Soumis par Revue Internationale le
1) À la fin des années 1960, avec l’épuisement du boom économique de l’après-guerre, la classe ouvrière avait ressurgi sur la scène sociale face à la dégradation de ses conditions d’existence. Les luttes ouvrières qui ont explosé à l’échelle internationale avaient ainsi mis un terme à la période de contre-révolution la plus longue de l’Histoire. Elles avaient ouvert un nouveau cours historique vers des affrontements de classe, empêchant ainsi la classe dominante d’apporter sa propre réponse à la crise aiguë du capitalisme : une 3e guerre mondiale. Ce nouveau cours historique avait été marqué par le surgissement de luttes massives, notamment dans les pays centraux d’Europe occidentale avec le mouvement de Mai 1968 en France, suivi par celui de l’"automne chaud" en Italie en 1969 et de bien d’autres encore comme en Argentine au printemps 1969 et en Pologne à l’hiver 1970-71. Dans ces mouvements massifs, de larges secteurs de la nouvelle génération qui n’avait pas connu la guerre avaient posé de nouveau la question de la perspective du communisme comme une possibilité.
En lien avec ce mouvement général de la classe ouvrière à la fin des années 1960 et au début des années 1970, on doit souligner aussi le réveil international, à une échelle très petite mais non moins significative, de la Gauche communiste organisée, la tradition qui est restée fidèle au drapeau de la révolution prolétarienne mondiale au cours de la longue nuit de la contre-révolution. Dans ce réveil la constitution du CCI a signifié un renouveau et une impulsion importante de la Gauche Communiste dans son ensemble.
Face à une dynamique vers sur une tendance à la politisation des luttes ouvrières, la bourgeoisie (qui s’était laissé surprendre par le mouvement de Mai 68) a immédiatement développé une contre-offensive de grande envergure et sur le long terme afin d’empêcher la classe ouvrière d’apporter sa propre réponse à la crise historique de l’économie capitaliste : la révolution prolétarienne.
2) Du fait de la rupture de la continuité politique avec le mouvement ouvrier du passé, la tendance à la politisation du prolétariat des années 1960 s’était manifesté par l’émergence de ce que Lénine appelait un "marais politique" : un milieu de groupes et d’éléments confus, et en même temps une zone de passage, situé entre la bourgeoisie et le prolétariat. Au moment de sa plus grande extension, cet espace de politisation était composé, à l’échelle mondiale, essentiellement de jeunes éléments inexpérimentés, dont de nombreux étudiants. Déjà dans la première moitié des années 1970, le résultat de la décantation dans ce "marais" s’était manifesté par le fait que :
- la gauche et l’extrême gauche du capital ont réussi à récupérer une grande partie de ces jeunes éléments en voie de politisation ;
- la frustration et la déception face au reflux des luttes massives de la fin des années 70 ont orienté bon nombre d’entre eux, très fortement marqués par l’impatience et le "radicalisme" de la petite bourgeoisie, vers les luttes parcellaires ou les actions violentes et minoritaires du terrorisme (La Bande à Baader en Allemagne, les Brigades Rouges en Italie, puis Action Directe en France…)
- la composante de ce "marais" en quête de positions prolétariennes a eu tendance à se diriger vers des impasses autonomistes, opéraïstes (ouvriéristes), "libertaires" ou dans la défense du mythe de l’"autogestion".
Par ailleurs, l’adhésion "critique" des principaux groupes d’extrême gauche (trotskystes et maoïstes) à la contre-révolution et leurs pratiques d’organisation et d’intervention propres aux organisations ou sectes crypto-staliniennes, de même que l’activisme aveugle des milieux autonomistes et le culte de la violence minoritaire des groupuscules terroristes, ont détruit une grande partie de la nouvelle génération en voie de politisation. Ce travail destructeur a contribué à déformer et discréditer le véritable mouvement révolutionnaire du prolétariat.
Parallèlement à ce rôle extrêmement négatif joué par cette composante pseudo "radicale" du marais et des groupes d’extrême gauche, la bourgeoisie a développé une contre-offensive politique contre la reprise historique de la lutte de classe. Cette contre-offensive a consisté dans un premier temps, au début des années 1970, à mettre en place "l’alternative de la gauche au gouvernement" dans les principaux pays occidentaux afin de rabattre la classe ouvrière sur le terrain des élections en semant l’illusion que le programme des partis de gauche allait permettre d’améliorer les conditions de vie des masses exploitées. Cette première vague de luttes qui s’était développée à partir de la fin des années 1960, s’est donc épuisée au cours de ces "années d’illusions".
3) Mais avec l’aggravation de la crise économique dans la deuxième moitié des années 1970, une nouvelle vague de luttes ouvrières avait surgi, impliquant également le prolétariat de certains pays d’Europe de l’Est (notamment en Pologne à l’été 1980).
