance. Elle prétend que si tout le monde se serre la ceinture, cela ira mieux demain. Il faudrait donc accepter les sacrifices et courber l'échine, être solidaire des gouvernements.
Voilà plus de trente ans que l'on nous sert le même mensonge régulièrement. Les différents gouvernements se sont appliqués à nous faire croire que les ouvriers eux-mêmes étaient responsables de leur propre malheur. Ainsi Fillon s'insurgeait récemment du fait "inacceptable" que 300 000 emplois n'étaient pas pourvus et se proposait de prendre des mesures pour "convaincre les chômeurs d'accepter les postes proposés" ! La menace n'est même pas voilée et les effets d'annonce sur la redémarrage de l'économie viennent d'ailleurs à point nommé pour mieux la justifier.
La vérité n'est pas que les chômeurs seraient des profiteurs et qu'il y aurait une solution au problème du chômage. La vérité c'est que la crise économique du système capitaliste n'a pas d'issue et que le chômage ne peut aller qu'en s'aggravant... La crise ouverte en 1968 a vu le chômage enfler régulièrement jusqu'à devenir massif et chronique au début des années 1980. Désormais, les capitaux nationaux ne peuvent survivre qu'en rejetant un nombre toujours plus grand de prolétaires dans le chômage. De récessions en récessions successives, les chômeurs se sont accumulés comme jamais. Alors que la surproduction a explosé, que les Etats croulent sous les dettes, la perspective de résorber le chômage est un odieux mensonge. Les sacrifices d'aujourd'hui ne font ainsi que préparer ceux de demain. L'Etat et les patrons licencient, suppriment des emplois, réduisent les salaires parce que la bourgeoisie française, comme celle de tous les pays, est contrainte de rationaliser la production, d'éliminer les secteurs non compétitifs, face à l'aggravation de la concurrence internationale.
Cette situation n'a rien de cyclique ou de conjoncturelle. Le chômage est une illustration frappante de la faillite du capitalisme. Il témoigne de la nécessité de renverser ce système moribond et de mettre fin à la misère qu'il impose par la révolution communiste mondiale.

Mulan

Situations territoriales: 

  • Situation sociale en France [1]

Séisme enIran, crash aérien en Egypte, ... Le capitalisme est une catastrophe pour l'humanité

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Ces dernières semaines, l'actualité au niveau international et en France a été marquée par une accumulation de "faits divers" que les médias présentent comme des catastrophes naturelles, comme le produit de la fatalité. Tremblement de terre en Iran, crash aérien en Egypte, accident industriel en Chine, épidémie de légionellose en France et l'on pourrait continuer la liste. Au moment même ou nous terminons cet article, des accidents mortels viennent d'avoir lieu dans l'industrie du gaz en Algérie et dans la pétrochimie en Indonésie. Pour le marxisme, ces catastrophes, accidents, épidémies à répétition, illustrent le degré de décomposition du capitalisme et notamment son incapacité chronique à prévenir de telles tragédies, voire sa tendance à les susciter, alors qu'il a accumulé les sciences et technologies nécessaires, sinon pour les éradiquer, du moins pour en limiter les effets les plus destructeurs. Le tableau apocalyptique de ces récents "faits divers" est une nouvelle illustration de ce que le CCI a régulièrement mis en évidence dans les colonnes de sa presse: le capitalisme en pleine décomposition est une véritable catastrophe et un fléau mortel pour l'humanité.
 

Catastrophe naturelle ou catastrophe sociale ?

Fin décembre, c'est une immense tragédie humaine qui s'est déroulée en Iran. Un séisme a détruit en quelques secondes la ville de Bam et ses villages environnants, faisant plus de 40.000 morts, 35.000 blessés et des dizaines de milliers de sans-abri. Une fois encore, ce sont les couches les plus pauvres de la population qui ont tout perdu dans cette tragédie. Le tremblement de terre autour de la ville de Bam vient s'ajouter à une liste déjà longue de séismes qui, rien qu'en Iran, sur les trente dernières années, ont fait plus de 150.000 morts.
Certes, on ne peut reprocher au capitalisme d'être à l'origine d'un tremblement de terre. En revanche, on peut mettre à son passif le fait qu'un séisme qui ne fut pourtant pas parmi les plus violents de ces dernières années, se transforme en une immense catastrophe sociale. Alors que des progrès considérables sont réalisés en sismologie au niveau mondial et que l'Iran possède des compétences et de l'expérience dans ce domaine, l'incurie de la classe politique est notoire ! Comme le souligne un architecte iranien, "ce qui fait défaut, c'est une volonté politique sans faille, un contrôle public systématique et strict de l'application des normes, des moyens à la hauteur du problème" (L'Humanité du 3 janvier). On est passé de 30 millions d'habitants à dominante rurale à plus de 70 millions d'habitants majoritairement urbains, ce qui conduit en Iran à une hypertrophie accélérée de beaucoup de villes. "Dans ce contexte, les responsabilités en chaînes sont nombreuses : inconscience ou impuissance des plus démunis obligés d'auto construire leurs logements avec des moyens rudimentaires, l'appétit vorace des promoteurs, des plus petits aux plus grands, la gabegie et la corruption à certains niveaux, la pure négligence criminelle à d'autres" (ibid., L'Humanité). A ces multiples négligences criminelles, il faut ajouter que la ville de Bam était en plus construite pour la plupart de ses habitations en pisé ( mélange de terre argileuse et de paille) ou en briques crues et lorsque de telles maisons s'effondrent, cela s'apparente au déversement sur ses occupants d'un camion de gravats, laissant à priori peu d'espoirs de retrouver des rescapés sous les ruines.
Comme en Turquie il y a quelques années, l'Etat iranien a démontré qu'il n'avait tiré aucune leçon des précédents séismes qui ont secoué la région, laissant construire de manière anarchique et n'imposant pas le respect de normes de construction antisismique. Cette incurie des pouvoirs publics et religieux, leur mépris pour la population, s'est traduit par le fait que le séisme a eu lieu à 4h30 du matin et les premiers secours ne sont arrivés qu'en fin de journée vers 17h. Alors que l'ensemble des habitants des grandes métropoles iraniennes se sont mobilisés, notamment à Téhéran pour apporter leur solidarité sous la forme de vêtements, nourriture, tentes pour les survivants, les autorités étaient incapables de les acheminer vers la zone sinistrée. Pire encore ! Face à cet élan de solidarité humaine de la population, la bourgeoisie iranienne n'a rien trouvé de mieux à faire que d'utiliser cette tragédie pour ses mesquins intérêts électoraux. Dés les premières heures du séisme, alors que des élections législatives sont prévues en février, on a vu les deux clans politiques rivaux, les réformateurs de Mohamed Khatami et les conservateurs religieux de Ali Khamenei se précipiter vers le lieu de la catastrophe en hélicoptère, alors que les secours n'avaient pas les moyens d'acheminer de l'aide, ni la capacité d'évacuer les blessés. Tels les charognards, c'est sur les décombres et au milieu des cadavres qu'ils ont rivalisé de rapidité pour annoncer aux sinistrés que leur ville et leur citadelle seraient reconstruites, alors que ces crapules sont responsables du carnage, car même les bâtiments récemment construits, notamment les hôpitaux et les écoles, se sont effondrés du fait du non-respect des normes antisismiques.

Le capitalisme est le responsable des catastrophes à répétition

Au même moment où la ville de Bam était dévastée par le séisme, une explosion de gaz dans le sud-ouest de la Chine, faisait 191 morts dont la moitié sont des enfants, des centaines de blessés et plus de 3000 personnes intoxiquées à des degrés divers. Cet accident n'a rien de fatal. Il est le résultat immédiat d'une course effrénée au profit capitaliste, au mépris des conditions élémentaires de sécurité sur les lieux de production. Pour la seule année 2003, "13 283 personnes ont été tuées sur des chantiers, dans des usines ou des mines en Chine, soit une hausse de 9,6% par rapport à 2002" (Le Monde du 27 décembre 2003). A chaque fois pour cacher sa responsabilité, pour préserver sa domination de classe, la bourgeoisie met en exergue à coup de campagnes médiatiques que c'est la faute d'un tel ou tel. C'est le mensonge qu'elle nous raconte depuis la fin décembre, à propos du crash d'un Boeing au large de Cotonou faisant plus d'une centaine de morts et disparus et pour le Boeing 737 qui s'est écrasé à Charm El-Cheikh en Egypte faisant 148 morts dont la plupart était des ressortissants français. Dans les deux cas, elle a accusé sans vergogne les compagnies libanaises et égyptiennes qui avaient affrété ces avions et s'il est vrai que ces appareils ne remplissaient pas toutes les conditions de sécurité, c'est le prix à payer aujourd'hui dans le capitalisme pour obtenir des voyages à des tarifs préférentiels, les fameux charters. Mais contrairement à ce que raconte le ministre des transports français, cela n'est pas une spécificité des compagnies "exotiques", ni des compagnies spécialisées dans le dumping aérien. Il suffit de rappeler le crash du concorde d'Air France en juillet 2000 à Roissy avec ses 113 victimes ou la collision entre un Tupolev et un avion cargo au-dessus du lac de Constance en Suisse (71 morts), dont l'enquête a conclu à une défaillance du contrôle aérien suisse ou bien encore les déboires juridiques des familles des victimes de l'Airbus A-320 qui a fait 87 morts sur le Mont Sainte Odile en Alsace il y a 10 ans, alors que l'on sait pertinemment qu'il y a eu des négligences techniques sur cet avion. Ces accidents, qui ne peuvent que se multiplier, sont la conséquence de la guerre commerciale à outrance que se livrent les compagnies aériennes pour garder leurs parts de marché. De fait, cela les oblige à réduire les dépenses qui concernent la sécurité et l'entretien des infrastructures nécessaires au bon fonctionnement de ce moyen de transport. Mais le transport aérien n'est pas une exception, il suffit de voir les accidents de train à répétition, de métro ou de bateaux ( les marées noires de l'Erika ou du Prestige) ces dernières années aussi bien dans les pays du tiers monde qu'en Europe. A toutes ces horreurs, s'ajoute l'apparition d'épidémies mortelles qui sont une autre manifestation de la faillite du capitalisme. Alors que l'épidémie de "SRAS" n'est toujours pas maîtrisée en Asie ( cf. RI n°336, juin 2003) une épidémie de légionellose sans précédent se développe en France, dans le Pas-de-Calais, avec 76 personnes touchées dont 10 décès. Ce sont les tours aéroréfrigérantes de l'usine Noroxo qui sont en cause, nous dit-on. En fait, comme le révèle un spécialiste, le nombre annuel de cas en France est passé de moins de 50 à plus d'un millier et c'est à chaque fois la négligence de telle ou telle usine dans l'entretien des infrastructures de refroidissement qui est en cause. Ces négligences récurrentes font que les hôpitaux censés soigner la population sont devenus des lieux d'épidémies et d'infections. 800.000 personnes sont touchées chaque année par des infections nosocomiales et 4000 meurent de leurs suites.

