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ICConline - février 2013

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Derrière le «défi alimentaire», la barbarie du capitalisme décadent!

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Un milliard d'êtres humains sont victimes de sous-nutrition ! (1) A cela, il faut ajouter la misère croissante d'une masse paupérisée largement majoritaire dans la population mondiale. Malgré les progrès techniques et des capacités de produire sans précédent, une grande partie du monde crève encore de faim !

Comment expliquer un tel paradoxe ? La classe dominante a ses réponses. Ce phénomène monstrueux serait lié à un « épuisement des ressources » (2) et à la « croissance démographique » (3).

En réalité, la pénurie chronique qui enfle comme la peste n'est que le produit du système capitaliste, de la loi du profit. Et c'est cette loi qui aboutit à une absurdité au regard du marché même et des hommes, la surproduction de marchandises. Cette dernière induit un phénomène totalement irrationnel et scandaleux, que la bourgeoisie passe largement sous silence : le gaspillage.

Un article du Monde rend compte d'une étude récente et révèle que « 30 à 40% des 4 milliards de tonnes d'aliments produites chaque année sur la planète ne finissent jamais dans une assiette »(4). Si l'étude ne peut mettre en évidence les causes profondes du gaspillage sans remettre en cause le capitalisme, soulignant qu'en Europe et aux États-Unis les consommateurs eux-mêmes jettent la nourriture à la poubelle, elle reste à la surface des choses en expliquant que de tels gestes sont simplement liés au conditionnement des produits et au marketing (avec ses « promotions ‘deux pour le prix d'un’ »). L'étude n'ose révéler que le gaspillage est surtout généré par la surproduction et la recherche du profit à court terme, conduisant les industriels à multiplier « des infrastructures inadaptées et des lieux de stockage peu performants » avec des « défaillances les plus marquées (...) en aval de la chaine de production ». Cette étude oublie de dire qu'une marchandise de moins en moins bonne qualité, pléthorique, qui ne peut être vendue faute de client, s'entasse dans ces lieux volontairement négligés du fait qu'ils s'avèrent trop coûteux ! Pour faire des économies et du profit, les capitalistes spéculent et en arrivent souvent à détruire délibérément des marchandises, notamment des denrées alimentaires. Pour les mêmes motifs, « jusqu'à 30% des cultures de légumes au Royaume-Uni ne sont jamais récoltées ! » Les productions sont donc souvent détruites afin de ne pas faire chuter le cours des marchandises. Par exemple, certains producteurs qui ne peuvent pas vendre leurs fruits ou légumes, même à perte, les aspergent de gasoil pour maintenir artificiellement les cours.

Dans les pays dits « en voie de développement », le même phénomène existe, amplifié et même aggravé dès le début de la chaine de production, « entre le champ et le marché, du fait de transports locaux inadéquats », aboutissant à des pertes colossales. Les « déficiences » peuvent être telles que « dans le Sud-Est asiatique (…) les pertes de riz oscillent entre 37 et 80% de la production totale en fonction du stade de développement du pays, la Chine se situant par exemple à 45% et le Vietnam à 80% ».

Le rapport souligne aussi une sombre réalité : « Cette perte nette ne se limite pas aux déchets générés par les aliments non consommés. Le gâchis est visible à tous les niveaux de la chaîne de production alimentaire, dans l'utilisation des terres, de l'eau, de l'énergie. Environ 550 milliards de mètres cubes d'eau sont ainsi perdus pour faire pousser des récoltes qui n’atteindront jamais les consommateurs. »

Selon les ingénieurs de cette étude, une simple exploitation rationnelle des ressources existantes permettrait « d'offrir 60 à 100% de nourriture en plus sans augmenter la production tout en libérant du terrain et en diminuant la consommation d’énergie ». Nous l'affirmons ici tout net : cette perspective « de bon sens » est impossible à réaliser dans le système capitaliste ! Le problème ne réside pas du fait d'un  manque de compétences ou de volonté : il réside avant tout dans les contradictions d'un système économique qui ne produit pas pour satisfaire les besoins humains, dont il se soucie comme d'une guigne, mais pour le marché, pour réaliser un profit. De là découlent les pires absurdités, l'anarchie et l'irrationalité la plus totale.

