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Révolution Internationale n° 426 - octobre 2011

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Crise économique : ils accusent la finance pour épargner le capitalisme !

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“Il va y avoir un krach et la chute sera violente”. “Absolument personne ne croit aux plans de sauvetage, ils savent que le marché est cuit et que la bourse est finie”. “Les traders se foutent de comment on va redresser l’économie, notre boulot est de faire de l’argent avec cette situation”. “Je me couche tous les soirs en rêvant d’une nouvelle récession”. “En 1929, quelques personnes étaient préparées à faire de l’argent avec le krach et tout le monde peut faire cela aujourd’hui, et pas seulement les élites”. “Cette crise économique est comme un cancer”. “Préparez-vous ! Ce n’est pas le moment d’espérer que les gouvernements règlent les problèmes. Les gouvernements ne dirigent pas le monde, c’est Goldman Sachs qui dirige le monde. Cette banque se fiche des plans de sauvetage”. “Dans moins de 12 mois je prédis que les économies de millions de gens vont disparaître, et ce ne sera que le début...”. Ces propos ont été tenus lundi 26 septembre sur la BBC par le trader londonien Alesio Rastani. Depuis, la vidéo tourne en boucle sur Internet en créant un véritable buzz [1]. Nous partageons évidemment la noirceur de la perspective tracée par cet économiste. Sans nous aventurer à établir des échéances aussi précises que lui, nous pouvons cependant affirmer sans craindre de nous tromper que le capitalisme va continuer de plonger, que la crise va s’aggraver et être de plus en plus ravageuse, et que les mille souffrances de la misère vont s’abattre sur une frange toujours plus large de l’humanité.

Cette déclaration d’Alesio Rastani vient surtout alimenter l’un des plus gros mensonges de ces dernières années : la planète serait en faillite à cause de la finance… et seulement à cause de la finance. “C’est Goldman Sachs qui dirige le monde”. Et toutes les voix altermondialistes, de gauche et d’extrême-gauche de s’écrier alors en chœur : “Quelle horreur ! Voilà la cause de tous nos maux. Nous devons reprendre le contrôle de l’économie. Nous devons mettre au pas les banques et la spéculation. Nous devons lutter pour un Etat plus fort et plus humain !”. Ce discours est incessant depuis la faillite du géant bancaire américain Lehman Brothers en 2008. Aujourd’hui, même une partie de la droite classique s’est emparée de cette critique “radicale” de la “finance sauvage” et clame la nécessité à revenir à plus de morale et plus d’Etat. Cette propagande n’est qu’un rideau de fumée idéologique désespéré pour occulter la cause réelle du cataclysme en cours : la faillite historique du capitalisme. Ce n’est pas une nuance ou une simple affaire de terminologie. Accuser le libéralisme ou accuser le capitalisme est fondamentalement différent. D’un côté, il y a l’illusion que ce système d’exploitation peut être réformé. De l’autre, il y a la compréhension que le capitalisme n’a pas d’avenir, qu’il doit être détruit de fond en comble et remplacé par une nouvelle société. Nous comprenons donc pourquoi la classe dominante, ses médias et ses experts déploient autant d’énergie à pointer du doigt l’irresponsabilité de la finance en l’accusant de tous les déboires économiques actuels : ils cherchent à épargner leur système et à détourner la réflexion en cours sur la nécessité d’un changement radical… et donc d’une révolution.

“C’est la faute aux traders !” : le pitoyable procédé du bouc-émissaire

Depuis quatre ans, à chaque krach boursier éclate une affaire de trader véreux. En janvier 2008, le “scandale Jérôme Kirviel” fait la Une des journaux. Il est jugé responsable de la déroute de la Société générale (banque française) pour avoir perdu 4,82 milliards d’euros suite à de mauvais placements. La vraie raison de cette crise, l’éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis, est reléguée au second plan. En décembre 2008, l’investisseur Bernard Madoff est mis en examen pour une arnaque de 65 milliards de dollars. Il devient le plus grand escroc de tous les temps et fait ponctuellement oublier la faillite du géant bancaire américain Lehman Brothers. En septembre 2011, le trader Kweku Adoboli est accusé d’une fraude de 2,3 milliards de dollars à la banque suisse UBS. Cette affaire tombe, par le “plus grand des hasards”, en pleine nouvelle déconfiture économique mondiale.

Evidemment, tout le monde sait que ces individus sont des boucs-émissaires. La ficelle tirée ici par les banques pour justifier leurs déboires est un peu trop grosse pour ne pas être vue. Mais cette propagande médiatique intense permet de focaliser toutes les attentions sur le monde pourri de la finance. L’image de ces requins de spéculateurs, sans foi ni loi, est en train de s’incruster dans nos esprits jusqu’à devenir obsédante et embrumer notre réflexion.

Alors, prenons un instant de recul et réfléchissons : comment ces faits-divers peuvent-ils expliquer en quoi que ce soit les menaces de faillite qui planent sur l’économie mondiale ? Aussi révoltantes que puissent être ces magouilles de plusieurs milliards de dollars quand des millions de personnes meurent de faim à travers le monde, aussi cyniques et honteux puissent être les propos tenus par Alesio Rastani sur la BBC quand il dit espérer un krach boursier pour spéculer et s’enrichir, il n’y a là rien qui justifie en profondeur l’ampleur de la crise économique mondiale qui touche actuellement tous les secteurs et tous les pays. Les capitalistes, qu’ils soient banquiers ou capitaines d’industrie, sont depuis toujours à la recherche du profit maximum sans jamais se soucier du bien-être de l’humanité. Il n’y a là rien de nouveau. Le capitalisme est un système d’exploitation inhumain depuis sa naissance. Le pillage barbare et sanguinaire des populations d’Afrique et d’Asie au xviiie et au xixe siècles en constitue une preuve tragique. La voyoucratie des traders et des banques n’explique donc rien de la crise actuelle. Si les escroqueries financières entraînent aujourd’hui des pertes colossales et mettent parfois en péril l’équilibre des banques, c’est en réalité à cause de leur fragilité induite par la crise et non l’inverse. Si, par exemple, Lehman Brothers a fait faillite en 2008, ce n’est pas à cause de l’irresponsabilité de sa politique d’investissement mais parce que le marché de l’immobilier américain s’est effondré lors de l’été 2007 et que cette banque s’est retrouvée avec des monceaux de créances sans aucune valeur. Avec la crise des subprimes, les ménages américains endettés se sont révélés être insolvables et tout le monde a alors pris conscience que les prêts accordés ne seraient jamais remboursés.

“C’est la faute aux agences de notation” : comment accuser le thermomètre en cas de fièvre

Les agences de notation sont, elles aussi, sous le feu croisé des critiques. Fin 2007, elles étaient taxées d’incompétence pour avoir négligé le poids des dettes souveraines des Etats. Aujourd’hui, elles sont accusées au contraire de trop pointer du doigt ces mêmes dettes souveraines de la zone euro (pour Moody’s) et des Etats-Unis (pour Standard & Poor’s).

Il est vrai que ces agences ont des intérêts particuliers, que leur jugement n’est pas neutre. Les agences de notation chinoises ont ainsi été les premières à dégrader la note de l’Etat américain, et les agences de notation américaines sont plus sévères envers l’Europe qu’envers leur propre pays. Et il est aussi vrai qu’à chaque dégradation, les financiers en profitent pour spéculer, ce qui accélère la dégradation des conditions économiques. Les spécialistes parlent alors de “prophéties auto-réalisatrices”.

Mais la réalité, c’est que ces toutes agences sous-estiment volontairement la gravité de la situation ; les notes qu’elles attribuent sont bien trop élevées au regard de la capacité réelle des banques, des entreprises et de certains Etats à pouvoir un jour rembourser leurs dettes. L’intérêt de ces agences est indéniablement de ne pas trop critiquer les fondamentaux économiques pour ne pas créer d’affolement, car l’économie mondiale est la branche sur laquelle elles sont toutes assises. Quand elles décôtent, c’est qu’elles y sont contraintes pour conserver un minimum de crédibilité. Nier totalement la gravité de la situation de l’économie mondiale serait grotesque et personne n’y croirait ; il est plus intelligent, du point de vue de la classe dominante, de reconnaître certaines faiblesses pour mieux amoindrir les problèmes de fond de son système. Tous ceux qui accusent les agences de notation aujourd’hui savent tout cela parfaitement. S’ils dénigrent la qualité du thermomètre, c’est pour éviter toute réflexion sur l’étrange maladie qui touche le capitalisme mondial, de peur que l’on ne s’aperçoive qu’il s’agit là d’une maladie dégénérescente et incurable !

“C’est la faute à la finance” : la confusion de la maladie et du symptôme

Ces critiques des traders et des agences de notation appartiennent à une entreprise de propagande beaucoup plus vaste sur la folie et l’hypertrophie de la finance. Comme toujours, cette idéologie mensongère s’appuie sur une parcelle de vérité. Car il faut bien l’avouer, le monde de la finance est effectivement devenu ces dernières décennies un monstre gigantesque, presque obèse, qui est peu à peu gagné par l’irrationalité.