Face à cette reprise des combats de classe après une courte période de reflux, la bourgeoisie a dû modifier sa stratégie visant à entraver toute politisation du prolétariat au sein de ses luttes économiques. Grâce à un judicieux partage des tâches entre les différentes fractions bourgeoises, il revenait aux partis de droite au gouvernement de porter les attaques économiques contre les conditions de vie du prolétariat, tandis que les partis de gauche, dans l’opposition (épaulés par les syndicats et les gauchistes) avaient la responsabilité de saboter les luttes ouvrières de l’intérieur et de les dévoyer sur le terrain des mystifications électorales.
La grève de masse en Pologne en août 1980 a révélé que le prolétariat, malgré la chape de plomb des régimes staliniens, était capable de relever la tête et de retrouver spontanément ses méthodes de lutte, notamment les assemblées générales souveraines, l’élection de comités de grève responsables devant ces assemblées, la nécessaire extension géographique des luttes et leur unification au-delà des divisions corporatistes.
- Ce gigantesque combat de la classe ouvrière en Pologne a révélé que c’est dans la lutte massive contre les attaques économiques que le prolétariat peut prendre conscience de sa propre force, affirmer son identité de classe antagonique au Capital et développer sa confiance en lui-même.
- Mais la défaite des ouvriers de Pologne, avec la fondation du syndicat "libre" Solidarnosc (qui a bénéficié de l’appui des syndicats des pays occidentaux) a également révélé le poids très fort des illusions démocratiques dans un pays où le prolétariat n’avait aucune expérience de la démocratie bourgeoise. La défaite et la répression qui se sont abattues sur les ouvriers de Pologne ont ouvert une nouvelle période de recul de la lutte de classe à l’échelle internationale au début des années 1980.
4) Néanmoins, malgré sa profondeur, ce recul a été de courte durée. Dans la première moitié des années 1980, face à l’aggravation de la crise économique, à l’explosion du chômage et aux nouvelles attaques contre les conditions de vie du prolétariat dans les pays centraux, une 3e vague de luttes a émergé de nouveau. Malgré la défaite de la longue grève des mineurs en Grande-Bretagne en 1985, cette vague de luttes s’est manifestée par une usure de la gauche dans l’opposition, un discrédit croissant des syndicats (comme en ont témoigné, dans plusieurs pays, y compris dans les pays scandinaves, les grèves spontanées sporadiques qui ont éclaté en dehors et contre les manœuvres répétées de sabotage des syndicats). Cette 3e vague de luttes ouvrières a été accompagnée par une augmentation des taux d’abstention aux élections.
Pour ne pas se laisser surprendre comme en Mai 68 et paralyser toute dynamique de confrontations au syndicalisme, la bourgeoisie a développé une 3e stratégie : celle du renforcement de son appareil d’encadrement de la classe ouvrière visant à empêcher toute extension des luttes au-delà de la corporation ou du secteur, à saboter l’identité de classe du prolétariat à travers la division entre les "cols blancs" et les "cols bleus" et à empêcher toute tentative d’auto-organisation du prolétariat.
5) C’est la bourgeoisie anglaise (la plus intelligente du monde), avec la politique de la "Dame de fer" (Margaret Thatcher) qui avait donné le "la" à la stratégie de la classe dominante des autres pays centraux pour stopper la dynamique de la lutte de classe :
- Grâce au travail de sabotage du syndicat des mineurs la classe dominante a enfermé les ouvriers dans une grève corporatiste, longue, épuisante et totalement isolée des autres secteurs de production. La défaite cuisante de la grève des mineurs a porté un coup brutal à toute la classe ouvrière de ce pays. Ce succès de la classe dominante en Grande Bretagne a servi de modèle pour la bourgeoisie des autres pays, et notamment en France, le pays d’Europe où le prolétariat est traditionnellement extrêmement combatif. La bourgeoisie française s’est inspirée de la politique de la "Dame de fer" visant à stopper la dynamique de la lutte de classe, en enfermant les ouvriers dans le corporatisme, et surtout en favorisant la tendance au "chacun pour soi" (qui a constitué un des premiers phénomènes de la décomposition du capitalisme).
- En 1986, du fait que les secteurs traditionnellement les plus combatifs et expérimentés du prolétariat français s’étaient affrontés à plusieurs reprises depuis Mai 68 au sabotage syndical (dans les mines, la sidérurgie, les transports, l’industrie automobile…), la bourgeoisie n’a pu utiliser une telle stratégie qu’en mettant en place des "coordinations", destinées à prendre le relai des grandes centrales syndicales discréditées.
- En Italie, là où le prolétariat de ce pays avait aussi mené des luttes massives très importantes (en particulier celles de l’"automne chaud" en 1969), la bourgeoisie avait également déployé la même politique d’enfermement dans le corporatisme en récupérant, après 1987, la coordination des travailleurs de l’Éducation.
