Soumis par Revue Internationale le
Nous considérons ce texte comme un outil de travail et non comme quelque chose de complet ou d’achevé. Certaines positions sont seulement affirmées, d'autres esquissées. Cependant nous sommes convaincus qu'il pourra constituer une base pour une discussion correcte sur la "période de transition".
Dans "l'Idéologie Allemande", Marx écrivait : "La révolution n'est pas nécessaire uniquement parce que la classe dominante ne peut pas être abattue autrement, mais aussi parce que c'est seulement dans une révolution que la classe qui l'abat peut "réussir à se débarrasser de toute la saleté qu'elle hérite et devenir capable de jeter les bases de la société nouvelle".
Cependant l'insurrection prolétarienne, l'affrontement et l'attaque armée contre le pouvoir bourgeois, nécessités indispensables, ne sont que les premiers pas inévitables d'un PROCESSUS DYNAMIQUE qui doit conduire, en fin de compte, au triomphe du communisme de la société sans classe dans laquelle "le libre épanouissement de chacun est la condition du libre épanouissement de tous".
La révolution prolétarienne est une "révolution politique à âme sociale. La révolution est un acte politique. Le socialisme ne peut être réalisé sans révolution. Il nécessite cet acte politique dans la mesure où il a besoin de détruire et de dissoudre. Mais il se débarrasse de son enveloppe politique dès le début de son activité organisatrice, dès qu'il poursuit son but propre, dès que se révèle son âme."
L'acte politique est donc l'irruption victorieuse d'une classe née et forgée dans les entrailles même du capitalisme, l'affirmation de cette classe qui en s'émancipant émancipera toute l'humanité.
Le prolétariat, en s'érigeant en nouvelle classe dominante à travers révolution, ne vise pas à instaurer un nouveau rapport d'oppression d'une classes à une autre mais à supprimer toutes les conditions inhumaines de vie la société actuelle et qu'elle résume dans sa propre condition."
L'abattement du pouvoir bourgeois n'est pas DEJA LE COMMUNISME, mais est uniquement le premier pas d'un processus plus ou moins long et difficile. "Entre la société capitaliste et la société communiste il y a la période de la transformation révolutionnaire de l'une en l'autre. Il lui correspond aussi une période politique transitoire dont l'Etat ne peut être autre que la dictature révolutionnaire du prolétariat" (Marx, Critique du Programme de Gotha).
Dans l'histoire du mouvement communiste, le prolétariat est parvenu à deux reprises à abattre l'Etat bourgeois, à mettre sa dictature à l'ordre du jour: la Commune de Paris et la révolution russe.
Ces deux expériences ont été défaites, la première directement par la force des armes dans un massacre généralisé, la seconde dans des bains de sang non moins important, mais moins "visibles", dans une lente dégénérescence des objectifs initiaux, étouffée dans sa potentialité par l'absence de la révolution en Occident, condamnée à assumer des tâches qui n'étaient pas les siennes, la combativité prolétarienne se voyant réduite à une résistance toujours plus passive : dans le cas de la Russie ce fut un recul lent (et donc moins évident que pour la Commune de Paris), réalisée au nom du communisme (et ce fut là la pire tragédie), qui conduisit à la honte du stalinisme. "Il était facile de faire la révolution en Russie. Il était difficile de la continuer". (Lénine)
La résolution de "l'énigme" russe, des motifs de sa dégénérescence ont amené des groupes de révolutionnaires à tenter de résoudre les problèmes posés par la "période de transition", mais ils étaient trop liés à l'expérience russe où la question du pouvoir prolétarien et de la voie au communisme ne pouvait être que posée, jamais résolue.
Contrairement à ce que pensaient, en révolutionnaires, Lénine et Trotski, il était impossible de résister seuls pendant des décennies et des décennies dans les tranchées de la révolution : la dictature du prolétariat est la manifestation de sa combativité ou elle ne représente rien.
Kronstadt et les agitations de Petrograd montrent les premiers signes de la scission qui s'établissait entre les exigences immédiates de la classe et un pouvoir encore prolétarien qui Cherchait à résister.