La survie du capitalisme : une menace pour l'humanité

Face à de telles tragédies, les révolutionnaires se doivent de dénoncer le cynisme crapuleux de la classe dominante et réaffirmer leur solidarité de classe avec les victimes de ces catastrophes, et particulièrement envers les prolétaires en Iran, frappés par le séisme de Bam. A ce que la bourgeoisie présente comme une énième catastrophe naturelle, la fatalité ou le fait qu'il ne puisse exister de "risque zéro", le marxisme oppose une analyse beaucoup plus pertinente. "A mesure que le capitalisme se développe puis pourrit sur pied, il prostitue de plus en plus cette technique qui pourrait être libératrice à ses besoins d'exploitation, de domination et de pillage impérialiste, au point d'en arriver à lui transmettre sa propre pourriture et à la retourner contre l'espèce (…) Le capitalisme n'est pas innocent non plus des catastrophes dites "naturelles". Sans ignorer l'existence de forces de la nature qui échappent à l'action humaine, le marxisme montre que bien des catastrophes ont été indirectement provoquées ou aggravées par des causes sociales(…)Non seulement la civilisation bourgeoise peut provoquer directement ces catastrophes par sa soif de profit et par l'influence prédominante de l'affairisme sur la machine administrative(…) mais elle se révèle incapable d'organiser une protection efficace dans la mesure où la prévention n'est pas une activité rentable". (Espèce humaine et croûte terrestre d'A. Bordiga (Ed. PBP), préface).
Encore une fois, ce n'est pas la nature, la malchance ou la volonté d'une quelconque "divinité religieuse" qui est responsable de telles tragédies. Le propre même du système capitaliste, c'est de donner des explications partielles ou circonstancielles pour éviter que le prolétariat ne prenne conscience que c'est la logique même du capitalisme qui est porteuse de tant d'horreurs et de tragédies humaines. Le responsable de cette barbarie, c'est le capitalisme, ses règles, ses lois et sa classe dominante, tout juste capable de comptabiliser les morts et de dénaturer ce que représente la réelle solidarité humaine. Voilà le monde barbare et inique que le capitalisme nous impose aujourd'hui. Ce nouveau cortège de catastrophes dévoile une nouvelle fois le degré de putréfaction atteint par ce système et celui-ci ne laisse d'autre alternative aux exploités que de le détruire avant qu'il ne détruise l'humanité.

Donald (22 janvier 2004).

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  • Moyen Orient [2]

L'aide "humanitaire" : un prétexte pour masquer les visées impérialistes

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 Face à la tragédie de Bam, l'Etat iranien a lancé un appel au niveau international et c'est au nom de la soi-disant solidarité humaine que les grandes puissances de ce monde ont envoyé des équipes de secouristes.

Comme le soulignent plusieurs membres des ONG (organisations non gouvernementales), on a assisté à une véritable ruée des secours internationaux dont les équipes ont joué des coudes pour s'imposer sur le terrain. Leur manque de coordination est venu ajouter un peu plus de pagaille aux secours locaux. On a vu ainsi lors des journaux télévisés, la France, la Russie, l'Angleterre faire une publicité indécente pour leurs équipes de secouristes et leurs chiens renifleurs. Cette tragédie a même été l'occasion de grandes retrouvailles entre les Etats-Unis et l'Iran. Quoi qu'en disent les médias, l'envoi de secouristes américains est le prétexte "humanitaire" qui sert cyniquement de masque à la bourgeoisie américaine, comme aux autres puissances, pour travestir leurs visées impérialistes. Effectivement les discours des Etats-Unis sur l'aspect strictement humanitaire de leur aide est un pur mensonge. Le tremblement de terre est une aubaine pour les autorités américaines qui ont tout intérêt à se rapprocher de l'Iran qui a une grande influence sur la communauté chiite d'Irak (qui pose des difficultés aux Américains). Quant aux Iraniens, ils espèrent que les Etats-Unis vont mettre au pas leur ennemi héréditaire, l'opposition armée des moudjahidin. Non seulement le séisme est utilisé comme couverture des appétits et stratégies diplomatiques des grandes puissances, mais le show médiatique de l'aide humanitaire aura été de courte durée. Trois semaines seulement après la catastrophe, les différentes équipes de secours sont reparties aussi vite qu'elles étaient venues. Les rescapés, eux, n'ont qu'à se débrouiller ! Ils vont devoir maintenant survivre dans ce champ de ruines en ne comptant que sur eux-mêmes, pendant que les gouvernements continuent en coulisse leurs tractations et leurs sordides marchandages.

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  • Moyen Orient [2]

Histoire du courant trotskiste : La véritable origine bourgeoise de "Lutte Ouvrière"

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La véritable histoire de Lutte Ouvrière. Le livre est récent et son titre pour le moins alléchant.

  • D'où vient la principale composante du mouvement trotskiste en France ?
  • Où plonge-t-elle ses racines politiques ?

La question est d'autant plus légitime que l'on juge du camp auquel appartient une organisation politique dans un premier temps de sa filiation. Ce recueil d'entretiens réalisé par Christophe Bourseiller (écrivain et journaliste bourgeois intronisé pour l'occasion spécialiste de l'extrême gauche) avec le méconnu gourou de LO, Robert Barcia (alias Hardy), s'il sert avant tout de "coming out" pour ce dernier, une façon de polir l'image trop sectaire de son groupe, aborde tout de même le chapitre de l'origine historique de l'Union Communiste (nom politique de LO).


A la veille de la Seconde Guerre mondiale, le mouvement trotskiste en France ressemble à une nébuleuse de groupes vivant au rythme des scissions, rabibochage, nouvelle scission etc… C'est lors d'une de ces scissions qu'apparaît en octobre 1939 l'ancêtre de LO, le groupe Barta.

Cette naissance se fait dans un contexte historique brûlant qui représente pour l'ensemble de la mouvance trotskiste, au niveau international, une véritable mise à l'épreuve après dix ans de dérives opportunistes dont le point culminant aura été le soutien au camp impérialiste républicain lors de la guerre d'Espagne en 1936.
La trahison de l'internationalisme prolétarien était dans l'air et se posera définitivement au cours de la Seconde Guerre mondiale.
"Les prolétaires n'ont pas de patrie", en tant que classe exploitée, non possédante, la classe ouvrière n'a pas de capitaux à défendre. Pourtant, c'est elle qui subit les massacres au front comme à l'arrière. "La transformation de la guerre impérialiste en guerre civile", comme le proclamait les bolchéviks à partir de la première guerre mondiale, devient le "seul slogan prolétarien juste" dans un monde capitaliste en banqueroute. Dans ces conditions, toute organisation révolutionnaire venant à exhorter les prolétaires à se draper de leur couleur nationale respective pour finalement les voir s'entretuer, franchit le Rubicon séparant la classe ouvrière de la bourgeoisie et perd à jamais son caractère prolétarien. Ce qui fut le cas de la grande majorité de la social-démocratie qui vota les crédits de guerre en août 1914, des PC stalinisés se vautrant dans les préparatifs guerriers dans les années 1930 et enfin de la quasi totalité de la IVe Internationale trotskiste[1] [3] pendant la seconde conflagration mondiale.

Le mouvement trotskiste en France abandonne la cause prolétarienne

En automne 1939, les deux principales fractions trotskistes existantes en France sont le Comité français pour la IVe Internationale (composé d'anciens militants du POI[2] [4] et un groupe d'ex-militants du PCI[3] [5]. Chacune de ces deux chapelles prendra fait et cause pour l'un et l'autre des camps impérialistes en présence, signant ainsi leur allégeance à la classe dominante.
Ainsi, le groupe issu de l'ex-PCI, autour de Roger Foirier et Henri Molinier, jouera un rôle dans les mouvements (tel le RNP[4] [6] de Marcel Déat) favorable au nazisme. En fait, les trotskistes de l'ex-PCI misent sur la victoire de l'Allemagne. Etant donné qu'avec ce pronostic les organisations fascistes seront amenées de plus en plus à encadrer les masses, la conclusion de ce savant calcul, pour ne pas se couper de ces dernières, est de travailler "à l'intérieur d'une organisation fasciste et dans ses milieux dirigeants" (sic). De son côté le Comité (redevenu POI entre temps), animé par Marcel Hic, vole au secours de la nation française occupée par l'envahisseur allemand. La France étant présentée comme une nation "opprimée" cela permet à Hic et ses acolytes de satisfaire à loisir leurs pulsions chauvines au nom de la "libération nationale", comme en témoigne cet extrait de leur journal La Vérité du 1er octobre 1940 : "Nous intégrer dans le mouvement de patriotisme populaire, élargir notre base d'action, (…) ne peut que nous permettre de progresser et d'enraciner notre activité dans les masses. (…) C'est de l'initiative du peuple de France que dépend le relèvement de notre pays. (…) Seule l'initiative populaire peut rendre la vie à la France."
Il faudra l'entrée en guerre de l'URSS en juin 1941 pour que les trotskistes, au nom de la sacro-sainte "défense de la mère patrie socialiste", se rejoignent pour épouser les intérêts d'un seul et même camp bourgeois, celui des alliés. Là encore, le journal La Vérité dans son n°18 du 1/08/1941 est on ne peut plus explicite : "C'est l'intérêt et le devoir de tout ouvrier français qui n'est pas aveuglé par ses intérêts de classe ou vendu aux nazis de tout mettre en œuvre pour affaiblir dans son rayon d'action, les forces étrangères qui nous oppriment en même temps qu'elles agressent l'URSS." (Article au titre incantatoire : "IL FAUT DEFENDRE L'URSS"). C'est sur ce terrain pourri et abondamment mystificateur que les trotskistes, tout au long de la guerre, ont encouragé le prolétariat à abandonner ses intérêts de classe et à se faire étriper pour des intérêts qui ne sont pas les siens.
En 1944, les principaux groupes trotskistes reformeront un PCI. Union qui sera célébrée par le massacre d'ouvriers lors de la "Libération" de Paris. C'est ici, en compagnie des staliniens du PCF, dans la Résistance, que les trotskistes ont atteint le sommet de leur rôle de pourvoyeur de chair à canon pour le camp allié sur fond d'appel à "l'insurrection nationale". Ce zélé défenseur des intérêts impérialistes de l'URSS que fût le PCI éclatera par la suite mais aura tout de même une descendance digne de ses hauts faits d'armes. Le PT[5] [7] et la LCR[6] [8] voilà qui sont ses fameux héritiers.