On peut prendre, parmi des milliers d’exemples, un des plus scandaleux : au moment où des enfants d'Afrique sub-saharienne criaient le plus famine, alors qu'étaient imposés des quotas laitiers et un gel des terres en Europe, des associations caritatives et des ONG quémandaient des fonds à coups de campagnes publicitaires coûteuses et culpabilisantes, pour financer des stocks de lait en poudre destinés à ces enfants affamés, qui manquaient également... d'eau ! Si l'affaire n'avait pas été aussi triste et tragique, on aurait presque pu en faire un mauvais gag.

Le système capitalisme est un mode de production obsolète qui devient une force destructrice dressée contre la civilisation. Il génère et active toutes les pulsions mortifères. Ses contradictions, face aux tragédies croissantes qu'il engendre, exacerbent les comportements les plus irrationnels et antisociaux. La famine et le gaspillage, la pauvreté et le chômage, comme les guerres, sont ses enfants naturels. Mais en son sein, il cultive aussi sa négation et son propre fossoyeur, la classe ouvrière, celle des exploités tournés vers le futur. Eux seuls pourront mettre fin à ce système putride. Plus que jamais, l'alternative reste bien « socialisme ou barbarie » !

WH (1er janvier)

 

(1) Cela signifie une nourriture journalière inférieure à la quantité répondant aux besoins de l’organisme d'une personne (2500 calories par jour).

(2) Tout mensonge a un fond de vérité. Il n'y a pas, en soi, un manque de ressources. Par contre, le système capitaliste génère des situations qui conduisent à la destruction massive de ces dernières.

(3) Nous serons théoriquement autour de 9 milliards en 2050. 

(4) Rapport Global Food Waste Not, Want not, publié le jeudi 10 janvier 2013 par l'Institution of Mechanical Engineers (IME), organisation britannique des ingénieurs en génie mécanique. (Source : https://écologie.blog.lemonde.fr [1])

 

Récent et en cours: 

  • Crise économique [2]

Rubrique: 

Crise économique

Massacre de Newtown aux États-Unis: la descente du capitalisme dans la barbarie.

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Nous publions, ci dessous, la traduction de larges extraits d'un article publié par notre section aux États-Unis suite à  la tuerie dans la ville de Newtown aux États-Unis.
Comme lors des drames précédents, l'horreur de ce massacre sans mobile de 27 enfants et adultes par une seule personne nous a tous glacé le sang, or, c'est le treizième événement de ce genre dans ce pays pour la seule année 2012. Et les États-Unis ne sont pas le seul pays à connaître de telles abominations : En Chine, par exemple, le jour même du massacre de Newtown, un homme a blessé avec un couteau 22 enfants dans une école.
Il existe de plus en plus d'individus, qui se sentent tellement écrasés, isolés, incompris, rejetés que les tentatives de suicide des jeunes s'accroissent de plus en plus ; et le fait même du développement de cette tendance montre que face à la difficulté qu'ils ont de vivre, ils ne voient aucune perspective de changement qui leur permettrait d'espérer une évolution positive de leurs conditions de vie.
Cela provoque de telles souffrances et de tels troubles chez certains qu'ils en rendent responsables l'ensemble de la société et en particulier l'école qui doit normalement ouvrir sur la possibilité de trouver un emploi et qui n'ouvre souvent que sur le chômage et qui est devenu le lieu où se créent de multiples frustrations et où s'ouvrent bien des blessures ; le meurtre aveugle – suivi par leur suicide –, leur apparaît alors le seul moyen de montrer leur existence et leur souffrance.
Les différents aspects de la décomposition, et notamment l'horrible massacre de Newtown,  constituent un levier dont la bourgeoisie se sert contre toute recherche d'une alternative au système de mort dans lequel nous vivons. Derrière la campagne sur le fait de poster des policiers à la porte des écoles, l'idée qui est instillée est celle de la méfiance à l'égard de tout le monde, ce qui vise à empêcher ou détruire tout sentiment de solidarité au sein de la classe ouvrière. D'un autre côté, cela signifie que l'on ne peut avoir confiance que dans l’État et dans la répression qu'il mène alors qu'il est le gardien du système capitaliste qui est la cause des horreurs que nous sommes en train de vivre.