- En France, malgré la défaite de la grève des cheminots en 1986 (grâce au sabotage des "coordinations" dans la SNCF), deux ans plus tard, en 1988, la combativité a explosé de nouveau dans un autre secteur de la fonction publique, celui des hôpitaux. Face au profond mécontentement général à l’égard des syndicats et au danger potentiel d’extension de cette lutte massive à toute la fonction publique, la classe dominante avait encore renforcé sa stratégie d’enfermement corporatiste et de division de la classe ouvrière. La bourgeoisie française a été capable d’utiliser une corporation hospitalière encore inexpérimentée et politiquement "arriérée", celle des infirmiers, pour enrayer toute tentative d’unification du mouvement dans les hôpitaux, en sabotant ainsi toute possibilité d’extension de la lutte aux autres secteurs de la fonction publique.
- Pour casser le mouvement dans les hôpitaux, la manœuvre de la bourgeoisie avait consisté à offrir aux seuls infirmiers un "pot de vin" (une augmentation de salaire de 350 francs par mois en débloquant un milliard de francs déjà prévu à l’avance) alors que les autres catégories de personnel hospitalier mobilisées dans le mouvement n’ont rien obtenu ! Cette défaite de la classe ouvrière, dans le contexte de la tendance historique au "chacun pour soi", n’a pu être infligée au prolétariat que grâce au sale travail de la "coordination infirmière", autoproclamée et mise en place immédiatement avec l’aide de la CFDT. Cet organe para syndical avait réussi à dévoyer la colère des infirmiers sur le terrain pourri de la défense de leur "statut" de "Bac+3" pour justifier une revalorisation de leur salaire alors que leur mouvement était parti contre le manque d’effectif et la dégradation des conditions de travail qui touchait aussi toutes les catégories de personnel des hôpitaux ("cols blancs" et "cols bleus"). (Voir notre brochure "Bilan de la lutte des infirmières : les coordinations, la nouvelle arme de la bourgeoisie")
Dans les autres pays d’Europe, y compris en Allemagne (notamment dans le secteur de l’industrie automobile), cette manœuvre de la bourgeoisie consistant à accorder des augmentations de salaires à une seule catégorie de prolétaires de la même entreprise, était destinée à diviser les ouvriers, à aggraver la concurrence entre eux, à saper leur solidarité de classe dans le but de les monter les uns contre les autres.
Mais pire encore, avec cette stratégie de division du prolétariat prônant le "chacun pour soi", la bourgeoisie et ses syndicats aux ordres ont cherché en permanence à faire passer les défaites de la classe ouvrière pour des victoires !
Les révolutionnaires ne doivent pas sous-estimer le machiavélisme de la bourgeoisie dans l’évolution du rapport de force entre les classes. Un tel machiavélisme ne peut que continuer à se développer avec l’aggravation des attaques contre toute la classe exploitée. La stagnation de la lutte de classe, puis son recul, à la fin des années 1980 résultait de la capacité de la classe dominante à retourner certaines manifestations de la décomposition de la société bourgeoise, notamment la tendance au "chacun pour soi", contre la classe ouvrière.
6) Depuis le reflux de la première vague de luttes, ce sont essentiellement les illusions démocratiques (entretenues par la contre-offensive de la bourgeoisie et le sabotage syndical) qui ont constitué le frein principal à la politisation des combats de la classe ouvrière.
Comme le met en avant l’article de la Revue Internationale n°23, "La lutte du prolétariat dans la période de décadence", la classe ouvrière est confrontée à plusieurs facteurs de difficulté pour la politisation de ses luttes : La véritable nature du prolétariat en tant que classe à la fois exploitée dépossédée de toute propriété, et révolutionnaire, a toujours signifié que la conscience de classe ne peut pas avancer de victoire en victoire mais peut uniquement se développer de façon inégale vers la victoire à travers une série de défaites, comme l’affirmait Rosa Luxemburg.
Dans la période de décadence :
- la classe ouvrière ne peut plus se donner des organisations de masse permanentes, partis politiques et syndicats ouvriers, pour défendre ses intérêts ;
- il n’y a plus de programme politique "minimum" comme dans la période ascendante, mais uniquement un programme "maximum". La démocratie bourgeoise et son cadre national ne sont plus un terrain pour l’action politique du prolétariat ;
- l’État bourgeois a appris à utiliser intelligemment les anciens partis politiques du prolétariat, qui ont trahi ce dernier, contre la politisation de la classe ouvrière.
Par ailleurs, dans la période actuelle :
- l’État bourgeois a appris à ralentir le rythme de la crise économique et à planifier ses attaques de concert avec les syndicats en déployant tous les moyens pour éviter une riposte unifiée de la classe ouvrière et une réappropriation des buts politiques ultimes de son combat contre le capitalisme.