Les preuves sont légions. En 2008, le total des transactions financières mondiales s’élevait à 2 200 000 milliards de dollars, contre un PIB mondial de 55 000 milliards [2]. L’économie spéculative est donc environ 40 fois plus importante que l’économie dite “réelle” ! Et ces milliards ont été au fil des ans investis de manière de plus en plus folle et auto-destructrice. Un exemple est à lui seul édifiant : la VAD (vente à découvert). De quoi s’agit-il ? “Dans le mécanisme de vente à découvert, nous commençons par vendre une valeur que nous ne possédons pas pour la racheter plus tard. Le but du jeu est bien évidemment de vendre une valeur à un certain prix et de la racheter à un prix inférieur pour encaisser la différence. Comme nous le voyons, le mécanisme est complètement opposé à celui d’un achat suivi d’une vente” [3]. Concrètement, la VAD entraîne d’immenses flux financiers spéculatifs sur certaines valeurs en pariant sur leur baisse, ce qui parfois peut entraîner la faillite de la cible. C’est aujourd’hui ce qui fait scandale. De nombreux économistes et politiciens nous expliquent qu’il s’agit même là du principal problème, de LA cause de la faillite de la Grèce ou de la chute de l’euro. Leur solution est donc simple : interdire les VAD et tout ira de nouveau pour le mieux dans le meilleur des mondes. Il est vrai que ces ventes à découvert sont une pure folie et qu’elles accélèrent la destruction de pans entiers de l’économie. Mais justement, elles ne font que “l’accélérer”, elles n’en sont pas la cause ! Il faut que la crise économique fasse déjà rage pour que ces ventes soient avantageuses à une si grande échelle. Le fait que les capitalistes parient de manière croissante sur la baisse et non plus sur la hausse des marchés révèle en réalité la défiance totale qu’ils ont eux-mêmes sur l’avenir de l’économie mondiale. C’est aussi pourquoi il y a de moins en moins de stabilité et d’investissement au long-cours : les investisseurs font “des coups” sur le très court terme, sans aucun souci de la pérennité des entreprises et des usines car, de toute façon, il n’y a presque plus de secteurs industriels sûrs et rentables sur le long terme. Et c’est là, qu’enfin, nous commençons à toucher du doigt le vrai cœur du problème : l’économie dite “réelle” ou “traditionnelle” est plongée dans un profond marasme depuis des décennies. Les capitaux fuient cette sphère qui est de moins en moins rentable. Le commerce mondial étant saturé de marchandises invendables, les usines ne tournent plus suffisamment et n’accumulent plus assez. Résultat, les capitalistes investissent leur argent dans la spéculation, le “virtuel”. D’où l’hypertrophie de la finance qui n’est qu’un symptôme de la maladie incurable du capitalisme : la surproduction.

“C’est la faute au libéralisme” : comment enchaîner les exploités à l’Etat

Ceux qui luttent contre le libéralisme partagent ce constat d’état de délabrement de l’économie réelle. Mais ils ne l’attribuent pas un seul instant à l’impossibilité pour le capitalisme de continuer à se développer ; ils nient que ce système soit devenu décadent et s’enfonce dans son agonie. Les tenants de l’idéologie alter-mondialiste attribuent la destruction de l’industrie depuis les années 1960 à de mauvais choix politiques et donc à l’idéologie ultra-libérale. Pour eux, comme pour notre trader Alesio Rastani, “c’est Goldman Sachs qui dirige le monde”. Ils luttent donc pour plus d’Etat, plus d’encadrement, plus de politique sociale. Partant de la critique du libéralisme, ils en viennent à nous refourguer une autre camelote tout aussi frelatée, l’étatisme : “Avec plus d’Etat pour encadrer la finance, nous pourrons construire une nouvelle économie, plus sociale et prospère.”

Le “plus d’Etat” ne permet en rien de régler les problèmes économiques du capitalisme. Répétons-le, ce qui mine fondamentalement ce système, c’est sa tendance naturelle à produire plus de marchandises que ses marchés ne peuvent en absorber. Depuis des décennies, il parvient à éviter la paralysie de son économie en écoulant sa surproduction dans un marché créé artificiellement par l’endettement. En d’autres termes, le capitalisme survit à crédit depuis les années 1960. C’est pourquoi aujourd’hui, les particuliers, les entreprises, les banques, les Etats, croulent tous sous une gigantesque montagne de créances et que la récession actuelle est nommée “la crise de la dette”. Or, depuis 2008 et la faillite de Lehman Brothers, que font les Etats, à travers leurs banques centrales, Fed et BCE en tête ? Ils injectent des milliards de dollars pour éviter les faillites. Et d’où viennent ces milliards ? De nouvelles dettes ! Ils ne font donc que déplacer l’endettement privé vers la sphère publique et ainsi préparer de futures faillites d’Etat, comme nous le voyons avec la Grèce dés aujourd’hui. Les bourrasques économiques à venir risquent d’être d’une violence inouïe [4].

“Mais s’il ne règle pas la crise, l’Etat pourrait tout de même nous protéger, être plus social”, nous disent tous les choeurs de la gauche. C’est oublier un peu vite que l’Etat est et a toujours été le pire des patrons. Ainsi, les nationalisations n’ont jamais été une bonne nouvelle pour les travailleurs. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’importante vague de nationalisations avait pour objectif de remettre sur pied l’appareil productif détruit en augmentant les cadences de travail. A l’époque, Thorez, secrétaire général du Parti communiste français et alors vice-président du gouvernement dirigé par De Gaulle, lança à la face de la classe ouvrière en France, et tout particulièrement aux ouvriers des entreprises publiques : “Si des mineurs doivent mourir à la tâche, leurs femmes les remplaceront”, ou encore : “Retroussez vos manches pour la reconstruction nationale !”, et : “La grève est l’arme des trusts”. Bienvenu dans le monde merveilleux des entreprises nationalisées ! Il n’y a ici rien d’inattendu ni d’étonnant. Les révolutionnaires communistes ont toujours mis en évidence, depuis l’expérience de la Commune de Paris de 1871, le rôle viscéralement anti-prolétarien de l’État. “L’État moderne, quelle qu’en soit la forme, est une machine essentiellement capitaliste : l’État des capitalistes, le capitaliste collectif idéal. Plus il fait passer de forces productives dans sa propriété, et plus il devient capitaliste collectif en fait, plus il exploite de citoyens. Les ouvriers restent des salariés, des prolétaires. Le rapport capitaliste n’est pas supprimé, il est au contraire poussé à son comble.” Friedrich Engels a écrit ces lignes en 1878, ce qui montre que, déjà à l’époque, l’Etat commençait à étendre ses tentacules sur l’ensemble de la société, à saisir d’une poigne de fer la direction de toute l’économie nationale, des entreprises publiques comme des grandes sociétés privées. Depuis lors, le capitalisme d’Etat n’a fait que se renforcer ; chaque bourgeoisie nationale est en rang et au garde-à-vous derrière son Etat pour mener à bien la guerre commerciale internationale sans merci que ce livrent tous les pays.

“Les Brics vont nous sauver” : les miracles économiques n’existent pas

Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud (ou Brics) ont connu ces dernières années un succès économique retentissant. La Chine en particulier est considérée aujourd’hui comme la deuxième puissance économique mondiale, et nombreux sont ceux qui pensent qu’elle ne tardera pas à détrôner les Etats-Unis. Cette réussite flamboyante fait espérer aux économistes que ce groupe de pays pourrait devenir la nouvelle locomotive de l’économie mondiale, comme le furent les Etats-Unis après la Seconde Guerre mondiale. Dernièrement, face aux risques d’explosions de la Zone euro embourbée dans la crise des dettes souveraines, la Chine a même proposé de renflouer en partie les caisses italiennes. Les altermondialistes voient là une raison de se réjouir : la suprématie américaine de l’ultra-libéralisme étant vécue comme l’un des pires fléaux de ces dernières décennies, la montée en puissance des Brics permettrait l’avènement futur d’un monde plus équilibré et juste. Cet espoir commun de voir les Brics se développer, qu’expriment tous les grands bourgeois et les alter-mondialistes, n’est pas seulement comique, il révèle aussi qu’ils sont tous également profondément attachés au monde capitaliste.

Cet espoir va vite être déçu car il y a dans toute cette affaire de “miracle économique” un air de déjà-vu. L’Argentine et les tigres asiatiques dans les années 1980-1990 ou, plus récemment, l’Irlande, l’Espagne et l’Islande, ont été eux aussi mis en avant, en leur temps, comme des “miracles économiques”. Et comme tout miracle, cela s’est révélé être une supercherie. Tous ces pays devaient leur rapide croissance à un endettement totalement débridé. Ils ont donc connu le même sort : récession et faillite. Il en sera de même pour les Brics. Déjà, les inquiétudes grandissent sur l’endettement réel des provinces chinoises, sur le ralentissement de la croissance et la montée de l’inflation. Le président du fonds souverain China Investment Corp, Gao Xiping, vient d’ailleurs de déclarer : “Nous ne sommes pas des sauveteurs, nous devons nous sauver nous-mêmes”. Nous ne saurions être plus clairs !

La vérité, c’est que le capitalisme n’a ni solution, ni avenir

Le capitalisme ne peut plus être réformé. Etre réaliste, c’est admettre que seule la révolution peut éviter la catastrophe. Le capitalisme, comme l’esclavagisme et le servage avant lui, est un système d’exploitation condamné à disparaître. Après s’être développé et épanoui durant deux siècle, aux xviiie et xixe siècles, après avoir conquis la planète, le capitalisme est entré en décadence avec fracas en déclenchant la Première Guerre mondiale. La Grande dépression des années 1930 puis l’effroyable boucherie de la Seconde Guerre mondiale sont venues confirmer l’obsolescence de ce système et la nécessité, pour que l’humanité survive, de mettre à bas ce système social moribond. Mais depuis les années 1950, aucune crise aussi violente que celle de 1929 n’a éclaté. La bourgeoisie a appris à limiter les dégâts et à relancer l’économie ; ce qui laisse croire aujourd’hui à certains que la nouvelle crise que nous traversons n’est qu’un énième et nouvel épisode de ces multiples tremblements et que la croissance ne tardera pas à revenir, comme elle le fait depuis 60 ans et plus. En réalité, les récessions successives en 1967, 1970-71, 1974-75, 1991-93, 1997-1998 (en Asie) et 2001-2002 n’ont fait que préparer le drame actuel. En effet, chaque fois, la bourgeoisie n’est parvenue à relancer l’économie mondiale qu’en ouvrant toujours plus grandes les vannes du crédit. Elle n’est jamais parvenue à régler le problème de fond, la surproduction chronique ; elle n’a donc fait que repousser les échéances à coup de dettes et aujourd’hui, le système entier est étouffé sous les créances : tous les secteurs, tous les pays sont surendettés. Cette fuite en avant touche donc à sa fin. Est-ce à dire que l’économie va se bloquer, que tout va s’arrêter ? Evidemment non. La bourgeoisie va continuer à se débattre. Concrètement, aujourd’hui, la classe dominante n’a le choix qu’entre deux politiques qui sont comme la peste et le choléra : austérité draconienne ou relance monétaire. La première mène à la récession violente, la seconde à l’explosion d’une inflation incontrôlable.