Le drame de la révolution russe ne peut être compris en dehors de ce cadre qui condamnait à l'impuissance le parti bolchevik et un Lénine (qui avait pourtant, écrit "L' Etat et la Révolution") qui devait maintenant admettre : "La machine fuit des mains de celui qui la conduit: on dirait qu'il y a quelqu'un d'assis au volant et qui conduit cette machine, mais que cette dernière suit une direction différente à celle voulue, comme si elle était guidée par une main secrète, illégale. Dieu seul sait à qui elle appartient, peut-être à un spéculateur ou à un capitaliste privé, ou à tous les deux ensembles. Le fait est que la machine ne va pas dans la direction voulue par celui qui est au volant, quelque fois elle va plutôt dans le sens contraire." (Rapport politique du C.C. au parti, 1922). "Seule la lutte décidera (en fin de compte) de combien nous pourrons avancer, seule elle décidera de quelle part de cette très haute tâche, de qu’elle part de nos victoires nous pourrons définitivement consolider. Qui vivra, verra." (1921, Pour le IV anniversaire de la Révolution d'octobre).
Tout le déroulement des évènements en Russie a conduit à parler "d'Etat Ouvrier" ou "d'Etat prolétarien".
Il faut préciser que dans les années 20 ces expressions étaient synonymes de "dictature du prolétariat". L’Etat prolétarien dont on parlait alors était un : "…nouvel appareil tout à fait différent de celui actuel, non seulement parce qu'il n'y aura plus besoin de la distinction existante dans l'Etat bourgeois entre appareil représentatif et appareil exécutif, mais surtout du fait des différences fondamentales de structures, conséquences elles-mêmes de l'opposition dans les tâches historiques à accomplir et sur lesquelles les révolutions prolétariennes depuis la Commune de Paris jusqu'à la république russe des soviets, ont jeté une lumière décisive. ("Il Communista", février 1921)
Par la suite, ces synonymes" sont allés en s'autonomisant jusqu'à ce qu'on parle de "faire à la place de la classe" et d'une classe qui ne "comprenait pas que "tout était fait dans ses intérêts".
Les écrits sur le dépérissement de l'Etat-commune prenaient une résonance sinistre face à la croissance de cette force anonyme représentant du capital. Marx a laissé, après la Commune de Paris, des écrits mémorables dans lesquels il exprimait, de la meilleure façon possible, l'essence et la nature de la révolution communiste et de la dictature du prolétariat. Nous devons revenir à lui pour fonder sur ces bases notre perspective.
Marx, en corrigeant ce qu'il avait écrit 25 ans auparavant, écrivait : "La classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre la machine de l'Etat telle qu'elle est, pour la faire fonctionner à son profit. En fait l'appareil d'Etat est bourgeois en tant que tel et non uniquement parce que ses rouages sont aux mains de la bourgeoisie. L'Etat n'est pas un instrument neutre, mais de classe. Cependant, ce qui en fait un appareil bourgeois ce n'est pas à l'origine bourgeoise du personnel qui le dirige, mais bien sa propre nature d'appareil opposé au reste de la société."
La révolution communiste donne vie, au cours de son affirmation, à des institutions qui diffèrent de celles de la bourgeoisie de par LEURS PRINCIPES MEMES : telles sont la Commune et les soviets.
La Commune a été : "La forme politique enfin trouvée dans laquelle pouvait, s'accomplir l'émancipation économique du travail".
La lutte de classe ne finit pas avec la victoire politique de la classe : "La Commune ne supprime pas la lutte des classes (…) Elle crée le climat le plus rationnel dans lequel cette lutte peut se déroule à travers diverses phases de la façon la plus rationnel le et la plus en accord avec l'essence humaine (…) Elle ouvre la porte à l'émancipation du travail, sa grande finalité".
La classe à qui on a ôté le pouvoir ne peut pas être aboli par décret; elle survit, elle cherche à se réorganiser politiquement. Le prolétariat ne partagera le pouvoir avec personnelle, il exercera sa dictature pour combattre tous ceux qui s'opposent aux mesures qui minent le privilège économique
Le premier pas de la dictature du prolétariat vers l'abolition du salariat consistera dans l'obligation pour tous de travailler (généralisation de la condition du prolétariat) et dans l'action, simultanée pour une réduction sensible du temps de travail. C'est déjà la fin de la séparation entre travail manuel et travail intellectuel.