- l’ensemble des forces du capitalisme se sont employées à faire barrage à la politisation de la classe ouvrière en l’empêchant de faire le lien entre ses luttes économiques de résistance à l’exploitation et le refus des ouvriers des pays centraux de se laisser embrigader par la politique de guerre de la bourgeoisie, une manœuvre particulièrement significative, au début des années 1980, avec les campagnes pacifistes contre la politique de "guerre des étoiles" de Reagan.
7) Alors que la 3e vague de luttes commençait à s’épuiser vers la fin des années 1980, un événement majeur dans la situation internationale, l’effondrement spectaculaire du bloc de l’Est et des régimes staliniens en 1989, a porté un coup brutal à la dynamique de la lutte de classe, modifiant ainsi de façon majeure le rapport de forces entre prolétariat et bourgeoisie au bénéfice de cette dernière. Cet évènement a marqué avec fracas l’entrée du capitalisme dans la phase ultime de sa décadence : celle de la décomposition. En s’effondrant, le stalinisme a rendu un dernier service à la bourgeoisie. Il a permis à la classe dominante de mettre un terme à la dynamique de la lutte de classe qui, avec des avancées et des reculs, s’était développée pendant deux décennies.
En effet, dans la mesure où ce n’est pas la lutte du prolétariat mais le pourrissement sur pied de la société capitaliste, qui avait mis fin au stalinisme, la bourgeoisie a pu exploiter cet évènement pour déchainer une gigantesque campagne idéologique visant à perpétuer le plus grand mensonge de l’Histoire : l’identification du communisme au stalinisme. Ce faisant, la classe dominante a porté un coup extrêmement violent à la conscience du prolétariat. Les campagnes assourdissantes de la bourgeoisie sur la prétendue "faillite du communisme" ont provoqué une régression du prolétariat dans sa marche en avant vers sa perspective historique de renversement du capitalisme. Elles ont porté un coup à son identité de classe.
Ce profond recul de la conscience et de la lutte de classe s’est manifesté par une baisse de la combativité ouvrière dans tous les pays, un renforcement des illusions démocratiques, un très fort regain de l’emprise des syndicats et une très grande difficulté du prolétariat à reprendre le chemin de ses luttes massives malgré l’aggravation de la crise économique, la montée du chômage, de la précarité, et la dégradation générale de toutes ses conditions de vie dans tous les secteurs et tous les pays.
Par ailleurs, avec l’entrée du capitalisme dans la phase ultime de sa décadence, le prolétariat devait désormais faire face aux miasmes de la décomposition de la société bourgeoise qui affectent sa capacité à retrouver le chemin de sa perspective révolutionnaire. Sur le plan idéologique, "Les différents éléments qui constituent la force du prolétariat se heurtent directement aux diverses facettes de cette décomposition idéologique :
- l’action collective, la solidarité, trouvent en face d’elles l’atomisation, le "chacun pour soi", la "débrouille individuelle" ;
- le besoin d’organisation se confronte à la décomposition sociale, à la déstructuration des rapports qui fondent toute vie en société ;
- la confiance dans l’avenir et en ses propres forces est en permanence sapée par le désespoir général qui envahit la société, par le nihilisme, par le "no future" ;
- la conscience, la lucidité, la cohérence et l’unité de la pensée, le goût pour la théorie, doivent se frayer un chemin difficile au milieu de la fuite dans les chimères, la drogue, les sectes, le mysticisme, le rejet de la réflexion, la destruction de la pensée qui caractérisent notre époque." (Thèses sur la décomposition, Revue internationale n° 62)
Avec le recul de sa perspective révolutionnaire et de son identité de classe, le prolétariat a aussi largement perdu sa confiance en lui-même et en ses capacités à s’affronter efficacement au capitalisme pour défendre ses conditions d’existence.
8) Un des facteurs objectifs ayant aggravé la perte d’identité de classe du prolétariat a été constitué par les politiques de délocalisation et de restructuration de l’appareil productif dans les principaux pays d’Europe occidentale et aux États-Unis. Les grandes concentrations ouvrières ont été démantelées avec la fermeture des bassins miniers, des aciéries, de l’automobile, etc., dans les secteurs où la classe ouvrière avait traditionnellement mené des luttes massives et très combatives. Cette désertification industrielle a été accompagnée par le renforcement des campagnes idéologiques sur la fin de la lutte de classe, et donc de toute perspective révolutionnaire. Ces campagnes de la bourgeoisie ont pu se développer grâce aux partis staliniens ou sociaux-démocrates qui, pendant des décennies, ont identifié la classe ouvrière aux seuls "cols bleus", masquant ainsi que c’est le salariat et l’exploitation de la force de travail qui définit la classe ouvrière. Par ailleurs, avec le développement des nouvelles technologies, le prolétariat en "col blanc" est beaucoup plus dispersé dans de petites unités de production, rendant plus difficiles le surgissement de luttes massives.