Dorénavant, l’alternance de courtes phases récessives et de longues périodes de reprise financées à coups de crédits est une époque définitivement révolue : le chômage va exploser et la misère comme la barbarie vont se répandre de façon dramatique. S’il y aura, de temps à autres, des phases de relance (comme ce fut le cas en 2010), ce ne seront que des “bouffées d’oxygène” de très courte durée auxquelles succéderont de nouveaux cataclysmes économiques. Tous ceux qui prétendent le contraire sont comme ce suicidaire qui, après avoir sauté du haut de l’Empire State Bulding, disait à chaque étage que “jusqu’ici, tout va bien”. N’oublions pas qu’au début de la Grande dépression de 1929, le président américain Hoover affirmait lui-aussi que “la prospérité est au coin de la rue”. La seule véritable incertitude est de savoir comment va s’en sortir l’humanité. Va-t-elle sombrer avec le capitalisme ? Ou va-t-elle être capable de construire un nouveau monde de solidarité et d’entraide, sans classes ni Etat, sans exploitation ni profit ? Comme l’a écrit Friedrich Engels il y a déjà plus d’un siècle : “La société bourgeoise est placée devant un dilemme : ou bien passage au socialisme ou rechute dans la barbarie” ! Les clés de ce futur sont entre les mains de toute la classe ouvrière, de ses luttes unissant travailleurs, chômeurs, retraités et jeunes précaires.

Pawel (29 septembre)

 

1. Source : www.dailymotion.com/video/xlcg84 [2]

2. Source : www.jacquesbgelinas.com/index_files/Page3236.htm [3]

3. Source : www.abcbourse.com/apprendre/1_vad.html [4]

4. Le “plus d’Europe” ou le “plus de gouvernance mondiale” est évidemment tout autant une impasse : qu’ils soient seuls ou à plusieurs, les Etats n’ont aucune solution réelle et durable. Tout juste leur union permet-elle de ralentir un peu l’avancée de la crise alors que leurs divisions l’accélèrent.

Récent et en cours: 

  • Crise économique [5]

La marche européenne des "Indignés" est une mascarade de "DRY" pour épuiser le mouvement

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Le mouvement des Indignés est remarquable par la volonté qui l’anime de favoriser partout le débat dans des assemblées générales de rue, et par ce sentiment largement partagé de faire face dans tous les pays aux même attaques, à la même exploitation, à la même misère. Ce n’est pas un hasard si, parti d’Espagne, ce mouvement a gagné la Grèce, Israël et même le Chili !

D’ailleurs, en juillet, en Espagne, de nombreux intervenants avaient mis en avant l’importance de cette extension internationale des luttes et s’étaient interrogés sur les moyens de créer plus de liens et d’unité entre exploités par-delà les frontières. La DRY (Démocratie réelle maintenant), qui essaye depuis le début de noyauter la lutte et les débats pour endiguer toute réflexion trop radicale, contestataire et révolutionnaire à son goût, a alors immédiatement proposé sa vision de la lutte internationale : une “marche pacifiste” à travers l’Europe, de l’Espagne jusqu’à Bruxelles, pour demander aux membres du Parlement européen “la démocratie directe en Europe”, dénoncer “le monopole des technocrates non élus, des oligarchies politiques qui détiennent tous les pouvoirs” et exiger “leur départ” (1).

Cette marche partie de Madrid le 24 juillet, pour une arrivée prévue à Bruxelles le 8 octobre, a fait escale le 17  septembre à Paris. Certains militants du CCI se sont rendus aux rassemblements et débats organisés. L’un d’eux livre ci-dessous son témoignage.

Le samedi 17 septembre, la marche des “Indignés” espagnols, organisée par DRY, est arrivée à Paris. Le rendez-vous du rassemblement censé accueillir les marcheurs était prévu à 18 heures place de la Bastille, où une AG devait également se tenir. Mais à 18 heures 30, il n’y avait toujours aucun signe “d’indignation” devant l’Opéra. Le porte-parole de DRY annonce alors qu’en attendant l’arrivée des marcheurs, ils ont fait venir une fanfare et une petite troupe de théâtre.

Cette fanfare nous a joué un air tout à fait original, mélangeant la Marseillaise avec l’Internationale ! Un badaud qui passait par là a demandé aux musiciens-compositeurs pourquoi ils avaient fait un tel melting-pot avec l’hymne national de la bourgeoisie française et l’hymne révolutionnaire du mouvement ouvrier. Réponse : “Ces deux chants révolutionnaires ne sont plus d’actualité. En attendant de trouver un autre chant révolutionnaire correspondant à la “troisième voie” dont on a besoin aujourd’hui, on a mélangé les deux.”

Autrement dit, pour DRY, il est clair que ce n’est pas la lutte de classe, la révolution prolétarienne mondiale, qui constitue aujourd’hui la seule alternative à la faillite du capitalisme, mais une “troisième voie” : celle de l’union sacrée de tous les “citoyens”, qu’ils soient exploiteurs ou exploités !

Cette “troisième voie” préconisée par les altermondialistes de DRY n’a rien de bien nouveau. C’est celle qui prétend qu’il ne faut pas renverser le capitalisme mais le réformer en semant l’illusion qu’un système basé sur l’exploitation de l’homme par l’homme pourrait devenir “éthique” si tous les “citoyens” du monde se serraient les coudes pour construire un autre monde : un “capitalisme à visage humain” !

Rien de bien nouveau non plus dans cette ébauche d’un nouvel hymne révolutionnaire. Le métissage de la Marseillaise avec l’Internationale par la fanfare de DRY n’est rien d’autre qu’une resucée de l’idéologie contre-révolutionnaire du parti stalinien français (le PCF) qui, dans ses heures de gloire, avait mêlé le drapeau rouge de l’Internationale avec le drapeau tricolore en embrigadant des dizaines de millions de prolétaires dans la Seconde Guerre mondiale derrière la défense du capital national et de la “patrie du socialisme” (l’URSS).

Rien d’étonnant non plus dans ces propos très “démocratiques” tenus par l’animateur du “débat” de la Bastille : “Ici, c’est la démocratie horizontale. Tout le monde peut s’exprimer et dire tout ce qu’il a sur le cœur sauf… les provocateurs qui viennent ici pour foutre la merde !” (Suivez mon regard, je ne vise personne !).

Qui sont les “fouteurs de merde” ? Ce porte-parole de DRY (mal décrotté du stalinisme) n’a pas osé dire (mais cela va sans dire !) que les “fouteurs de merde” sont bien sûr ceux qui ne sont pas d’accord avec l’idéologie réformiste et la politique de DRY !

L’animateur du “débat” place de la Bastille a également affirmé que ce mouvement des Indignés en Espagne n’est pas un mouvement “anti-système”, mais un mouvement revendiquant un système “qui fonctionne” (avec bien sûr des banques “éthiques” ou “coopératives”).

Rien n’est plus mensonger ! Le mouvement des Indignés en Espagne ne s’est pas limité à son encadrement et sa tentative de récupération par ATTAC et DRY. Il ne s’est pas limité à l’Espagne, mais a surgi également en Grèce par exemple. C’était un mouvement social massif de protestation contre la faillite du capitalisme et donc un mouvement “contre le système”, n’en déplaise à tous les récupérateurs et saboteurs “altermondialistes” de la gauche du capital ! Un mouvement qui a fait écho aux révoltes sociales massives en Tunisie et en Egypte. Un mouvement dont l’onde de choc se répercute aussi en Israël aujourd’hui. De tout cela, les animateurs du “débat” à la Bastille n’ont pas pipé mot !

Lors de son speech au micro, le porte-parole de DRY (dont les propos sentaient à plein nez le programme du parti de gauche de Mélanchon !), nous a encore dit textuellement que “l’indignation doit être l’affaire de TOUS, et pas seulement des pauvres, des chômeurs, etc.” Autrement dit, les “riches citoyens-exploiteurs” sont aujourd’hui conviés par DRY à participer aux AG pour exprimer eux aussi, en tant que “citoyens” et hommes de bonne volonté, “tout ce qu’ils ont sur le cœur” (contrairement aux “provocateurs qui viennent pour foutre la merde”).

Plus grotesque, tu meurs !

La seule “indignation” que nos citoyens-exploiteurs peuvent exprimer, c’est celle de la matraque et de la répression face à “l’indignation” des pauvres, des chômeurs et des exploités ! C’est ce qu’on a vu en Espagne lors de la répression brutale du mouvement au printemps dernier. C’est ce qu’on a vu aussi ce jour-là à Paris où nos bons “citoyens-exploiteurs” ont montré “tout ce qu’ils avaient sur le cœur” en envoyant leurs CRS, leurs matraques et leurs bombes lacrymogènes contre les Indignés tout simplement parce que ces derniers avaient décidé de tenir leur AG devant la Bourse (comme “action symbolique contre les banques”, à Paris comme à New York).

Les bureaucrates de DRY qui dirigent et contrôlent aujourd’hui le mouvement des Indignés savent très bien que la classe des “citoyens”-exploiteurs est incapable de “s’indigner” contre son propre système (et qu’elle ne peut pas renoncer à ses privilèges).

En organisant cette marche de Madrid à Bruxelles (dont l’objectif est d’aller gentiment demander à l’Assemblée européenne de nous accorder une “démocratie réelle maintenant” !), les organisateurs ne font rien d’autre que le sale boulot classique de toutes les forces d’encadrement (partis de gauche et syndicats) au service de la préservation de l’ordre social capitaliste : épuiser la combativité des “indignés”, défouler leur “indignation” et dévoyer leur révolte contre le capitalisme dans une impasse afin de les livrer pieds et poings liés à la répression.