Le groupe Barta lui aussi rejoint le camp du capital

"Derrière Hic, elles [les organisations de la IVe Internationale en France] ont quasiment abandonné la position internationaliste de Trotski […] se justifie ainsi la rupture qu'il [Barta] a accomplie en 1939 d'avec tous ces éléments 'pour se délimiter d'un milieu petit-bourgeois aux pratiques social-démocrates et non communistes.'" (Entretien de Hardy avec Bourseiller). La légende du groupe de David Korner dit Barta est en marche. Un groupe très faible numériquement qui serait resté à l'écart du mouvement trotskiste traditionnel pour ne pas salir le drapeau internationaliste et garder les deux pieds bien cimentés dans le camp du prolétariat.
"En octobre 1942, le 'groupe Barta' […] lance une feuille de propagande, La Lutte de classes, qui se présente à l'origine comme l'organe du 'Groupe communiste (IVe Internationale)'. Le groupe intervient sous d'autres étiquettes : 'Collection IVe Internationale' ou 'Un groupe de militants communistes'. Pendant la totalité du conflit, il dénonce les belligérants, appelle à la fraternité à la base, martèle les slogans communistes...".
Cette fable colportée depuis longtemps par LO, et aujourd'hui par son nouveau scribe, est un classique très répandu de la mythologie trotskiste que l'on retrouve par ailleurs. Ainsi, Jacques Roussel qui, dans son livre Les enfants du prophète paru en 1972, dénonce les activités patriotiques des trotskistes français pendant la Deuxième Guerre mondiale, nous fredonnait déjà la chanson de l'héroïque Barta. "Le groupe Barta reprochait violemment au POI ses positions social-patriotiques de 40, qu'il considérait comme une véritable trahison du communisme". (...) [Pour lui] les mots d'ordre nationalistes doivent être énergiquement repoussés".
Le conte est fort joli, mais il n'en est pas moins à dormir debout. Si on se penche d'un peu plus près sur l'attitude du groupe Barta face à la guerre, notamment au travers de ses prises de positions dans sa feuille La lutte de classe, on s'aperçoit que le somptueux carrosse internationaliste que l'on cherche à nous vendre n'est en réalité qu'une vilaine citrouille nationaliste.
"Travailleurs, vous tous qui n'avez que vos chaînes à perdre et un monde à gagner : EMPECHEZ PAR TOUS LES MOYENS LA MACHINE DE GUERRE IMPERIALISTE DE FONCTIONNER CONTRE L'URSS". "Vive l'armée rouge !", tract du 30 juin 1941 diffusé par la clique Barta.
Nous y voilà ! La fameuse défense de la "patrie socialiste", dit autrement des intérêts impérialistes du capital stalinien et, par ricochet, de ceux du camp allié.
Au bout du compte, la prétendue rupture de Barta en 1939 avec les autres groupes trotskistes n'a jamais entamé, ne serait-ce d'un pouce leur cause commune: la défense de l'URSS.
Quand Hardy soutient que "sur le fond Barta renvoyait dos à dos les belligérants", ce n'est par conséquent que pure foutaise ! Comme les autres groupes trotskistes, l'ancêtre de LO a appelé les ouvriers à aller se faire massacrer pour la sauvegarde des intérêts impérialistes du camp stalinien. "La Quatrième Internationale [une des nombreuses dénomination du groupe Barta à l'époque est Groupe communiste (IVe Internationale)] vous appelle pour la défense de l'Union soviétique…" (tract cité plus haut.)
Ainsi, ce groupe, non seulement appellera les ouvriers au sabotage de l'effort de guerre allemand mais ira jusqu'à le mettre en pratique par le biais d'un de ses militants Mathieu Bucholz chargé du sabotage du STO (leur logique voulant qu'un ouvrier français ne partant pas pour le travail obligatoire, dans les usines allemandes, empêchait de libérer un ouvrier allemand qui aurait pu alors partir se battre sur le front Est contre l'URSS).
Voilà un bel exemple de résistance contre l'envahisseur qui, il faut bien l'avouer, est fort éloigné de la dénonciation de tous les camps impérialistes et de l'appel à la classe ouvrière pour quelle retourne ses armes contre ses exploiteurs !
Concernant la Résistance, LO s'est toujours enorgueillie que son ancêtre s'en soit abstenu à l'inverse du reste du mouvement trotskiste français qui rejoindra activement le maquis en 1944. Mais là encore les apparences sont trompeuses. Et c'est Hardy en personne qui lâche le morceau : "Mais entendons-nous : Barta était absolument partisan de la lutte contre le nazisme […] Ses écrits exhortaient les travailleurs à engager une telle lutte. Mais avec leurs propres méthodes, sous leur propre drapeau et pas sous la bannière d'un général réactionnaire…".
C'est effectivement sur ce registre que Barta s'adressait aux ouvriers : "Si vous ne voulez plus être la chair à canon de cette guerre, il faut non seulement résister à Vichy et à l'impérialisme allemand, mais le faire sous votre propre drapeau de classe, le drapeau rouge. Où que vous soyez, en Allemagne si vous n'avez aucun moyen de vous soustraire à la déportation, dans le maquis ou dans les groupes de "partisans" si vous ne pouvez pas vous cacher dans les villes et les villages, n'oubliez pas que vous êtes les fils de la classe ouvrière.
En Allemagne, liez-vous avec les travailleurs allemands pour saboter la machine de guerre et les aider à renverser le régime capitaliste défendu par Hitler. Dans les groupes de résistance, dans le maquis, exigez votre armement et l'élection démocratique des chefs par les membres des groupes." (La Lutte de classes n°24 du 6 février 1944).
En bref, oui à la défense de l'Etat stalinien (et du camp des Roosevelt-Churchill), oui à la Résistance, pourvu que ce soit les prolétaires eux-mêmes qui la prenne en charge. Une auto-organisation de la classe ouvrière pour la défense de l'impérialisme russe, indépendamment de la bourgeoisie, et alors le massacre des prolétaires peut se dérouler légitimement. Merci Monsieur Barta !

Rompre avec le trotskisme seule issue
pour ne pas trahir la classe ouvrière

De l'abjecte trahison de l'internationalisme et par conséquent de la cause prolétarienne voilà où LO prend sa source.
Dans la préface de son bouquin, Bourseiller nous dit que "En dépit des vents contraires, des marées montantes et des sirènes de la mode, elle [l'Union Communiste de Barcia et Laguiller] est demeurée fidèle à un trotskisme pur ou, si l'on préfère, à un "communisme" que l'on peut estimer ou bien haïr, mais qui n'en demeure pas moins authentique."
Il faut vraiment se contenir pour ne pas avoir la nausée à la lecture de tels mensonges.

L'attitude de la IVe Internationale emmenée par le SWP (1) américain se vautrant dans le chauvinisme le plus crasse, à laquelle fait bien entendu écho le petit groupe de Barta bien que non officiellement rattaché à cette Internationale, est diamétralement opposée à celle de ceux qui ont su rester fidèle à l'héritage internationaliste de cette immense figure de la Révolution russe que fût Trotsky. Ce sont, par exemple : la majorité de la section espagnole de la IVe Internationale autour de Munis ou des individus comme Natalia Trotsky. Pour eux, rompre avec le trotskisme, passé définitivement au service de la bourgeoisie, devenait la seule issue possible pour ne pas trahir la classe ouvrière.
Si LO est digne de quelque chose ce n'est certainement pas de Trotsky ou de quelque chose qui aurait trait avec le combat de la classe ouvrière. Sa plus grande fierté c'est plutôt d'avoir toujours servi fidèlement les besoins de la classe dominante.
LO, mais aussi la LCR (et les autres groupuscules trotskistes) ont à maintes reprises fait honneur à leurs aïeux. Dans les différents conflits de l'après guerre ils ont systématiquement incité les ouvriers à choisir un camp impérialiste contre un autre. Pendant la guerre froide ils ont confirmé leur soutien inconditionnel à l'URSS et aux prétendues "luttes de libération nationale" (Cambodge, Vietnam, Cuba) contre les Etats-Unis. Plus récemment, lors de la guerre en Irak, ils ont déterminé que le "bon camp" était ... "le camp du peuple irakien face aux agresseurs anglo-américains " ! (Lutte de Classe n°72). Ce faisant, les trotskistes ont invité les ouvriers à épouser non seulement la cause de la nation irakienne mais surtout les intérêts des rivaux des Etats-Unis, à savoir en premier lieu l'impérialisme français.

C'est sur le tas de fumier du nationalisme que LO, d'abord sous la forme du groupe Barta, a vu le jour et c'est tout logiquement dans ce terrain bourgeois que plongent ses racines l'abreuvant depuis plus de cinq décennies de sève contre-révolutionnaire.

Azel


[1] [9] C'est en septembre 1938, sur la base d'une vision erronée du cours historique, que Trotsky fonde la IVe Internationale. Pour lui, la révolution est encore à l'ordre du jour dans les années 1930. Les évènements de 1936 en Espagne et en France sont, dès lors, interprétés non comme des préparatifs pour la guerre qui s'approche mais plutôt comme les prémisses d'une nouvelle vague révolutionnaire après celle de 1917-1923. Cette lourde erreur conduira à cette aberration qu'est la construction d'une Internationale en pleine contre-révolution.

Avec à sa tête le Socialist Worker's Party américain, et après l'assassinat de Trotsky en août 1940, la IVe Internationale passera avec armes et bagages dans le camp bourgeois en s'alignant sur la défense de l'impérialisme russe.

[2] [10] Parti Ouvrier Internationaliste

[3] [11] Parti Communiste Internationaliste

[4] [12] Rassemblement National Populaire

[5] [13] Parti des Travailleurs

[6] [14] Ligue Communiste Révolutionnaire

Courants politiques: 

  • Gauchisme [15]
  • Trotskysme [16]

Inde - Pakistan :Les initiatives de paix préparent de nouvelles guerres

  • 3969 lectures

Au milieu de l'année 2002, il y a eu des préparations de guerre intensive dans le sub-continent indien. Les cliques dirigeantes à la fois du Pakistan et de l'Inde étaient au bord d'une guerre ouverte. Ces deux Etats impérialistes ont procédé à une mobilisation militaire sans précédent, des milliers de soldats équipés jusqu'aux dents d'armes meurtrières ont été déployés des deux côtés de la frontière, des menaces d'utiliser des armes atomiques ont été proférées par différentes fractions politiques dans les deux pays. La bourgeoisie indienne s'était montrée beaucoup plus agressive et avait semblé être acculée à la guerre ouverte en réponse à une activité belliqueuse beaucoup plus cachée à travers les activités terroristes soutenues par la bourgeoisie du Pakistan. Mais la pression de la "communauté internationale", celle des Etats-Unis en particulier, avait contraint la bourgeoisie indienne à freiner sa marche vers la guerre.


Depuis mai-juin 2003, nous avons vu de nouvelles initiatives de "paix" dans le subcontinent indien culminant dans le présent cessez-le-feu déclaré par le Pakistan et accueilli favorablement par l'Inde. Le premier ministre indien a tendu "la main de l'amitié" à son homologue pakistanais. Des mesures de "construction de la confiance" ont été prises des deux côtés. Des prisonniers ont été libérés. Des discussions continuent encore aujourd'hui en vue de rétablir des liaisons aériennes, terrestres, ferroviaires et maritimes. Des liaisons routières ont déjà commencé à être remises en service à une échelle limitée. Les ambassadeurs sont déjà revenus à leur poste, un an après l'avoir quitté volontairement ou avoir été contraints de le faire. En janvier, le premier ministre indien Vajpayee doit visiter Islamabad pour le sommet de l'Association Sud Asiatique pour la Coopération Régionale, bien que jusqu'alors New Delhi ait écarté toute idée de discussion bilatérale avec les leaders pakistanais en marge du sommet. Plus récemment, en novembre 2003, un cessez-le-feu a été déclaré le long de la frontière de la région litigieuse du Cachemire. Ainsi apparemment, l'initiative de "paix" gagne du terrain dans un conflit frontalier qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts.