Le massacre de vies innocentes à l’école élémentaire de Sandy Hook à Newtown (Connecticut) est un rappel horrible de la nécessité d’une transformation révolutionnaire complète de la société. La propagation et la profondeur de la décomposition du capitalisme ne peuvent qu’engendrer d’autres actes aussi barbares, insensés et violents. Il n’y a absolument rien dans le système capitaliste qui puisse fournir une explication rationnelle à un tel acte et encore moins rassurer sur le futur d'une telle société (...).
Au lendemain de la tuerie dans l’école du Connecticut, et comme cela a également été le cas pour d’autres actes violents que nous avons en mémoire, tous les partis de la classe dirigeante ont suscité un questionnement : comment est-il possible qu'à Newtown, réputée pour être la ville « la plus sûre d'Amérique », un individu dérangé ait trouvé le moyen de déchaîner tant d’horreurs et de terreurs ? Quelles que soient les réponses proposées, la première préoccupation des médias est de protéger la classe dirigeante et de dissimuler son propre mode de vie meurtrier.
La justice bourgeoise réduit le massacre à un problème strictement individuel, suggérant en effet que le geste d’Adam Lanza s’explique par ses choix, sa volonté personnelle de faire le mal, penchant inhérent à la nature humaine. Elle prétend que rien de psychologique, ni de comportemental explique l’action du tireur. Nancy J. Herman, professeur agrégée de sociologie à l’Université de Central Michigan explique même qu' « aujourd’hui, la médicalisation du comportement déviant ne nous permet pas d’accepter la notion de ‘Mal’. La disparition de l’imagerie religieuse du péché, la montée en puissance des théories déterministes du comportement humain et la doctrine de la relativité culturelle nous ont amené à exclure la notion de mal de nos discours. » En conséquence, la justice avance comme solution le renouveau de la foi religieuse et la prière collective !
De cette façon, la justice nie tous les progrès réalisés depuis de nombreuses décennies par les études scientifiques sur le comportement humain qui, pourtant, permettent de mieux comprendre l’interaction complexe entre l’individu et la société (...). C’est également ainsi que la justice justifie sa proposition d’emprisonner tous ceux qui relèvent d’un comportement déviant, en réduisant leurs crimes à un acte immoral. (…)
La nature de la violence ne peut pas être comprise si on la dissocie du contexte social et historique où elle s’exprime. Les maladies mentales existent depuis longtemps, mais il semble que leur expression ait atteint leur paroxysme dans une société en état de siège, dominée par le « chacun pour soi », par la disparition de la solidarité sociale et de l’empathie. Les gens pensent qu’ils doivent se protéger contre… contre qui, d'ailleurs ? Tout le monde est un ennemi potentiel et c’est une image, une croyance renforcée par le nationalisme, le militarisme et l’impérialisme de la société capitaliste.
Pourtant la classe dirigeante se présente comme le garant de la « rationalité » et contourne soigneusement la question de sa propre responsabilité dans la propagation des comportements anti-sociaux. Ceci est encore plus flagrant lors des jugements par la cour martiale de l’armée américaine des soldats ayant commis des actes atroces, comme dans le cas de Robert Bales qui a massacré et tué 16 civils en Afghanistan dont 9 enfants. Pas un mot, naturellement, sur sa consommation d’alcool, de stéroïdes et de somnifères pour calmer ses douleurs physiques et émotionnelles, ni sur le fait qu’il a été envoyé sur l’un des champs de bataille les plus violents d'Afghanistan pour la quatrième fois !
Si les médias, les films et les jeux violents enseignent et renforcent l'idée que la rixe et le meurtre sont des moyens acceptables pour résoudre un conflit, ils ne sont cependant pas à l’origine des comportements anti-sociaux, comme le proclament les politiciens de gauche. C’est à la fois la concurrence au cœur du fonctionnement du mode capitaliste et ses expressions militaristes qui alimentent les médias et le contenu des jeux vidéo.
Lorsque les enfants grandissent dans une culture qui célèbre la violence comme un moyen acceptable de « gagner » et quand la société enseigne qu’il faut « gagner » à tout prix, ils sont parfaitement susceptibles d’acquérir ces « valeurs ». Sous le capitalisme, ces « valeurs » sont omniprésentes et ce que nous voyons dans les médias et les jeux vidéo n’en est que le reflet.
(…) La société développe une dangereuse culture de la suspicion et de la peur des autres en préconisant le « chacun pour soi. » Beaucoup de personnes finissent par privilégier le meurtre plutôt que la solidarité humaine comme solution aux différents, aux conflits et aux problèmes personnels.
Tout ceci est à l’origine de l’obsession  de la mère d’Adam Lanza pour les armes à feu et de son habitude d’emmener ses enfants, y compris son fils, sur les stands de tir. Nancy Lanza est une « survivaliste ». L’idéologie du « survivalisme » est fondée sur le « chacun pour soi » dans un monde pré et post-apocalyptique. Elle prône l’autonomie, ou plutôt la survie individuelle, en faisant des armes un moyen de protection permettant de mettre la main sur les rares ressources vitales. En prévision  de l’effondrement de l’économie américaine, qui est sur le point de survenir selon les survivalistes, ces derniers stockent des armes, des munitions, de la nourriture et s'enseignent des moyens de survivre à l’état sauvage. (...) Est-ce si étrange qu’Adam Lanza ait pu être envahi par ce sentiment de « no future » ? Ou peut-être a-t-il vu dans ces enfants pleins de vie des concurrents futurs à éliminer ? Quel que soit le véritable état mental attribué à Adam Lanza, il est certain qu’il ne disposait pas d’un esprit serein, lucide et rationnel.
(…) N’écoutant que ses intérêts politiques répugnants, la faction de la classe dirigeante au pouvoir n’hésite pas à se servir de l’horreur suscitée par le massacre de l’école du Connecticut pour affaiblir la partie adverse (...). Pour sa part, la droite propose de renforcer l’appareil répressif afin que tout individu potentiellement dangereux puisse être enfermé. Dans leurs délires, ils voient les écoles comme des prisons où les professeurs  deviendraient des policiers, transformant un lieu comme l’école en univers carcéral.
Il est naturel d’éprouver de l’horreur et une très grande émotion face au massacre d’innocentes victimes. Il est naturel de chercher des explications à un comportement complètement  irrationnel. Cela traduit un besoin profond d’être rassuré, d’avoir la maîtrise de son destin et de sortir l’humanité d’une spirale sans fin d’extrême violence. Mais la classe dirigeante profite des émotions de la population et utilise son besoin de confiance pour l’amener à accepter une idéologie où seul l’État serait capable de résoudre les problèmes de la société.
Les révolutionnaires doivent affirmer clairement que c’est le maintien de la société divisée en classes et l’exploitation du capitalisme qui sont les seuls responsables du développement de comportements irrationnels qu’ils sont incapables d'éliminer ou seulement maîtriser.