Dans une telle situation de recul de la conscience de classe du prolétariat et de l’éloignement de sa perspective révolutionnaire, le chacun pour soi et la concurrence pour survivre au milieu du marasme économique croissant, tendent à dominer.
L’aggravation du chômage et de la précarité a également fait apparaître le phénomène d’"uberisation" du travail. En passant par l’intermédiaire d’une plateforme Internet pour trouver un emploi, l’ubérisation déguise la vente de la force de travail à un patron en une forme "d’auto-entreprise", tout en renforçant la paupérisation et la précarité des "auto-entrepreneurs". L’ubérisation du travail individuel renforce l’atomisation, la difficulté de faire grève, du fait que l’auto-exploitation de ces travailleurs entrave considérablement leur capacité à lutter de façon collective et à développer la solidarité face à l’exploitation capitaliste.
9) Avec la faillite de la banque Lehman Brothers et la crise financière de 2008, la bourgeoisie a pu enfoncer encore un coin dans la conscience du prolétariat en développant une nouvelle campagne idéologique à l’échelle mondiale destinée à instiller l’idée (mise en avant par les partis de gauche) que ce sont les "banquiers véreux" qui sont responsables de cette crise, tout en faisant croire que le capitalisme est personnifié par les traders et le pouvoir de l’argent.
La classe dominante a pu ainsi masquer les racines de la faillite de son système. Elle a cherché d’une part, à amener la classe ouvrière sur le terrain de la défense de l’État "protecteur", les mesures de sauvetage des banques étant censées protéger les petits épargnants. D’autre part, cette politique de sauvetage des banques a été également utilisée, notamment par la gauche, pour montrer du doigt les gouvernements qui cherchent à défendre les banquiers et le monde de la finance.
Mais au-delà de ces mystifications, l’impact de cette campagne sur la classe ouvrière a consisté à renforcer son impuissance face à un système économique impersonnel dont les lois générales s’apparentent à des lois naturelles qui ne peuvent être contrôlées ou modifiées.
10) Le déchainement des conflits impérialistes, au Proche et Moyen Orient, de même que la misère absolue des masses paupérisées des pays du continent africain, ont fait déferler sur les pays d’Europe occidentale un flot croissant de réfugiés. De l’autre côté de l’Atlantique, l’enfoncement du capitalisme dans la décomposition s’est illustré également par l’exode de vagues de migrants des pays d’Amérique latine vers les États-Unis.
Face à ces manifestations de la décomposition de la société capitaliste, un nouveau danger est apparu pour le prolétariat : l’idéologie populiste basée sur une politique "identitaire" attaquant la solidarité du prolétariat en véhiculant l’illusion que, face à l’aggravation de la crise, et de la "réduction des ressources", les populations autochtones ne peuvent éviter le pire qu’au détriment des autres couches non-exploiteuses de la population. Cette politique se traduit par le protectionnisme, la stigmatisation des immigrés comme "profiteurs de l’État-Providence" et la fermeture des frontières aux vagues de migrants.
Le rejet de plus en plus ouvert des partis bourgeois traditionnels et des "élites", n’a pas débouché sur une politisation du prolétariat sur son terrain de classe mais par une tendance à rechercher des hommes "nouveaux" sur le terrain électoral de la démocratie bourgeoise, Ces "hommes nouveaux" sont en grande partie des démagogues populistes et des aventuriers (comme Donald Trump). La montée des partis d’extrême-droite dans plusieurs pays d’Europe, de même que l’arrivée au pouvoir de Trump aux États-Unis, élu avec de nombreux suffrages des ouvriers de la "ceinture de la rouille", révèle que certaines franges du prolétariat (particulièrement frappées par le chômage) peuvent être intoxiquées par le poison du populisme, de la xénophobie, du nationalisme et de toutes les idéologies réactionnaires et obscurantistes qui émanent du fumier nauséabond de la putréfaction du capitalisme.
La tendance au chacun pour soi et à la dislocation de la société s’est également manifestée par le danger d’embrigadement de certains secteurs du prolétariat derrière les drapeaux nationaux ou régionaux (comme ce fut le cas lors de la crise indépendantiste en Catalogne en 2018).
11) Du fait de la grande difficulté actuelle de la classe ouvrière à développer ses luttes, de son incapacité pour le moment à retrouver son identité de classe et à ouvrir une perspective pour l’ensemble de la société, le terrain social tend à être occupé par des luttes interclassistes particulièrement marquées par la petite bourgeoisie. Cette couche sociale sans devenir historique ne peut que véhiculer l’illusion d’une possibilité de réformer le capitalisme en revendiquant un capitalisme "à visage humain", plus démocratique, plus juste, plus propre, plus soucieux des pauvres et de la préservation de la planète.
Ces mouvements interclassistes sont le produit de l’absence de toute perspective qui touche aujourd’hui la société dans son ensemble, y compris une partie importante de la classe dirigeante elle-même.