Peut-il y avoir une quelconque paix réelle entre ces deux Etats impérialistes dont la naissance s'est faite dans les entrailles d'une période de conflits impérialistes intenses ? Peut-il y avoir de réelle paix et des relations harmonieuses entre deux Etats capitalistes récents qui, comme tous les Etats, sont nécessairement impérialistes dans la phase de décadence du capitalisme ? NON, mille fois NON ! La guerre et la "paix" dans la société décadente sont deux aspects inséparables de la même stratégie impérialiste. La "paix" dans cette époque n'est rien d'autre qu'un moment particulier entre deux phases de guerre ouverte. Elle est utilisée par les Etats impérialistes guerriers pour la préparation politique et militaire d'une nouvelle guerre encore plus meurtrière et dévastatrice. La "paix" et les "initiatives de paix" ne sont rien d'autre que la continuation de la guerre sous une forme différente et sont une partie importante de l'offensive diplomatique d'un camp contre l'autre. Il ne peut y avoir de paix réelle et permanente dans le capitalisme agonisant. Dans le subcontinent indien, la "paix" a toujours été suivie de déclenchements de guerre ouverte. La guerre de Kargil a été précédée et préparée par la "paix" de Lahore. La "paix" d'Agra a été suivie par une situation proche de la guerre en janvier et juin 2002. La "paix" de Tashkent fut suivie par la guerre sanglante de 1971 dont il a résulté le démembrement de la partie orientale du Pakistan et la constitution du Bangladesh. Le Bangladesh est né à la fois comme le produit d'un conflit intense entre deux factions de la bourgeoisie pakistanaise, le produit du conflit impérialiste entre les bourgeoisies indienne et pakistanaise et le produit du conflit global entre les blocs impérialistes russe et américain. Ainsi, les efforts de "paix" et la guerre ne sont rien d'autre que les deux faces de la même réalité.

Les besoins de l'impérialisme américain

La dernière initiative de "paix" ne peut pas être différente. Ce n'est rien qu'un paravent en vue d'une nouvelle intensification de ce conflit impérialiste. Elle est indissociablement liée à une offensive diplomatique où chacune des deux parties entreprend de séduire la "communauté internationale", et en particulier la superpuissance. Ce ne sont rien que des pas supplémentaires en direction d'une future guerre. En juin 2002, quand les initiatives de guerre dans le subcontinent indien atteignaient leur paroxysme, les Etats-Unis n'ont ménagé aucun effort pour éviter le déclenchement de la guerre et maintenir la "paix" dans la région. La "paix" dans cette partie du monde est nécessaire pour la stratégie impérialiste globale actuelle de l'Amérique. Elle vise à consolider sa position stratégique en Afghanistan, en Irak et sur des parties de l'Asie centrale. La situation délicate des Etats-Unis en Irak et en Afghanistan -avec l'extension et le renforcement des attaques armées contre les forces d'occupation américaines a renforcé davantage le besoin de stabilité dans le subcontinent indien. Ainsi les intérêts impérialistes de la Maison Blanche nécessitent d'apparaître comme des "colombes de la paix" dans certaines aires stratégiques, afin d'accroître sa capacité à entreprendre des aventures militaires ailleurs, et pour intensifier son offensive contre ses plus dangereux rivaux potentiels - l'Allemagne, la France et d'autres grandes puissances.
Il en va de même pour les autres puissances impérialistes, qu'elles soient grandes ou petites. On a vu le rôle "d'apôtres de la paix" qu'ont joué les bourgeoisies française, allemande, russe et chinoise dans la guerre en Irak, tout comme on a vu le bellicisme plus ouvert de ces mêmes puissances dans d'autres conflits. Dans tous les cas, le conflit entre les plus petites puissances et l'unique superpuissance, qu'il soit caché ou ouvert, ne peut que s'accroître. La bourgeoisie indienne est contrainte d'être ambivalente vis-à-vis de la politique américaine quand il s'agit de la lutte contre le terrorisme international. La bourgeoisie indienne ne peut ni totalement soutenir la politique impérialiste des Etats-Unis ni totalement s'y opposer. Mais elle est obligée de maintenir des relations avec ce géant militaire et économique et l'initiative récente de "paix" est intimement liée à la stratégie que le capitalisme indien doit adopter dans ses relations avec les Etats-Unis.
L'agressivité téméraire de la bourgeoisie indienne avec son insistance pour une confrontation militaire ouverte avec la bourgeoisie pakistanaise et les efforts de cette dernière pour éviter une guerre ouverte avec l'Inde, a mené à un certain isolement diplomatique de l'Etat indien vis-à-vis de la "communauté internationale". La classe dominante indienne n'a pas eu beaucoup de succès pour convaincre la "communauté internationale" du bien-fondé de ses récriminations incessantes envers le Pakistan, proclamant que ce dernier était la seule source de terrorisme, pas seulement au Cachemire mais aussi dans d'autres parties de l'Inde et à l'étranger.
L'Inde n'est pas les Etats-Unis. Elle doit se donner beaucoup de mal pour plaire à la "communauté internationale". La première et la seconde guerre d'Irak et la situation présente des Etats-Unis ont poussé l'Etat indien à prendre l'initiative de la "paix". La bourgeoisie indienne a réalisé qu'elle paierait très cher toute agression ouverte contre le Pakistan sans le consentement de la "communauté internationale" et des Etats-Unis en particulier. En plus de ceci, le rôle de la bourgeoisie indienne dans la guerre en Irak n'a pas satisfait Washington. Les intérêts de la bourgeoisie indienne l'ont donc obligée à recourir à l'initiative de "paix" comme le meilleur atout dans la situation présente. Cette initiative a connu une soudaine impulsion juste avant la visite dans le subcontinent indien de Richard Armitage, le représentant du Secrétariat d'Etat américain qui est aussi une personnalité très importante dans l'administration Bush. L'Etat pakistanais a lui aussi besoin de plaire au gendarme américain, suite au rôle qu'il a joué durant la guerre en Irak. Le Pakistan a vraiment été identifié internationalement comme un Etat qui abritait des terroristes islamistes et il y a eu des rumeurs insistantes sur des connexions entre les services secrets pakistanais et des bandes comme Al-Qaida. De plus, la bourgeoisie pakistanaise a tiré d'amères leçons de son passé de guerres ouvertes contre l'Inde. D'où la floraison actuelle d'initiatives de "paix" de la part des deux Etats ennemis. Ces initiatives se sont aussi accélérées après le retour de Chine du ministre indien de la Défense à la suite d'"un voyage cordial et très fructueux". Ce ministre a ensuite fait une série de déclarations qui font de lui l'un des plus pro-chinois de la classe politique indienne. Du fait de l'évolution du rapport de force à l'échelle internationale, la Chine est conduite à encourager à la fois l'Inde et le Pakistan à "faire la paix", plutôt que de poursuivre sa politique classique consistant à jouer la carte du Pakistan contre l'Inde.

Des tensions croissantes

Mais les tensions impérialistes et les rivalités guerrières sous-jacentes s'amoncellent sous le mince voile des initiatives de paix. Le 2 juin 2003, le Premier Ministre indien a déclaré en Suisse : "Avant, on nous demandait d'établir des relations avec le Pakistan. Maintenant le monde entier leur dit d'arrêter leurs incursions terroristes sur notre territoire". Selon Brajesh Mishra, le conseiller indien à la sécurité, "un noyau constitué de sociétés démocratiques doit peu à peu émerger de notre coalition actuelle pour prendre à bras-le-corps la lutte contre le terrorisme international de manière homogène et ciblée". Le président pakistanais, Pervez Musharraf, disait dans une interview le 16 juin 2003 : "Le problème avec l'Inde est qu'ils sont trop conscients de leur plus grande taille et qu'ils croient qu'ils peuvent contraindre à l'obéissance leurs voisins. Ils veulent nous imposer leurs diktats. Nous n'accepterons pas ça, empêchons-les de nous traiter comme n'importe quel petit pays périphérique. Nous sommes une nation puissante". Selon une résolution adoptée par le BJP, le parti politique dominant dans la coalition qui dirige l'Inde, la base pour tout dialogue avec l'autorité pakistanaise serait le retour dans le giron indien de la partie du Cachemire qu'ils appellent POK, c'est-à-dire le Cachemire occupé par le Pakistan. Selon une information parue dans The Telegraph du 19 juin 2003, l'Inde a interdit l'accès du Pakistan au célèbre Forum Régional Asiatique et le ministre indien des Affaires étrangères a joué un rôle de premier plan dans cette entreprise. Yashwant Sinha a déclaré devant un parterre d'officiers d'état-major et de diplomates le 19 octobre 2003 : "Qui est ami ou ennemi dans cette bataille contre le terrorisme est une question cruciale. Si on permet à nos ennemis de se déguiser en amis, le terrorisme international ne renoncera jamais". Il a ensuite ajouté : "Le penchant de certains à traiter avec les régimes autoritaires pour des gains à court terme sera aussi de courte durée." Les implications sont assez claires. Dans la même réunion le Premier Ministre indien a vomi du venin contre la bourgeoisie pakistanaise : "Est-ce que le Pakistan a une démocratie ? Est-ce qu'il a un gouvernement élu ? Ceux qui dirigent l'arme au poing parlent d'auto-détermination (au Cachemire)". The Statesman, un journal sérieux de la bourgeoisie indienne, a récemment titré : "Rocca tance Islamabad". Dans cet article est reporté que l'assistante du Secrétaire d'Etat américain, Christina Rocca, a dit que l'Inde était une victime du terrorisme et que le Pakistan devrait redoubler d'efforts pour mettre un terme à ses infiltrations frontalières.
Quant au cessez-le-feu, il a été planifié comme un exercice de propagande pour coïncider avec la visite de Vajpayee à Islamabad. Ershad Mahmud de l'institut d'études politiques à Islamabad a déclaré : "Ce voyage a été plus symbolique que consistant". Un membre des groupes militants du Cachemire à Muzzafarabad a exprimé toute la suspicion que lui inspirait le cessez-le-feu : "Le Pakistan peut retirer quelque bénéfice politique du cessez-le-feu parce qu'il en a été à l'origine, mais le grand bénéficiaire en est l'Inde qui renforcera ainsi ses positions et à qui cela permettra d'améliorer ses défenses" (Yahoo! News le 26 novembre 2003). Une fois encore, la paix impérialiste pave la route pour la guerre impérialiste.
Par dessus tout, en aucun cas, la menace de la guerre nucléaire n'a été éliminée. Le président pakistanais Pervez Musharraf a dit à Séoul en Corée du Sud le 7 novembre 2003 : "Je pense qu'il était parfaitement justifié de développer nos capacités nucléaires et nos missiles parce que s'il y avait une menace externe et même si cette menace surgissait dans n'importe quelle autre région, nous y répondrions d'une manière identique dans le futur." Le premier ministre indien a ajouté à Londres le 7 novembre :"C'est un sujet de préoccupation pour nous que ce programme [le programme d'armement nucléaire pakistanais] soit sans ambiguïté dirigé seulement contre l'Inde". A travers tout cela, le sens de "l'initiative de paix" apparaît clairement.

Communist Internationalist, section du CCI en Inde (novembre 2003).

Géographique: 

  • Inde [17]
  • Pakistan [18]
  • Asie [19]

Questions théoriques: 

  • Guerre [20]

A bas tous les pogroms !