Cette marche européenne des Indignés est une pure mascarade organisée par DRY et destinée à ridiculiser le mouvement : elle s’apparente davantage à une marche de pénitents sur les chemins de Compostelle qu’à une manifestation de protestation contre le capitalisme !

Quant aux informations données par les organisateurs du rassemblement à la Bastille, c’était de la même eau que celles des commentateurs du Tour de France à la télé ! Avec les mêmes trémolos dans la voix, destinés à nous tenir en haleine, les ténors de DRY ont passé leur temps à raconter les différentes étapes de la marche des Indignés vers Bruxelles, la sympathie de la population dans les petits villages qu’on leur a fait traverser (au fin fond de la France profonde) soit disant pour… étendre le mouvement de l’autre côté des Pyrénées et en Europe !

Dans tous les pays du monde, les exploités ressentent de plus en plus ce besoin d’unité et de solidarité internationale, au-delà des frontières. Mais pour que leur indignation se transforme en force motrice capable de construire un autre monde débarrassé des lois barbares du capitalisme, ils devront nécessairement développer tous les lieux de débat et déjouer les pièges de leurs faux amis.

Linus (29 septembre)

1) Source : https://roadtobrussels.blogspot.com/
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Récent et en cours: 

  • Indignés [7]

Suivre les syndicats et la gauche, c'est aller à la défaite, prenons nos luttes en mains !

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La grève des enseignants du 27 septembre a montré au moins une chose : il y a un réel mécontentement dans la classe ouvrière, qui n’est pas prête à accepter tous les sacrifices qu’on lui met sur le dos depuis des années, et dont le rythme ne semble pas prêt de ralentir, période électorale ou pas. Le taux de grévistes a ainsi été très élevé. Le fait que les enseignants du privé se soient joint à ceux du public a beaucoup participé à cette affluence, et constitue aussi un signe de la colère grandissante.

Cependant cette colère a aussi été circonscrite dans le milieu des profs. Car il n’y a pas qu’eux qui ont besoin et envie d’exprimer leur résistance aux attaques incessantes sur leurs conditions de travail et de vie. Tous les secteurs de la classe ouvrière sont touchés, tous contiennent une vraie colère.

C’est d’ailleurs pour cela que le 11 octobre, deux semaines seulement après les enseignants, ce sont tous les autres secteurs qui sont appelés à défiler.

Pourquoi pas tous en même temps, tous le même jour ? C’est l’éternelle question. En séparant certains secteurs, souvent les plus combatifs, du reste de la classe ouvrière, les syndicats rompent l’unité indispensable à tout mouvement social. De plus, la multiplication de “journées d’action”, qui ont émaillé le début de cette décennie et qui continue ce 11 octobre, n’apporte pas grand chose sinon la sensation de faire grève pour rien. Une action stérile dont la répétition conduit au sentiment d’impuissance, à l’épuisement, au découragement.

Ceux qui sont à l’origine de ces mouvements et mobilisations, les syndicats, sont-ils idiots au point de ne pas s’en rendre compte ? Certainement pas. Ils maîtrisent au contraire parfaitement leur sujet (il faut dire qu’ils ont de l’entraînement !). Ils savent parfaitement que face aux salves d’attaques dont elle est la victime, la victoire de la classe ouvrière passe par une riposte massive et unie. Mais leur objectif n’est pas la victoire de la classe ouvrière, c’est la victoire de la bourgeoisie. Et en baladant les ouvriers dans des grèves répétées et sans lendemain, et parfois corporatiste, ils parviennent pour le moment à laisser échapper la pression ouvrière sans risquer d’être dépassés.

La période électorale est aussi un moment pour la bourgeoisie de développer son discours démocratique (exprimez vous dans les urnes, pas dans la rue !) et les illusions de l’alternance. Beaucoup d’ouvriers sont excédés par la méthode de Sarkozy et espèrent que sa défaite face à la gauche pourra changer la donne. C’est une illusion car on a déjà pu vérifier la capacité de la gauche à attaquer la classe ouvrière. Et la situation économique est telle que la bourgeoisie n’a objectivement pas d’autre solution que de s’en prendre à la force de travail. Certes, si la gauche arrive au pouvoir en 2012, elle n’appliquera pas la même méthode que Sarkozy. Il est unique, grand bien lui fasse ! Mais n’ayons pas le moindre doute sur une chose : les attaques au final seront les mêmes, quel que soit le discours qui les accompagnera. D’ailleurs, nos frères de classe en Grèce et en Espagne sont depuis des mois dans la rue pour faire face aux mêmes attaques, à la même dégradation brutale des conditions de vie, aux mêmes mesures d’austérités prises là-bas par des gouvernements… socialistes !

La classe ouvrière a tout à perdre en accordant sa confiance aux syndicats et aux partis bourgeois. Mais alors, comment réagir ?

Il faut prendre ses luttes en main. Développer les assemblées générales, y discuter et y mettre en oeuvre des décisions collectives, des mandats vérifiables et vérifiés. Faire confiance oui, mais en nous-mêmes et seulement en nous-mêmes, en tant que classe unie autour d’une situation sociale commune et d’intérêts fondamentaux communs. Ce n’est pas quelque chose d’infaisable, une mission trop importante. Il y a un an, lors du mouvement sur les retraites en France, des initiatives autonomes ont vu le jour. Des assemblées générales interprofessionnelles, non syndicales, animées de vrais débats libres (parfois au mégaphone en fin de manif), ont été organisées par les manifestants eux-mêmes. A Toulouse, le slogan “Libérons la parole” de la CNT-AIT a été repris par plusieurs dizaines de personnes qui ont effectivement pris leur lutte en main et ont poussé à la discussion la plus large possible sur “Comment lutter ? Comment nous organiser ? Comment nous unir ?”. Même si elles ont gardé un caractère minoritaire, leur capacité à réunir, à déjouer les pièges des syndicats et des gauchistes qui ont tenté de les noyauter, et le fait même que les syndicats et les gauchistes aient tenté de les saboter, sont autant de signes qu’il s’agit là de la bonne réponse face aux attaques.

Et ce qui s’est passé en France à petite échelle lors du mouvement contre les retraites en 2010 a pris une toute autre ampleur les mois suivants en Espagne, en Israël et ailleurs, lors du mouvement des Indignés. Là, ce sont par milliers que les travailleurs et les chômeurs, les jeunes précaires et les retraités ont tenu des assemblées générales massives de rue. Et ce n’est là qu’un début, car la dynamique internationale de notre classe est clairement vers la massification de ses luttes prises en main par les travailleurs eux-mêmes. C’est en poursuivant sur ce chemin que petit à petit, la classe ouvrière trouvera les moyens et la force de repousser la bourgeoisie et de réfléchir à ses propres solutions à la crise du système.

GD (30 septembre)

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De DSK à Sarkozy, une classe de pourris !

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Si l’été n’a pas été très ensoleillé cette année, il y a eu tout de même de beaux feux d’artifice… d’affaires politico-judicaires qui ont éclaboussé l’UMP comme le PS. Et le spectateur de s’écrier : “Oh  ! la belle bleue… oh  ! la belle rose…”

Cette rentrée de septembre 2011 est aussi dominée par les scandales à feuilletons et les coups-bas. Il y en a pour tous les goûts. Un véritable spectacle décadent fait d’orgie, de corruption et de coups de poignard dans le dos. Toutes ressemblance avec la fin de règne des maîtres de la Rome antique n’est absolument pas fortuite !

Une liste interminable d’affaires…

A notre gauche, c’est “OK Corral” : “je te flingue, tu me flingues”. Pour se faire mousser avant les primaires socialistes, Arnaud Montebourg – rejoint par Ségolène Royal – a joué les Monsieur Propre en sortant de son chapeau un rapport sur les pratiques mafieuses du socialiste Guérini. Il n’y a là aucune révélation, aucun scoop puisque la corruption ambiante et la voyoucratie au sein du PS dans le sud-est de la France sont ultra-connues depuis Gaston Defferre (patron du PS marseillais, maire de la ville phocéenne et ami intime des gangsters et de la “French Connection” de l’après-guerre aux années 1980). Mais en réalité, Montebourg visait là une autre cible : cette affaire lui a aussi permis de pointer du doigt la responsable nationale du PS, Martine Aubry. Sentant le piège, celle-ci a répondu : “Il n’y a rien dans ce rapport. Pas un élément concret, précis, pas un fait.” Autrement dit, “circulez, il n’y a rien à voir”. Cet affrontement larvé a alimenté d’autant plus les dissensions que ce parti est de plus en plus éclaté.

Pour ce qui est de DSK, saigné comme un poulet sur l’autel des magouilles politiciennes, bien qu’on ne sache pas qui a porté le coup mortel, il est de plus en plus certain qu’il a été l’objet d’une attention particulière ; autrement dit, coupable ou pas d’agressions sexuelles, que ce soit à New-York, au FMI ou à Paris, il était attendu au tournant. Ses mœurs sordides auraient pu être passées une nouvelle fois sous silence, comme c’est d’ailleurs le cas en permanence pour tant d’autres puissants de ce monde, mais cette fois certains ont au contraire décidé de faire le maximum de bruit et de publicité pour le dégommer. Qui ? L’histoire le dira peut-être.

