Soumis par Révolution Inte... le
Comme son prédécesseur, le gouvernement socialiste a profité de l’été pour mobiliser ses flics contre les Roms. Les forces de répression se sont ainsi livrées à une véritable “chasse à l’homme” dans les banlieues de Lille et de Lyon. Rien de tel, en effet, que la période estivale, où les gens sont en vacances, pour utiliser la politique du “nettoyage au Kärcher” sans risquer de trop fortes oppositions de la part des populations !
Le fait que les socialistes poursuivent la même politique que l’UMP ne doit surprendre personne. Dans les années 1980, le gouvernement socialiste avait déjà instauré un véritable arsenal répressif contre les immigrés (1). L’association “La voix des Roms” a d’ailleurs pu ironiser sur le fait que le nouveau ministre de l’Intérieur Manuel Valls “pourrait porter les couleurs de l’UMP en 2017”. Il ne s’agit donc nullement d’une “trahison”, même si, pendant sa campagne présidentielle, François Hollande avait hypocritement déclaré : “On ne peut pas continuer à accepter que des familles soient chassées d’un endroit sans solution” (2).
En réalité, l’acharnement sur les populations fragiles, comme celle des Roms, très marginalisées et faciles à criminaliser, est une pratique généralisée de la bourgeoisie. Tous les gouvernements, partout, quelle que soit leur couleur politique, sont obsédés par “l’ordre public” et recherchent sans cesse des bouc émissaires face à la crise. Ainsi, presque au moment même où Valls et ses flics réprimaient en France, la police grecque engageait à Athènes une vaste opération de chasse aux migrants, baptisée “Xénos Zeus”, au cours de laquelle elle a arrêté 1595 personnes et interpellé 6000 autres. Tout cela pour criminaliser et rendre responsables de la situation sociale dramatique les sans-papiers qui sont, en réalité, les premières victimes de la crise économique ! C’est dans ce sens que le ministre grec Nikos Denias a tenu ces propos nauséabonds : “Au nom de votre patriotisme et de l’instinct de survie du citoyen grec, je vous demande de soutenir cet effort. La question de l’immigration illégale est l’un des grands problèmes du pays (!) avec celui de l’économie” (3). La violence de la police grecque a été telle qu’un Irakien traqué a même trouvé la mort.
La bourgeoisie italienne utilise les mêmes méthodes de chasse aux Roms : très régulièrement, des camps sont brutalement détruits à Milan et à Rome. En Allemagne, même si le passé nazi de ce pays impose une certaine discrétion, les 10 000 Roms qui avaient fui la guerre au Kosovo attendent, dans la crainte, d’être chassés car Berlin a décidé d’opérer des expulsions à hauteur de 2500 personnes par an. Même dans un pays “social” comme la Suède, où 80 % des Roms sont sans emploi, la simple mendicité est un prétexte à l’expulsion. Cinquante Roms on déjà été expulsés cette année (4). On pourrait multiplier les exemples où la terreur, la traque et le mépris sont la règle.
La mise “sous surveillance” de la France par la Commission européenne à propos de la “gestion” des Roms n’est donc qu’une pure hypocrisie, tout comme les propos mensongers et complices des politiciens qui adoptent les mêmes tactiques de communication pour mystifier les populations. Ainsi, Manuel Valls, qui prétend pourtant que sa politique n’a “rien à voir” avec la méthode de Nicolas Sarkozy, utilise exactement les mêmes propos défensifs que Bernard Kouchner lorsqu’il défendait l’ancien président pour couvrir des pratiques identiques : “Jamais le Président de la République n’a stigmatisé une minorité en fonction de son origine” (5). Un véritable copier-coller ! De même, Michel Rocard, à l’époque où œuvrait l’équipe Sarkozy, s’exclamait : “On n’a pas vu cela depuis les nazis !” En réponse, les mêmes prétextes à propos de “l’insalubrité”, de la “criminalité” et des “troubles à l’ordre public” étaient invoqués par la majorité au pouvoir.
En réalité, derrière les discours creux et hypocrites se cache la froide et insensible mécanique du capital. La classe ouvrière ne peut qu’exprimer son indignation et sa colère face à une telle inhumanité.
1) Loi Joxe, arrestation et reconduites aux frontières par charters entiers sous la houlette de la ministre Édith Cresson, etc.
2) Cité in www.ldh-france.org
5) Cité in RI no 415.