Lors de ses "bons" 
          vœux exprimés "aux Français" le 6 janvier, 
          et particulièrement en direction de la classe ouvrière 
          que le chef de l'Etat a appelé à "l'effort partagé 
          et juste" et à "renouer avec les fils de la solidarité", 
          Jacques Chirac donnait le coup d'envoi à une accélération 
          du "chantier" des retraites, qui devra être achevé 
          au mois de juin.
          En ce sens, on a donc vu le gouvernement Raffarin se préparer 
          à mettre les bouchées doubles pour faire travailler plus 
          longtemps les ouvriers en leur faisant payer toujours plus le prix fort 
          de la crise et du chômage.
          Et si les salariés du secteur privé avaient vu passer 
          en 1993 le nombre d'annuités ouvrant les droits à la retraite 
          à 40 ans, les gouvernements successifs, de droite et de gauche, 
          n'avaient pas achevé leur sale besogne dans le secteur de la 
          fonction publique.
          Ainsi, c'est Raffarin qui, en l'occurrence, va s'efforcer de réaliser 
          le but de Jospin de réformer les retraites des fonctionnaires 
          et des régimes spéciaux.
Ces derniers, EDF et GDF en première ligne, vont justement servir de ballon d'essai et de tremplin pour généraliser l'attaque à tout le secteur public. Et ce ne sont bien évidemment pas les grandes phrases démagogiques de Chirac ou la détermination affichée des Raffarin et autres Fillon, pas plus que les provocations du Medef sur les "nantis" de la fonction publique, qui vont faire avaler la pilule aux prolétaires, mais le travail de sabotage des syndicats au sein même de la classe ouvrière. Déjà, la manifestation des agents d'EDF et de GDF du 3 octobre 2002, appelée par l'ensemble des syndicats sur le thème de "Tous ensemble pour le secteur public nationalisé" et à laquelle avait été conviées d'autres entreprises du public (SNCF, La Poste, Air France, France Telecom), a constitué un moment fort de ce sale travail syndical. En mettant l'accent sur la "défense du service public", les syndicats enfonçaient le clou de la division entre les ouvriers du privé et les "privilégiés" du secteur public accrochés à leurs prérogatives et entraînaient encore ces derniers sur le terrain particulièrement pourri de l'opposition à la privatisation pour la défense du secteur nationalisé, esquivant la question centrale des attaques d'ampleur contre toutes leurs conditions de vie et de travail, et dont les retraites sont un axe principal (voir RI n°328).
La mascarade du vote organisé à EDF et GDF en janvier 
          dernier a vu éclater toute la duplicité syndicale pour 
          faire passer la réforme des retraites. Mis sur pied par la CGT 
          et en accord avec le gouvernement, soi-disant pour avoir l'avis des 
          salariés et pour servir de "test" à l'avenir 
          de la réforme dans les autres entreprises publiques et chez les 
          fonctionnaires, le "non" des agents a eu pour résultat… 
          une détermination accrue du Premier ministre déclarant 
          que ce prétendu "revers majeur" (selon le PS) ne "remettait 
          nullement en cause le choix du gouvernement de réformer les retraites" 
          ! Il ne pouvait en être autrement car il y avait là tous 
          les ingrédients pour le rassurer sur la voie royale ouverte par 
          les syndicats. Ceux-ci se sont en effet partagés le travail afin 
          de semer le maximum de confusion et de tuer dans l'oeuf toute tentative 
          de riposte des agents d'EDF-GDF.
          Tout d'abord, le travail de sabotage de la CGT, sous prétexte 
          de se mettre à l'écoute de la base, a consisté 
          à enfermer les ouvriers dans l'isoloir, chacun avec son bulletin 
          de vote, seul et atomisé, écartant la tenue d'assemblées 
          générales, seuls lieux à même de développer 
          une véritable expression de la réflexion collective de 
          la classe ouvrière. Ensuite, le prétendu cafouillage de 
          la CGT qui, tout en étant à l'initiative de la consultation 
          électorale, s'était prononcée auparavant, par la 
          voix de son leader à EDF-GDF, en faveur de l'accord, puis qui, 
          par souci "démocratique", s'est ralliée au vote 
          majoritaire du "non", a permis d'entretenir le désarroi 
          et le déboussolement. 
          A ce travail de sape de la CGT sont venues s'ajouter les déclarations 
          de Blondel s'étant opposé dès le début à 
          l'accord, non pas en soi contre celui-ci, mais parce que la "réforme 
          des retraites était le préalable nécessaire à 
          l'ouverture du capital d'EDF". Autrement dit, attaquer le système 
          de retraites, oui, mais si EDF reste nationalisée, poussant les 
          ouvriers dans le faux choix mortel : être nationalisés 
          ou privatisés. Et pour jeter un peu plus le trouble dans la réflexion 
          des ouvriers, la CFDT qui, quant à elle, soutient la réforme 
          gouvernementale, se chargeait de rajouter une couche de confusion en 
          regrettant haut et fort que "les salariés se soient trompés 
          sur l'objectif du texte (de la réforme) qui visait à alléger 
          l'entreprise des charges de retraite à un moment où l'on 
          ouvre le marché à la concurrence".
On a ainsi vu de la part des syndicats se mettre en place tout l'éventail des positions possibles de façon à éparpiller autant que faire se peut la réflexion des ouvriers. Et les partis de gauche et d'extrême gauche ne se sont pas privés d'apporter leur aide active à cette opération de sabotage. Ainsi, le PS à travers François Hollande se félicitait que les salariés aient dit "non à l'ouverture du capital d'EDF" pour conseiller au gouvernement de "traiter globalement (le dossier général des retraites) et non pas par bouts comme il a tenté de la faire". En clair : plus fort, plus vite et plus large pour attaquer la classe ouvrière !
Dans ce concert tonitruant des ennemis des ouvriers, la LCR voyait même que "le vote des salariés de l'énergie montre que l'on peut battre la politique de régression sociale du gouvernement". Ben voyons ! C'est tout le contraire qui est vrai : une accumulation de mauvais coups plus pernicieux les uns que les autres contre les ouvriers, dont le vote à EDF-GDF a été une phase particulière afin de provoquer le désarroi dans toute la fonction publique et au-delà dans toute la classe ouvrière. Car ce "ballon d'essai" a eu pour objectif d'offrir l'image d'une classe ouvrière impuissante et déboussolée, incapable de s'organiser, de façon à mieux faire passer l'attaque à venir contre tous les autres secteurs et toutes les catégories d'ouvriers.
Il ne faut pas être dupe. Toute cette opposition de façade n'a aucunement l'intention d'empêcher le gouvernement de réformer les retraites. Elle est tout au contraire sur le devant de la scène pour lui préparer le terrain. La manifestation et la journée d'action du 1er février prochain auxquelles appellent les syndicats comme les partis de gauche et d'extrême gauche contre la réforme Raffarin et du Medef va s'avérer être un moment de plus dans le sabotage du terrain de la riposte ouvrière. Et demain, comme pour les 35 heures, ils viendront nous dire pour les uns que la réforme des retraites est une bonne chose pour la solidarité ouvrière, pour les autres qu'ils n'en voulaient pas mais en rendront responsables les ouvriers eux-mêmes, incapables de s'y opposer.