La révolte populaire des "Gilets Jaunes" en France contre "la vie chère" de même que le mouvement international de la "jeunesse pour le climat" (Youth for climate) constituent une illustration du danger de l’interclassisme pour le prolétariat. La révolte citoyenne des "Gilets Jaunes" (soutenue et encouragée, au début, par tous les partis de la droite et de l’extrême-droite) a révélé la capacité de la bourgeoisie à utiliser les mouvements sociaux interclassistes contre la conscience du prolétariat.
En débloquant une enveloppe de 10 milliards d’euros face au chaos accompagnant les manifestations des Gilets Jaunes, la bourgeoisie française et ses médias ont pu instiller, de façon insidieuse, l’idée que seuls les mouvements citoyens, interclassistes, et les méthodes de luttes propres à la petite bourgeoisie peuvent faire reculer le gouvernement.
Face à l’accélération des attaques économiques contre la classe exploitée, et au danger du resurgissement des luttes ouvrières, la bourgeoisie cherche aujourd’hui à gommer les antagonismes de classe. En tentant de noyer et diluer le prolétariat dans "la population des citoyens", la classe dominante vise à l’empêcher de retrouver son identité de classe. La médiatisation internationale du mouvement des Gilets Jaunes révèle que c’est une préoccupation de la bourgeoisie de tous les pays.
Le mouvement de la jeunesse pour le climat, bien qu’exprimant une préoccupation globale et une inquiétude face à la menace de destruction de l’humanité, est totalement dévoyé sur le terrain des luttes parcellaires, facilement récupérables par la bourgeoisie et très fortement marquées par la petite bourgeoisie.
- "Seul le prolétariat porte en lui une perspective pour l’humanité et, en ce sens, c’est dans ses rangs qu’il existe les plus grandes capacités de résistance à cette décomposition. Cependant, lui-même n’est pas épargné, notamment du fait que la petite-bourgeoisie qu’il côtoie en est justement le principal véhicule. Durant cette période, son objectif sera de résister aux effets nocifs de la décomposition en son propre sein en ne comptant que sur ses propres forces, sur sa capacité à se battre de façon collective et solidaire en défense de ses intérêts en tant que classe exploitée" (Thèses sur la décomposition)
Le combat pour l’autonomie de classe du prolétariat est crucial dans cette situation imposée par l’aggravation de la décomposition du capitalisme :
- contre les luttes interclassistes ;
- contre les luttes parcellaires mises en avant par toutes sortes de catégories sociales donnant une fausse illusion de "communauté protectrice" ;
- contre les mobilisations sur le terrain pourri du nationalisme, du pacifisme, de la réforme "écologique", etc.
Dans le rapport de forces entre la bourgeoisie et le prolétariat, c’est toujours la classe dominante qui est à l’offensive, sauf dans une situation révolutionnaire. Malgré ses difficultés internes et la tendance croissante à la perte de contrôle de son appareil politique, la bourgeoisie a été capable de retourner les manifestations de la décomposition de son système contre la conscience et l’identité de classe du prolétariat. La classe ouvrière n’a donc pas encore surmonté le profond recul qu’elle a subi depuis l’effondrement du bloc de l’Est et des régimes staliniens. Et ce d’autant plus que les campagnes démocratiques et anti-communistes, entretenues sur le long terme, ont été régulièrement remises au goût du jour (par exemple à l’occasion du centenaire de la Révolution d’Octobre 1917).
12) Néanmoins, malgré trois décennies de recul de la lutte de classe, la bourgeoisie n’est pas parvenue à infliger jusqu’à présent une défaite décisive à la classe ouvrière, comme ce fut le cas dans les années 1920-30. Malgré la gravité des enjeux de la période historique actuelle, la situation n’est pas identique à celle de la période de contre-révolution. Le prolétariat des pays centraux n’a pas subi de défaite physique (comme ce fut le cas lors de l’écrasement sanglant de la révolution en Allemagne au cours de la première vague révolutionnaire de 1917-23). Il n’a pas été massivement embrigadé derrière les drapeaux nationaux. La grande majorité des prolétaires ne sont pas prêts à sacrifier leur vie sur l’autel de la défense du capital national. Dans les grands pays industrialisés, aux États-Unis comme en Europe, les masses prolétariennes n’ont pas adhéré aux croisades impérialistes (et soi-disant "humanitaires") de "leur" bourgeoisie nationale.