L'avancement de ce processus en termes réels, matériels, est vital pour le pouvoir prolétarien; le renforcement de ce dernier est simultanément prémisse et garantie du progrès vers le but final : le communisme. "Le communisme, abolition positive de cette aliénation de l'homme par lui-même que constitue la propriété privée, donc conquête effective de l'essence humaine par l'homme et pour l'homme; donc retour complet "conscient, atteint à travers l'entière richesse du développement passé, de l'homme pour lui-même en tant qu'homme social, c'est-à-dire en tant qu’homme humain. Ce communisme est (…) la véritable solution de la contradiction entre existence et essence, entre réalité objective et conscience subjective, entre liberté et nécessité,-entre individu et espèce. Le communisme c'est la solution de l'énigme de l'histoire et il se considère comme tel."
Sur la base de ce que nous venons d'exposer nous critiquons :
- AUSSI BIEN la position d'après laquelle c'est le parti qui prend le pouvoir, dirige et se confond avec l'Etat du fait qu'il possèderait une claire vision de la perspective révolutionnaire, etc, etc.
- Que la position qui parle de l'Etat prolétarien comme d'un instrument, expression de la classe, mais qui conserve toutes les caractéristiques de l'Etat, et où seul le nom et la direction changent.
- Que la position d'après laquelle, à côté de la dictature du prolétariat est nécessaire un Etat, compromis provisoire dans une société divisée en classes antagonistes.
Nous revendiquons, après la destruction du pouvoir bourgeois, la DICTATURE DU PROLETARIAT, dictature de la classe ouvrière victorieuse qui ôte par la force tout droit aux autres classes et n'admet aucune sorte de médiations, moment politique et social qui vit et s'alimente dans la prise de conscience de masses toujours plus larges.
RIVOLUZIONE INTERNAZIONALE.
Décembre 1974.
LA PERIODE DE TRANSITION
L'Etat
Tout d'abord, quelques remarques pour situer la question.
Historiquement parlant, l'Etat apparaît comme un organe de la classe dominante, bien qu'il apparaisse souvent comme siégeant au-dessus de la société, médiateur entre les classes, comme Engels l'écrit dans Socialisme utopique et socialisme scientifique :
"L'Etat était le représentant officiel de la société dans son ensemble ; son rassemblement dans une incarnation visible. Mais il l'était dans la mesure où l'Etat était celui de la classe qui elle même représentait à ce moment donné, la société dans son ensemble."
Donc, dès que l'Etat devient le "représentant réel de l'ensemble de la société" (nous soulignons), dès qu'il n'existe plus de classe à soumettre, alors l'Etat "lui-même n'a plus de raison d'être".
Cependant, c'est une erreur anarchiste de prétendre qu'une fois l'Etat-bourgeois détruit, le communisme peut apparaître automatiquement. Le prolétariat doit d'abord détruire l'Etat bourgeois et mettre en place sa propre forme de domination de classe. A cet égard seulement, l'Etat prolétarien ne se distinguera pas des autres Etats dans l'histoire. Mais à d'autres égards la dictature du prolétariat se démarquera tout à rait des autres formes d'Etat. Quantitativement parlant, ce sera le premier Etat dans l'histoire à exprimer les intérêts historiques de la majorité sur la minorité, et qualitativement, le prolétariat comme classe n'aura aucune forme spécifique de propriété à défendre. C'est cette dernière différence qui explique pourquoi l'Etat prolétarien n’est plus un Etat au sens propre du terme (Le Marxisme et l'Etat, Lénine). L'Etat prolétarien continuera d'opprimer tous les éléments qui tenteront de faire revivre les rapports de propriété bourgeois. Lorsqu'ils seront dissous et définitivement vaincus, la dictature du prolétariat cessera d'exister. Nulle part, à notre connaissance Lénine, Marx et Engels dans leurs écrits ne conçoivent d'autre possibilité. Dans la Critique du Programme de Gotha et dans l'Etat et la Révolution ils dénient effectivement toute alternative d’un "Etat des peuples libres ou d'un front populaire. Il est vrai que Lénine (et c'est compréhensible dans le contexte de 1917, quoi qu'erroné) appelle à une alliance entre le prolétariat et la paysannerie mais il conclut encore que l'Etat doit rester "le prolétariat organisé en classe dominante (citant le Manifeste Communiste). Et l'expérience du prolétariat durant les dernières soixante année ne nous a pas donné de raison nouvelle de douter de cette idée. Et même, si nous avons pu voir quelque chose, ce sont des développements qui ont fait pencher 1’équilibre encore plus en faveur du prolétariat. Ici, nous pensons à la paysannerie dont nous faisons une analyse dans la section suivante.