Mulan (21 janvier)
Au milieu des flots de propagande déversés aujourd'hui par les gouvernements et les partis politiques à propos des préparatifs de guerre au Moyen-Orient, deux thèmes se distinguent particulièrement. Le premier attribue la responsabilité essentielle d'une telle guerre aux "Etats voyous", tel l'Irak, désignés comme des menaces pour la paix et la sécurité mondiale. L'autre thème met en cause, au contraire, de "mauvais" pays capitalistes, la première puissance mondiale en particulier, laquelle n'aurait dans cette affaire d'autre objectif que de s'accaparer les revenus de la vente du pétrole irakien. Face à ces campagnes, il appartient aux révolutionnaires de défendre la position internationaliste du prolétariat en débusquant les mensonges dont nous abreuvent les différents camps bourgeois en présence.
Depuis la Première Guerre mondiale, la bourgeoisie a toujours pris un soin particulier à masquer les causes réelles de la guerre. Si bien que les fondements de ce fléau auquel le 20e siècle doit en bonne partie d'avoir été le siècle le plus barbare de l'histoire de l'humanité demeurent complètement incompréhensibles aux grandes masses de la population, totalement mystifiées par un discours dégageant le capitalisme et la bourgeoisie comme un tout de leurs responsabilités dans cette situation. C'est le propre de la bourgeoisie, en tant que classe dominante d'un système entré en décadence depuis maintenant un siècle et qui, dans son agonie, entraîne l'humanité vers le néant, de faire passer pour des vertus les pires monstruosités en les drapant du voile idéologique de la défense de la "civilisation", de la "démocratie", des "droits de l'homme", du "droit international", de la "lutte contre le terrorisme". Sa préoccupation est de cacher ce fait que les conflits qui ont ensanglanté la planète depuis un siècle ont tous été, sans exception, des conflits impérialistes, c'est-à-dire l'expression au plus haut niveau des antagonismes entre fractions rivales de la bourgeoisie mondiale.
Le mobile réel de la Première Guerre mondiale n'était 
          autre que le repartage du marché mondial. Pour des pays comme 
          la France et surtout la Grande-Bretagne dont l'économie pouvait 
          bénéficier d'un empire colonial, il s'agissait de défendre 
          un statu quo à leur avantage contre la volonté de l'Allemagne 
          en particulier, moins bien lotie sur ce plan, de vouloir le remettre 
          en cause. C'est ce dernier pays qui a poussé à la guerre 
          alors que le manque de débouchés résultant de sa 
          situation géopolitique et la crise de surproduction en développement 
          handicapaient de façon croissante sa capacité à 
          écouler une production industrielle importante. Tous les belligérants, 
          y compris les vainqueurs à l'exception des Etats-Unis, ont sur 
          le plan économique été des perdants de cette guerre. 
          En fait, si les Etats-Unis ont pu acquérir à travers elle 
          une position dominante au niveau mondial, c'est parce que, éloignés 
          du terrain des opérations, ils ont eu à fournir un effort 
          de guerre relativement moins important que les puissances européennes 
          et ont été épargnés par les destructions 
          massives.
          La Seconde Guerre mondiale est elle aussi le produit des mêmes 
          contradictions et l'enjeu des tueries est de nouveau le repartage du 
          monde. C'est ce que traduit clairement le slogan de Hitler pour justifier 
          la politique expansionniste de l'Allemagne : "Exporter ou mourir". 
          Les destructions occasionnées par le second conflit mondial ont 
          impliqué, de façon plus nette encore que le premier, un 
          recul de l'économie mondiale, avec des répercussions sur 
          tous les protagonistes, même si encore une fois les Etats-Unis 
          s'en sont mieux sortis que les autres. En fait, ceux-ci ont, à 
          cette occasion, encore renforcé leur position de première 
          puissance mondiale, fondamentalement grâce aux positions stratégiques 
          qu'ils venaient d'acquérir, notamment suite à la défaite 
          de l'Allemagne et du Japon mais aussi suite à la ruine des principaux 
          pays d'Europe. De même, c'est également grâce à 
          la défaite de l'Allemagne que la Russie put occuper elle aussi 
          des zones stratégiques essentielles, dont une partie de l'Europe, 
          lui permettant ainsi de se hisser au rang de seconde puissance mondiale, 
          à la tête du bloc impérialiste rival des Etats-Unis. 
          Et pourtant la Russie était alors, et restera, un pays dont l'économie 
          a plus à voir avec celle des pays sous-développés 
          que celle des grands pays industrialisés. Ainsi la Seconde Guerre 
          mondiale illustre clairement cette tendance, qui s'accentue au sein 
          de la décadence du capitalisme, selon laquelle les gains de la 
          guerre s'expriment en terme de positions stratégiques payées 
          au prix fort sur le plan économique. La conquête de telles 
          positions tend à devenir essentiellement un but en soi, contrairement 
          au passé où elle constituait surtout un moyen de conquêtes 
          à caractère économique. A mesure que se prolonge 
          la période de décadence du capitalisme, la guerre prend 
          un caractère de plus en plus irrationnel sur le plan économique 
          même (sans parler pour l'humanité !), pour le capital comme 
          un tout, mais aussi pour chaque capital national pris séparément. 
          C'est ce que montrent les quatre décennies du face à face 
          entre le bloc de l'Est et celui de l'Ouest avec son cortège de 
          guerres locales, la plupart du temps pour des objectifs strictement 
          stratégiques ayant englouti en pure perte des sommes considérables 
          (et fait plus de morts que la Seconde Guerre mondiale). L'URSS, économiquement 
          plus faible que ses rivaux du bloc occidental, ne pouvait plus supporter 
          le coût de l'effort de guerre, si bien qu'elle n'a pas résisté 
          à l'aggravation de la crise économique et s'est effondrée. 
          
          Tout ce qui précède n'enlève rien au fait que ce 
          sont toujours les déterminations économiques qui constituent 
          le moteur de la guerre. En effet, c'est l'aggravation de la crise économique 
          qui pousse chaque bourgeoisie nationale à vouloir résoudre 
          les contradictions qui en découlent dans la fuite en avant dans 
          le militarisme et vers la guerre. Bien qu'une telle politique constitue 
          à son tour un facteur d'aggravation de la crise, aucun pays ne 
          peut y échapper sous peine de présenter une vulnérabilité 
          accrue face aux appétits impérialistes des autres nations. 
          Ainsi, si au début du 20e siècle, la guerre est conçue 
          par ses protagonistes comme un moyen de repartage des marchés, 
          elle s'est progressivement imposée à leur conscience comme 
          étant désormais le moyen de défendre son rang dans 
          l'arène impérialiste mondiale. C'est ce qu'a montré 
          de manière éclatante la guerre du Vietnam entre 1962 et 
          1975 où l'absence totale d'objectif économique n'a pas 
          empêché une implication massive et terriblement coûteuse 
          de la part des Etats-Unis. De même, toute la période écoulée 
          depuis la fin des blocs constitue une illustration frappante de ce fait. 
          En effet que ce soit en Irak en 1991, en Yougoslavie, en Afghanistan, 
          aucune des opérations militaires, pour ne citer que les principales, 
          des Etats-Unis et de leurs "alliés", n'a en aucune 
          façon permis une rentabilisation ultérieure (évanoui 
          le bluff de la reconstruction de la Yougoslavie !) mais le fait réel 
          de dépenses énormes sur fond de relance de la course aux 
          armements. En revanche, toutes ces opérations participaient d'un 
          enjeu stratégique qui constitue la toile de fond à la 
          préparation d'une nouvelle guerre en Irak.
La fin des blocs en 1990 inaugure un accroissement considérable 
          des conflits et du chaos à l'échelle de la planète. 