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Il y a cent ans, en 1903, au second congrès du Parti Ouvrier Social-Démocrate Russe - le Congrès historique qui a débouché sur la scission entre Bolcheviks et Mencheviks-, une résolution était adoptée en réponse à une vague de pogroms en Russie.

  • "A la lumière du fait que des mouvements comme le tristement célèbre pogrom de Kichinev, et en dehors des abominables atrocités qu'ils occasionnent, font le jeu de la police en lui fournissant un moyen de s'opposer aux progrès de la conscience de classe dans le prolétariat; le Congrès recommande aux camarades d'utiliser tous les moyens en leur possession pour combattre de tels mouvements et pour expliquer au prolétariat la nature réactionnaire et classiste des incitations antisémites, ou national-chauvines en général".

Le pogrom de Kichinev avait éclaté après qu'on ait fait courir le bruit que les Juifs avaient assassiné un jeune chrétien pour faire des pains de Pâque avec son sang, une absurdité totale lorsqu'on sait que les Juifs pratiquants sont soumis à une interdiction totale de consommer du sang, sous quelque forme que ce soit. Néanmoins, cette vieille "diffamation du sang", issue du cloaque de la société médiévale, avait été ravivée et le POSDR avait totalement raison de voir la main sinistre de la classe dominante derrière les "émeutes" antisémites, exactement comme cela avait été aussi souvent le cas dans les pogroms du Moyen-Age.

Une fois de plus, les Juifs étaient utilisés comme boucs émissaires des problèmes de la société, dans le but d'empêcher les classes opprimées de voir où sont leurs véritables ennemis. C'est pour cette raison que le marxiste allemand Bebel appelait l'antisémitisme le socialisme des imbéciles.
Cent ans de "progrès" capitaliste plus tard, un siècle qui a été marqué par l'holocauste des Juifs européens au cours de la Seconde Guerre mondiale, le nombre de ceux qui sont dupés par le vieux mythe antisémite n'a pas diminué, même si la focalisation antisémite s'est déplacée dans une large mesure vers le monde "musulman".
Le discours de départ du premier ministre malaisien Muhatir Mohamad, en octobre 2003, illustre clairement cela, brossant le tableau de musulmans dans le monde oppressés par une petite minorité, les Juifs, qui aurait le contrôle principal de l'empire américain; Muhatir a tenté de se démarquer des terroristes islamistes radicaux, mais son langage est exactement le même que celui de Ben Laden et compagnie : le devoir des musulmans partout dans le monde est de combattre les Juifs. C'est cette idéologie qui justifie les attaques à la bombe sans discrimination contre des Juifs en Israël, en Tunisie, au Maroc et même en Argentine. Elle se base sur la republication de la fameuse falsification de la police secrète tsariste, le Protocole des Sages de Sion, qui peut être consultée gratuitement sur de nombreux sites Internet islamistes, et qui prétend nous informer sur le fonctionnement interne de la conspiration juive mondiale.
Tout cela démontre que ces cent années n'ont pas été des années de progrès, mais de décadence capitaliste, qui a produit et propagé les haines les plus absurdes et irrationnelles sur toute la planète. Surtout lors de ces deux dernières décennies, l'esprit de pogrom est devenu universel.

Le capitalisme décadent propage l'esprit de pogrom

Au 20e siècle, il y a eu bien sûr aussi des pogroms contre d'autres minorités -le massacre de près d'un million d'Arméniens par l'armée turque pendant le premier conflit mondial étant le plus horrible- et c'était déjà une expression claire de la décadence de la société bourgeoise. Mais aujourd'hui, dans la phase d'accélération de la décadence, que nous appelons la décomposition du capitalisme, le nombre de ces massacres augmente chaque jour.
Aujourd'hui, les Juifs eux-mêmes ont leurs propres fauteurs de pogroms. Le groupe Kach en Israël, fondé par le rabbin américain Meir Kahane, applaudit l'action de Baruch Goldstein, un Juif colon américain affilié au Kach, qui en 1994 a ouvert le feu sur des fidèles à la mosquée Il-Jibrihimi de Hébron, tuant 29 personnes et faisant 125 blessés; son idéologie a inspiré le massacre d'enfants palestiniens par trois colons juifs en plaçant des bombes dans leur école en septembre dernier; il préconise une "solution finale" à la manière nazie pour le problème palestinien, leur expulsion de tout le territoire du "Grand Israël".
Officiellement, Kach et son satellite Kahan Chai sont des groupes terroristes, mis hors la loi par la Knesset. Mais ils bénéficient du climat politique général actuel en Israël. Ariel Sharon, le chef du gouvernement, a lui-même un passé de massacreur ethnique. En 1953, il a dirigé une attaque commando sur le village palestinien de Kibya, suite au meurtre de trois civils juifs. Soixante-neuf résidents, dont la moitié étaient des femmes et des enfants, ont été tués, quarante-cinq maisons détruites. En 1982, Sharon a joué un rôle central dans la boucherie abominable des camps de Sabra et Chatila au Liban: avec la complicité directe de l'armée israélienne, des milliers de Palestiniens ont été assassinés durant trois jours d'horreur par l'aile droite des milices chrétiennes. Sharon, qui était ministre de la Défense à ce moment-là, a été réprimandé plus tard par un comité d'enquête de haut niveau, comme porteur d'une "responsabilité indirecte" dans ce crime monstrueux. Et aujourd'hui, Sharon dirige un Etat qui produit des discours enflammés en faveur d'un "Grand Israël" -les colonies juives dans les territoires occupés, un Etat qui dresse un "mur anti-terroriste", qui s'étend le long des frontières d'Israël mais boucle une mosaïque de territoires appartenant aux Palestiniens. En bref, le régime de Sharon est un régime d'épuration ethnique, un régime poussant aux pogroms.
L'épuration ethnique est une expression inventée pour décrire le meurtre, les intimidations et l'expulsion forcée de diverses minorités dans les Balkans pendant les sept années de guerre qui ont ravagé la région dans les années 1990. Que ce soient les forces serbes attaquant les Croates, les Bosniaques, les Albanais, ou les civils serbes subissant les mêmes horreurs de la part des forces croates, bosniaques ou albanaises, le résultat était le même, réintégrant en Europe les pires excès de la barbarie raciste depuis la Seconde Guerre mondiale.
Pas moins horrifiant, il y a aussi eu le génocide de centaines de milliers de Tutsis par les escadrons de la mort hutus au Rwanda, en l'espace de quelques semaines en 1994.
Ces massacres ont été menés au nom de différentes idéologies, de différentes bannières : dans les Balkans, le nationalisme serbe, croate ou albanais, mélangé à de vieilles divisions religieuses entre musulmans, chrétiens orthodoxes ou catholiques romains. Au Rwanda et dans d'autres pays africains, comme au Congo actuellement, ce sont souvent les appartenances tribales qui ont été mises en avant, alors qu'au Soudan, en Ouganda ou en Algérie, le carnage d'innocents est souvent justifié par des raisons religieuses. En Inde, des foules "hindouistes" ont déchaîné leur violence contre des musulmans; en Indonésie, des brutes "musulmanes" ont agressé et assassiné des chrétiens.
Le plus souvent, ces horreurs sont présentées dans "le monde civilisé" comme l'expression de rivalités tribales et religieuses incompréhensibles. Le plus souvent, on nous raconte qu'elles ne peuvent être arrêtées que par l'intervention humanitaire des forces les plus éclairées de la "démocratie". Cela fut le prétexte, en particulier, des attaques de l'OTAN sur la Serbie en 1999.
Mais exactement de la même manière que les forces tsaristes manipulaient les bandes des "Cent-Noirs" à l'origine des pogroms en Russie il y a une centaine d'années, la même main sinistre de l'Etat se retrouve toujours derrière les pogroms d'aujourd'hui. Dans les Balkans, des troupes serbes incontrôlées comme les Tigres fascistes d'Arkan ont commis quelques-unes des pires atrocités. Mais ils agissaient avec la bénédiction du président serbe Milosevic.
Et derrière Milosevic, depuis des années, se tenaient la France, la Russie et la Grande-Bretagne, intéressées à préserver leur sphère d'influence dans cette région face aux avancées de l'Allemagne et des Etats-Unis. Au Rwanda, le génocide n'était pas simplement une explosion spontanée de folie; il avait été préparé depuis des mois par l'Etat, qui avait créé les escadrons de la mort hutus. Et ces mêmes escadrons de la mort étaient entraînés par rien de moins que l'armée française qui, après les massacres, avait mis sur pied sa propre intervention, au nom de raisons humanitaires.
Il est vrai que le climat moral d'une société en putréfaction engendre désespoir et irrationalité à une échelle effrayante. Cette fuite vers les idéologies les plus rétrogrades empoisonne l'esprit de toutes les classes de la société. Cela inclut la classe dominante dans les pays les plus avancés. Le degré de pourriture de l'actuelle administration Bush a été montré par les révélations selon lesquelles le nouveau sous-secrétaire d'Etat à la Défense pour les services secrets, le lieutenant-colonel William Boykin, croit que l'Islam est une religion idolâtre que tous les chrétiens doivent combattre au nom du Christ. L'islamophobie est bien sûr l'image miroir en Occident de l'antisémitisme et de l'antiaméricanisme qui s'insinue dans tout le monde "islamique".
Mais, même quand elle poursuit sa descente abyssale dans une absurdité apocalyptique, la classe dominante des "démocraties libérales" est toujours parfaitement capable d'attiser froidement et cyniquement les plus sombres affects sociaux comme le racisme et la xénophobie dans son propre intérêt, que ce soit pour ses intérêts impérialistes, comme dans les Balkans et en Afrique, ou pour semer la division dans les rangs de son ennemi mortel, le prolétariat. Un exemple patent en est la campagne répugnante contre les demandeurs d'asile dans les tabloïds anglais, qui constitue l'arrière-plan idéologique du nombre croissant d'attaques physiques contre les réfugiés dans ce pays. Reprocher à un petit nombre de demandeurs d'asile le déclin général des conditions de vie de la classe ouvrière est un exemple classique de désignation raciste d'un bouc émissaire, consciemment destinée à saper l'identité et la solidarité de classe.
Le regain de l'esprit de pogrom pose un problème de vie ou de mort à la classe ouvrière. Si celle-ci se laisse diviser, si elle succombe à l'ambiance délétère de la décomposition capitaliste, elle sera perdue, et avec elle, l'humanité tout entière. Parce que le prolétariat est la classe sociale qui existe à travers des rapports de solidarité, parce qu'elle est une classe internationaliste qui a les mêmes intérêts matériels partout dans le monde, il est la seule force pouvant agir comme une barrière à la fuite en avant vers l'autodestruction, caractérisée par l'épidémie grandissante des émeutes ethniques et religieuses.