La paysannerie
La question des rapports du prolétariat avec l'aire vitale de la production rurale a toujours été particulièrement épineuse. La révolution russe (1917-21) est un exemple du problème, bien que ses leçons doivent être replacées dans une véritable perspective historique. Lénine a toujours pris en considération l'immense masse de la paysannerie en Russie. Dans l'Etat et la Révolution il suggère que l'alliance des ouvriers et des paysans formera la base de la nouvelle société, bien qu'elle reste sous la dictature du prolétariat. Mais en fait, Lénine et les bolcheviks n'auraient pas pu établir des rapports de production communistes dans la Russie isolée. Les ouvriers russes, comme tout autre secteur du prolétariat mondial avaient besoin d'une révolution mondiale pour mener leurs buts à bien. Aussi, le décret sur les terres de Novembre1917, n’était pas un pas vers le communisme, mais une tentative de se gagner le soutien des moujiks afin d'aider la lutte du régime des soviets pour survivre. C'est seulement la perspective de la révolution mondiale qui pouvait empêcher cette mesure d'être complètement contre-révolutionnaire, ce que l'échec de la révolution mondiale révéla pleinement ensuite. Soyons clairs sur ce point. Si la même situation se reproduisait aujourd'hui, où le prolétariat soit entouré d'une gigantesque masse de paysans, le prolétariat de ce pays serait encore destiné à être défait en l'absence d'une l'évolution mondiale. Cependant, cela ne nécessite pas des révolutionnaires qu'ils se découragent.
Avec les techniques modernes de production capitaliste de nourriture, avec la concentration croissante de la production alimentaire mondiale dans les agricultures Capitalistes hautement développées, et l'existence par conséquent d'un prolétariat dans, cette branche comme dans toute autre industrie, dans une situation révolutionnaire, il n'y aura pas de nécessité stratégique de satisfaire le besoin qu'a le paysan d'avoir des terres, car l'expropriation des unités agricoles capitalistes suffira à assurer la base de l'existence du prolétariat mondial. Le Prolétariat rural de ces aires sera donc une simple partie de la structure soviétique comme n'importe quel ancien ouvrier salarié du capitalisme.
Reste la question du maintien de la révolution prolétarienne dans une nation moins développée, où une grande proportion de ruraux pauvres demande des terres comme base de subsistance. Nous devons être réalistes, et appliquer les leçons de la révolution russe. Aucun prolétariat dans aucun pays, ne peut instaurer seul le communisme, mais dans ces pays sous-développés, le prolétariat souffre de deux inconvénients majeurs :
A. -La dictature du prolétariat, ne peut y établir, ne serait-ce qu'un minimum de conditions pour le communisme à l'intérieur de frontières nationales, vue la nécessité de faire des concessions à la puissante mentalité paysanne.
B. -Ils ne se trouveront pas face à une économie qui représente une puissance significative dans le marché mondial capitaliste, et donc la possibilité d'un résultat positif de leur action, d'un dépassement de la crise est très réduite. La révolution Prolétarienne mondiale ne peut arriver à temps pour sauver un surgissement prolétarien isolé dans un tel pays. Si nous devons en conclure que la révolution ne peut être victorieuse que si l'effondrement des centres vitaux du capitalisme (USA, URSS, Europe) intervient rapidement, nous devons nous en accommoder. L'alternative de faire des concessions idéologiques à tout autre couche, dans tout pays conduirait à la confusion pour le prolétariat mondial, et ultérieurement à la contre-révolution.
Dans les pays capitalistes avancés, la question de la paysannerie ne se pose pratiquement pas puisque chaque fermier capitaliste emploie des ouvriers agricoles. En Grande Bretagne par exemple, il y a 329 000 ouvriers agricoles. Avec l'aide des soviets auxquels ils seront rattachés, ils mèneront à bien l’expropriation des terres et commenceront à intégrer l'agriculture à l'économie socialiste. Là où une paysannerie significative existe encore, le prolétariat devra évidemment établir avec elle la quantité et l'orientation de la production à l'intérieur d'un cadre contrôlé par le prolétariat. Mais aucune concession ne peut être faite aux formes petite-bourgeoises de propriété. D'un autre côté, le prolétariat devra inciter activement les paysans à former leurs propres organisations qui pourront devenir éventuellement la base de la collectivisation de la production agricole. Nous devons reconnaître que certaines tâche de la période de transition peuvent prendre plus de temps que d'autres, et ce dernier point exige la maintien de la vigilance de la dictature du prolétariat pour au moins une génération.