Ana, (21 décembre 2012)

Géographique: 

  • Etats-Unis [3]

Rubrique: 

Décomposition du capitalisme

«Crimes de guerre» au nord-Mali: le crime, c'est la guerre !

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Les soupçons d'exactions commises par les troupes maliennes contre les « peaux claires » (personnes d'origine arabe et Touarègue) se multiplient au fur et à mesure que la guérilla islamiste recule dans la guerre qui se déroule en ce moment au nord-Mali.

Les « observateurs », qui à chaque conflit sont toujours presqu’aussi nombreux que les belligérants, se divisent : les uns invitent à la prudence et, à l'image de Saint-Thomas qui ne croit que ce qu’il voit, veulent croire à une guerre « propre » tant que le premier charnier n'a pas été découvert ; tandis que les autres lèvent les bras au ciel en criant « C'est exactement ce qu'on craignait, on ne pourra pas dire qu'on n'avait pas prévenu. »

Ces derniers ne prennent pas un risque énorme en pointant le danger de débordements guerriers sur les populations civiles. Il serait en revanche nettement plus acrobatique de chercher dans l'histoire une guerre qui se serait déroulée sans ses chapelets d'exécutions sommaires, de viols, de mutilations, de déportations arbitraires et d’humiliations de tous ordres. Ne serait-ce que pour la décennie écoulée, un rapide échantillonnage nous fait approcher le million de victimes, tandis que les guerres du 20e siècle ont tué plus de 231 millions de personnes.1

Lors de la Première Guerre mondiale, les troupes allemandes envahissaient la Belgique et le Nord et l'Est de la France en août 1914 : 5 000 civils wallons et une bonne centaine de français en feront les frais.