Solidarité de classe contre divisions raciales

En 1903, nous avons vu les socialistes russes dénoncer les pogroms contre les Juifs, essentiellement parce qu'ils étaient utilisés pour entraver l'émergence d'une conscience de classe révolutionnaire au sein du prolétariat. En 1905, cette maturation souterraine de la conscience de classe s'exprima au grand jour sous la forme de la grève de masse et des premiers Soviets. Et comment Trotsky (le révolutionnaire qui avait vu à l'époque l'importance de ces organes embryonnaires du pouvoir prolétarien plus clairement que quiconque) définissait le rôle immédiat des Soviets ?
"Quelle était la nature essentielle de cette institution, qui en si peu de temps avait pris une telle importance dans la révolution et marqué la période de son pouvoir? Les Soviets organisaient les masses travailleuses, dirigeaient les grèves et manifestations politiques, armaient les travailleurs, et protégeaient la population des pogroms" (1905, traduit de l'anglais par nos soins).
Aujourd'hui, à une échelle mondiale, la classe ouvrière reste la seule force sociale capable de protéger la population du monde contre la nouvelle vague de pogroms. Non pas parce que c'est une classe qui n'agit que pour des idéaux purs, mais parce qu'elle a un intérêt matériel à agir de la sorte. Le prolétariat ne peut pas se défendre s'il est divisé; toutes les formes de racisme, toutes les sortes de nationalisme le divisent et l'affaiblissent. La classe ouvrière ne peut assumer son avenir révolutionnaire qu'en rejetant, en théorie et en pratique, toutes les divisions que le capitalisme lui impose.
C'est aussi vrai en Israël que partout ailleurs : les coûts énormes du budget de la défense israélien, combinés aux effets de la crise économique mondiale, génèrent un phénomène de sans-abri et une pauvreté croissante parmi les ouvriers israéliens. Ils créent aussi les conditions pour un renouveau de combativité de la classe : dans la période récente, nous avons vu, par exemple, des protestations contre des coupes claires dans les allocations de chômage et une grève sauvage parmi les bagagistes de l'aéroport de Tel Aviv. Ces réactions limitées mais significatives prouvent que les ouvriers israéliens ne sont pas une sorte d'élite privilégiée; au contraire, ils rejoignent de plus en plus les niveaux de misère et d'insécurité qui pèsent sur la classe ouvrière palestinienne. Certes, le terrorisme impitoyable du Hamas ou du Jihad islamique est utilisé pour convaincre la majorité des ouvriers israéliens que leur "protection" ne peut être assurée que s'ils s'identifient à la politique de fermeté militaire de l'Etat israélien, exactement comme les opprimés et les exploités de la population palestinienne sont renvoyés à la terreur d'Etat israélienne pour percevoir l'OLP et les islamistes comme leurs défenseurs (malgré des protestations de la part de chômeurs palestiniens contre des promesses non tenues du proto-Etat palestinien). Il serait stupide de sous-estimer l'importance de la peur et du désir de vengeance engendrés par la spirale de la terreur et de la contre-terreur dans la région. Mais la seule issue à cette situation est de dépasser le piège de la solidarité nationale et de retrouver le chemin de la solidarité de classe. Les travailleurs des pays capitalistes plus développés, qui sont dans l'ensemble les moins contaminés par le poison des divisions raciales, ont la responsabilité fondamentale de démontrer en pratique ce que signifie la solidarité de classe en développant les luttes défensives contre les attaques sur leurs conditions de vie, en ouvrant la voie à la grève de masse et à l'offensive révolutionnaire contre l'Etat capitaliste. Seul un tel exemple peut définitivement éliminer l'esprit de pogrom et ouvrir une perspective pour les prolétaires qui se trouvent sous sa menace la plus directe.

Amos

Débat politique - Pourquoi les syndicats trahissent toujours les ouvriers

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Nous publions ci-dessous des extraits de la réponse faite par Acción Proletaria (AP), section du CCI en Espagne, à Comunistas Revolucionarios (CR), un regroupement d'éléments "radicaux" de la ville de Ferrol en Galice qui rejettent très justement les syndicats et appellent à leur destruction mais sur une base largement erronée.

Ce débat n'est évidemment pas un débat "espagnol". Certains conflits ont eu une grande répercussion en Espagne, en lien avec l'extrême précarisation de la main d'œuvre mise en place dans ce pays depuis longtemps. Mais les questions qui s'en dégagent sur le rôle et la fonction des syndicats sont posées, se posent et se poseront aussi partout dans le monde. Notamment en France, ces questions ne peuvent que traverser l'esprit des milliers d'ouvriers confrontés à la précarisation de leurs conditions de travail et qui, à la suite du mouvement du printemps, se sont sentis floués par les agissements des syndicats.


 

Les syndicats sont-ils une expression de "l'aristocratie ouvrière" ?

Du texte de CR publié dans AP nº 172 (15 sept.-15 nov. 2003) paraît se dégager l'idée suivante : si les syndicats sont ce qu'ils sont c'est parce qu'ils seraient l'expression d'une minorité de travailleurs en CDI[1] [21], privilégiés, une "aristocratie ouvrière". Voyons quelques citations significatives de ce texte :
"Ses connivences avec le patronat sont la démonstration la plus grave du corporatisme syndical et aristocratique de ce secteur de travailleurs, dont les conditions de travail sont bien supérieures à celles de la majorité des salariés, et qui à aucun moment n'essaie, même de façon minoritaire, de s'opposer ne serait-ce qu'à ses dirigeants syndicaux (lesquels, soit dit en passant, trahissent ce secteur depuis des années). Ces travailleurs sont même arrivés à changer un jour de congé pour éviter le retard dans la livraison des nouvelles frégates qui se construisent dans les chantiers navals de Ferrol, pour ainsi ne pas 'porter préjudice à la compétitivité de l'entreprise'."
Par rapport à l'attitude des syndicats, CR avance : "Eux aussi ont tiré leurs leçons : ils savent parfaitement que notre précarité et surexploitation sont à la base de leur fonction de serviteurs du capital, et de leur position dirigeante grâce à l'accommodement de la couche de la classe qu'ils représentent (…) dans ce contexte de stratification de la classe entre un secteur avec un travail garanti et un autre en emploi précaire, avec des conditions de travail et de vie largement différenciées et encadrées par les syndicats dans le cadre institutionnel et légal établi, les luttes ouvrières chez Izar[2] [22] sont, par leur nature même, des luttes réactionnaires pour conserver une position privilégiée", contrairement aux luttes des précaires 'essentiellement révolutionnaires', car ils luttent pour l'égalité des conditions de travail avec les ouvriers de l'entreprise principale et contre les fondements du capitalisme actuel".
Nous n'allons pas réfuter ici les racines historiques de la fausse théorie de "l'aristocratie ouvrière". Nous l'avons déjà fait dans notre presse[3] [23]. Ce que nous nous proposons de traiter ici, c'est la thèse selon laquelle les syndicats représenteraient une minorité de travailleurs privilégiés, ce qu'on appelle "l'aristocratie ouvrière".
Cette position n'est pas propre aux camarades de CR. En effet, beaucoup de jeunes ouvriers précaires affirment clairement que les syndicats ne les représentent pas, en ajoutant que cela est dû au fait qu'ils "ne défendent que les travailleurs en CDI". Dans le même sens, on n'a pas arrêté de nous rabâcher que les chômeurs sont méprisés par les syndicats, lesquels ne s'occuperaient que des fonctionnaires et des travailleurs en CDI.

Les syndicats ne sont l'expression
d'aucune couche particulière de la classe ouvrière.