( …)La première partie de cet article sur la période de transition a déjà traité de la question de l'Etat et des formes politiques de la Dictature du Prolétariat ; dans cet article, on a fait seulement des commentaires en passant sur les fondements économiques de ces formes. Ici, nous traitons de leur contenu, et seulement entre parenthèses, de leurs manifestations politiques concrètes. Ce type de présentation ne s'explique pas parce que nous pensons qu'un aspect est plus important que l'autre, ni parce que nous pensons que ce sont deux expressions séparées; au contraire, comme nous l'avons dit clairement dans la première partie, nous parlons de la totalité d'une transformation avec des aspects inséparables et tous aussi essentiels les uns que les autres.
Economiquement, aussi bien que politiquement, la soi-disant période de transition s'ouvre pour la classe ouvrière quand un ou plusieurs Etats capitalistes sont renversés par la révolution, et ne se termine qu'après l'inauguration d'un système global de production et de distribution selon les besoins; plus on s'approche du communisme, moins la période de transition comporte de résidus du capitaliste; sa durée n'est évidemment pas courte, mais d'au moins une génération. Ce n'est pas un système statique, et "ses défauts inévitables dans la première phase de la société communiste" (Marx) sont progressivement dépassés.
(…)L'idée que la production dans les bastions prolétariens devrait être dirigée vers une "économie de guerre" communiste est confusionniste. Quoiqu’il y ait certainement des luttes armées et même des batailles rangées pendant la révolution communiste, il n'y aura aucune possibilité que les travailleurs puissent vaincre le capital dans une guerre civile globale. Sur ce terrain, la défaite du prolétariat serait rapide et amènerait à l'avènement de la barbarie. Ceci met en évidence d'une façon encore plus forte que la révolution communiste doit éclater plus ou moins simultanément dans plusieurs Etats capitalistes, y compris les puissances impérialistes militairement dominantes, ou aller à la défaite. Les ouvriers dans une région doivent certainement aider les surgissements communistes voisins, mais l'instauration des premières étapes d'une économie communiste est une arme plus puissante et plus efficace que n'importe quel soutien militaire apporté par un groupe d'ouvriers à un autre.
(…) On doit maintenant examiner les rapports d'un prolétariat victorieux dans une région donnée avec le marché mondial encore existant, et ré insister sur la non séparation du politique et de l'économique pendant la période de transition. Les communistes doivent appeler les organes de masse de la classe à mettre fin à tous les rapports économiques entre les zones isolées où les travailleurs ont pris le pouvoir, et le marché mondial bourgeois. D'abord, parce qu'à une époque de crise mondiale, cette mesure approfondira une telle crise en retirant des marchés et des matières premières aux sections de la bourgeoisie mondiale qui existent encore. L'impact de l'arrêt des exportations de pétrole par une Russie révolutionnaire, ou de la nourriture par une Amérique soviétique donnerait une impulsion puissante à l'élargissement de la révolution communiste et à sa résolution à l'échelle mondiale. Ici, les tactiques économiques hâtent le progrès politique de la révolution.
D'un autre côté, seuls les rêveurs peuvent s'imaginer que les capitalistes accepteront de commercer avec une dictature prolétarienne sans que celle-ci ne capitule politiquement devant le capital mondial. Par exemple, dans les accords de commerce seraient exigés les indemnisations des expropriations dans les bastions ouvriers, la mise en veilleuse des branches du mouvement communiste en dehors des aires déjà révolutionnaires, la reconnaissance diplomatique et l'échange, etc. En fait, tout ce qui s'est vu en Russie à partir de 1920 à peu près quand la NEP et le commerce extérieur allaient de pair avec le frontisme, le retour à la léga1ité des PC, la suppression du prolétariat russe comme élément de la force du travail du marché mondial, etc. La leçon de la révolution russe est que le mouvement communiste est une lutte pour tout ou rien, le communisme ne peut pas être introduit à la dérobée, ni défendu par des compromis, ou des manœuvres pour "gagner du temps". Sur cette question, la défense de toute autre politique que celles que nous avons soulignées est une frontière de classe qui sépare les communistes de ceux qui aujourd'hui font l'apologie de la contre-révolution dans le passé; et préparent la même chose pour l'avenir.
REVOLUTIONNARY PERSPECTIVES.
Janvier 75.