          La dynamique et l'enjeu de ceux-ci se résume de la sorte : "Face 
          à un monde dominé par le 'chacun pour soi', où 
          notamment les anciens vassaux du gendarme américain aspirent 
          à se dégager le plus possible de la pesante tutelle de 
          ce gendarme qu'ils avaient dû supporter face à la menace 
          du bloc adverse, le seul moyen décisif pour les Etats-Unis d'imposer 
          leur autorité est de s'appuyer sur l'instrument pour lequel ils 
          disposent d'une supériorité écrasante sur tous 
          les autres Etats : la force militaire. Ce faisant, les Etats-Unis sont 
          pris dans une contradiction :
          - d'une part, s'ils renoncent à la mise en œuvre ou à 
          l'étalage de leur supériorité militaire, cela ne 
          peut qu'encourager les pays qui contestent leur autorité à 
          aller encore plus loin dans cette contestation ;
          - d'autre part, lorsqu'ils font usage de la force brute, même, 
          et surtout, quand ce moyen aboutit momentanément à faire 
          ravaler les velléités de leurs opposants, cela ne peut 
          que pousser ces derniers à saisir la moindre occasion pour prendre 
          leur revanche et tenter de se dégager de l'emprise américaine." 
          (Résolution du 12e congrès du CCI [3], Revue Internationale 
          n°90).
          Une telle analyse permet de comprendre non seulement les raisons de 
          la première guerre du Golfe en 1991 mais aussi pourquoi, depuis 
          lors, les Etats-Unis se trouvent contraints de renouveler et amplifier 
          les démonstrations de force face à celles, aussi de plus 
          en plus téméraires, lancées contre leur autorité.
          Les interventions militaires américaines n'ont cependant pas 
          pour fonction unique de rappeler de façon menaçante qui 
          est le seul gendarme du monde et qui, seul, a les moyens de l'être. 
          A travers elles, ce sont aussi un ensemble de positions stratégiques 
          que conquièrent les Etats-Unis. L'Irak constitue en l'occurrence 
          un maillon d'importance au sein d'une stratégie d'encerclement 
          des puissances européennes occidentales visant notamment à 
          bloquer l'avancée impérialiste de l'Allemagne, leur plus 
          dangereux rival impérialiste, vers les territoires slaves et 
          orientaux. Une telle importance se trouve encore accrue du fait des 
          réserves pétrolières de son sous-sol, et plus globalement 
          de celui du Moyen-Orient dont dépend en grande partie l'économie 
          du Japon mais aussi de certains pays européens. Si les Etats-Unis 
          parvenaient à un contrôle absolu sur les fournitures de 
          l'Europe ou du Japon en hydrocarbures, cela voudrait dire qu'ils seraient 
          en mesure d'exercer le plus puissant des chantages sur ces contrées 
          en cas de crise internationale grave : ils n'auraient même pas 
          besoin de les menacer de leurs armes pour soumettre ces pays à 
          leur volonté.
          Pour prendre la mesure de l'évolution de la contestation de l'autorité 
          des Etats-Unis par leurs anciens alliés depuis la disparition 
          des blocs, il suffit de se remémorer les timides tentatives effectuées 
          en 1990 par l'Allemagne et la France visant à "saboter la 
          guerre" en dépêchant en Irak leurs propres conciliateurs 
          en vue de faire reculer Saddam Hussein. On était alors loin des 
          déclarations tonitruantes actuelles de la part de l'Allemagne 
          et de la France contre la politique américaine. Plus spectaculaire 
          encore, et également significative de la situation actuelle, 
          est l'attitude de la Corée du Nord qui, en paroles et en actes, 
          défie ouvertement l'autorité américaine non seulement 
          en remettant en cause unilatéralement les accords qui lui interdisent 
          la poursuite de son programme nucléaire mais aussi en accusant 
          publiquement les Etats-Unis d'être à l'origine d'une telle 
          mesure discriminatoire à son encontre. Sachant les Etats-Unis 
          occupés par d'autres problèmes, il s'agit pour la Corée 
          de profiter de la situation afin de renégocier avec l'Oncle Sam, 
          à des meilleures conditions, le respect des accords aujourd'hui 
          dénoncés avec force publicité. Néanmoins, 
          il y a tout lieu de penser qu'elle a été poussée 
          dans cette démarche par d'autres puissances régionales, 
          elles aussi intéressées à pouvoir défier 
          l'autorité américaine. Ainsi, dans le sillage des déclarations 
          de Pyongyang, la Chine et la Russie se sont précipitées 
          pour déclarer qu'il ne fallait pas dramatiser la situation et 
          qu'elles-mêmes prenaient en charge son règlement pacifique. 
          Et dans le même temps la Russie mettait de nouveau à profit 
          l'étroitesse de la marge de manœuvre actuelle des Etats-Unis 
          en déclarant ouvertement qu'elle va aider l'Iran dans la poursuite 
          de son programme nucléaire, lequel pourtant a déjà 
          valu à ce pays des menaces explicites de représailles 
          de la part des Etats-Unis.
          Jamais à la veille d'une intervention militaire programmée 
          des Etats-Unis, on n'avait assisté à une telle contestation 
          de leur leadership mondial. Ce fait a toute son importance dans la mesure 
          où il pourrait avoir des incidences, non pas sur la capacité 
          des Etats-Unis à renverser militairement Saddam Hussein, même 
          à eux seuls, mais sur les implications d'une telle intervention 
          et surtout de ses suites. En effet, l'hostilité qu'elle suscite 
          dans le monde est aussi présente dans la population américaine 
          où elle pourrait prendre un nouvel élan s'il devait y 
          avoir des morts du côté américain. Comme la bourgeoisie 
          américaine l'a clairement annoncé, son intention est de 
          prendre pied en Irak et d'administrer le pays. Il y a là le risque 
          d'un enlisement dans un environnement qui sera d'autant plus agressif 
          que l'opposition à l'intervention américaine aura dès 
          le départ suscité une forte hostilité, tant dans 
          la région que dans le monde.
          La bourgeoisie américaine est parfaitement consciente des difficultés 
          qui sont devant elle. Il s'est d'ailleurs exprimé en son sein 
          des divergences portant non pas sur la nécessité de poursuivre 
          l'offensive mais sur la meilleure manière de le faire en évitant 
          de se retrouver isolés sur la scène internationale. C'est 
          d'ailleurs la prise en compte de ce facteur qui a amené les Etats-Unis 
          à changer leur fusil d'épaule à l'automne dernier 
          en tentant de faire parrainer par l'ONU une intervention militaire en 
          Irak (voir à ce propos notre article "Menaces de guerre 
          contre l'Irak" dans la Revue Internationale n°111 [4]).
          La détermination de fer qu'ils ont jusqu'à présent 
          affichée en faveur d'une telle intervention les autorise à 
          présent difficilement à reculer maintenant pour tenter 
          de se créer des conditions plus favorables. C'est une des raisons 
          pour laquelle ils tentent d'obtenir un départ "négocié" 
          de Saddam Hussein, lui proposant, à lui et à sa famille, 
          un sauf-conduit en déclarant renonçer par avance à 
          toute poursuite contre sa personne. Une telle issue serait tout bénéfice 
          pour les Etats-Unis qui ne manqueraient pas d'en attribuer les mérites 
          à leur fermeté et leur permettrait d'entrer en Irak à 
          moindre risque.