Nous vivons sous le poids de l'idéologie démocratique. Cette idéologie sert à la bourgeoisie pour justifier toutes les agressions contre les ouvriers et l'humanité tout entière. Si le gouvernement espagnol envoie des troupes en Irak et mène une politique économique mauvaise pour la majorité, ce serait la faute des "citoyens" (les ouvriers y inclus) qui auraient voté pour lui. De toutes les formes d'Etat qui ont existé dans l'histoire, c'est la forme démocratique de domination et d'exploitation la plus cynique et mystificatrice. L'Etat démocratique défend les intérêts de la classe capitaliste et, en son nom, il prend des mesures de licenciements, de misère et de guerre, mais il justifie tout avec l'argumentation universelle selon laquelle il "représente" la "majorité", il exprime la "volonté" des citoyens.
Le catéchisme de l'idéologie démocratique dit aussi que toute couche de la population possède une "représentation propre", et dans le cas des ouvriers, elle serait constituée par les syndicats. Par conséquent, si les syndicats signent des pactes et des conventions contre les intérêts des travailleurs, s'ils sabotent les grèves, s'ils avalisent des mesures qui vont provoquer immanquablement des accidents de travail mortels, ce serait "la faute aux ouvriers" qui les auraient mandatés pour les représenter.
Il y a des prolétaires qui réagissent contre les syndicats, mais encore sous l'influence de l'idéologie démocratique, ils s'entêtent à leur trouver à tout prix une représentativité quelconque. Et où voient-ils cette représentativité ? Quand ils disent que les syndicats sont des traîtres parce qu'ils représentent une couche spéciale d'ouvriers (l'aristocratie ouvrière), laquelle aurait trahi sa classe pour quelques miettes et le petit privilège d'avoir une garantie de l'emploi[4] [24].
Le piège se trouve dans le fait de penser que l'Etat démocratique est "représentatif" et que les syndicats sont représentatifs, autrement dit, d'accepter, même à contrecoeur, la mystification la plus dangereuse avec laquelle le capitalisme justifie sa domination. Contre tout cela, le marxisme a montré que l'Etat ne représente que le capital, qu'il ne protège que l'intérêt national du capital, qu'il ne sert, en exclusivité, que la minorité constituée par la classe capitaliste dans son ensemble.
Dans ce sens, les syndicats ne représentent aucune catégorie d'ouvriers, mais représentent l'Etat capitaliste, ils sont l'expression de l'intérêt du capital national. Leur rôle consiste à imposer dans les lieux de travail ce dont les capitalistes comme classe ont besoin.
L'Etat démocratique du capital prétend intégrer en son sein tous les secteurs de la société, en tant que prétendu organe neutre "au dessus des classes". En fait, sa fonction est justement le contraire : il étend ses tentacules dans tous les secteurs sociaux (et plus particulièrement au sein de la classe ouvrière) pour qu'ils soient bien contrôlés. Ce que l'idéologie démocratique appelle "intégration" et "représentation" n'est, en réalité, que contrôle, oppression, subordination au service de l'exploitation.
Au sein de cette entreprise étatique, les syndicats jouent un rôle particulier : contrôler la classe ouvrière, la diviser, briser ses luttes, lui faire avaler les plans de licenciements et de destruction des salaires sociaux que l'intérêt national du capital exige, tel un dieu despotique et insatiable.
Est-ce que la division entre les "intérimaires" (CDD) et ceux qui ont un contrat à durée indéterminée (CDI) est née de la "volonté" des CDI de prétendre "conserver leurs privilèges" ? Cette "explication" nie l'histoire des 80 dernières années de la classe ouvrière, histoire qui fait apparaître les syndicats comme ennemis de toutes les catégories d'ouvriers, qu'ils soient employés dans le secteur public ou dans celui du privé, travailleurs en CDI, précaires, journaliers, émigrés, etc. Rappelons seulement quelques expériences : en 1968, en France, à un moment où il n'existe pratiquement pas d'emploi précaire, ils se sont consacrés avec acharnement à saboter la grève de 10 millions d'ouvriers. Et ce fut la même chose en Grande-Bretagne, en Italie, en Argentine etc. En Espagne, ils firent tout pour saboter les grèves en 1971-76 (à une époque où ils n'étaient même pas légalisés par le franquisme), par la suite, ils ont soutenu le Pacte de la Moncloa, signé les accords de reconversion, la réforme de la Sécurité Sociale. Face aux grèves de 1983-87 contre les "reconversions" et les restructurations dans l'industrie (qui entraînèrent près d'un million de licenciements), ils ont fait aux "CDI" la pire des choses : ils ont contribué à leur mise à la porte, ils les ont reconvertis en chômeurs.
Comment s'est développé le travail précaire ? Est-ce qu'il a été la concrétisation d'une "aspiration sociale" où convergerait l'intérêt du patronat et des "aristocratiques" travailleurs en CDI ? Une pareille "explication" est de celles dont raffole l'idéologie démocratique et avec laquelle elle nous abreuve tous les jours. La précarité a été imposée par les besoins du capitalisme face à l'aggravation inexorable de sa crise mondiale. En Espagne, les premières mesures dans ce sens furent imposées par le Gouvernement "socialiste"[5] [25] en 1984, en développant la loi que, deux ans auparavant, les syndicats Commissions Ouvrières (proches du PC) et l'UGT (proche du Parti socialiste) avec le gouvernement de droite d'alors avaient imposée (l'ANE, Accord National sur l'Emploi). En 1992 (sous le gouvernement "socialiste" du PSOE) et, par la suite, en 1997 (sous le gouvernement actuel d'Aznar), avec l'aval des deux syndicats, d'autres mesures furent imposées pour favoriser encore plus le travail intérimaire et les contrats pourris.
Le moyen le plus important dont dispose le capitalisme pour répondre à la crise qui le frappe est celui de réduire les coûts de la force de travail. Pour cela, d'un coté, il élimine ou réduit des "prestations sociales" : santé, pensions, allocations chômage, primes de licenciement, etc. ; d'un autre coté, il prend des mesures qui rendent l'emploi de plus en plus précaire. Mais, alors que les coups de hache sur les "prestations sociales" sont une attaque contre tous les travailleurs (les intérimaires, les CDI, les chômeurs, les immigrés), les mesures de précarisation apportent au capital un grand avantage politique : elles lui servent à semer la zizanie au sein de la classe ouvrière, en attisant la concurrence dans ses rangs.
Les syndicats se sont consacrés avec acharnement à accroître cette zizanie qu'ils ont contribué à semer. Ils ont deux discours : aux travailleurs en CDI ils disent que les travailleurs temporaires, ceux des entreprises sous-traitantes, les jeunes avec un contrat pourri, sont leurs rivaux dont l'aspiration intime est de "leur prendre ce qu'ils possèdent". Mais, aux travailleurs précaires, ils tiennent un autre discours totalement opposé : les travailleurs avec CDI seraient une bande de fainéants privilégiés et sans la moindre solidarité, une "aristocratie du travail", avec qui on ne peut pas compter au moment de se lancer dans une grève.
Dans la situation actuelle, où la combativité et la conscience ouvrières mûrissent avec d'énormes difficultés, le plus grand triomphe des syndicats (sous toutes leurs formes et quelle que soit leur étiquette) est celui de lancer les ouvriers les uns contre les autres. Pour l'instant, la combativité n'est pas du tout homogène dans la classe dans son ensemble : il y a des secteurs bien plus combatifs que d'autres. Les syndicats tirent profit de cette difficulté pour empêcher que les plus combatifs ne contaminent le reste de la classe avec leur esprit combatif. Le travail "sanitaire" des syndicats pour arrêter l'épidémie consiste à enfermer les plus combatifs dans des luttes isolées et dirigées non pas contre le capitalisme ou l'Etat, mais contre les autres ouvriers.
À Puertollano, cela a été on ne peut plus clair. En août 2003, dans une grande raffinerie (Repsol), quand les ouvriers des entreprises sous-traitantes se sont mis en grève, les syndicats ont fait tout leur possible pour que les "travailleurs fixes" de l'entreprise principale restent passifs, en organisant une campagne ignoble de calomnies contre les intérimaires. Cependant, en octobre, ils ont fait l'inverse : ils ont entraîné exclusivement les intérimaires dans la grève en disant à ceux-ci que les travailleurs de Repsol "ne voulaient pas lutter", "qu'ils ne bougeaient pas", "qu'ils avaient des problèmes différents". Alors, la campagne de calomnies a été dirigée contre les travailleurs en CDI[6] [26].
Il y a, à l'heure actuelle, en Espagne, deux grandes générations ouvrières : d'un coté, ceux qui ont 45-55 ans, qui ont vécu les grandes luttes autonomes des années 70 et les combats contre les reconversions du gouvernement "socialiste" des années 80. Ces ouvriers connaissent bien, par expérience, ce que sont les syndicats et ce qu'est la lutte directe en dehors de ces outils castrateurs au service de l'Etat capitaliste. Mais, en même temps, ils sont atteints de scepticisme, ils sont désorientés, ils sont réticents vis-à-vis de la lutte, tenaillés par la peur de recevoir un coup supplémentaire. D'un autre coté, il y a les jeunes, intérimaires et précaires dans une grande majorité d'entre eux, qui supportent des conditions de travail très dures, avec beaucoup de questions sur l'avenir que cette société leur offre. Beaucoup d'entre eux veulent se mettre en lutte, mais ils n'ont que peu d'expérience et gardent des illusions sur les syndicats. Ce dont la classe ouvrière a besoin c'est l'unité de ces deux générations, c'est le débat et la lutte commune, pour pouvoir unir expérience et combativité, pouvoir forger sa conscience pour ainsi avancer ensemble vers une lutte révolutionnaire. Tout l'intérêt de la bourgeoisie -et par conséquent de ses syndicats- va évidemment dans le sens contraire : il s'agit pour elle de créer une muraille entre une génération et l'autre, en les opposant, en les séparant, en les lançant l'une contre l'autre. Voilà la raison des deux discours différents que tiennent ces cyniques et fidèles serviteurs de l'Etat capitaliste que sont les syndicats.

D'après AP n° 173 (15 novembre 2003/15 janvier 2004)

 



[1] [27] Contrat à durée indéterminée. En Espagne, on parle de "travailleurs fixes", plus particulièrement pour les ouvriers des grandes entreprises, privées comme d'Etat.

[2] [28] Entreprise de Chantiers navals en Espagne, anciennement "publique".

[3] [29] Voir notamment Revue Internationale n° 25 (2e trimestre 1981).

[4] [30] Il y a des éléments qui rejettent la "démocratie" et l'idéologie démocratique, mais qui n'admettent pas l'explication matérialiste de la trahison des syndicats, croyant la trouver dans cette idée selon laquelle ils représenteraient les intérêts économiques mesquins de "l'aristocratie ouvrière". Cette vision économiste et sociologique prétendument "matérialiste" est, en fait, du matérialisme vulgaire, soumise à l'idéologie démocratique qui voit les institutions de l'Etat (et parmi elles, les syndicats) comme représentantes des catégories sociologiques. Le fait que les différentes couches sociales aient des intérêts économiques "légitimes", c'est-à-dire compatibles avec l'intérêt général du capital national, n'est pas contraire à l'idéologie démocratique.

[5] [31] Le ministre du Travail de l'époque, Joaquín Almunia, (qui aux élections de 2000 s'est présenté à la tête d'une coalition "radicale" avec le PC) avait déclaré la guerre aux travailleurs en disant qu'"il fallait en finir avec la propriété privée du poste de travail".

[6] [32] Voir l'article publié dans Révolution internationale, n° 339, octobre 2003.

Vie du CCI: 

  • Courrier des lecteurs [33]

Perspective du communisme (IV) : Comment le prolétariat s'organise pour renverser le capitalisme

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Dans les trois premiers articles de cette série, nous avons vu successivement :
  • pourquoi aujourd'hui le communisme est à la fois une nécessité pour assurer non seulement l'épanouissement de l'humanité mais aussi sa simple survie ;
  • pourquoi, pour la première fois de l'histoire, il n'est plus un simple rêve de l'homme mais dispose des conditions matérielles de son avènement ;
  • pourquoi l'homme est réellement capable de vivre dans une telle société et de la faire vivre ;
  • comment, malgré toutes les aliénations qui pèsent sur la conscience des hommes, il existe dans la société une classe, le prolétariat, capable de transformer sa lutte de résistance contre l'exploitation et l'oppression que lui fait subir l'ordre existant, en une lutte pour l'instauration d'un ordre nouveau qui abolira l'exploitation, l'oppression et toute division en classes.

Dans le présent article, nous poursuivons cet examen de la perspective du communisme en nous penchant sur un certain nombre d'aspects de la révolution communiste : le mode d'organisation de la classe révolutionnaire et l'orientation des mesures qu'elle est appelée à prendre.


Depuis qu'avec l'apparition de la classe ouvrière a surgi sa conscience du fait qu'elle était le sujet de la révolution communiste, s'est posé le problème de son organisation en vue de cette tâche. Longtemps, et les révolutionnaires avec lui, le prolétariat a balbutié sur cette question. Dans un premier temps (de Babeuf à Blanqui) les petites sectes conspiratrices ont eu sa faveur. Ensuite, les différentes sociétés ouvrières, coopératives professionnelles ou syndicales, telles que celles rassemblées dans l'Association Internationale des Travailleurs (1ère Internationale fondée en 1864) ont semblé constituer cette auto-organisation de la classe ouvrière en vue de son émancipation. Puis les grands partis de masse rassemblés dans la 2e Internationale (1889-1914) et les syndicats s'y rattachant se sont présentés comme le levier de la transformation de la société. Mais l'histoire devait montrer que si ces formes d'organisation correspondaient à des étapes du développement tant de la capacité de la classe ouvrière à lutter contre l'exploitation que sa conscience des buts historiques et immédiats, aucune d'entre elles n'était appropriée pour l'accomplissement de sa tâche historique : la destruction du capitalisme et l'instauration du communisme. C'est lorsque les conditions de vie du capitalisme lui-même ont mis à l'ordre du jour la révolution prolétarienne que la classe ouvrière a trouvé la forme d'organisation apte à accomplir cette révolution : les conseils ouvriers. Leur apparition en Russie en 1905 signifiait qu'on était à un tournant de l'histoire de la société capitaliste : la fin de son époque progressiste, son entrée dans la décadence, dans "l'ère des guerres impérialistes et des révolutions prolétariennes", comme devaient le comprendre les révolutionnaires par la suite. De même, si depuis Blanqui, les révolutionnaires avaient compris la nécessité de l'instauration de la dictature du prolétariat comme levier de la transformation de la société, ils n'ont compris la forme concrète que prendrait cette dictature qu'avec l'expérience de la classe elle-même, et encore avec du retard. Emboîtant le pas aux anciennes conceptions de Marx et Engels, Trotsky, qui pourtant avait joué un rôle décisif à la tête du Soviet (Conseil ouvrier) de Pétrograd, pouvait encore écrire en 1906, trente-cinq ans après 1871 :

  • "Le socialisme international considère que la république est la seule forme possible de l'émancipation socialiste, à la condition que le prolétariat l'arrache aux mains de la bourgeoisie et la transforme, 'd'une machine pour l'oppression d'une classe par une autre' en une arme pour l'émancipation socialiste de l'humanité".
Les conseils ouvriers, forme de la dictature du prolétariat

Ainsi, pendant longtemps, une "véritable république démocratique" dans laquelle le parti prolétarien aurait joué le rôle dirigeant fit-elle figure de forme de la dictature du prolétariat. Ce n'est qu'avec la révolution de 1917 en Russie que les révolutionnaires, et en premier lieu Lénine, comprennent clairement que la "forme enfin trouvée" de la dictature du prolétariat n'est autre que le pouvoir des conseils ouvriers, ces organes apparus spontanément dès 1905 au cours de la lutte révolutionnaire et qui se caractérisent par :

  • leur constitution sur la base des assemblées générales ouvrières ;
  • l'élection et la révocabilité à tout moment des délégués, l'unité entre la prise de décision et l'application de cette décision (non séparation entre "législatif" et "exécutif" ) ;
  • leur regroupement et centralisation non sur des bases professionnelles ou industrielles mais sur des bases territoriales (ce ne sont pas les typographes ou les travailleurs du textile qui se regroupent comme dans les syndicats, mais les travailleurs d'une entreprise, d'un quartier, d'une ville, d'une région, etc. ).

