Comme nous l'avons déjà dénoncé dans notre presse, l'attaque que subissent les ouvriers de la RATP, de la SNCF ou EDF contre les régimes spéciaux de retraites ne sont qu'une première étape des attaques contre les conditions de vie de la classe ouvrière. Demain, ce sera au tour de tous les ouvriers de voir leur régime de retraite remis en cause. En même temps, les attaques contre la protection sociale sont mises en place avec les franchises sur le remboursement des médicaments.
Les étudiants en lutte l'ont bien compris quand les grévistes élargissent leurs revendications, non seulement au retrait de la loi de réforme des universités,mais aussi pour la défense des régimes spéciaux et le retrait des franchises médicales qui sont mises en place.
Le spectre de la lutte contre le CPE réapparaît et les syndicats tant ouvriers qu'étudiants font tout leur possible pour qu'une telle dynamique ne puisse pas s'enclencher à nouveau, dynamique capable de donner une perspective au combat de toute la classe ouvrière en France mais aussi à l'échelle internationale.
Nous avons déjà rendu compte sur notre site de l'intimidation des syndicats (voir «un exemple de sabotage syndical dans les universités»). Notre intervention partout où nos forces nous l'ont permis, dans les AG ouvrières et dans les universités, a rencontré le soutien et la sympathie de beaucoup d'ouvriers et d'étudiants. C'est ainsi qu'en province, un groupe de jeunes étudiants 1] est venu discuter avec nos camarades et nous a transmis leur propre expérience du sabotage syndical de la lutte.
Ce que ces camarades ont vécu dans la lutte et nous ont transmis est révélateur du mépris de ces soit-disant «organisations ouvrières» pour le mouvement lui même. La seule chose qui compte est qu'il n'échappe pas à leur contrôle et ne puisse pas constituer une véritable force autonome qui permettrait aux ouvriers et aux étudiants de développer une véritable solidarité et une confiance accrue dans leur lutte commune.
Nous allons citer ce que ces camarades nous ont écrit :
Et les camarades concluent :
Contrairement aux apparences, donc, l'orientation du mouvement ne résulte pas, ici, de la volonté et des décisions des AG, mais des manoeuvres occultes de syndicats comme l'AGET-FSE, SUD Etudiant ou encore des organisations politiques comme la JCR.
Nous avons soutenu dans l'AG la proposition de ces camarades d'envoyer une délégation étudiante la plus large possible aux assemblées générales des cheminots. Cette proposition a été votée par l'AG. Mais déjà, le présidium autoproclamé a fait savoir qu'il n'était pas possible d'aller massivement aux AG des cheminots, en prétextant les nombreuses actions à mener simultanément. Au final, ce ne sont donc que 3 étudiants qui ont reçu mandat de l'AG pour cette délégation : un militant de l'AGET-FSE, un militant de la JCR et « une indépendante » comme l'écrive les camarades. Eux mêmes s'étaient présenté au vote de l'AG pour constituer la délégation, mais, n'étant pas connus face aux figures syndicales présentes dans l'AG, ils n'avaient aucune chance d'être mandatés.
Mais laissons la parole à ces camarades :
Pris la main dans le sac de ses magouilles, l'AGET-FSE n'a rien trouvé de mieux que de reprocher aux camarades d'avoir pris des initiatives, soi-disant au nom des AG étudiantes. C'est en leur nom propre que ces camarades sont allés aux assemblées générales des cheminots, où ils ont été bien accueillis et ont pu prendre la parole, proposant aux cheminots de venir dans les AG étudiantes (ce qui a été fait), proposant une distribution de tract commune au métro.
Comme le disent ces camarades :
La solidarité naissante entre ouvriers et étudiants, le fait que des retraités non cheminots aient pu prendre la parole dans les AG de cheminots, tout cela montre les avancées de cette lutte : le combat des cheminots n'est pas leur combat,mais celui de la classe ouvrière qu'elle soit encore sur les bancs de la fac ou qu'elle soit retraitée. Cela, les syndicats ne peuvent pas l'accepter et ont tout fait pour que de telles manifestations de solidarité ne se propagent pas plus largement.
Le 22 novembre, les camarades ont participé à la manifestation étudiante, dans les rues de Toulouse. Laissons leur encore la parole :
La force de la lutte c'est la lutte elle-même. Ces quelques éléments rapportés ci-dessus nous le montrent. D'un côté un mouvement qui commence à poser dans la pratique la nécessité de la solidarité dans la lutte de tous les ouvriers, des étudiants jusqu'aux retraités. Dans la continuité de luttes comme le CPE en France, seule l'unité la plus large des ouvriers peut permettre de constituer un rapport de force capable de faire reculer la bourgeoisie dans ses plans d'austérité et de misère qu'elle nous réserve.
Face à cela, la bourgeoisie et son Etat ont mis en place leurs syndicats et les organisations gauchistes comme les JCR.
Ces quelques exemples montrent que cette perspective est en marche. Une importante victoire pour la classe ouvrière sera de reconnaître quels sont ses véritables ennemis.
C'est ce qu'elle a commencé à faire dans cette lutte.
[1] - un membre de ce groupe se dit trotskiste bien que ne faisant pas partie d'une quelconque organisation et ils signent leurs écrits : Des communistes : branche Marx, Lénine, Trotsky.
[2] AGET -FSE : Association Générale des Etudiants de Toulouse, Fédération Syndicale Etudiante
[3] JCR : Jeunesses Communistes Révolutionnaires, organisation de jeunesse de la LCR, Ligue Communiste Révolutionnaire