A notre droite, cela vaut aussi son pesant de “Terminator” en 3D et en blueray. L’omniprésident Sarkozy, malgré tous ses récents efforts pour se donner une stature internationale et au-dessus de la mêlée des “connards” (1) de l’UMP, voit se resserrer un étau implacable sur nombre d’aspects de son activité politique passée et présente qui le ramène irrésistiblement dans ses talonnettes hexagonales. On a pour se mettre en appétit la suite de l’affaire Woerth-Bettencourt et les enveloppes distribuées gracieusement à Nicolas Sarkozy en personne par une femme vieillissante perdant prétendument la tête, pour payer la campagne électorale présidentielle sarkozyenne de 2007. Suivent à présent les valises de billets qui ont servi à financer la campagne de Balladur : celles-ci ne venait pas de Neuilly mais de Karachi en 1995 ! Ces valises ont été ramenées par un intermédiaire professionnel de vente d’armes, Takieddine, qui les refilait via la Suisse à l’ami (et témoin de son mariage avec Carla) de Sarkozy, Nicolas Bazire. Résultat tragique de ce tripatouillage, il est hautement probable que l’ISI (2) pakistanaise a fait sauter 14 personnes en 2002 (dont 11 Français) pour d’obscures raisons d’accords de ventes d’armes et de dessous de table. Dans cette sombre affaire de ventes de sous-marins, où il n’y a de clair que les tripatouillages en tous genres, sont impliqués non seulement Sarkozy mais aussi Balladur, de Villepin et bien sûr Chirac. Lequel est atteint “d’anosognosie”, de pertes de mémoires, ce qui lui a permis d’éviter un procès dans l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris. Mais ces trous de mémoires, apparemment très sélectifs, ne l’ont pas empêché de démentir ces accusations de valises pleines d’argent circulant au sein de la droite ; il se souvient là très bien qu’il n’en a jamais vu ni même jamais entendu parlé ! D’ailleurs, cet homme qu’on nous présente presque gâteux va participer en décembre à un colloque sur sa “politique extérieure” à Sciences Po ! Il faut croire qu’il sera alors guéri.

Que Chirac et Sarkozy sont ennemis, c’est une certitude. Mais une autre chose est certaine : ils emploient les mêmes procédés crapuleux, en particulier en Afrique où, décidément, contrairement aux promesses, la fin de la Françafrique n’est pas pour demain. Les déclarations fracassantes de M. Bourgi, autre porteur de valises mais en provenance d’Afrique cette fois-ci (et à l’en croire pour le compte de Chirac et de Villepin), n’ont fait que renvoyer dos à dos les politiques africaines de Chirac et de Sarkozy, comme elles ont rappelé celle de Mitterrand et de la gauche en leur temps.

Enfin, n’omettons pas Christine Lagarde, toute fraîche présidente du FMI (parce qu’elle parle anglais) qui traîne l’affaire Tapie/Crédit lyonnais comme un boulet. Elle se dit victime d’un acharnement injuste. Après tout, elle n’a “que” pesé de tout son poids, quand elle était ministre de l’Economie, en faveur d’un “arrangement” (litigieux certes) permettant à “Nanard” d’être quelque peu “dédommagé” (en palpant 45 millions d’euros !).

La liste de tous ces déballages, de toutes ces affaires plus scabreuses les unes que les autres, pourrait être infinie. Aujourd’hui, on ne sait plus qui balance qui, tellement ses affaires sont douteuses. Comme dit Hortefeux : “ça balance” dans tous les commissariats. A propos de commissariats, la dernière affaire à la Une est elle-aussi très révélatrice de la décomposition qui touche toutes les hautes sphères de l’Etat : cette fois-ci, c’est un membre éminent de la Police judiciaire de Lyon, donc un représentant et défenseur appointé de “l’ordre” bourgeois, qui est mis en examen avec d’autres collègues et magistrats pour des faits de corruption “sans précédent connu” (3) en France. Depuis 20 ans, au vu et au su de tous, les grands patrons de la police lyonnaise fricotait avec la mafia, en touchant au fric facile, à la drogue dure, aux belles voitures et aux femmes de petite vertu.

… qui révèle l’état de décomposition du capitalisme

Chaque affaire semble en révéler une autre, à la façon des poupées gigognes, mais sans qu’il y ait là de fin. Dans le capitalisme, comme le dit la chanson du chanteur Mano Solo, “Il y a toujours plus profond que le fond.”

Ces innombrables affaires judiciaires, bien qu’elles soient écœurantes voire révoltantes, ne doivent pas nous étonner. L’effet “règlement de comptes” pour gagner la campagne électorale à tout prix et ainsi “aller à la soupe”, selon l’expression consacrée, y est certes pour beaucoup. Mais cela révèle aussi un mal beaucoup plus profond. Pour preuve, il ne s’agit pas d’un phénomène franco-français, il est généralisé à tous les Etats du monde, petits ou grands. Il suffit de passer les Alpes et de se rendre dans l’Italie de Berlusconi pour s’en rendre compte. L’image des ces “républiques bananières” dont se moquaient les beaux esprits de la classe dominante est en fait leur propre reflet. Elle est l’expression d’une bourgeoisie dont le mode de fonctionnement fondamental et le credo sont l’exploitation et l’appât du gain, la quête permanente et fébrile du profit, par n’importe quel moyen. Le vol et la spoliation, le meurtre individuel ou de masse, la corruption, le mensonge, la menace constante et la répression forment les moindres outils de cette classe dont le mot d’ordre préféré est : “L’homme est un loup pour l’homme.” Donc, mort aux plus faibles et aux plus démunis ! Et c’est ce qu’elle fait, contre la classe ouvrière et contre les classes non exploiteuses, mais aussi en son sein. Ce qui est significatif en revanche des “affaires” qui explosent avec une telle virulence aujourd’hui, c’est qu’elles témoignent d’un nouvel enfoncement dans la décomposition du capitalisme, auquel l’aggravation de la crise économique ne peut être étrangère. D’ailleurs, c’est justement cette absence d’avenir du système capitaliste qui renforce le chacun pour soi au sein de la classe dominante. “Sauve qui peut et Dieu pour tous !” est sa nouvelle maxime. Même si, sous de nombreux aspects, cette litanie permanente de scandales permet d’occuper le gogo et les rédactions des journaux, on ne peut qu’être frappé par le sentiment de dégoût que tout cela provoque.

Il reviendra à la lutte de la classe ouvrière de transformer ce dégoût en une force capable de balayer tous ces malfrats et de renverser ce système capitaliste en pleine déliquescence.

Wilma (30 septembre)

 

1) Propos de Sarkozy lui-même cité dans le Canard enchaîné du 28 septembre 2011.

2) Service de renseignement pakistanais, véritable Etat dans l’Etat, à l’origine de la création des groupes talibans pour lutter contre l’invasion de l’Afghanistan par l’URSS en 1979.

3) Jean-Marc Berlière, historien de la police (interviewé par atlantico.fr)

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Le "socialisme bolivarien" est une version gauchiste du "capitalisme sauvage"

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Le texte ci-dessous s’appuie en grande partie sur un article [11] d’Internacionalismo, organe de presse du CCI au Venezuela, publié sur notre site en espagnol cet été. Les faits que nous rapportent ici nos camarades montrent une nouvelle fois que dans tous les pays la même crise économique et les mêmes mesures d’austérité font rage. Les fractions au pouvoir peuvent bien se prétendent “libérales”, “progressistes” ou “révolutionnaires”, le même capitalisme sauvage et barbare attaque les travailleurs aux quatre coins du globe.

La crise économique mondiale frappe aussi le “Socialisme du xxie siècle”

L’Etat de Chavez nie en bloc l’existence de la crise économique au Venezuela, mais cela n’empêche pas la dure réalité d’y frapper impitoyablement la population. La politique “socialiste” menée dans ce pays ne fait pas moins de dégâts que le “libéralisme” américain. Et il n’y a là rien d’étonnant puisqu’il s’agit en réalité, dans les deux cas, du même capitalisme d’Etat ; seul le masque change. Au Venezuela, le capitalisme d’Etat est seulement plus caricatural qu’ailleurs et… moins performant puisqu’il réussit le tour de force d’affaiblir autant le capitalisme privé que le capital étatique.

Le pays doit aujourd’hui importer pratiquement tous les biens de consommation courante, ce qui est assez paradoxale pour un pays qui prétend développer une “révolution” continentale en exportant son label “Socialisme du xxie siècle”. Mais il y a encore plus ironique : pour la galerie, Chavez mène des affrontements permanents avec les Etats-Unis désignés comme le grand Satan capitaliste mais, dans les coulisses, les deux Etats entretiennent des liens économiques très étroits. Les Etats-Unis sont ainsi le principal client commercial du Venezuela (1).

Les chiffres officiels eux-mêmes et ceux de la CEPAL (Commission économique pour l’Amérique latine) et du FMI, sont tous obligés de reconnaître la gravité de la crise économique du pays : le Venezuela et Haïti (l’un des pays les plus pauvres au monde !) ont été les seuls d’Amérique latine et des Caraïbes à ne pas avoir eu de croissance en 2010. Il s’agit même pour le Venezuela de la troisième année de décroissance du PIB. Le pays a l’inflation la plus élevée de la région et une des plus élevées du monde : pour chacune des trois dernières années, elle a été de 27 % en moyenne et on estime que, pour 2011, elle dépassera 28 %. Voilà des taux d’inflation qui transforment en “sel et eau” les salaires et les pensions des travailleurs, ainsi que les aides que l’Etat octroie par le biais des plans sociaux !

Evidemment, le Venezuela subit là la crise économique mondiale. Mais les mesures prises par Chavez n’ont rien à envier à celles des droites les plus “dures et réactionnaires” de la planète :

Les revenus pétroliers, qui ont portant augmenté considérablement en 2011 suite à la crise libyenne, ne sont pas suffisants pour assouvir la voracité de l’Etat ; ils se volatilisent dans des budgets “alternatifs” au budget national, manipulés directement et de façon arbitraire par l’Exécutif (avec l’excuse de rendre plus agile “l’investissement social”). Voilà une forme de gestion du régime qui a facilité la création d’un vaste réseau de corruption qui embrasse plusieurs niveaux de fonctionnaires publics et militaires.

Alors qu’une bonne partie des travailleurs survit avec tout juste un peu plus du salaire minimum (équivalent à 150 $ par mois), la haute bureaucratie de l’État, autant civile que militaire, touche de très hauts salaires et “profits” pour ainsi garantir sa loyauté au régime.