          En dépit de leur hostilité actuelle affichée à 
          l'encontre de la politique américaine, on ne sait pas encore 
          quelle sera l'attitude de pays comme la France face à l'entrée 
          en guerre des Etats-Unis. Il est possible que certains opéreront 
          une volte face, en prétextant par exemple telle trouvaille de 
          dernière minute à charge de Saddam Hussein faite par les 
          inspecteurs en désarmement. S'ils participaient alors à 
          la guerre, ce serait non pas par allégeance aux Etats-Unis mais 
          parce que ce serait la condition pour continuer à pouvoir jouer 
          un rôle dans la région, voire un moyen de contrecarrer 
          les plans américains sur place. C'est d'ailleurs pour cette première 
          raison que la Grande-Bretagne a répondu présent depuis 
          le début, et non pas pour honorer une alliance "historique" 
          avec les Etats-Unis qui a fait long feu comme on l'a vu en Yougoslavie 
          depuis le début des années 1990.
Partout dans le monde, la thèse de l'administration américaine 
          selon laquelle le renversement de Saddam Hussein se justifie par la 
          menace que représente son programme de fabrication d'armes de 
          destruction massive perd, jour après jour, de sa crédibilité. 
          Même aux Etats-Unis, où la population ne s'est pourtant 
          pas encore totalement remise de l'accès de patriotisme suscité 
          à dessein suite à l'attentat du 11 septembre, elle rencontre 
          un scepticisme croissant.
          Et c'est là qu'intervient le mythe mensonger du pacifisme. Il 
          a pour fonction de canaliser la protestation contre la guerre sur un 
          terrain permettant d'éviter qu'elle ne débouche sur une 
          remise en cause radicale du système. Pour sauver la mise au capitalisme, 
          le pacifisme est capable de mettre en cause la responsabilité 
          de fractions "inadaptées" de la bourgeoisie, de condamner 
          de prétendues "aberrations du système", qu'il 
          suffirait de corriger. C'est fondamentalement d'une telle stratégie 
          idéologique de la bourgeoisie que relève l'explication 
          suivant laquelle la guerre préparée par le gouvernement 
          américain serait une "guerre pour le pétrole". 
          Un élu de Californie déclarait lors de la manifestation 
          pacifiste du 19 janvier dernier à San Francisco : "La Corée 
          du Nord possède l'arme nucléaire, mais l'on n'y va pas. 
          L'Irak ne l'a pas, mais l'on s'y précipite. La différence 
          ? Voyons … Le pétrole !" En d'autres termes, ce qui 
          intéresserait fondamentalement les Etats-Unis conduits par un 
          président lui-même lié aux pétroliers américains, 
          c'est de faire main basse sur les réserves de pétrole 
          de l'Irak pour s'approprier les profits faciles de sa vente.
          Une telle explication est totalement en contradiction avec la réalité 
          même des précédents conflits en Afghanistan, en 
          Yougoslavie et même en Irak en 1991 qui, on l'a vu, ont coûté 
          énormément et n'ont pas permis aux vainqueurs de se payer 
          en nature, que ce soit avec du pétrole ou autre chose. Elle vise 
          en fait à masquer la réalité de la dynamique actuelle 
          d'une spirale infernale mue par les forces aveugles du capitalisme en 
          crise et qui entraînent tous les pays dans la guerre. Si aucun 
          pays n'échappe à cette course folle, ce sont néanmoins 
          les grandes puissances qui sont à l'offensive, soit de façon 
          conventionnelle, soit par la manipulation du terrorisme, et qui détiennent 
          entre leurs mains des moyens de destruction capables de créer 
          des dommages croissants et irréparables à la civilisation. 
          
        
Luc (23 janvier)
Partout dans le monde et plus particulièrement en ce moment dans le carré des grands pays industrialisés, les prolétaires peuvent entendre cette mauvaise rengaine que jouent la bourgeoisie et ses sous-fifres de journalistes et d'économistes aux ordres : "Salariés, vous vivez au-dessus de vos moyens, il va falloir vous serrer la ceinture." Ainsi, non contente d'avoir depuis plus de trente ans licencié, rogné par tous les moyens les salaires et les revenus sociaux, la bourgeoisie continue de cogner mais cette fois-ci avec une violence redoublée.
Aujourd'hui, les coups que la bourgeoisie assène aux prolétaires 
          n'ont d'égal que ceux des années 1930. Cependant, à 
          nous tous, il est donné de voir dans les pays dits "riches" 
          des supermarchés remplis d'objets de consommation, des magasins 
          regorgeant de produits en tout genre, des entreprises capables de tout 
          fabriquer mais qui, en dernière analyse, se heurtent à 
          une difficulté : de moins en moins de consommateurs peuvent acheter 
          leurs marchandises. En conséquence, cela se traduit dans tous 
          les secteurs par des faillites et donc des licenciements. Aucune branche 
          d'activité, depuis l'agriculture jusqu'à l'informatique 
          en passant par l'automobile, n'est épargnée, aucun État 
          n'y échappe. Comme le soulignait déjà Marx en 1848 
          dans le Manifeste Communiste : "La société se voit 
          rejetée dans un état de barbarie momentané ; on 
          dirait qu'une famine, une guerre de destruction universelle, lui ont 
          coupé les vivres ; l'industrie, le commerce semblent anéantis. 
          Et pourquoi ? Parce que la société a trop de civilisation, 
          trop d'industrie, trop de commerce." Voici donc, décrit 
          par Marx, ce type de crise jusqu'alors inédit dans l'histoire 
          et devenu pratiquement permanent au 20e siècle : la surproduction.
          Si, désormais, des millions d'êtres humains sont jetés 
          à la rue, souffrent de famine, ce n'est plus parce que la société 
          ne produit pas assez mais au contraire parce qu'elle produit trop et 
          qu'elle ne trouve pas d'acheteurs. Jamais dans l'histoire humaine, une 
          telle situation ne s'était rencontrée. Car, s'il est vrai 
          qu'au 14e siècle, l'Europe était ravagée par les 
          disettes, c'est fondamentalement parce que les structures sociales médiévales 
          étaient incapables de subvenir aux besoins des populations. A 
          l'époque, il eût paru totalement invraisemblable qu'un 
          jour, l'humanité pourrait souffrir d'indigence à cause 
          d'un excès de production invendue. Pourtant, de nos jours, c'est 
          bel et bien le cas.
          Contrairement, donc, à tout ce que peut affirmer la bourgeoisie, 
          nous ne vivons pas au-dessus de nos moyens mais largement en dessous. 
          Prenons un exemple, particulièrement significatif puisqu'il concerne 
          la nourriture, le secteur agricole. A l'aube du 18e siècle, c'est-à-dire 
          juste avant la révolution industrielle qui naît en Angleterre, 
          un paysan européen nourrit 1,7 personne, de sorte qu'il s'alimentait 
          lui-même et fournissait les trois quarts de l'alimentation d'une 
          autre personne ; en 1975, un travailleur agricole aux États-Unis 
          pouvait nourrir 75 individus (ce chiffre doit approcher la centaine 
          en 1992). Selon d'autres sources, il semblerait aujourd'hui que la seule 
          agriculture des Pays-Bas, hypercompétitive, soit suffisante à 
          nourrir l'Europe ! De même, à présent, l'agriculture 
          mondiale pourrait ravitailler près de trois fois toute l'humanité, 
          soit environ 18 milliards d'êtres humains.