La lutte de classe du prolétariat est faite d’avancées et de reculs au cours desquels la classe ouvrière s’efforce de surmonter ses défaites, d’en tirer les leçons pour repartir de nouveau au combat. Comme l’affirmait Marx dans le 18 Brumaire, "Les révolutions bourgeoises, comme celles du XVIII° siècle, se précipitent rapidement de succès en succès, (…) Les révolutions prolétariennes, par contre, comme celles du XIX° siècle, se critiquent elles-mêmes constamment, interrompent à chaque instant leur propre cours, reviennent sur ce qui semble déjà être accompli pour le recommencer à nouveau, raillent impitoyablement les hésitations, les faiblesses et les misères de leurs premières tentatives, paraissent n’abattre leur adversaire que pour lui permettre de puiser de nouvelles forces de la terre et de se redresser à nouveau, formidable, en face d’elles, reculent constamment à nouveau devant l’immensité infinie de leurs propres buts, jusqu’à ce que soit créée enfin la situation rendant impossible tout retour en arrière, et que les circonstances elles-mêmes crient : Hic Rhodus, hic salta !"
Ces "circonstances" qui doivent créer "la situation rendant impossible tout retour en arrière", seront déterminées, en premier lieu, par l’épuisement des palliatifs qui ont permis jusqu’à présent à la bourgeoise de freiner l’effondrement de l’économie mondiale. En effet, pour que soient créées les conditions de surgissement d’une période de luttes révolutionnaires, il faut "que les exploiteurs ne puissent pas vivre et gouverner comme autrefois. C’est seulement lorsque "ceux d’en bas" ne veulent plus et que "ceux d’en haut" ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher." (Lénine, La Maladie infantile…)
L’aggravation inexorable de la misère, de la précarité, du chômage, les atteintes à la dignité des exploités dans les années à venir constituent la base matérielle qui pourra pousser les nouvelles générations de prolétaires à retrouver le chemin des combats menés par les générations précédentes pour la défense de toutes leurs conditions d’existence. Malgré tous les dangers qui menacent le prolétariat, la période de décomposition du capitalisme n’a pas mis fin aux "circonstances" objectives qui ont constitué l’aiguillon des combats révolutionnaires du prolétariat depuis le début du mouvement ouvrier.
13) L’aggravation de la crise économique a d’ores et déjà fait apparaître une nouvelle génération sur la scène sociale, même si c’est encore de façon très limitée et embryonnaire : en 2006, le mouvement des étudiants en France contre le CPE, suivi cinq ans plus tard par le mouvement des "Indignés" en Espagne. Ces deux mouvements massifs de la jeunesse prolétarienne ont retrouvé spontanément les méthodes de luttes de la classe ouvrière, notamment la culture du débat dans les assemblées générales massives ouvertes à tous.
Ces mouvements ont également été caractérisés par la solidarité entre les générations (alors que le mouvement des étudiants de la fin des années 1960, très fortement marqué par le poids de la petite bourgeoisie, s’était développé contre la génération qui avait été embrigadée dans la guerre).
Si, dans le mouvement contre le CPE, la grande majorité des étudiants en lutte contre la perspective du chômage et de la précarité, s’est reconnue comme faisant partie de la classe ouvrière, les Indignés en Espagne (bien que leur mouvement se soit étendu à l’échelle internationale grâce aux réseaux sociaux) n’avaient pas une claire conscience d’appartenir à la classe exploitée.
Alors que le mouvement massif contre le CPE était une riposte prolétarienne à une attaque économique (qui a obligé la bourgeoisie à reculer en retirant le CPE), celui des Indignés était marqué essentiellement par une réflexion globale sur la faillite du capitalisme et la nécessité d’une autre société.
Au sein de cette nouvelle génération, l’identité de classe du prolétariat n’a pas encore été retrouvée du fait du manque d’expérience de cette jeune génération, de sa vulnérabilité aux mystifications de l’idéologie "altermondialiste" et de sa difficulté à se réapproprier l’histoire et l’expérience du mouvement ouvrier.
Néanmoins, ces mouvements avaient commencé à poser les premiers jalons d’une lente maturation de la conscience au sein de la classe ouvrière (et notamment de ses jeunes générations hautement qualifiées) des enjeux de la situation historique présente
14) Une caractéristique essentielle du développement de la conscience de classe du prolétariat a toujours été sa capacité de maturation souterraine, c’est-à-dire l’aptitude à se développer en dehors des périodes de luttes ouvertes et même dans des périodes de défaites majeures. La conscience de classe peut se développer en profondeur, dans de petites minorités, sans qu’elle ne s’étende largement dans l’ensemble du prolétariat. Le développement de la conscience de classe ne doit donc pas être mesuré uniquement par son extension immédiate dans la classe à une période donnée, mais également à travers sa continuité historique. Comme nous l’avions affirmé dans l’article de la Revue internationale n°42 "Débat interne : "Les glissements centristes vers le conseillisme" : "Il est nécessaire de distinguer ce qui relève d’une continuité dans le mouvement historique du prolétariat – l’élaboration progressive de ses positions politiques et de son programme –, de ce qui est lié aux facteurs circonstanciels – l’étendue de leur assimilation et de leur impact dans l’ensemble de la classe."