Les dépenses militaires ont continué d’augmenter, avec l’excuse de contrer la menace d’invasion de “l’impérialisme yankee” pour s’emparer des ressources énergétiques.

Et comme les autres économies du monde, le Venezuela voit l’endettement de l’État exploser. Cette dette de 150 milliards de dollars, un peu plus du 40 % du PIB, est aujourd’hui encore gérable mais les experts en économie signalent que si elle continue d’augmenter au rythme actuel, il y a un risque de défaut de paiement (impossibilité de rembourser le service de la dette) dans les trois ans ! Ainsi, le Venezuela pourrait se retrouver dans une situation identique à celle de la Grèce, situation qui a exigé le secours de l’Union européenne et entraîné une politique d’austérité inouïe.

Le chavisme a recours au même “remède” que toutes les autres bourgeoisies du monde : l’austérité !

Voici la réalité de la politique “socialiste” de Chavez :

– dévaluation du bolivar [monnaie nationale] de 65 % en janvier 2011, après une autre de 100 % au début de 2010 ;

– agression permanente contre les salaires et les aides sociales ;

– réduction drastique des plans d’alimentation et de santé ;

– augmentation des tarifs électriques avec la justification de stopper “le gaspillage d’électricité”, ce qui va affecter dramatiquement le coût de la vie ;

– augmentation des prix de l’essence, de la TVA et divers autres impôts.

A cause de l’inflation, les salaires ont souffert d’une forte détérioration. D’après la CEPAL et l’Organisation internationale du travail (OIT), les salaires des travailleurs vénézuéliens sont tombés, en termes réels, de plus de 8 % le premier trimestre de cette année par rapport à la même période en 2010. Comme dans beaucoup d’autres pays, l’emploi précaire n’a fait qu’augmenter autant dans le public que dans le privé : selon une étude récente réalisée par l’Université catholique “Andrés-Bello”, 82,6 % de la force de travail vénézuélienne a un emploi précaire. Bref, malgré la détermination du régime chaviste à maquiller les chiffres, la réalité est que la pauvreté continue de s’aggraver.

Au niveau social, même les “Missions”, ces plans sociaux inventés par le chavisme pour essayer de faire croire aux “conquêtes du socialisme” en distribuant des miettes aux secteurs le plus paupérisés, ont été réduits. Aujourd’hui, les plans de santé, d’éducation, de distribution d’aliments, etc., sont en train d’être abandonnés ou sont très affaiblis. C’est un fait que la totalité des services publics se dégrade à grande vitesse. Voilà une réalité qui vient s’ajouter à la pénurie quasi permanente de plusieurs produits alimentaires de base, à l’augmentation constante des prix alimentaires et des produits de première nécessité.

Le plus révoltant est sans nul doute le fait que, comme toujours sous le capitalisme, cette terrible réalité quotidienne est subie par les prolétaires et les secteurs les plus pauvres alors que les grands caciques du régime et leurs proches vivent dans la plus grande opulence. Toute ressemblance avec certains pays arabes ou africains n’est pas du tout fortuite !

Une croissance importante des luttes et des protestations sociales

Mais il y a quelques rayons de soleil qui percent les nuages et qui sont source d’espérance pour l’avenir. Le prolétariat au Venezuela participe lui-aussi à la poussée, lente mais perceptible, de la combativité à l’échelle internationale. La bourgeoise vénézuélienne ne s’y est d’ailleurs pas trompée, puisqu’elle a suspendu temporairement une grande partie de ses attaques après avoir vu les travailleurs se dresser en Bolivie. En effet, en décembre dernier, dans cet autre pays d’Amérique latine, le gouvernement d’Evo Morales, après avoir décrété l’augmentation du prix de l’essence, a dû revenir en arrière face à l’ampleur des protestations qui ont mis à mal sa popularité.

Au Venezuela, le prolétariat de l’industrie pétrolière, qui avait subi un dur contrecoup avec le licenciement de presque 20 000 employés en 2003, a mené des mobilisations contre le non-respect de la convention collective. Il y a eu aussi des mobilisations des employés publics, dans le secteur de la santé et de l’administration centrale, pour exiger des augmentations de salaire et des améliorations des conditions de travail.

Plus importantes encore sont les luttes menées depuis plus de deux ans par les ouvriers de la Zone du fer dans la Guyane vénézuélienne, au Sud du pays, région où se concentrent une vingtaine d’entreprises de l’industrie lourde d’Etat et plus de 100 000 travailleurs. Pour essayer de mystifier les travailleurs de cette zone et dévoyer leur combativité, le gouvernement a essayé de mettre en place plusieurs schémas de production “socialiste” : après avoir essayé “l’autogestion” dans l’ALCAS (entreprise productrice d’aluminium), et avoir nationalisé la sidérurgique Sidor, il essaye maintenant d’introduire le “contrôle ouvrier” de la production.

Tout cela montre l’augmentation significative des protestations sociales en 2011 qui, sans le moindre doute, vont dépasser les 3000 actes de protestation comptabilisées en 2010, qui avaient pourtant elles-mêmes déjà battu tous les records des années précédentes. Ceci entraîne une importante érosion dans le soutien à Chavez, étant donné que ces protestations ont surtout lieu au sein des couches les plus appauvries, qui étaient la base principale de soutien de ce régime. Un exemple récent et dramatique de ces protestations a été celle des familles des prisonniers de plusieurs prisons du pays, qui ont été impitoyablement réprimées par les forces de l’Etat lorsqu’elles ont manifesté contre l’entassement des prisonniers et la répression au sein même des établissement. La barbarie que l’on vit dans les prisons n’est que l’extension de celle que l’on vit, quotidiennement, dans le pays tout entier, surtout dans les quartiers pauvres. Ce pays cumule plus de 140 000 assassinats durant les 12 années de “révolution bolivarienne”. Et Chavez, avec un aplomb indécent, ose appeler tout cela la “jolie révolution” !

Les luttes et les mobilisations menées par le prolétariat sont le meilleur démenti à la prétendue “révolution” que dirigent les nouvelles élites bourgeoises qui gouvernent le Venezuela. Seule la résistance des travailleurs contre les attaques de l’État, dans la défense de leurs conditions de vie, en se basant sur des assemblées qui tendent à unifier les travailleurs de différents secteurs, pourront devenir une référence pour ces masses paupérisées qui commencent déjà à perdre leurs illusions sur les propositions des chavistes comme de l’opposition.

Et ainsi, ces mouvements s’inscriront dans le sillon ouvert par les prolétaires et les masses exploitées d’Afrique du Nord, de Grèce ou d’Espagne, avec le mouvement des “Indignés”.

D’après Internacionalismo (30 juillet)

 

1) Les exportations aux Etats-Unis ont même augmenté de 27,7 % pendant le premier trimestre 2011 par rapport à la même période de 2010. Elles représentent aujourd’hui 49 % du total des exportations du Venezuela.

Courants politiques: 

  • Gauchisme [12]

Hommage à notre camarade Claude

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Notre camarade Claude est décédée en juillet 2011 d’insuffisance respiratoire, à l’âge de 60 ans.

C’est dans les années 1970 qu’elle avait fait ses premières expériences politiques, dans l’ambiance agitée de la période post-68 à l’université de Vincennes où elle milite d’abord dans les rangs de la LCR. Comme beaucoup d’étudiants de cette université, déjà à l’époque, elle doit occuper successivement différents emplois temporaires pour subvenir à ses besoins en même temps qu’elle effectue des études de psychologie. C’est en compagnie d’autres étudiants, notamment en provenance de cette université, qu’elle participe à un groupe de discussions politiques et qu’elle découvre les positions du CCI, les discute et les approfondit jusqu’au moment où elle décide de rompre avec le trotskisme et la LCR. Elle rejoint alors le CCI en septembre 1975, en même temps que l’essentiel des éléments du groupe de discussion en question. Elle militera dans la section en France du CCI jusqu’en 1990, les deux années précédentes ayant été celles d’un relatif isolement de sa part vis-à-vis de l’organisation, alors qu’elle avait déménagé dans l’île de la Réunion.

Lorsqu’elle décide de revenir vivre en métropole, en 1992, c’est en partie afin de pouvoir être associée de plus près aux activités du CCI. Après toute une période de galère, lorsqu’elle se réinstalle en France, elle participe à certaines activités (d’intervention en particulier) aux côtés du CCI, puis se pose alors à elle la question de réintégrer les rangs de notre organisation et des discussions ont lieu en ce sens. Elle hésite cependant à franchir le pas, en raison en particulier de la dégradation rapide de son état de santé qui la handicape, physiquement et moralement. De ce fait, en dépit d’une implication croissante et d’un engagement sans faille à nos côtés et bien que sachant qu’elle était la bienvenue en notre sein, elle ne pourra jamais formellement redevenir membre de notre organisation.

Quoi qu’il en soit, depuis que nous la côtoyons soit comme membre, soit en tant que très proche sympathisante, nous pouvons témoigner de son très grand attachement au combat de la classe ouvrière, à la révolution et au CCI, comme en avait attesté son soutien à notre organisation dans des combats politiques à la fin des années 1990-début des années 2000. C’est donc à une militante convaincue et dévouée de la cause du prolétariat à qui nous rendons aujourd’hui hommage.

Nous avons bien sûr des souvenirs concernant la militante et la femme de cœur qu’elle était, spontanée, vive, intelligente, dotée d’une très grande générosité et d’une profonde sensibilité, n’hésitant jamais à rendre service de façon désintéressée.

Dans la vie de l’organisation, lorsque la camarade était persuadée de quelque chose, elle ne le gardait pas pour elle et pouvait même faire preuve d’une certaine opiniâtreté dans la défense de ses idées, surtout dans une première période de sa vie militante. Ce qui ne l’a pas empêchée d’apprendre à écouter, de savoir enrichir son point de vue grâce à la discussion. Elle a aussi bien sûr participé en notre sein à des combats politiques d’une certaine âpreté mais n’en a pas pour autant nourri de rancunes envers qui que ce soit.