          Comble de l'absurde, le capitalisme réduit à la famine 
          et à la malnutrition endémique environ la moitié 
          de la population mondiale, soit 3 milliards d'hommes. Et, comme le capitalisme 
          ne produit pas pour satisfaire les besoins humains mais pour vendre 
          et réaliser du profit, les excédents agricoles sont détruits 
          mais surtout pas distribués sinon ils feraient chuter les cours 
          du marché (qui se situent déjà bien bas). Ainsi, 
          désormais, subventionne-t-on dans la CEE les paysans pour qu'ils 
          mettent en jachère leurs terres. Des millions d'hectares capables 
          de fournir des millions de quintaux de blé (15% des terres céréalières) 
          vont retourner à la friche.
          Encore une fois, la description d'une telle société eût 
          semblé totalement délirante pour le paysan du Moyen Âge, 
          lui qui, patiemment depuis l'an mil, n'avait eu de cesse laborieusement 
          que défricher, assécher les marais. Bien sûr, cela 
          ne concerne pas que la vieille Europe, puisqu'aux États-Unis 
          même, on incendie les champs d'orangers pour cause de surproduction.
Pourtant, l'humanité n'en finit pas de crever de faim et, dans nos supermarchés, tous ces produits agricoles sous leurs diverses formes sont toujours aussi chers comparativement à nos salaires. Une question vient donc immédiatement à l'esprit : pourquoi de telles crises de surproduction ? Comment se fait-il que le capitalisme ne parvienne pas à écouler les marchandises qu'il crée ? Pourquoi l'offre (la production) est-elle plus importante que la demande (la consommation) ?
Marx a, de son temps, clairement mis en évidence que le travail 
          humain, ou plus exactement la force de travail, est une marchandise 
          qui s'achète et qui se vend. Et, ce qui détermine le prix 
          de la force de travail, à savoir le salaire que va verser le 
          capitaliste à l'ouvrier, c'est, comme toute marchandise, la quantité 
          de travail nécessaire à sa production. Qu'est-ce que cela 
          veut dire ? Simplement que le salaire versé à l'ouvrier 
          par l'entrepreneur est le strict minimum servant à l'éduquer, 
          le nourrir, le loger, le vêtir. Quant aux congés hebdomadaires 
          et annuels, ils ne servent qu'à permettre au prolétaire 
          de reconstituer sa force de travail ; d'être suffisamment en forme 
          pour produire de nouveau et dans les mêmes conditions qu'avant. 
          
          Mais Marx a percé le mystère du prétendu salaire 
          juste, équitable. Il a mis en évidence que l'ouvrier travaille 
          plus qu'il n'est rétribué, qu'il y a exploitation du travail, 
          non pas au sens moral mais bien scientifiquement. Le salaire n'est-il 
          pas l'équivalent exact, sous forme d'argent, du travail fourni 
          par l'ouvrier ? Non, pas du tout, cette réalité de l'exploitation 
          salariale, même si elle n'est pas a priori apparente n'en est 
          pas moins vraie. Elle est simplement masquée.
          Dans la Rome antique, celle de l'Empire qui a succédé 
          à la République, lorsque les maîtres utilisaient 
          de la force de travail sous forme d'esclaves capturés au gré 
          des conquêtes militaires, l'exploitation était visible 
          : les maîtres nourrissaient et logeaient cette main-d'œuvre 
          ; celle-ci appartenait aux maîtres et travaillaient jusqu'à 
          la mort sur les terres des villas.
          Ce fut la même chose au Moyen Age. Lorsque, durant la période 
          carolingienne des 8e et 9e siècles, le mode de production esclavagiste 
          a disparu et a été remplacé par les structures 
          de la seigneurie, ici aussi le servage a laissé clairement apparaître 
          l'exploitation. Selon les rapports établis avec le seigneur de 
          l'endroit, chaque semaine, le serf devait travailler deux ou trois jours 
          sur la réserve, c'est-à-dire sur la terre du seigneur 
          féodal, et effectuer des corvées gratuitement. 
Dans le capitalisme, qui est également une société 
          de classes, la tricherie se situe désormais au niveau des salaires. 
          Prenons un exemple totalement théorique : un ouvrier travaillant 
          sur une chaîne de montage ou derrière un micro-ordinateur 
          et qui, à la fin du mois, est payé 800 euros. En fait, 
          et c'est ce que Marx a démontré, il a produit non pas 
          pour l'équivalent de 800 euros, ce qu'il reçoit, mais 
          pour la valeur de 1200 euros. Il a effectué un surtravail, une 
          plus-value, qui se traduit pour le capitaliste en profit. Que fait le 
          capitaliste des 400 euros qu'il a volés à l'ouvrier ? 
          Il en met une partie dans sa poche, admettons 150 euros, ce qui lui 
          permet généralement de vivre beaucoup mieux qu'un simple 
          ouvrier, et les 250 euros restant, il les réinvestit dans le 
          capital de son entreprise, le plus souvent sous forme de l'achat de 
          machines plus modernes, etc.
          Mais pourquoi le capitaliste procède-t-il ainsi ? Parce qu'il 
          n'a pas le choix. Le capitalisme est un système concurrentiel, 
          il faut vendre les produits moins cher que le voisin qui fabrique le 
          même type de produits. En conséquence, le patron est contraint 
          non seulement de baisser ses coûts de production, c'est-à-dire 
          les salaires (ou, dit autrement, le capital variable), mais encore d'utiliser 
          une part croissante du surtravail dégagé pour le réinvestir 
          prioritairement dans les machines (le capital fixe), afin d'augmenter 
          la productivité (quantité produite en un temps donné) 
          de son capital. S'il ne le fait pas, il ne peut pas réinvestir, 
          se moderniser, et, tôt ou tard, son concurrent, qui, lui, le fera, 
          vendra moins cher et remportera le marché. Le patron philanthropique 
          qui, par hypothèse, se refuserait à exploiter toujours 
          plus ses ouvriers serait vite conduit à faire faillite. 
          Le système capitaliste est donc à la fois dynamique, dans 
          le sens où il doit constamment s'élargir, accumuler, pousser 
          au maximum l'exploitation de la force de travail, et affecté 
          par un phénomène contradictoire : en effet, en ne rétribuant 
          pas les ouvriers par l'équivalent de ce qu'ils ont effectivement 
          fourni comme travail et en contraignant les patrons à renoncer 
          à consommer une grande part du profit ainsi extorqué, 
          le système produit plus de valeur qu'il n'en distribue. Jamais 
          ni les ouvriers ni les capitalistes réunis ne pourront à 
          eux seuls absorber toutes les marchandises produites. Et pour cause, 
          puisqu'une partie du produit du travail de l'ouvrier, celle qui n'est 
          ni reversée sous forme de salaires ni consommée par les 
          capitalistes, mais qui est destinée à être réinvestie, 
          c'est-à-dire transformée en nouveau capital, ne peut trouver 
          d'acheteurs dans la sphère capitaliste. Ce surplus de marchandises, 
          qui va le consommer ?
C'est là justement qu'intervient la nécessité 
          pour ce système de trouver de nouveaux débouchés 
          en dehors du cadre de la production capitaliste ; c'est ce qu'on appelle 
          les marchés extra-capitalistes (au sens d'en dehors du capitalisme). 
          En quelque sorte, un marché extra-capitaliste, c'est un débouché 
          économique solvable, en d'autres termes capable de payer les 
          marchandises, mais qui ne fonctionne pas de manière capitaliste, 
          puisque quand c'est le cas, on ne peut acheter tous les biens fabriqués.