L’existence et le maintien déterminé des organisations de la Gauche communiste jusqu’à présent, dans les conditions difficiles de la décomposition du capitalisme, expriment cette capacité souterraine de la conscience de classe à développer son mouvement historique dans une période de profonde désorientation du prolétariat comme celle que nous vivons aujourd’hui.
Cette maturation souterraine de la conscience de classe du prolétariat se manifeste également aujourd’hui par l’émergence de petites minorités et de jeunes éléments à la recherche d’une perspective de classe et des positions de la Gauche communiste.
Les organisations de la Gauche communiste ne doivent pas passer à côté de ces petites minorités, même si elles apparaissent comme insignifiantes. Le processus de décantation dans le période de décomposition du capitalisme est beaucoup lent et heurté qu’il ne l’était à la fin des années 1960 et au début des années 1970.
Malgré les effets délétères de la décomposition et les dangers qui guettent le prolétariat, "Aujourd’hui, la perspective historique reste totalement ouverte. Malgré le coup porté par l’effondrement du bloc de l’Est à la prise de conscience du prolétariat, celui-ci n’a subi aucune défaite majeure sur le terrain de sa lutte. (…) Mais en outre, et c’est là l’élément qui détermine en dernier ressort l’évolution de la situation mondiale, le même facteur qui se trouve à l’origine du développement de la décomposition, l’aggravation inexorable de la crise du capitalisme, constitue le stimulant essentiel de la lutte et de la prise de conscience de la classe, la condition même de sa capacité à résister au poison idéologique du pourrissement de la société. En effet, autant le prolétariat ne peut trouver un terrain de rassemblement de classe dans des luttes partielles contre les effets de la décomposition, autant sa lutte contre les effets directs de la crise elle-même constitue la base du développement de sa force et de son unité de classe" (Thèses sur la décomposition)
15) Dans les luttes économiques et défensives du prolétariat "Parfois, les ouvriers triomphent ; mais c’est un triomphe éphémère. Le résultat véritable de leurs luttes est moins le succès immédiat que l’union grandissante des travailleurs. Cette union est facilitée par l’accroissement des moyens de communication qui sont créés par une grande industrie et qui permettent aux ouvriers de localités différentes de prendre contact. Or, il suffit de cette prise de contact pour centraliser les nombreuses luttes locales, qui partout revêtent le même caractère, en une lutte nationale, en une lutte de classes. Mais toute lutte de classes est une lutte politique, et l’union que les bourgeois du Moyen-âge mettaient des siècles à établir avec leurs chemins vicinaux, les prolétaires modernes la réalisent en quelques années grâce aux chemins de fer. Cette organisation du prolétariat en classe, et donc en parti politique, est sans cesse détruite de nouveau par la concurrence que se font les ouvriers entre eux. Mais elle renaît toujours, et toujours plus forte, plus ferme, plus puissante" (Manifeste communiste).
"L’accroissement des moyens de communications" permettant aux ouvriers de "prendre contact" pour "centraliser les luttes locales" ne sont plus les chemins de fer, comme du temps de Marx, mais les nouvelles technologies numériques de télécommunication.
En fait, si les effets de la "mondialisation", les délocalisations, la disparition de pans entiers de l’industrie, la dispersion en une multitude de petites unités productives, la multiplication de petits emplois dans les services, la précarité et l’ubérisation du travail ont contribué à porter un coup à l’identité de classe du prolétariat des vieilles métropoles industrielles, les nouvelles conditions économiques, technologiques et sociales dans lesquelles il se trouve aujourd’hui contiennent des éléments favorables à une reconquête de cette identité de classe à une échelle bien plus vaste que par le passé. La "mondialisation" et surtout le développement de l’Internet, la création d’une sorte de "réseau mondial" des connaissances, des compétences, des collaborations dans le travail en même temps que les voyages de masse créent les bases objectives pour le développement d’une identité de classe à l’échelle planétaire, particulièrement pour les nouvelles générations prolétariennes.
16) Une des raisons majeures pour lesquelles le prolétariat n’a pas été en mesure de développer ses luttes et sa conscience au niveau requis par la gravité de la situation historique, est la rupture de la continuité politique avec le mouvement ouvrier du passé (et notamment de la première vague révolutionnaire de 1917-23). Cette rupture a été illustrée par la faiblesse des organisations révolutionnaires du courant de la Gauche communiste qui avait combattu le stalinisme dans les années 1920-30.
C’est dire la responsabilité énorme qui repose sur la Gauche communiste comme pont entre l’ancien parti qui a disparu (la 3e Internationale) et le futur parti du prolétariat. Sans la constitution de ce futur parti mondial, la révolution prolétarienne sera impossible et l’humanité finira par être engloutie par la barbarie guerrière ou/et la lente décomposition de la société bourgeoise.
- "Théoriquement, les communistes ont sur le reste du prolétariat l’avantage d’une intelligence claire des conditions, de la marche et des fins générales du mouvement prolétarien dans son ensemble" (Manifeste communiste).
Mai 2019