Ce qui a le plus frappé certains d’entre nous, qui ont souvent eu l’occasion d’intervenir à ses côtés dans des manifestations, c’est sa capacité à établir le contact pour susciter la discussion parmi les ouvriers, dans des contextes parfois difficiles d’indifférence ou d’hostilité. Il lui arrivait ainsi, maintes fois, de poursuivre la discussion avec de petits groupes jusqu’à la fin de la manifestation tout en diffusant notre presse. Elle savait se mettre à la place de l’autre et trouver les mots simples et convaincants qui interpellent et accrochent, sans rien concéder à ses convictions. Personne n’était indifférent à la chaleur humaine qui enveloppait ses paroles. La camarade était connue pour sa très grande sensibilité humaine, parfois exacerbée.

Toutes ces qualités ne sont pas passées inaperçues de ses proches parmi lesquels figuraient des militants bien sûr, mais aussi des membres de sa famille, des collègues et des amis, envers lesquels elle a toujours manifesté une fidélité à toute épreuve et une grande loyauté.

A ceux-là, nous nous joignons pour t’adresser un dernier salut, Claude. Tu laisses dans nos cœurs un grand vide et nous conserverons de toi une magnifique image.

CCI

Vie du CCI: 

  • Prises de position du CCI [13]

Energie nucléaire, capitalisme et communisme (II) : quelle perspective ?

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La première partie [14] de cet article, consacrée à l’étude du rapport de l’Homme à la nature, montrait que “L’espèce humaine a toujours été amenée pour vivre à transformer la nature. Mais le Capital pose aujourd’hui un nouveau problème : ce système ne produit pas pour satisfaire les besoins de l’humanité mais pour le profit.”

Cette seconde partie aborde le rôle qu’a joué le charbon, le pétrole puis le nucléaire sous l’ère capitaliste et s’interroge sur la place de l’énergie dans la société future.

L’énergie à l’aube du capitalisme

La révolution industrielle a aussi été une révolution de l’énergie, ce qui a permis à la société d’aller au-delà des frontières imposées par “l’économie organique” qui la cantonnait à la croissance saisonnière des ressources d’énergie naturelles pour assouvir la plupart de ses besoins. L’utilisation principale du charbon allait de pair avec les changements du mode de production et l’émergence de la bourgeoisie.

Dans l’économie organique qui a prédominé depuis la révolution néolithique jusqu’à l’adoption à grande échelle du charbon, la puissance humaine et animale ainsi que celle du bois furent les principales sources d’énergie. En 1561-70, elles représentaient respectivement 22,8 %, 32,4 % et 33 % de l’énergie consommée en Angleterre et au Pays de Galles. Le vent et l’énergie hydraulique faisaient tout juste plus de 1 % combinés ensemble alors que le charbon comptait pour 10,6 %.

L’abondance du bois en Europe lui donna un avantage sur les sociétés où il était rare, mais le développement de la production épuisa ces ressources et enraya la croissance. Ainsi en 1717, un haut-fourneau du Pays de Galles n’était pas allumé depuis quatre ans après sa construction que le bois et le charbon venaient déjà à manquer. Avant le xviiie siècle, il a été calculé qu’un haut-fourneau standard travaillant deux ans sans interruption exigeait la coupe de 2000 hectares de forêt.

En Galles du Sud, bien connu pour ses mines de charbon, les premières étapes de la révolution industrielle ont témoigné du développement des aciéries et ont conduit à la déforestation de vallées qui étaient autrefois densément boisées. La croissance de la demande en bois amena des augmentations de prix et des famines. Dans certaines parties de France, il n’y avait pas assez de bois pour les fours à pain et, dans d’autres, il est raconté que “les pauvres vivaient sans feu”.

Les limites à la production imposée par l’économie organique ne peuvent être considérées qu’en calculant la quantité de troncs qui aurait été nécessaire pour réaliser une consommation conséquente d’énergie à partir du charbon. Le bois n’est pas une source d’énergie aussi efficace que le charbon, car deux tonnes de bois sont nécessaires pour produire la même énergie qu’une tonne de charbon. Une acre de bois (0,4 hectare) peut produire environ l’énergie équivalente d’une tonne de charbon en un an. En 1750, 4 515 000 tonnes de charbon ont été extraites en Angleterre et au Pays de Galles. Pour produire la somme équivalente d’énergie, utiliser le bois aurait demandé 13 045 000 tonnes, c’est-à-dire 35 % de la surface boisée (11,2 millions d’acres). Un demi-siècle plus tard, la production avait atteint 65 050 000 tonnes, ce qui revient à pas moins de 150 % de la même surface (48,1 millions d’acres).

Une des clés de la domination britannique sur le monde a été qu’elle avait des réserves de charbon qui étaient accessibles en utilisant la technologie existante. Cela a pu créer l’impulsion pour développer les moyens de production afin de permettre l’extraction de charbon à des niveaux plus profonds.

Charbon et pétrole : les fondements du capitalisme industriel

Avant l’utilisation à grande échelle du charbon, l’énergie utilisable était essentiellement déterminée par la quantité d’énergie solaire déterminant la croissance des plantes et donc la quantité de nourriture et de bois. Ce cycle naturel semblait imposer une limite insurmontable. La pauvreté et la misère généralisée semblaient éternelles, inaltérables, une donné de la vie. L’extraction à grande échelle du charbon et aussi du pétrole a brisé cette barrière.

L’avancée de la révolution industrielle est souvent mesurée en tonnes de minerai de charbon, en tonnes d’acier produites et en kilomètres de chemin de fer posés. Mais elle peut aussi être mesurée par l’augmentation de l’énergie utilisée. En 1560, le charbon comptait pour à peine plus de 10,6 % de l’énergie consommée en Angleterre et au Pays de Galles. En 1850, il compte pour 92 %. Durant cette période, la consommation d’énergie fut multipliée par 28 !

L’industrie du pétrole s’est développée graduellement pendant le xxe siècle. En 1929, le commerce du pétrole avait augmenté de 1,170 million de dollars, les principaux exportateurs étant les Etats-Unis, le Venezuela et les Antilles néerlandaises, bien que des raffineries aient aussi été établies au Barheïn et en Arabie Saoudite par les Etats-Unis, en Irak et au Liban par des entreprises britanniques et européennes.

Cependant, ce fut seulement après la Seconde Guerre mondiale que le pétrole est devenu la production d’énergie dominante, comptant pour 46,1 % de la production mondiale d’énergie en 1973, bien qu’il soit descendu en 2008 à 33,2 %.

L’utilisation croissante de l’énergie a été un trait marquant de l’industrialisation partout dans le monde. Elle exprime non seulement la poussée de l’échelle de la production et l’impact de la croissance de la population, mais aussi le développement de la productivité. Entre 1973 et 2008, la consommation totale d’énergie a augmenté de 80 %.

La révolution en forme et en quantité d’énergie offerte à l’humanité a dopé la révolution industrielle et a ouvert la porte à la possibilité de passer du règne de la volonté à celui de l’abondance. Mais cette révolution a été conduite par le développement du capitalisme dont le but n’est pas la satisfaction des besoins humains mais la croissance du capital sur la base de l’appropriation de la plus-value produite par une classe ouvrière exploitée.

Le capitalisme n’a pas d’autre critère pour utiliser l’énergie, pour détruire les ressources finies, que celui du coût de production qu’il représente. L’augmentation de la productivité pousse à exiger plus d’énergie, aussi les capitalistes (autres que ceux impliqués dans l’industrie du pétrole) sont amenés à essayer de réduire le coût de cette énergie. D’un côté, ceci conduit à une utilisation prolifique de cette énergie à des fins irrationnelles, telles que le transport des mêmes marchandises en tous sens à travers le monde, et à la multiplication sans fin de marchandises qui ne représentent aucun besoin humain mais servent uniquement de moyens pour extraire et réaliser la plus-value. De l’autre, ceci conduit à ce que des millions d’êtres humains ne puissent accéder à cette ressource et à ces produits parce qu’ils ne présentent pas assez d’intérêt financier pour les capitalistes. Cela s’illustre au Niger où Shell pompe des milliards de dollars de pétrole alors que la population locale en est privée ou bien risque sa vie pour en prendre illégalement dans les pipelines. Le prix est aussi payé par ceux qui travaillent dans les industries énergétiques et dont l’organisme est miné ou empoisonné par l’environnement dans lequel ils vivent, des eaux toxiques polluées de la Tamise qui ont caractérisé le xixe siècle à Londres jusqu’au réchauffement de la planète qui menace aujourd’hui le futur de l’humanité.

L’énergie nucléaire

La possibilité d’utiliser la fission ou la fusion nucléaires pour produire de l’énergie est connue depuis environ un siècle, mais c’est seulement après la Seconde Guerre mondiale qu’elle a pu être menée à bien.

L’après-guerre est dominé par la rivalité entre les Etats-Unis et l’URSS, et la course aux armements. Cependant, le développement de l’énergie nucléaire n’est pas seulement inextricablement lié à celui des armes nucléaires.