          Il en est ainsi depuis la genèse de ce mode de production. Le 
          capitalisme n'a pas conquis la planète entière du jour 
          au lendemain. Prenons l'exemple de l'Angleterre. Lorsque, en 1733, John 
          Kay met au point son fameux métier à tisser qui multiplie 
          par quatre la productivité, les étoffes tissées, 
          désormais abondantes et bien moins chères, n'ont pas été 
          vendues aux seuls ouvriers et entrepreneurs anglais. Elles étaient 
          également consommées par des paysans ainsi que par des 
          nobles qui avaient la possibilité d'acheter. Ces paysans, ces 
          nobles, n'appartenaient pas à la sphère de production 
          capitaliste qui, à elle seule, eût été incapable 
          de tout absorber. Voilà donc un exemple de marché extracapitaliste 
          à l'intérieur même du pays où est née 
          la révolution industrielle. Dans une certaine mesure, des poches, 
          des unités de production capitalistes, sont apparues et ont progressivement 
          gagné le reste du monde. Par là même se trouvaient 
          résolues, momentanément, les crises de surproduction. 
          Certes, il y en avait, mais celles-ci, aux 18e et 19e siècles, 
          duraient deux à trois ans, le temps que de nouveaux débouchés 
          soient conquis. Après quoi la machine économique repartait 
          de plus belle.
          Ainsi ce système a-t-il pu, dans les contrées où 
          il est né, c'est-à-dire en Europe, trouver les conditions 
          de sa croissance. Toutefois, en conquérant ce type de marché 
          avec des produits défiant toute concurrence, le capitalisme contraignait 
          les sphères de production extra-capitalistes à produire 
          de la même façon que lui. Pourquoi ?
          Qui pouvait en effet continuer à produire des étoffes 
          artisanalement alors que les manufactures, ces ancêtres des usines 
          modernes, faisaient les mêmes mais à bien moindre coût 
          ? Personne. En conséquence, le capitalisme ne faisait que détruire 
          ce qui lui servait momentanément de ballon d'oxygène. 
          Ces marchés extérieurs adoptaient à leur tour le 
          mode de production capitaliste et le même problème se retrouvait 
          posé encore et toujours à une échelle chaque fois 
          supérieure : à qui vendre ?
C'est ce processus dynamique et contradictoire qui anime toute l'histoire 
          de ce monde, tel l'ogre du conte qui a besoin d'enfants pour vivre mais 
          qui les dévore. Ainsi, au 19e siècle, une fois qu'à 
          l'intérieur des grands pays industrialisés, le mode de 
          production capitaliste s'était imposé avec violence, il 
          lui a fallu partir à la conquête du monde pour trouver 
          de nouveaux débouchés. C'est l'entreprise coloniale dont 
          Rosa Luxemburg met clairement en évidence les motivations. La 
          dernière décennie du 19e siècle, qui voit la fin 
          de l'ascendance du capitalisme, est désormais marquée 
          par le déchaînement de l'impérialisme.
          A partir de 1897, la Grande-Bretagne règne sur un empire de 33 
          millions de kilomètres carrés peuplé de 450 millions 
          d'habitants comprenant le Canada, l'Australie, l'Inde, l'axe africain 
          allant du Caire au Cap, etc. La France, plus modeste, étend son 
          empire sur près de 10 millions de kilomètres carrés 
          et sur 48 millions d'habitants (Afrique de l'Ouest et Indochine surtout). 
          La Chine est dépecée, les puissances impérialistes 
          obtenant l'octroi de territoires à bail, de zones d'influence, 
          de concessions de mines et de chemin de fer. Idem pour l'empire ottoman 
          et l'Amérique latine, qui n'ont conservé que l'apparence 
          d'une indépendance économique et politique. Vers 1890, 
          le partage territorial du monde entre les grandes puissances capitalistes 
          est à peu près achevé. Or ces pays conquis adoptent 
          à leur tour le mode de production capitaliste. En conséquence, 
          on ne sait plus où écouler le surplus de marchandises, 
          faute de nouveaux territoires extra-capitalistes de quelque importance. 
          Le marché mondial est saturé. 
          De fait, au crépuscule du 19e siècle, l'heure n'est plus 
          à l'exploration de nouvelles terres et au libre-échange 
          ; c'est à présent le temps des canons et du protectionnisme 
          qui a sonné. L'ère des guerres mondiales qui visent au 
          repartage du marché planétaire entre les différents 
          États bourgeois s'ouvre. Le capitalisme vient d'entrer dans sa 
          phase de décadence, c'est-à-dire la pire période 
          que l'humanité ait jamais endurée. C'est cette époque, 
          dans laquelle nous sommes toujours, actuellement, qui pose au prolétariat 
          international l'alternative suivante : communisme ou barbarie.
        
D'après RI n°217
        
Il y a soixante dix ans, en janvier 1933, un événement d'une portée historique mondiale est venu frapper la "civilisation" capitaliste : l'arrivée d'Hitler au pouvoir et l'instauration du régime nazi en Allemagne. A en croire la bourgeoisie, le fascisme se serait imposé brutalement à la société capitaliste, à son "corps défendant". Ce mensonge ne tient pas un seul instant à l'épreuve des faits historiques. En réalité, le nazisme en Allemagne, comme le fascisme en Italie, est le produit organique du capital. La victoire du nazisme s'est effectuée démocratiquement. Quant au racisme répugnant, l'hystérie nationaliste ou la barbarie qui, toujours selon la bourgeoisie démocratique, caractériseraient en propre les régimes fascistes, ils ne sont pas du tout spécifiques à ces régimes. Ils sont au contraire le produit du capitalisme, en particulier dans sa phase de décadence, et l'attribut de toutes les fractions de la bourgeoisie, démocrates, staliniennes ou fascistes.
La terrible réalité de l'holocauste est souvent utilisée, en faisant appel à l'émotion plus qu'à l'objectivité, pour étayer l'idée d'une nature du fascisme qui le différencierait dans le fond du capitalisme en général et de la démocratie en particulier. L'examen objectif des faits eux-mêmes montrent que la barbarie n'est pas l'exclusivité du fascisme mais que la démocratie capitaliste, si prompte à dénoncer les crimes nazis, est directement responsable de millions de morts et de souffrances équivalentes pour l'humanité (bombardements de Dresde et Hambourg, bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki). Le comble du cynisme criminel est d'ailleurs allé jusqu'au refus catégorique des puissances "démocratiques", notamment anglo-américaine, de toute proposition visant à faire libérer plusieurs centaines de milliers de juifs des camps hitlériens. D'ailleurs, contrairement à la propagande officielle accréditant la thèse de la découverte des camps d'extermination à la fin de la guerre, les états-majors alliés étaient parfaitement au courant de leur existence dès 1942 (voir notre brochure "Fascisme et démocratie, deux expressions de la dictature du capital".)