Cette forme spécifique d'organisation de la classe ouvrière est directement adaptée aux tâches qui attendent le prolétariat dans la révolution.

En premier lieu, il s'agit d'une organisation générale de la classe, regroupant l'ensemble des travailleurs. Auparavant, toutes les formes d'organisations ayant existé, y compris les syndicats, ne regroupaient qu'une partie de la classe. Si cela était suffisant pour que le prolétariat puisse exercer une pression sur le capitalisme afin de défendre au mieux ses intérêts dans le système, c'est seulement en s'organisant en totalité que la classe est en mesure d'accomplir sa tâche historique de destruction du système capitaliste et d'instauration du communisme. Si l'action et le pouvoir d'une partie de la bourgeoisie (ses partis politiques) était possible et même nécessaire dans l'accomplissement de sa révolution, c'est que cette classe elle-même ne constituait qu'une partie infime de la population, qu'elle était une classe exploiteuse, et que par ailleurs, seule une minorité d'elle-même pouvait se hisser au-dessus des conflits d'intérêts qui l'ont toujours traversée du fait des rivalités économiques existant entre ses divers secteurs. Par contre, tant du fait qu'il n'existe pas d'antagonismes ni de rivalités au sein du prolétariat que du fait que la société qu'il est appelé à instaurer abolit toute exploitation et toute division en classes, que le mouvement qu'il conduit est "celui de l'immense majorité au bénéfice de l'immense majorité" (Manifeste Communiste), seule son organisation générale est en mesure d'accomplir cette tâche historique.

En deuxième lieu, l'élection et la révocabilité à tout moment des différentes charges, expriment le caractère éminemment dynamique du processus révolutionnaire, le perpétuel bouleversement tant de la société que celui qui traverse la classe elle-même, notamment dans le développement de sa conscience : ceux qui avaient été nommés pour telle ou telle tâche, ou parce que leurs positions correspondaient à tel niveau de conscience de la classe ne sont plus nécessairement à leur place lorsque surgissent de nouvelles tâches ou que ce niveau de conscience a évolué. Elles expriment également le rejet par la classe en action de toute spécialisation définitive, de toute division en son sein entre "masses et chefs", la fonction essentielle de ces derniers (les éléments les plus avancés de la classe ) étant justement de tout faire pour que disparaissent les conditions qui ont provoqué leur apparition : l'hétérogénéité du niveau de conscience dans la classe.

Si dans les syndicats, même quand ils étaient encore des organes de la classe ouvrière, il pouvait exister des fonctionnaires permanents, c'était dû au fait que ces organes de défense des intérêts ouvriers dans la société capitaliste portaient en eux certaines des caractéristiques de cette société. De même qu'il utilisait des instruments spécifiquement bourgeois comme le suffrage universel et le Parlement, le prolétariat reproduisait en son propre sein certains traits de son ennemi bourgeois tant qu'il cohabitait avec lui et que l'heure de sa destruction n'avait pas encore sonné. La forme d'organisation statique des syndicats exprimait le mode de lutte de la classe ouvrière lorsque la révolution n'était pas encore possible. La forme d'organisation dynamique des conseils ouvriers est à l'image de la tâche qui est enfin à l'ordre du jour : la révolution communiste.

De même, l'unité entre la prise de décision et son application exprime ce même rejet de la part de la classe révolutionnaire de toute spécialisation institutionnalisée, elle traduit le fait que c'est toute la classe qui non seulement prend les décisions essentielles qui la concernent mais aussi participe à l'action de transformation de la société.

En troisième lieu, l'organisation sur une base territoriale et non plus professionnelle ou industrielle exprime la nature différente des tâches prolétariennes. Lorsqu'il s'agissait de faire pression sur un patron ou sur un syndicat patronal en vue d'une augmentation des salaires ou de meilleures conditions de travail, l'organisation par métier ou par branche industrielle avait un sens. Même une organisation aussi archaïque que celle du métier permettait une réelle efficacité des travailleurs contre l'exploitation ; notamment, elle empêchait les patrons de faire appel à d'autres ouvriers d'une profession lorsque certains étaient en grève. La solidarité entre typographes, cigariers ou doreurs sur bronze était un embryon d'une réelle solidarité de classe, une étape dans l'unification de la classe ouvrière en même temps qu'elle pouvait faire reculer les patrons. Même si pesaient sur elle les distinctions et divisions propres à l'économie capitaliste, l'organisation syndicale était donc un moyen réel de lutte dans le système. Par contre, lorsqu'il s'agira non plus de faire reculer tel ou tel secteur du capitalisme, mais de s'affronter à lui en totalité, de le détruire et d'instaurer une autre société, l'organisation spécifique des typographes ou des ouvriers du caoutchouc ne saurait avoir le moindre sens. Pour prendre en main l'ensemble de la société, c'est sur une base territoriale que s'organise la classe ouvrière même si les assemblées de base se tiennent au niveau des entreprises.

Une telle tendance existe déjà à l'heure actuelle dans les luttes de résistance contre l'exploitation qui, loin de se donner une forme syndicale, rejettent cette forme pour s'organiser en assemblées générales souveraines, nommer des comités de grève élus et révocables, briser le carcan professionnel ou industriel pour s'étendre au niveau territorial.

D'une part, cette tendance exprime le fait que, dans sa période de décadence, le capitalisme prenant une forme de plus en plus étatique, l'ancienne distinction entre luttes politiques (qui étaient l'apanage des partis ouvriers du passé) et luttes économiques (dont les syndicats avaient la responsabilité) a aujourd'hui de moins en moins de sens : toute lutte économique sérieuse devient politique en s'affrontant à l'Etat : soit à ses policiers, soit à ses représentants dans l'usine, les syndicats. D'autre part, elle indique la signification profonde des luttes présentes comme préparatifs des affrontements décisifs de la période révolutionnaire : même si c'est un aiguillon économique (la crise, l'aggravation intolérable de l'exploitation) qui jette les ouvriers dans ces affrontements, les tâches qui se présentent à eux sont éminemment politiques : attaque frontale et armée contre l'Etat bourgeois, instauration de la dictature du prolétariat.

Cette unité entre le politique et l'économique qu'exprime l'organisation du prolétariat en conseils ouvriers nous amène donc à entrer plus en détail sur les tâches essentielles qui se présentent à lui dans la révolution.

Le cadre général des tâches du prolétariat dans la révolution

Une des premières questions qui a été comprise par les communistes, notamment dès Babeuf, est que, dans la révolution prolétarienne, l'aspect politique précède et conditionne l'aspect économique. C'est là un schéma complètement opposé à celui qui a prévalu dans la révolution bourgeoise. En effet, l'économie capitaliste s'était développée à l'intérieur de la société féodale, dans les interstices de celle-ci, pourrait-on dire. La nouvelle classe révolutionnaire, la bourgeoisie, pouvait donc conquérir tout un pouvoir économique dans la société alors que les structures politiques et administratives étaient encore liées à la féodalité (monarchie absolue, privilèges économiques et politiques de la noblesse, etc.). Ce n'est que lorsque le mode de production capitaliste était devenu dominant, c'est-à-dire qu'il conditionnait l 'ensemble de la vie économique (y compris celle qui n'était pas directement capitaliste comme la petite production agricole ou artisanale ), que la bourgeoisie, forte de sa puissance matérielle, se lançait à l'assaut du pouvoir politique afin d'adapter celui-ci à ses besoins spécifiques et aplanir le terrain pour une nouvelle expansion économique. Il en fut ainsi, notamment lors de la révolution anglaise de 1640 et de la révolution française de 1789. En ce sens, la révolution bourgeoise parachève toute une période de transition au cours de laquelle se sont développées dans la société féodale, au point de la supplanter, les bases économiques d'une nouvelle société. Tout autre est le schéma de la révolution prolétarienne. Dans la société capitaliste, la classe ouvrière ne possède aucune propriété, aucune assise matérielle tremplin de sa future domination sur la société. Toutes les tentatives inspirées des conceptions utopistes ou proudhoniennes ont échoué : le prolétariat ne peut créer "d'îlots" de communisme dans la société présente. Toutes les communautés ou coopératives ouvrières ont été soit détruites, soit récupérées par le capitalisme. Ce qu'avaient compris Babeuf, Blanqui et Marx contre les utopistes, Proudhon et les anarchistes, c'est que la prise du pouvoir politique par le prolétariat est le point de départ de sa révolution, le levier avec lequel il transformera progressivement la vie économique de la société en vue d'abolir toute économie. C'est pour cela d'ailleurs que, comme l'écrivait Marx, si :

  • "Conformément à sa nature limitée et ambiguë, une révolution à âme politique organise donc une sphère dominante dans la société, aux dépens de la société (...) sans révolution, le socialisme ne peut se réaliser. Il a besoin de cet acte politique, dans la mesure où il a besoin de destruction et de dissolution. Mais là où commence son activité organisatrice, et où émerge son but propre, son âme, le socialisme rejette son enveloppe politique".

Dans la mesure où le capitalisme avait déjà créé ses bases économiques au moment de la révolution bourgeoise, celle-ci était essentiellement politique. Par contre, celle du prolétariat commence par un acte politique en tant que condition du développement de son aspect non seulement économique mais social, développement qui créera les conditions du communisme.

Ainsi, les Conseils ouvriers ne sont nullement des organes "d'autogestion", c'est-à-dire des organes de gestion de l'économie (c'est-à-dire de la misère) capitaliste. Ils sont l'organe d'abord politique, mais également social que se donne la classe ouvrière pour transformer progressivement la société telle qu'elle sort du capitalisme et vers le communisme.

Après avoir défini le mode d'organisation du prolétariat pour sa révolution et le cadre général de ses tâches, nous verrons plus en détail la nature de ces tâches dans un prochain article.

(D'après Révolution Internationale n°64)

Approfondir: 

  • La perspective du communisme [34]

Questions théoriques: 

  • Communisme [35]

Heritage de la Gauche Communiste: 

  • Le Marxisme : la theorie de la révolution [36]

URL source:https://fr.internationalism.org/content/revolution-internationale-ndeg-343-fevrier-2004

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