Soumis par Révolution Inte... le
“Harvey”, “Irma”, “Maria”, trois ouragans majeurs en l’espace d’un peu plus d’un mois ont touché des îles de la mer des Caraïbes et plusieurs États du territoire des États-Unis ; ces ouragans sont qualifiés de majeurs parce que le vent dépasse 180 km/h et qu’ont lieu des précipitations considérables qui impliquent la dévastation de tous les bâtiments qui n’ont pas été conçus pour leur résister et des territoires qui n’ont pas été protégés contre la montée des eaux. Ces trois ouragans (dont le cœur n’est passé sur aucune grande ville contrairement à Katrina en 2005 qui avait touché de plein fouet la Nouvelle-Orléans) ont entrainé la mort d’au moins 150 personnes et ont provoqué des dégâts considérables : 95 % des bâtiments de l’île franco-néerlandaise de Saint-Martin étaient rendus inutilisables après le passage “d’Irma” et après le passage de “Maria”, l’île américaine de Porto Rico (3,4 millions d’habitants) s’est retrouvée sans eau, sans électricité et avec des moyens de communication détruits. Les îles de Barbuda et la Dominique sont complètement détruites.
Aujourd’hui, si l’on sait que les ouragans tropicaux font partie de la dynamique des masses d’air océaniques, l’ensemble des grands instituts d’observation et d’études du climat affirment que c’est le réchauffement climatique qui explique le nombre toujours plus important d’ouragans majeurs (aux États-Unis, les trois ouragans les plus coûteux de l’histoire ont eu lieu en une décennie) de même qu’il explique la force croissante des ouragans les plus violents. Ainsi, “Irma” est l’un des ouragans les plus violents que la Terre ait connu, à tel point que les spécialistes pensent qu’il faudrait ajouter des degrés à l’échelle de Saffir-Simpson qui mesure la force des ouragans de 1 à 5, et que la quantité d’eau qui est tombée sur Houston lors du passage d’Harvey est la plus forte enregistrée en un laps de temps aussi court dans l’histoire des États-Unis.
L’ensemble des organismes de recherche et les autorités politiques qui reconnaissent l’influence du réchauffement climatique sur la violence des ouragans affirment en même temps que ce réchauffement climatique est dû “aux activités humaines” rendant ainsi responsables de cette évolution catastrophique tous les hommes, tant les exploités que la classe dominante. Ces messieurs occultent ainsi le fait que dans le capitalisme, c’est la production et le profit qui orientent les activités humaines et que cette tendance destructrice est d’autant plus impérative en période de crise économique.
L’affirmation selon laquelle ce seraient les activités humaines en général qui seraient la cause du réchauffement climatique et de ses conséquences est d’autant plus odieuse que les populations les plus touchées par les ouragans sont particulièrement les plus démunies. Quand les îles des Caraïbes ne sont pas des destinations particulièrement prisées par le tourisme, ce sont des territoires qui ont beaucoup de caractéristiques des pays sous-développés, que ces îles soient indépendantes ou qu’elles appartiennent à un pays développé. Ses habitants ont le plus souvent un revenu très bas (46 % de la population de Porto Rico vit en dessous du seuil de pauvreté) et 28 % de la partie française de l’île de Saint-Martin est au chômage. Les habitants de ces territoires n’ont donc pas pu construire des habitations résistantes à des phénomènes météorologiques aussi extrêmes et les États auxquels ces territoires appartiennent ne les ont évidemment pas aidés à construire des habitations plus solides, même s’ils savent depuis bien longtemps que ces îles sont sur le passage habituel d’ouragans majeurs. La recherche d’économies permet également de comprendre que non seulement des brèches se soient formées dans des digues à proximité de Houston (quatrième ville des États-Unis), mais que des bassins de retenue construits pour contenir l’eau en cas d’inondations se soient révélés trop petits et ont débordé, répandant dans des lieux habités des eaux nauséabondes.