Le mensonge selon lequel la classe dominante ne savait pas quels étaient 
          les vrais projets du parti nazi, en d'autres termes qu'elle se serait 
          fait piéger, ne tient pas un seul instant face à l'évidence 
          des faits historiques. L'origine du parti nazi plonge ses racines dans 
          deux facteurs qui vont déterminer toute l'histoire des années 
          1930 : d'une part l'écrasement de la révolution allemande 
          ouvrant la porte au triomphe de la contre-révolution à 
          l'échelle mondiale et d'autre part la défaite essuyée 
          par l'impérialisme allemand à l'issue de la première 
          boucherie mondiale. Dès le départ, les objectifs du parti 
          fasciste naissant sont, sur la base de la terrible saignée infligée 
          à la classe ouvrière en Allemagne par le Parti social-démocrate, 
          le SPD des Noske et Scheidemann, de parachever l'écrasement du 
          prolétariat afin de reconstituer les forces militaires de l'impérialisme 
          allemand. Ces objectifs étaient partagés par l'ensemble 
          de la bourgeoisie allemande, au-delà des divergences réelles 
          tant sur les moyens à employer que sur le moment le plus opportun 
          pour les mettre en œuvre. Les SA, milices sur lesquelles s'appuie 
          Hitler dans sa marche vers le pouvoir, sont les héritiers directs 
          des corps francs qui ont assassiné Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht 
          ainsi que des milliers de communistes et de militants ouvriers. La plupart 
          des dirigeants SA ont commencé leur carrière de bouchers 
          dans ces mêmes corps francs. Ils ont été "la 
          garde blanche" utilisée par le SPD au pouvoir pour écraser 
          dans le sang la révolution, et cela avec l'appui des très 
          démocratiques puissances victorieuses. Celles-ci d'ailleurs, 
          tout en désarmant l'armée allemande, ont toujours veillé 
          à ce que ces milices contre-révolutionnaires disposent 
          des armes suffisantes pour accomplir leur sale besogne. Le fascisme 
          n'a pu se développer et prospérer que sur la base de la 
          défaite physique et idéologique infligée au prolétariat 
          par la gauche du capital, laquelle était seule en mesure d'endiguer 
          puis de vaincre la vague révolutionnaire qui submergea l'Allemagne 
          en 1918-19. C'est ce qu'avait compris parfaitement l'état-major 
          de l'armée allemande en donnant carte blanche au SPD afin de 
          porter un coup décisif au mouvement révolutionnaire qui 
          se développait en janvier 1919. Et si Hitler ne fut pas suivi 
          dans sa tentative de putsch à Munich en 1923, c'est parce que 
          l'avènement du fascisme était jugé encore prématuré 
          par les secteurs les plus lucides de la classe dominante. Il fallait, 
          au préalable, parachever la défaite du prolétariat 
          en utilisant jusqu'au bout la carte de la mystification démocratique. 
          Celle-ci était loin d'être usée et bénéficiait 
          encore, au travers de la République de Weimar (bien que présidée 
          par le junker Hindenburg), d'un vernis radical grâce à 
          la participation régulière, dans ses gouvernements successifs, 
          de ministres venant du soi-disant parti "socialiste".
          Mais dès que la menace prolétarienne fut définitivement 
          conjurée, la classe dominante, sous sa forme - soulignons le 
          - la plus classique, au travers des fleurons du capitalisme allemand 
          tels Krupp, Thyssen, AG Farben, n'aura de cesse de soutenir de toutes 
          ses forces le parti nazi et sa marche victorieuse vers le pouvoir. C'est 
          que, désormais, la volonté de Hitler de réunir 
          toutes les forces nécessaires à la restauration de la 
          puissance militaire de l'impérialisme allemand, correspondait 
          parfaitement aux besoins du capital national. Ce dernier, vaincu et 
          spolié par ses rivaux impérialistes suite à la 
          Première Guerre mondiale, ne pouvait que chercher à reconquérir 
          le terrain perdu en s'engageant dans une nouvelle guerre. Loin d'être 
          le produit d'une prétendue agressivité congénitale 
          germanique qui aurait enfin trouvé dans le fascisme le moyen 
          de se déchaîner, cette volonté n'était que 
          la stricte expression des lois de l'impérialisme dans la décadence 
          du système capitaliste comme un tout. Face à un marché 
          mondial entièrement partagé, ces lois ne laissent aucune 
          autre solution aux puissances impérialistes lésées 
          dans le partage du "gâteau impérialiste" que 
          celle d'essayer, en engageant une nouvelle guerre, d'en arracher une 
          plus grosse part. La défaite physique du prolétariat allemand 
          d'une part, et le statut de puissance impérialiste spoliée 
          dévolu à l'Allemagne suite à sa défaite 
          en 1918 d'autre part, firent du fascisme - contrairement aux pays vainqueurs 
          où la classe ouvrière n'avait pas été physiquement 
          écrasée - le moyen le plus adéquat pour que le 
          capitalisme allemand puisse se préparer à la seconde boucherie 
          mondiale. Le fascisme n'est qu'une forme brutale du capitalisme d'Etat 
          qui était en train de se renforcer partout, y compris dans les 
          Etats dits "démocratiques". Il est l'instrument de 
          la centralisation et de la concentration de tout le capital dans les 
          mains de l'Etat face à la crise économique, pour orienter 
          l'ensemble de l'économie en vue de la préparation à 
          la guerre. C'est donc le plus démocratiquement du monde, c'est-à-dire 
          avec l'aval total de la bourgeoisie allemande, qu'Hitler arrive au pouvoir. 
          En effet, une fois la menace prolétarienne définitivement 
          écartée, la classe dominante n'a plus à se préoccuper 
          de maintenir tout l'arsenal démocratique, suivant en cela le 
          processus alors déjà à l'œuvre en Italie.
"Oui, peut-être..." nous dira-t-on, "mais ne faites-vous 
          pas abstraction de l'un des traits qui distinguent le fascisme de tous 
          les autres partis et fractions de la bourgeoisie, à savoir, son 
          antisémitisme viscéral, alors que c'est justement cette 
          caractéristique particulière qui a provoqué l'holocauste 
          ?" C'est cette idée que défendent en particulier 
          les trotskistes. Ceux-ci, en effet, ne reconnaissent formellement la 
          responsabilité du capitalisme et de la bourgeoisie en général 
          dans la genèse du fascisme que pour ajouter aussitôt que 
          ce dernier est malgré tout bien pire que la démocratie 
          bourgeoise, comme en témoigne l'holocauste. Selon eux donc, devant 
          cette idéologie du génocide, il n'y a pas à hésiter 
          un seul instant : il faut choisir son camp, celui de l'antifascisme, 
          celui des Alliés. Et c'est cet argument, avec celui de la défense 
          de l'URSS, qui leur a servi à justifier leur trahison de l'internationalisme 
          prolétarien et leur passage dans le camp de la bourgeoisie durant 
          la Seconde Guerre mondiale (non sans avoir traficoté pour certains 
          d'entre eux dans la milice en France au temps du pacte Germano-soviétique, 
          défense de l'URSS oblige). Il est donc parfaitement logique de 
          retrouver aujourd'hui en France, par exemple, les groupes trotskistes 
          - la Ligue Communiste Révolutionnaire et son leader Krivine avec 
          le soutien discret, mais bien réel, de Lutte Ouvrière 
          - en tête de la croisade antifasciste et "anti-négationniste", 
          défendant la vision selon laquelle le fascisme est le "mal 
          absolu" et, de ce fait, qualitativement différent de toutes 
          les autres expressions de la barbarie capitaliste ; ceci impliquant 
          que, face à lui, la classe ouvrière devrait se porter 
          à l'avant-garde du combat et défendre voire revitaliser 
          la démocratie.