La guerre d'Espagne se déroule elle aussi dans un climat revanchard et pogromiste : la « terreur blanche » aura fait entre 80 000 (officiellement) et 200 000 (estimations d'historiens) victimes. La « terreur rouge » de son côté dépassera les 75 000 victimes, dont une bonne partie dans le clergé catholique.

La Seconde Guerre mondiale mettra la barre nettement plus haut. Les pogroms en Allemagne et en Pologne sont connus, les hauts faits de l'armée allemande ont été suffisamment documentés pour qu'on ne s'étale pas sur la question : dans le sud de la France, les SS ravageront des dizaines de villages en 1944 et dans le même temps, Oradour-sur-Glane verra 642 de ses habitants exécutés en une journée. Peu avant, l'Armée Rouge pénétrera en Allemagne et pendant deux ans, les habitants seront terrorisés, tués, violés, déportés... les historiens établissent un bilan de 600 000 victimes. Côté Pacifique, le Japon laissera une trace sanglante indélébile. On se limitera à citer le massacre de Manille en 1945 et ses 100 000 victimes.

Plus récemment, l'ex-Yougoslavie s'est illustrée avec de nombreux massacres dont celui de Srebrenica durant l'été 1995 reste le plus connu (8 000 morts), tout comme le conflit au Kosovo en 1999 avec ses 800 000 déportés.

En Afrique, enfin, les 800 000 morts au Rwanda en 1994, et la terreur permanente installée en République Démocratique du Congo depuis 1993, ne sont que deux exemples du climat de mort qui flotte sur le continent noir.

Il n'y a pas de guerre « propre », il n'y a pas de conflit armé qui ne s'accompagne pas de massacres de civils et de leur déportation. Cela n'est tout simplement pas possible car toute guerre s'accompagne d'un discours idéologique rempli de haine et de stigmatisation, construit pour entraîner l'adhésion de ceux qui vont devoir risquer leur vie sous l'uniforme, de ceux qui vont devoir trimer dix fois plus pour soutenir « l'effort de guerre »... Ce discours c'est celui du nationalisme qui fait porter à « l'étranger », celui d'en face, la responsabilité de tous les maux. Cette division nationaliste distille la haine sur des bases d'appartenance nationale, religieuse, ethnique... peu importe, finalement, tant qu'elle cache correctement les fondements impérialistes du conflit et la responsabilité des bourgeoisies nationales, et d'elles seules !

On a suffisamment répété aux Maliens que toute leur misère est de la faute des « Arabes ». Quand le rapport de force s'inverse, la conséquence est immédiate et inévitable : tout comme les Kosovars incarnaient tous le mal, tout comme les Allemands étaient « tous nazis », les « Arabes » sont tous fondamentalistes, et ils doivent payer : femmes, enfants, vieillards, ils sont tous responsables. La haine est aveugle !

Cela fait plus de vingt ans que le Mali est traversé par cette haine. Les exactions contre les « peaux claires » ne sont pas nouvelles : 50 morts à Léré en 1991 ; 60 morts à Gossi et Foïta en 1992, entraînant la fuite de dizaines de milliers de Touaregs de l'autre côté des frontières algérienne et mauritanienne ; plusieurs exécutions en 1994 autour de Ménaka, puis plusieurs dizaines à Tombouctou...

Le risque était donc important que le développement actuel du conflit conduise à des massacres toujours plus nombreux. Ce sera toujours le cas dans tous les conflits impérialistes et ce ne sont pas les quelques procès retentissants de grands « criminels de guerre » des années, voire des dizaines d'année après, qui viendront retenir le bras vengeur des combattants nourris de haine depuis toujours.

GD (31 janvier)

 

1 Milton Leitenberg, Deaths in Wars and Conflicts in the 20th Century (2006).


 

 

Rubrique: 

Conflits impérialistes

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