Au début des années 1950, le gouvernement américain était inquiet de la réaction du public au danger de l’arsenal nucléaire qu’il avait mis en oeuvre et à la stratégie de la “première frappe” qui avait été proposée. Sa réponse fut d’organiser une campagne connue sous le nom d’Opération Candor pour gagner l’opinion grâce à des messages dans les médias (y compris des bandes dessinées) et par une série de discours du président Eisenhower qui ont culminé dans l’annonce à l’assemblée générale de l’ONU du programme “des Atomes pour la paix” pour “encourager l’investigation au niveau mondial de l’utilisation la plus efficace en temps de paix des matériaux fissibles”. Le plan incluait une information et des ressources partagées, avec les Etats-Unis comme l’URSS, créant de façon conjointe un stock de matériau fissible. Dans les années qui ont suivi la course aux armements, des armes nucléaires se sont répandues chez d’autres puissances, souvent sous le prétexte de développer un programme civil nucléaire, comme en Israël et en Inde. Les premiers réacteurs produisaient de grandes quantités de matériel pour les armes nucléaires et une petite quantité pour une électricité très dépensière. Le partage de la connaissance en matière de nucléaire fit alors partie des luttes impérialistes au niveau mondial ; ainsi, à la fin des années 1950, la Grande-Bretagne soutint secrètement Israël avec de l’eau lourde pour le réacteur construit grâce à l’assistance française. En dépit des discours sur “cette énergie moins chère”, la puissance nucléaire n’a jamais rempli cette promesse et a eu besoin du soutien de l’Etat pour couvrir son coût réel. Là où des compagnies privées construisent et dirigent des usines, il existe habituellement des subsides ouverts ou cachés. Par exemple, la privatisation de l’industrie nucléaire en Grande-Bretagne a avorté lorsque Thatcher dans les années 1980 l’a attaquée parce que le capital privé reconnaissait qu’il y avait des risques et des coûts non quantifiables. Ce n’est qu’en 1996, alors que les vieux réacteurs Magnox, qui avaient déjà besoin d’être mis au rancart, ont été exclus de l’accord, que les investisseurs privés avaient préparé un contrat pour acheter British Energy à un prix cassé de 2 milliards de livres. Six ans plus tard, la compagnie devait être cautionnée d’un prêt du gouvernement de 10 milliards de livres.

Alors que les avocats du nucléaire arguent aujourd’hui qu’il est meilleur marché que d’autres sources d’énergie, ceci reste une affirmation discutable. En 2005, l’Association mondiale du nucléaire (World Nuclear Association) statuait sur le fait que : “Dans la plupart des pays industrialisés aujourd’hui, de nouvelles usines nucléaires offrent la façon la plus économique de créer de l’électricité à bas coût sans considération des avantages géopolitiques et environnementaux que confère l’énergie nucléaire” et publiait une série de statistiques pour soutenir la demande selon laquelle la construction, le financement, la mise en oeuvre et les coûts que représentent les déchets ont tous été réduits. Entre 1973 et 2008, la proportion d’énergie provenant des réacteurs nucléaires est montée de 0,9 % à un total global de 5,8 %.

Un rapport publié en 2009, demandé par le gouvernement fédéral allemand, fait une évaluation de loin plus critique de l’économie du nucléaire et questionne l’idée d’une renaissance du nucléaire. Ce rapport montre que le nombre de réacteurs a chuté ces dernières années en contradiction avec les projets plus larges d’augmentation tant des réacteurs que de l’énergie produite. L’augmentation de puissance générée qui a eu lieu durant cette période est le résultat de la rentabilité des réacteurs existants et de l’extension de leur vie opérationnelle. Le rapport continue en argumentant qu’il existe une incertitude sur les réacteurs couramment décrits comme étant “en construction”, un certain nombre étant dans cette position depuis plus de 20 ans. Le nombre de ceux en construction est tombé d’un pic de 200 en 1980 à moins de 50 en 2006.

Au regard de l’économie du nucléaire, le rapport montre le haut niveau d’incertitude dans toutes les zones incluant le financement, la construction et l’entretien.

Il montre que l’Etat reste central pour tous les projets nucléaires quels que soient ceux auxquels ils appartiennent ou qui les dirigent. Un de ces aspects tient dans les formes variées des subsides fournis par l’Etat pour soutenir les coûts du capital investis dans l’entretien comme dans les démantèlements des usines, ainsi que le soutien des prix. Un autre a été la nécessité pour l’Etat de limiter la responsabilité de l’industrie afin que le secteur privé en accepte les risques. En 1957, le gouvernement américain a marqué le pas lorsque les compagnies d’assurance refusèrent de couvrir les risques car il leur était impossible de les quantifier.

Les dangers de l’énergie nucléaire sont aussi fortement débattus que les coûts. Cela est particulièrement le cas du désastre de Tchernobyl dont l’estimation des victimes varie largement. Un rapport de l’OMS considère que 47 des 134 ouvriers irradiés au cours de l’intervention d’urgence sont morts des suites de la contamination en 2004 et estime qu’il y aurait à peine moins de 9000 morts de plus par cancer provoqué par la catastrophe. Un rapport de scientifiques russes publié dans les Annales de l’Académie des sciences de New-York pense que, de la date de l’accident jusqu’en 2006, ce sont 985 000 morts de plus qu’il faut compter, des cancers à toute une série d’autres maladies.

Pour tous ceux qui n’ont pas la connaissance scientifique et médicale des spécialistes, il est difficile de s’y retrouver mais, ce qui est moins douteux, c’est le niveau massif de secret et de falsification en cours, comme c’est aujourd’hui le cas sur l’accident de Fukushima. Pour revenir à Tchernobyl, le gouvernement russe n’a pas rapporté l’accident pendant plusieurs jours, laissant la population locale continuer à vivre et à travailler au milieu des radiations. Mais il n’y a pas qu’en Russie. Le gouvernement français a minimisé les niveaux de radiation qui atteignait le pays, disant à la population que le nuage radioactif qui s’étendait sur toute l’Europe n’était pas passé sur la France, tandis que le gouvernement britannique rassurait le pays en affirmant qu’il n’y avait aucun risque pour la santé, rapportant des niveaux de radiation 40 fois plus bas que ceux de la réalité, mettant cependant plus tard des centaines de fermes en quarantaine. Jusqu’en 2007, 374 fermes sont encore restées sous contrôle spécial.

L’énergie nucléaire est mise en avant par divers gouvernements comme la solution “verte” aux problèmes associés aux combustibles fossiles. C’est en majeure partie un écran de fumée qui cache les motifs réels qui tournent autour de l’épuisement possible du pétrole, de l’augmentation de son coût et des risques associés à une dépendance des ressources énergétiques hors de contrôle des Etats. Cette façade “verte” s’estompe à mesure que la crise économique conduit les Etats à revenir au charbon (1) et à baisser les coûts des nouvelles sources de pétrole en exploitation, la plupart d’entre elles physiquement difficiles d’accès, ou qui demandent des processus qui polluent et salissent l’environnement, comme les suies.

Les produits énergétiques ont aussi été un facteur dans les luttes impérialistes ces dernières années et elles le seront encore plus dans la période à venir.

Le communisme et les sources d’énergie

Les régimes staliniens qui se sont appropriés et ont sali le nom du communisme ont tous partagé le comportement du capitalisme dans l’utilisation du nucléaire et ont agi avec un mépris total de la santé de la population comme de l’environnement. Cela est vrai pour l’URSS d’hier comme pour la Chine d’aujourd’hui, nourrissant la confusion largement répandue sur le fait que le communisme pousse à une industrialisation forcée qui ne tient pas compte de la nature.

Contrairement à ces fausses idées, Marx se sentait très concerné par la nature, tant au niveau théorique de la relation entre l’humanité et la nature, qu’au niveau pratique quand il écrit sur le danger de l’épuisement des sols par l’agriculture capitaliste et sur l’impact de l’industrialisation sur la santé de la classe ouvrière : “En outre, chaque progrès de l’agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l’art d’exploiter le travailleur, mais encore dans l’art de dépouiller le sol ; chaque progrès dans l’art d’accroître sa fertilité pour un temps, un progrès dans la ruine de ses sources durables de fertilité. Plus un pays, les Etats-Unis du nord de l’Amérique, par exemple, se développe sur la base de la grande industrie, plus ce procès de destruction s’accomplit rapidement. La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du procès de production sociale qu’en épuisant en même temps les deux sources d’où jaillit toute richesse : la terre et le travailleur.” (2)

Nous ne pouvons pas prévoir la “politique énergétique” du communisme, mais partant du fait fondamental que la production se fera pour les besoins humains et non pour le profit, nous pouvons prédire que le modèle de l’utilisation de l’énergie changera de façon significative et nous pouvons en mettre en avant certains aspects généraux :

– nous pouvons anticiper une vaste réduction dans la production des choses non-nécessaires et dans les transports ;

– de même, il y aura une réduction des voyages non-nécessaires vers les lieux de travail, en même temps que les communautés prendront des proportions plus humaines, le divorce entre la ville et la campagne seront alors dépassés ;

– la créativité et l’intelligence seront dirigées vers les besoins humains, et on peut donc anticiper des développements significatifs dans les ressources d’énergie, spécialement renouvelables, tout comme dans la mise en perspective de moyens de production, de transports et d’autres équipements et de machines pour les rendre plus efficaces, et cela à long terme.

Parce qu’une société communiste aura le souci du long terme, ceci implique de grandes réductions dans l’usage des sources d’énergie non-renouvelables de façon à ce qu’elles puissent servir aux futures générations. Il faut noter que même l’uranium utilisé par le nucléaire est une source d’énergie non-renouvelable et ne brise donc pas la dépendance envers les ressources finies. Ceci implique que l’énergie renouvelable sera fondamentale pour la société communiste mais, parce que la créativité et l’intelligence de l’humanité se libéreront des chaînes actuelles, cela n’entraînera pas un retour aux privations des anciennes économies organiques.

Le communisme et l’énergie nucléaire

Il ne nous appartient pas de dicter au futur les décisions qui seront prises sur cette question. Mais ce que nous avons dit ci-dessus implique une réduction significative de l’utilisation de l’énergie et des changements dans les formes d’énergie à la lumière d’une intelligence scientifique en éveil. Les dangers potentiels du nucléaire et le fait que dépenser du pétrole et contaminer la terre représentent un risque pour des centaines de milliers d’années suggère que l’énergie nucléaire n’ait pas de place dans une société dirigée vers le bien commun, les futures générations et la planète dont nous dépendons.

North (19 juin)

1) Le charbon est passé de 24,5 % des sources d’énergie totale en 1973 à 27 % en 2008. Source : International Energy Agency, Key world energy statistics 2010, p. 6.

2) Marx, le Capital , Vol. I, Chapitre XV ter, “Machinisme et grande industrie”, Section 10, “Grande industrie et agriculture” .


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Liens
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