          Que l'extrême droite (le nazisme en particulier) soit profondément 
          raciste, cela n'a jamais été contesté par la Gauche 
          communiste pas plus d'ailleurs que la réalité effrayante 
          des camps de la mort. La vraie question est ailleurs. Elle consiste 
          à savoir si ce racisme et la répugnante désignation 
          des juifs comme boucs émissaires, responsables de tous les maux, 
          ne seraient que l'expression de la nature particulière du fascisme, 
          le produit maléfique de cerveaux malades ou s'il n'est pas plutôt 
          le sinistre produit du mode de production capitaliste confronté 
          à la crise historique de son système, un rejeton monstrueux 
          mais naturel de l'idéologie nationaliste défendue et propagée 
          par la classe dominante toutes fractions confondues. Le racisme n'est 
          pas un attribut éternel de la nature humaine. Si l'entrée 
          en décadence du capitalisme a exacerbé le racisme à 
          un degré jamais atteint auparavant dans toute l'histoire de l'humanité, 
          si le 20e siècle est un siècle où les génocides 
          ne sont plus l'exception mais la règle, cela n'est pas dû 
          à on ne sait quelle perversion de la nature humaine. C'est le 
          résultat du fait que, face à la guerre désormais 
          permanente que doit mener chaque Etat dans le cadre d'un marché 
          mondial sursaturé, la bourgeoisie, pour être à même 
          de supporter et de justifier cette guerre permanente, se doit, dans 
          tous les pays, de renforcer le nationalisme par tous les moyens. Quoi 
          de plus propice, en effet, à l'épanouissement du racisme 
          que cette atmosphère si bien décrite par Rosa Luxemburg 
          au début de sa brochure de dénonciation du premier carnage 
          mondial : "(...) la population de toute une ville changée 
          en populace, prête à dénoncer n'importe qui, à 
          molester les femmes, à crier : hourrah, et à atteindre 
          au paroxysme du délire en lançant elle-même des 
          rumeurs folles ; un climat de crime rituel, une atmosphère de 
          pogrom, où le seul représentant de la dignité humaine 
          était l'agent de police au coin de la rue." Et elle poursuit 
          en disant : "Souillée, déshonorée, pataugeant 
          dans le sang, couverte de crasse, voilà comment se présente 
          la société bourgeoise, voilà ce qu'elle est..." 
          (La Crise de la Social-démocratie). On pourrait reprendre exactement 
          les mêmes termes pour décrire les multiples scènes 
          d'horreur en Allemagne durant les années 1930 (pillages des magasins 
          juifs, lynchages, enfants séparés de leurs parents) ou 
          évoquer, entre autres, l'atmosphère de pogrom qui régnait 
          en France en 1945 quand le journal stalinien du PCF titrait odieusement 
          : "A chacun son boche !". Non, le racisme n'est pas l'apanage 
          exclusif du fascisme, pas plus que sa forme antisémite. Le célèbre 
          Patton, général de la très "démocratique" 
          Amérique, celle-là même qui était censée 
          libérer l'humanité de "la bête immonde", 
          ne déclarait-il pas, lors de la libération des camps : 
          "Les juifs sont pires que des animaux" ; tandis que l'autre 
          grand "libérateur", Staline, organisa lui-même 
          des séries de pogroms contre les juifs, les tziganes, les tchétchènes, 
          etc. Le racisme est le produit de la nature foncièrement nationaliste 
          de la bourgeoisie, quelle que soit la forme de sa domination, "totalitaire" 
          ou "démocratique". Son nationalisme atteint son point 
          culminant avec la décadence de son système.
La seule force en mesure de s'opposer à ce nationalisme qui 
          suintait par tous les pores de la société bourgeoise pourrissante, 
          à savoir le prolétariat, était vaincue, défaite 
          physiquement et idéologiquement. De ce fait, le nazisme, avec 
          l'assentiment de l'ensemble de sa classe, put s'appuyer notamment sur 
          le racisme latent de la petite-bourgeoisie pour en faire, sous sa forme 
          antisémite, l'idéologie officielle du régime. Encore 
          une fois, aussi irrationnel et monstrueux que soit l'antisémitisme 
          professé puis mis en pratique par le régime nazi, il ne 
          saurait s'expliquer par la seule folie et perversité, par ailleurs 
          bien réelles, des dirigeants nazis. Comme le souligne très 
          justement la brochure publiée par le Parti Communiste International, 
          "Auschwitz ou le grand alibi", l'extermination des juifs "... 
          a eu lieu, non pas à un moment quelconque, mais en pleine crise 
          et guerre impérialistes. C'est donc à l'intérieur 
          de cette gigantesque entreprise de destruction qu'il faut l'expliquer. 
          Le problème se trouve de ce fait éclairci : nous n'avons 
          plus à expliquer le 'nihilisme destructeur' des nazis, mais pourquoi 
          la destruction s'est concentrée en partie sur les juifs."
          Pour expliquer pourquoi la population juive, même si elle ne fut 
          pas la seule, fut désignée tout d'abord à la vindicte 
          générale, puis exterminée en masse par le nazisme, 
          il faut prendre en compte deux facteurs : les besoins de l'effort de 
          guerre allemand et le rôle joué dans cette sinistre période 
          par la petite-bourgeoisie. Cette dernière fut réduite 
          à la ruine par la violence de la crise économique en Allemagne 
          et sombra massivement dans une situation de lumpen-prolétarisation. 
          Dès lors, désespérée et en l'absence d'un 
          prolétariat pouvant jouer le rôle de contrepoison, elle 
          donna libre cours à tous les préjugés les plus 
          réactionnaires, caractéristiques de cette classe sans 
          avenir, et se jeta, telle une bête furieuse, encouragée 
          par les formations fascistes, dans le racisme et l'antisémitisme. 
          Le "juif" était supposé représenter la 
          figure par excellence de "l'apatride" qui "suce le sang 
          du peuple" ; il était désigné comme le responsable 
          de la misère à laquelle était réduite la 
          petite-bourgeoisie. Voilà pourquoi les premières troupes 
          de choc utilisées par les nazis étaient issues des rangs 
          d'une petite-bourgeoisie en train de sombrer. Et cette désignation 
          du "juif" comme l'ennemi par excellence aura aussi comme fonction 
          de permettre à l'Etat allemand, grâce à la confiscation 
          des biens des juifs, de ramasser des fonds destinés à 
          contribuer à son réarmement militaire. Au début, 
          il dut le faire discrètement pour ne pas attirer l'attention 
          des vainqueurs de la Première Guerre mondiale. Les camps de déportation, 
          au départ, eurent la fonction de fournir à la bourgeoisie 
          une main-d'œuvre gratuite, tout entière dédiée 
          à la préparation de la guerre.
          C'est au nom de cette barbarie nazie que le camp des forces démocratiques 
          alliées a pu tenter de justifier aux yeux des ouvriers son implication 
          dans la boucherie mondiale et tous ses crimes. Loin de permettre d'éviter 
          à l'avenir de nouveaux holocaustes, la défense des valeurs 
          démocratiques de la classe dominante ne peut que servir la survie 
          d'un système à l'agonie, le capitalisme, qui depuis le 
          début du siècle dernier n'a cessé d'accumuler les 
          massacres et les génocides.
RI
Liens
[1] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/luttes-classe
[2] https://fr.internationalism.org/tag/heritage-gauche-communiste/question-syndicale
[3] https://fr.internationalism.org/rinte90/reso.htm
[4] https://fr.internationalism.org/french/rint/111_guerre.html
[5] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/guerre-irak
[6] https://fr.internationalism.org/tag/recent-et-cours/crise-economique
[7] https://fr.internationalism.org/tag/questions-theoriques/leconomie
[8] https://fr.internationalism.org/tag/heritage-gauche-communiste/mystification-parlementaire