En fait, et c’est bien la preuve d’une dynamique générale qui est celle du capitalisme, on retrouve la même réalité sordide, avec les conséquences du tremblement de terre dans le centre du Mexique. Mexico a été touché dans le passé par de nombreux tremblements de terre (dont un en 1985 qui a fait plus de 10 000 morts) mais pas plus avant 1985 que depuis cette date, les normes antisismiques de construction n’ont été respectées, y compris dans les bâtiments publics comme ces quinze écoles qui se sont effondrées. C’est au sein de l’une d’elles que l’on a vu sur toutes les télévisions du monde des dizaines d’enfants ensevelis. Cet odieux spectacle a été instrumentalisé par la propagande pour mettre en évidence la manière dont les secours sont mis en œuvre.
En réalité, contrairement à tout le battage médiatique mettant en avant les secours, ces derniers se révèlent toujours lents et en retard. Les raisons qui expliquent cette lenteur sont les mêmes que celles qui expliquent l’absence de mesures de prévention tant par rapport aux ouragans qu’aux tremblements de terre. Alors que, sur le terrain de la catastrophe, beaucoup de personnes sont terrorisées par ce qu’elles ont vécu, qu’elles sont hébétées, se retrouvant quelquefois avec leurs enfants au milieu d’un champ de ruines, les secours ne sont intervenus et encore très progressivement qu’au bout de plusieurs jours ! Quelle est la raison d’une telle lenteur ? Les phrases et attitudes méprisantes de Trump par rapport aux victimes de Houston et Porto Rico (il a affirmé que l’île n’avait pas connu de véritable catastrophe et qu’elle avait grevé le budget fédéral) représente à peine une caricature de l’attitude de la classe dominante et de ses États. En effet, les problèmes de compétitivité du capital national et de défense nationale sont à ses yeux infiniment bien plus importants que le fait de sauver des vies humaines. Si le fait d’installer des secours avant la catastrophe a traversé l’idée d’une quelconque autorité, le fait de les acheminer à temps était impossible parce qu’il n’y avait pas de bâtiment assez solide où ils auraient pu être cantonnés, comme ce fut le cas dans la partie française de l’île Saint-Martin ! La lenteur et la faiblesse des secours ont été encore plus significatives après les tremblements de terre au centre et au sud du Mexique, alors que, dans ce cas, aucune difficulté géographique n’existe qui puisse expliquer cette lenteur. En fait, que ce soit au Mexique, dans les îles des Caraïbes, les premiers secours ont été apportés par les habitants eux-mêmes, poussés par leur solidarité, à la mesure de ce qu’ils pouvaient faire.
Une grande partie de la bourgeoisie est consciente des problèmes environnementaux, notamment du réchauffement climatique. Elle ne peut rester les bras croisés sans craindre le coût catastrophique que ce réchauffement climatique annonce et qu’elle sera obligée de ponctionner sur les prolétaires. De même, il est clair que tant le coût considérable de la reconstruction après le passage des ouragans (aux 200 milliards après les ouragans “Harvey” et “Irma” pour les États-Unis, il faut rajouter le coût de la reconstruction après le passage de “Maria”) que la pollution des villes chinoises qui sont un handicap pour les capacités de travail des ouvriers constituent de réels soucis pour la bourgeoisie. Mais, en dehors de la prise de mesures ponctuelles comme la diminution de consommation de charbon dans certaines régions en Chine, le coût que représenteraient des mesures réellement susceptibles d’inverser le réchauffement climatique est impossible du fait qu’elles ne sont pas rentables. Les grandes déclarations ou accords comme la COP21 ne sont, pour l’essentiel, qu’un jeu diplomatique où chaque bourgeoisie essaie de renforcer avec cynisme son influence. Il est tout à fait significatif que l’émission de gaz carbonique, principal gaz à effet de serre, ait continué à augmenter au même rythme en 2016 que dans les années précédentes et que la déforestation de l’Amazonie s’est accélérée cette même année ! Seul le communisme, parce qu’il est un système de production pour les besoins humains et non pour l’obtention du profit pourra prendre les mesures capables d’inverser la terrible crise écologique qui menace l’humanité.
En fait, ce que nous ont montré les différentes fractions de la bourgeoisie par leurs réactions aux dévastations provoquées par les ouragans, est à l’image des charognards et leur utilisation du désastre n’est là que pour renforcer leur propre crédibilité. C’est évidemment le cas de Trump tout comme de Macron qui vont s’exhiber dans les zones sinistrées.
Vitaz, 26 octobre 2017